L'amour dure trois ans


• Pas de changements dans les personnages.
• Les saisons 4, 5, 6A et 6B ne sont pas prises en compte.


Une nouvelle journée d'été débutait à Beacon Hills, le calme avait repris ses droits depuis un bon moment dans la petite ville californienne, aucun être surnaturel malveillant n'avait recroisé le chemin de la meute et tous avaient repris une vie normale, débarrassés de la terreur et du chaos des années passées. Seuls persistaient les problèmes quotidiens de ce village peu commun : des créatures assez facilement maitrisées et certains faits divers qui n'avaient rien de très alarmants. La chaleur s'intensifiait au fil des heures, réchauffant le goudron des rues et poussant les gens à sortir de chez eux pour prendre un bain de soleil. Scott McCall était de bonne humeur ce matin-là, Allison venait de rentrer de ses vacances avec Lydia et il se faisait une joie de la retrouver. Il avait enfilé sa plus belle chemise, ajuster ses cheveux avec soin et mit un peu de parfum. Rien n'aurait pu entraver son bonheur, à part peut-être l'invité surprise qui venait de passer le pas de sa porte hâtivement.

- Stiles. fit-il sur un ton déjà résigné à ce qui allait suivre.

Il adorait son meilleur ami, c'était d'ailleurs l'une des rares personnes pour qui il pourrait donner sa vie sans réfléchir, mais pour l'heure, il avait juste envie de le mettre dehors gentiment. Nous étions fin Juillet, les cours étaient terminés, il était 9 heures du matin, si Stiles était là, à cet instant précis, ça n'annonçait rien de bon. Scott le connaissait trop bien pour penser naïvement qu'il était venu en toute courtoisie lui apporter des croissants et du café dès le pied levé.

- Désolé de débarquer comme ça, en plus je sais que c'est le jour où revient Allison, mais j'ai besoin de toi mon pote.

Débit de parole rapide, cernes visibles, vêtements froissés, aucun doute, Stiles n'avait pas fait un détour par la boulangerie. Scott plissa les lèvres et leva un doigt en l'air, indiquant à son meilleur ami d'attendre un instant. Il attrapa son portable et composa le numéro d'Allison, après quelques bips, la voix de la jeune femme retentit dans le combiné.

- Allo ?

- C'est moi, je vais être un peu en retard. Problème de dernière minute. dit-il en regardant son meilleur ami avec insistance.

Stiles fit une petite moue, chuchotant un « désolé » qui était certainement sincère au vu de la situation.

- Laisse-moi deviner, Stiles ? demanda la jeune femme à l'autre bout du fil.

- Bingo. répondit Scott du tac au tac.

Le jeune bêta se confondit en excuses auxquelles Allison répondit positivement, puis il raccrocha avant de s'asseoir confortablement dans sa chaise de bureau.

- Je t'écoute. fit-il avec un sourire ironique, croisant ses doigts devant son visage.

Il fallait dire qu'il était habitué à ces scènes théâtrales à la Stilinski qui tombaient toujours à pic. Ce n'était pas la première fois que l'hyperactif débarquait chez lui sans prévenir dans tous ses états. Une fois n'était pas coutume, Scott McCall allait jouer le psy de comptoir et maintenant qu'il était bien assis, il attendait presque avec impatience de connaitre la raison de la présence de son ami de toujours.

- J'ai réalisé quelque chose hier soir. commença Stiles sans ménagement. Je sais que tu vas te foutre de ma gueule mais j'ai besoin d'en parler à quelqu'un ça me bouffe de l'intérieur, j'ai pas dormi de la nuit.

Scott hocha la tête sans perdre ce sourire ironique qui se moquait déjà de ce qui allait passer les lèvres de Stiles. Celui-ci s'arrêta dans son discours en observant l'air facétieux qu'arborait déjà Scott.

- Tu vois ? Tu te fous déjà de moi alors que je t'ai pas expliqué ! fit Stiles en désignant le petit sourire de Scott d'un geste.

Accouche. fit le jeune brun qui commençait à s'impatienter.

Stiles se tût un instant, puis se résigna à reprendre son discours, il avait trop besoin de faire part de ses doutes à son meilleur-ami.

- Tu sais que j'ai réussi à embarquer Derek dans cette hist-

- Et allez, c'est reparti. le coupa Scott en levant les yeux au ciel.

Pour être très franche, Scott n'était pas surpris. A chaque fois que Stiles était agité, stressé et en sueur, c'était toujours lié à Derek. Inévitablement.

- Non mais cette fois-ci, vraiment ça me rend pas bien.

- Ah oui ? J'ai comme l'impression d'avoir déjà entendu ce discours, laisse-moi réfléchir…

Scott se gratta le menton.

- …Un million de fois ? conclut-il en regardant Stiles avec un air faussement surpris.

Stiles se renfrogna quelque peu à cette ultime remarque. Il savait qu'il était toujours en train de s'inquiéter lorsqu'il en allait de sa relation avec Derek, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Il avait évolué sur bien des points, mais son manque de confiance en lui le poussait encore à tout remettre en question au moindre doute. Scott ne manqua pas de remarquer son regard perdu dans le vide et reprit son sérieux automatiquement. Il était un peu agacé d'entendre ces mêmes jérémiades tous les 3 mois, mais Stiles restait son meilleur ami et il connaissait sa fragilité lorsqu'il en allait du grand méchant loup de Beacon Hills.

- Allez c'est bon je rigole, dis-moi ce qui va pas. dit-il finalement en se redressant pour montrer qu'il était prêt à se concentrer.

- Comme je te disais, recommença Stiles d'une voix un peu plus calme, tu sais que j'ai réussi à embarquer Derek dans cette histoire de vacances anniversaire.

Scott hocha la tête. Oui, il s'en rappelait très bien. Il avait passé une après-midi entière à écouter Stiles préparer une liste d'arguments pour convaincre Derek de partir une semaine avec lui au bord de la mer, pour fêter les trois ans de leur relation. Effectivement, ça n'avait pas été chose facile car Derek n'était toujours pas un grand fan des dates fétiches et autres célébrations dégoulinantes d'émotions inutiles. Cependant, comme à son habitude, Stiles avait réussi à le faire céder et si le jeune McCall se rappelait bien, les deux hommes devaient partir demain.

- Et alors ? fit Scott.

- En préparant les affaires, je pensais à ce qu'on allait faire là-bas etc, genre aller au restaurant pour fêter l'anniversaire-

Scott grimaça en secouant la tête de droite à gauche.

Non mais je me faisais un film, je sais très bien que je le trainerai jamais dans un truc comme ça, je rêvassais en pliant mes slips. Bref, ça va faire trois ans dans quelques jours-là.

- Et… Alors ? réitéra Scott en haussant les sourcils.

- Tu connais pas le dicton ? répondit Stiles.

- Le dicton ? fit le brun, sourcils haussés, l'air incrédule.

- « L'amour dure trois ans. »

Un silence plana dans la chambre avant que Scott ne commence à rigoler silencieusement. Il se surprenait encore à être désarçonné en entendant les questionnements quasi-existentiels de son meilleur ami.

- Qu'est-ce que tu vas me sortir encore ? Que ça va faire trois ans donc qu'il va te quitter ? dit-il en riant de la bêtise de son ami.

Seulement, le faciès de Stiles restait très sérieux et angoissé.

- Non mais je rigole pas, y a pleins d'études qui ont été faites et qui ont prouvé que chimiquement, au bout de trois ans la molécule responsable de l'amour elle disparait ! s'exclama le jeune homme en parlant beaucoup trop vite.

- Ce qui explique les cernes. T'as pas autre chose à faire la nuit que d'arpenter des forums douteux ?

L'hyperactif leva les yeux au ciel avant de faire les cent pas. Il s'était informé, il ne tirait pas ces conclusions d'une réflexion personnelle.

- Je suis pas con, je sais ce que j'ai lu, c'est des vraies études menées par des vrais scientifiques. J'peux pas m'empêcher d'y penser, ça me tord le bide depuis hier.

- N'importe quoi Stiles, je suis avec Allison depuis plus de trois ans et j'ai pas perdu une molécule sur le chemin donc détends-toi.

Stiles se mit à se ronger les ongles frénétiquement. Les paroles de Scott ne l'aidaient pas vraiment et même s'il savait au fond de lui qu'il avait raison, sa paranoïa prenait le dessus et il n'arrivait pas à se contrôler. Certaines choses sont immuables et cette partie de lui ne semblait pas vouloir tarir avec les années. Après tout il n'avait que 20 ans, ce genre de travail sur lui-même allait lui prendre une bonne partie de sa vie, surtout en vivant avec un homme comme Derek. Le châtain recentra son attention sur Scott, qui ne semblait pas détenir la solution à son problème et balaya la conversation d'un geste.

- Laisse tomber, ça va me passer ! abdiqua t-il finalement pour clôturer cette discussion qui allait nulle part.

- Voilà, détends-toi. fit Scott en se relevant, bien déterminé à poursuivre cette journée qui avait débuté au beau fixe. Et surtout, va te recoucher t'as vraiment une sale tête.

Stiles rit légèrement et fit un signe de main à son ami pour lui dire au revoir. Un rire factice qui masquait ces questionnements qui ne le quittaient pas. Sur le chemin du retour, il ressassa tous ces articles qu'il avait lu sur le fait que l'amour ne durait que trois ans : la majorité des mariages se terminent en divorce à la quatrième année, il y avait cette histoire de prolactine, puis d'autres arguments dont il ne se souvenait que vaguement. Une chose était sûre cependant : il faisait une fixette sur ce sujet et lui qui avait tant attendu ces vacances, sentait qu'elles ne se dérouleraient pas dans les meilleures conditions. Il avait certes cette connexion spéciale avec Derek, cette imprégnation et toute l'histoire qui en avait découlé, mais quand était-il de l'amour réellement ? Son Alpha avait toujours tout remis sur le compte de ce lien incontrôlable, de cette alchimie purement lycanthrope, mais finalement, est-ce que les sentiments, eux, rentraient toujours en ligne de compte ? Ces questions taraudaient l'esprit du jeune Captus, qui conduisait sa Jeep bien plus doucement qu'à son habitude, repoussant le moment où il allait devoir croiser Derek et lui expliquer la raison de ses tourments. Ce lien qui branchait leurs émotions en permanence pouvait parfois être pénible, rien n'était transparent, tout devait être justifié. Fatidiquement, vint le moment où il arriva au loft, car il n'y avait pas 150 kilomètres entre sa maison et celle de Scott. Une fois le moteur arrêté, Stiles abaissa le pare-soleil au-dessus de lui et contempla sa mine fatiguée dans le miroir. Sans aucun doute, Derek allait remarquer qu'il n'avait pas dormi et il ferait automatiquement le lien avec son stress apparent. Il se décida finalement à sortir de la voiture et à rejoindre la maison, tout en frictionnant son visage avec ses mains, comme si cela allait combler les six heures de sommeil manquantes. Il rentra dans le salon, croisant sans surprise le regard émeraude de l'homme qui se tenait sur le canapé. Un petit sourire crispé se dessina sur le visage de Stiles.

- Hey ! dit-il sur un ton faussement enjoué pour tromper les apparences.

C'était peine perdue, l'air incrédule qu'arborait Derek à cet instant annonçait déjà qu'il ne s'en tirerait pas aussi facilement. L'Alpha sourit à son tour, d'une façon bien trop ironique pour que ce soit sincère, puis son visage reprit sa froideur habituelle.

- Tu vas me dire ce qui t'arrive ou je dois deviner ? dit-il en s'asseyant plus confortablement dans le canapé, les bras croisés sur son torse.

Des dizaines d'excuses toutes aussi nulles les unes que les autres traversèrent l'esprit du jeune lycanthrope, mais il resta là, silencieux, le regard un peu perdu et les lèvres entrouvertes. De toute manière, il ne pouvait pas mentir, mais il ne voulait pas non plus lui dire l'entière vérité.

- Tu vas encore dire que c'est n'importe quoi et lever les yeux au ciel, c'est mieux que tu saches pas crois-moi. fit-il finalement avant de contourner le canapé.

Une main ferme vint encercler son avant-bras, le stoppant net dans son élan aux allures de fuite.

- Assieds-toi. dit Derek assez fermement.

- Non non, c'est bon je te dis ! répondit Stiles en se dégageant de son emprise.

Le regard que lui lança Derek la seconde qui suivit sa réflexion le fit cependant changer d'avis rapidement. Il soupira longuement et vint s'asseoir aux côtés de son petit-ami. Son esprit fatigué travaillait dur à trouver une excuse crédible, une excuse qui lui permettrait de dévier la conversation. C'est un claquement de doigts devant son nez qui le fit revenir à la réalité, visiblement, Derek lui avait bien dormi et ne le lâcherait pas avant d'avoir eu sa réponse.

- J'ai pas envie de t'en parler maintenant, après tu voudras plus partir en vacances et j'me serais tué à la tâche pour rien.

- Tu m'agaces. Crache le morceau j'ai pas que ça à faire. répondit Derek sans ciller.

Stiles sentit ses défenses l'abandonner, il ne gagnerait pas à ce petit jeu, son Alpha savait être persuasif. Ces orbes olivacés ne le quittaient pas et même après trois années à les contempler de plus près, ils le déstabilisaient toujours autant. Il commença à entrouvrir la bouche, résigné à lister les différentes théories qu'il avait lu la veille durant sa psychose mais le bruit de la sonnerie de son téléphone le coupa dans son élan.

- Ah ! s'exclama t-il en regardant l'écran, C'est mon père, il faut absolument que je réponde !

- Oui bien sûr. répondit Derek un brin ironique avant de se lever du canapé. De toute façon tu finiras par me le dire, quand ça t'aura rendu bien malade.

Stiles ne répondit pas à sa remarque bien trop véridique et répondit au téléphone. La voix de son père retentit à l'autre bout du fil, lui demandant si Derek pouvait passer à la maison pour l'aider à déménager le garage.

- Déménager le garage ? Mais pourquoi faire ? demanda Stiles, un brin amusé.

- J'ai fait du tri dans mes affaires et dans les tiennes, y a pas mal de choses à jeter et une autre paire de mains ne serait pas de refus.

- Je vois, fit Stiles avant de pouffer, Attends.

Le jeune lycanthrope décolla le téléphone de son oreille pour appeler Derek, qui entre temps, était reparti dans son bureau. Le plus vieux ne se fit pas prier, il fallait dire qu'avec le calme qui régnait sur Beacon Hills, il n'était pas si occupé que ça. Il avait bien encore quelques problèmes surnaturels à régler parfois, mais rien de très sérieux et la meute était toujours présente pour lui prêter main forte. Stiles était bien content de voir Derek passer la porte du loft cette après-midi, car cela retardait le moment où il devrait s'expliquer et c'était tant mieux. Avec un peu de chance, il arriverait à calmer ses inquiétudes d'ici là et le sujet ne serait pas mentionné de nouveau. Comme prévu, Stiles eut la paix qu'il désirait durant quelques heures, il en profita pour fignoler les valises, faire un peu de ménage et ranger le loft avant leur départ. Ils avaient prévu de partir le lendemain tôt dans la matinée afin d'éviter le trafic et les trop fortes chaleurs sur la route. Le châtain avait choisi San Francisco, car il n'y était jamais allé et rêvait de voir ce grand pont rouge qu'il avait seulement pu contempler à travers un écran. De plus, c'était l'été et là-bas, il y avait la mer : un seul objectif, se baigner dans la baie de San Francisco les bras noués autour du cou de Derek. Encore une fois, il rêvassait en pliant ses slips, car au fond de lui, il savait pertinemment qu'il ne trainerait pas son loup-garou mal luné dans l'eau. Leur dernière expérience au bord d'un lac ne s'était pas montrée très fructueuse et même s'ils n'avaient pas réitéré l'expérience depuis, il avait comme le pressentiment que rien n'avait changé de ce côté-là. Quelle idée avait-il eu de partir en vacances au bord de la mer avec Derek Hale ? Ces pensées le détournèrent quelque peu de ses tribulations intérieures et lorsque Derek rentra de son après-midi déménagement chez Papa Stilinski, il ne reparla pas de celles-ci.


Le lendemain matin arriva assez rapidement, après une nuit durant laquelle Stiles réussit à dormir un peu plus que celle d'avant, épuisé par son propre cerveau hyperactif. Derek n'avait pas cherché à en savoir plus, certainement habitué aux angoisses un peu futiles de son compagnon. Après trois ans de relation et un lien comme le leur, il y avait très peu voire aucune place pour les secrets entre eux. Cependant, restaient ces différences qui caractérisaient leur couple et qui le rendaient si spécial. Stiles avait encore du mal à déchiffrer Derek à certains moments, ses catégories d'émotions principales n'étaient pas très variées : colère, fatigue, excitation. Le reste du temps, il était habité par un calme qui le déstabilisait presque. Lui était un concentré d'émotions, un mélange explosif, et finalement, ce n'était pas si surprenant que Derek soit si souvent fatigué. Cela ne devait pas être de tout repos d'être branché 24h/24 sur les émotions de Stiles Stilinski. Ce dernier s'affairait maintenant à charger le coffre de la Camaro, suant toute l'eau de son corps en portant les valises jusqu'à ce que Derek arrive pour lui prêter main forte.

- T'en as encore beaucoup trop pris. remarqua le brun en disposant l'un des bagages dans la voiture. On part une semaine à San Francisco, pas en trek de trois mois dans la forêt amazonienne.

- Hé, si t'es pas content la prochaine fois tu fais les valises ? fit Stiles avec une pointe de sarcasme.

- Qui te dit qu'il y aura une prochaine fois ? ironisa Derek en réponse au sarcasme du jeune homme qui lui faisait face.

- Ahah, mort de rire. répondit Stiles sur un ton monotone avant de s'engouffrer dans le véhicule côté passager.

Très vite, ils se retrouvaient sur l'autoroute pour un trajet d'environ 2 heures si tout se passait bien. Sur la route, Stiles se remémora cette fois où ils étaient tous partis à l'autre bout du pays et sourit pour lui-même. Ce temps semblait si loin à présent. Il restait silencieux, encore préoccupé par ses questionnements malgré la nuit de sommeil dont il avait pu profiter. Les mots crevaient d'envie de s'échapper de sa bouche, mais sa langue restait nouée par l'appréhension de la réponse qu'il entendrait. Derek n'était pas très doué pour le rassurer sur ce sujet là et même si Stiles était maintenant habitué au manque de démonstration affective de son loup-garou, il y avait quelques fois où son manque de confiance lui faisait faute.

- Tu es bien silencieux. lâcha finalement Derek après à peine 15 minutes de voiture.

- C'est marrant, d'habitude je te saoule en un temps record dès que j'ouvre la bouche et aujourd'hui ça te dérange que je parle pas ?

Il n'était pas cordial du tout, son stress le rendait irritable et l'Alpha n'avait rien fait pour mériter une telle attitude de sa part. Ce n'était pas juste, mais le jeune hyperactif avait toujours ce manque de tact lorsque ses craintes prenaient le dessus. L'Alpha soupira longuement avant de jeter un coup d'œil vers son compagnon.

- Tu vas me faire ce cirque toute la semaine ? demanda t-il d'une voix un peu plus sèche.

- Laisse-moi tranquille… soupira Stiles en posant sa tête contre la vitre.

Il sentit une vague d'inquiétude émaner de Derek et soupira de plus belle en fermant les yeux. Il finirait par lui en parler, mais pas tout de suite, il était déjà à deux doigts de tout gâcher alors que leur séjour n'avait pas commencé. De plus, il réalisait bien au fond de lui-même que cette histoire d'amour qui s'évanouit au bout de trois ans ne s'appliquait pas vraiment à leur cas… Mais une petite voix, vicieuse et persévérante, continuait de nourrir ses doutes ridicules.

- C'est pas comme ça que ça marche Stiles, je peux sentir ton anxiété et ça commence à être pesant de pas en savoir la cause.

C'était vrai et dans le cas contraire, Stiles réagirait de la même manière mais aujourd'hui, le lien magique pourtant si spécial qui les unissait le rendait fou.

- Bah fais abstraction, débranche je sais pas. C'est chiant des fois cette connexion, je peux pas être anxieux tranquille ! fit-il les yeux toujours clos.

- Tu sais très bien que ce n'est pas un choix.

Ce fut la phrase qu'il ne fallait pas prononcer. Stiles ouvrit les yeux et regarda Derek du coin de l'œil. Ce n'était pas un choix effectivement, mais dans sa bouche, ces mots sonnaient affreusement négatifs. Inutile de préciser que ça n'arrangea en rien les doutes du jeune châtain, qui commençait à se dire que vraiment, son Alpha finirait par se lasser de lui dans les prochains jours. Voilà que maintenant, l'inquiétude laissait place à l'agacement en Derek et Stiles n'en loupait pas une miette. Ces deux-là faisaient vraiment la paire. Le reste du trajet se déroula dans le silence et les deux lycanthropes arrivèrent à San Francisco vers 9 heures du matin. Le plus vieux proposa qu'ils aillent prendre le petit-déjeuner dans une brasserie, près de la plage et le châtain répondit positivement à cette proposition, même s'il n'avait pas vraiment faim. Un fait que remarqua bien vite Derek, qui observait Stiles jouer avec sa cuillère vide.

- Tu manges pas ?

- J'ai pas faim. répondit Stiles sans relever le regard, les yeux fixés sur le bout de métal qu'il triturait depuis 2 minutes.

Derek secoua la tête de droite à gauche en soupirant. Ce gamin pouvait parfois être exaspérant, il n'avait aucune idée de ce qui se passait dans sa petite tête mais c'était épuisant. Il l'avait travaillé au corps durant des jours pour le convaincre de partir en vacances et maintenant il se comportait de la sorte ? Parfois, il se maudissait de céder aussi facilement. Il savait Stiles anxieux et sensible de nature, c'était acquis, mais il ne comprenait pas ce silence qu'il récoltait. Sa patience avait ses limites et le plus jeune était en train de les franchir à grandes enjambées.

- C'est en train de m'énerver, donc on va arrêter de discuter. dit-il finalement avant de se reconcentrer sur sa nourriture.

Voilà. Stiles avait tout gagné : Derek était énervé au point de ne plus vouloir lui adresser la parole. A peine les vacances débutées qu'il arrivait à tout foirer à cause de ses questions intérieures. Il y avait de cela quelques temps, au début de leur relation, il aurait partagé ses doutes avec celui qu'il chérissait plus que tout, mais il avait pris de l'âge. Malgré sa difficulté à rationaliser ce qu'il avait pu lire, il savait très bien que c'était ridicule et il ne voulait plus agir comme un enfant, au péril de ses vacances avec Derek.

Le reste du petit-déjeuner se déroula dans le silence le plus total, avec seulement le brouhaha des gens présents dans la pièce en arrière-plan. C'était pesant et la culpabilité du jeune hyperactif montait en flèche. Sa mauvaise humeur matinale s'était dissipée et il remettait son attitude passée en question. Derek était inquiet et lui s'obstinait à ne rien vouloir lui dire, il était évident que ça ne pouvait pas continuer comme ça. De toute manière, Stiles en avait gros sur le cœur et bientôt, il troquerait sa réticence à communiquer contre ce besoin d'être rassuré. Les minutes passèrent et éventuellement, ils finirent par quitter la petite brasserie toujours sans un mot. Très vite, ils étaient de nouveau dans la voiture, en direction de l'hôtel d'après ce qui était indiqué sur le GPS. Stiles prit le temps du trajet pour décider de comment il allait aborder le sujet, avec quels mots et quelle intonation mais il savait qu'avant cela, il devait se faire pardonner. Il ne se faisait cependant pas trop de soucis car il était devenu un expert en la matière avec les années. Après un trajet aux allures de cérémonie funèbre, les deux hommes atteignirent l'hôtel et récupérèrent le pass de leur chambre. Une fois la porte de celle-ci passée, le jeune hyperactif regarda son petit-ami déposer la valise sur le lit, puis finalement, s'approcha de lui sans dire un mot. Alors que le plus vieux lui tournait le dos, le châtain lui attrapa l'avant-bras et Derek se retourna pour lui faire face. Il haussa les sourcils, attendant certainement que Stiles ouvre la bouche. A la place, une faible lueur verte commença à s'évaporer du torse du jeune loup-garou, frayant son chemin jusqu'à l'homme qui se tenait devant lui. Cette vague émeraude était chargée de culpabilité et d'affection et entourait à présent Derek. C'était une des différentes façons de communiquer qu'ils avaient développé au fil des mois, elle était d'ailleurs plus utile à notre Alpha, toujours très peu enclin aux longs discours sentimentaux. Il y avait de cela quelques années, Stiles se serait confondu en excuses en triturant ses doigts nerveusement, mais plus maintenant. Evidemment, cela lui arrivait encore quelques fois, mais malgré quelques réminiscences de son côté enfantin, il n'était plus le même homme.

- T'es vraiment pénible. fit finalement Derek en essayant de cacher un petit sourire.

- Je sais… Mais on s'ennuierait si je l'étais pas un peu, non ? répondit le plus jeune en poussant légèrement Derek.

- Un peu ? se moqua le plus vieux, cette fois-ci avec un sourire sarcastique.

Stiles répondit à son sourire avec un petit rictus coupable. Effectivement, il lui en faisait bien voir de toutes les couleurs lorsque ça le prenait. Cependant, Derek n'était pas non plus toujours facile à vivre, de cette manière, la balance s'équilibrait.

- Bon, on va à la plage ? fit Stiles pour changer de sujet et sortir de cette chambre bien trop climatisée.

- Je vais pas y couper j'imagine.

Stiles rit légèrement à sa remarque.

- Non désolé ! On est sur la baie de San Francisco, je suis dans l'obligation de me baigner.

- Très bien. abdiqua finalement le plus vieux en soupirant.

- Parfait ! s'exclama Stiles, Je t'ai pris un maillot de bain donc cette fois-ci tu me suis.

Derek fronça les sourcils, désabusé.

- Je n'ai pas de maillot de bain, puisque je ne me baigne pas.

- Tu me prends pour qui ? Je t'en ai acheté un. fit Stiles avec un petit sourire mesquin, Regarde.

Il sortit ledit maillot de bain de la valise et le secoua devant les yeux du brun. Ce dernier attrapa le vêtement et le regarda de haut en bas avant de soupirer, une nouvelle fois.

- Non merci. dit-il avant de lui retendre le bout de tissus.

- Si, de rien. répondit Stiles avant de lui coller sur le torse en partant en direction de la salle de bain.

A peine une heure plus tard, c'est muni d'un sourire victorieux et d'un Derek qui tirait une tête de dix pieds de long que Stiles débarquait sur la baie de San Francisco. De là où ils se trouvaient, ils pouvaient voir le gigantesque pont rouge typique de la ville et le jeune hyperactif était si excité qu'il en oubliait presque ses tourments intérieurs. Il n'était jamais vraiment parti en vacances avant cette petite excursion, mise à part pour s'occuper d'affaires bien moins glorieuses quelques années auparavant. Une fois installés sur le sable, Stiles commença à vanter les mérites de l'eau de la mer, surtout sous une chaleur aussi écrasante. L'Alpha restait insensible à ses remarques, regardant droit devant lui sans broncher.

- Tu vas quand même pas me laisser aller dans cette gigantesque mer tout seul ?

- Comme si tu avais besoin de moi pour nager. fit Derek en levant les yeux au ciel. C'était pas toi qui voulais que je te laisse te responsabiliser ?

Stiles leva les yeux au ciel à son tour avant d'enlever ses vêtements. C'était triste d'aller se baigner seul dans un endroit aussi paradisiaque, il voulait partager ce moment avec son petit-ami. Cependant, celui-ci faisait la moue, comme d'habitude.

- Allez… S'il te plait. commença t-il en prenant une voix un peu plus aigüe qu'à son habitude.

Derek se tourna vers lui, croisant ces iris noisette semblables à ceux d'un chiot. Il détestait ce regard-là, car Stiles savait très bien les effets qu'il avait sur lui.

- Pas ce regard-là, c'est de la manipulation.

- S'il te plait… reprit Stiles en l'implorant de plus belle de ses yeux de louveteau.

- Arrête. répondit Derek fermement avant de détourner le regard.

Stiles soupira longuement. C'était toujours comme ça dans leur relation, il devait toujours galérer pour le convaincre de faire des choses insignifiantes. Le plus vieux cédait généralement, mais cette fois-ci, le châtain savait qu'il s'attaquait à un poisson bien plus gros. Il ne comptait cependant pas abandonner si facilement.

- Je vois pas l'intérêt d'avoir mis le maillot de bain si tu vas pas l'utiliser.

- Je n'ai pas mis ton maillot de bain. se renfrogna Derek.

- Bah je t'ai vu le mettre avant de partir, tu l'as enlevé entre temps ?

Le brun se tourna alors vers lui pour le fusiller du regard. Effectivement, Stiles avait peut-être légèrement poussé la porte de la salle de bain pour savoir ce qui lui prenait autant de temps.

- Visiblement tu ne connais pas la notion d'intimité. fit Derek avec un brin d'ironie.

Stiles lui fit une petite moue accusatrice, qui suggérait que lui non plus ne connaissait pas la notion d'intimité lorsque ça l'arrangeait.

- Allez c'est bon t'as gagné, j'ai pas envie de passer l'après-midi à t'écouter geindre.

Un petit sourire étendit les lèvres de Stiles alors qu'il regardait Derek enlever ses vêtements sans grande envie. Il loucha quelques secondes sur son corps de braise et se reprit à penser qu'il avait de la chance d'avoir cet homme dans son lit tous les soirs. Cette même pensée ranima ses doutes en un éclair et il se racla la gorge pour reprendre ses esprits.

- Le dernier à l'eau a perdu ! fit-il avant de s'avancer vers la mer en trottinant.

Le plus vieux regarda alors son petit protégé qui courrait dans l'eau avec une certaine tendresse. Ce côté un peu insouciant et enfantin de Stiles avait toujours quelque chose de très charmant pour quelqu'un d'aussi fermé que lui. Il rentra assez difficilement dans l'eau, s'imaginant toutes les saletés qu'elle pouvait contenir, mais continua son ascension jusqu'à retrouver Stiles qui s'était éloigné de la plage. Il n'y avait pas grand monde là où ils étaient, et ce fut certainement la raison pour laquelle le plus jeune se décida enfin à parler.

- J'ai lu un truc l'autre jour qui m'a un peu perturbé. fit-il directement lorsque Derek arriva à sa hauteur.

- Hm ? répondit Derek, qui comprenait qu'enfin, il allait savoir ce qui se passait dans cette petite tête de linotte.

Stiles prit une grande inspiration.

- Il parait que l'amour dure trois ans.

Un silence plana entre les deux hommes, puis Derek haussa les sourcils.

- Et alors ? dit-il, ne comprenant pas vraiment où il voulait en venir.

- Et alors ça va faire trois ans qu'on est ensemble, là bientôt…

Le plus vieux ne put s'empêcher de rire nerveusement lorsqu'il réalisa ce que Stiles était en train de supposer. Cependant, le visage du plus jeune restait impassible et le brun pouvait sentir qu'il était profondément inquiet. Il fronça alors les sourcils, un peu décontenancé.

- Qu'est-ce que tu es en train de t'imaginer ? demanda t-il en se rapprochant un peu plus de Stiles, qui visiblement, perdait un peu ses moyens.

- J'en sais rien ! Y a pleins d'articles qui montrent par A + B qu'au bout de trois ans les relations se terminent et que c'est dû à des substances chimiques dans le cerveau qui disparaissent ou je sais pas quoi. bafouilla Stiles en battant frénétiquement des bras dans l'eau.

De nouveau, le plus vieux ne put s'empêcher de rire, mais cette fois-ci un peu plus franchement.

- Hé mais c'est pas drôle du tout ! se défendit Stiles, toujours dans sa panique non dissimulée.

- Ah si, c'est vraiment risible. répondit Derek sans quitter le plus jeune des yeux. C'est pour ça que t'étais aussi exécrable ? Parce-que t'as lu un article douteux sur le net ?

- C'est pas douteux, y a des scientifiques qui ont bossé le sujet.

- Non mais qu'est-ce qu'il faut pas entendre. fit Derek en passant une main sur son visage, toujours le sourire aux lèvres.

Stiles s'était imaginé la réaction de Derek dans sa tête et bien sûr, il s'était douté qu'il se moquerait un peu de lui, comme Scott l'avait fait la veille. Cependant, il n'arrivait pas à prendre le sujet avec légèreté tant il l'avait tourné et retourné dans sa tête. Il avait un réel besoin d'être rassuré à cet instant et il avait l'impression que son Alpha ne s'en rendait pas compte.

- Ça me rassure pas ta réaction là. dit-il finalement d'une voix un peu plus faible.

Quitte à être honnête, il préférait redevenir cet être un peu fragile piégé dans ses doutes un peu ridicules pour les autres. Après tout, il avait toujours été lui-même avec Derek et maintenant que la bombe était lâchée, il valait mieux qu'il soit sincère. Derek reprit directement son sérieux lorsqu'il fit cette remarque, le plus jeune pouvait même sentir une pointe d'agacement pointer le bout de son nez.

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? répondit Derek en écartant les bras.

- J'en sais rien, que tu m'aimes et que ça veut rien dire, rassure-moi quoi tu sais très bien comment je suis !

Un petit silence plana alors dans l'air. Un silence durant lequel le plus vieux regarda Stiles d'un air incrédule et presque vexé.

- Sérieusement ? dit-il sur la défensive.

- Bah… Ouais ? fit Stiles d'une petite voix, regrettant presque ses paroles.

Derek balaya ses paroles d'un geste et commença à repartir vers le large, laissant le plus jeune là, seul au milieu de la mer. Ce dernier soupira et passa une main dans ses cheveux en regardant son petit-ami fuir la conversation. Malgré les nombreux scénarios qu'il s'était fait dans la tête, la conversation n'avait pas pris la tournure qu'il avait espéré. Il savait bien que ses doutes pouvaient paraitre un peu futiles, mais il ne pourrait pas passer à autre chose sans être rassuré. Le plus vieux ne le prenait pas vraiment au sérieux encore une fois et c'était un peu dur à digérer. Ils rentrèrent à l'hôtel en fin d'après-midi et l'Alpha lui parla comme si de rien n'était, une réaction que le châtain avait du mal à comprendre. Il y avait visiblement un fossé entre sa vision des choses et celle de son petit-ami, il prenait tout ça avec une légèreté presque insultante et lui avec une démesure injustifiée.

Ils dinèrent au restaurant de leur hôtel, dans une ambiance qui n'était pas froide mais dans laquelle Stiles ne trouvait plus sa place. Il restait très nerveux et il savait très bien que le plus vieux pouvait le ressentir, cependant le sujet ne refit pas son apparition jusqu'à ce qu'ils se couchent. Une fois les lumières éteintes, la noirceur de la pièce sembla redonner du courage à Stiles, comme si ne pas croiser les iris émeraude de son partenaire allait l'aider à ne pas perdre toute contenance.

- J'aimerais bien reparler de ce que je t'ai dit tout à l'heure- commença Stiles, mais il fut coupé dans son élan par le cliquetis de la lampe de chevet.

Derek venait de rallumer la lumière, au grand dam de son petit-ami, qui trouvait un certain réconfort dans le noir. Ce n'était visiblement pas au goût du plus vieux, qui se tournait à présent vers lui, son visage n'exprimant pas plus d'émotions que d'habitude.

- Je t'écoute. dit-il finalement.

- J'ai l'impression que tu me prends pas du tout au sérieux quand je te parle de ces histoires d'amour qui durent trois ans.

- Et tu as parfaitement raison. répondit Derek sans ciller.

Stiles soupira avant de se tourner vers son partenaire, croisant à nouveau ce regard perçant. Ce n'était jamais chose facile de parler à un Derek septique, il se sentait tout de suite très idiot.

- Mais j'arrive pas à penser à autre chose ! fit le plus jeune sincèrement.

- Il faut que tu apprennes à canaliser ton anxiété et relativiser.

- Je veux bien relativiser mais tu m'aides pas à le faire !

- Tu dois le faire seul, surtout pour des histoires pareilles.

C'était donc pour ça qu'il n'avait pas prêté attention à ses états d'âme depuis leur discussion ? Il cherchait à lui donner une leçon et ce fait rassura quelque peu Stiles, qui reprit la parole :

- Tu y crois toi à ces théories ?

- Non pas du tout. répondit Derek sur un ton assez catégorique qui fit réagir le plus jeune.

- Pourquoi ?

La question flotta quelques instants dans l'air avant que le plus vieux n'amène sa main vers le visage du plus jeune pour caresser sa joue tendrement. Stiles fondit littéralement sous ce geste, fixant ses iris noisette dans ses voisines.

- Parce-que chaque histoire est différente.

- Tu vas encore tout mettre sur le lien ? fit Stiles, un peu sur la défensive à son tour. C'est trop facile, tu justifies tout par ça. Comme si m'aimer n'était pas un choix ou je sais pas quoi.

Derek pouffa avant d'attirer Stiles contre lui. Ce gamin pouvait être réellement pénible lorsqu'il s'y mettait et il se demandait s'il arriverait un jour à ne pas trouver ça adorable.

- Evidemment que c'est pas un choix. Depuis quand tu choisis ce que tu ressens pour les autres ? fit Derek en lovant le corps de son petit-ami contre le sien.

Stiles ferma les yeux quelques instants en respirant l'odeur si familière de son loup. Il chérissait ces gestes d'affection qui restaient toujours assez rares, mais c'était ce qui en faisait toute leur beauté. Il se releva légèrement pour faire face au plus vieux, là où à quelques centimètres, ses lèvres lui faisaient du rentre-dedans.

- Ok. J'ai décidé. commença t-il, De toute manière peu importe si l'amour dure trois ans, moi je t'aimerai bien plus longtemps que ça.

Le regard de Derek se perdit alors sur ces lèvres charnues bien trop proches des siennes et il se les appropria lentement, sans décoller ce corps autrefois si frêle du sien. Stiles embrassa le plus vieux en retour, se réappropriant toutes les émotions que ce simple toucher amoureux pouvait lui faire ressentir. Finalement, il lui suffisait de se concentrer sur la personne qui l'enlaçait à présent, des battements rapides de son cœur à son toucher hypnotisant, tous les signes étaient là, devant ses yeux. Derek lui avait souvent dit d'écouter son cœur pour savoir ce qu'il ressentait, mais il oubliait bien souvent de le faire, à ses dépens.

- Ça veut dire que toi aussi tu m'aimeras bien plus longtemps ? ne put-il s'empêcher d'ajouter en quittant les lèvres du plus vieux.

- Pas le choix. répondit Derek avec un petit sourire moqueur.

Stiles fit une mine faussement choquée, même s'il savait très bien que le brun se jouait de lui. En réponse, ce dernier l'embrassa sur le front, avant de le laisser reprendre sa place initiale dans le lit. Très vite, les lumières étaient de nouveau éteintes et alors que Stiles s'apprêtait à fermer les yeux, une dernière question ne put s'empêcher de passer ses lèvres :

- Pourquoi tu m'as pas dit directement que tu m'aimais dans la mer ? Ça m'aurait calmé direct.

Il y eut un petit instant de flottement durant lequel Stiles pensa que Derek s'était déjà endormi, mais sa voix à moitié endormie s'éleva finalement dans la pièce :

- Bien sûr que je t'aime. J'allais pas répondre à quelque chose d'aussi stupide, c'est insultant.

Le plus jeune sourit pour lui-même dans le noir, le cœur empli d'allégresse. Il avait bien fini par entendre ce qu'il voulait à la fin de l'histoire et il s'en sentait bien mieux. La réponse de son petit-ami était teintée d'une certaine froideur, comme à l'accoutumée, une sorte de bouclier à ces émotions qu'il assumait maintenant sans trop les démontrer. L'amour durait peut-être trois ans chez certains couples, mais dans leur cas, Stiles se faisait la promesse qu'il ne le laisserait jamais s'évanouir. Derek Hale resterait son seul et unique jusqu'à la fin de ses jours et même s'il fêtait leur trois ans cet été, ce n'était que le début d'une histoire des plus fabuleuses.


J'avais juste envie de les retrouver, 5 ans après (même si l'OS se déroule en 2016).
STEREK ALL THE WAY, TOUJOURS!