Disclaimer : L'oeuvre appartient à Jane Austen et je ne fais que lui emprunter ses personnages et son histoire, je ne gagne pas d'argent en écrivant ceci. Pour m'inspirer, j'utilise la version 2005 du film. (Libre à vous de vous représenter Colin Firth et Jenifer Ehle). Pour les quelques répliques dans ce premier chapitre, afin d'avoir un peu plus de vraisemblance, j'utilise ceux déjà utilisé dans la version 2005, traduit en français. Pour le fond sonore, j'ai fait tourné en boucle la BO d' "Orgueil et préjugés" 2005, ainsi que la symphonie n°5 Adagietto, Sehr langsam de Gustav Mahler, dirigé par Herbert von Karajan.

Danser est dangereux pour la santé

Chapitre 1 : Mr Collins fait un scandale

Bien sur tout ceci ne serait jamais arrivé si cette horrible Miss Bingley n'avait pas mis son nez dédaigneux dans cette affaire, pensait Elizabeth assise à une fenêtre attendant que le temps devienne plus clément pour qu'elle puisse se promener dans le domaine.

En y repensant, elle avait peut être eu de la chance en voyant un homme de haute stature arriver en compagnie de plusieurs autres personnes. Il était toujours aussi silencieux et ne parvenait à se dérider que lorsqu'il se trouvait entouré d'un petit comité d'amis fidèles.

Lui tendant la main, il la fit se relever afin de la présenter aux quelques personnes qu'elle ne connaissait pas encore :

- Je vous présente mon épouse Mrs Elizabeth Darcy. Elizabeth, je vous présente le Colonel Edward Baerth, et son épouse Mrs Sylvia Baerth. Nous nous connaissons depuis de longues années et nous nous voyons assez peu, nos emplois du temps sont à tout deux serrés.

- Madame, je suis enchanté de connaître enfin l'épouse de mon ami, je me réjouis de voir enfin Fitzwilliam heureux, et en compagnie d'une belle jeune femme, dit l'homme en s'inclinant poliment. Voici mon épouse Sylvia, j'espère que vous vous entendrez bien ensemble. Mon ami, tu ne m'as pas raconté comment tu as rencontré ta femme, ne sois donc pas si cachotier et dis moi où tu as déniché cette perle, qui, je l'espère arrivera à te dérider comme il se doit.

- Et bien, vous seriez étonné, je crois, de savoir que nous nous sommes rencontrés à un bal, dans le Hertfordshire.

Un an plus tôt

Le bal donné à Netherfield battait son plein lorsque Mr Darcy vint m'inviter à danser, invitation que j'ai accepté automatiquement alors que j'étais avec Charlotte. Catastrophée, j'entraînais Charlotte à ma suite afin d'aller parler tranquillement dans un coin plus discret.

- Ai-je accepté de danser avec Mr Darcy ?, ai-je demandé à Charlotte d'un ton paniqué.

- Vous le trouverez certainement fort aimable, me répondit Charlotte en souriant doucement se faisant l'avocat du diable.

- Cela m'embarrasserait en vérité, j'ai juré de le mépriser pour l'éternité ! M'exclamai-je sourdement.

Lorsque nous nous sommes mis en rang, je n'ai pas vu que Miss Bingley était tout près de moi, en face de son frère, avec une moue sur son visage qui disait combien elle était mécontente.

La danse se passa plutôt bien, malgré une discussion un peu hachée, Mr Darcy était ce soir assez cassant ou plutôt très laconique, renfermé.

Nous étions environ à la moitié de la danse, lorsque je perdis l'équilibre et qu'une douleur fulgurante s'empara de ma cheville. Je me rattrapais je ne sais comment sur Mr Darcy qui me demanda ce que j'avais, en voyant ma grimace, il parut s'inquiéter et me prit par le bras pour m'éloigner de la piste de danse. Je claudiquais et chaque pas me devenait plus douloureux.

Lorsque nous fumes dans un endroit à peu près calme, il me demanda ce que j'avais, je parvins à articuler que ma cheville me faisait souffrir et que je devais avoir buté sur le pied de quelqu'un d'autre ce qui avait causé le déséquilibre et une brusque torsion de ma cheville.

Avant que je n'eusse pus dire quoi que ce soit, il me souleva dans ses bras comme si je n'étais qu'un poids plume et m'emmena au premier étage, ouvrit avec confiance une porte et me déposa sur le lit qui s'y trouvait. Il appela un serviteur lui demandant, de prévenir son maître que Miss Elizabeth Bennet venait sans doute se fouler la cheville et qu'elle se reposait dans une chambre. Il demanda aussi qu'une servante vienne avec un linge et de l'eau froide afin de soulager la cheville douloureuse.

Se tournant vers moi, il me demanda avec hésitation s'il pouvait retirer ma chaussure et palper ma cheville afin de vérifier si je n'avais rien de cassé. J'acceptais en rougissant, mal à l'aise.

Je fus étonnée de la délicatesse dont il fit preuve, je ne ressentis aucune douleur lorsqu'il enleva doucement ma chaussure, mais lorsqu'il palpa d'un doigt pourtant léger ma cheville, je ne pus retenir un gémissement : la douleur me reprit aussi forte qu'au moment où je m'étais déséquilibrée.

- Vous devez avoir une bonne foulure, sinon une entorse Miss. Je ne suis pas médecin mais je pense que cela ne peut être que cela. Je ne comprends pas ce qui a pu vous déséquilibrer comme cela. Vous êtes une danseuse correcte, je ne pense pas que c'était involontaire voyez-vous.

- Vous m'accusez de..., m'exclamai-je.

- Non, je ne vous accuse de rien, Miss Bennet. Vous n'avez sans doute pas remarqué que Miss Bingley était près de nous pendant la danse. Je me demande si le fait que je vous ai invité à danser n'a pas provoqué son... Inimitié. Mr Bingley ne devrait plus tarder je pense, j'espère que sa sœur ne sera pas avec lui, ils dansaient ensemble.

Quelques minutes plus tard en effet, le maître de maison arriva, accompagné de sa sœur. Ils semblaient assez interloqués tous les deux. Mr Darcy, lui, restait lui-même, fermé, et silencieux.

Mr Bingley semblait un peu inquiet pour moi, son ami le tranquillisa en lui disant que j'avais été déséquilibrée par un vertige et que j'avais dû me fouler la cheville, il m'avait donc emmenée ici afin que je me repose au calme et que je ne m'appuie pas sur ma cheville. Il ajouta qu'il faudrait qu'un médecin vienne le lendemain pour faire un véritable diagnostic.

Miss Bingley se montra un peu plus inquisitrice, son déplaisir se faisant sentir dans ses paroles et dans le choix de ses mots.

- Mr Darcy, pourquoi diable avez-vous emmené Miss Bennet dans votre chambre ? Vous savez pourtant qu'il y en a bien d'autres ici. Votre chambre est spartiate, et peu adaptée au confort d'une demoiselle. Que diront les gens, c'est absolument inconvenant ! Il faut l'emmener dans une chambre d'ami. Où donc dormirez-vous si elle reste ici ?

- Miss Bingley, je vous remercie de vous soucier de mon bien être, cependant, je vais veiller Miss Bennet cette nuit, je dormirai dans le fauteuil, ce n'est pas la première fois que cela m'arrive et ce ne sera sans doute pas la dernière. Quant au choix de la chambre, j'avoue ne pas m'être posé la question, ma chambre étant la plus proche, j'ai préféré mettre Miss Bennet ici, afin qu'elle puisse se reposer le plus rapidement possible, sa cheville est enflée et doit être très douloureuse. Pour le quand-dira-t-on, il suffit de ne pas l'ébruiter. Lorsque Miss Bennet sera plus transportable, nous l'installerons dans une chambre d'amis afin qu'elle soit aussi indépendante que possible.

Il me semblait n'avoir jamais vu Mr Darcy faire d'aussi longues phrases. Sur ces derniers mots, j'ai plongé dans un sommeil lourd, entourée de l'odeur boisée et épicée de Mr Darcy.

J'étais assis sur le fauteuil, lisant silencieusement un livre traitant de la gestion des domaines de la taille de Pemberley. Quelques heures s'étaient passées depuis que la jeune femme s'était endormie. Je relevais de temps en temps la tête pour vérifier si Miss Bennet dormait encore.

Tout le monde ou presque était partit, Netherfield redevenait doucement paisible. Miss Elizabeth commençait à s'agiter, murmurant quelque chose. Curieux, je ne pus m'empêcher de me lever de mon fauteuil et de me pencher vers elle, ne l'entendant pas, j'approchai mon oreille de sa bouche, ce qu'elle murmurait était inaudible. J'allais me relever complètement et j'avais le visage bien en face de celui de Miss Bennet pour voir si elle ne faisait pas un mauvais songe lorsque j'entendis du bruit et une exclamation outragée.

Surpris, je me relevais complètement pour voir qui se trouvait à la porte. C'était ce Mr Collins, le pasteur de ma tante Lady Catherine que j'avais trouvé obséquieux et ridicule à la fois ce qui relevait de l'absurde. Il était accompagné de l'aîné des Bennet qui semblait assez surprise de me retrouver dans cette situation ambiguë.

Grinçant des dents et serrant les poings au point de me blanchir les jointures, je n'ignorais pas ce qui allait suivre. Ce qui suivit dépassa mes pires espérances : Mr Collins fit un hurlement à égorger un cochon, rameutant la maisonnée complète dans ma chambre. Mr Bingley cherchant à savoir ce qui se passait tentait de le calmer entre deux cris. Un peu remis de ses émotions, se sentant important comme témoin à toute l'affaire, se gonfla de toute son importance pour me sermonner à propos de mes viles instincts que j'aurais dû raisonner. Il me tançait comme si je n'étais qu'un criminel de la pire espèce m'accusant d'avoir ruiné la réputation de sa jeune cousine, lui qui souhaitait tant l'épouser.

- Je n'ai rien fait de tel Mr Collins, Miss Bennet s'agitait dans son sommeil et je vérifiais seulement si elle n'était pas fiévreuse. Je n'ai aucune inclination envers cette fille.

- Miss Bennet, il s'adressait à l'aîné Jane Bennet, vous avez bien vu comme moi qu'il allait l'embrasser et ruiner l'innocence de votre sœur ! Allons avouez tout Miss, n'ayez aucune peur, je suis pasteur enfin !

- Et bien, je n'en sais rien, il est vrai qu'il était penché au dessus de Lizzie mais rien n'indiquait qu'il allait faire une telle chose.

- Ah ma cousine, vous êtes toujours encline à voir le meilleur à l'intérieur de nous !

Miss Elizabeth crut bon de se réveiller complètement à ce moment-là, causé par un raffut insupportable et fut surprise de voir autant de monde autour d'elle, agités, et consternés.

- Que se passe-t-il ici ? Pourquoi y'a-t-il autant de monde dans cette chambre ? Mr Collins, qu'avez-vous donc, on croirait que vous avez appris une mauvaise nouvelle.

- Miss Bennet, je crains que ce ne soit la vérité. Je dois vous avertir que Mr Darcy, ici présent, a tenté de vous voler votre innocence dans votre sommeil, alors que je venais voir si vous vous remettiez de cette cheville douloureuse.

- Mais enfin, Mr Collins, vous devez déraisonner, c'est Mr Darcy qui m'a emmené lui-même dans cette chambre afin de me reposer, je me suis assoupie à cause de la fatigue et de la douleur, mais je ne crois pas une seule seconde qu'il ait voulu me voler cette innocence. Mr Darcy, tout le monde le sait, ne m'a jamais accordé aucune importance de ce genre.

Je la regardais gentiment, touché malgré moi par cette assertion, elle ne sautait pas sur l'occasion pour se marier avec moi, et se faire la maîtresse de 10 000 livres de rentes annuelles et de Pemberley par la même occasion. Je ne savais plus qu'en penser. A vrai dire, il m'avait toujours semblé n'entrevoir qu'un esprit aiguisé, un sens de l'humour caustique, quelque peu insolent même mais de manière assez malicieuse, sa sœur aîné toute faite de douceur, voir indifférente aux sentiments de Charles n'avait jamais été ridicule, imbue d'elle-même, ou bien écervelée comme sa mère et ses jeunes sœurs ; quant à leur père, son esprit fait de causticité et adorant faire tourner sa propre épouse en bourrique ainsi que ses filles en se moquant d'elles avec un grand soin dans le choix de ses mots, n'était pas non plus quelqu'un de foncièrement mauvais, juste un personnage un peu dérangeant.

Revenant à l'affaire en cours, je vis Mr Collins s'adresser à Charles, à Mr Bennet et enfin à tout le monde que nous devions nous marier sur le champs afin d'éviter le scandale qui ne manquerait pas d'éclater si tout le monde venait à découvrir la présence de Miss Bennet Elizabeth dans ma chambre en pleine nuit couchée dans mon lit, ainsi que ma présence dans la-dite pièce.