NB : N'hésitez pas à commenter si un truc vous chagrine o/

Chapitre IV :

Yamacha attira Bulma contre lui et déposa un baiser sur ses cheveux bleus, un air extatique collé sur son visage scarifié. Parfois, ça avait du bon de rentrer. Il ignora férocement le ki de Végéta, décidé à faire comme s'il n'était pas là, et lova Bulma au creux de ses bras. La jeune fille se logea dans son étreinte, en ronronnant d'aise.

Il était arrivé dix minutes plus tôt, un énorme bouquet de fleurs entre les mains, avec un sourire niais et compulsif. Bulma l'avait attiré sur le canapé oú ils avaient passé un bon moment à se susurrer des banalités et de lieux communs, avant de daigner se décoller l'un de l'autre :

« Alors, qu'est ce que tu racontes ? » Murmura-t-il contre ses lèvres, une main nichée sur les reins de Bulma

« La routine. Je devrais être en train de réparer la salle de gravitation, là, maintenant, mais j'ai décidé de faire gréve. »

Elle sourit largement :

« Végéta est d'un mesquin, si tu savais. Aussi, je me disais, tu sais, les androïdes arriveront dans un bon moment, qu'on pourrait se distraire un peu, faire autre chose. »

Yamcha se redressa contre le dossier du canapé, caressant la saignée du coude de Bulma d'une main distraite :

« T'as une idée derrière la tête, toi ? J'veux dire, on est tous des obsessionnels du combat, et qu'est ce qui pourrait intéresser les autres plus que ça ? »

« Hm, ce serait bien que, pour une fois, on fasse un truc intellectuel, un concours d'écriture ! »

Yamcha regarda la jeune fille avec des yeux ronds, parfaitement perplexe :

« Un concours d'écriture ? Et à quoi ça nous servirait ? »

« A développer votre côté naaaaaturellement intellectuel. Végéta est déjà sur le coup. Goku ne voudra pas rester derrière, et vu que tu te sens souvent sous estimé et à la ramasse, ça pourrait être une bonne occasion de remonter ta côte de popularité auprès des autres. »

L'homme leva les yeux au ciel, devinant parfaitement à travers le plafond la présence rugissante du Saiyan :

« Si tout le monde est dans le coup, pourquoi pas. »

« Si tu croises Tenshinhan, tu pourrais lui en parler aussi ? Il trouverait ça sûrement très intéressant ce n'est pas un barbare décérébré comme vous autres, lui. »

« Là, tu pousses les choses trop loin, jeune fille. »

Il l'attira de nouveau contre lui et pressa ses lèvres contre les siennes, avidement. Elle lui abandonna ses lèvres pendant quelques secondes, avant de s'en écarter, taquine :

« Allez, promets que tu vas me soutenir dans cette idée. »

« Pourquoi pas, s'il y a une récompense à la clé. Même Tortue Géniale serait de la partie si la récompense était tes seins. »

Elle éclata d'un rire moqueur :

« Qu'il ne rêve pas trop, celui-là. Je pensais plutôt à un concours amical, sans réelle récompense. Ou alors, ce serait juste la fierté de pouvoir dominer les autres, vu que vous êtes tellement attachés à cet idéal. J'ai pas l'impression que l'argent vous intéresse tant que ça, de toute façon. »

« Tu as raison, mais en ce qui m'concerne, y'a autre chose qui m'intéresse. »

Il tira sur la bretelle de son soutien gorge d'un air entendu et l'enlaça. Elle se laissa faire, accueillant Yamcha entre ses bras minces. Son vis à vis nicha sa tête dans son cou et elle passa sa main dans ses cheveux, jusqu'au moment oú son regard capta, juste à la limite de son champ de vision, la silhouette musculaire de Végéta. Elle tourna la tête vers lui et croisa son regard. Le Saiyan lui adressa un sourire des plus méprisants, posant sur elle un regard dénué de toute émotion, comme si cette scène était tout à fait affligeante et pitoyable. Et puis, il entrouvrit ses lèvres pour gronder :

« Ce n'est pas parce que j'ai accepté cette idée stupide de tournoi, que tu dois te délaisser de tes responsabilités. Va donc réparer la machine. »

Yamcha releva brusquement la tête, manquant de peu de fracasser le menton de Bulma. Cette dernière fronça les sourcils :

« Je le ferais quand j'en aurais envie. Contrairement à toi, j'ai d'autres intérêts dans mon existence.»

« Je vois ça. »

Il avait mis tellement de mépris dans cette dernière réplique, que Bulma sentit ses joues rougir. Effectivement, elle avait décidé de faire passer Yamacha avant cette foutue salle, qu'y-avait-il de mal à ça ?

Sans rien ajouter, Végéta se détourna et sortit du salon. Il avait passé l'heure à se demander comment gérer son temps libre pour acquérir autant d'efficacité dans l'entraînement que dans l'écriture. En vain. Son esprit refusait de former des phrases concrètes, il était bloqué face à sa propre incapacité. Et bien sûr, il ne pouvait pas demander de l'aide à quelqu'un d'extérieur ; il n'avait toujours compté que sur ses propres capacités. Il allait falloir faire avec.

En sortant dans le jardin, il aperçut la mère Briefs et s'en approcha d'un pas raide :

« Femme, dis moi oú je peux trouver un manuel de... »

Comment ça pouvait se dire, hein, sans trop paraître ridicule ?

« Un manuel de grammaire. »

La mère Briefs posa son arrosoir sur la table et s'essuya soigneusement les mains, avant de se tourner vers lui :

« Ah, vous voulez dire que vous rencontrez quelques problèmes dans l'écriture, mon cher. Suivez moi. Je vais vous donner ce qu'il vous faut. »

Elle lui fit signe de la suivre et rentra dans la maison. Le domaine Briefs, en plus de posséder un exceptionnel laboratoire dernier cri, avait aussi la chance d'avoir une bibliothèque, dans laquelle personne n'était plus rentré dernièrement, certes, mais qui était abondamment fournie en manuels et bouquins de différentes sortes. Mrs Brief se haussa sur la pointe des pieds pour atteindre l'étagère désirée et en sortit quelques manuels, qu'elle plaça sur la table :

« Alors, voilà, un manuel de syntaxe, de linguistique. Et là, c'est sur la grammaire et les différentes variations stylistiques. Si vous voulez vous améliorer, je peux aussi vous conseiller de lire, hmmmm... »

Elle prit d'autres livres, qu'elle entassa soigneusement sur les autres :

« Vous m'avez l'air d'être plutôt réaliste dans votre genre, alors voilà la bibliographie complète d'Hemmingway, un peu de Marguerite Yourcenar pour le style. Et du Nabokov pour le cynisme. Cela devrait vous aider à compléter vos connaissances. »

Le Saiyan se contenta de ramasser la pile – un bon monceau de bouquins qui pesaient une tonne -, sans même la remercier. Il quitta la bibliothèque, croisant au passage Yamacha et Bulma qui discutaient, enthousiastes. En voyant le Saiyan approcher avec sa pile de bouquins, Yamacha crispa les poings :

« Alors, c'est ça ? Il va s'améliorer ? Alors moi aussi, moi aussi ! »

Pff, songea Végéta, si seulement ce piètre humain était capable de se hisser à son niveau. Mais le seul adversaire qu'il voulait à sa merci n'avait rien à voir avec Yamacha, aussi ne daigna-t-il même pas rétorquer. Que l'humain sombre tout seul dans le ridicule.

Il remonta dans sa chambre et ouvrit le premier truc qui lui tomba sous la main, Les mémoires d'Hadrien, de Marguerite Yourcenar. La concentration autre que physique ne l'avait jamais enthousiasmé des masses, mais il pouvait bien faire un effort. Il se voyait déjà, triomphant, écrasant d'un pas la main suppliante de Kakarot tendue vers lui, mais il ne ferait pas de concession, ah, il la broierait lentement, pour en écouter les ligaments claquer un à un. Et le Saiyan reconnut avec surprise que la vision d'Hadrien, l'Empereur Hadrien, était exceptionnellement intéressante. « Un esprit sain dans un corps sain. » lut-il. Il recopia la phrase sur une feuille et reconnut qu'elle sonnait bien entre ses lèvres.

La porte d'entrée claqua au rez-de-chaussée et Bulma se frotta les poignets. Elle en avait senti les os craquer lorsque Yamacha l'avait agrippée pour lui faire part de son enthousiasme soudain sincère. Il lui avait promis d'essayer de joindre Piccolo et Tenshinhan pour les convaincre de suivre le mouvement. Bulma sourit et se dirigea vers la cuisine elle aurait bien aimé qu'il reste encore un peu avec elle, mais bon, il ne fallait pas trop lui en demander visiblement. Ces types étaient toujours à la recherche d'un nouveau défi. Au moins, elle aurait la soirée pour faire tout ce qu'il lui plairait. Pas de stress, pas de pression. Végéta s'était enfermé dans sa chambre avec les livres et elle se doutait qu'il n'en sortirait pas avant de les avoir terminé. Elle sortit une glace du frigo et se posa devant la télévision, avant de se faire la remarque que puisque tout le monde était bien décidé à faire des efforts sur le plan littéraire, elle pouvait bien faire de même. Sa glace à la main, elle rentra dans la bibliothèque et choisit l'un de ses romans favoris sur une étagère, Les Hauts de Hurlevent, d'Emilie Brontë. En en feuilletant ses passages préférés, elle remarqua que Heathcliff avait tout d'un Végéta torturé. Il était au moins aussi violent et renfermé. Heathcliff était une bombe prête à imploser au visage du premier venu, comme Végéta, un implacable salaud briseur d'existence. Mais, qui était Cathy, alors ?

Elle sortit sa glace de son emballage et la planta entre ses lèvres, pensive. Ce n'était pas le moment de transposer la situation du livre à la sienne ; ça n'avait rien de réaliste, de toute façon. Mais Heathcliff avait un background plutôt erratique, comme Végéta. Trop de coïncidences, songea-t-elle, en gloussant. Mais est-ce que Végéta était capable d'aimer quelqu'un, comme Heathcliff l'avait fait ? Elle en doutait fortement.

Elle referma le roman et le glissa sous son bras, avant de retourner vers le salon, bien décidée à se trouver un bon petit film pour la soirée.