Bonsoir bonsoir ! Cette fic est la préquelle de Cherche Muse ! :D Ou bien, tout simplement, Cherche Muse est la séquelle des Enchaînés !

Note de novembre 2018 : J'ai entièrement relu et corrigé cette histoire, pour la rendre plus agréable à lire.

Note de mai 2014 (fic terminée) : J'ai mis toute mon âme (ou presque) dans cette fic. C'est un peu tordu, perché, cru. J'ai passé cinq mois avec elle. Je n'avais jamais écrit autant et avec autant de constance. Ça parle de frustration, de désir, d'âmes et de corps tourmentés. Comment Harry, avec l'aide de Draco, découvre qu'il n'est qu'un corps et non pas un saint. Ouais, on dirait un gros programme mais ça reste, j'espère, divertissant. Erotisme, frustration et humour : mon but dans cette fic, enfin, je crois.

Le principe est simple : la fic est structurée autour de séances d'érotisme, durant lesquelles Draco joue le rôle du dominant et Harry celui du soumis. Il ne s'agit pas de sexe mais bien de trouble, d'élan cassé. Donc ne vous attendez pas à ce qu'ils copulent au bout de deux chapitres... Ca prend du temps.

Disclaimer : Harry Potter, ses joyeux compagnons et leur univers appartiennent à JK Rowling. Je les lui emprunte sans y être autorisée pour en faire n'importe quoi. Ah non, le dessin qui sert d'image à la fic est un fanart de ma main.

Bon, place à l'histoire, ça commence tout de suite. Enjoy !


LES ENCHAINES

Chapitre 1 : Veux-tu être mon esclave ?


– Hey, Potter !

– Gneu, qu'est-ce que... ?

Harry n'eut ni le temps de finir sa phrase ni celui de se retourner : il venait d'être frappé, en plein dans le dos, par le très désagréable Maléfice du Saucisson. Incapable de se débattre, de beugler, ou même de voir la tronche de son agresseur – qui paierait cher son coup de baguette dans le dos ! – le Gryffondor fut trimbalé par Lévitation dans les couloirs du château. Harry entendait de nombreux élèves rire, il croisait parfois leurs regards, mais aucun d'eux n'eut la bonté de l'informer de l'identité de son mystérieux assaillant. Et pour cause : il n'était pas très difficile de deviner de qui il s'agissait.

Il n'y avait, à Poudlard, que deux personnes qui l'appelaient uniquement par son nom de famille. La première était Severus Rogue, maître en Potions qui vouait une haine extraordinaire à tout ce qui avait le malheur de se nommer Potter. La seconde était Draco Malfoy, cet imbécile de Serpentard, son rival de toujours, dont il était devenu l'ennemi avant même de monter à bord du Poudlard Express.

Le Survivant n'imaginait pas un professeur – même Rogue – lui lancer des sortilèges, sans raison apparente, au vu et au su de tous. Rogue préférait largement lui glisser de petits commentaires sarcastiques à l'oreille, lui coller des retenues qui le privaient d'entraînement de Quidditch, ou casser par mégarde les fioles de potion que lui rendait le Gryffondor. Son style était plus... subtil (c'était bien la première fois que Harry trouvait une qualité à cette vieille chauve-souris). Non, il fallait se rendre à l'évidence, la seule et unique personne à Poudlard qui pouvait décemment lui lancer des sorts en plein jour, puis le promener devant tout le monde pour le ridiculiser était Malfoy. Toujours cette sale fouine.

xXx

Soudain, la tête de Harry cogna la chambranle d'une porte. Le garçon voulut gueuler de douleur, mais sa mâchoire, toujours bloquée par le sortilège, ne le lui permit pas.

Il l'a fait exprès... Malfoy, espèce de bouse de dragon malade !

Après avoir copieusement insulté Malfoy dans sa tête, Harry jeta un coup d'œil autour de lui. Il se trouvait dans une salle de classe abandonnée. Les pupitres poussiéreux étaient éparpillés dans toute la salle, sans former de rangs distincts. Les étagères au mur ne comportaient que de rares ouvrages aux couvertures ternes. Même l'air semblait figé par le temps : un mélange de renfermé, de vieux livres, de brûlé. Et le silence.

Harry, toujours suspendu à quelques centimètres du sol, entendit soudain derrière lui un petit cliquetis. On avait verrouillé la porte.

Mais qu'est-ce qu'on peut bien me vouloir, à moi ? pensa ironiquement le brun.

Ironiquement, car la moitié de la communauté magique le considérait comme le Sauveur et l'autre moitié comme l'ennemi n°1.

Les uns pourraient avoir envie de le capturer pour lui faire subir des expériences traumatisantes. A cette pensée, Harry déglutit, des images funestes défilant sous ses yeux : lui à poil, entouré de cierges, lui à poil, entouré de fous récitant des litanies, lui à poil, entouré de photos de lui qui le regardaient, le regardaient, le regardaient.

Quant aux autres, ils pourraient avoir envie de le capturer afin de lui soutirer des informations sur l'Ordre, de le torturer, de le découper en morceaux, et de le tuer. Et finalement, de le manger. Pas nécessairement dans cet ordre-là.

Dans un camp comme dans l'autre, tout le monde avait une bonne raison de le kidnapper.

Finite Incantatem !

Harry fut soudain libéré du Sortilège du Saucisson et de Lévitation. Il tomba par terre comme une pierre, ses genoux ployant sous le poids inattendu de son corps. Sa joue rencontra violemment les dalles dures et froides.

Les lunettes tordues sur le nez, de la salive coulant entre ses lèvres entrouvertes, Harry Potter put enfin jeter un coup d'œil au sorcier qui se tenait debout devant lui. L'agresseur tournait le dos à la fenêtre. Il avait les bras croisés et, comme un dieu, il projetait son ombre sur Harry, qui était étalé de tout son long sur le sol gelé. Le Survivant soupira intérieurement. Il s'agissait bien, malheureusement, de Draco Malfoy.

Blond platine, yeux bleus trop clairs, teint de porcelaine, bien foutu. Prince charmant du genre égoïste, arrogant, dédaigneux, livré avec répertoire d'insultes et de répliques cinglantes. Se la joue mystérieux mais ne trompe personne, mis-à-part toutes ses fans, qui représentaient plus d'un tiers de la population du château. Fait genre de cacher un petit cœur fragile derrière tout ça, pour attendrir les imbéciles qui lui tournaient autour en poussant des glapissements d'animaux en tous genres.

Harry trouvait le Serpentard ridicule, avec ses manières aristocratiques, et sa fierté inconditionnelle. Ses fans le trouvaient juste trop craquant et ne reculaient même pas devant son statut de Mangemort. Selon son fan-club, c'était justement tous ses défauts – et Merlin savait qu'il en avait à la pelle – qui contribuaient à son charisme.

Si Harry avait pu choisir, il aurait eu un rival un peu moins blond, un peu moins chiant, un peu populaire... un peu moins Malfoy quoi.

xXx

Après un court instant passé à dévisager son rival de toujours, Harry décida de se redresser. Difficile d'être crédible la face collée à la pierre et en respirant des moutons de poussière. Après avoir sommairement épousseté ses robes, il trouva un pupitre qui ne menaçait pas de s'effondrer au moindre contact. Il y appuya tranquillement son postérieur et croisa à son tour les bras.

– Bon, qu'est-ce que tu veux Malfoy ? C'est quoi tout ce bordel ? Tu veux te battre ? Qu'est-ce qu'on fout là ? lança-t-il, un peu exaspéré.

Il appréciait modérément ses altercations avec Malfoy : disons qu'elles le divertissaient. Un petit échange d'insolences matinales, quelques sortilèges bien placés, il ne disait pas non... mais là, il ne voyait pas du tout où le blond voulait en venir. Il avait simplement l'impression de perdre son temps.

Trois secondes étaient passées et Malfoy n'avait toujours pas répondu. Okay, Harry venait de se faire abducter dans un couloir, enfermer dans une vieille salle qui sentait le moisi, tout ça par un Malfoy muet comme une carpe, qui ne cherchait apparemment ni à discuter ni à l'attaquer...

Harry avait d'autres dragons à fouetter. Il décolla ses fesses du pupitre et fit quelques pas vers la porte, bien décidé à mettre fin à cette ennuyeuse mascarade, quand le blond le rattrapa par le bras.

Enfin ! songea-t-il.

– Potter, si tu bouge, je t'enfonce ta baguette dans le cul, la mienne est trop précieuse pour ça. J'avais quelque chose à te demander, souffla Malfoy.

Quelque chose à lui demander ? C'était curieux. Harry retourna s'appuyer contre son pupitre, tandis que le blond, l'air étrangement gêné, se campa en face de lui. Le Survivant se demandait bien quelle requête pouvait-on faire à son rival.

Ça n'avait pas l'air d'un piège, ou bien Harry avait sous-estimé les talents de comédien du Serpentard. En effet, ce dernier arborait un air très, très sérieux. Trop sérieux pour ne pas être franchement inquiétant.

Peut-être que le blond était vraiment en mauvaise posture – genre il avait tué quelqu'un – et que Harry était le seul à pouvoir l'aider – genre en se dénonçant à la place du Serpentard. Ou bien cherchait-il à quitter Voldemort pour rejoindre le côté du Bien et il ne savait pas où déposer sa candidature... Enfin, il ne fallait pas trop rêver non plus.

Constatant que, de nouveau, Malfoy jouait au Roi du Silence avec lui, Harry commença à s'énerver.

– Bon, je croyais que t'avais un truc à me demander ? J'ai pas que ça à faire, te regarder dans le blanc des yeux. Cette fois-ci, je me tire, râla le Gryffondor, à un Malfoy toujours immobile.

Il n'avait jamais été très patient.

Mais sérieusement, qu'est-ce qui arrivait à Malfoy ? Non, en fait, Harry s'en foutait. Les états d'âme de l'autre sorcier ne le concernaient aucunement. A la rigueur, il pouvait s'en réjouir, mais rien de plus. Il ne s'appelait pas Blaise Zabini, son rôle n'était pas d'attendre que Malfoy veille bien lui confier ce qu'il avait sur le cœur.

N'empêche que je regrette presque le Malfoy ordinaire, celui qui est chiant mais loquace.

En effet, ce blondinet incapable de prononcer deux mots à la suite le mettait mal à l'aise.

– Potter, il n'y a pas le feu au lac, commença Malfoy d'une voix traînante.

Harry s'étonna qu'il connaisse une expression moldue. S'il avait plus souvent écouté Hermione, il aurait su qu'il y avait de nombreuses expressions qui n'étaient pas spécifiquement sorcières ou moldues. Mais s'il écoutait Hermione, il ne serait plus Harry Potter.

– Maintenant, tu vas fermer ta grande gueule et m'écouter, veux-tu ? Enfin, ce n'est pas comme tu avais le choix. Tu ne peux pas quitter cette pièce, un simple Alohomora ne marchera pas sur cette serrure. Après tout, c'est moi qui l'ai ensorcelée.

Malfoy affichait un air suffisant, qui lui ressemblait beaucoup plus, et Harry aurait soupiré de soulagement si ça n'avait pas été quelque chose de stupide à faire. Allons bon, il n'allait pas se réjouir que son rival ait retrouvé sa verve.

– Mais je ne demande que ça, t'écouter ! Malheureusement, à moins que je ne sois totalement bouché, tu n'as rien dit depuis que tu m'as lâchement kidnappé et enfermé ici ! s'indigna Harry, à la fois amusé et énervé.

– Ce que je te veux est... délicat à formuler, grimaça le blond. Je voudrais être clair sans pour autant t'effrayer, tu saisis ?

Sans l'effrayer ? C'était raté. Harry appréhendait de nouveau ce que l'autre garçon avait de si important et de si difficile à lui demander, pour qu'il tourne ainsi autour du chaudron. D'habitude, les mots ne manquaient jamais à Malfoy...

– Potter, tu m'écoutes là ?

– Oui, oui et oui. Allez, vas-y Malfoy, dis-moi tout, sourit Harry d'un sourire hypocrite.

– Tout d'abord, que ce soit clair, Potter : je te déteste, toi et tout ce que tu représentes.

– Merci pour le préambule, on aurait pu s'en passer, non ? soupira le brun, qui voulait que cette foutue discussion avance. Si ça peut te rassurer, moi non plus je ne te porte pas vraiment dans mon cœur, mon petit Malfoy.

– Au contraire, c'est un rappel capital à faire. Garde ça bien en tête, pour ne pas te méprendre sur mes intentions. Je te déteste, okay ? répéta le blond.

Ça sentait le cramé à plein nez. Harry avait soudain envie d'enfoncer la porte et de partir sans se retourner. Comment ça, pour ne pas se méprendre sur ses intentions ? Ses intentions de quoi ?

Malfoy n'allait quand même pas lui avouer qu'il l'avait toujours trouvé attirant, qu'il voulait le baiser sauvagement, mais tout ça en toute impunité et en maintenant entre eux une haine cordiale ? Intentions, qu'est–ce que ça voulait dire intentions ? Harry craignait le pire.

– Heu, okay, okay, tu me détestes, moi aussi. Bon, vas-y, développe, qu'est-ce que tu me veux ?

Harry avait tout-à-fait conscience de tendre le gourdin au troll pour se faire battre. Mais il voulait savoir. C'était mieux que d'émettre plein d'affreuses et invraisemblables hypothèses.

– Je voudrais te proposer...

Harry faillit se boucher les oreilles.

– … d'être mon esclave, acheva le Serpentard.

Heu, what ?

– Heu, Malfoy, attend, répète ça pour voir ? Plus lentement et en articulant bien ? Je crois que j'ai mal entendu. Enfin, j'ai cru que tu me demandais d'être ton « esclave » ! C'est fou les oreilles, le conduit auditif, tout ça, quand même, balbutia Harry, avec un faux rire.

– Tu as très bien entendu, Potter. Je te propose bien d'être mon esclave, soupira Draco, l'air de se dire que le Gryffondor était la chose la plus stupide qu'il ait jamais vue de sa vie.

L'air de se dire que sa proposition était tout ce qu'il y avait de plus courant et légitime et qu'il n'y avait vraiment pas de quoi en faire tout un plat.

Il y eut un tout petit silence, pendant lequel Harry attendit désespérément que le Serpentard rie et crie « Poisson d'Avril ! ». Mais le blond ne cilla pas. De toute façon, ils étaient en Octobre et il y n'avait aucune chance que l'héritier de la plus vieille famille de Sang-Purs soit un pratiquant du 1er Avril.

– Non mais tu es sérieux, Malfoy ? Ton esclave ? Tu crois que quelqu'un peut répondre « oui » à une question pareille ? demanda Harry, en continuant à rire nerveusement. Enfin, mets-toi trente secondes à ma place. Imagine que je nous enferme dans une petite salle de classe empoussiérée et qu'après un très long silence je te demande « Tu veux être mon esclave ? ». Tu... Allez Malfoy, dis-moi que c'est une blague, que tu ris intérieurement de ma naïveté !

Harry regardait le Serpentard avec un regard presque suppliant. Mais Malfoy avait l'air on ne peut plus sérieux.

– Est–ce que tu te rappelles que je t'ai dit de la fermer ? grommela le blond. Je... conçois que ma proposition puisse paraître anormale, surtout pour un esprit exigu comme le tien, Potter.

Quand Malfoy parlait comme ça, il ressemblait furieusement à Rogue, son parrain. Ce n'était pas un compliment.

– Peut–être que le terme « esclave » est trop connoté pour toi. Je reformule : Potter, veux-tu être mon soumis ?

Harry le regarda avec des yeux ronds. Il n'arrivait pas à croire que ce qu'il entendait provenait bien de cette bouche-là – enfin de la bouche de MALFOY quoi. C'était totalement surréaliste. Son soumis ?

– Bon, si j'ai bien compris, tu veux faire des... choses avec moi, c'est ça ? demanda Harry, un peu surpris par le ton sec et dégoûté qu'il venait d'employer. Deux petites questions, si je peux me permettre : de un, heu, pourquoi moi ? Et de deux, tu as pensé à consulter un médicomage ? Qu'est–ce qui te prend, Malfoy ?

Le Serpentard eut l'air gêné par la première question, ce qui rassura en partie Harry. Au moins, il n'était pas le seul à trouver cette situation et cette discussion totalement absurdes.

– Pourquoi toi ? C'est intéressant que tu poses la question, Potter. Après tout, je te déteste... dit Malfoy, le regard dans le vague, comme s'il cherchait ses mots.

C'était le genre « impénétrable » qu'il aimait parfois se donner.

– Peut–être, justement, est-ce parce que je te déteste que je te demande ça...

– Tu veux satisfaire un complexe d'infériorité c'est ça ? Me rabaisser parce que tu n'y arrives pas dans la vraie vie ? l'interrompit le Gryffondor. C'est pathétique, la fouine.

– Ton manque de subtilité m'affligera toujours, Potty, fit Draco, en levant les yeux au ciel. Non, je le vois bien, i Poudlard tellement d'autres personnes, hommes ou femmes, cent fois plus beaux, intelligents ou attirants que toi, et qui rêveraient d'avoir ta chance... Alors pourquoi t'ai-je choisi ?Mais comme je te disais avant que tu ne m'interromps, c'est notre rivalité qui m'intéresse, pas toi. Comment dire ? Je mène des recherches sur la nature humaine, le rapport au corps, les sentiments, tout ça, des choses que tu ne comprendras sûrement jamais.

Le Gryffondor faillit rire à voix haute. Malfoy était la seule personne au monde à demander un service en insultant et rabaissant constamment son interlocuteur. Et sa façon de présenter les choses était si... ridicule. Il se voulait grandiose. Il était seulement attendrissant. Pourquoi ne pas entrer dans son jeu, pour voir ?

xXx

– Admettons que j'accepte – par curiosité, par ennui, par goût du risque, ma vie est si ennuyeuse comme tu le sais – de rentrer dans tes plans tordus, qu'est-ce que j'y gagne ?

A ce moment-là de la discussion, Draco sut qu'il avait presque gagné. Il avait tout misé sur la curiosité de Potter et sur sa faculté à attirer, à aimer, même, les problèmes. Il ne restait plus qu'à lui faire croire qu'il pourrait tirer profit du deal et surtout qu'il pourrait y mettre un terme sans aucune difficulté, si jamais il le souhaitait.

Draco allait lui faire croire qu'il contrôlait la situation, en somme.

– Bien plus que tu ne pourrais l'imaginer, Potter. Une fois que tu mets le pied dans ce genre de domaine, tu en demandes toujours plus. C'est comme une drogue, une forme de luxure... dit Draco en plissant les yeux, comme s'il voyait des choses inconnues de Potter.

Un domaine dont Harry avait toujours été exclus, sans le savoir... Le lieu de tous les fantasmes, où il n'y avait ni honte ni jugement... Un lieu de perdition et de jouissance... La manière dont Malfoy parlait était hypnotique. Ça donnait presque envie.

Harry chassa vite cette pensée de son esprit. Il n'allait pas tomber si facilement dans le piège de Malfoy !

– Franchement, tes délires sadomasochistes, très peu pour moi, merci. Brûler de la cire chaude sur mes parties intimes, marcher à quatre pattes avec un collier clouté autour du cou et te lécher les pieds en bavant... Rien de tout ça ne me fait bander, Malfoy. Désolé, répliqua-t-il avec un sourire faussement contrit.

Potter était si mignon. Il avait des préjugés gros comme des dragons femelles en cloque. Draco n'avait qu'à lui montrer qu'il avait tout faux.

– Si tu pouvais être un peu plus ouvert d'esprit, ça me faciliterait grandement la tache ! grogna-t-il pour énerver le brun. Je ne te parle pas tellement d'esclave ou de soumis que de partenaire de... séance d'érotisme. C'est comme une étude, je te dis. Une sorte de loisir auquel je m'adonne à mes heures perdues. Tu ne peux pas comprendre si tu n'y as pas participé, de toute façon. Ce que je te propose va bien au-delà de ce que tu appelles vilainement le sadomasochisme. C'est plus... doux, et plus excitant aussi. Je ne te ferai aucun mal...

Un regard carnassier passa pourtant dans les yeux pâles de Malfoy.

– … même, souvent, je ne te toucherai pas. Rappelle-toi que tu ne m'attires pas et que je te déteste. C'est Harry Potter que je veux, pas toi conclut le Serpentard.

« Mais c'est moi, Harry Potter, banane ! » Harry faillit laisser s'échapper. Il se retint juste à temps, parce qu'il pensait avoir compris ce que voulait dire Malfoy : c'était son mythe et son image qu'il voulait. Pas sa médiocre et détestable personnalité.

Message reçu.

– Je ne vois toujours pas ce que j'y gagne. Même si tu peux trouver ça très intéressant, d'un point de vue sociologique, moi–

– Et si tu essayais ? Ou tu as peur de devenir accro, Potter ? lança Draco, en fixant l'autre sorcier droit dans les yeux.

C'était le moment où tout se jouait. Soit Potter réagissait comme Potter, stéréotype du parfait petit Gryffondor, c'est-à-dire en relevant le défi les yeux brillants de provocation, soit Potter prenait exemple sur les Serpentards et fuyait sans demander son reste.

Draco savait pertinemment que, à la place du brun, lui-même n'aurait pas hésité à faire honneur à Salazar en sauvant ses précieuses couilles.

– C'est un défi, Malfoy ? répliqua Harry, les dents serrés.

Malfoy a raison, je suis terriblement stupide, songea-t-il. J'ai mordu à l'hameçon comme un bleu...

Et il était trop tard pour reculer. De toute façon, à bien y réfléchir, que pourrait bien lui faire Malfoy de pire que... que tout ce qu'il lui avait fait jusque-là ? Et puis, il avait dit qu'il ne le toucherait pas.

« Peut–être pas directement, mais avec des objets, qui sait ? » intervint sa sournoise conscience.

– Non, mon petit pote Potter, pas un défi. Une séance d'essai, gratuite, non contractuelle, sans engagement. Tu testes et si tu n'es pas convaincu, on n'en parle plus et ce sera comme s'il ne s'était jamais rien passé du tout. On retourne à nos petites vies tranquilles.

Draco jeta à Potter le sourire le plus commercial qu'il avait en stock.

– Et si j'en garde des séquelles, si tu me fais mal ? Ce qui serait juste, serait que tu me garantisses quelque chose en échange. Après tout, venant de toi, on n'est jamais trop prudent.

Draco s'inclina en souriant, comme si le brun venait de lui faire un compliment.

– Soit, Potty. Si cette première séance ne te satisfait pas, je te donne ma parole – bien qu'elle ne vaille pas grand chose, hélas – que tu pourras, à ton tour, me demander n'importe quoi.

Harry était estomaqué. Soit Malfoy bluffait, soit il ne doutait pas une seule seconde de ses capacités à le convaincre des bienfaits des séances d'érotisme. Le Serpentard avait encore plus confiance en lui que Harry ne le pensait. A ce stade-là, c'était presque de l'auto-vénération.

Allez, Potter, tu ne peux qu'accepter, songea Draco. Il est bien trop tard pour refuser, désormais.

Il pensait déjà à ce qu'il allait réserver à Potter. Il fallait y aller doucement, mais aussi lui donner un aperçu alléchant, lui donner envie de plus, bien plus. Lui faire effleurer ce monde-là, juste effleurer.

Après un court silence, où les deux garçons s'échangeaient des regards qui ne voulaient pas dire grand chose, le brun hocha finalement la tête.

– C'est d'accord, Malfoy. Je ne sais pas dans quoi je m'embarque, mais j'accepte d'essayer une séance d'érotisme, comme tu dis. Dans le pire des cas, j'en apprendrai un peu plus sur tes vices et tes perversions. Ça me fera des dossiers.

– Je te tiens au courant. Sur-ce, bonne soirée, Potty. A très bientôt.

Et le blond passa devant Harry, déverrouilla la porte d'un tour de baguette, et disparut dans le couloir, sans laisser le temps à Harry de répondre ou de le retenir.

xXx

Sur le chemin du retour, de nombreuses questions trottèrent dans la tête de Harry, sans qu'il puisse rien y faire. Quand est-ce que le blond aura décidé du lieu et de la date de la séance ? Comment l'en informera-t-il ? Harry avait-il vraiment bien fait d'accepter ? Qu'est-ce que le Serpentard allait prévoir pour le convaincre de devenir son soumis ? Comment pouvait-on soumettre quelqu'un sans le toucher ? Le blond tiendrait-il sa promesse de faire ce que Harry voudrait ? Et est-ce que Harry allait avoir mal ou pire, est-ce que Malfoy réussirait à lui faire éprouver du plaisir ?

Le Gryffondor s'endormit avec une migraine pas possible. De tout le dîner et la soirée, il avait à peine adressé la parole à Ron et Hermione, de peur de laisser échapper ses questionnements et ,surtout, sa conversation avec Malfoy...

Si Ron apprenait que Harry avait accepté un tel deal, il en ferait une crise cardiaque. Hermione, elle, le bombarderait de questions gênantes. Elle dirait : « Oh, Harry, pourquoi te laisses-tu kidnapper si facilement ? Nous traversons une période de crise, Malfoy est dans le camp adverse, pourquoi donc prends-tu la peine de discuter avec lui ? »

Mais la véritable raison pour laquelle Harry n'avait pas parlé de sa discussion avec Malfoy était qu'il avait peur. Évoquer cette conversation à voix haute rendrait les choses concrètes. Il n'aurait plus le cran d'aller voir Malfoy. Il se contenterait de rire avec Ron et Hermione, il dirait, comme eux, que Malfoy était un grand malade, et il ferait comme si cette discussion n'avait jamais eu lieu. S'il en parlait, il allait fuir.

Au fond, donc, Harry appréhendait, mais en même temps... il était pressé. Il voulait que ça se passe, et pour cela, il devait garder cette discussion secrète. Avec mauvaise foi, il se disait que c'était pour en finir plus vite et pouvoir demander, en contrepartie, un truc bien humiliant au Serpentard. Du style « lécher la cuvette des toilettes de Mimi Geignarde » ou bien « faire un strip-tease au milieu de la Grande Salle ».

C'était évident, il n'avait accepté le deal que dans le but de pouvoir ordonner quelque chose de dégueulasse à Malfoy... Après tout, pourquoi diable aurait-il hâte de prendre part à une séance de SM avec son rival de toujours ?


Voilà voilà. Je ne sais pas ce que ça vaut (vu que c'est beaucoup de dialogues). Donc, ça me ferait extrêmement plaisir d'avoir des retours, des petits mots, enfin, une trace de toi, qui, par curiosité ou par ennui, as lu ce premier chapitre :)

Rendez-vous au prochain chapitre !