Voici le cinquième chapitre de notre petite aventure en Terre du Milieu !

En espérant que vous l'apprécierez, n'hésitez pas à nous donner votre avis ;-)

Chapitre 5

L'ombre de la Forêt Noire

Severus était penché au-dessus de son chaudron. Au départ, il avait craint – ou espéré, il ne savait pas tellement – qu'en Terre du Milieu on ne puisse trouver les ingrédients nécessaires à la préparation que souhaitait le Ténébreux. Mais celui-ci avait tout prévu – bien évidemment. Rumplestilskin ne serait jamais parti sans être sûr qu'il pourrait obtenir ce qu'il désirait. Comme personne ne connaissait les composants de la potion, il avait emporté avec lui une multitude d'ingrédients. Lorsqu'il avait vu lesquels d'entre eux Severus avait choisi, Rumplestilskin s'était étonné : des ingrédients banals, pour potions ordinaires. Ce à quoi le ténébreux potionniste – eh quoi ! Il a bien le droit d'être un peu sombre aussi – avait répondu :

- C'est là mon secret : c'est avec l'ordinaire que je fabrique l'extraordinaire. Maintenant fichez-moi le camps que je puisse travailler !

Voici donc notre maître des potions affairé au-dessus de son chaudron. Il allait rajouter une limace à corne lorsqu'un craquement lui fit vivement relever la tête.

- N'avez-vous donc pas entendu lorsque j'ai annoncé que je transformerai en saucisse toute personne qui oserait me déranger ? lança-t-il à Legolas qui se tenait dans l'ombre.

- Dois-je vous rappeler que vous êtes ici chez moi ? répliqua le prince. Je voudrais juste savoir quelque chose, ajouta-t-il en se radoucissant.

- Dépêchez-vous, grogna Severus en jetant sa limace dans la mixture.

Legolas sembla hésiter.

- Est-ce vrai que vous avez le pouvoir de rendre quelqu'un invincible ? demanda-t-il finalement.

- Visiblement, dans le cas du Ténébreux, oui. Mais jusque-là, cette potion n'a jamais réussi un tel exploit. De plus, elle ne peut être avalée ou inhalée, pour cause de toxicité.

L'elfe se rapprocha.

- Dans ce cas, comment le Ténébreux peut-il prétendre le devenir grâce à elle ?

- Je n'en ai strictement aucune idée, répondit Severus. Il vient d'un troisième monde dont je ne sais rien. Si vous voulez mon avis, je ne sais pas si ce que je fais est une bonne chose : rendre Rumplestilskin invincible... Enfin ! C'était notre part du marché !

- Rumple... quoi ?

- Ah oui, c'est vrai, vous ne le connaissez que sous le nom de Ténébreux. Rum-ple-stil-skin, c'est son vrai nom.

- Et si je ne souhaitais pas le donner, c'est qu'il y avait une bonne raison à cela ! lança une voix glaciale dans leur dos.

Ils se retournèrent pour voir apparaître le Ténébreux en question.

- Je ne vois pas en quoi ça vous dérange, répliqua Severus. Après tout, vous avez dit vous-même que personne ne vous connaissait ici.

- L'idée de ne garder pour identité que celle de « Ténébreux » permettait une forme d'intimidation, de pouvoir. Oh ! Bien que je n'en ai pas réellement besoin ! dit-il dans un de ses fameux éclats de rire. Mais voyez-vous, je préfère avoir un maximum de cartes de mon côté, même s'il y en a trop.

C'est alors qu'il se tourna vers Legolas. Le fixant avec un sourire inquiétant, il se mit à lui tourner lentement autour, se rapprochant imperceptiblement du prince.

- Mais, bien évidemment, il ne vous viendrait pas à l'idée de divulguer ma véritable identité, n'est-ce pas ? ricana-t-il.

Severus, qui avait de nouveau levé les yeux de sa préparation, prêt à intervenir. Il ne connaissait pas vraiment Legolas, mais le jeune elfe ne méritait pas de mourir des mains de Rumplestilskin.

- Votre pauvre père subit déjà assez d'humiliations comme cela, vous ne pensez pas ? demanda ce dernier avec une pointe de cruauté. Vous ne voudriez pas ajouter à cela la peine de trouver un soir une urne contenant les cendres de son fils adoré ?

Legolas défia quelques secondes du regard le Ténébreux, avant de quitter les lieux, d'un pas digne bien que particulièrement vif.

- Bien, murmura Rumplestilskin. Quant à vous, maître potionniste, veuillez vous rappeler que votre tâche est de me préparer cette potion, pas de révéler les secrets de nos mondes à ces elfes ils sont sensibles et intelligents, le moindre détail pourrait suffire à nous détruire.

- Je ne crains rien d'eux, répliqua Severus. Contrairement à vous je ne me suis pas risqué à leur montrer une marque d'animosité, ni à leur expliquer qu'ils doivent me craindre. Encore moins à humilier leur roi publiquement – et de quelle façon !

Il se tourna vers le Ténébreux.

- Et je ne compte pas le faire, termina-t-il avec défi.

Pour toute réponse, Rumplestilskin inclina légèrement la tête de côté, comme s'il acquiesçait, avant de quitter la pièce d'un pas majestueux, enroulé dans sa cape. Severus remarqua alors que, tout comme lui, il n'avait pas quitté ses anciens vêtements. Mais le Ténébreux les gardait sûrement pour de bonnes raisons, alors que lui c'était tout simplement parce que les elfes n'avaient pas pensé à lui en apporter de nouveaux. Le potionniste secoua la tête, retournant à sa préparation. Décidément, c'était en compagnie d'un bien curieux personnage qu'ils avaient fait ce voyage non moins étrange.


- Pourquoi souhaitez-vous rester en ces lieux ? demanda Lucius à Rumplestilskin.

La forteresse contenait, à son grand étonnement, une bibliothèque, où ils se trouvaient justement. Seulement, l'ancien Mangemort s'était bien vite trouvé frustré en constatant que pas un seul des caractères qu'il pouvait trouver en ces lieux ne lui était connu. Toutes ces langues lui étaient étrangères. Oui, il avait pu établir qu'il s'agissait de ces langues, car, quand bien même il ne les comprenait pas, certaines calligraphies différaient en bien des points. Un peu comme l'anglais, le grec et le marocain, bien qu'il sache à présent qu'il n'entendrait plus aucun de ces langages.

- Les elfes détiennent un grand savoir, ainsi que de la magie, répondit le Ténébreux en effleurant du bout des doigts le dos d'une dizaine de livres, soigneusement rangés sur leur étagère. Vous avez dû vous apercevoir qu'ils sont d'une grande agilité. En vérité, les elfes possèdent bon nombre de qualités dont rêvent les humains de votre monde : ils sont presque immortels, extrêmement agiles et intelligents, puissants et beaux. Un elfe en colère peut faire des ravages.

Il sortit un livre et l'ouvrit. Ses yeux s'agrandirent alors et un sourire ravi apparut sur ses lèvres.

- Oooh, murmura-t-il, mais voici qu'il possède un livre en langue noire. Quand bien même son cœur fut habité par l'ombre – et l'est sans doute encore un peu – Thranduil ne cessera jamais de me surprendre !

- Je croyais que vous ne le connaissiez pas !

- Tt tt tt ! Il est extrêmement impoli de visiter les pensées des autres, quand bien même ceux-ci les expriment à haute voix !

Lucius haussa les épaules et s'empara à son tour d'un livre. Celui-ci était écrit d'une écriture magnifique et soignée. Fasciné, il murmura :

- Vous n'avez pas répondu à ma question.

- C'est que vous tenez bon ! Disons que cette forêt sera au cœur de prochains événements qui promettent d'être intéressants. Ces forêts parlent, voyez-vous, et ce qu'elles m'ont dit est terriblement excitant. En plus de profiter des multiples qualités des elfes, ainsi que du confort qu'ils nous offrent, nous pourrons suivre sans nous fatiguer ce qui va arriver.

- Et que va-t-il arriver ? s'inquiéta Lucius en abandonnant son livre. Que vous a dit la forêt ?

Rumplestilskin caressa une page de son livre.

- Vous ne sauriez comprendre, chuchota-t-il. Vous ne sauriez...

Il referma son livre d'un coup sec.

- Passionnant ! lança-t-il avec un gloussement. À bientôt, très cher !

Il quitta la bibliothèque sans expliquer son comportement étrange. Lucius resta un instant choqué par cette attitude saugrenue, avant de s'en aller à son tour. Malgré les récents événements, les écritures de ces livres avaient piqué sa curiosité et il comptait trouver un elfe qui l'aiderait à les déchiffrer. Après tout, il n'aurait que ça à lire pour un bon bout de temps !

Dissimulé dans un recoin sombre de la pièce, Thranduil n'avait rien perdu de l'échange. Son cœur se mit à battre plus fort : oui, il avait remarqué que les bois de Vertefeuille tombaient de nouveau malade, lentement, comme du temps où le règne de Sauron avait menacé de revenir. Mais, bien qu'il sache cet espoir vain, il s'était dit qu'il n'y avait ici rien de bien alarmant. Seulement, d'après ce qu'il venait d'entendre, les temps à venir ne seraient pas si paisibles qu'il l'avait espéré. Et ce Ténébreux semblait en savoir bien long à ce sujet. Comment se faisait-il que cet être, qu'il n'avait jamais vu en ces contrées auparavant, fusse au courant mieux que lui de ce qui pouvait arriver ?

Le roi se laissa glisser jusqu'au sol. Assis là, dos au mur, il songeait à ces quelques années où une paix fragile s'était instaurée, depuis le départ – définitif – de Sauron certes, Thorïn lui tenait toujours rigueur de ce qui était arrivé à Erebor, ainsi que de leur avoir tourné le dos lorsque les nains voulurent reprendre les mines de la Moria. Mais, depuis qu'il avait purifié la forêt, Thranduil s'était mis en bons termes avec d'autres peuples elfiques, comme celui de Celeborn et Dame Galadriel. Il était même allé jusqu'à partager ses terres avec les Galadhrim et les hommes, ne gardant pour lui que la partie nord de la forêt. Petit à petit, les elfes et les nains s'entendirent tant bien que mal, même si l'animosité entre le Roi sous la Montagne et le roi Thranduil persistait.

- Mon roi, vous sentez-vous bien ? demanda un elfe qui l'avait aperçu ainsi, au sol, le regard dans le vague.

Reprenant contenance et pestant contre ce laisser-aller, Thranduil se redressa vivement.

- Je ne vois pas ce qui pourrait mal aller, lança-t-il froidement.

Il s'apprêtait à quitter les lieux, lorsque la voix hésitante de l'elfe s'adressa de nouveau à lui :

- Vous savez... nous comprenons que vous n'appréciiez pas la présence du... Ténébreux en ces lieux, après... après l'autre jour. Sachez que la colère gronde parmi vos sujets, suite à cette... humiliation, et qu'elle est toute tournée vers votre... hôte.

Il peinait à trouver les mots adéquats. Cependant, sans qu'il en montre rien, ces paroles avaient réchauffé le cœur du roi Thranduil, qui se sentait couvert d'opprobre suite à l'affront du Ténébreux. Sans ajouter un mot, il quitta la bibliothèque, laissant son sujet douter de l'usage correct de ses paroles.


Ce fut une voix, qu'il n'avait pas entendu s'adresser à lui depuis la naissance de la Forêt Noire, qui réveilla Thranduil en pleine nuit. Celui-ci eut un sursaut, malgré la douceur du ton, avant de se redresser vivement.

« Thranduil ! M'entendez-vous ? »

Le roi repoussa doucement les draps soyeux et s'assit au bord de son lit. Que lui voulait Dame Galadriel à cette heure avancée de la nuit ?

« Roi Thranduil ! »

« Je vous entends, Dame Galadriel. »

« Bien. Cela me rassure. »

Thranduil se sentit inquiet. Pourquoi était-elle rassurée de l'entendre ?

« Pourquoi ? Qu'arrive-t-il ? »

« Vous avez sûrement remarqué que les bois de Vertefeuille sont mal en point. Le Mal renaît, je ne sais sous quelle forme, ni quelle puissance il atteint. Cependant, lorsque j'ai senti une force mauvaise entrer dans votre forteresse, je me suis inquiétée qu'il se soit attaqué à vous. C'est pourquoi je suis soulagée de vous entendre, et surtout que vous me disiez que vous ne voyez pas de raison que je me fasse du souci. »

Thranduil ne répondit rien. Il tenta de se lever, mais ses jambes le lâchèrent. La « force mauvaise » dont parlait Dame Galadriel... il s'agissait, sans doute possible, du Ténébreux. La meilleure chose à faire serait de prévenir la dame du danger, de demander son aide. Mais il ne savait pas quelle puissance pouvaient atteindre les pouvoir de son « hôte » et si celui-ci, constatant une offensive à son encontre, détruisait d'un geste son peuple et celui de Dame Galadriel ? S'il subsistait jamais des survivants, ils seraient tenus pour responsables de ce qui était arrivé... Non, décidément, il ne pouvait se permettre de prendre un tel risque.

« Une... Une force mauvaise ? Vraiment, il n'y a plus rien de mauvais en ces lieux, ma dame j'y prends garde, soyez-en assurée. »

Thranduil fut anxieux de n'entendre que le silence lui répondre. Puis la voix retentit de nouveau, et il y discerna une part de soupçon.

« Bien... si vous m'en assurez... En attendant, restez sur vos gardes. Nous sommes à l'aube d'une période sombre, une fois encore. »

Et elle partit, sans rien ajouter. Mais Thranduil avait bien compris : elle ne le croyait pas – et à raison. Le danger se trouvait chez lui, dans sa forteresse, pouvant reprendre ses forces à loisir, puiser dans ses connaissances, trop puissant pour que le roi ait la possibilité de lui résister.

Thranduil se débarrassa rapidement de sa longue robe de nuit et se vêtit d'une tenue semblable à celle de son fils, c'est-à-dire adéquate pour sortir en forêt et pouvoir se battre ou se mouvoir en toute liberté. Afin qu'on ne le reconnaisse pas, il se recouvrit d'une cape et d'un capuchon. Il savait les portes gardées la nuit, mais le rôle des gardes était d'empêcher quelqu'un d'entrer, et non de sortir.

C'est ainsi qu'il put se glisser sans encombres dans la forêt, plongée dans une nuit profonde. Depuis qu'il était monté sur le trône, à la suite de feu Oropher, Thranduil ne s'était guère risqué à mener de telles expéditions. Tout comme lui autrefois, c'était son fils, jeune elfe en quête d'aventure, qui sortait, armé d'un arc et d'une épée, en compagnie de quelques elfes chargés de la sécurité du royaume, tels Tauriel. Cependant, le roi n'avait rien perdu de sa vélocité ou de son agilité. Et il devait savoir. C'est pourquoi c'était lui, ce soir-là, qui glissait silencieusement sur les troncs, bondissait sur les branches et se lançait à travers bois.


Thorïn Ecu-de-chêne, fils de Thraïn, fils de Thror, ou encore le Roi sous la Montagne, s'engagea sur le sentier des elfes, restauré depuis la chute de Sauron et la purification de la Forêt Noire. Il n'aimait guère plus les elfes que lors de sa montée sur le trône. Mais un de ses nains était retenu prisonnier chez Thranduil et il ne connaissait que ce chemin pour s'aventurer sur les terres des elfes. La lune brillait haut dans le ciel, éclairant de sa douce lumière les arbres au feuillage fourni des bois de Vertefeuille.

À la suite du roi nain se tenaient quatre de ses semblables, dont deux se nommaient Balin et Gloïn, l'un d'eux avait atteint un certain âge. À l'évidence, ils ne venaient non pas pour se battre, mais pour discuter avec le roi de elfes. Déclarer la guerre à un peuple alors que la paix en Terre du Milieu ne tenait qu'à un fil aurait été une grossière erreur. De plus, en d'autres temps Thranduil aurait refusé de manière claire et nette de libérer un prisonnier nain mais les choses avaient changé.

Aussi silencieux que pouvaient l'être les nains, ces cinq-là progressèrent dans la forêt sans encombre... jusqu'à ce qu'un craquement sonore ne retentisse dans la nuit paisible. Thorïn fit arrêter tout mouvement à ses compagnons.

- On nous observe, murmura-t-il.

Aussitôt, les cinq nains se mirent en rond, dégainant haches et épées. Pendant quelques instants, il n'y eut plus rien, rien d'autre que le silence devenu pesant de la nuit. Puis une créature surgit d'entre les arbres. Sans même voir ce que c'était, Thorïn l'embrocha sur son fendoir à gobelins. Lorsqu'il constata de quelle créature il s'agissait, ses sourcils broussailleux se relevèrent d'étonnement. Son arme portait bien son nom. Mais qu'est-ce qu'un gobelin faisait dans une forêt ? À peine s'était-il posé la question que d'autres surgirent. Les nains étaient encerclés de toute part. Ils se préparèrent à combattre, puis foncèrent sur les hideuses créatures. Mais bien vite ils durent se rendre à l'évidence : les gobelins étaient trop nombreux.

Thorïn se démenait tant bien que mal avec l'un d'eux, particulièrement gros et coriace, et un autre dans son dos en profita pour plonger sur lui. La mort du roi nain était certaine... si une flèche habilement tirée n'avait à ce moment-là traversé la tête du traître gobelin. Une autre fendit l'air, puis une autre encore. Un poignard passa à quelques millimètres du visage de Balin, pour aller fendre le crâne d'une autre créature. Thorïn acheva son adversaire et ramassa la flèche. Les elfes.

- Allez ! beugla-t-il. Achevons-les !

Les nains, que l'intervention des elfes avait revigorés, redoublèrent d'ardeur. Ils finirent par venir à bout de leurs adversaires. Haletant, couvert de sueur, Thorïn leva alors les yeux pour voir arriver les elfes, mais personne ne se trouvait sur les arbres. Sourcils froncés, il scruta avec attention les branches. Soudain, une ombre passa sur l'une d'elle, si rapidement qu'il crut un instant l'avoir rêvée... juste avant qu'une personne, dissimulée sous un capuchon clair, ne saute à ses côtés et se penche sur la dépouille d'un gobelin. S'approchant prudemment, Thorïn tendit le bout de son épée et d'un coup vif renversa le capuchon pour découvrir...

- Thranduil ? s'exclama-t-il, trop choqué pour dissimuler sa surprise.

Stupéfaits, les nains virent pour la première fois le roi Thranduil vêtu comme les elfes chargés de la défense des bois de Vertefeuille et armé de pareille manière. Celui-ci se redressa et les toisa de toute sa hauteur.

- Il se trouve un peu trop de nains sur mes terres ces temps-ci ! déclara-t-il froidement.

Son regard se posa sur Thorïn.

- Quand bien même il s'agit du Roi sous la Montagne, ajouta-t-il dans un murmure.

Celui-ci soutint son regard sans ciller. Il détestait ne pouvoir toiser cet être prétentieux à hauteur d'yeux.

- Ce n'est pas notre présence qui devrait vous inquiéter, répliqua-t-il en pointant de son épée les cadavres des gobelins.

Thranduil tourna son regard clair vers les dépouilles. Regard où il laissa passer un éclair d'inquiétude avant de se reprendre.

- Ce ne sont pas vos affaires, dit-il bien que sa voix trahît une certaine incertitude. J'enverrai mon fils s'occuper de cela avec les gens qu'il choisira.

- Bien, lança Thorïn d'un ton excédé. Puisque vous y tenez tant que ça, revenons à la raison de notre présence en ces lieux : sans doute y aurait-il moins de nains qui viendraient exaspérer votre humeur si vous ne vous amusiez à les enfermer dans vos geôles dès que vous en croisez un.

Le roi elfe eut un sourire. Voici qui le remit de bonne humeur... jusqu'à ce qu'il se rappelle que le nain en question s'était échappé avec l'aide de ses nouveaux hôtes.

- Oh ! Vous voulez certainement parler de votre ami, que j'ai enfermé il y a quinze lune de cela..., murmura-t-il en détournant la tête avec indifférence.

- Précisément ! Nous venons le chercher !

Thranduil se tourna vivement vers les nains.

- Vous voulez dire qu'il n'est pas retourné à Erebor ? demanda-t-il sans cacher son étonnement.

Il scruta la troupe de nains et constata qu'en effet son prisonnier ne se trouvait pas parmi eux.

- Évidemment ! Vous le retenez prisonnier ! répliqua hargneusement Thorïn.

- Figurez-vous que non, dit Thorïn. À l'aide d'un autre de mes prisonnier ainsi que de...

Il s'interrompit juste à temps avant de faire l'erreur de révéler l'existence du Ténébreux. S'il ne l'avait pas dit à Dame Galadriel, il n'était pas question qu'un nain, Thorïn Écu-de-Chêne qui plus est, n'en ait connaissance.

- De... ? s'impatienta le roi nain qui n'en revenait pas qu'on ait pu s'échapper des geôles du roi Thranduil – bien qu'il l'ait lui-même déjà fait, dans des conditions particulières il faut l'avouer.

- Il a disparu hors de la forteresse, voilà tout ! lança sèchement Thranduil.

Avant que les nains aient le temps d'ajouter un mot, il disparut d'un bond dans les profondeurs de la forêt.

- Je ne comprends pas, dit Balin. Dwalin connaît le chemin pour rentrer à Erebor. Nous aurions au moins dû le croiser. La forêt a été purifiée par Thranduil, elle n'aurait pu lui jouer un de ses mauvais tours.

- Purifiée oui... mais rien ne l'empêche de revenir à sa sombre époque, murmura Thorïn.

Les nains qui le suivaient se regardèrent sans comprendre.

- Que veux-tu dire ? s'inquiéta Balin.

Son roi se tourna vers lui, le visage sombre.

- D'étranges choses se passent, mon ami, dit-il. Et elles ne m'inspirent rien de bon.

- Que faire alors ? demanda un autre de ses compagnons. Et comment retrouver Dwalin ?

- Je ne connais en ce bas-monde que deux personnes qui pourraient nous aider, et tout particulièrement l'une d'elle. Et c'est à cette personne que nous allons à présent rendre visite.

- Mais qui !

Il se tourna et passa son regard sur ses compagnons.

- Gandalf le Blanc.

À suivre...

Sauron serait-il de retour ? Quels sont les secrets du Ténébreux ? Quelles réponses Gandalf apportera-t-il ?

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