Après une longue attente, voici la suite. A la base, je voulais faire seulement un deuxième chapitre, mais c'est trop long, alors je l'ai coupé.
Je n'ai pas fini donc si vous aimez la direction de ce deuxième chapitre et que vous voulez la suite, des petits encouragements en commentaires ne seraient pas du luxe ;) n'hésitez pas à me dire ce que vous aimez, ce que vous aimeriez bien voir...je ne suis plus trop dans le fandom mais je vais voir en fonction des retours si je me mets sur ce projet pour clôturer ou pas.
Bonne lecture !
Ils prirent le café ensemble dans la cuisine. Dean ne le faisait pas exprès, mais il fascinait Castiel. Comme d'habitude, son physique avantageux ressortait, et, seulement vêtu d'un t-shirt et d'un boxer, il faisait travailler l'imagination de son compagnon – qui s'en croyait pourtant dénué.
Mais après tout, il avait toujours trouvé Smith incroyablement beau, y compris dans des situations banales, et celle-ci ne faisait pas exception.
Il ne dit rien et fit en sorte de ne pas laisser son regard s'attarder davantage sur le corps de son partenaire – qui, avec une certaine candeur, n'avait absolument par remarqué son manège.
Dean était très détendu en sa présence, contrairement au bureau, où il avait une conscience aiguë de son environnement et du regard d'autrui. Il baissait complètement sa garde, et ce n'était pas une mauvaise chose, au contraire.
Il se sentait bien. En fait, c'était le cas depuis la première fois qu'ils s'étaient parlés.
- Au fait, tu veux manger quelque chose ?, demanda Cas en vidant sa tasse. Je ne connais pas tes habitudes alimentaires du matin...
- Tu parles comme un nutritionniste..., remarqua Dean avec une once de moquerie dans la voix.
Comme Cas gardait le silence, Dean soupira :
- On va faire quoi ?
- Je pensais prendre une douche, déclara le brun en se levant pour faire sa petite vaisselle.
- Non...je veux dire...
Castiel se retourna.
- Quoi ?
Il réfléchit rapidement. Dean avait l'air grave.
- Rien ne change. Je ne vois pas pourquoi tu poses la question.
Le jeune cadre détourna les yeux visiblement, Cas ne comprenait pas son trouble.
Il était perturbé par ces changements qui venaient de s'opérer. Il avait réalisé qu'il était tombé amoureux d'un homme.
Coucher avec, il pouvait toujours se convaincre que c'était expérimental. Mais Cas n'était pas un de ces fuck-buddy dont il aimait s'entourer – qui étaient plutôt des femmes, par ailleurs.
Et ils n'étaient pas amis. Ce qu'il éprouvait pour Cas allait bien au-delà et c'était déstabilisant. Il aurait aimé rester rationnel et pouvoir compartimenter. Pourtant, il n'y arrivait pas. Il culpabilisait. Il était heureux, il voulait se prélasser dans ce bonheur tout neuf, de préférence dans les bras de Cas, parce que c'était vraiment bon, juste ça, de le serrer et de discuter de tas de petites choses inintéressantes qui revêtaient une importance capitale quand c'était avec Castiel qu'il les partageait. Et il culpabilisait, et il stressait, parce qu'il savait que ces moments étaient fugaces, qu'après le week-end, il faudrait reprendre le travail, et il ne parvenait pas à s'imaginer travailler à nouveau dans ces conditions, avec Cas dans le service d'à côté, et ce bureau étouffant, le boulot ennuyeux, et les gens qui le dévisageaient continuellement, comme s'il était un bout de viande – bon à manger ou à jeter –...alors qu'il appartenait déjà à quelqu'un...
Cette émotion était vexante. Comme si son identité s'effaçait, en quelque sorte, et cette idée le révoltait.
Cependant, il ne pouvait pas faire disparaître ce sentiment d'appartenir à quelqu'un d'autre – et il espérait que c'était pareil pour Cas, parce qu'il se sentait lui-même très fier de posséder un aussi bel animal. Cela compensait sa propre soumission. S'il était la propriété de Cas, ce dernier était également la sienne.
Il se souvenait de la colère qui l'avait pris en apprenant que Cas allait voir ailleurs.
Peut-être que Castiel avait réussi à lui passer une laisse autour du cou. Mais la poignée de cette laisse était accrochée à son bras par une menotte en fer.
Dean se sentait prêt à tout pour défendre son territoire.
..
Benny Lafitte était le nouveau chef de la sécurité. Sa fonction principale était de s'assurer que personne ne pénétrait dans les locaux de l'entreprise sans y être invité, de vérifier l'identité de ceux qui entraient, et d'empêcher la dégradation ou le vol de matériel.
C'était le genre de travail qui, à priori, lui correspondait bien. Grand et costaud, il pouvait avoir l'air patibulaire, avec ses grandes mains et son visage mangé de barbe.
Pourtant, c'était un homme au tempérament tranquille, qui n'aimait rien plus que de s'asseoir dans son rocking chair sur le porche de sa maison, et regarder les couchers de soleil en se remémorant le passé. Mais on ne choisit pas toujours ce que l'on veut faire, et le restaurant qu'il avait monté à la Nouvelle Orléans avait fait faillite.
Benny était quelqu'un de bien, mais il tenait très mal ses comptes.
Ce job en valait un autre, et c'était loin d'être le plus désagréable. Il rencontrait du monde, et cela lui manquait quand il passait son temps en cuisine. Le contact humain, il n'y avait que ça de vrai.
Il avait fait en sorte de faire passer une bonne image auprès des employés. Il était certes payé par la direction pour les surveiller, en partie, mais aussi pour les protéger, et il prenait sa mission très à cœur.
Bien sûr, il rencontrait aussi des types comme Sam Wesson, qui, peu importe ses efforts, restaient fermement braqués contre son statut. Cependant, il ne s'en formalisait pas. Il avait déjà rencontré ce genre de gars, c'était inutile de les provoquer.
Benny préférait faire son boulot sans anicroche. Il discutait avec les gens, prenait parfois le café avec certains, flirtait gentiment à l'occasion, sans être jamais vraiment sérieux.
Aujourd'hui il était entouré de Kévin Tran, un jeune stagiaire encore lycéen, et de Dean Smith, responsable des ventes. Le type avait une drôle d'allure avec sa chemise à rayures bleus et ses bretelles rouges, pourtant il dégageait un tel charme que Benny en était totalement conquis.
- Les bénéfices de l'entreprise ne sauraient augmenter sans un revirement drastique de stratégie financière, remarqua Kévin. A l'heure où la plupart des secteurs sont en crise, il est impensable d'escompter relever les taux d'intérêt sans passer au minimum par la réduction des salaires et de la main d'œuvre...
Dean leva les yeux au ciel.
- Comme si j'avais envie de discuter de ça avec un lycéen.
Il prit une gorgée de café sous le regard courroucé de Kévin et ajouta avec un sourire sarcastique :
- Pardon : comme si j'avais envie de discuter de ça tout court. Sinon, comment ça se passe à l'école ? Ton rapport de stage, ça progresse ?
- J'ai pris de l'avance, rétorqua l'adolescent. Il est presque terminé, et je le mets à jour chaque semaine.
- C'est bien, répliqua le directeur en froissant son gobelet vide pour le jeter dans la poubelle.
- M. Smith.
L'interpellé se retourna et retînt un nouveau sourire en voyant Cas dans l'encadrement de la porte, attendant pour lui.
- Ah oui, M. Novak. Nous avions rendez-vous...
Benny haussa un sourcil en détaillant le visage du nouveau venu. Celui-ci le dévisagea sans gêne et avec, peut-être, un soupçon d'animosité, bien que Benny soit incapable de deviner pourquoi.
- Kévin, Benny, à plus tard, salua le directeur marketing en sortant de la salle de repos, rejoignant Castiel Novak.
Ils s'en allèrent.
- En tout cas, M. Smith prend les finances de l'entreprise bien plus au sérieux qu'il ne le laisse entendre, déclara Kévin avec une once de commisération. Sinon pourquoi rencontrerait-il si souvent quelqu'un du service comptable ?
Benny avait bien une réponse à proposer. Mais il la garda par devers lui, espérant se tromper.
..
- Je ne l'aime pas, grognonna Castiel tout de go.
- Qui, Kévin ? C'est vrai qu'il est un peu prétentieux mais...
- Je ne parlais pas de lui.
Dean eut l'air surpris.
- Quoi, Benny ?
Cas se renfrogna.
- Depuis quand tu l'appelles par son prénom ?
Dean ne répondit pas. Il n'était pas spécialiste au contraire même, il n'était pas très doué pour deviner ce que ressentait les autres. Toutefois il paraissait assez évident que son amant lui faisait là une petite crise de jalousie.
Il lui arrivait d'oublier que Cas était possessif. Non pas que ça lui déplaise.
Il l'enlaça sans un mot et le brun se détendit un peu. Il fourra son nez dans le cou de Dean et chuchota :
- Est-ce que tu la portes ?
L'échine du cadre fut parcouru d'un frisson. Il marmonna, rauque :
- Oui.
Les mains de Castiel caressèrent ses reins et descendirent sur ses fesses.
- Montre-moi.
- Quoi, maintenant ?, s'étonna Dean avec nervosité. On n'est même pas dans mon bureau...
En effet, ils étaient entrés dans une salle de réunion qui avait le mérite de ne pas avoir de caméra, avec un gros dossier pour faire croire qu'ils travaillaient. Ils utilisaient les moments où Benny n'était pas devant ses écrans pour se voir un peu dans la journée. Sinon ils ne se retrouvaient que le soir, et pas tous les jours, puisque Dean finissait parfois très tard, et Cas préférait rester chez lui. C'était compliqué de trouver un équilibre entre leur indépendance et leur relation. Aucun d'eux ne voulait passer tout son temps avec l'autre de peur de devenir accro, pourtant quand l'autre n'était pas là, c'était en quelque sorte pénible.
Alors ils trouvaient ce genre de petit arrangement au bureau.
- Qu'est-ce que ça change ? Il n'y a personne. Au contraire, on risque beaucoup moins de se faire prendre, il n'y a aucune réunion de prévu ici, susurra Cas, persuasif, en embrassant la gorge de Dean, remontant lentement jusqu'à son oreille.
- Tu es sûr ?
- J'ai vérifié le planning.
Dean eut un petit rire en remerciant silencieusement les dieux de lui avoir donné un maniaque de l'organisation comme petit-ami.
Enfin, s'il pouvait l'appeler ainsi ? Il n'était pas encore bien sûr de la dénomination appropriée.
Coupant court à ses réflexions, il défit ses bretelles et ouvrit son pantalon. Castiel sourit contre sa peau et fit tomber le vêtement sur le sol dans un froissement.
- Ah.
Dean rougit en sentant l'air sur ses fesses. La culotte rose qu'il portait était légère, dans un tissu satiné plutôt confortable, même si, à mesure que son excitation grandissait, sa queue commençait de durcir, forçant sur l'élastique qui la retenait prisonnière, contre son ventre.
- Très joli, murmura Castiel tout contre son oreille.
Le sexe de Dean eut un joyeux tressautement et le cadre se raidit, impatient. Les doigts brûlants de son amant glissèrent lentement sous sa chemise, dessinant la cambrure de ses reins. Le jeune directeur des ventes ferma les yeux, un peu honteux, et se mordit l'intérieur de la lèvre pour ne pas gémir. Le toucher éphémère sur sa peau lui faisait lentement mais sûrement perdre son calme.
- Cas, souffla-t-il.
Ce dernier l'embrassa tendrement. Dean passa un bras autour de son cou et se pressa avidement contre lui. Cas lui rendit son étreinte et en profita pour lui retirer sa culotte. Il le poussa gentiment contre la table de réunion, et Dean s'y assit. Puis doucement, en regardant Castiel fixement, il commença à s'allonger en se tenant sur les coudes, et écarta les jambes en se mordant la lèvre, le regard fuyant.
Cas se rapprocha et saisit ses chevilles. Il déposa un baiser sur un genou, tandis qu'il repliait les longues jambes contre sa taille. Il vînt s'appuyer contre le rebord de la table et enlaça Dean à nouveau. Celui-ci lui caressa l'entrejambe jusqu'à ce qu'il le sente réagir.
- Tu me rends dingue, haleta le cadre en caressant son menton avec ses lèvres. Tu te rends compte de ce que tu me fais faire ?
- Eh bien, je dois dire que ça me rassure, confia Castiel, timide. C'est exactement l'effet que tu as sur moi.
Dean se mit à rire en réponse.
..
Comme si leur petit manège était passé inaperçu !
Benny n'était pas complètement idiot, non plus. Et il prenait son travail très à cœur.
Il savait que Dean Smith et Castiel Novak passaient du temps ensemble, dissimulés aux yeux des caméras. Mais il ignorait encore pourquoi.
Si c'était une histoire de chantage, ou de corruption, il lui faudrait en référer à une plus haute autorité. Mais avant de faire le moindre mouvement, il préférait assurer ses arrières.
De plus, cela l'ennuyait de mettre Dean dans l'embarras. Il était persuadé que celui-ci était honnête.
Ainsi, il pensa, en voyant les deux hommes sortirent de la salle de réunion sur son écran, qu'il irait lui demander directement ce qu'il en était.
Dès ce soir.
..
Dean n'avait plus qu'une envie : rentrer chez lui. Il était épuisé, et surtout, il était sale.
Les sentiments qu'il éprouvait à cet égard étaient mitigés. Il n'aimait clairement pas ça, mais sur le coup, c'était toujours plus intense quand Cas jouissait à l'intérieur.
Seulement, il n'y a pas de douche, et ce n'est vraiment pas pratique. C'est même très déplaisant comme sensation. Il a constamment l'impression d'avoir des fuites. C'est le pire des inconforts !
Bien sûr, il aurait dû y réfléchir avant. Seulement, quand ils faisaient l'amour, il avait la nette tendance à lâcher prise. C'était ce qui rendait ça si bon, quand Cas prenait le contrôle, lui disait quoi faire, comment bouger pour lui faire du bien, le complimenter quand il agissait correctement.
Il se frotta les paupières en se concentrant pour ne pas bander. Il avait encore mal au cul, pourtant ça ne l'empêchait pas d'espérer que Castiel l'attende à la maison pour une petite partie de jambes en l'air avant de dîner rapidement et d'aller se coucher.
Les nuits où Cas n'était pas là, le lit semblait trop grand, trop froid.
On toqua à la porte de son bureau. Il releva la tête et Benny entra.
- Bonsoir, désolé de déranger.
Dean soupira.
- J'étais en train de me dire que j'allais partir.
Le vigile resta debout sans rien dire, hésitant.
- Quelque chose ne va pas ?, interrogea le cadre sup en éteignant son ordinateur.
Il consulta son téléphone. Aucun message. Ça signifiait que Cas était rentré chez lui.
La perspective de rentrer devenait tout de suite beaucoup moins réjouissante.
- Je voulais vous poser la même question.
Smith se redressa, sourcils froncés et un peu sur la défensive.
- Que voulez-vous dire ?
C'était irrationnel de craindre qu'il ait remarqué son indisposition. Pourtant Dean sentit ses joues chauffer.
- Écoutez, je ne vais pas y aller par quatre chemins, dit Benny. J'ai remarqué sur les vidéos de surveillance vos entrevues avec M. Novak, et à chaque fois elles ont lieu dans des salles vides dénuées de caméra. Je ne pense pas que vous soyez malhonnête, c'est pourquoi je viens vous voir. Mais je pense qu'il y a anguille sous roche, et si vous ne me répondez pas, je devrais en informer M. Adler.
Le fard que piqua Dean confirma à Benny qu'il y avait bel et bien quelque chose de louche.
- Pas la peine de monter au créneau comme ça, grogna finalement le directeur des ventes. On ne fait rien de mal.
- Tant que je n'en aurais pas la preuve, ça restera sujet à caution. Cela dit, je vous crois, déclara Benny sur un ton plus détendu. Simplement, c'est mon travail, je ne peux pas laisser mes opinions influer.
- C'est de l'atteinte à la vie privée, se défendit mollement Dean, sachant par avance que l'argument serait rejeté.
Benny soupira.
- Je ne vais pas vous harceler. Mais ça m'emmerde de faire un rapport...
- Ne le faites pas alors. Allez, quoi, Benny, vous le dites vous-même...
- Et si je me trompe, c'est moi qui aurait des ennuis, coupa l'agent de sécurité.
Dean se renfonça dans son fauteuil en cuir en maugréant.
- Bon...
Il croisa les bras, réfléchissant à un moyen d'éviter d'avoir à confier son secret. Il n'en trouva aucun.
- Cas et moi...
Il regarda autour de lui comme un animal traqué à la recherche d'une échappatoire. Son regard tomba sur une photo de lui avec son père, après une partie de chasse. La photographie datait de l'an dernier, et ils arboraient tous les deux un grand sourire réjoui, fusil sur l'épaule. A leurs pieds, il y avait le cerf qu'ils avaient abattu cet automne-là.
- ...on est fan de chasse.
Il se passa la langue sur les lèvres, conscient que Benny le scrutait avec perplexité.
- Quelque fois, ils nous arrive de ramener des armes non chargées pour nous les montrer mutuellement et parler d'articles dans des magazines, ce genre de choses...alors on préfère être discret pour ne pas avoir d'ennuis.
Le cadre baissa les yeux.
- Je sais qu'on devrait faire ça en dehors des bureaux, mais vu combien je travaille, je n'ai jamais le temps de rien faire. Même mes week-ends sont surbookés. Alors on avait trouvé cette petite combine pour...vivre notre passion, en quelque sorte.
C'était si proche de la vérité, en définitive, que son mensonge était très facile à débiter. Benny fronça les sourcils, mais semblait avaler son histoire. Il se gratta la nuque, visiblement embarrassé.
- Ça ne me dérange pas. Je veux dire, j'avais imaginé un chantage, ou un truc de ce genre qui t'empêchait de m'en parler...
Dean le fixa, incrédule, puis il pouffa :
- Un chantage ? Rien que ça ?
- Ne te moque pas. C'est la première fois que je bosse dans une boîte aussi illustre, grommela le vigile.
Dean nota le tutoiement et se décrispa à son tour.
- Tu t'imaginais des complots pour atteindre la direction et de l'espionnage industriel ?
Benny sourit.
- Je regardes beaucoup de thrillers.
Dean rit doucement, amusé.
..
« Comme si ce petit manège pouvait durer ! », pensa Castiel, en s'allongeant entre ses draps frais, la lumière éteinte.
Il voulait que ça devienne plus sérieux avec Dean. Certes, il avait la clef de son appartement, et le jeune homme était venu chez lui ils en avaient parlé – un peu – et ils s'étaient avoués leurs sentiments. Néanmoins, ça ne lui paraissait pas assez. Il savait que sa possessivité était dû à un manque de confiance en soi et qu'il ferait mieux de travailler sur lui plutôt que d'en demander davantage à Dean. Sauf que c'était plus facile de reléguer les questions existentielles au second plan, parce qu'elle lui faisait penser à son passé, à des choses désagréables qu'il aimerait bien oublier.
Il entendait la voix de son frère Michaël lui rappeler qu'il était un illusionniste. Il avait beau essayer de se montrer sous son meilleur jour, de paraître compétent, intègre, travailleur et méticuleux, il restait le même Castiel qui avait trahi, tué, et fait tomber les membres de sa famille.
Il avait ses raisons. Des raisons qu'à l'époque, il trouvait bonnes. Mais aujourd'hui, il avait réalisé que ça ne lui avait rien apporté.
Quand il était sous le coup d'une émotion, il était entier, il ne savait pas se montrer raisonnable ou prudent. Il réfléchissait tellement que lorsque l'émotion le prenait pas surprise, il se laissait complètement submerger, et lorsqu'il refaisait surface, il n'arrivait plus à comprendre ce qui lui avait pris.
Objectivement, il se doutait que la tournure de sa relation avec Dean ne pouvait qu'évoluer. Ils ne pouvaient pas indéfiniment se cacher dans les placards et se voir quelques soirs par semaine.
En même temps, était-il prêt à se jeter à corps perdu dans une relation ? C'est à dire arrêter de fuir de ville en ville, arrêter de se cacher, et devoir parler de son passé.
Il se retourna dans son lit, pris de tournis. La situation lui échappait. Il avait besoin de voir Dean pour en discuter avec lui, être rassuré.
Il voulait pouvoir se nicher contre lui, respirer l'odeur de ses draps, toucher sa peau tiède, et s'endormir paisiblement dans ses bras sans se poser plus de questions.
Dans un soupir d'agacement – depuis quand était-il aussi accroc ? - il se décida à sortir de son lit pour aller s'habiller. Il n'était peut-être pas trop tard.
..
Dean venait de rentrer du travail. A sa montre, il était plus de minuit, et il n'avait qu'une hâte : dormir. Cependant, son estomac criait famine, et il lui fallait le contenter avant d'espérer aller se coucher.
En passant, il vit que son répondeur clignotait. Il savait par avance de quoi il s'agissait et ne s'en préoccupa plus. Il ouvrit plutôt son frigo pour dégoter quelque chose à fourrer au micro-onde et à manger rapidement sans avoir à faire la vaisselle ensuite. Il trouva une salade de betteraves.
Alors qu'il posait le saladier sur la table, sa sonnette retentit. Il grimaça d'étonnement et vînt ouvrir.
Cas le regarda avec des yeux de chiens battus, debout sur le paillasson, les cheveux trempés plaqués sur le crâne. Dean remarqua les gouttes de pluies sur son imper et devina qu'il devait pleuvoir dru dehors. Il n'avait même pas remarqué.
- Je peux entrer ?
Dean s'écarta.
- Je viens d'arriver, déclara-t-il en laissant le soin à Castiel de fermer la porte, se détournant. J'allais grignoter un bout et me coucher. Tu veux quelque chose à manger, ou à boire ?
Les bras de Cas s'enroulèrent autour de sa taille alors il s'arrêta. Le comptable posa son menton sur son épaule.
- C'est rare que tu viennes si tard, souligna Dean.
- Si je dis que tu me manquais, est-ce que tu me jetteras pour un type moins collant ?, demanda Cas avec une petite voix inhabituelle.
Le cadre supérieur fronça les sourcils. Il choisit de le prendre comme une plaisanterie.
- Plutôt pour une jolie fille...
Le brun lui mordit le lobe de l'oreille en représailles et se détacha de lui.
- Fais-moi à manger, réclama-t-il en déposant son trench-coat sur un porte manteau.
- Ok, mais ne t'attends pas à de la grande gastronomie.
Le regard de Castiel s'arrêta sur le clignotement du répondeur avant de devenir flou. Il s'assit à table.
- Désolé. Je sais que tu es épuisé...si tu préfères, je peux...
- Non non, l'interrompit Dean en entamant des fouilles dans ses placards. C'est bon. Je suis content que tu sois là.
Cas ferma les yeux, tentant de chasser les émotions qui menaçaient à nouveau de l'engloutir.
Dans le cou de Dean, il avait senti une flagrance musquée inconnue. L'eau de toilette de quelqu'un d'autre.
..
Ce ne fut pas le chant des oiseaux, mais la sonnerie du téléphone fixe qui réveilla le couple enlacé dans le lit deux places. Dean s'assit en repoussant la couverture, se rappelant brusquement qu'on était samedi, et qu'à voir les rayons du soleil passant à travers les stores, il devait être encore tôt.
Cas poussa à côté de lui un grognement inarticulé et se redressa sur un coude, visiblement mécontent d'être dérangé dans ce qui semblait être une excellente occasion de faire la grasse matinée tout en profitant de la présence de Dean.
Ce dernier jeta un regard attendri aux mèches de cheveux foncés en désordre, et quitta, à contrecœur, la chaleur réconfortante des draps en soie.
Il ne remarqua pas la main de Cas tentant de le retenir ; elle effleura son poignet sans parvenir à l'agripper, tandis qu'il s'empressait de sortir de la chambre pour aller décrocher le téléphone dans le salon.
- Allô ?
Son estomac s'alourdit d'un coup. Castiel apparut quelques secondes après, les yeux encore plissés de sommeil.
- C'est qui ?, demanda-t-il en bâillant.
Dean ne répondit pas et lui tourna à moitié le dos, lui offrant une vue de profil. Mais même comme ça, il était facile de voir qu'il était nerveux. Cas se figea sur le seuil de la pièce.
- Bonjour. Je m'excuse de ne pas avoir rappelé, je suis rentré tard du travail hier, et je n'ai pas eu le temps d'écouter le message, dit le jeune directeur en fixant le voyant du répondeur qui continuait de clignoter.
Ses doigts triturèrent un post-it qui traînait là, et commencèrent à le déchirer doucement en petites bandelettes.
- Oui, cela fait longtemps, en effet. Comment va maman ?
Cas ouvrit de grands yeux, très brièvement. A voir la tension dans les épaules de Dean, il ne pensait pas qu'il parlait à quelqu'un de sa famille.
Le visage de Dean s'éclaira d'un sourire. Sa voix s'adoucit.
- Bonjour M'man, tu vas bien ?
Castiel ne savait pas trop quoi faire. S'il devait laisser Dean tranquille, ou faire comme chez lui et s'installer dans le canapé. Dean semblait ignorer totalement sa présence.
- Tu sais que le jardinage te donne mal au dos. Il faut porter ta ceinture lombaire.
Il écouta la réponse et soupira.
- Ah, ne me parle pas de ça, tu sais bien que ce n'est pas ma priorité. J'ai un travail prenant, je ne...
Il se laissa interrompre et leva les yeux au ciel, toujours souriant.
- Je sais, mais je ne suis pas encore un vieux schnock. J'ai le temps pour ça. Je n'ai pas envie de vous présenter la première venue.
Il regarda Cas et lui fit un clin d'œil. Cas se détendit, touché sans en connaître la raison par ce petit signe d'attention. Il s'approcha, caressa la nuque de Dean, et embrassa sa tempe. Il s'aperçut que Dean rosissait, et ça lui fit inexplicablement plaisir. Le sourire de Dean s'élargit et il ferma les yeux pour mieux savourer le contact de ses lèvres glissant sur sa peau.
- Je vous présenterais quelqu'un quand je serais sûr, ok ?
Castiel l'embrassa juste sous l'oreille, et Dean frissonna, ce qui l'encouragea à continuer il passa une main dans ses cheveux courts, déposant des baisers le long de sa mâchoire. Il entendit une voix masculine retentir dans le combiné, et aussitôt, Cas cessa ses cajoleries en constatant que Dean s'était à nouveau raidit.
- Je serais là. Oui, bien sûr, je n'oublierais pas. Oui. Au revoir.
Il raccrocha, reposant le téléphone sur sa base.
Castiel l'observa avec anxiété.
- Est-ce que...tout va bien ?
- Oui..., souffla Dean en se tournant vers lui.
Il vînt se coller contre lui, et l'embrassa à pleine bouche, comme en manque. Les joues rouges et le souffle soudain haletant, il se détacha brutalement.
- J'ai envie que tu me baises, déclara-t-il abruptement.
- Tu ne l'as pas assez mérité, souffla Cas avec amusement.
Ses mains se calèrent sur les hanches osseuses du cadre.
- Qu'est-ce que je dois faire pour avoir le droit de faire joujou avec ta queue ?, répliqua Dean en lui mordillant la lèvre inférieure, lascif.
- Je ne sais pas...tu pourrais essayer de m'amadouer...
- Par quel moyen ? Les flatteries ne marchent pas sur toi.
Cas rit en s'asseyant à demi sur le dossier du canapé derrière lui.
- Eh bien, j'ai quelques idées intéressantes...
- Montre, pour voir ?, chuchota Dean en effleurant ses lèvres, tentateur.
- Hmmm, fit Castiel en empoignant fermement ses fesses musclées, souriant. Toi d'abord.
Dean se pencha et lapa doucement la jonction entre l'épaule et le cou sous le col de la chemise. Cas frissonna contre lui, plutôt appréciateur.
Dean ondula contre lui, se faisant durcir contre la cuisse du brun, tout en remontant lentement le tracé de sa langue sur sa gorge.
Cas déglutit et sentit également l'excitation prendre le pas sur sa maîtrise. C'était souvent comme ça avec Dean : il décidait de se montrer raisonnable, et au final il faisait exactement l'inverse en se laissant diriger par le désir. Il n'osait dire « la passion ». C'était encore trop tôt.
- Tu bandes, chuchota le jeune directeur contre son oreille. Tu bandes pour moi.
- Parce que tu es l'homme le plus sexy que j'ai jamais eu. Qui pourrait résister à ton charme ?
- Personne, susurra Dean en lui massant lentement l'entrejambe.
Castiel plissa les yeux et s'empara de son menton pour lever ses yeux à sa hauteur.
- Ne sois pas trop fier de toi.
Dean lui prit le poignet, fermement, pas prêt de se laisser mener à la baguette.
- Lâche-moi.
Cas laissa retomber sa main, son autre bras se resserrant autour de la taille de son amant.
- Je n'aime pas ça. Je n'aime pas le fait que tu puisses attirer quelqu'un d'autre.
« Quelqu'un de mieux que moi ». Mais ça non plus, il n'oserait pas le dire.
- Tu es plutôt étrange comme mec, déclara doucement Dean en effleurant ses lèvres. Tu es difficile à approcher, et à comprendre aussi. Pourtant, ça t'angoisse d'être seul.
- D'être sans toi, précisa Cas en prenant sa main dans la sienne. C'est différent.
Dean sourit avec une complaisance pleine d'assurance.
- Dis-moi que tu m'aimes alors.
L'autre détourna la tête, gêné. Dean posa la tête sur son épaule et ferma les yeux en ricanant.
- C'est pas grave si tu ne le dis pas. Mais tu sais, si j'avais dû te laisser tomber pour aller voir ailleurs, je l'aurais déjà fait.
Il entrelaça leurs doigts pour dire calmement :
- Je ne me suis jamais senti aussi proche de quiconque avant toi. Je ne veux pas que ça s'arrête.
Cas lui caressa timidement les cheveux.
- Cependant, j'aime quand tu es jaloux, gémit Dean en déposant un baiser dans son cou.
- Petit enfoiré, grogna Castiel en rosissant.
- Rien qu'avec toi, s'amusa Dean.
Et il poussa Castiel qui se cassa la figure dans le canapé.
..
Ils se chamaillèrent comme des gamins sur la banquette jusqu'à ce que Cas s'empare des lèvres de Dean, prenant son visage en coupe.
Ce dernier s'étonnait toujours de ne pas se lasser de l'embrasser, d'être toujours aussi passionné, aussi ardent. Il s'agrippait à Cas comme s'il n'allait plus jamais le lâcher et il l'enrobait avec ses bras, ses jambes, pour l'empêcher de partir. Après coup, il trouvait ça ridicule ça le faisait paraître tellement dépendant, une moule sur son rocher, vraiment. Il détestait ça. Ce n'était pas viril du tout.
Mais puisque Castiel le serrait contre lui avec la même ferveur, il ne se sentait pas trop coupable sur le moment.
Il ne pensait pas un seul instant que Cas puisse en avoir marre au contraire, il avait plutôt l'air d'apprécier, car il redoublait alors d'attention, il bisoutait son visage en lui murmurant qu'il était magnifique.
Dean n'aimait pas ça habituellement. Les gens qui le trouvaient beau ne cherchaient jamais à le connaître. Venant de Cas, évidemment, c'était différent. Ça faisait mal tellement ça le rendait heureux, ça lui tordait quelque chose dans la poitrine, ça l'empêchait de respirer, et il voudrait juste disparaître en se mélangeant avec Cas, le garder en lui, rien qu'à lui, et faire en sorte que leur lien soit unique, inaltérable.
C'était le genre de sentiment qui passait rapidement, parce qu'il ne voulait surtout pas s'attarder sur ce qu'il signifiait réellement. Ça lui faisait peur.
Il répondait aux caresses en dénudant son partenaire celui-ci en faisait de même pour lui, descendant sur son ventre pour défaire sa ceinture et embrasser son nombril au passage. Apparemment, Castiel aimait bien ça, il aimait glisser sa langue dans le petit orifice et le suçoter. Ça avait quelque chose d'angoissant pour Dean, parce que l'endroit était extrêmement sensible – et c'était ce qui plaisait particulièrement au brun.
Il aimait aussi sucer sa queue. La queue de Dean était toujours nickel, prête à l'emploi, très facile à faire bander. Sa peau était douce, toute soyeuse et un peu humide au niveau du gland. Castiel aimait jouer avec ses testicules aussi, jusqu'à ce que les mouvements de sa langue deviennent insupportables pour Dean et que le jeune homme se mettent à grogner de mécontentement en gigotant comme un vers.
Son Dean n'aimait pas être frustré – Cas pouvait comprendre cela. Il ne le torturait jamais très longtemps et lui offrait sa bouche pour y jouir.
Il n'aimait toujours pas le goût, mais il adorait les réactions qui s'affichaient sur le visage de Dean, luttant pour s'imposer – joie, embarras, dominance...
Il aimait combien l'intérieur de ses cuisses était chaud et détendu quand il y nichait sa tête. Et à mesure que ses coups de langue se faisaient insistants, les muscles se raidissaient il pouvait mordiller un peu, créer de nouveaux spasmes, de petits couinements adorables.
Il glissait ses doigts entre les fesses de son amant et les écartait pour regarder son intimité ce qu'il préférait, c'était comment Dean tentait de le repousser en gémissant, encore anesthésié par l'orgasme. Il poussait sur sa tête, écartant ses jambes qu'il repliait pour le repousser avec ses pieds.
Parfois, Castiel le mordait pour lui rappeler qu'il n'avait rien le droit de lui refuser. En général, ça suffisait à décourager Dean, et il pouvait alors contempler son petit anus, le titiller, l'ouvrir délicatement avec le bout de ses doigts.
C'était une jolie preuve de confiance de la part de Dean de le laisser jouer ainsi. Il appréciait à sa juste valeur cette démonstration de son affection. Ça le comblait assez pour avoir envie de le prendre. Ce qu'il s'empressait de faire.
- Tu es indécent, chuchota-t-il à l'oreille du jeune directeur.
- Je veux ta queue !, ordonna ce dernier d'une voix rauque de désir.
Quand il le voulait, il savait comment obtenir ce qu'il souhaitait. Et Castiel s'était rendu compte que c'était de plus en plus dur de lui refuser quoique ce soit.
Il ne pouvait qu'obtempérer, dans un râle de plaisir, et s'enfoncer en lui avec brusquerie, s'engouffrant dans le cul accueillant de Dean, pour se fondre en lui.
C'était le seul moyen de se rendre inséparable de lui.
..
Le câlin après le sexe, c'était comme d'être sur un petit nuage. Dean était blotti contre Cas dans le canapé. Ils avaient fait l'amour jusqu'à tomber épuisés.
Il aimait sentir le souffle de son amant dans sa nuque, sentir le mouvement régulier de sa respiration contre son dos. Il n'y avait rien de meilleur que ça. Pas même les fantastiques parties de jambes en l'air qu'ils se faisaient. Et pourtant, c'était ce qui l'avait convaincu au départ de se lancer dans une relation homosexuelle régulière – quoique seulement basée sur le sexe, au début du moins.
Il avait l'impression de retomber en enfance, en quelque sorte. Tout était devenu plus simple, plus tendre entre Castiel et lui, comme jamais aucune de ses relations ne l'avait été avant. Il se sentait bien, il se sentait aimé et en sécurité, comme un gosse dans l'étreinte de sa mère.
Cas le comprenait bien. Ça paraissait tellement naturel d'être avec lui, de discuter même quand Cas ne connaissait pas quelque chose dont parlait Dean, il écoutait toujours avec attention, posait des questions. Il faisait toujours preuve d'intérêt, jamais pour lui faire plaisir. C'était réellement quelqu'un d'attentionné.
C'était bon d'avoir quelqu'un se souciant de lui. Il ne voulait pas se prendre la tête avec ce qu'il allait faire dimanche prochain, mais il ne pouvait pas s'en empêcher.
Il n'était pas allé voir ses parents depuis un petit moment déjà, ils commençaient à se poser des questions.
Il savait qu'il allait devoir rendre des comptes. Il arrivait à un âge où il lui faudrait bientôt se fiancer, sans quoi il serait « le mouton noir » de la famille.
Son père, John Smith, tenait beaucoup à ce qu'il suive le bon exemple. Lui-même était un entrepreneur prospère qui avait su faire ses preuves et qui avait réussi. Lui et son ami Bobby avaient monté leur affaire ensemble, dans le domaine de la mécanique. John était ambitieux, et à force de patience et de travail, il était sorti des garages. Il avait rêvé d'un meilleur avenir pour lui et sa famille il avait atteint son but. Il était un homme respecté aux revenus plus que suffisants pour s'assurer, à lui et à sa femme, une agréable retraite.
Dean avait grandi avec cet objectif : devenir le parfait self-made-man. John ne voulait pas d'un fils qui attendait après papa pour lui trouver du travail. Il l'avait forcé à donner le meilleur de lui-même, à se cramponner pour avoir une bonne place, pour être accepté dans les milieux fermés. Lorsque Dean avait de mauvais résultats à l'école, ça bardait à la maison, et John était adepte des coups de ceinture.
Aujourd'hui, Dean savait qu'il devait remercier son père pour ce qu'il était. Il lui devait tout, il avait fait de lui un homme capable et responsable.
Que penserait-il alors en apprenant qu'il entretenait une relation possiblement amoureuse avec un homme ?
A l'idée que John puisse l'apprendre, son estomac se souleva et il sentit une remontée acide parcourir son œsophage. Un hoquet s'échappa de sa gorge et il se redressa vivement, la main sur la bouche par peur de vomir.
- Hey ?, fit doucement Castiel.
Il se redressa, se pressant contre son dos.
- Ça ne va pas ?
Dean secoua la tête, fermant les yeux pour empêcher les larmes de monter.
Cas le prit dans ses bras. C'était la première fois qu'il voyait Dean dans cet état. Il était bizarre depuis tout à l'heure, quand il s'était mis à le draguer après le coup de fil de ses parents.
- Est-ce que ça a à voir avec ta famille ?, demanda-t-il lentement, perspicace.
Il caressa son bras sans le presser il répondrait quand il sera calmé, ils avaient le temps.
- Mon père, commença Dean.
Il se racla la gorge, embarrassé.
- Ne le prends pas mal, mais mon père...je ne crois pas qu'il apprécierait ce que l'on fait tous les deux.
- Et qu'est-ce qu'on fait tous les deux ?, interrogea Castiel sans ironie, avec une curiosité naïve.
- Le fait que l'on soit ensemble, l'éclaira Dean.
- Oh.
Puisque Castiel n'ajoutait rien, le jeune directeur fronça les sourcils.
- Quoi, tu crois que tes parents approuveraient, eux ? D'ailleurs, est-ce qu'ils savent que tu es gay, ou...
- Techniquement, je ne me considère pas comme étant gay, marmonna Cas. Arrête de me faire rentrer dans des cases.
Dean leva les yeux au ciel.
- Tu sais bien ce que je veux dire. Que tu aimes aussi les mecs...
Comme Cas gardait le silence, Dean faillit insister, mais le brun répondit finalement :
- Étant donné qu'ils sont morts, je doute d'avoir besoin de leur approbation pour faire quoique ce soit.
Dean se tourna vivement vers lui il baissa les yeux et pinça les lèvres avant de passer la langue dessus.
- Je suis désolé, je ne voulais pas...
Cas s'écarta et balaya ses excuses d'un geste de la main.
- Ça fait longtemps. Je n'ai pas envie d'en parler.
- Ok, fit Dean.
Il ramassa un pantalon qui traînait là et entreprit de l'enfiler. Cela lui permit de reprendre un peu de contenance.
- Je vais commander une pizza. J'ai la dalle, ajouta-t-il.
Avant, il aurait sans doute insisté pour se préparer une salade. Mais comme depuis qu'il était avec Cas, il faisait beaucoup de sport, il pouvait se permettre de manger un peu de malbouffe.
Castiel acquiesça d'un hochement de tête.
..
La mobylette du livreur se gara juste devant l'immeuble. Le jeune homme prit son colis et sonna à l'interphone. Une voix grave lui indiqua l'étage auquel se rendre et lui ouvrit la porte.
Il monta dans l'ascenseur, bien que ce soit au premier, et, parvenu à destination, il frappa deux fois.
Un homme lui ouvrit. Il était brun, avec de grands yeux d'un bleu saisissant il portait une tunique froissée et un jean serré. Sa ceinture pendouillait, encore ouverte, et il était pieds nus.
Le livreur écarquilla légèrement les yeux, puis vérifia une nouvelle fois le nom sur la sonnette. Il ouvrit la bouche pour s'excuser, lorsque la voix de Dean retentit dans l'appartement :
- Cas, j'ai trouvé ton...
- Nous avons de la visite, interrompit Castiel en tournant la tête à gauche, d'où provenait la voix.
Il reçu un slip noir dans la figure. Pas gêné le moins du monde, il retira le sous-vêtement de sa figure et se tourna vers le livreur.
- Je vous dois combien ?
Kévin se mit à bégayer sous son casque et montra la facture. Il n'arrivait pas à savoir ce qui le choquait le plus : que le directeur sorte avec le comptable, ou que ce dernier soit d'une impassibilité à toute épreuve malgré le lancer de slip.
En tout cas, il ne pourrait certainement pas garder cette information pour lui. Pas que ça le regarde, mais c'était juste trop gros pour lui.
..
Dean aimait sa famille. Ce n'était pas le problème.
Le problème, c'était lui.
Pendant toute la semaine, il avait fait en sorte de se noyer de travail pour ne pas penser au week-end.
L'angoisse le tenait littéralement par les couilles, le laissant crispé dans son fauteuil, assis devant son ordinateur. Il avait l'impression que, depuis la photographie accroché dans son bureau, son père le jugeait. L'idée de devoir l'affronter dimanche prochain le faisait paniquer.
Il savait qu'il n'arriverait pas à mentir de façon convaincante. Son père le verrait, et le mépriserait pour cela. Mais il ne pouvait pas dire la vérité.
Il ne voulait pas que John le déteste. Il commençait à se poser des questions sur ses choix. Avait-il bien fait ? N'était-ce pas une phase puérile, une sorte d'expérimentation ?
Il secoua la tête en soupirant. Honnêtement, il ne pouvait pas prétendre que Cas n'était que l'élément clé d'une petite expérience homosexuelle. Penser à lui comme ça avait quelque chose de choquant.
Il se passa la langue sur les lèvres en prenant son portable.
Il avait envie de quelque chose de stable, de concret. Quelque chose qui vaille la peine de taper du poing sur la table et de dire à son père qu'il avait tort.
Est-ce que c'était le moment ? Est-ce qu'il en était sûr ?
Il était emprisonné dans des désirs contradictoires. Il ne voulait pas affronter son père sur ce terrain-là, il ne voulait pas causer de peine à sa mère.
Cependant, n'était-ce pas injuste de leur laisser espérer qu'il se trouve une petite-amie, alors qu'il était avec Cas. Et...n'était-ce pas également égoïste envers Cas de ne jamais admettre qu'ils étaient ensemble ?
Il ne savait pas ce que Castiel pensait de ça. Ce qu'il aurait voulu. S'il l'avait su, ça aurait forcément influé sur sa manière de penser, et d'agir.
C'était clairement ce point qui lui faisait croire qu'il était amoureux.
- Ah merde..., soupira-t-il en baissant la tête et en se passant la main dans les cheveux.
Il était amoureux. Il voulait que l'autre se sente bien, qu'il soit heureux. Il voulait le faire sourire, comme un idiot, comme un crétin de mec en couple. S'endormir chaque nuit dans le même lit, manger ensemble, parler, passer les week-ends ensemble, même s'il devait travailler pendant que Castiel regarderait la télé dans le salon...juste...être tous les deux.
Être un vrai couple en somme.
C'était mièvre et déraisonnable. C'était ce qu'il souhaitait réellement mais qu'il n'osait pas évoquer.
C'était exactement ce dont il avait besoin de parler avec Cas.
Il envoya son sms, coupa son et vibreur de son portable, et le fourra dans un tiroir pour l'oublier jusqu'à la fin de la journée. Tant pis s'il loupait quelques appels importants.
Il avait le visage brûlant. Comme s'il avait passé trop de temps au soleil.
..
Une odeur de café parvînt aux nez de Castiel, et le fit involontairement saliver. Il enregistra son fichier, éteignit l'écran, et se leva.
Ses collègues lui jetèrent des coups d'œil surpris alors qu'il se dirigeait vers la salle de pause. C'était rare qu'il interrompt son travail.
Il avait appris à se détendre, même si les gens de son service lui restaient un peu antipathiques.
Il ne fit pas attention aux voix qui provenaient de la petite pièce, mais quand il y entra, il y trouva Kévin, Nora et Benny, qui se tournèrent vers lui comme un seul homme, stoppant immédiatement leur conversation.
Mais comme il n'était de toute façon pas très adroit socialement parlant, il n'y prêta pas garde et s'approcha de la machine à expresso pour glisser quelques pièces dans la fente.
Kévin s'en fût prestement. Benny détaillait Castiel de la tête aux pieds avec un air vaguement moqueur.
- Quoi ?, grogna le comptable avec mauvaise humeur, tout à coup.
L'odeur de son eau de Cologne lui rappelait quelque chose de désagréable.
- Tu ne connaitrais pas une bonne babysitter, par le plus grand des hasards ?, demanda la jolie blonde, sentant la tension monter entre les deux hommes.
Benny lui adressa un signe de la tête et s'en alla.
Castiel la regarda avec attention.
- Je n'ai pas d'enfant...
Elle rougit et bafouilla.
- Ah oui, je...hm enfin...
Comme il remarqua qu'il l'avait embarrassée, Castiel ajouta plus doucement :
- Pourquoi ? Tu as besoin d'une personne pour garder ta fille ?
La jeune femme hocha la tête.
- J'ai un rendez-vous samedi...
Castiel haussa un sourcil en portant son gobelet de café à ses lèvres.
- Rendez-vous galant ?
- Tu as eu ta chance, se moqua gentiment Nora.
Cas s'étrangla et Nora rit.
- Mais je comprend mieux pourquoi tu n'avais pas l'air intéressé, continua-t-elle.
- Hm, vraiment ?, marmonna le brun.
- Eh bien...Dean Smith est venu te chercher, alors...
- On n'a pas vraiment reparlé de cette soirée..., marmonna Cas, gêné.
Elle sourit avec amusement.
- Pas la peine. C'était facile à deviner...la façon dont vous agissiez tous les deux...
Elle observa Cas en train de piquer un fard et gloussa :
- C'est attendrissant.
- Je ne vois pas du tout en quoi.
Il se tût en sentant son portable vibrer dans sa poche. Il l'en tira pour regarder le message : un sms de Dean.
Juste deux petits mots. Et toute floppée d'émotions qui submergea Castiel en les lisant.
- Quelque chose ne va pas ?, interrogea la voix féminine – il avait déjà oublié avec qui il se trouvait.
..
Ne pas courir. Avoir l'air affairé mais pas trop pressé.
Surtout, ne pas courir !
Il vit la porte du bureau de Dean et son souffle s'accéléra. Il tenta de le maîtriser, mais son cœur tambourinait dans sa poitrine.
Il avait le ventre noué, comme avant une rentrée des classes.
Il toqua. La voix rocailleuse de Dean lui répondit :
- Entrez !
Il obtempéra. Dean le dévisagea, les yeux ronds.
Castiel referma la porte.
- Moi aussi, déclara-t-il, brusquement.
En entendant ça, Dean recula vivement dans son siège et se cogna au meuble derrière lui. Il grogna et quitta le fauteuil.
- On est au beau milieu de la journée !
Castiel s'avança.
- Je m'en moque.
- Pas moi, gronda Dean sans se dégager, tandis que Cas posait ses mains sur ses joues. J'ai des responsabilités, figure-toi.
- Je m'en moque, répéta Cas en l'embrassant du bout des lèvres.
Le directeur se figea et Castiel appuya davantage. Ses lèvres charnues fondirent contre celles de Dean, les imprégnant d'une chaleur langoureuse et avide. Il passa une main fraîche sur la nuque du cadre, le faisant frissonner.
- Cas, gémit-il, les yeux clos.
- Je t'aime, murmura ce dernier en se nichant dans son cou. T'aime tellement.
Dean soupira, un sourire dans la voix :
- Idiot.
En définitive, pas besoin d'en discuter. Ils éprouvaient la même chose l'un pour l'autre.
Dean sentait dans son dos le regard désapprobateur de son père, qui le poignardait littéralement à travers le cadre de la photo. Cependant, il s'en fichait comme d'une guigne.
..
« Je peux venir avec toi, si tu le souhaites. », dit Castiel tout à trac.
Ils étaient dans le canapé. Dean compulsait des documents en tapotant sur son ordinateur portable, pendant que Cas zappait d'une chaîne à l'autre sans vraiment prêter attention à l'écran – il aimait juste voir les images défiler.
Dean leva les yeux par dessus ses lunettes, et, sans le regarder, Cas sourit en imaginant son regard interloqué. Les lunettes lui donnait l'air encore plus sexy. Depuis qu'il le lui avait avoué, Dean les portait encore plus souvent.
- Où ça ?
- Chez tes parents, dimanche, explicita Castiel.
Dean ne répondit rien et Cas n'insista pas.