Bon bon bon, encore une fois, je ne fais pas dans l'originalité... je sais que ce sujet a été visité et revisité, que de très jolies histoires ont vu le jour et que cette fic sera peut-être très similaire à certaines (toutefois, ne lisant pas beaucoup en ce moment, je serais bien en peine de l'affirmer)... mais j'avais une petite idée, alors je me suis dit que ce serait dommage de la laisser au placard.
Donc voilà cette petite idée. Comme vous l'imaginez, il y aura plusieurs chapitres, plutôt courts pour le coup.
Pensez à laisser un petit mot, même une phrase, histoire de savoir si le début est prometteur etc. et surtout de motiver l'auteur :)
Rated : T, à revoir à la hausse, je ne sais pas trop comment les choses vont évoluer. Attention SLASH
Disclaimer : les personnages ne m'appartiennent pas, ils sont la propriété exclusive d'Arthur Conan Doyle d'une part et de Mark Gatiss et Steven Moffat d'autre part.
Hope you will enjoy this little story !
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One more dream : Chapitre 1
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John émergea en prenant une longue inspiration, rauque, pénible, comme on le fait quand on jaillit à la surface de l'eau après avoir cru se noyer.
C'était, à quelque chose près, son cas.
La respiration erratique, le front en sueur, les mains tremblantes à en perdre le contrôle, il repoussa les draps. Après quoi, il resta quelques instants à haleter, reconnaissant, assimilant peu à peu la réalité. Mais ne la trouvant nullement réconfortante. Ne trouvant pas d'appui, ni d'autre issue, il se recroquevilla sur le côté et commença à sangloter.
Ça ne lui ressemblait pas. Pleurer après un mauvais rêve... quoi de plus puéril ? Il ne l'avait pas fait depuis ses cauchemars de tueries en Afghanistan, et avant cela depuis ceux de son enfance. Ça n'était définitivement pas bon pour son amour propre. Ça lui donnait l'impression de régresser, de revenir à cette période de malaise et de solitude où il avait vu tous ses espoirs de carrière militaire réduits à néant. De nouveau, il n'allait pas bien. D'ailleurs, il avait recommencé à rendre visite à sa psy. Sans trop y croire, certes.
Mais voilà. Sherlock était mort et la blessure restait béante dans sa poitrine.
Et les cauchemars à répétition en constituaient l'un des inévitables effets secondaires.
John se roula un peu plus en boule et plaqua une main contre ses yeux trempés, tandis que les sanglots continuaient d'agiter sa poitrine. Bon sang, mais qui l'eût reconnu ? Lui, le John Watson assumant ses fonctions de médecin de manière irréprochable et portant le deuil avec la plus grande dignité ? Etait-ce vraiment lui ?
Ça, c'était le John Watson de jour. Le John Watson de nuit... c'était déjà un peu plus compliqué.
Ou très simple. Tout se résumait à ce rêve. Car oui, il s'agissait d'un rêve, un unique rêve qui revenait encore et toujours le hanter. Son contenu n'était pas à proprement parler ce à quoi John s'était attendu : pas de Sherlock se tenant sur ce foutu toit, se confessant à lui d'une voix chargée de sanglots avant de faire le pas et de glisser dans les airs en battant des bras comme un oiseau battrait des ailes et de... Bref. Il ne s'était jamais imaginé que ça pouvait être pire. Et pourtant. Ça le tirait de son sommeil chaque nuit, ou presque, réveillant en lui une terreur et surtout une douleur qu'il n'avait toujours pas su exorciser. Et à chaque fois, il se laissait aller à cette douleur, tremblant seul dans le noir, gémissant, pleurant comme saignait son cœur. La nuit était un désastre. Un moment à part, où tombait le masque d'assurance qu'il avait peu à peu appris à se forger depuis la Chute, et où se déchaînaient les pires démons tapis au fond de lui.
La nuit était un supplice. Le rêve, l'instrument de torture. Et même si celui-ci avait cette extravagance dérangeante propre aux créations oniriques, au réveil, John ne pouvait s'empêcher de lui trouver un semblant de sens.
Ce n'était pas celui qu'il préférait.
Il finit par se rendormir, l'épuisement ayant finalement raison de lui.
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Derrière la fenêtre de John, une ombre remua.
La silhouette, grande, mince, toute de noir vêtue, se redressa. Lentement, prudemment, comme si elle craignait d'attirer l'attention. Et pour cause : le fait qu'elle se trouvât sur l'escalier de secours, du côté de l'immeuble opposé à l'artère principale, tout près d'une fenêtre, n'était pas en effet des moins suspect. Pourtant, l'heure était tardive – pour ne pas dire matinale – et la ruelle n'était déjà pas très fréquentée de jour. Qu'avait-elle donc à craindre ?
L'homme dans le lit à l'intérieur de l'appartement.
La tête bouclée regardait avec insistance l'être dont elle devait se méfier. En vérité, il n'était pas si dangereux que ça, mais là n'était pas la question. La question était que l'homme en noir ne devait simplement pas être vu. C'était trop tôt pour qu'il le soit même si, techniquement, il était admis que tout avait été réglé et que plus rien ne se dressait entre eux. Mais c'était trop tôt quand même, avait-il décrété, parce que... il ne comprenait pas pourquoi en fait. Ou alors il ne voulait pas se l'avouer. Il ne savait pas trop. Et ça le dérangeait. Cette indécision, cette hésitation : ce n'était pas lui. Mais il faisait avec. Il attendait.
Mais, au fond de lui, Sherlock savait qu'il ne pourrait repousser indéfiniment le moment fatidique.
Ce n'était pas juste parce que son frère l'avait rappelé à Londres afin de s'occuper d'une menace terroriste et que, de ce fait, il risquait à tout moment de tomber nez à nez avec le médecin dans la rue. Il avait aussi le fait qu'il ne pouvait plus faire sans John. Les deux années passées à des milliers de kilomètres de lui le lui avaient amplement démontré. Le retour à Londres avait été décisif. Il n'avait pas pu s'empêcher : suivre discrètement John dans la rue alors qu'il se rendait à la clinique ou à Tesco, s'habiller en mendiant et lui demander l'aumône, l'épier lors de ses rendez-vous galants, le regarder prendre un café à travers la vitre d'un pub, se faire passer pour le caissier ou le serveur, jouer du violon dans la rue pour deviner son expression soupçonneuse voire blessée et disparaître avant qu'il ne se retourne, s'asseoir à côté de lui sur un banc à Regent's Park pendant qu'il faisait la sieste, le journal abandonné sur les genoux, et la plupart de temps, presque toutes les nuits à vrai dire, se poster à sa fenêtre et le regarder tout simplement dormir... C'était plus fort que lui. Là encore, il n'en saisissait pas la raison. Pourquoi rechercher constamment la compagnie de John ? Pourquoi ne pas pouvoir s'en détacher, aller lui dire qu'il était revenu ou poursuivre l'enquête comme si de rien n'était et passer à autre chose ?
Il posa quelques doigts gantés sur la vitre. Le sommeil du blond semblait s'être apaisé à présent : les traits de son visage s'étaient adoucis et sa position était à nouveau détendue. Le détective aimait voir son ami ainsi : calme, neutre, échappant momentanément au monde qui était devenu un enfer avant que ne surgisse un énième cauchemar. Le détective ne se sentait pas bien à propos de ça. Il n'aimait pas son John se réveillant en hurlant et en se convulsionnant entre ses draps, avant de fondre en sanglots pendant au moins un bon quart d'heure. C'était... dérangeant, parce si John réagissait de la sorte, c'était de sa faute, et que...
Oh. C'était la culpabilité qui l'amenait en cet instant aux côtés de son ami.
Il se sentait obligé de veiller sur John parce qu'il s'estimait responsable de ce qui lui arrivait. Parce qu'il n'avait pas été capable de trouver un autre moyen d'échapper aux sbires de Moriarty. Il pinça les lèvres. Etrange sentiment : prenant, aussi inutile qu'encombrant. Un peu vexant, aussi. Comme tous les sentiments d'ailleurs. Mais la culpabilité... Sherlock ne s'était jamais senti coupable, pas même quand il envoyait des criminels à une sanction aussi certaine que fatale. Etait-il certain de ce qu'il ressentait ? La culpabilité était-elle aussi puissante au point de le rendre dépendant des gestes et pensées de John à son égard, mélancolique voire parfois imbuvable en son absence, de même qu'elle pouvait justifier la présence-même du détective sous la fenêtre ? Que faisait-il ici au juste ? Pourquoi s'entêtait-il à revenir chaque soir ? Et pourquoi...
Le détective s'ébroua, s'efforçant de calmer la tempête qui se levait dans son esprit.
Il fallait raisonner logiquement, comme il en avait l'habitude, en utilisant sa méthode infaillible. Données disponibles : j'ai simulé ma mort pour sauver John, John y a cru, John en est affecté, je suis affecté qu'il soit affecté. Traitement des données : j'ai simulé ma mort DONC John est affecté DONC c'est de ma faute. C'est de ma faute + je suis affecté que John soit affecté = culpabilité. Précision : la culpabilité implique un besoin démesuré de la personne coupable de réparer l'erreur. Solution : la réparation de l'erreur permettra de mettre fin à la culpabilité.
Sherlock fronça les sourcils. La meilleure façon de réparer les choses seraient d'aller droit à John, de tout lui avouer et de se faire pardonner. Mais il ne pouvait s'y résoudre, pas encore. Il devait bien y avoir une autre solution...
C'était décidé. Le soir suivant, il prendrait des dispositions.