La suite du chapitre précédent ! Je ne pouvais pas laisser Shion comme ça quand même (en plus c'est le jour où il faut lui souhaiter un joyeux anniversaire). Je passe malheureusement au rating M, mais c'est pour des causes joyeuses, donc tout va bien.

Bonne lecture.


Disclaimer : M Kurumada


Je t'aime toujours tu sais ~ Reconstruction

-Tu ne devrais pas être aussi inquiet.

Assit sur une des chaises brinquebalantes de sa cuisine, Mü poussa un soupir à fendre l'âme.

-Comment veux-tu que je m'inquiète pas ? Mon maître, dépressif, seul avec comme aide-soignant, Dohko, qui est lui aussi dépressif ! Comment veux-tu que ça ne tourne pas mal, sachant qu'en plus, seul Shion reçoit un traitement ! Je ne sais pas pourquoi personne ne s'est occupé de Dohko d'ailleurs.

Shaka posa ses mains apaisantes sur les épaules de son ami.

-Seul Dohko peut s'occuper aussi bien de Shion. Il est le seul à qui il laissera voir toutes les fêlures de son âme et c'est le seul à pouvoir guérir ses brisures. Tu dois avoir confiance.

-Mais Dohko a lui aussi l'âme toute cassée à cause de la dépression de Shion, bougonna le bélier.

Shaka commença à lui masser tendrement la nuque. Mü ferma les yeux, savourant la caresse.

-Dohko n'est pas aussi cassé que tu sembles le croire. Guérir Shion le guérira. Et ils ne sont pas idiots. Si vraiment ils ont un problème, ils nous appelleront.

-Peut-être. Tout est dans le peut-être. C'est que l'un et l'autre sont vraiment butés quand même. J'espère que l'avenir te donnera raison.

-J'ai toujours raison.

-Tu as au moins raison sur une chose : tes massages, c'est mieux que le sexe.

La vierge éclata de rire.

-Je te l'ai toujours dit, non ?

Cela faisait un moment qu'ils étaient en couple.

Enfin s'ils formaient un "vrai" couple au sens conventionnel du terme, ils avaient des doutes là-dessus.

Ils s'étaient toujours bien entendu, depuis tout petit. Une fois Mü revenu au Sanctuaire, ils s'étaient rapprochés, pour former une relation forte et complémentaire.

Ils aimaient bien se toucher. La chaleur humaine, c'était chouette, surtout l'hiver sous la couette. Les baisers, ce n'était pas désagréable. Alors Mü avait voulu passer à l'étape supérieur. Shaka n'était pas vraiment partant, mais Bouddha lui-même avait goûté dans sa vie au plaisir de la chair, alors pourquoi mourir idiot ? Mais le test n'avait pas été concluant, entre un "ça partait pourtant pas si mal" pour l'un et un "plus jamais ça" pour l'autre. Mais ce n'était pas grave. Ils étaient bien comme ça. Et Shaka était tellement doué pour les massages, Mü n'en demandait pas vraiment plus.

-Je persiste à dire que ce n'est pas une bonne idée. Mais promis, je vais être bien sage en attendant leur retour.

Shaka déposa un baiser sur ses lèvres.

Oui, Mü était bien avec Shaka. Même si, bien malgré lui, les problèmes liés à Shion commençaient à lui donner des idées...


De la cabane s'élevaient des odeurs de nourritures : Dohko faisait de la cuisine pour son hôte.

Ils n'étaient que tous les deux. Cela faisait belle lurette que Shunrei était partie vivre avec Shiryu loin de la Chine. La maison avait été laissée à l'abandon, mais aussi surprenant que cela pouvait paraître, elle était restée en assez bon état, si bien que Dohko n'avait que peu de travaux à faire pour la rendre de nouveau aussi confortable qu'à l'origine.

Ils n'étaient arrivés peu de temps auparavant, c'était la première fois que Dohko faisait à manger à Shion.

Shion regarda la viande dans son assiette comme si elle allait lui sauter à la figure. Dohko avait-il conscience que cela faisait des mois qu'il n'avait rien mangé d'aussi solide ?

-Il faut que tu reprennes des forces ! La viande, c'est bourré de protéine. C'est ce qu'il y a de mieux pour toi !

Shion tritura mollement ses fayots dans son assiette. Il voulait bien, lui. Mais il ne pourrait jamais manger tout ça, même avec la meilleure volonté du monde. Rien que de regarder la nourriture, il se sentait nauséeux.

-Allez mange pendant que c'est chaud, c'est meilleur !

Bon gré mal gré, le grand Pope au repos porta une demi fourchetée à sa bouche. Il mâcha longuement, et parvint à avaler en réprimant un haut-le-cœur.

-C'est sec.

-Mais non c'est pas sec, rajoute de la sauce.

Sans attendre de réponse, la balance rajouta une cuillerée de sauce de viande, à la consternation de son ami.

-Mange !

Il avait déjà à moitié fini son assiette, lui. Shion ne savait pas comment il faisait. Ou plutôt il l'avait oublié.

Se reprenant, il porta lentement une nouvelle demie fourchetée de fayot à sa bouche, mâcha longuement, avala. Il réitéra encore quelque fois, avant de poser son assiette.

-J'ai fini.

-Mais tu n'en as même pas mangé la moitié !

Le déchirement dans sa voix était crève-cœur. Il le décevait, encore. Mais il ne pouvait vraiment pas faire plus.

-Je suis désolé, si je mange plus, je vais vomir.

-Essais au moins la viande, tu n'y as pas touché.

Shion abaissa son regard sur la viande dans son assiette, peu convaincu.

-S'il-te-plaît.

Il inspira profondément. Son estomac pesait tellement lourd. Allez, rien qu'une bouchée. Pour tenter. Pour lui faire plaisir. Il voulait bien lui faire plaisir, lui, après tout ce qu'il lui avait fait subir.

Il prit un bout entre ses lèvres. Macha. Avala. Et se retourna pour vomir le peu qu'il avait absorbé.

Dohko apporta trop tard une bassine pour retenir l'écoulement des fluides. Peiné d'avoir déclenché ça, il nettoya sans un mot.

-Je t'avais dit que je risquais de vomir... gémit Shion en s'essuyant ses yeux plein de larme à cause de l'effort pour vomir. Sa gorge le brûlait atrocement.

-Il fallait bien tenter. Tu te sens capable de remanger ?

-Oh non, pitié non ! Pas avant un moment.

Ses bras s'étaient repliés sur son estomac douloureux.

-Bon, quand tu t'en sentiras capable, hésite pas à grignoter, on a ce qu'il faut.

Ils avaient, en plus de réserve de médicament pour soigner la dépression de Shion, des quantités de crèmes et de gâteaux enrichis en protéines pour qu'il puisse espérer reprendre un peu de poids.

Sans répondre, Shion se recoucha sur sa couche en position fœtale, en tournant le dos à la balance.

Dohko le regarda, les lèvres pincées.

C'était douloureux de le voir dans cet état.

Et encore. Il allait déjà un peu mieux. Deux jours plus tôt, il n'était nourri que par une sonde qui passait par son nez pour déverser des nutriments dilués directement dans son estomac à petites doses, pour le booster un petit peu. Le docteur leur avait dit qu'il se remettrait à manger progressivement, le temps que ses intestins se réhabituent à fonctionner correctement. Dohko avait trouvé le médecin un peu soucieux de savoir que son patient allait aussi vite partir avec son ami, mais c'était peut-être parce qu'ils seraient loin de tout hôpital.

Avant de partir, Shion avait pu manger une petite crème, diluée à moitié dans de l'eau pour la rendre plus liquide. Il lui avait fallu une heure pour la manger là où d'autre l'aurait fini en trois ou quatre cuillerées, voire gorgées, mais il l'avait mangée. Et il n'avait pas vomi après.

Ce qui avait fait très peur à Dohko aussi, c'était l'état du corps de Shion. Il n'avait plus que la peau sur les os. Littéralement. C'était comme si tous ses muscles avaient fondu. Dire qu'il était juste à côté de lui alors que sa santé se disloquait ainsi le rendait malade. S'il ne s'était pas violemment cogné la tête, il est probable qu'ils ne se seraient rendu compte que trop tard du problème. Cette idée lui glaçait le sang.

Il se leva, prit une couverture et couvrit le corps recroquevillé de Shion avant qu'il ne se mette à avoir froid. Un faible merci fut entendu, il n'y prit pas vraiment garde.

-Je vais remettre les tuiles droites, repose toi.


Le soir, ce fut de la soupe. Bien liquide. Dohko avait broyé et rebroyé les légumes jusqu'à ce qu'elle prenne la consistance d'une boisson. Ça avait un peu goût d'eau, mais au moins Shion n'avait pas fait la tête quand il l'avait servi et c'était toujours plus nutritif qu'un bouillon. Et il la mangeait. Enfin, un peu quoi.

-J'en peux plus, finit-il par dire en reposant son assiette.

-T'en as mangé le quart, c'est bien ! Tu te reposes et tu reprends une crème ensuite ?

Shion fit la moue.

-J'en ai déjà pris une tout à l'heure...

-Que t'as pas finie d'ailleurs. Nan mais c'est pas grave, avisa-t-il en remarquant l'air peiné de l'ancien bélier, repose toi.

Il ne tenait pas vraiment à ce que Shion se remette à vomir. Entre son envie de le voir avec un poids décent et ses capacités stomacales, Dohko devait faire un compromis, même si c'était difficile. Il avait envie de prendre un entonnoir, de le mettre dans la bouche de Shion et d'y enfourner la nourriture jusqu'à ce qu'il grossisse. Mais c'était pas possible, alors tant pis, il se faisait une raison, ou plutôt, il ESSAYAIT de se faire une raison.

Il prit l'assiette non finie et la versa dans la marmite : ça resservirait demain.


-Tu crois que tu devrais faire un peu d'exercice ?

Shion se retourna sur sa couche où il se reposait après avoir grignoté péniblement deux gâteaux et lui lança un regard suspicieux.

-Comment ça ?

-Ben, faut que tu reprennes du poids, mais faut aussi que tu reprennes du muscle, non ?

Shion sembla réfléchir à la notion.

-Si je m'agite, est-ce que je ne risque pas de perdre les quelques calories que je suis sensé stocker ?

Dohko agita ses bras en signe d'ignorance.

-Ben je sais pas… J'ai la notion comme quoi en restant inactif on perd du muscle. Donc je me disais que si tu marchais un peu plus, peut-être que ça irait mieux.

-J'ai déjà perdu plein de muscle. Tu m'as fait remarquer toi-même l'état de mes jambes.

Il y avait comme un reproche dans sa phrase. Mais oui, quand Dohko avait revu pour la première fois les jambes de son amant, il n'avait pu s'empêcher de lui faire la remarque.

-Tu as vu l'état de tes jambes ?

Et Shion les avait fixées comme s'il les découvrait, comme s'il n'avait pas eu conscience de la dégradation de son état...

-Justement, pas besoin d'en perdre déjà d'avantage, non ?

-Je marche déjà plein…

-N'exagère pas, tu marches juste pour aller faire tes besoins.

Shion fit la moue.

-Je suis pas en train de te demander de faire un entraînement de chevalier, mais monter et descendre la côte, ce serait bien…

-Quand j'aurai digéré.

-D'accord, acquiesça Dohko.

Quand il le relança quelques heures plus tard. Shion se leva sans un mot. Sans un regard. Sans un sourire non plus. Il ne l'avait pas encore vu sourire depuis leur arrivée, il y a une semaine. Ses médicaments ne devaient pas faire encore effets. Le médecin avait prévenu que ça pouvait prendre jusqu'à un mois. Alors Dohko essayait de se persuader que telle était la cause de ce mutisme et de ne pas trop s'en formaliser. Et de na pas trop culpabiliser.

La descente ne se fit pas trop mal. Ils n'allaient pas très vite, c'était escarpé alors Shion faisait très attention là où il mettait les pieds. Dohko se tenait prêt à le retenir si jamais il chancelait.

La monté fut plus compliquée. Sa capacité respiratoire était impactée par sa dénutrition, il soufflait comme un bœuf.

-J'avais moins de mal à monter à Star Hill avec mon corps de vieillard, pesta-t-il entre ses dents.

-On y est presque, tenta de l'encourager son ami.

Il s'arrêta et respira de grandes goulées d'air, espérant ainsi calmer les battements affolés de son cœur. Il le sentait résonner dans tout son corps, ça ne lui était jamais arrivé du temps où il était en bonne santé, et il détestait cette sensation. La sensation générale de faiblesse de son corps était insupportable. De même que le regard de Dohko. En cet instant, il détestait son regard inquiet teinté d'incompréhension. Et ce mètre entre eux.

-Ça va ?

Shion ne répondit pas. Dohko le regarda reprendre son souffle en silence. Enfin, il finit par se remettre en marche. Il avait l'air contrarié, Dohko espérait que ce n'était pas contre lui. Une fois arrivé en haut, Shion alla se coucher directement. Le Chinois resta un peu dehors histoire de le laisser un peu tranquille...


Ils firent d'autres balades, au moins une par jour, mais Shion continuait de souffler. Il continuait de grignoter aussi. Ses assiettes restaient à moitié pleines les bons jours. Il continuait les cauchemars. Ayant lui-même des troubles du sommeil, Dohko le réveillait quand il s'agitait de trop. Il n'aimait pas le voir souffrir. Shion ne lui racontait jamais ses rêves. Il ne lui demandait pas non plus. Il en avait vu un aperçu lorsqu'il s'était confié à Athéna. Ce devait être du même acabit. Donc ce ne devait pas être très réjouissant. Donc il le réveillait, lui demandait si ça allait. À chaque fois, il lui répondait que oui, et il se rendormait – ou il faisait semblant, mais Dohko n'avait pas très envie de l'embêter.

Dohko soupira tandis qu'il pensait à tout ça. Il ne voyait pas le bout de la guérison de Shion.


Dohko était assis en tailleur, face à la cascade, comme il en avait eu l'habitude, avant. Il avait toujours peur que sa présence constante n'oppresse Shion, alors il prenait garde à toujours le laisser un peu seul. Ceci dit, présentement, s'il était à l'écart, c'était aussi à cause d'une certaine tension au niveau de son bas ventre : on pouvait être aide-soignant amateur et désirer son patient.

Dohko était donc en train de faire des va-et-vient avec sa main sur son sexe tout en pensant très fort à son colocataire qu'il n'avait pas envie d'incommoder de son désir.

Un bruit sur sa droite lui fit tourner la tête et il se figea, la bite à la main, en constatant que Shion était sorti de la cabane pour venir s'asseoir quelques mètres à côté de lui. Courroucé, il rangea son matériel.

-Ça ne me dérange pas, tu peux continuer.

-Moi, ça me dérange, bougonna-t-il.

N'aurait-il pas pu attendre cinq minutes avant de sortir, vraiment ?

Shion sembla attristé par sa réponse.

-Si ma présence te gêne maintenant.

-Ah mais j'ai jamais aimé avoir de spectateur quand je faisais ça hein !

Shion ne sembla pas convaincu. Dohko n'insista pas.

Un ange passa. Et son désir était toujours là, devenant franchement désagréable.

Il se redressa.

-J'ai besoin d'une douche froide.

Il enleva haut et chaussures et plongea dans l'onde agitée pour remonter quelques instants à peine plus tard.

-ELLE EST SUPER FROIDE !

-C'est ce que tu cherchais, non ?

-Moui mais c'était désagréable.

Il se rassit en tailleur et s'ébroua tout en se faisant sécher d'une bouffée de cosmos en frissonnant.

Shion le scruta quelques secondes avant de se relever à son tour.

-Moi aussi j'ai besoin de me laver.

-Hein ?

Avant que Dohko n'ait eu le temps de dire quelque chose de cohérent, il se déshabilla avant de sauter dans les remous… pour y disparaître.

-OH LE CON !

Il plongea à sa suite et nagea frénétiquement pour le retrouver et le ramener à la rive. Là, dans ses bras, il le sécha de son cosmos alors que son patient crachait un peu d'eau.

-On peut savoir ce qu'il t'a pris ? Gronda-t-il.

-Je t'ai dit, je voulais me laver…

-Et le courant, ça t'a pas interpellé ?! Ça se voit qu'il y a du courant ! Tu chouines à l'idée de marcher, mais ça, pas de problème pour toi ?

-Marcher, je m'étais rendu compte que j'avais du mal à le faire depuis longtemps, mais nager, d'habitude, j'avais pas de problème, alors j'avais pensé…

-D'habitude t'as pas un corps rachitique ! Ça fait combien de temps que t'as pas nagé ? Et t'as même pas pensé à te téléporter !

-Mais puisque tu étais là !

Mais puisque tu étais là.

Dohko sentit toute colère le déserter au profit d'une chaleur dans la poitrine tandis qu'il se plongeait dans son regard.

Shion lui avait fait confiance.

Là maintenant tout de suite, il avait envie de l'embrasser. Mais il ne le fit pas. Il n'était pas sûr que l'envie soit réciproque ni que le moment soit très approprié.

-On devrait remonter.

-Pourquoi ? On est bien ici.

-Tu n'as pas froid ?

-Non. Et tu es confortable.

-Je fais un bon coussin ?

-Oui. Très.

-Je peux faire le coussin ailleurs si tu veux. Ici la vue est pas top.

-Comme tu veux.

Shion poussa un petit cri quand Dohko se releva en le portant comme la mariée qu'il n'était pourtant pas. Il s'accrocha à lui, un bras par dessus sa nuque. Leur visages étaient si près. Dohko lui sourit.

-Tu veux aller quelque part en particulier ?

-Je ne connais pas la région.

-Au-dessus de la cascade c'est joli, en plus c'est à côté de la maison.

-D'accord.

La balance bondit, en un rien de temps ils furent à destination.

-Ah oui, c'est joli.

-T'as vu, on voit toute la vallée, c'est chouette ! Par là-bas, c'est le village, et là, la forêt dégarnie, c'est là où Shiryu faisait son entraînement. Bon, heureusement que ça te plaît, parce qu'au final, je connais pas beaucoup la région non plus.

-Oui, tu ne pouvais pas trop te balader.

-Ben non. Sinon je serais venu te voir.

Le regard de Shion allait achever de le faire fondre.

-Et on aurait bu du saké ensemble sur le perron du treizième temple en regardant le soleil se coucher sur le Sanctuaire.

-Et ça aurait été beau, bien que pas très sérieux.

-Pas grave. C'est moi le patron. Je fais ce que je veux.

-Oui enfin, c'est pas comme si t'étais souvent venu me voir.

Dohko s'en voulut une fraction de seconde pour ses mots, mais Shion lui répondit du tac au tac.

-Non, sinon je n'aurai pas réussi à rentrer. Je ne pouvais pas faire le Pope à distance pendant 230 ans.

-Oh, je m'en serais pas plains.

Shion rit, Dohko sourit, il le trouvait beau ainsi.

Il céda à la tentation.

-Je peux t'embrasser ?

Ses beaux yeux s'agrandirent.

-Oui, si tu le veux… souffla-t-il, visiblement surpris et heureux par la demande.

Tout doucement, Dohko rapprocha ses lèvres des siennes. Elles s'effleurèrent avec légèreté et timidité, se séparèrent pour mieux se retrouver avec de plus en plus d'assurance, les pointes de leur langues y mirent ensuite du leur et gouttèrent l'autre pour se rappeler de leurs saveurs.

Leurs petits jeux de redécouvertes durèrent de longues minutes après quoi Shion s'endormit contre son ami. Dohko le sera contre lui. Pour la première fois depuis de longs mois, il avait l'impression de retrouver son amant.


Les jours suivants, ils restèrent collés l'un à l'autre. Shion mangeait, se reposait, discutait sur ses genoux, et ils dormaient même dans le même lit. Dohko s'était rendu compte qu'il s'était trompé : il pensait que Shion avait besoin qu'il se tienne un peu à l'écart, mais finalement c'était tout le contraire. La distance qu'ils avaient plus ou moins mis inconsciemment entre eux s'était estompée, Dohko se demandait si Shion ne l'avait pas orchestré en plongeant dans la cascade. Il était fourbe Shion quand il voulait. Et vu les difficultés qu'il pouvait avoir à exprimer ses problèmes et sentiments, cette hypothèse était parfaitement envisageable. Mais ce n'était pas vraiment important pour le chevalier. Le résultat l'intéressait bien plus. Shion lui avait tellement manqué. Il allait mieux. Dohko avait l'impression qu'il mangeait un peu plus. Il souriait, parlait plus. Dormait moins. Il commençait à mieux grimper la côte. Hier, il l'avait même accompagné jusqu'au village acheter quelques vivres avec lui. Bon, il était encore incapable de soutenir un entraînement de chevalier d'or, de manger une assiette entière et il valait mieux éviter de lui enlever son traitement anti-dépresseur, mais il allait mieux, et c'était déjà ça.

-Tu rêves ?

Le chevalier de la balance sourit.

-Oui.

-À quoi ?

-À toi.

-Quel charmeur tu fais parfois.

-Seulement parfois ?

Il déposa un baiser léger sur ses lèvres qui fut accueilli avec ravissement.

-Je me disais que tu allais mieux.

-Tu trouves ?

-Ouais. T'as même repris un peu de poids, fit-il remarquer en posant ses deux mais sur sa taille.

Shion parut un peu gêné, il replaça ses mains sur son dos.

-Je t'aime.

Shion caressa sa joue en le regardant gravement.

-Sais-tu réellement tout ce que j'ai fait ? Murmura-t-il.

-Oui. Tu ne t'en es peut-être pas rendu compte, mais j'étais là quand tu t'étais confié à Athéna.

Shion écarquilla les yeux de surprise.

-Avec Mü, continua son ami. Nous étions à l'autre bout de la pièce, tu aurais tourné un peu la tête, tu nous aurais vu. Donc nous avons tout entendu… et tout vu, tu n'as pas pu t'empêcher de nous transmettre des images mentales. Mais si tu as besoin d'en parler, je peux t'écouter, ce n'est pas un problème, d'accord ?

Shion resta interdit quelques secondes.

-J'espère… Oh déesse… vous êtes les deux seuls à avoir « profités » de ça ?

-Je... crois… Pour autant que je sache en tout cas...

-Je croyais qu'Athéna vous avait simplement fait un résumé… J'espère que tout le Sanctuaire n'est pas au courant… Comment pourrais-je revenir ensuite... S'ils savent tous, je pars en ermitage jusqu'à la fin de mes jours… Et toi, toi, tu as tout vu, tout entendu, et… et tu continues de m'aimer, vraiment, en connaissance de cause ?

-Eh oui, incroyable, mais vrai. Je t'aime encore et toujours. Tu es l'homme de ma vie. À jamais.

Les larmes aux yeux, Shion leva les yeux vers le plafond.

-Que répondre à une déclaration pareille ?!

-« Moi aussi je t'aime Dohko », singea la balance d'une voix aiguë, ou alors tu peux aussi...

Le Chinois ne finit pas sa phrase. Shion s'était jeté sur ses lèvres et Dohko répondit avec plaisir à son ardeur. Leurs lèvres se dévorèrent, leur langues se lièrent. Sans cesser le baiser, Shion se repositionna pour être assis à califourchon sur Dohko et colla son ventre contre le sien. Dohko laissa échapper un grondement tandis qu'un frisson le parcouru.

-Est-ce que tu veux… à envie… d'aller un peu plus loin ?

-Parce qu'en plus tu arrives encore à me désirer ? Susurra le Jamirien.

-Je te désirerais même si tu devenais énorme au point que tu ne puisses descendre les marches du Sanctuaire qu'en roulant sur toi-même.

Shion resta interdit une seconde devant cette affirmation impromptue avant d'éclater de rire, vite rejoint par Dohko.

-Déesse… j'imagine la scène… je ferai ''bouing – bouing'' à chaque dégringolade... et on m'appellerait le « Pope bouboule », ça va, j'ai de la marge avant d'arriver à ce stade heureusement. Plus personne ne me respecterait.

Ils finirent par s'arrêter de rire après de longues secondes d'hilarité et Shion le regarda plus sérieusement. Il caressa ses joues, empoigna sa nuque des deux mains. Lentement, il approcha ses lèvres des siennes et l'embrassa tendrement, longuement. Ses mains se glissèrent lentement sous le haut de Dohko, qui fit de même avec lui. Tout doucement, ceux-ci glissèrent au sol. La bouche de Dohko glissa dans son cou pour le parsemer de baiser. Shion gémit, il caressa son dos en fermant les yeux de plaisir. Dohko se pencha pour l'allonger sur sa couche, colla son corps au sien en s'appuyant sur ses coudes pour ne pas l'écraser et plongea ses yeux verts dans les orbes violets de son amant avant de l'embrasser à nouveau. Leur bassins s'effleurèrent en quelques simulacres d'agréable va-et-vient. Dohko embrassa la base de son cou, puis, avec toute la tendresse du monde, il entreprit de partir à la découverte du torse de son amant à l'aide de sa bouche et de ses mains, faisant accélérer la respiration de Shion. Il descendit sur son abdomen, caressant cette peau si douce jadis vallonnée de muscle qu'il redessina comme s'ils étaient toujours là. Arrivé au niveau du pubis, il releva le nez.

-Je peux ? Demanda-t-il en amorçant le geste d'enlever son pantalon.

Shion acquiesça. Dohko tira sur l'étoffe pour l'ôter et il fit de même avec ses propres dessous.

Il caressa du bout des doigts le bas-ventre de son amant en fixant son regard dans ses yeux embués. Il lui souleva une jambe et embrassa le pli de l'aine avant de remonter vers la face postérieure du genou.

-Dohko… murmura Shion en écartant les bras en un signe d'invitation.

Aussitôt, la balance délaissa la jambe pour fondre sur ses lèvres et donner le baiser réclamé. Shion noua bras et jambes autours de lui pour le serrer avec force. D'un mouvement de hanches, il le fit basculer et l'embrassa en empoignant ses cheveux avant se lancer lui aussi dans la redécouverte du corps aimé.

Leurs jeux sexuels durèrent longtemps. L'amour sans pénétration était quelque chose qu'ils avaient développé depuis leur adolescence où ils savaient qu'ils s'aimaient mais qu'ils étaient trop ignorants pour savoir comment s'y prendre. C'était ainsi qu'ils s'étaient aimés après leur résurrection. C'était ainsi qu'ils aimaient s'aimer quand ils avaient envie de prendre le temps. Ils se caressaient, se stimulaient avec leur bouches et leurs mains, se délaissaient quand la pression devenir trop forte, pour revenir à la charge ensuite, et cela ne devenait que meilleur jusqu'à ce qu'enfin ils acceptent de se donner l'orgasme final.

Cette fois-ci n'était sûrement pas leur « meilleure » fois, mais peu importait. Ils avaient plus besoin de prouver toute la tendresse et l'amour qu'ils éprouvaient envers l'autre que de la recherche de plaisir sexuel en tant que telle.


Les deux jours suivants, ils passèrent beaucoup de temps à se caresser, à se toucher, à faire l'amour.

Le matin du troisième jour, Shion, vêtu d'un simple drap enroulé autour de lui, était sorti de la maison et contemplait le lever de soleil sur la rivière et le jeu de lumière dans la brume.

Il fut rejoint par un Dohko encore un peu endormi qui le prit dans ses bras et posa sa tête contre ses omoplates.

-Ça va ?

-Oui.

-Faut que tu prennes ton petit-déj et tes médocs.

-Je sais. Tu voudras faire quoi ensuite ?

-Tu veux faire quoi ?

-Je ne sais pas.

-Marcher ?

-On fait toujours les mêmes balades.

-S'entraîner ?

-Je n'en suis pas encore capable.

-Même pas un peu ?

-Si mais j'ai pas envie.

-Lire un peu ?

-J'ai déjà lu deux fois le livre que tu as.

-Aller à Jamir ?

Il sentit les muscles de Shion se contracter sous ses doigts alors qu'il réfléchissait à cette option.

-Non. Je n'en ai pas envie, articula-t-il doucement.

Dohko le serra un peu plus contre lui.

Ils restèrent silencieux quelques minutes.

-Tu sais, reprit Dohko, Athéna a dit d'aller aux Cinq Pics ou n'importe où ailleurs. Donc je suppose qu'on peut aller… n'importe où ailleurs.

-Que me proposes-tu exactement ?

-Eh bien on pourrait aller à Beijing, par exemple, enfin moi j'aimerais bien aller à Beijing pour voir les changements en deux siècles et demi, mais on peut aussi aller en Indonésie, en Europe, en Afrique…

-Un tour du monde ? C'est ça ce que tu veux ? Interrogea Shion, amusé et curieux.

-Ben… euh… ouais… Ça sonnait pas comme ça dans ma tête, mais ouais... On a une carte de crédit illimitée prêtée par Athéna. Ça peut le faire.

-En effet. Athéna prévoit toujours tout. Cette option devait certainement être dans ses desseins. Eh bien nous partons alors.

-Attends, faut manger d'abord. Et oublie pas tes médocs !

Ils mangèrent, donc, et partirent pour l'aventure.

Après que Shion ait bien pris ses médicaments.


Je ne suis pas sûr d'écrire ce voyage. D'une part j'en ai envie car il y a des choses très intéressantes de mon point de vue à raconter, mais d'autre part je ne situe pas tout, tous les éléments ne sont pas clairs dans ma tête, j'ai pas très envie de faire dans les longueurs inutiles, donc faut voir. Il y aura par contre vraisemblablement un nouveau chapitre dans cet univers avec Mü, Shaka et un autre chevalier (mais qui donc ? Mystère mystère... Sauf si vous avez lu mes autres histoires).