Note de l'auteur (de moi quoi): On s'en doute, je ne revendique absolument pas Hakuouki, il appartient à ses propriétaires légaux !

Euh... Sinon... Bien, ceci est ma toute première fanfic' publiée ici, j'ai fais de mon mieux, j'espère qu'elle vous plaira !

A titre indicatif, fidèle à moi même, j'ai compliqué mon affaire en introduisant le problème de la langue ; les paroles en italique correspondent à des dialogues dans une langue autre que le japonais. Mais ne vous en faites pas, au final, ceux qui auront le plus de problèmes avec ça, ce sont les personnages. L'histoire sera assez longue, j'essayerai de publier régulièrement, mais je ne promet rien, étant en terminale, je serais très certainement bloquée par le travail de temps à autre.

Le fandom français n'est pas vraiment actif dans cette catégorie, donc je compte sur vous pour commenter ! Bonne lecture à tous !

24 Fevrier 1864 Moscou

Un rire étrange retentit dans la ruelle sombre avant de se transformer en un hurlement perçant. Il s'arrêta soudain dans un craquement sinistre.

La seconde suivante, une silhouette noire encapuchonnée sortait de l'impasse, comme tirée en arrière par un fil. Un genou à terre, une dague ensanglantée en main, elle était haletante et vacillait légèrement sur ses appuis. Sa tête se tourna immédiatement vers l'enfer dont elle sortait alors que deux petites braises rouges s'y enflammaient. Un ricanement se fit entendre.

« Merda… » Laissa échapper l'ombre en serrant les dents.

Quelques gouttes de sang tombèrent dans la neige, coulant le long de son menton. Le bas de son visage était la seule pièce d'un portrait incomplet. Pas d'yeux, pas de formes, simplement le bas d'un visage rendu étrangement pâle par l'aura de la lune. Les quelques traits distinguables laissait deviner une sorte de rage impuissante. Le bout de sa langue passait régulièrement sur sa lèvre fendue d'où gouttait le liquide rouge.

Dans l'ombre, un reniflement se fit entendre, rapidement suivi d'un rire fou.

« Du sang… » Jubila une voix éraillée.

La silhouette noire s'effaça juste à temps pour éviter les mains avides qui se refermèrent dans le vide. La chose avait bondi soudainement, poussée par le mal qui avait fleurit en elle.

Dans la manœuvre, le dos de l'ombre heurta un mur avec un bruit sourd. Tout l'air de ses poumons sortit d'un seul coup, lui arrachant un cri rauque. Tournant à demi la tête vers le traitre de pierre, elle fit onduler sa cape, révélant un œil de la couleur du ciel.

Mais quitter sa cible des yeux était une erreur dangereuse. Elle refit brusquement face au monstre qui bondissait de nouveau et n'eut d'autre choix que de plonger sur le côté, roulant dans la neige alors que le bras du monstre rencontrait le mur. Avec un craquement écœurant d'os et de bois, son poing le traversa puis s'en dépêtra avec facilité. Se tournant lentement vers sa proie, la chose révéla alors une nature horriblement humaine.

Ils se firent face quelques instants.

L'homme était large, grand et d'une pâleur morbide. Ses yeux brillaient d'une lueur sanguine et, entre ses vêtements d'hiver, on devinait des mèches de cheveux blancs et une barbe drue, tout aussi immaculée. Un sourire horrible était plaqué sur ses lèvres gercées, révélant des dents jaunies par le tabac.

De son côté, la silhouette oscillait dangereusement et ses doigts gantés de noir serraient le manche de son arme à en craquer. Sa respiration créait une brume constante entre ses lèvres, résonnant lourdement dans l'air de la nuit. Un nouveau ruisseau de sang apparut entre ses doigts, glissant de sous sa manche. Sur son épaule, l'étoffe de sa cape commença à s'assombrir

Leurs ombres se croisèrent soudain dans la lumière irréelle de la lune et le sang gicla sur la neige, aussi soudain qu'un coup de tonnerre.

Un corps tomba dans la poudreuse, sans un bruit.


Assis contre un mur, le combattant noir reprenait difficilement son souffle, sa main posée sur son épaule blessée. En plus de sa respiration, un peu de vapeur s'élevait de son corps dans le froid glacial de la nuit. Une toux discrète se fit alors entendre à côté de lui et il releva la tête, croisant le regard d'un autre homme.

Blond, dans la vingtaine, les cheveux savamment ébouriffés, il portait un uniforme militaire noir qui le mettait autant en valeur que son fin sourire et ses yeux bleus vert. À son bras reposait une veste semblable à la sienne. Lorsqu'il vit qu'il avait attiré l'attention du combattant, il s'avança de quelques pas, la lui tendant.

« C'est fini pour la Russie. » Dit-il doucement alors que l'autre prenait le vêtement. « Ce fut une bien belle chasse n'est-ce pas ? J'espère que les prochains ordres me laisseront un peu plus de liberté pour agir.»

Les coudes sur ses genoux, l'une de ses mains dissimulant son visage, le combattant noir ne fit que retenir un rire sec sur la dernière phrase. Le soldat pencha la tête sur le côté, le sourire toujours aux lèvres. Il semblait contempler un petit enfant.

« Qui y'a-t-il de drôle, Signore ? » Demanda-t-il d'une voix douce.

« Ce n'est pas drôle… Pas du tout… » Rit le concerné en secouant la tête.

Ses épaules semblaient secouées de sanglot, pourtant, on ne pouvait pas se tromper. Il riait vraiment, comme s'il venait de comprendre une mauvaise blague. Comme s'il riait de dépit. Il fallut une bonne vingtaine de secondes pour qu'il se reprenne et bascule la tête en arrière, toujours secoué par son rire. Lorsque ses yeux croisèrent la lune, il se figea brusquement.

« Non, pas du tout. » Clôt-il avec un calme soudain.

Sa capuche était tombée, révélant un visage parfaitement différent de celui qui était devinable lors de son combat. Il avait maintenant un masque, blanc, livide, inexpressif, ne laissa apparaître que ses yeux. C'était une véritable armure de porcelaine, le faisait ressembler à une poupée de taille humaine.

Toussant de nouveau pour attirer son attention, le soldat blond chercha un instant dans ses poches de poitrine avant d'en sortir quelque chose. L'homme au masque l'observa agir avec un regard vide et perdu, comme s'il venait de le réveiller.

Ses yeux retrouvèrent un sérieux effrayant lorsqu'il vit l'objet : Une fiole de cristal, contenant un liquide rougeoyant qui semblait briller par lui-même.

« L'église nous en doit une pour celle-là, et vous aussi d'ailleurs… » S'amusa le jeune soldat. « À notre retour à Rome, il faudra vraiment que vous me payiez un coup à boire, Capitano… »

Un claquement de langue fut la seule réponse que lui adressa son compagnon en se relevant. Laissant tomber sa cape, il entreprit d'enfiler sa veste alors que le blond reprenait d'un ton nonchalant, regardant sa blessure sans paraître touché un seul instant.

« J'ai dissimulé les corps. De toute façon, le voisinage détestait cette famille, ils ne risquent pas de les retrouver… Cet homme était idiot, vous ne trouvez pas ? Renverser le tsar… Quelle idée… enfin, avec cette chose, il aurait presque pu y arriver. Dommage que toute la bande se soit transformés. Rapporter ces fioles est largement plus glorifiant que de ramener des têtes, ça gâche du matériel… »

Il soupira et passa ses mains sur nuque. Un mouvement de son supérieur attira soudain son attention. Ce dernier tendait la main vers lui, une autre fiole entre les doigts. Le jeune soldat haussa les sourcils, ses mains quittant à moitié son cou.

« Comment… » Murmura-t-il.

« Le dernier n'a pas eu le temps de se transformer. Je l'ai tué avant. » Répondit simplement l'officier.

Les yeux océan du soldat s'agrandirent avant qu'il n'éclate soudainement de rire. Presque plié en deux, il resta frôla la minute complète dans cette posture avant de se redresser, son regard oscillant entre la moquerie et l'admiration.

« Vous plaisantez ?! Vous ?! Vous avez tué un humain encore en vie ?! »

« Ne crie pas si fort, même si nous sommes à l'écart, on pourrait nous entendre… » Gronda le combattant.

« Je n'y crois pas… » Continua l'autre, sans lui prêter attention. « Gabriel Solento… Le SIGNORE Gabriel Solento… a tué un humain… Mon dieu… Je sais que vous en êtes capable en dehors de ce genre d'affaire, mais tout de même ! »

« Silence Ambrose ! » Aboya le dénommé Gabriel, sa voix vrillant des aiguës avant de reprendre plus bas. « C'était un foutu gamin… Je préférais le tuer avant qu'il ne se damne… »

Un nouveau rire bref vint secouer les épaules du soldat blond.

« Votre indulgence et votre générosité sont sans égales… En effet… »

Ils reprirent la route, Gabriel marchant quelques pas devant. Ambrose riait légèrement par intermittence, jetant des regards amusés à son supérieur.


Kyoto, 14 janvier 1865

La jeune fille souffla dans ses mains, dans un effort pour les réchauffer. Même si elle se tenait dans la cuisine, chauffée par les fours et les différents plats en train de cuire, le froid semblait s'insinuer partout dans le quartier général du Shinsengumi. Lorsqu'elle fermait les yeux, elle avait parfois l'impression de voir ses longs doigts fins s'étendre dans les pièces, drapés d'une brume blanche et scintillante.

Cela faisait un an exactement qu'elle était arrivée ici. Un an que sa vie oscillait au rythme de celles des samouraïs qu'elle suivait. Parfois, il lui arrivait de regretter de n'être justement que là pour les « suivre ». Bien sûr, elle faisait son maximum pour se rendre utile, mais il y avait encore cette sensation désagréable, quelque part, resurgissant de temps à autre.

Au début, Chizuru l'avait senti en permanence, mais cela semblait s'estomper avec le temps. Cependant, il arrivait que ça revienne encore, sans prévenir, comme si elle s'effondrait de l'intérieur. Dans ces situations-là, étrangement, l'un des capitaines pointait immanquablement le bout de son nez pour lui remonter le moral. N'importe quoi pouvait faire l'affaire, même un ordre quelconque donné par un Hijikata dans un mauvais jour.

Il suffisait qu'elle ne pense pas.

C'était surement lorsqu'elle se plongeait dans ses pensées que le creux semblait le plus profond, aspirant absolument tout ce qu'il y avait en elle et sapant sa motivation et sa bonne humeur. C'était horrible, comme impression. Comme si soudain, la jeune fille réalisait que ses efforts seraient vains et qu'elle ne ferait jamais rien d'autre que de ralentir ses protecteurs.

Ses yeux soudain vides se levèrent pour regarder la petite fenêtre, à travers la vapeur de la théière. Il neigeait. Il neigeait comme le jour où elle avait rencontré Hijikata-san…

Secouant la tête, elle tenta de s'activer à autre chose. Penser à lui avait tendance à étrangement la faire rougir, c'était plutôt gênant…

Des bruits de pas achevèrent de la tirer de sa rêverie et, se retournant, elle fit face à un Heisuke un brin essoufflé.

« Chizuru ! Je te cherchais… » Dit-il dans un souffle. « Kondo-san voudrait te voir. »

Haussant les sourcils, elle pencha la tête sur le côté, surprise. Que Heisuke soit levé aussi tôt, c'était surprenant, mais que Kondo demande à la voir… C'était totalement inédit.

Le chef du Shinsengumi avait toujours été bon et chaleureux avec elle, comme avec tout le monde. Il lui avait déjà rapporté des choses de Kyoto par simple bonté de cœur et jugeait très régulièrement qu'Hijikata était trop strict avec elle, mais jamais il ne l'avait fait appeler pour lui parler exclusivement. La plupart du temps, elle était présente aux réunions entre les capitaines ou aux annonces faites à l'ensemble des effectifs, mais elle n'était jamais vraiment mêlée aux affaires du Shinsengumi. En y repensant, c'était surtout par hasard ou en désespoir de cause qu'elle avait été employée à Ikedaya ou à Hamaguri.

Mais si Heisuke était chargé de la prévenir, ça sous-entendait une requête plus ou moins officielle en bout de parcours.

« Moi ? Mais… pourquoi ? »

Le jeune homme se gratta l'arrière de la tête d'un air gêné, regardant ailleurs. Vu sa tête, il avait été tiré du lit plus ou moins de force et très certainement par Hijikata, ce qui était déjà une punition en soi.

« Je ne sais pas vraiment… Mais ça avait l'air important. Saito-san a aussi été convoqué… Et Hijikata-san avait l'air assez inquiet. »

Elle cligna des yeux, perdue. Saito aussi était appelé. Saito, Hijikata, Kondo... Et elle.

Un frisson parcourut sa colonne vertébrale. Ça pouvait très bien être quelque chose de sans importance, mais elle ne pu réprimer un étrange pressentiment. Comme si une bête féroce avait soudain braqué ses yeux sur elle, prête à bondir.


« Kondo-san… » Gronda la voix inquiète de Hijikata. « C'est extrêmement dangereux ! Le Shinsengumi pourrait ne pas… »

« Je sais Toshi. Mais c'est un ordre d'Aizu, je n'ai pas le choix ! » Répondit celle de Kondo, se voulant conciliante. « Mais, si nous y arrivons, ça sera aussi une bonne chose ! »

Le jeune samouraï s'arrêta devant la porte, la regardant d'un air soudainement absent. Il attendit quelques secondes, durant lesquelles il dévisagea la jeune fille. Ses yeux semblaient un brin mélancolique, mais surtout encourageant, comme s'il venait de comprendre quelque chose.

S'éclaircissant la gorge, il signala ensuite sa présence.

« Excusez-moi ! J'ai prévenu Chizuru, j'entre. » Dit-il d'une voix forte.

Faisant glisser la porte sans attendre, il dévoila une discussion tumultueuse. Les deux samouraïs qu'on entendait depuis l'extérieur semblaient extrêmement sérieux et on ne devinait rien du ton amical de Kondo sur son visage.

Assis un peu en retrait, Saito écoutait attentivement et il était facile de comprendre qu'il n'avait surement rien dit jusqu'alors.

La jeune fille se plaça dans l'encadrement de la porte, un peu en retrait, derrière Heisuke. Lorsque les trois samouraïs dans la pièce posèrent les yeux sur elle, elle ressentit une forte envie de disparaitre.

Même sans savoir ce qui se passait, elle savait déjà qu'il s'agissait de quelque chose d'important. Les quelques phrases échangées entre les deux leaders du Shinsengumi et l'ambiance tendue régnant dans la pièce étaient largement suffisantes. Dans son ventre, ses entrailles se serrèrent avec force alors que son pressentiment s'aggravait un peu plus.

Les choses empirèrent lorsque Heisuke lui souffla un « j'espère que ça ira » alors qu'elle passait à côté de lui, avant de refermer la porte.

Le silence retomba dans la pièce. Chacun se regardait en chiens de faïence. Finalement, Kondo brisa la glace, adressant un petit sourire désolé à la jeune fille.

« Désolé de t'appeler si brusquement. Assis-toi, je t'en prie. »

Elle hocha la tête d'un mouvement saccadé et alla prendre place aux côtés de Saito. La politesse voulait qu'elle soit en retrait, d'autant que les deux officiers parlaient entre eux l'instant d'avant, mais il n'y avait pas que ça. Bizarrement, la première chose qui traversa son esprit fut que cette place était sans doute la plus sûre, dans cette étrange ambiance. Alors qu'elle s'assaillait, le chef du Shinsengumi toussota légèrement, son poing devant sa bouche, avant de déclarer en la regardant directement.

« Le Shinsengumi a été chargé d'une mission par le Domaine d'Aizu, il y a très peu de temps. C'est une affaire un peu délicate, et certains détails doivent être encore réglés, mais tout se conclut, nous gagnerons surement beaucoup d'avancement auprès du Shogunat. C'est pour ça que peu de gens sont au courant tant que rien n'est décidé. »

Il avait pris un ton extrêmement précautionneux, choisissant chaque mot avec soin. À quelques détails près, on aurait dit qu'il parlait à un enfant qui ne comprenant pas encore les choses correctement.

Hijikata continua avec un peu moins de délicatesse.

« Pour l'instant, seuls quelques capitaines savent ce qui se passe réellement et seul Saito connait l'affaire dans son entier. Kondo-san travaille avec Katamori-dono sur cette affaire depuis un peu après ton arrivée. Ta discrétion est indispensable, tu comprends ? »

Se redressant légèrement, elle hocha la tête. La réplique du vice-capitaine l'avait légèrement peinée; ses talents de combattante laissaient clairement à désirer, mais elle savait tenir sa langue. Elle l'avait déjà prouvé.

Mais elle n'eut pas le temps de réfléchir à la question. Saito prit le relai. Sa voix était basse et calme, comme toujours, mais ses yeux trahissaient une émotion qu'elle ne parvenait pas vraiment à saisir.

« À part moi, sont aussi au courant Sannan, Okita et Harada. Shinpachi et Heisuke savent aussi ce qui se passe, mais à un moindre niveau. »

Il marqua une pause, la fixant dans les yeux. Dans la tête de Chizuru, les informations prenaient doucement place, faisant résonner d'autres souvenirs. Le regard pensif de Heisuke lorsqu'il à leur arrivée prit soudain un autre sens. Il avait surement fait le lien entre ce qu'il savait et le fait qu'elle soit appelée. Il avait dit qu'il n'était pas au courant. Peut-être qu'il n'avait compris qu'à ce moment…

Le capitaine du Shinsengumi reprit la parole.

« Le Shinsengumi va très certainement être chargé de la protection d'une personne importante sur une longue durée. Il faut que tu saches que cette mission risque de provoquer des problèmes dans le Shinsengumi, mais c'est une occasion que nous devons saisir. »

« Des tensions… ? » Dit-elle avec perplexité, penchant la tête sur le côté.

La question sous-entendue sembla mettre Kondo en difficulté. Il rit avec gêne, passant sa main dans sa nuque. Sa réaction tira un soupir à son vice-capitaine qui répondit d'une voix franche et un brin agacée.

« Cette personne est un dignitaire occidental. Un Italien. Il doit voir le Shogun pour une rencontre diplomatique. » Il soupira légèrement avant de poursuivre, comme s'il se parlait à lui-même. « Jusqu'à maintenant, le Domaine d'Aizu, qui a été chargé de sa protection, a beaucoup hésité entre nous et le Mimawarigumi… C'est une chance inespérée, mais ça peut aussi bien se retourner contre nous au premier faux pas. »

Chizuru haussa les sourcils en entendant le nom du Mimawarigumi. Elle n'avait jamais vu aucun de ses membres, mais les discussions d'Harada et de Shinpachi à leur sujet lui avaient suffi à comprendre à quoi ressemblaient les relations entre les deux groupes.

Le Mimawarigumi était une milice du domaine d'Aizu, tout comme eux, mais la ressemblance s'arrêtait là. Uniquement composé de samouraï de haut rang et autres combattants « officiels », leur quartier général était au château de Nijo alors que le Shinsengumi était relégué à Mibu, à l'extérieur de Kyoto.

Autant dire qu'aucun des deux partis n'aimait avoir de nouvelles de l'autre…

Haussant lentement les sourcils, elle se rendit compte de l'importance du secret qui allait tomber sur ses épaules. Ses yeux se posèrent sur chacun des hommes, l'un après l'autre, qui lui renvoyèrent tous le même regard insistant, tendu. Sa décision fut rapidement prise.

Inspirant profondément, elle hocha la tête une fois, avec détermination.

« Compris. Je vais vous aider de mon mieux. »

Hormis Kondo, qui lui sourit avec chaleur, l'expression des deux autres combattants ne changea pas. Pourtant, d'un seul coup, la tension se relâcha. Il lui sembla même voir les épaules du vice-capitaine s'abaisser imperceptiblement.

Cependant, elle n'eut pas le temps de s'attarder sur ce détail. Ses grands yeux bruns se retrouvèrent piégés par ceux du démon en face d'elle.

« Dans ce cas. » Reprit-il d'une voix plus posée. « Toi et moi allons partir dans deux jours à leur rencontre à Akashi. De son côté, Saito sera en garnison avec quelques hommes supplémentaires dans la ville même en cas de problème. Prépare-toi discrètement. Saito, je veux que tu t'occupes d'elle à partir de maintenant jusqu'à ce que nous soyons à Akashi. Assure-toi qu'elle ne dévoile rien par mégarde.»

« Oui. » Répondirent les deux concernés en écho.


Il était très tôt ce jour-là. Dans la cour du Shinsengumi. La brume frôlait encore le sol et floutait les contours.

Accompagné de quelques soldats réguliers triés sur le volet, le petit groupe diplomatique venait de partir. Les silhouettes avaient disparu depuis quelques minutes déjà, pourtant, les yeux du capitaine de la première division ne quittaient pas le dernier endroit où il les avait vus. Adossé à un arbre, les bras croisés, il était impossible de décrypter l'émotion sur son visage. Dans sa tête repassaient en boucle les derniers mots de son maître, la veille au soir.

« Soji. Je veux que toi et Harada vous vous occupiez de Itou-san durant l'absence de de la mission diplomatique. Tant que rien n'est sûr, je ne voudrais pas qu'il soit au courant de cette mission… Selon Toshi il pourrait… Interférer. »

Fermant les yeux et se séparant du tronc, il soupira et retourna vers les bâtiments, reposant une main sur le manche de son katana. Jetant un dernier regard à la porte, il murmura d'une voix inaudible.

« Vous agissez encore stupidement… Kondo-san… »


Gabriel s'adossa à la porte, la maintenant fermée alors que de violents coups étaient donnés dedans, de l'autre côté. Devant lui, un jeune garçon le fixait, horrifié. Sa main tremblante serrait une fiole de liquide rouge sang contre son cœur.

« Pourquoi… Papa… Maman… » Balbutia-t-il.

« Lâche ça ! Fuis ! » Aboya l'ombre.

Pour ne rien arranger, les compagnons d'infortune ne parlaient pas la même langue. Le combattant en noir ne pouvait que difficilement aligner deux mots dans celle du garçon. Ce dernier le fixa avec des yeux terrorisés.

« Pourquoi mon père m'a attaqué ?! Pourquoi ils sont tous devenus fous ?! Vous allez me tuer ? »

« Tuer ? Toi ? Non ! Pars ! » Gronda l'assassin en s'arc-boutant sur la porte.

Le garçon serra dents et poings puis lança un regard au flacon. Dans ses yeux se mêlaient frustration et impuissance tandis que Gabriel lui criai de fuir. Finalement, il fronça les sourcils avec un grondement de rage et cracha sur le sol. S'avançant rapidement vers l'ombre, il glissa la fiole dans une poche de son sauveur puis recula. Malgré sa capuche, il devina l'air surpris de l'homme.

Une seconde plus tard, un coup plus violent fit voler la porte en éclat, projetant le combattant au loin. Il n'eut pas le temps de se mettre en garde qu'un autre coup l'envoyait rouler sur le côté. Mais cette fois, il n'alla pas loin. Deux mains le saisirent par le cou et le levèrent en serrant sauvagement.

Le géant qui l'avait attrapé le fixait d'un œil sanguin et animé d'une lueur démente. Un sourire sordide ornait ses lèvres, révélant des dents brunes. Entre ses doigts, le cou du combattant sembla soudain bien frêle…

Le regard du garçon abandonna cependant ce cruel détail lorsqu'il constata que son sauveur avait perdu son capuchon. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il put enfin voir ses traits.

« P… Papa ! » S'écria le jeune garçon boulversé. « Arrête ! Ce n'est pas un…»

Sa phrase s'étrangla dans sa gorge lorsque les yeux fous de son père se braquèrent sur lui. Il se redressa avec horreur, incapable de dire le moindre mot. Laissant tomber le corps inanimé du guerrier, la bête s'avança vers son ancien enfant d'un pas lourd. Reculant avec précipitation, ce dernier trébucha au bout de quelques mètres pour voir celui qu'il avait appelé « Papa » bondir sur lui avec un cri dément.

Une autre silhouette percuta alors son père en plein vol, l'entrainant au travers d'une fenêtre barricadée.

Les planches ne résistèrent pas et, père comme ombre, chutèrent dans la rue, un étage plus bas.


« Gabriel, réveille-toi ! »

Les yeux de ciel de l'officier italien s'ouvrirent brusquement. Se relevant d'un bond, il fit tomber sa chaise. Ses yeux en croisèrent d'autre. Pourpre.

« Tu sais… Si quelqu'un te vois comme ça, je doute que tu gardes ta crédibilité… Ton visage est très vraiment adorable lorsque tu dors… »