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-Chapitre 27 : Greip et Gjalp-
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Finwë hésita longuement. Ce géant était moins grand que dans ses souvenirs, mais ses prunelles étaient toujours les mêmes. Rougeâtres, comme du sang, sans la moindre once de douceur. Pourtant, quand une des fillettes, Finwë l'avait croisée plus tôt, réclama les bras de son père, il s'amusa à la soulever bien haut avant de la poser sur ses genoux. L'Alfe se redressa, et rangea le couteau qu'il tenait. Si on lui avait apprit quelque chose, c'était qu'il ne fallait jamais mettre en danger la vie d'un enfant. Le géant se mit à murmurer quelques mots à sa fille, qui sembla très enjouée.
« Papa dit qu'il a une histoire à raconter, mais qu'il ne parle pas ta langue. Alors je dois traduire. D'accord ? »
Finwë accepta docilement, et il s'installa sur une chaise indiquée par le maître des lieux. La pièce ressemblait à une grotte, à la seule différence qu'elle n'était pas humide. Dans d'autres circonstances, l'Alfe l'aurait appréciée. Le géant soupira, et s'assit sur un petit tabouret sculpté dans le bois. Son visage était marqué de profondes rides, et ses cheveux avaient l'air sales. Il se mit alors à parler, parfois coupé par Greip. Elle semblait connaître l'histoire par cœur.
« Ma maman était la plus belle du monde, dit la petite Greip. Papa l'a rencontrée dans ton monde. C'était une esclave, mais elle était très très très gentille. Quand il est arrivé, un grand Monsieur Borgne voulait l'emporter ! Alors Papa a dit au Monsieur qui voulait la vendre qu'il en offrirait le triple.
- Je sais tout cela, siffla Finwë en direction du géant.
- Au début, Maman ne voulait pas. Et puis Maman est tombée amoureuse de Papa !
- C'est impossible, gémit l'Alfe. Nous nous étions promis... Continue.
- Ben quoi ? Si, c'est possible ! Même que Maman était très heureuse. C'est ce que Papa nous a toujours raconté. Et puis un jour... La petite se rembrunit. Nous sommes nées, nous étions belles. C'est ce que Maman disait. Puis elle est tombée gravement malade. »
Le géant baissa la tête, au fur et à mesure que les mots s'écoulaient de sa bouche. La fillette avait du mal, elle aussi. Mais elle continuait, la mine boudeuse.
« Maman est morte il y a des années maintenant. Elle voulait... Elle voulait que son esprit retourne à sa terre natale. Alors Papa a ramené sa tête, car il voulait que son cœur reste avec nous. Elle est enterrée dans notre maison.
- Elle est ici ? Demanda Finwë, plein d'espoir.
- Non, non. Maman ne croyait pas en Hel. Alors elle est restée chez elle. Et quand nous sommes tous les trois morts, nous sommes venus ici. Madame Hel a été très gentille avec nous. Elle nous a donné cette maison, car elle a pensé que nous la méritions. »
Greip descendit des genoux de son père, et appela sa sœur pour lui prendre la main. Finwë comprit que la petite se nommait Gjálp, et qu'elle ressemblait bien plus à sa mère. Même joues creusées, mêmes mains un peu trop petites pour sa taille. Elle lui sourit timidement, et une de ses dents menaçait de tomber.
« Comment... Comment êtes vous mortes ? Et ton père ? Comment est il mort ? Demanda Finwë.
- C'est la faute de Loki, Monsieur. Le vilain dieu Loki. »
L'Alfe manqua de s'étouffer. Loki, le dieu qui l'avait sauvé au péril de sa propre vie ? C'était impossible. Tout bonnement impossible. Il serra les poings, il voulait partir et ne plus les écouter. Plus jamais. Mais la curiosité était trop forte. Finwë porta la main à sa dague, mais un regard du géant l'en dissuada.
« Trois ans après la mort de Maman, Papa avait remarqué un faucon qui survolait notre maison. C'était bizarre, il n'y avait pas de faucon à Jötunheim. Alors Papa lui a tendu un piège ! Il l'a attrapé. Et en réalité, c'était un dieu. Et Papa l'avait reconnu, le dieu Loki. Et il savait qui était son frère ! Thor, le tueur de géants des glaces ! »
A l'évocation du nom de Thor, les géants frissonnèrent. Finwë connaissait vaguement ce nom, évoqué par l'humain qui l'avait secouru. Il ravala sa salive et sa colère, et demanda la suite. Ses ongles s'étaient enfoncés dans la chair déjà abîmée de ses cuisses.
« Loki était quelqu'un de mauvais, Papa l'avait toujours su. Alors, pour se débarrasser des deux menaces qui voulaient la fin de Jötunheim, Papa a fait venir Thor, en utilisant Loki. C'était la seule façon d'assurer la paix, tuer nos prédateurs. Alors... Loki accepta de mener Thor à notre demeure. Libéré de ses engagements, Loki s'est sauvé.
- Il a préféré sauver sa peau, ajouta Gjálp.
- Oui. Mais c'est moi qui raconte ! Les affaires des grands, c'est pas notre truc. Alors quand Thor est entré dans notre maison, nous les avons laissés.
- Et Loki ? Murmura Finwë en posant son front sur ses poings.
- Il n'est jamais revenu. Et puis Thor, oh ce dieu ! Couina Greip. Papa disait qu'il était dangereux. Alors quand on l'a vu s'asseoir sur le fauteuil préféré de Maman, on a voulu qu'il parte. Alors... On a été un peu bêtes. »
Le géant passa ses mains sur la tête de ses deux filles, dans un geste réconfortant. Finwë détourna les yeux, brouillés par quelques larmes. Loki ne lui avait jamais parlé de ça. Ou alors il ne savait pas. Il regarda à nouveau les deux fillettes. Elles ressemblaient tellement à celle qu'il avait pu aimer. C'était elle qu'il voyait dans leurs yeux, leurs motifs. Ses dents se serrèrent. Il savait qu'il les aimerait, elles aussi.
« Alors on a soulevé la chaise, pour le faire partir. Il a piqué une grande lance dans le plafond. Il a poussé si fort que la chaise nous est retombée dessus.
- Et CRACK ! Cria Gjálp. Elle nous est tombée sur le dos. Cassé net ! On a tout juste eu le temps de crier, puis nous sommes parties. Papa est arrivé après. »
Finwë se tourna vers le géant, qui avait le regard perdu dans le vide. L'Alfe se mordit la lèvre, avant de tendre ses bras vers les deux fillettes. Elles avancèrent sans la moindre méfiance, et il les serra tout contre lui. Leurs cheveux sentaient comme ceux de sa compagne. Il inspira, doucement, à la naissance de leur cou.
« Quel est le nom de votre père ?
- Geirröd, Monsieur ! Répondirent les fillettes à l'unisson.
- Dites lui que je suis désolé pour tout ce qui est arrivé. Puis-je rester un moment ? »
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Tony tenta maladroitement de retrouver l'équilibre, mais c'était un fait, il était épuisé. Il avait faim, mais aucune nourriture ne passait. Il se dit alors que c'était l'influence de Hel. Il fit un dernier tour au dessus de la grande place circulaire bordée d'immeubles, avant de rejoindre Loki, qui attendait plus bas.
« Stark si tu ne remontes pas tout de suite je jure sur la tête des neuf mondes que je vais te faire rôtir ici même !
- Du calme Reindeer Games.
- Je n'ai aucune raison de me calmer. Aucune. Alors fais ton travail.
- Un travail implique d'être payé, gronda Tony en relevant sa visière. Finwë ne risque strictement rien ici. Il explore, c'est tout. »
Tony continua à pied, tout en scrutant la brume plus qu'inquiétante. Il n'y avait toujours personne dehors, mais il pouvait distinguer de nombreuses ombres à travers les fenêtres des immeubles. Il y avait de tout, et c'était étrange de constater toutes les espèces présentes. Ils ne sortaient jamais ? Alors pourquoi créer de si belles places de circulation ? Tony ne comprenait pas. Il se tourna vers Loki, qui avait posé une main au sol. De courtes ondes vertes mettaient le sol en mouvement tout autour de lui, avant de s'arrêter comme elles étaient venues.
« Je... Je ne comprends pas. Je sens sa présence, mais c'est comme si il refusait qu'on le retrouve.
- Alors laissons le où il est, dit froidement Tony. S'il a trouvé un semblable, alors il faut le laisser.
- Non, non... Murmura Loki.
- Mais qu'est-ce qui va pas dans ta foutue tête ? »
Le coup de poing dans sa mâchoire lui coupa le souffle, et Tony s'écroula contre une étrange statue représentant une femme âgée. Il tenta de se redresser, mais un second coup écrasa son œil droit. L'humain grimaça, mais il réalisa qu'il n'avait pas vraiment mal. Quoi qu'il était en train de faire, Loki n'y mettait pas toutes ses forces. Cependant, Tony brandit son poing en avant, et la tête d'un petit missile s'extirpa de son poignet.
« Je peux pas t'exploser le crâne sous le nez de ta fille, mais sache que l'envie est forte. »
Loki recula, la tête basse. Tony baissa les bras à son tour, avant de se radoucir. Le dieu avait l'air d'un gamin en manque d'attention. En un sens, Loki ressemblait au Tony Stark de dix ans. L'humain soupira, avant de se préparer à reprendre son envol.
« Je vais le retrouver, assura Tony.
- Attends.
- Tu as changé d'avis ?
- Tu as raison. Nous l'avons enlevé de son monde natal, alors s'il trouve quelqu'un ici... Laissons le un moment, dit Loki en tournant le dos à l'Iron Man. Ce monde a énormément à nous offrir, alors marchons. »
Ce brusque changement de comportement rappela à Tony à quel point le dieu était parfaitement imprévisible. Alors, ils marchèrent. La place était constituée de nombreuses statues sur son tour, et un bassin en son centre abritait une eau aussi noire que de l'encre. Tony fut surpris d'y voir quelques remous causés par des poissons. Ils s'échappèrent bien vite, s'enfonçant dans les profondeurs du bassin. Les deux hommes continuèrent leur route entre les buildings, en silence. Le sol était gravé de nombreuses runes, et Loki s'appliquait à les déchiffrer avec quelques difficultés. Un croisement leur indiqua qu'ils avait assez avancé, et ils se décidèrent à rebrousser chemin. A leur grande surprise, le logement qui les abritait n'était qu'à quelques mètres d'eux.
« C'est quoi ce délire ? Grogna Tony.
- La magie, tout simplement. Tout s'ordonne, tout s'arrange, selon la volonté de la Reine des lieux.
- Rien ne se créé, rien ne se perd, tout se transforme ?
- Qui a dit cela ?
- Un Humain rudement calé.
- Il a parfaitement compris. Sa magie assemble les éléments selon sa volonté, et selon nos besoin. C'est pour cela que nos cœurs ne battent pas ici. Le sang se déplace directement sans avoir à être poussé. Il en est de même pour l'oxygène avalé par nos poumons, ou les besoins en nourriture.
- Je tuerai pour un steak avec des frites.
- Et moi une cuisse de brebis. »
Tony éclata de rire, l'image d'un Loki déguisé en barbare avec la patte de l'animal entre les mains avait quelque chose d'irrésistible. Le dieu n'avait définitivement pas la carrure d'un vaillant viking, contrairement à son frère.
« Un verre ? Demanda Stark.
- Tu vas finir par m'y donner goût. Il n'y a pas d'alcool ici.
- Mais y'a moyen d'en créer non ? C'est de la chimie de base, ce serait facile pour toi. Tu réarranges deux-trois molécule et zou. Je vais devenir fou si je n'ai pas une bouteille dans les mains.
- L'alcoolisme n'est pas une bonne chose.
- La sobriété non plus. La preuve, ça me met les nerfs. Au moins Freyr avait de quoi boire.
- J'accepte à une condition, dit Loki avec un air de malice. J'aimerai que nous visitions ce monde. Après tout, nous avons une chance unique.
- Vendu. On commence quand ? »
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Pepper valida le code d'accès à la Tour Stark. Elle y était arrivée seule, et la voix de JARVIS la salua avec politesse. Au moins ce contact la rassura, et elle se mit à gravir la volée de marche qui la séparait du cinquième étage. Cet étage abritait un ascenseur, inaccessible autrement. Ce dernier s'enfonçait dans les boyaux de New York, et menait à un réseau de galeries qui pourraient perdre n'importe qui.
« JARVIS, guide moi jusqu'aux réserves. »
Une ligne bleue lumineuse s'illumina sur le sol, pour guider Pepper. Elle suivit scrupuleusement ce fil d'Arianne, avant de déverrouiller une porte blindée. La salle ainsi dévoilée comportait assez d'armes et de munitions pour faire tomber n'importe quel gouvernement. Tout ce que l'industrie de Stark avait pu produire de meilleur ou de pire était là, entreposé six pieds sous terre. Un frisson agita son dos, mais au moins tout avait l'air en état de marche.
« Pepper ? »
La jeune femme se retourna brusquement. Heureusement, ce n'était que Bruce, qui l'avait rejointe ici.
« Comment savais tu ?
- JARVIS m'a enregistré comme étant un utilisateur. Je lui ai demandé de me montrer où tu étais.
- Ne dis à personne ce que tu as vu.
- Promis. Pourquoi... ?
- Si des Avengers viennent ici, il va falloir les armer, et les préparer. Il y a assez de nourriture, d'armes et de lits pour gérer une petite armée. »
Pepper avait l'air habitée par une détermination infaillible. Bruce la contemplait, admiratif. Cette femme avait quelque chose de différent des autres. Autoritaire quand il le fallait, forte, intelligente. Belle. Courageuse. Bruce réalisa amèrement que Pepper avait quelque chose qui l'attirait. Leurs regards se perdirent un moment, avant de se ressaisir.
« Il y a aussi de quoi renouveler l'air et l'eau. En clair nous pouvons subir un siège ici.
- Ou nous entraîner en toute discrétion sans avoir à remonter à la surface.
- Exactement, murmura Pepper. Bruce on doit organiser la résistance et je... »
Ses lèvres se retrouvèrent fermées par celles de Bruce. Le contact ne dura que quelques secondes, suffisantes pour faire perdre toute notion du temps à Pepper. Depuis combien de temps Tony ne l'avait pas embrassée ainsi ? Une éternité, sans doute. Peut être même plus. Bruce attrapa doucement le menton de Pepper entre ses doigts, et posa son front contre le sien.
« Mets ça sur le compte de toute la pression qui s'est accumulée, souffla Bruce comme une demande de pardon.
- Je... Oui. Bien. »
Pepper regarda Bruce une dernière fois, avant de lui tourner le dos. Elle s'engouffra dans l'armurerie, avant de prendre un pistolet. Elle le glissa dans une boucle de ceinture, avant d'en lancer un à l'autre. Il l'attrapa de justesse, et le glissa dans sa poche arrière.
« Le SHIELD ne nous fournira plus.
- J'avais cru comprendre, articula faiblement Bruce. Je ne peux pas me transformer ici, je risquerai de tout détruire. Alors je dois m'entraîner autrement.
- Il y a des salles de tir, et Tony connaît quelques professeurs d'arts martiaux. JARVIS n'aura qu'à les faire venir.
- C'est une bonne idée.
- Laisse moi seule s'il te plaît. »
Bruce ne chercha même pas à répliquer, et il laissa Pepper. La jeune femme se laissa tomber à genoux. Elle ne savait plus quoi faire. Tony, son Tony, était parti bien loin. Peut-être qu'il était déjà mort, elle n'en savait rien. Et c'était cette absence d'informations qui la rendait folle. Elle ne pouvait pas abandonner les recherches, pas comme ça. Elle se mordit violemment la lèvre, avant de triturer nerveusement un réservoir de balles paralysantes. Elle ne pouvait se résigner à l'abandonner. Elle ne pouvait se résigner à s'abandonner.
« JARVIS, tu as vu ?
- Oui.
- N'informe pas Tony quand il reviendra. J'aimerai que tu supprimes tous les événements de cette journée. »
L'IA ne répondit pas, mais un bip sonore l'informa que sa demande avait été exécutée. Pepper serra les poings avant de remonter à la surface.
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Tony s'affala sur le canapé de sa demeure. Il s'affaissa sous son poids, mais au moins il était là. Loki avait testé différents mélanges.
« Je te pensais plus doué.
- Je te pensais plus facile à saouler.
- La première fois que tu es venu me voir, là en costume de canon... Tu m'as fait boire un truc.
- De l'Or d'Asgard.
- Attends tu m'as fait boire de l'or ?
- L'Or d'Asgard rend les hommes fous, c'est un fait comme un autre. Un peu de ma magie également. Mais c'était trop facile. Tu étais faible, vulnérable.
- Encore heureux que c'était pas de la LSD.
- Pardon ?
- Rien. Je n'ai jamais su... Ce qui s'était passé ce soir là. Une vidéo, vite fait. Mais avec tes tours de magie, je n'ai rien vu. Et je ne me souviens pas. »
Loki leva les yeux au ciel, et il apporta un nouveau verre à Tony, cette fois remplit d'un liquide ambré. Il avait une consistance étrange, à la limite de celle de l'huile. Mais l'humain ne s'en formalisa pas, et l'avala d'un trait. Il grimaça, sous l'œil attentif du dieu.
« Raconte moi ce qu'il s'est passé.
- Dans l'ordre ou dois-je t'éviter le plus humiliant ?
- Fais ton office, bourreau.
- Quand nous sommes sortis, tout le monde te regardait. C'était embarrassant, alors je me suis chargé de nous transformer tous les deux. Tu étais atrocement malade... Et j'en ai profité pour te faire appeler trois de tes banques. Une fois cela fait, je t'ai laissé là, adossé à une poubelle. J'allais partir quand tu m'as appelé. Tu as beuglé mon nom dans une rue déserte. Alors je me suis arrêté. Tu as commencé à m'insulter. Copieusement. Je suis parti.
- Ne mens pas, dit Tony en observant le fond de son verre.
- Laisse moi terminer. Puis j'ai entendu des rires, gras, immondes, ceux d'humains aussi alcoolisés que toi. Quand je suis revenu sur mes pas, trois hommes étaient en train de te frapper, et puis ils pointaient un curieux dispositif vers toi. A nouveau ils riaient.
- Oh les petits bran... Attends ils me frappaient ? Mais je n'avais aucune trace.
- J'ai fait disparaître les problèmes et leurs conséquences. Puis je t'ai ramené chez toi.
- Pourquoi ? S'étonna Tony. Tu avais ton argent.
- Car je suis un dieu qui aime les complications. Tu avais du sang sur tes vêtements, alors je me suis chargé de te les retirer. Tu avais dû vomir dessus, ou alors ces humains idiots. Tu sais tout. »
Tony resta un moment bouche bée, avant de réclamer un autre verre de cet étrange breuvage. Il l'avala avec plus de facilités cette fois. Loki était doué, il devait bien se l'avouer. Le dieu s'installa à son tour, et plongea son regard dans l'immense fenêtre. La ville était belle, en dessous de lui. Il se demanda un instant s'il allait rester là. Le silence était devenu pesant, presque autant que celui subit durant leur emprisonnement.
« Tu crois que Surt va venir ici ?
- Non, dit Loki. Il ne viendra pas ici. Vois-tu, Hel possède toute une armée. Des âmes mortes depuis bien trop longtemps pour que quiconque s'en souvienne. Des soldats qui n'ont rien à perdre, mais tout à gagner. Surt n'osera pas s'y frotter.
- Je te crois sur parole. A notre paix toute relative ! »
Tony leva son verre en l'air, et celui de Loki le frappa avec un léger tintement. La boisson leur brûla la gorge, mais ils ne s'en formalisèrent pas. Après tout, il n'y avait pas de témoin. Ils passèrent ainsi des heures à boire, les effets de l'alcool s'évaporant toujours très vite, si bien que leurs démarches respectives étaient approximativement droites. Parfois, l'un ou l'autre se mettait à rire, pour une raison futile. C'était tout ce qui comptait. Tony posa son regard sur Loki. Il avait l'air étrangement calme et serein, et l'humain ne l'avait jamais vu si détendu. Peut être car il se sentait en parfaite sécurité ici ? Tony n'aurait pas su le dire.
« On partira d'ici ? Demanda Tony, en sirotant un énième verre.
- J'aimerai rester dans ce monde, pour veiller sur ma fille, et cacher l'épée.
- A ce propos, elle est venue me parler. J'étais un peu à poil, donc je n'ai pas vraiment su répondre.
- Un peu ?
- Complètement. Elle m'a proposé de détruire l'épée. Et je lui ai dit de s'adresser à toi, car je ne pouvais pas décider tout seul.
- Tu as bien fait. L'épée ne doit pas être détruite. C'est impensable.
- Tu comptes t'embarquer ? Grommela Tony en fusillant Loki du regard. Je ne l'ai pas testée pour que tu t'en serves sur un champ de bataille.
- Non. Vois tu Stark, toute chose possède quelque chose capable de la détruire. Le feu assassine les cultures, les cultures dévorent l'eau et l'eau étrangle le feu. Il en va de même pour les mondes. Chacun possède un opposé capable de le détruire. Midgard fait preuve de beaucoup de ténacité. Le numéro impair dans des mondes parfaitement organisés.
- Qu'est ce qui détruit la Terre alors ?
- Cette épée. C'est pour cela que je dois la conserver. Si cette possibilité de destruction n'existait pas, alors les mondes perdraient la raison. Il n'y a rien de pire qu'un système déséquilibré. Ne me regarde pas ainsi Stark, je ne compte pas l'utiliser. Mais le fait que cette épée existe, qu'elle soit capable de raser Midgard, est une garantie d'équilibre. »
Tony hocha la tête, mâchant les mots avec précautions, pour être certain de tous les comprendre. Loki était en possession de l'épée, et il serait impossible de la lui reprendre. Sa vue se troubla un instant, avant de redevenir parfaitement nette. Les effets de l'alcool partaient, alors il buvait encore et encore. Loki l'imitait, mais lui, il était conscient de tout ce qui se disait. Tony s'allongea un peu mieux. Cette demeure était si étrange... Il secoua doucement sa tête. Après tout, l'humain n'était pas dans son monde, alors il devait s'adapter et survivre.
« Tu crois qu'elle pourra me fournir de quoi bricoler ?
- Sans aucun doute, dit Loki en rivant son regard sur l'armure de l'Iron Man, posée dans un coin de la pièce. Explique lui convenablement, et je pense qu'elle pourra t'offrir ce qu'il faut.
- J'aimerai améliorer mon armure.
- Je la pensais fonctionnelle.
- Pas ici, ou rien ne peut mourir ou être blessé. Il me faut de quoi immobiliser, pas tuer. »
Loki fronça les sourcils, Stark avait parfaitement raison. Ses lèvres s'étirèrent en un large sourire. Il leva deux doigts, et aussitôt un fin lacet rouge s'enroula autour de ses doigts, s'extirpant de son poignets comme une veine. L'humain le dévisagea, amusé.
« Quelque chose dans ce style là, ouais. On t'a déjà dit que tu ferais un bon SpiderMan ?
- Qui est-ce ?
- Un gamin franchement cool avec un répertoire de blagues encore plus nazes que les miennes. »
Loki pouffa silencieusement, et il pointa sa main en direction de Tony. Le fil s'allongea, jusqu'à toucher la cheville de l'humain. Il l'enserra comme un serpent l'aurait fait, avant de se lier à son autre pied. D'un mouvement sec, Loki tira sur le fil, faisant grogner Stark au passage.
« Quelque chose dans ce genre là ? Demanda Loki, tout en faisant remonter le fil.
- Par exemple, mais je doute que je puisse l'adapter.
- Essaye de bouger ? »
Tony s'exécuta, en tentant d'écarter ses chevilles. Il cria, en constatant que le fil l'avait brûlé avec une force insoupçonnée. Il avait pourtant l'air si fragile. Rapidement, sa taille et sa poitrine se retrouvèrent compressées dans une étreinte désagréable. Puis, son cou subit le même sort, faisant jouer la pomme d'Adam sous la peau de Tony. Il déglutit difficilement, et il tourna ses yeux vers Loki. Ce dernier avait les jambes croisées sur son fauteuil, et son expression glacée indiqua à Tony que le dieu était furieux, pour des raisons qu'il ignorait.
« Loki, murmura Tony. Loki arrête !
- Je croirais entendre mon frère. Je n'aime pas cela. »
Le lien se fit plus épais, guidé par les doigts de Loki. C'était un jeu, pour lui. Mais le dieu n'avait pas envie d'arrêter. Alors, le fil rouge se glissa contre la bouche de Tony, le forçant à se taire. Il tenta de se débattre, mais c'était parfaitement inutile.
« Les gens sentent la douleur ici. N'est-ce pas une arme idéale ?
- He 'ou'rais 'y 'oir. 'Nnard.
- J'ai bien fait de te museler, tu apprendras à surveiller ton langage. Une seule insanité devant ma fille, et je t'arrache la langue. J'ai trouvé ton arme. Maintenant il suffit de la mettre en place. »
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Finwë gravit lentement les marches qui menaient aux appartements de l'humain. Il lui dirait d'abord, et puis au dieu. Greip et Gjalp méritaient qu'il reste là pour veiller sur elle. Mais pire encore, il se disait qu'il ne pourrait jamais lui pardonner ce qui était arrivé aux deux fillettes. C'était hypocrite, il le savait. Il avait été responsable du massacre de ses semblables, et ce traumatisme allait certainement le hanter jusqu'à la fin de ses jours. Il pressa une main sur son cœur, et il entra, plus décidé que jamais. Ce qu'il découvrit l'étonna dans un premier temps. Il y avait des dizaines de bouteilles alignées, une forte odeur d'alcool et les deux Hommes étaient installés dans des canapés. Mais, ce qui le choqua le plus, ce n'était pas l'Humain attaché comme une vulgaire viande à sécher. C'était le regard de Loki, qui avait l'air de s'amuser. Quand enfin ils remarquèrent la présence de l'Alfe, le dieu relâcha immédiatement son emprise.
« Tu es revenu ! Dit Loki dans la langue de l'Alfe. Je suis heureux que tu ne te sois pas perdu.
- Enclenche la traduction, grommela Tony.
- Tais toi. Où étais-tu ? »
Finwë ne répondit pas. Pour lui, Loki avait été un héros. Son héros. Pas ce monstre capable de mener les filles de son amour à l'abattoir. L'Alfe leur tourna le dos, avant de s'installer sur le dossier d'un fauteuil. Il garda longuement l'équilibre avant de se laisser tomber dans les coussins. Tony le dévisagea un instant, avant de détourner les yeux.
« Il s'est passé quelque chose ? Demanda Loki.
- J'ai rencontré... Comment pardonner ? »
Le dieu posa ses mains sur le front de Finwë. Ses pensées se bousculèrent dans la paume de sa main, hésitantes et puissantes à la fois. Il voyait le visage d'une femme, de deux fillettes. Toute l'histoire défilait devant les yeux de Loki. Enfin, il comprit.
« Si j'avais su ce que ces filles valaient pour toi... Jamais je n'aurais envoyé mon frère.
- Mais on va me dire ce qui se passe ? »
Un violent coup dans le bas ventre plia Tony en deux, projeté par la magie de Loki. Ce dernier se mit à genoux devant l'Alfe.
« Je ne peux les ranimer. Le pardon tu devras le trouver dans ton cœur. Mais je ne peux pas t'en vouloir si tu ne trouves que de l'amertume et de la colère.
- J'ai détesté un homme si longtemps.
- Je sais, murmura Loki. C'est moi que tu aurais dû détester.
- Ce n'est pas moi qui doit accorder le pardon, mais lui. »
Loki acquiesça doucement. L'Alfe avait l'air malheureux, rongé entre deux désirs. Tony se redressa enfin, le souffle court.
« Ok ok je vais me taire, siffla Tony. Mais merde c'était pas loyal ça !
- Nous avons d'autres problèmes à gérer, Stark. Mets ton armure, nous allons devoir rendre visite à quelqu'un. »
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Tony, Loki et Finwë marchaient à un rythme lent. Aucun n'osait piper mot. Et pourtant, quelque chose d'étrange circulait dans cette ville fantôme. Une sorte de grouillement invisible, parfois un frôlement tellement furtif que personne n'était certain qu'il soit réel ou non.
« Un peu de compagnie Messieurs ? »
Un petit « pop » sonore força le trio à se retourner. Hel se tenait là, dans une élégante robe rouge. Sa peau semblait plus foncée, et ses cheveux plus courts. Elle sourit à son père, avant de prendre la main de Finwë. Elle la balança un moment, avant de se mettre à marcher sans le lâcher. L'Alfe suivit docilement. Une divinité de la mort tenant la main de la déesse des enfers. Cette vision avait quelque chose de terriblement beau aux yeux de Loki.
« Hel, sommes nous seuls dans ces rues ?
- Vous ne voyez pas le monde qui se marche sur les pieds ? S'étonna Hel.
- Depuis que nous sommes ici, nous n'avons croisé personne. »
Hel haussa un sourcil, avant de claquer des doigts. Aussitôt, des colonnes de flammes bleutées se dressèrent tout autour d'eux, révélant des silhouettes aux allures fantomatiques. Elles discutaient entre elles, riaient, criaient. On aurait pu se croire dans une rue bondée de Midgard.
« Ils peuvent nous voir ? Demanda Tony en tentant de suivre une étrange bestiole.
- Dans votre intérêt, non. Où allez vous ? »
Loki marqua un arrêt, avant de croiser les bras. Il se mordit les lèvres à plusieurs reprises.
« J'ai un pardon à demander.
- Tu penses l'obtenir ?
- J'aimerai que tu m'accordes une faveur, si ce n'est pas le cas. »
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Pepper se demanda un instant si elle ne rêvait pas. Le hall de la tour Stark était littéralement bondé de monde. Des femmes, des hommes, tous taillés pour le combat... Ou presque. Pepper haussa un sourcil songeur en voyant passer devant elle une femme munie d'une queue d'écureuil et d'oreilles rousses.
« Ils ont répondu ! Dit Bruce perdu dans la masse. Plus de cinquante personnes sont venues ! »
Pepper sentit un vague sentiment de chaleur dans sa poitrine. Avec tous ces Vengeurs, il serait possible de protéger la population.
« Bonjour, dit une femme aux longs cheveux blonds. Je suis le Docteur Barbara Morse.
- En... Enchantée, bredouilla Pepper. Merci d'être venue. »
Barbara hocha la tête, avant de retourner avec les autres. Elle avait une allure étrange, sur la défensive. Pepper fut soulagée de reconnaître Clint Barton, avec qui elle discutait. Au moins, elle n'était plus seule. Bruce les salua également, avant de retourner vers Pepper.
« C'est du bon travail, dit pensivement Pepper. Il va falloir les former.
- Pas le temps. J'ai branché l'algorithme de détection sur JARVIS, et il a détecté une anomalie à trois kilomètres d'ici. »
Le mot de l'auteur : Un nouveau chapitre, avec quelques enjeux "nouveaux". C'est un peu la résolution du cas Pepper, et j'en suis soulagée. Pour l'histoire des deux géantes, l'histoire est partiellement "vraie". Seule la parenté avec l'Alfe femelle est une invention de ma part. Vous aurez sans doute reconnu (ou pas !) Squirrel Girl et l'Oiseau Moqueur, tous les deux des Avengers ! L'épreuve du feu arrive pour nos héros. Si vous avez des questions, faites le moi savoir.
J'annonce également une COURTE pause de la fic, en effet il n'y aura pas de chapitre pendant deux semaines. La raison ? J'ai très envie de terminer quelques OS en suspend. La liste des réjouissances :
- Le second chapitre des Cinq synonymes du rêve, une fic Hannigram rating M.
- Un nouvel OS de Merry Kiss My Asgard, une fic IronFrost rating M.
- Un OS nommé "Juste une fois", une fic SpideyPool rating T.
- Un nouveau chapitre du Cambrioleur du 221B
A très bientôt, laissez moi vos reviews !