Titre: Non-dits.
Auteur: Eiji Haruna.
Disclaimer: Personnages appartenant à Kazue Kato.
Genre: Romance.
Couple: RinxYukio.
Rated: MA.
Yukio ne savait pas quoi faire. Il se passa la main sur la nuque dans le but de se décrisper un minimum et observa le garçon recroquevillé devant sa porte. En rentrant il avait en effet eu la surprise de tomber sur son frère qui semblait s'être endormi sur place. Il s'approcha à pas de loup et jura intérieurement en remarquant qu'il ne pourrait jamais pénétrer chez lui sans réveiller son aîné.
La surprise passée de le trouver là, il se torturait désormais l'esprit. Devait-il renvoyer froidement Rin où pouvait-il profiter d'une légère trêve ? Il ne l'avait pas vu depuis si longtemps que la seule idée de le blesser une fois encore lui paraissait insupportable. Il s'agenouilla devant le garçon et écouta quelques instants la respiration régulière qui s'élevait faiblement dans le couloir. Il resta planté un bon moment à scruter avec attention le corps inerte devant lui avant de se décider. Il leva la main, marqua un temps d'hésitation, puis la rabaissa. Il se releva dans un soupir et s'écarta d'un bon mètre.
- Rin ? Dit-il.
Voyant que le concerné ne réagissait pas, il réitéra son appel légèrement plus fort. Il recommença une dernière fois et vit enfin le garçon se mouvoir sur le sol. Il le regarda s'étirer doucement avant qu'il ne remarque son regard désormais fixé sur lui. Rin se leva d'un bond à la vue de son cadet et lui lança dans un sourire embarrassé :
- Salut.
Son jumeau lui répondit avec neutralité avant de se déplacer jusqu'à la porte dans le but de l'ouvrir.
- Comment est-ce que ça va ?
- Ça va, pourquoi es-tu ici ?
- J'ai appris pour ta mise à pied.
Yukio soupira doucement tout en pénétrant dans son appartement. Il n'invita pas son frère à entrer persuadé que celui-ci le suivrait et fut surpris en remarquant qu'il n'en était rien. Il se retourna et demanda avec incompréhension :
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Comment ça ?
- Pourquoi est-ce que tu ne rentres pas ?
Rin aurait voulu demander s'il en avait le droit cependant la crainte que son frère refuse le décida à passer outre son autorisation. Il avança alors derrière lui et découvrit l'appartement de son cadet.
- Notre appartement est mieux, lâcha-t-il innocemment.
Yukio ne releva pas et déposa sa veste sur l'une des chaises présentes près de lui. Tournant le dos à son frère, il retint son souffle voulant se contenir un maximum et notant le silence désormais présent interrogea avec indifférence :
- Je répète ma question parce que je crois que tu ne m'as pas compris, pourquoi est-ce que tu es ici ?
- Je voulais savoir comment tu allais.
- Je vais bien comme tu peux le voir alors tu peux t'en aller.
Rin observait avec peine le dos de son frère. Il ne s'attendait évidemment pas à ce qu'il lui tombe dans les bras mais il aurait tout de même pu être un minimum aimable avec lui et ne pas chercher à le mettre à la porte à tout prix. Quoique, il devait peut-être se contenter de l'avoir vu et ne pas espérer davantage. Mais serait-ce toujours ainsi entre eux ? Devait-il réellement se satisfaire de l'avoir vu deux minutes et d'avoir pu échanger quelques paroles avec lui ? Peu importe la réponse de toute façon, il s'en savait incapable.
- Tu me manques.
Il avait essayé de parler d'une voix ferme cependant la rancœur qu'il ressentait désormais à l'égard de son jumeau l'en avait empêché. Il s'était ainsi exprimé d'un simple murmure de sorte qu'il doutait même d'avoir été entendu par l'autre.
- Tu me manques bordel, répéta-t-il plus fort.
Seul le silence lui répondit, une fois de plus. Rin la gorge nouée engloutit la distance qui les séparait et en saisissant son frère par l'épaule, le retourna violemment.
- Tu entends merde ?!
Il sentit son frère tressaillir et réalisant la brusquerie de son comportement voulu relâcher sa prise toutefois il n'en eut la possibilité. Il était en effet tombé sur le regard de son cadet désormais embué de larmes et n'avait pu s'en détourner. Lorsque Yukio vit son alter ego écarquiller les yeux avec stupeur, n'ayant effectivement nullement l'habitude de le voir pleurer, il s'écarta vivement et se cacha le visage de ses mains. Rin resta quelques instants figé sur place à observer son frère perdre le contrôle comme rarement dans sa vie. Il réagit finalement et tenta d'enserrer son jumeau dans ses bras qui ne se laissa toutefois pas faire. Celui-ci le repoussa violemment et s'écria les gouttes salines souillant toujours ses joues :
- Ne me touche pas.
L'aîné se crispa et serra les poings à s'en blanchir les jointures.
- Je te dégoûte à ce point c'est ça ? Un simple contact avec moi c'est trop ?
- Tais-toi, tu ne sais pas ce que tu dis, cracha l'autre.
- Alors quoi ? C'est quoi ton problème avec moi ?
- Va-t'en, lâcha Yukio dans un hoquet.
- Non.
- Non ? Répéta-t-il.
- Je veux que tu m'expliques, je ne comprends rien à ton comportement. Je sais que plus jeune on a eu des différents mais je croyais que c'était réglé tout ça. Pour moi ça l'était en tout cas mais alors pourquoi est-ce que tu es parti ? Pourquoi est-ce que tu m'as dégagé sans aucune explication ?
Un léger silence précéda la déclaration du plus jeune.
- Si tu n'avais pas été là, je ne me serais pas énervé et j'aurais donc pu rester concentré, me permettant de repérer le démon.
- Ne te fous pas de gueule, s'énerva Rin. Tu as commencé à t'éloigner bien avant ça et je ne vois même pas pourquoi tu en reparles, ça va faire un an maintenant.
- Parce que ça illustre très bien ce que je veux dire. Tu as toujours été immature et égoïste, tu ne penses qu'à toi.
- Bien sûr, c'est toujours de ma faute de toute façon, quoique je fasse, rien n'est jamais assez bien pour toi.
- Mais évidemment, tu n'as rien à foutre parmi les exorcistes.
- Pardon ? Demanda Rin soudain calmé.
- Tu as très bien compris, tu ne sais pas écouter ce que l'on te dit et tu ne réagis qu'à l'instinct, tu n'as rien à faire parmi l'ordre des exorcistes.
L'ainé sentit sa gorge se nouer alors qu'il percevait bien le reproche dans le ton de l'autre.
- Si j'ai fait tout ça c'est pour toi, murmura-t-il.
- Pour moi ? Répéta l'autre. Tu ne me causes que des ennuis. A chaque fois que tu es dans les parages je n'arrive plus à réfléchir correctement et je foire ce que j'entreprends. Et je ne vois de toute façon pas en quoi le fait que tu sois toi-même exorciste me rapporte quoique ce soit.
- Tu ne comprends rien, tu n'as jamais rien compris de toute façon. J'ai étudié comme un malade pour être ton égal, pour que tu sois fier de moi. Pendant toutes ces années je voulais juste que tu me remarques, que tu me considères avec estime mais toi tu n'as jamais vu plus que le gamin en moi, tu n'as jamais essayé de connaître celui que je suis devenu.
Yukio ne répondit pas. Il se contentait d'observer son frère qui semblait désormais lui-même aux bords des larmes. De colère ou de tristesse, le cadet n'aurait pu le dire néanmoins il voyait très bien l'anéantissement de son vis-à-vis.
- Je ne savais pas, mais ça ne fait que confirmer mon idée, nous n'avons rien à faire ensemble.
- J'ai besoin de toi.
- Arrête, tu as plein d'amis qui tiennent à toi, qu'est-ce que je suis moi ? Juste un rabat-joie qui ne veut pas de toi dans sa vie.
Rin cru un instant que son cœur allait cesser de battre devant les paroles et surtout le ton qu'avait employé son jumeau.
- Tu veux savoir ce que tu es ? Souffla-t-il un sourire ironique sur les lèvres.
L'autre n'eut même pas le temps de répondre, il ne vit pas non plus les lèvres de son frère rejoindre avec force les siennes avant même qu'elles n'y soient. Il écarquilla les yeux en sentant la main de son aîné rejoindre sa nuque et s'y agripper. Il voulut un instant clore ses paupières et profiter de la langue brûlante de son aimé contre sa bouche mais se contint et plaqua ses mains sur le torse face à lui pour le repousser avec force. Rin ne résista pas et alors qu'il reculait d'un pas, il planta son regard dans celui indescriptible de son cadet.
- J'ai besoin de toi, répéta-t-il, plus que tu ne sembles l'imaginer.
- Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu as fait ça ?
- Ça me semble clair pourtant.
Yukio qui était pourtant toujours maître de lui-même et détestait perdre le contrôle ne put contenir les tremblements qui s'emparaient de son corps. Il voyait très bien l'intensité avec laquelle son frère le dévisageait et sentait encore le goût des lèvres avides contre les siennes. L'esprit complètement retourné, le cœur au bord de la syncope, il se laissa lentement choir au sol. Il avait peur de comprendre, il avait peur de réaliser ce que Rin essayait de lui dire, tant par le baiser que par ses orbes sombres qui ne cillaient pas.
- Je t'aime Yukio, je t'aime tellement que j'en deviens fou.
Le concerné enfouit sa tête dans ses genoux alors que des larmes recommençaient à parcourir ses joues. Ce qu'il entendait ne pouvait être vrai, il devait être en train de dormir, rien de plus. Il ne pouvait croire qu'il s'était mis à l'écart pendant tant de temps pour rien. Il avait cherché à éviter son frère le plus possible, il avait tenté de faire disparaître son désir d'inceste. Il s'était enfermé dans la solitude, il avait culpabilisé et s'était détesté d'avoir des pensées si malsaines. Et après tous ces efforts, après toute cette douleur qu'il avait affrontée seul, il réalisait que tout avait été vain et pire encore, qu'il s'agissait d'un incroyable gâchis.
Il frissonna en sentant la main de son frère s'apposer délicatement sur son épaule. Il redressa la tête et remarqua que Rin s'était accroupi pour le scruter avec tristesse.
- Je suis sincèrement désolé, pour tout. Tu avais raison je n'aurais jamais dû venir.
Comprenant que son aîné allait se relever, Yukio réagit d'instinct et s'agrippa avec force au t-shirt de son vis-à-vis. Celui-ci le dévisagea avec interrogation et laissa un hoquet de surprise lui échapper en sentant les lèvres de son cadet rejoindre les siennes avec empressement. Il voulut un instant demander une explication, un éclaircissement quant au brusque changement de comportement de son aimé mais s'abstint. Les bras qui s'accrochaient désespérément à lui, les lèvres ardentes et la langue affamée qui jouait désormais avec la sienne furent assez explicites. Le baiser s'intensifia rapidement. Tous deux ayant effectivement rêvés des années durant de cet échange, ne voulaient rompre pour rien au monde ce moment divin. Yukio se colla fortement à son jumeau et tout en lui saisissant la nuque d'une main, passa l'autre dans la chevelure ébène à sa portée. A bout de souffle et à contrecœur ils durent tout de même se séparer.
Rin écarta légèrement son visage de celui de son cadet et lui caressa tendrement la joue alors qu'il voyait ses yeux océans plantés sur lui. Aucune parole ne fut prononcée néanmoins ils se relancèrent dans le même temps et avec la même ardeur l'un contre l'autre. Leurs bouches se retrouvèrent avec impatience alors que Yukio renversait son frère en arrière. Il ôta habilement le manteau de son aîné et passa avec envie sa main sous le t-shirt gênant. Il avait l'impression que son cœur allait se décrocher de sa poitrine en sentant la peau délicate de Rin sous ses doigts. Tandis qu'il prenait le dessus de leur échange buccal, il ne put empêcher un grognement de désir naître entre eux au contact du sexe tendu au possible contre sa cuisse.
- Je te veux Rin, je te veux depuis tellement longtemps, chuchota-t-il presque douloureusement.
- Alors pourquoi ? Souffla l'autre.
Le cadet qui s'était mis à embrasser voracement la nuque offerte redressa la tête avec incompréhension.
- Pourquoi quoi ?
Rin leva lentement la main droite et non sans lâcher les orbes bleus de son frère, joua avec quelques mèches sombres. Il sembla hésiter un instant, comme s'il ne voulait risquer de briser la relation qui paraissait se créer entre son jumeau et lui pour cependant finir par demander :
- Pourquoi est-ce que tu n'es pas venu me voir à l'hôpital ? Et pourquoi lorsque je suis rentré tu m'as fui ? Non, corrigea-t-il, pourquoi me fuis-tu depuis notre adolescence ? Moi je t'aime et je n'ai jamais voulu te quitter ne serait-ce qu'une minute alors qu'est-ce que je dois comprendre de ton attitude ?
Yukio, toujours contre lui, le dévisagea avec peine avant qu'il ne se décide à se redresser. Quittant le corps de son aimé, il s'assit sur le sol près de lui et l'observa en faire de même. Il voyait bien dans les yeux onyx qui lui faisaient face une pointe d'impatience et soupira avant de commencer à s'exprimer.
- Avant je pensais que malgré les sentiments que j'avais pour toi, nous pouvions vivre ensemble. Bien sûr c'était frustrant et bien que j'essaye d'instaurer une certaine distance avec toi tu ne me facilitais pas la tâche. Et puis il y a eu l'accident de l'an dernier.
Un léger blanc ponctua ses paroles alors que le souvenir de son aîné ensanglanté laissait ses lèvres s'étirer en une grimace.
- J'ai vraiment cru que tu allais y rester, murmura-t-il comme si en parler pouvait de nouveau faire peser le danger fatal sur Rin. Il y avait tellement de sang, ça me semblait si irréel. Je suis parti parce que je ne voulais plus jamais avoir à vivre ça. En partant je voulais tout oublier, toi compris. Je voulais me détacher complètement de mes faiblesses.
- C'est toujours le cas ? Est-ce que demain nous repartirons chacun de notre côté ?
- Ne pose pas de question dont tu connais la réponse.
Rin qui avait retenu sa respiration d'appréhension poussa un léger soupir avant de se relever. Il s'éloigna de quelques pas devant l'œil interrogateur de son cadet et après quelques instants demanda un air faussement curieux peint sur le visage :
- Elle est par là ta chambre?
Yukio ne répondit pas immédiatement, se contentant de scruter son aimé ôter son t-shirt avec lenteur. Il se leva finalement, le rejoignit en deux enjambées et après lui avoir saisi la main, l'attira à sa suite. Il ouvrit la deuxième porte à droite et lui laissa découvrir la chambre peu meublée. Rin n'eut besoin que d'un regard pour faire le tour de la pièce quasiment vide et ne perdit pas une seconde pour rejoindre le lit. Il s'assit nonchalamment sur le bord et observa son frère toujours posté sur le seuil de la porte. Il tomba finalement sur son regard soucieux et ne put empêcher son cœur de s'accélérer lorsqu'il entendit la voix de son jumeau s'élever.
- Est-ce que tu penses vraiment que c'est une bonne chose ?
- Oui, souffla l'aîné.
- Et qu'est-ce que nous dirons aux autres ?
- Je m'en moque.
Yukio laissa un bref silence naître entre eux alors qu'il réfléchissait à toute allure. S'il cédait aujourd'hui, tous les sacrifices de ces dernières années n'auraient servi à rien. S'il cédait aujourd'hui, alors sa vie changerait du tout au tout. Il savait que s'il couchait avec son frère il ne serait plus jamais le même et qu'il ne pourrait plus changer d'avis. S'il goûtait aujourd'hui au plaisir d'être près de lui, jamais plus il ne pourrait s'en passer.
- Je m'en moque, reprit l'aîné. Tant que tu es avec moi je me fous du regard des autres, je me fous de ce qu'ils diront. Je me fous aussi que tu sois mon frère, j'ai besoin de toi Yukio alors s'il te plaît laisse-moi une chance.
Ces quelques phrases eurent raison de toutes les interrogations et mises en garde qui tournaient dans l'esprit du cadet. Il s'approcha lentement tout en baissant légèrement la tête et déclara avec sérieux :
- Je ne te considère pas comme mon frère, depuis plusieurs années déjà je ne te considère plus comme mon frère.
Il attendit quelques secondes puis remarquant le silence qui s'était de nouveau installé se redressa et dévisagea son aîné. Il haussa les sourcils en voyant la peine incommensurable qu'affichait le visage désormais pâle de son interlocuteur.
- Mais…mais c'est horrible ce que tu me dis, après tout ce qu'on a vécu ensemble. Comment…comment tu peux me dire ça ? Bredouilla celui-ci.
Comprenant finalement que Rin avait mal interprété ses dires, Yukio se rapprocha encore un peu, murmura un « c'est plutôt ça qui est horrible » et scella ses lèvres à celles de l'autre dans un court échange. S'écartant aussi vite qu'il s'était approché, il plongea ensuite ses yeux dans ceux perdus de son vis-à-vis et s'expliqua donc :
- Je n'arrive pas à te voir comme un frère Rin. Je t'aime et je te désir, lorsque tu es prêt de moi j'ai envie de te faire mien et de ne plus jamais te laisser fréquenter d'autre personne que moi. Voilà pourquoi je te dis que l'on ne peut pas travailler ensemble et voilà pourquoi je ne suis pas venu te voir à l'hôpital. Mis à part bien sûr le fait que tu sois un sale égoïste qui a failli me laisser tout seul en crevant connement. Mais plus sérieusement, je suis sincère dans ce que je te dis. J'ai essayé de ne plus t'aimer, comme j'ai essayé de voir d'autre personne mais il n'y a rien à faire, pour moi il n'y a que toi. M'être éloigné de toi a été la chose la plus difficile que j'ai eu à faire.
- Ça n'a rien d'horrible, chuchota l'autre.
- Qu'on le veuille ou non nous sommes frères.
- Que les autres le veuillent ou non nous nous aimons.
- Tu n'en démordras pas ?
- Jamais, je veux passer ma vie avec toi.
Yukio combla la distance les séparant encore et se stoppa ainsi juste devant son aîné. Il plaça ses mains sur le dessus de ses épaules et le repoussa en douceur sur le lit. Il monta à califourchon sur lui et haussa un sourcil en sentant de nouveau la bosse que formait le membre tendu de son frère. Il scruta le visage impatient de son frère et s'apprêtait à parler lorsqu'il sentit une tendre caresse sur sa joue. Il changea d'idée et se pencha pour lier ses lèvres à celles de son frère avec envie. Celui-ci ne perdit pas une seconde pour ouvrir la bouche et lancer sa langue à la rencontre de sa jumelle. Le baiser se fit premièrement lent, ils se redécouvraient en effet l'un l'autre avec émotion.
Rin passa l'une de ses mains dans les cheveux châtains de son cadet tandis que la seconde s'infiltrait avec timidité sous le t-shirt du garçon. Il caressa la peau tendre et si ardemment désirée et laissa Yukio mener l'échange buccal tandis qu'il griffait doucement le dos délicat. Il soupira une première fois en sentant les lèvres fines descendre dans son cou puis une seconde lorsque son cadet ôta avec sensualité son propre t-shirt. Celui-ci se jeta une nouvelle fois sur lui et attaqua voracement son torse nu.
Il lécha le ventre, mordilla les contours du nombril puis remonta lentement jusqu'à pouvoir suçoter les tétons rosées. Il se plut à écouter les soupirs de son aîné s'élever entre eux et lui infligea donc cette douce torture pendant plusieurs minutes. Le souffle chaud de Rin tout autant que sa respiration irrégulière échauffaient horriblement le cadet dont la main droite déboutonna avec adresse la braguette de son frère. Il relâcha les lèvres de son amant au moment précis où il se saisissait de son membre gonflé. Il sourit en entendant le gémissement de l'autre et se délecta du visage désormais rougi qui lui faisait face. Plus il augmentait le rythme établi sur le sexe, plus il voyait son frère se perdre dans le plaisir qu'il lui procurait. Sa transpiration désormais luisante sur son front, ses yeux désireux, ses mains qui s'agrippaient avec force aux draps, et surtout sa bouche entrouverte d'où s'échappaient des sons des plus érotiques, tout semblait pousser Yukio à bout.
- Je…Je vais…
Comprenant parfaitement la situation, le cadet n'eut à actionner que quelques coups de plus pour que l'autre jouisse dans sa main. Il ne rata pas le visage traversé de plaisir de son aimé qui semblait s'être totalement déconnecté du présent. Il observa quelques secondes le corps désormais tremblant de Rin avant de s'abaisser à son niveau et de sourire en remarquant l'air étourdit de celui-ci. Il lécha ses doigts souillés en attendant que l'autre ne reprenne part à la réalité et fut surpris lorsque la main de son frère vint retirer la sienne d'entre ses lèvres.
- Mets-les-moi.
Yukio déglutit devant le regard intense et pourtant brillant de son frère, et ne pensa même pas un instant à résister alors que l'aîné guidait ses doigts vers son intimité.
- Ton pantalon va gêner.
Rin sembla hésiter un instant, avant de finalement relâcher à contrecœur sa prise.
- Attends, continua l'autre.
Le démon écarquilla les yeux en voyant son amant s'éloigner et finit par se rallonger avec impatience alors qu'il l'entendait farfouiller dans un tiroir.
- Mais bordel, qu'est-ce que tu fous ? Demanda-t-il avec irritation en le voyant revenir.
- J'ai été cherché un préservatif.
- Même dans ces moment-là tu penses à tout, souffla l'aîné avec déception.
Remarquant l'air de son frère, Yukio s'assit près de lui et demanda une explication. Voyant que Rin détournait le visage, il lui saisit le menton et le força à croiser son regard.
- Pourquoi est-ce que tu as dit ça ? Questionna-t-il avec circonspection.
- C'est que…c'est que j'aurais aimé pouvoir te faire oublier ça, bredouilla l'autre désormais cramoisi.
- Je ne comprends pas, avoua le plus jeune.
- Mais c'est clair pourtant ! Tu me rends dingue, lorsque tu me touches ou même me regardes, tu me fais perdre la tête. J'aimerais simplement que tu ressentes la même chose.
Le plus jeune afficha une mine surprise avant de laisser un tendre sourire étirer ses lèvres.
- Ce que tu peux être idiot des fois, souffla-t-il amoureusement.
- Ne m'insultes pas, je suis sérieux !
- Je suis fou de toi depuis une dizaine d'année Rin, et je t'assure que ce n'est pas près de changer donc ne t'inquiète pas pour ça.
Le garçon ne répondit pas alors que les lèvres de son frère venaient rejoindre les siennes avec appétit. Il suréleva enfin son bassin pour permettre à l'autre de le dévêtir complètement et rougit en remarquant son cadet l'observer de nouveau.
- Tu m'avais dit que tu avais réussi à canaliser ton énergie et à faire disparaître ta queue de démon, énonça Yukio avec reproche.
L'aîné pencha la tête sur le côté avec incompréhension avant de réaliser qu'effectivement sa particularité poilue frétillait près de lui.
- Je suis désolé de t'avoir menti, souffla-t-il avec sincérité.
A sa grande surprise son frère sourit avant de caresser l'extrémité touffue de son membre supplémentaire.
- On dirait un chien qui fait la fête à son maître, s'amusa le cadet.
- Mais c'est ça.
Tout en disant ça, Rin n'avait pas lâché son frère des yeux, le dévisageant avec convoitise. Voulant reprendre là où ils s'étaient stoppés, il déshabilla à son tour son amant et se mordit la lèvre en délivrant le membre de celui-ci de sa prison de tissus. Il esquissa un geste dans le but de s'en saisir lorsqu'il se sentit repousser en arrière pour se faire de nouveau plaquer sur le lit. Il soupira en sentant les caresses que le garçon ne pouvait s'empêcher de prodiguer à la redécouverte de son corps et poussa un léger couinement lorsqu'il sentit finalement un premier doigt s'enfoncer en lui. Il ne ressentit rien de plaisant ni de désagréable jusqu'à ce que le second fasse son apparition.
- Ça va ? Demanda son cadet.
Refusant net de partager ses pensées, autrement dit sa certitude que jamais au grand jamais le membre de son jumeau pourrait rentrer en lui, il se contenta d'acquiescer faiblement.
- Est-ce que tu as déjà fait ça ? Reprit Yukio avec sérieux.
L'aîné perçut facilement la mine de soulagement qui apparue sur le visage de l'autre lorsqu'il répondit que non et s'apprêtait à lui retourner la question au moment où il sentit la main de celui-ci rejoindre son sexe brûlant. Avide de sensation, il se cambra et souffla le prénom de son frère qui tout en actionnant son poignet dans un mouvement de va-et-vient, s'était mis à mordiller le creux de son cou. Il appela plus fort Yukio qui releva avec étonnement la tête et qui comprit en un regard la demande muette.
Rin le vit sourire avec douceur alors que son frère se redressait légèrement et venait l'embrasser à pleine bouche. Il aurait souhaité que leur étreinte dure éternellement, qu'ils n'aient jamais à se séparer pour une raison comme pour une autre. Il n'y avait qu'en présence de son cadet qu'il se sentait complet et réellement serein et l'avoir ainsi contre lui le rendait heureux au possible.
Il se raidit à peine une demi-seconde lorsque le troisième et dernier doigt vint rejoindre les autres, et se perdit rapidement dans un concert de soupirs. Il aurait voulu rendre la pareille à Yukio, le faire se sentir aussi bien que lui l'était toutefois la hâte qu'il sentait croître en lui ne laissa plus qu'une idée tourner dans son esprit.
- C'est bon, souffla-t-il fiévreux.
- Tu es sûr ?
- Je te veux…maintenant.
Il n'en fallut pas plus au cadet pour se décider. Il retira sa main de l'antre bouillant, qu'il nettoya brièvement d'un coup de langue, avant de se réinstaller entre les cuisses parfaites et alléchantes de son frère. Il lécha avidement le torse offert, remonta sur la clavicule et embrassa une nouvelle fois Rin tout en surélevant les jambes blanches de celui-ci sur ses reins. Il sentit l'une des mains de son aîné rejoindre sa chevelure et attendit que la seconde ne vienne s'agripper à son dos pour s'enfoncer avec douceur en lui. Ne voulant pas céder à son désir de le prendre rapidement, Yukio soufflait tant qu'il pouvait et tentait de canaliser son impatience.
Il se stoppa en sentant l'autre se crisper contre lui et ne perdit pas une seconde pour couvrir celui-ci de caresses et d'encouragements. Voyant que le garçon se détendait peu à peu, le cadet se mit à titiller doucement son sexe tendu et sourit en remarquant le léger déhanché que Rin avait adopté. Convaincu que le corps de son frère était désormais prêt à l'accepter, le plus jeune poussa sur ses jambes et s'enfonça autant qu'il put dans l'intimité de son frère.
- Si…serré, souffla-t-il contre l'oreille de celui-ci.
Il entendit un léger gloussement lui répondre et, prenant cela comme une autorisation, il débuta de lents va-et-vient. Bien que durant ses premiers mouvements seuls des grognements lui aient répondu, il eut bientôt la satisfaction d'entendre la voix de son frère résonner en gémissements tous plus excitants les uns que les autres. Il sentait la main toujours sur son dos le griffer à certains endroits, le cramponner à d'autres, complétant ainsi cette scène des plus sensuelles.
Il sentait le plaisir monter en lui à chaque coup de reins. En effet, les parois chaudes et humides qui semblaient littéralement aspirer son sexe en son frère le rendaient fou. Il savait Rin au bord de la jouissance, il saisit ainsi son sexe et y appliqua le même rythme effréné, le faisant se libérer dans la dizaine de secondes suivantes. Yukio quant à lui ne put résister aux chairs qui se resserraient autour de son membre, aux tremblements du corps contre lui, comme à son nom prononcé par ce visage en pleine extase. Calant son visage dans le cou pâle de son frère, il se répandit donc pour la première fois en lui dans un concert de sensations et de gémissements. A bout de souffle, il prit à peine le temps de se retirer avant de s'affaler près de son amant qui l'observait avec béatitude.
- J'ai gagné, souffla celui-ci après quelques instants.
- Comment ça ?
Rin attendit de s'être confortablement installé contre son frère pour lancer :
- J'ai battu ton pragmatisme compulsif.
Yukio fronça les sourcils ne comprenant pas la raison de cette déclaration pour finalement remarquer le préservatif toujours impeccablement empaqueté près d'eux. Il le repoussa d'une pichenette tout en soupirant.
- Idiot.
Il se contenta des baisers dont son aîné lui parsemait le torse en guise de pardon, avant de relever le menton de celui-ci pour l'embrasser amoureusement. Il avait l'impression que son cœur tambourinait dans son corps entier tellement le sentiment d'avoir enfin Rin près de lui le comblait.
- Tu ne regrettes pas alors ? Demanda-t-il après avoir rompu le baiser.
Il vit son frère le dévisager avec circonspection avant que celui-ci ne réponde :
- C'est toi l'idiot.
Yukio sourit devant l'expression faussement vexé du démon et l'attira alors à lui avec douceur. Il l'embrassa une nouvelle fois, n'étant aucunement rassasié de ses lèvres divines et fut surpris lorsque l'autre le repoussa doucement. Il le dévisagea un instant avec incompréhension et resta perplexe devant l'air miséreux qu'affichait désormais son jumeau.
- Je veux retravailler avec toi.
- J'ai été mis à pied au cas où tu l'aurais oublié.
- Oui mais je veux dire quand tu reprendras les missions.
- Je t'aime Rin…
Il remarqua le visage de son vis-à-vis s'éclairer à ces mots.
- …mais nous ne pouvons pas recommencer à travailler ensemble, termina-t-il dans une grimace.
Voyant la joie de son aîné retomber rapidement, et surtout remarquant la peine désormais de mise, il tenta de s'expliquer.
- Déjà qu'avant j'avais du mal à supporter notre proximité, maintenant qu'on a fait…ça, hésita-t-il, je ne pourrais plus penser à autre chose.
- Mais si l'on ne travaille pas ensemble on ne se verra presque jamais, geignit Rin.
- Dans le cas contraire on ne pourra pas remplir convenablement nos missions.
Le plus âgé sachant pertinemment que le travail importait grandement aux yeux de son cadet ne pouvait cependant se résoudre à accepter pareille torture aussi facilement, c'est ainsi qu'il se lança dans de grandes réflexions sous l'œil intéressé de son frère. Rin, le regard lointain était appuyé sur son torse et faisait inconsciemment ballotter sa queue de démon sur le lit. Cette fois-ci Yukio le compara à un chat de maison, tranquillement allongé à attendre d'être nourri et choyé. Voulant vérifier sa théorie, le plus jeune caressa tendrement le cou puis le haut du dos de son amant et s'amusa du soupir de contentement de celui-ci. Il aurait bien continué ses papouilles si son frère n'avait pas soudainement lancé un « je sais » victorieux.
- J'ai trouvé comment nous satisfaire l'un et l'autre, annonça-t-il fièrement. Nous partons tous les deux, comme avant, et ne couchons ensemble que lorsque nous avons réussi notre mission. Mais du coup il faudra faire plus de missions parce que sinon je ne vais pas tenir.
- Ça ne va pas, ça nous fera bâcler le travail.
- Allez Yukio, fais un effort, râla l'autre.
Un nouveau silence s'installa durant lequel tous deux songeaient à une solution convenable pour que Rin ne reprenne :
- Si tu me laisses t'accompagner de nouveau et qu'on réussit une mission sans bévue, alors je te ferais jouir.
- Ça ne change pas de ta première proposition.
- Oui mais là c'est un bonus, ce sera uniquement avec ma bouche.
Le plus âgé laissa un petit rire lui échapper en voyant le membre inférieur de son frère faire acte de présence.
- Je vois que cette idée te plaît, dit-il taquin.
- Idiot.
- Tu acceptes alors ?
- De toute façon si nous nous séparons le temps des missions, je serais tellement frustré que je ne pourrais pas me concentrer non plus alors autant que tu viennes avec moi. Au moins là je pourrai te surveiller.
Rin sourit de toutes ses dents en comprenant les paroles de son jumeau et l'embrassa goulûment en signe d'accord. Il le quitta néanmoins rapidement et descendit vivement dans le lit.
- Qu'est-ce que tu fais ? Questionna le cadet intrigué.
- Je te donne un avant-goût de tes bonus.
Yukio n'eut nullement le temps de rétorquer que son frère s'était déjà élancé sur sa proie.
Il n'avait jamais voulu parler à son jumeau de son amour inconditionnel pour lui. Il n'avait jamais sérieusement voulu que les choses se passent ainsi. Pour lui, son rôle d'exorciste avait toujours été plus important que le reste, néanmoins tant que Rin gardait sa détermination, tant que ses rires et ses coups de gueules étaient là, tant qu'il l'acceptait à bras ouverts comme il l'avait fait aujourd'hui, il savait que jamais il ne regretterait la tournure des événements. Tant que Rin restait Rin, alors le monde continuerait de tourner.
Il s'endormit avec un sentiment de sérénité qu'il n'avait même jamais entraperçu. La chaleur du corps de son aimé contre le sien, les douces caresses de celui-ci sur son torse et surtout les déclarations murmurées au creux de son oreille lui firent oublier toutes ses inquiétudes. Rien d'autre ne comptait plus que la présence de son alter ego près de lui, et cela, il le savait, ne changerait jamais.
Voilà pour ma première fic sur ce couple. J'espère que vous aurez pris plaisir à la lire et à suivre ces trois chapitres. Dans le cas contraire, n'hésitez pas à m'en faire part, toute remarque est bonne à prendre!