Auteur : Namie Akaike

Couple : Kidd/Law

Disclaimer : Ils appartiennent toujours à Mister Oda. L'histoire est entièrement de moi.

Note : Oui alors. Heu. *check* J'ai updaté le premier chapitre le 17 décembre 2013. C'est à dire il y a presque deux ans. Disons que j'ai eu du mal à me remettre à écrire, que j'ai manqué de temps, de temps, de volonté, puis d'idées, puis cet après-midi je me suis dis : "Okay. Là tu t'y remets ! C'est le moment ma vieille !". Il y a un risque de léger changement de ton dans ce chapitre, j'en suis beaucoup moins fière que le premier. Mais je voulais boucler cette boucle ! J'espère que ça vous plaira.

Note² : J'ai été très très très surprise et touchée des adorables reviews que j'ai reçu pour le premier chapitre, je ne m'y attendais vraiment pas. Merci pour ce soutien, c'est vraiment quelque chose de lire les avis des gens, se rendre compte que ça plait. Ca donne envie d'écrire une suite. Merci pour ça. Pour vous encore plus, j'espère que vous lirez cette suite attendue si longtemps et que ça vous plaira !

Réponses de reviews ! :

Aizah : Joyeux anniversaire en avance deux ans après le premier ? On a perdu le contact, c'est bien dommage, mais en tout cas il n'empêche que cette histoire est sortie de ma cervelle pour toi à la base, et donc que cette fin t'es aussi destinée que le chapitre précédent. J'espère que ça te plaira, et encore merci pour tous ces compliments auxquels je me souviens avoir répondu en direct live 5 minutes après xD 3

Aoibheal Fae : Merci beaucoup pour ta review, ça me fait plaisir ! Alors non, je n'avais pas oublié le chapitre 2, mais disons qu'il a eu un peu de retard sur le programme... Désolée ! J'espère malgré tout que tu seras là pour lire cette suite. Et merci !

PS : Comme tu peux le voir, pas de manière très régulière ou ponctuelle.

xKasatka : Ca me touche, vraiment. Merci. 3

Nya : Et bien la voilà cette suite ! Je cultive l'impatience ! Merci pour tes encouragements, et bonne continuation à toi aussi !

speedyamel : La voici la voilà ! Merci ! Et concernant le passé de Kidd et Law je me tâte encore un peu. Peut-être que je pourrais écrire un ou deux chapitres sur leur passé oui. :)

hasegawa-chwan : Oula, tu cherches à me faire rougir c'est ça ?! Et bien tu as réussis, toutes mes félicitations. J'aime la frustration. Pas toi ? Je trouve que c'est ça qui est bon dans "à suivre". Merci en tout cas, et j'espère que tu liras ça !

Pyrolouve : Oui, je suis une sadique. Ne le sommes nous pas tous un peu, mh ? Merci pour ces compliments, ça me fait vraiment plaisir. Rester dans le personnage, tout en lui ajoutant l'amour (surtout un personnage comme Kidd) c'est vraiment difficile. Je suis heureuse que ça te plaise ! L'évidence de leur amour, c'est exactement ce que je voulais faire passer. Je t'en prie, et merci encore !

my-only-words : Désolée si depuis le temps tu es mort(e) de chagrin ! :O En tout cas voici une suite, et merci pour tous ces compliments, ça fait vraiment plaisir de lire ces choses là !

miss shieru : Merci ! J'espère que cette suite sera à la hauteur de tes attentes malgré tout le mal que j'ai pu avoir pour l'écrire, bonne lecture !

Guest (baway, lui aussi il a le droit, on sait jamais qu'il lise cette suite !) : La voici, la voilà ! Merci pour ta review, et bonne lecture !

Nawelle : C'est aussi un de mes couples préférés de OP, ce pourquoi j'ai suffisamment d'inspiration pour écrire dessus. La suite est là, toute à toi ! Merci pour ta review !

.

Et sur ce, mes très chers lecteurs, je vous souhaite une excellente lecture ! N'hésitez pas à donnez vos avis ~

.


.

Je t'aime sans conditions

Chapitre 02

.

.

Je m'énerve, bien évidemment. Je n'ai jamais été de nature calme. Petit déjà, on me reprochait souvent de m'emporter, de hurler bien trop vite et surtout bien trop fort. Je n'ai pas changé : je reste ce gamin égoïste qui braille et qui veut qu'on l'écoute. Tout se passe excessivement vite, et pourtant mon esprit est un véritable champ de bataille. Je ne prends pas la peine de voir si Killer me suit et je fonce sur le pont du bateau. Je dérape, me raccroche au bois, et parvient essoufflé à mon but. Ils sont tous là, ils m'attendent. Ils savent que je ne resterai pas les bras croisés. Je regarde un à un chacun des membres de mon équipage si fidèle en me demandant ce qui les a poussé vers un capitaine tel que moi. L'aventure ? Le sang ? La richesse ? L'amitié ? J'entends les pas de Killer se rapprocher. Je connais sa raison. Il est là pour moi, pour cette dernière hypothèse. Je sais qu'il me suivra, peu importe mon choix. S'il devait mourir, il le ferait certainement. Il se place à côté de moi, et comme chaque pirate attend mes mots.

Je reste cependant muet. Peut-être quelques secondes, ou bien quelques minutes. Mais ils n'amorcent pas un geste. Ils me connaissent. Je prends finalement une grande inspiration et prononce ces mots d'un ton tranchant, probablement même effrayant :

- C'est l'heure du massacre…

Ils ont compris. Je les laisse s'installer à leur poste et nous mettre en route. Je nous donne dix heures, peut-être onze. Sans attendre je me retourne et me rends à ma cabine. Je suis réputé cruel, avide de meurtres. Ceux qui connaissent mon histoire d'amour ont tendance à me concevoir comme une peluche : ce sont eux qui s'en mordent les doigts les premiers. Aujourd'hui, ma soif de tuerie est plus aiguisée que jamais. Mes mains déjà couvertes de sang lavé n'en demandent que plus encore, mes idées noires reprennent leur place dans mon cerveau. Je suis une machine à tuer.

En refermant la porte de bois je m'y adosse et baisse la tête. Je n'y crois pourtant toujours pas. Tout va bien trop vite, mais je sais que c'est ma manière de lutter. Ma tête cogne, mes yeux se troublent. Je connais ces symptômes, et je refuse de m'y soumettre. Le sol se met à tanguer brutalement. Le bateau prend-il de vitesse, ou est-ce moi qui perds l'esprit ? Je n'ai aucune envie de le savoir. Mes jambes me dirigent vers le grand lit, à droite. De quel droit le font-elles ? Je sais ce qui m'y attend. Son odeur, bien conservée par son oreiller. L'appréhension, l'insomnie, les cauchemars, la peur, l'asphyxie… Chaque homme doit être un peu masochiste, mais moi plus que les autres. Je m'effondre sur le matelas. Peu importent mes vêtements, mes chaussures. J'envoie valser mes lunettes au travers de la pièce. Elles me gênent. J'étends le bras et j'attrape l'oreiller que je ramène sous ma tête. Ma cabine est floue. Elle tremble. Son odeur me perce les narines et me berce.

L'insomnie.

Je ne parviens aucunement à m'endormir. Les heures s'égrainent, inlassablement. Je sais que la nuit est tombée, et pourtant ils sont encore au travail. Moi je tente de me reposer, mais le sommeil ne vient pas. Je me retourne, d'abord une fois, puis deux. Rien n'y fait, fermer les yeux ne me permet que de voir sa silhouette lointaine. Comment font-ils, tous ceux qui vivent cette situation ? Ils restent. Je me mets donc à imaginer mille manières de m'endormir pour de bon. Un gros coup sur le crâne. Une overdose de médicaments quelconques. Une balle logée en plein cœur. C'est alors que j'imagine ce cœur. Il saigne abondamment. Peu à peu il perd sa contenance, son essence, sa vie. Il ne parvient plus à battre, car il n'a plus rien à pomper. Comment peut-il encore aimer ? Je crois qu'il ne peut pas. Je le vois s'émietter, il se brise peu à peu.

Les cauchemars…

Je me réveille en sursaut. Combien de temps ai-je bien pu dormir ? Peut-être quelques heures, avec de la chance. Mais je n'en suis pas sûr, je ne suis pas quelqu'un de chanceux. Mes rêves me reviennent en rafale. Son sourire qui s'efface. Son rire qui s'éteint. Son image qui disparait. Je sens une goutte perler le long de ma tempe. Je ne veux pas y penser. Tout est trop dur, j'en souffre trop. Les mots de Killer reviennent également. Il me confirme que c'est la vérité. Que mon bonheur m'échappe, et que je n'ai aucun moyen de le rattraper. Je pose une main contre mon crâne douloureux. A nouveau, le sol tangue. Ma vue se brouille. Mes oreilles se bouchent. Ma respiration devient saccadée. Je crois que pour la première fois depuis des années je suis en train de pleurer. Mais tout est confus, noir…

Il me secoue. Quelques secondes je me prête à penser que tout ceci n'était qu'un rêve parmi tant d'autres. Je fronce les sourcils et ouvre les paupières, difficilement. Killer se tient dans mon champ de vision, debout. Je sais bien que je n'ai pas rêvé la veille. En me redressant je l'interroge du regard. Il sait exactement quelles informations m'intéressent, et l'impatience me gagne.

- L'île est à dix minutes. A priori aucun accueil, mais on peut imaginer la ruse.

J'hoche la tête. C'est une ruse. On ne laisse pas un tel endroit sans surveillance, d'autant plus avec ce qu'il se passe. Il me connait un minimum. Il sait que je ne vais pas m'enterrer au lointain. Il m'attend. Et moi je plonge littéralement dans la gueule du loup. Killer reste immobile tandis que je me lève pour m'étirer. Je suis déjà habillé, voilà qui est pratique. Je m'approche de l'évier pour m'asperger le visage d'eau quand je sens la main de mon second sur mon épaule. Je le regarde du coin de l'œil. Son masque ne montre aucune de ses expressions, mais sa voix peut en dire long.

- Tout le monde est prêt à t'accompagner, Kidd. Tu n'es pas seul…

- Je le sais, je réponds dans un souffle.

Je passe mes paumes sous l'eau claire et m'envoie l'eau sur le visage. Killer sort de la pièce, et je reste un moment seul, les mains accrochées au rebord de l'évier. J'hésite encore. Mes hommes me sont fidèles, mais je ne suis pas sûr de vouloir avoir leur mort sur la conscience. Tout ceci est ma bataille. Et ils n'en seront pas les pions. Je me sèche le visage à l'aide d'une serviette et sort de ma cabine. Quelques pirates sont là, et ils m'escortent jusqu'au pont où tout le monde attend mes ordres. Le vent s'engouffre dans mes cheveux et me tire de ma torpeur. L'île est juste là, sous mes yeux. Nous nous approchons d'un recoin qui n'est pas trop à découvert afin d'amarrer en toute tranquillité.

A nouveau, je regarde mon équipage. Je crois que je n'aurais jamais pu espérer mieux que cette bande bras cassés. L'un d'eux m'amène mon pistolet à silex, chargé, ainsi que mes réserves de poudre et de balles. J'hoche la tête pour le remercier et accroche le tout à ma ceinture. Dix mètres. Ils se mettent tous au travail pour jeter l'ancre, envoyer les cordages, déployer la passerelle. Nous sommes amarrés en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Alors, tout bêtement, je croise les bras pour leur annoncer ma décision.

- Je pars seul. Et vous n'avez absolument pas le droit de protester. Si ce bateau a une éraflure, je vous en tiendrai tous responsables.

Ils savent qu'ils n'ont rien le droit de dire. Ils m'obéissent, ils me respectent. J'acquiesce de la tête à leur décision de ne pas m'en empêcher et me tourne vers Killer. Il est toujours là, dans mon ombre. A mon regard, je sais qu'il comprend tout ce que je suis en train de lui transmettre. Aucun mot n'est utile entre nous. Il hoche tout de même la tête pour me confirmer que je n'ai pas à me soucier de quoi que ce soit. S'il m'arrive malheur, c'est à lui que revient cet équipage. Et il a intérêt à en prendre soin. Sans un mot supplémentaire, sans un regard, je me dirige vers la passerelle. Peu à peu la vengeance est la seule émotion qui empli ma tête. Je suis ici pour un seul et unique but. Je foule le sable terreux et ne me retourne pas, je continue ma route et m'enfonce dans la forêt. Il s'y terre, à l'abri des arbres que je ne connais pas. Mais peu m'importe. Je n'ai qu'une seule chose en tête, qu'un seul espoir tapi dans un coin de mon cerveau.

La dernière fois que je suis venu ici, j'ai perdu mon bras. Aujourd'hui, peu en valle le prix, je viens tirer mon homme de ses griffes.

« Les pirates of Heart ont attaqué Joker. En vain. Trafalgar est déclaré prisonnier, et nous n'avons aucune idée de son état de santé. Mais d'après son équipage, il était grièvement blessé. »

Ses mots résonnent dans ma tête tandis que mes pas me mènent vers le cœur de la forêt. A tête reposée, je me mets à réfléchir. Cela n'a jamais été mon fort. J'ai toujours agi avant de me mettre à la réflexion, preuve en est ma situation actuelle. Law s'est attaqué à Doflamingo, et ce malgré mes recommandations. Evidemment, il s'est fait piétiner. Rien qu'à cette idée mon poing se serre. Mais je continue à suivre le fil des évènements. Il a été fait prisonnier. Blessé. Il a de fortes chances d'avoir succombé à ses blessures. A nouveau, je plante mes ongles dans la paume de ma main. Ce n'est pas fini. Doflamingo est un connard. Un parfait enculé qui ne raterait pas une occasion de faire le mal. Et Law est sa cible préférée. A l'idée de ce qu'il peut être en train de lui faire subir, j'envoie mon poing contre un arbre qui se fend en deux. Je ne m'étais promis qu'une unique chose le concernant. Ce n'était même pas de le tuer. C'était l'empêcher de remettre la main sur Law. Et j'ai échoué. Lamentablement.

Je retire mon poing des débris de cet arbre et me redresse. Au moins l'hypothèse que Joker joue avec Law nécessite sa survie. Je serre les dents, contenant ma rage. C'était sûrement son plan. Reprendre ses jeux infâmes, et me faire souffrir également par la même occasion. Law est ma plus grande faiblesse. Je m'adosse à un arbre voisin. Les bruits de la forêt se font entendre, apaisants. Mon esprit vagabonde. La seule chose que je puisse imaginer est la souffrance de Law. Son passé commun avec Doflamingo est une tâche indélébile. Dans son cœur, dans sa tête, et dans son corps. Depuis des années, il est torturé par les souvenirs, les cauchemars. La souffrance est palpable lorsqu'il se réveille en pleine nuit, trempé. Je tente toujours de le calmer. Je le prends dans mes bras, et je le berce. Ce sont ces instants qui nous rendent si proches, et finalement si amoureux. Savoir qu'aujourd'hui il revit certainement ce calvaire me donne envie hurler. Je n'ose pas imaginer les émotions qu'il ressent, seul avec lui. Et que fais-je, immobile dans cette forêt silencieuse alors qu'il m'attend ?

Je me redresse. J'en suis certain maintenant, Law est en vie, et pour la simple raison que c'est le moyen le plus sûr de lui faire du mal. Doflamingo ne perdrait pas l'occasion de le faire pleurer à nouveau. Pleure-t-il ? Je me remets en route, et c'est alors que je me rends compte… Plus un bruit. La forêt dort, je pourrais presque entendre les arbres pousser. Je n'ai pas le temps de me retourner : j'entends l'objet se fracasser contre mon crâne.

.


.

Je suis idiot. Je suis un parfait imbécile. Quelle idée de m'aventurer aussi loin sans prendre garde à ce qui m'y attendait ? J'ai perdu toutes mes chances de le récupérer. Du moins le crois-je. Je me réveille, la bosse derrière mon crâne martelant mon cerveau. C'est douloureux, mais il faut que je sache où je me trouve. Mes yeux s'ouvrent sur une pièce assez éclairée. Sûrement bien trop éclairée de mon côté. Il me semble que c'est une chambre, mais je ne suis pas sûr de ce que mes pupilles me font voir. Difficilement, je me pousse hors de ma vulgaire paillasse. Chacun de mes muscles me fait souffrir, et je ne sais même pas pourquoi. En baissant le regard je comprends : mes vêtements sont souillés, troués et mes jambes pleines d'écorchures. Ce bâtard m'a trainé sur le sol. Je m'emporte, mes poings se serrant d'eux-mêmes, mais tout est balayé par un simple mouvement. C'est bien une chambre, il y a un lit à quelques mètres. Et quelqu'un s'y trouve, j'en suis sûr car la couverture remue. Mes sourcils se froncent, je tente de distinguer un visage. Il fait sombre par là-bas, je ne vois pas bien. Mais il émerge finalement. Je suis certain de reconnaître sa silhouette. Law.

Mon premier réflexe est de l'appeler, doucement. Mais il ne semble avoir aucune réaction. Alors je répète, un peu plus fort. Toujours rien. Il n'a pas l'air de m'entendre, ni même de savoir que je suis là. Je me redresse sur mes jambes blessées et marche alors dans sa direction. Je le vois, assis sur ce matelas. Mais je ne distingue rien, à mesure que je m'approche la lumière est de plus en plus faible. Je tends le bras pour venir l'attraper, mais je me cogne. Surpris, je regarde autour de moi. Il n'y a rien, aucun obstacle sur lequel me cogner. J'étends de nouveau le bras et c'est alors que je comprends. Juste devant, érigé entre mon amant et moi : un mur. Je donne de petits coups, mais aucun son ne se fait entendre. Ce n'est pas du verre. Je frappe alors plus violemment, à l'aide de mon bras mécanique, mais il ne tremble même pas. Je commence à grogner entre mes dents serrées. Je suis enfermé, et il ne peut apparemment ni me voir, ni m'entendre. A quoi est-il en train de jouer ? Résigné, je m'assois au sol, incapable de tenir debout trop longtemps. Suis-je un simple prisonnier destiné à mourir de faim ? Il n'y a rien, pas même une porte fermée. Ma tête est lourde, mais je garde résolument les yeux ouverts. Je veux le voir. Je veux savoir s'il va bien, c'est tout ce qui m'importe. Alors je le fixe, dans sa pénombre princière. Il est beau, et ce en toutes les circonstances. Ne pas pouvoir l'atteindre doit être la pire des punitions.

Pendant ce qu'il me semble être des heures, je reste assis face à cette vitre. Law l'est également, immobile. Il n'amorce un geste ni pour se lever, ni pour se recoucher. Je ne sais pas ce qu'il regarde, je ne sais pas ce qu'il pense ou ce qu'il attend. L'angoisse me prend à la gorge. Que lui arrive-t-il ? Je m'apprête à fermer les yeux lorsqu'il tourne soudainement la tête. Je l'ai entendu également, ce bruit de porte qui s'ouvre. J'essaie de suivre son regard, mais tout est plongé dans l'obscurité au-delà du lit. Je pose mes mains contre la vitre, tentant vainement de distinguer les silhouettes, lorsque la lumière m'agresse brusquement les yeux. J'embrasse alors la scène du regard et ce que je vois me fait trembler de colère.

Law est assis au milieu d'un lit démesurément grand, enroulé dans une fine couverture. De ce qu'il me semble apercevoir, il est nu. Je ne perçois pas son visage : il est dos à moi, les yeux certainement fixés sur l'immense personne qui a passé la porte et allumé la lumière. Don Quichotte Doflamingo. Son sourire me fait frémir. Il m'est insupportable rien que de le voir si près de mon homme. La scène est épouvantable. Je vois les épaules de Law trembler, et le blond s'avancer avec cet air lubrique qui le rend si effrayant. Je m'étais promis qu'un jour je lui arracherai ce sourire, et jamais de toute ma vie je n'avais ressenti le besoin de lui éclater les dents de manière aussi forte que maintenant. Mes doigts se resserrent sur le mur, tandis que le maître des lieux s'arrête juste devant Law. Leurs yeux semblent se croiser, mon poing s'écrase une fois encore contre le mur mais cela n'a aucun impact sur les deux hommes de l'autre côté. Ils ne m'entendent définitivement pas. Mais moi, je comprends clairement chacune de leurs paroles.

- T'es-tu décidé à devenir raisonnable, Law ? Chantonne Joker de sa voix insupportable.

Il ne répond pas, et je suis heureux qu'il ne lui fasse pas ce plaisir.

- Mon cher petit Law est un très vilain garçon ces derniers temps… Ajoute le blond en s'accroupissant devant le brun, le visage levé en direction du sien. On dirait qu'il aime vraiment être puni…

Les épaules de Law tressautent, je les vois, tandis qu'il ressert ses bras autour de son corps à nu. Est-il blessé ? Qu'est-ce que Doflamingo a déjà fait subir à mon amant ? Je serais capable de tout pour le rassurer en ce moment même.

SBAAAFF !

Ni Law, ni moi, ne nous attendions à ce coup d'une rare brutalité. Le visage de mon brun est figé suite au mouvement, tourné vers la droite. Son immobilité est une torture. Il n'est que l'ombre du capitaine que je connais, perdu dans un mutisme assourdissant.

- Tu n'es qu'une chienne, Law.

Doflamingo attrape fermement sa mâchoire entre deux de ses longs doigts et l'oblige à le regarder à nouveau. Durant un court instant, j'ai l'impression qu'il détourne ses yeux de prédateur dans ma direction, mais ma colère m'aveugle tellement que je ne suis sûr de rien. Peu à peu mon champ de vision se réduit à lui et lui seul. Je ne rêve plus que de sa tête plantée sur un pieu. Dans un effort considérable pour mon corps meurtri, je me redresse une nouvelle fois sur mes jambes en me stabilisant à l'aide de la vitre. Je me mets alors à fouiller une nouvelle fois ma pièce désespérément vide, gardant un œil sur mon amant et son tortionnaire qui continuait à proférer des insanités tantôt en le rouant de coups sauvages, tantôt en se répandant en paroles mielleuses. Au bout d'une demi-heure de recherche vaine, je suis bien obligé de me rendre à l'évidence : je ne trouverai rien ici qui me permettrait de m'enfuir. Alors je me contente de ce que j'ai toujours considéré comme mon principal atout : ma force brute. Quand j'étais gamin, j'étais celui qui se faisait taper dessus. Jusqu'à ce que je finisse par rendre les coups. En double. En triple. Jusqu'à ce que l'autre perde connaissance. Mon esprit de vengeance s'est très vite développé, ainsi que ma puissance.

La vitre commence à trembler sous mes coups brutaux. Mais pas suffisamment. Ce n'est pas encore assez puissant. En face de moi, je vois cet enculé qui caresse la peau étrangement pâle de Law. Bandant mes muscles, je donne tout ce que j'ai pour tenter de faire remarquer ma présence. Au point où j'en suis, un affrontement direct avec le Joker serait préférable à une minute de plus coincé là-dedans.

- Putain… Je halète entre deux coups. Putain. Putain ! PUTAIN !

Sur ce dernier cri poussé de toutes les forces de mes cordes vocales, j'envoie mon poing d'acier se fracasser contre le mur. La réaction est immédiate. Les deux têtes se tournent enfin dans ma direction. Ruisselant, haletant, je fixe le visage de Law qui semble plus perdu que je ne l'ai jamais vu. Il est couvert d'hématomes, et l'une de ses pommettes laisse couler un filet de sang couleur vermeille. Le silence n'est que de courte durée, brisé par le rire profond du blond qui se redresse de toute sa hauteur en tapant dans ses mains. Comme si nous n'étions que des marionnettes au sein de son sinistre théâtre.

- Et bien, et bien ! Aurais-je oublié de mentionner ta présence ? Demande Joker avec un large sourire.

Ais-je déjà dis combien je haïssais cet homme ? Il n'est que le mal incarné. Si je suis meurtrier et assassin, alors lui n'est plus humain : il ne mériterait même pas l'enfer. Law ne comprend rien, de toute évidence. Il regarde Doflamingo, à la recherche d'explications. Je rêverais que tout ceci ne soit qu'un rêve, et qu'au réveil mon amant soit à la porte de ma cabine. Mais j'ai déjà à plusieurs reprises pu constater qu'il s'agissait bien de la réalité. Pour la première fois depuis des semaines, j'entends le son de la voix de mon homme. Enrouée, éraillée.

- A qui parles-tu ?...

Le sourire du Joker s'agrandit. Il agrippe les cheveux à l'arrière du crâne de Law, et les lui tire en arrière pour planter son regard dans le sien en approchant son visage. La manière dont se déroulent les événements ne me dit rien qui vaille.

- Alors comme ça la chienne a retrouvé l'usage de sa langue ? Ça tombe bien, ça fait des années qu'elle me manque cette langue… Dit-il avant de partir d'un grand rire cruel.

Le visage de Law se décompose, et le mien doit certainement l'être également, de fureur. Qu'il ose dire une chose pareille en ma présence prouve bien qu'il ne cherche qu'une chose : un conflit des plus sanglants. Et ça tombe bien, car il s'agit là de mon activité favorite. Il suffirait juste qu'il fasse disparaître cette maudite vitre, et qu'il arrête de se planquer comme un couard. Bon dieu de bordel de merde, je n'ai jamais été aussi furax de toute ma putain de vie.

- Doflamingo… Recommence malgré tout Law, d'un ton qui se veut plus affirmé. Qui est-ce qui est là ?

Il semble hésiter. Mais l'hésitation disparaît bien vite de son visage au profit d'une grande satisfaction avec laquelle il se penche à l'oreille délicate de mon amant. A nouveau, mes poings se serrent.

- Quand je pense que rien que pour ton bon plaisir… Commence-t-il avant de diriger ses yeux en direction des miens. J'ai ramené ton joujou favori… Je te trouve bien insolent, pour risquer la vie de ton joujou…

Je n'ai aucune idée de la personne à laquelle il s'adresse vraiment pour cette dernière réplique. Mais mon sang bouillonne dans mes veines comme s'il ne rêvait que de sortir pour se répandre. Ma tête me fait mal, l'adrénaline pulse dans chacun de mes muscles. Cet enculé nous prend pour des cons, et pour des faibles. Il va être servi. Law n'en mène pas large non plus de son côté. Il semble avoir compris l'allusion, et la surprise a laissé place à la colère sur ses traits fins. Sa mâchoire se serre par intermittence, comme lorsqu'il réfléchit intensément à une solution. Je donne un nouveau coup d'une puissance supérieure contre la vitre, qui s'ébranle de nouveau. Doflamingo rit, et Law le regarde en coin.

- Que lui as-tu fait ? Demande-t-il d'un ton tranchant.

- Rien de bien méchant… J'avais pensé t'offrir l'une de ses mains au petit déjeuner demain matin.

Je masse mon poignet par réflexe à cette désagréable allusion. Je suis certain qu'il l'aurait fait.

- Tu n'es qu'un horrible monstre… Un lâche caché derrière ses pouvoirs et sa richesse. Un homme qui ne croit qu'en lui, mais qui plutôt que d'affronter ses ennemis une bonne fois pour toute préfère les affaiblir derrière un mur avant de s'en occuper !

- Tu ferais bien de tourner sept fois ta langue dans ta bouche avant de l'ouvrir, Law. Répond Joker en le prenant à la gorge. Sinon je pourrais bien user de ce pouvoir en question. Pour te baiser, une fois de plus. Ou bien le tuer devant tes yeux hagards. A moins que je ne fasse les deux à la fois… Souviens-toi de mes pouvoirs… Avec moi, tu serais en sécurité.

Je pousse un cri de rage, impuissant. De l'autre côté de la vitre, Law prend son courage à deux mains. Depuis que je le connais, j'ai appris énormément de choses sur son passé commun avec le Joker. Il lui a tout appris, mais il lui a également volé son enfance, sa jeunesse, ses rires, et sa capacité à faire confiance aux autres et à lui-même. C'est pour cette raison que je m'étonne de le voir cracher au visage du blond sans l'ombre d'un remord.

- Je préfère crever, que d'être à nouveau un pion dans ton échiquier.

Tout se passe ensuite très vite. Le visage de Doflamingo a tout juste le temps de se crisper suite à ces paroles que la porte en bois derrière eux vole tout à coup en éclats. L'un d'eux rebondit jusqu'à la vitre qui nous sépare, et je le fixe au sol, perdu. Cependant je sors bien vite de ma torpeur grâce aux cris qui retentissent au dehors, dans les couloirs. Une attaque ? J'essaie de voir au travers de l'embrasure mais tout n'est qu'un désordre flou, impossible à suivre depuis ma prison invisible. Voilà une chance que je ne peux pas laisser passer. D'une manière ou d'une autre, ma sortie se règle maintenant.

Le Joker semble perdu. S'il laissait Law ici, aucun doute qu'il s'enfuirait. Mais s'il restait pour le surveiller, sa base et ses hommes allaient se faire décimer. A sa place, je ne saurais pas quoi choisir non plus, cependant il s'agit là d'une bienheureuse chance qu'il faut saisir. A mon plus grand soulagement, Law semble penser exactement la même chose que moi. D'un mouvement rapide il se redresse, et décoche dans la mâchoire du blond le plus beau crochet qu'il m'ait été donné de voir. Les os craquent sinistrement, et ce laps de temps durant lequel le plus grand se remet de ses émotions permet au chirurgien de la Mort de mettre en place une « Room » avec laquelle il disparait aussi sec. Doflamingo émet un hurlement rageur, le bras tendu là où se trouvait le jeune homme quelques secondes plus tôt. Ce son est une berceuse à mes oreilles, sa rage est la plus belle des satisfactions. Enculé.

- Est-ce que tu comptes l'admirer encore longtemps ?

Mon cœur manque un battement.

- A moins que tu ne veuilles attendre qu'il nous rejoigne ici ?

Avec une lenteur non calculée, je me redresse. La vitre ne me permet pas de voir son reflet, mais je sais qu'il se trouve à environ deux mètres derrière moi. Comme s'il voulait rattraper tout à coup tous les battements qu'il a pu rater, mon cœur fait une embardée au moment même où je décide de me retourner pour lui faire face. Bon dieu.

- Décide-toi rapidement, parce qu-…

- Ta gueule.

Je n'ai besoin que d'un pas. Un seul pas, pour que mon bras tendu puisse l'enserrer à la taille et le ramener contre moi. Je le sens se détendre, comme s'il n'avait pas pu le faire depuis des jours. Contrairement à ce que j'avais pensé depuis cette enceinte, il n'était pas nu dans les draps. Seul son torse était découvert, laissant apparaître de multiples marques de coups et blessures. Si je le pouvais, je les rendrais au centuple à ce connard. Avec une profonde délectation, je laisse mon nez se promener entre les mèches d'ébènes.

- T'es dans un état pitoyable.

- Le comité d'accueil n'a pas été très sympathique.

- Tes cheveux ont poussés, je t'avais dit de les couper.

- Je vais t'avouer que ça n'a pas été ma seule putain de préoccupation ces dernières semaines.

- N'empêche que tu aurais pu faire u-…

- Tu comptes m'emmerder encore longtemps ? Soufflé-je, exaspéré.

- Et toi tu comptes me couper la parole en m'insultant encore combien de fois avant de m'embrasser, sombre crétin ?

Un retentissement sonore se fit entendre au-delà des murs. Surpris, nous redressons la tête et je regarde celui qui se trouve à ma gauche. Je me décolle de Law, puis plante mon regard dans le sien avec empressement.

- On garde ça pour plus tard, je pense qu'il est grand temps de filer.

Il hoche la tête et ferme les yeux pour créer une nouvelle room. Son pouvoir m'étonnera toujours autant. Avec le temps, il était parvenu à le développer au-delà ce que l'on aurait pu croire possible, et il m'impressionnait bien plus que je ne voulais bien me l'avouer. Sa force augmentait, et un jour il serait capable de buter le joker une bonne fois pour toutes. Ce n'est simplement pas encore le moment.

Enserrant ma main au creux de la sienne, j'ai tout juste le temps de fermer les yeux pour ne pas être pris de nausée que nous nous retrouvons aussitôt face à une porte blindée. Tout du moins devait-elle l'être avant d'avoir explosé. En fronçant doucement les sourcils, je profite que personne ne soit à l'horizon pour venir effleurer le mur du bout des doigts. La sensation d'engourdissement qui m'envahit au toucher de la pierre confirme mes soupçons.

- L'enceinte entière est en granit marin. Répond Law avant que je ne pose ma question. Je ne pouvais pas sortir avec mes seuls pouvoirs. Mais apparemment, les assaillants nous ont également laissé la porte ouverte.

Je me retourne en affichant un large sourire en coin. Une épaisse fumée couvre la moitié du grand hall, et j'ai du mal à distinguer les éventuelles silhouettes. Apparemment l'attaque avait commencé ici, mais ils avaient de toute évidence bien avancé à l'intérieur de la bâtisse.

- Je me demande qui ça peut être… Soufflé-je.

Law hausse doucement les épaules. Peu importe de qui il s'agit : ils nous ont certainement sauvé la vie.

La brise marine parvenait à s'engouffrer par la porte brisée, et elle me rappela qu'il était temps de s'en aller tant que nous le pouvions encore. Avec un hochement de tête similaire, nous nous mettons en route en direction de la plage. C'est alors même que nous foulions la terre et les feuilles mortes de la forêt qu'une voix que je connaissais bien m'obligea à me retourner.

- J'y crois pas…

Echappant de l'obscurité créée par la fumée des explosions, Killer court de toutes ses forces. Maculé de sang, suivi par deux bonnes dizaines de mes hommes, il se rapproche à vive allure. Je n'ai jamais ressenti autant d'émotions contraires de toute ma vie. Mais le temps ne me laisse pas l'occasion d'exprimer ces dernières. D'un commun accord, Law et moi nous mettons alors à courir à notre tour.

- Vous avez réussi à vous échapper ! Crie l'un de mes gars, presque à notre hauteur. C'est un soulagement ! Ajoute-t-il, tandis que les autres en rajoutent de leurs propres commentaires.

- Courez, au lieu de discuter ! Je leur hurle.

C'est alors que j'aperçois Killer à ma droite du coin de l'œil.

- Je pense que notre définition de « seul » ne doit pas être la même.

- Comme si j'allais repartir en te laissant ici. Je suis ta tête. Sans moi, tu n'es qu'un imbécile aux gros bras.

- On en reparlera. Dis-je avec un sourire en bifurquant à gauche.

La mer était en vue, ainsi que mon bateau. Apparemment ils ne sont pas tous venus, fort heureusement, quelques hommes sont à bord et commencent déjà les manœuvres pour s'en aller le plus vite possible. Ni une, ni deux, nous sautons tous à bord dès que nous en avons l'occasion, laissant derrière nous cette île maudite et son propriétaire. Ce n'est que partie remise.

Essoufflé d'une telle course dans mon état physique, je reste allongé à même le sol et fixe le ciel bleu tout en sentant mon navire filer sur l'eau de plus en plus vite. Je n'aurais pas cru m'en sortir si bien finalement. Et même si l'envie de casser la gueule de chacun de mes hommes traverse mon esprit, je leur suis également très reconnaissant. Encore une fois ils ont su me montrer leur loyauté, leur force, et leur manque total d'instinct de survie.

- T'es mort ?

Le visage pour lequel j'ai pris tous ces risques apparaît au-dessus du mien. Un sourire habille ses lèvres pleines. Ses yeux brillent. Le soleil derrière lui, dans le ciel, le rend lumineux. Je crois que je ne l'ai jamais vu aussi beau. Sans même répondre à cette question idiote, je pose ma large main sur sa nuque et l'attire jusqu'à mes lèvres. La sensation est exquise. Comme un regain d'air. Le soulagement tombe de ma poitrine et je me sens tout à coup bien plus léger. Law est sauf. Mes lèvres s'entrouvrent, laissant place à la passion de nos langues qui se mêlent. J'oublie tout, j'oublie Doflamingo, j'oublie la fuite, j'oublie le pont sur lequel nous sommes en train de nous faire remarquer. J'aime cet homme bien plus que ma vie de pirate, que mon bateau, ou que mon éventuel futur butin. Je peux tout abandonner pour lui.

Finalement nos bouches se séparent, un sourire flottant à nos lèvres, et nous nous redressons pour faire face à mon équipage. Leurs gueules attendries me donnent envie de vomir, aussi je me lève en décidant de mettre les choses au clair tout de suite.

- Vous êtes tous des putains de débiles profonds ! Des… Des… Des faces de cons qui ne pensent à rien putain !

Law rit, et je le foudroie du coin de l'œil. Il en va de même pour Killer, qui me sert son regard de « Tu vois bien que sans moi t'es qu'un tas de muscles ». Je pousse un soupir. Debout au milieu de la trentaine d'hommes qui me sert d'équipage, je les regarde tous un à un dans les yeux en faisant un tour sur moi-même.

- Pas un seul pirate sur cette foutue planète, ou même sur les autres, ne peut se vanter d'avoir un équipage de bras cassés comme le mien…

Je prends une profonde inspiration avant de continuer, coupant la parole à l'un d'eux qui voulait ajouter quelque chose.

- Merci les gars. Vous auriez jamais dû venir, vraiment. Mais merci d'avoir risqué votre cul pour nous sortir de là. Dis-je avant d'ajouter en hurlant. ET MAINTENANT TOUS A VOS POSTES JE VEUX QUE CE NAVIRE BRILLE DANS DEUX HEURES !

En un seul mouvement, comme s'il avait été répété des dizaines de fois, ils se dispersent pour reprendre leur poste habituel. Ils savent que je ne suis pas quelqu'un qui montre sa gratitude. Je suis violent, seulement violent. Mais je suis certain qu'ils ont compris combien je les remerciais. Je vois alors Killer, qui m'adresse un léger hochement de tête, avant de poser une main sur mon épaule.

- T'es le seul à pouvoir être capitaine de ce rafiot. Ils sont tous d'accords avec moi.

Je lui souris à ces paroles et il s'éloigne en me le rendant, allant donner un coup de main ou donner des instructions. Désormais tranquille, je me retourne vers Law qui me fixe sans dire un mot. Je vois ses pensées dans son regard, et jamais je ne me suis senti aussi aimé qu'à cet instant. Je ne sais pas ce que serait ma vie aujourd'hui, si je n'avais pas rencontré cet homme. Peut-être serais-je incapable de montrer ce que je ressens de temps en temps aux gars ? Ou bien, je serais un empereur ? Allié de Doflamingo ? Serais-je marié avec une femme qui m'attendrait sur une île avec un enfant ? Qui peut savoir…

- A quoi est-ce que tu peux bien penser… ? Demande-t-il en s'approchant pour enserrer ma taille de ses bras.

- A la vie. Je réponds en le prenant sous les fesses pour le soulever. A ce que j'aurais fait si tu étais mort, là-bas…

Mon visage s'assombrit à cette pensée sinistre. Je ne sais pas ce que j'aurais été capable de faire si j'avais réellement appris sa mort. Mais Law ne me laisse pas le temps de réfléchir plus en profondeur à cette hypothèse. Il soulève mon menton du bout de l'index, ses yeux scrutant les miens, et colle ses lèvres parfaites aux miennes. Ces mêmes lèvres qui ont failli m'être arrachées. Je n'ai même pas la force de résister un tant soit peu pour l'engueuler, je me laisse totalement aller à notre passion retrouvée. Le frisson du manque traverse mon corps de part en part. Je resserre ma prise sur le corps de mon amant et je me dirige vers ma cabine, où si souvent nous nous sommes retrouvés suite à de longues absences.

Mais aujourd'hui c'était différent.

Après ce que nous avions vécu aujourd'hui, il était hors de question que je le laisse s'en aller de nouveau. Nos souffles se mêlent, m'empêchant de prendre la parole. Tout ce que ma bouche est capable de faire c'est de happer la sienne encore et toujours plus à la recherche de son air. Bordel de merde… Ma tête s'enflamme, et je sens des fourmis remonter de la pointe de mes pieds jusqu'au bout de mes doigts. Je referme la porte derrière nous, nous isolant du bruit de l'extérieur, puis je vais m'asseoir au bord de mon lit. Il me parait bien moins immense maintenant que nous sommes deux. Mon homme maintenant assis sur les genoux, je parviens à me séparer de ses lèvres pour scruter son visage dans les moindres détails. Ses cernes sont aussi grandes que d'habitude. Mes doigts effleurent lentement la coupure au niveau de sa pommette, ainsi que chacun des bleus qui maculent sa peau. Il frissonne. Avec une lenteur et une douceur dignes d'un enfant, je pose un baiser sur chacune des blessures.

- Je crèverais, pour te faire oublier chaque instant difficile.

Il sourit. De ce sourire dont il a le secret, et qui me fait chavirer chaque fois un peu plus. Il secoue lentement la tête, comme si je venais de dire quelque chose d'idiot, et m'embrasse. Lentement. Tendrement.

- Ne fais jamais une chose pareille.

Je resserre mes bras autour de sa taille.

- Alors reste. Je t'interdis de risquer de nouveau ta vie sans moi. Et je t'interdis de partir…

- De quel droit m'interdis-tu de faire certaines choses ? Demande-t-il avec un sourire en coin.

Je ris doucement. Il sait que je me permets, tout en sachant très bien qu'il fait de toute façon toujours ce que bon lui semble. Cela m'énerve d'ailleurs au plus haut point, et en même temps c'est une des raisons pour lesquelles je l'aime. Il me tient tête. Mais je veux lui faire comprendre. Je veux qu'il sache une bonne fois pour toute qu'il peut me faire confiance. Rester à mes côtés. Sans craindre ni l'abandon, ni la trahison. Je vois le doute au fond de ses yeux. Je vois les blessures dans son cœur. Je sais que c'est difficile de faire confiance mon amour. Je sais à quel point tu es fragile.

- Rien en toi ne me dégoûte, tu sais…

Il fronce les sourcils, surpris par ce que je viens de dire.

- Qu'est-ce que tu veux dire, Eustass ?...

Il détourne le regard. Je le comprends toujours. Peu importent nos différences. Peu importent la distance et le temps qui nous séparent.

- Je t'aime Law. Je t'aime sans conditions.

Il me sourit. J'avais tort tout à l'heure. C'est tout de suite et maintenant qu'il est plus beau que jamais. Il m'embrasse de nouveau.

Quand je pense que ma vie avec cet homme ne fait finalement que commencer…

.

FIN


.

Et voici la fin de cette aventure. Bien qu'ayant mis beaucoup de temps à terminer disons cette "boucle", je suis plutôt fière de l'avoir fait. De leur avoir donné un semblant de fin.

Ce n'est cependant pas terminé pour autant, car il y a de grandes chances que je me décide à écrire un ou deux OS sur le passé de nos deux capitaines préférés ! N'hésitez pas à continuer de suivre si ça vous intéresse.

Sur ce, je remercie chacun de mes lecteurs. J'espère que cette fin n'est pas trop mielleuse pour vous. Je vais vous avouer que je suis quelqu'un qui aime le drame et le tragique. A la base j'aurais bien imaginé un petit truc triste, puis je me suis dit que je les aimais tellement que je ne pouvais pas leur faire ça. Et pourtant c'est pas faute d'avoir écouté LA musique triste en écrivant la fin (cf Continued Story - Code Geass).

.

En tout cas, j'espère vous avoir fait passer un bon moment, c'est vraiment tout ce qui m'importe !

Bonne continuation à vous tous !