Le reste de la Tournée se déroula sans encombres. J'avais dû entendre deux ou trois fois la voix de Peeta, mais j'avais su y faire abstraction. Lorsque cela arrivait devant une foule, je fermais les yeux et inspirais longuement avant de continuer normalement. Quand c'était dans ma chambre, il me suffisait de fourrer ma tête dans un oreiller pour que cela passe.
Lors de mon passage au Huit et au Trois, la population avait reproduit le signe des trois doigts. Ce signe que j'avais fait dans l'arène, dans le but de rendre hommage à la petite Rue.
Cela m'avait déstabilisé et je m'étais mise à bégayer. Les pacificateurs avaient interrompu mon discours er m'avaient emmenée à l'intérieur de l'hôtel de justice.
Et si c'était de ça que le président me parlait ? Sans le vouloir, j'avais peut-être eu un geste de rébellion en rendant hommage à mon alliée. Et peut-être que les districts avaient vu en cela une potentielle révolte ? Non, c'était trop peu. Beaucoup trop peu !
A présent, je me trouvais au district Un.
J'appréhendais le moment sur scène. J'avais tué les deux tributs, qui auraient pu gagner...
La fille à « coups » de piqures de guêpes tueuses. Et le garçon -dont je ne connaissais même pas le nom- d'une flèche.
Voici le moment, celui où je devais monter sur scène.
Effie me poussa tandis que les portes devant moi s'ouvraient. Je collai alors un faux sourire sur mon visage, avançant devant la foule. J'allai me placer derrière le micro et, entamai mon discours, rédigé par mon hôtesse. Alors que la fin du texte approchait, la voix s'éleva dans mon esprit :
- Katniss. Arrêtes de m'ignorer.
Prise de vertiges à l'entente de celle-ci, je fermai mes yeux, me focalisant sur ma respiration. La dernière fois que j'avais utilisé cette technique, cela avait plutôt bien fonctionné. Tout comme aujourd'hui.
Je repris alors mon débitage d'idioties. Et j'appris que le garçon s'appelait Marvel.

Le chocolat chaud me brûlait la langue. Je reposai ma tasse sur la table, joliment recouverte d'une nappe en soie blanche. En face de moi, Effie était –une fois de plus- subjuguait par ses ongles. C'est à peine si elle m'avait remarqué.
Nous étions de nouveau dans le train, en direction du Capitole cette fois. C'était la dernière étape avant mon retour à la maison.
Tant mieux. J'étais à bout de force. Je ne souhaitais qu'une chose : rentrer chez moi, m'affaler sur mon lit et y rester jusqu'aux 75èmes Hunger Games, auxquels je serai forcée d'assister.
N'en pouvant plus d'Effie et de sa superficialité, je me levai et sortis du compartiment principal.
J'hésitais à aller voir Haymitch. Il était impératif que j'aie une conversation avec mon mentor. Mais je n'étais, et ne serai probablement jamais, prête à supporter ses remarques ou ses idioties d'ivrogne. Je tournai les talons pour aller vers ma chambre.
Une fois à l'intérieur, j'ôtai mes chaussures, mon pantalon gris et ample, et mon pull de la même couleur. Je me couchai ensuite, en sous-vêtements, sous les douces couvertures. Un cadre, contenant une photo de papillon, reflétait la lumière, dont la source m'était inconnue.
Quelques minutes plus tard, je dormais paisiblement.
Paisible, ça n'allait pas le rester...

Une petite lueur et un joli chant matinal me tirèrent de mon sommeil. J'allai ouvrir le rideau en me frottant les yeux. Le soleil pointait à l'horizon, baignant dans des nuages rosâtres. Quel magnifique spectacle ! La journée aurait pu s'avérer agréable, si j'étais au Douze et que je n'avais jamais participé aux Hunger Games...
Les Hunger Games... Repenser à cette horreur eut l'effet d'un grand frisson parcourant mon corps entier. J'allai bientôt revoir ma sœur, ma mère, Gale...
Gale à qui je n'avais pas parlé depuis une éternité... Gale qui descendait maintenant à la mine 6 jours sur 7... Gale qui me manquait...
A mon retour des jeux, je m'étais formée une coquille, que seule Prim –et de rares fois, ma mère- parvenaient à franchir. Je n'avais pas été voir Gale. Il n'était pas venu me voir.
Mais il n'avait pas dû trouver le temps...
Effie débarqua à l'improviste en clamant que l'on avait une « grande, grande, grande journée ».
Durant les heures suivantes, on me prépara, m'habilla, me maquilla...
Le soir venu, j'étais en compagnie d'Effie, à quelques pas de la demeure du président, chez qui se déroulait la soirée. Elle me faisait les dernières retouches, en m'assommant des règles à respecter pour les heures à suivre.
Le moment d'entrer venu, elle m'entraina vers la villa. A notre entrée du côté des jardins, tous les regards se braquèrent sur moi, et surtout sur ma tenue. Cinna avait fait un travail exceptionnel !
Ma robe, de couleur bordeaux était assez simple. Elle était serrée à la taille, et légèrement plus ample vers le bas. Au niveau de la poitrine, se dessinaient de jolis motifs circulaires. Sur mes épaules, se trouvaient des pierres bleues, assorties à mes chaussures à petits talons.
Mes préparateurs avaient relevé mes cheveux en un chignon serré, d'où s'échappaient quelques mèches rebelles. En guise de maquillage, ils avaient seulement souligné mes yeux de bleu nuit, tout comme le fard à paupières, ainsi qu'une fine couche de fond de teint.
Un jolie tenue, mais naturelle. Voilà qui était rare au Capitole.
Enfin, Effie me présenta aux personnes présentes, m'expliquant entre deux à quel point ils étaient haut placés.
Je feignais d'être ravie de les rencontrer, alors qu'en réalité, ils me dégoutaient. Ils étaient tous plus ridicules les uns que les autres avec leur surplus de couleurs, leur fantaisies en tout genre.
Leur serrer la main me répugné au plus haut point !
Mais, en bonne vainqueur, je leur souriais à tous.
Vint le tour d'aller saluer le président. Nous montâmes les marches menant au balcon, allant à sa rencontre.
Quand il nous aperçut il fit un immense sourire. Il se dirigeait vers nous, tout en agitant sa main gantée.
Je suivis Effie jusqu'à lui.
- Président ! s'exclama t-elle, quel honneur !
Il fit une petite révérence typique du Capitole, et elle ne tarda pas à l'imiter.
- Notre grande gagnante est parmi nous ! Heureux que vous soyez là Miss Everdeen.
Je lui sortis mon plus beau sourire suivi de ces paroles.
- Tout l'honneur est pour moi.
Il me laissa sa place en haut du balcon pour se placer juste derrière moi. Je sortis mon antisèche et commençai à réciter. Comparé à tous les districts, les invités applaudissaient à chaque fin de phrases, comme si mon discours avait quelque chose d'exceptionnel.
A la fin de cette horreur, les Capitoliens se déchainèrent ! Ils m'acclamaient, se poussaient pour pouvoir me parler, me voir de près. J'avais envie de hurler, mais je ne pouvais pas.
Au bout de quelques heures à devoir parler de tout et de rien, je réussi enfin à m'éclipser discrètement.
Je déambulai à travers les jardins parsemés de fleurs. Ou plutôt, de roses. Oui, des roses blanches qui empestaient le sang. Ce devait être les fleurs favorites de Snow, car il n'y avait que ça.
Au bout d'une énième allée, je finis par voir un coin de mur. Je continuai de m'en approcher, pour finalement arriver devant le bâtiment qui devait être la résidence secondaire du président, sûrement pour ses serviteurs. Alors que j'allai avancer pour m'appuyer sur le mûr, je remarquai une présence.
Ayant soudain peur, je m'apprêtai à faire demi-tour, quand je distinguai des cheveux blonds. Croyant avoir aperçu Peeta, je m'approchai. Je compris alors que c'était seulement mon mentor qui se trouvait devant moi. Il était affalait sur le mur, un verre à la main, ses cheveux tombant sur son visage. Soupirant, je tournai les talons.
- Profites-bien.
Je me retournai en haussant un sourcil.
- Pardon ? demandai-je.
Haymitch se redressa, et s'approcha de moi le dos courbé. Il n'avait vraiment pas fier allure.
- Cela ne durera pas. Ce n'est qu'une pause. Ce sera bien pire après.
Je déglutis difficilement et repris :
- Comment ça ? Qu'est-ce qui sera pire ?
Il me regarda de ses yeux vitreux. Comprenant qu'il ne m'en dirait pas plus, je décidai de retourner à la soirée.

- Plutarch, le nouveau haut juge.
- Nouveau ?
- Oui, Seneca Crane a eu... Quelques empêchements. me répondit Effie.
Voyant l'air gêné d'Effie, j'insistais.
- Quels genres d'empêchements ?
- Katniss, si on allait plutôt le voir ?
- Je veux savoir ! m'écriais-je
- Bon ! Il a été exécuté voilà !
Cette nouvelle me fit l'effet d'une bombe. Non pas que j'aimais l'ancien juge, mais je ne savais pas que même les Capitoliens pouvaient être tués comme ça...
- Mais... Mais pourquoi ?
- On en parlera plus tard ! s'énerva Effie
Nous allions à la rencontre du nouveau juge.
- La fille du feu ! s'exclama t-il
- Bonjour, commençais-je prudemment.
- Venez, nous allons parler tranquillement.
Laissant Effie se présenter à tout le monde, je suivais Plutarch un peu plus loin.
- Plutarch, enchanté, se présenta t-il. J'ai vraiment hâte de l'expiation !
Comme tout ces gens, c'est un addict des jeux...
- Je sais ce que tu pense de moi. Je ne te parlais pas pour voir les Hunger Games. Mais plutôt pour autre chose...
Il leva la tête comme pour voir si on nous écoutait. Mais le bruit de la musique couvrait ses paroles.
- Ces jeux ne seront pas comme les autres...
Bien évidemment. Ce sera l'Expiation ! Cette édition des jeux qui ne survient que tout les 25 ans. Une règle inédite est alors mise en place... Je me demande bien laquelle sera piochée pour cette année... Nous le saurons bien assez tôt de toute manière...
- Cette édition aura un grand impact sur notre pays Katniss...
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
Il me regarda et approcha son souffle de moi.
- Tu verras, le moment venu...
Il me laissa ensuite là, sans d'autres explications. Mais qu'est-ce qu'ils ont aujourd'hui avec leurs énigmes ?!
L'haleine de Plutarch empestait l'alcool. Il ne devait pas avoir les idées très claires... Quant à Haymitch, il n'a jamais les idées claires !

Hey ! Voici le chapitre 6, avec un peu de retard :/

Après une courte période où l'inspiration m'a subitement lâché, heureusement, c'est passé.

Ce chapitre est plus long que les autres. Il peut paraître ennuyant, mais il est essentiel pour la suite. Beaucoup de mystères s'y installent, comme l'étrange attitude d'Haymitch et de Plutarch. Pense-vous -comme Katniss- qu'ils ont dis c'est choses sous l'emprise de l'alcool ?

Et une review (constructive), me ferez beaucoup de bien :D

Kiss :3

#MissMellark