En l'an 283, le Roi Robert Baratheon et la reine Cersei Lannister fraichement couronnés mettent au monde leur tout premier enfant. L'héritier tant désiré par le royaume et par ses souverains, le seul pouvant seller la paix sur les sept couronnes et instaurer un régime stable sur le pays. Nul n'aurait su dire tout l'espoir qui était placé dans cette enfant. Bien avant sa naissance on disait déjà qu'il serait le plus beau des princes qui par sa délicatesse, sa grâce et son habilité au combat règnerait en maitre sur les 7 royaumes mais avec toute la bienveillance et l'honnêteté du monde. Déjà toutes les grandes familles nobles envoyaient des oiseaux à Port Réal pour sceller une alliance avec ce merveilleux prince, la maison Reed, la maison Torth, la maison Ouestrelin, la maison Tyrrell, toutes les maisons possédant une fille qui pourraient être marié au « plus beau prince du monde » et mêmes celles qui n'avaient pas encore de fille à marier. Cet enfant sera le seul qu'aura la reine de son mari, le seul à posséder les traits caractéristique des Baratheon, le seul à pouvoir prétendre véritablement au trône de fer. Vous l'aurez compris ce prince était particulièrement attendu mais ces espérances furent bientôt gâchées quand le prince se révéla être une princesse.
Quelle déception pour tous ! La reine ne craignait qu'une chose que ce soit une fille. Le roi déciderait surement de la nommer Lyanna, en hommage à Lyanna Stark, son ennemie de toujours, la seule femme qui aurait pu contrôler Robert, la seule femme qu'elle détestait vraiment, la seule femme dont elle était jalouse, la morte qui lui faisait de l'ombre. Même morte, elle lui faisait du tort ! Et elle savait parfaitement qu'elle ne pourrait aimer sa fille si elle était associée à de tels souvenirs, à une telle personne. Au fond, elle savait qu'elle ne pourrait jamais aimer cet enfant de toute façon. Elle était l'enfant de Robert, l'ainée, elle serait reine, la relayant, elle, à l'arrière-plan. Elle la devancerait toujours, dans la hiérarchie, dans le cœur du roi et à en croire son petit visage si tendre d'enfant, en beauté également. Cet enfant elle le détestait déjà ! Tous ses plans pour contrôler le royaume se voyait anéanti en quelques secondes par cette fille née d'un besoin de pouvoir de plus en plus avide. Avec un fils, elle aurait porté en son sein le futur roi, elle l'aurait élevé elle-même, elle l'aurait façonné à son image pour qu'il la laisse manœuvrer une fois au pouvoir. Mais avec une fille, son père veillera à ce qu'elle soit élevée comme une parfaite potiche, couture, ragots, coiffure et compagnie, elle n'aura donc que faire de la politique et même si cela venait à être, elle resterait femme et serait contrôlé par son mari qui deviendrait roi et n'hésiterait pas à écarter belle-maman si celle-ci devenait trop dangereuse pour ses intérêts.
Et pour le roi ? Pour le roi, cet enfant ne représentait rien, un mioche qu'il faudra se trainer, la fin de sa dynastie puisque même si elle devenait reine, ses héritiers ne monteraient pas sur le trône avec le nom des Baratheon. Et puis qu'elle reine cela ferait ?! Une reine, c'était pitoyable, ça ne parle que fanfreluche et coiffure et se préoccupe plus des dernières modes que de politique ou encore moins de guerre. Le jeune roi voyait déjà la perte de son royaume arrivée. Aussi quand son écuyer vient le prévenir que la reine avait mis au monde une fille, il ne sut que dire, que faire. Il avait tellement pensé avoir un fils qu'il en avait oublié que se put être une fille. A cette annonce il cassa le verre qu'il tenait à la main. Une fille, une fille, une fille, pourquoi les dieux ne lui avaient-ils pas fait présent d'un fils ? D'un héritier ? Pourquoi son fidèle ami, Eddard Stark, avait-il eu l'honneur de se voir accorder un fils et pas lui ? A cet instant, il ne put s'empêcher de penser à Lyanna, sa douce Lyanna. On dit que les femmes du Nord sont robustes et enclins à porter des fils. Lyanna lui aurait surement donné un fils dès leur premier né, peut-être même deux ! Oui, en cet instant le roi détestait Cersei pour lui avoir donné une fille et il se détestait pour l'avoir pris pour épouse. Il se décida tout de même à se rendre au près d'elle pour donner un nom à l'enfant. Il ne parvenait toujours pas à dire « son enfant ». De toute façon cet enfant était né de la haine de ses deux parents, il ne pouvait donc qu'être hait à son tour.
Quand le roi entra dans la chambre de sa femme, il la vit amère et froide comme à son habitude. L'enfant n'était pas avec elle mais dans un berceau à coté surveillé par une servante. Cersei devait être aussi énervée que lui et tout aussi déçu qu'il ne l'était lui-même mais il trouva tout de même affreux qu'une mère dédaigne autant son enfant. Certes, la reine était aussi froid que le Nord l'hiver, et son cœur, si tenté qu'elle en ait un, devait être glacé, il paraissait donc évident qu'elle soit dépourvue de tout instinct maternel, mais tout de même ! Le roi s'approcha du berceau en lançant un air de reproche à sa femme qui détourna le regard. Il fit partir la servante d'un geste brusque et plein de colère et se pencha sur le nourrisson. Il souleva le léger tissu qui recouvrait son minuscule lit et eut le loisir de découvrir sa progéniture.
Le bébé dormait paisiblement sur le dos la tête légèrement sur le côté entre ses deux petits bras potelés de nouveau-né. Ses yeux en amandes clos par le sommeil étaient encadrés par quelques petites boucles noires, caractéristique des Baratheon. Sa peau semblait si douce que le jeune père ne put résister à la toucher. D'un geste hésitant et gauche mais qui se voulait doux, il frôla de son doigt la joue de la jeune princesse qui surprise par ce premier contact roula sur le côté et attrapa avec une rapidité hors du commun l'index qu'on tendait vers elle. Robert tout d'abord surpris, croyant avoir fait un mauvais geste, s'apaisa en la voyant se rendormir aussi vite qu'elle c'était réveillée. Mais ce qui le troubla encore plus ce fut son regard. Ses yeux étaient bleus, comme tous les Baratheon mais entre de longs cils charmeurs se trouvaient deux prunelles aussi pures que le cristal, aussi bleu que l'eau entourant les îles de Torth. Certains diront que ses yeux reflétaient son âme ou encore que les dieux avaient placé dans son regard les secrets du monde. Si tout cela n'était que fantaisie, le roi, lui, trouva bien quelque chose dans ces magnifiques yeux, le plus inestimable trésor de Westeros, la princesse dont la beauté ferait chavirer n'importe quel cœur, mais plus que cela, il retrouva l'amour qu'il avait perdu depuis le trépas de la jeune princesse du Nord. En un instant, cette petite avait su gagner son cœur, calmer sa colère et le rassurer sur l'avenir de son royaume.
Il prit l'enfant dans ses bras et il dit ceci, du moins c'est ce que la légende raconte : « Par ta beauté, tu as su gagner le cœur d'un roi ayant perdu foi en l'amour, d'un regard tu fais chavirer le monde, d'un mot tu enchanteras le monde. Que les dieux aient pitiés de moi, qui un instant ne me suis pas réjouie de la venue de cet enfant. Je vous aie maudit pour m'avoir donné une fille, je m'excuse car vous m'avez donné une déesse. Ainsi, elle se nommera Célestia pour célébrer ce cadeau du ciel qu'elle représente. »
Finalement, la princesse ne fut plus jamais une déception pour le roi, elle fût la seule femme à qui il resta entièrement fidèle, la seule qu'il espéra ne jamais décevoir et qu'il aima jusqu'au dernier instant. Et il espéra jusqu'à la fin, que jamais elle ne lui en voudrait ou cesserait de l'aimer à cause des mauvaises décisions qu'il aurait pris. Cependant, pour sa mère, elle ne fut jamais source de fierté, peut être car justement elle était le soleil de son père et pas elle. La jeune princesse ne sut jamais véritablement si sa mère la jalousait ou la détestait, ce qui était sur c'est que ni l'une ni l'autre ne s'appréciait et cela ne changerait jamais.
La légende raconte que le Grand Septon aurait dit d'elle qu'elle était destinée à changer le monde qui l'entoure, nul ne sut à quel point celui-ci avait raison.