Après 'une passion dévorante' voici mon nouvel OS.

Bonne lecture!


- Non, mais tu as vu l'heure ? Tu crois vraiment que c'est le moment de parler d'un truc pareil ? Tu ne sais pas ce que tu dis. Comment est-ce que ça pourrait marcher ? Va-t-en ! je ne veux plus te voir.

Dur, implacable. Une gifle claquant comme un fouet qui laisserait une marque indélébile. Le visage déformé par la colère et l'amertume, Derek avait craché des mots qu'il ne pensait pas. Mais quel autre choix avait-il ?

Stiles ne bougea pas, bouleversé. Il semblait s'être figé telle une statue de marbre. Secoué par les propos haineux du loup, il tentait tant bien que mal de paraitre insensible mais se maudissait de n'avoir aucun contrôle sur les battements foireux de son cœur. Cet enfoiré de Derek venait sans le savoir de le condamner à l'enfer. Son âme blessée et meurtrie saignait pour avoir dit des mots qu'il ne savait pas être une lame qui le blesserait. Il avait envie de fuir, de prendre ses jambes à cou, se cacher pour ne plus jamais revenir. Mais c'était plus fort que lui. Il voulait savoir.

- Pourquoi ?

Derek observait le jeune homme sans ciller. Il entendait très distinctement le son douloureux d'un tambour jouant dans sa poitrine. Il s'en voulait de lui faire si mal, c'était comme s'arracher son propre cœur, mais il ne plierait pas.

- Pars !

- Pas avant que tu ne me donnes une explication.

- Il n'y a rien à dire, grogna le loup, impassible.

- Te fous pas de moi Derek ! Pourquoi est-ce que c'est si dur pour toi de me répondre ?

- La ferme ! Je n'ai pas à me justifier devant un gamin de dix sept ans.

Plantés au milieu du loft de l'alpha, les deux hommes se faisaient face, se dévisageant si durement que la rancœur se lisait dans leurs regards. Derek croisa les bras lâchant un soupir exaspéré comme preuve de son profond agacement alors que Stiles fourra les mains dans ses poches bien décidé à faire cracher le morceau au grand méchant loup.

- Je ne bougerai pas d'ici tant que tu ne m'auras pas expliqué. J'exige de savoir quelles sont les raisons qui te poussent à croire que ça ne pourrait pas marcher. Je ne partirai pas avant. Et sache que j'ai tout mon temps.

- Moi aussi, lâcha Derek en le toisant durement.

- Très bien ! Voyons voir qui de nous deux craquera en premier.

- C'est tout vu !

Un sourire facétieux naquit sur les lèvres du loup. Il était évident que le jeune homme ne tiendrait pas une minute sans ouvrir la bouche. C'était gagné d'avance. Il allait craquer et s'en retournerait sans demander son reste. Alors seulement, il aurait enfin la paix et pourrait retourner se coucher. Mais les secondes et les minutes s'égrenèrent à la lenteur des heures, une tension palpable planant au dessus de leur tête.

Stiles avait toutes les peines du monde à soutenir les yeux froids et implacables de Derek. Il se sentait faible et vulnérable sous son regard et commençait à douter de son esprit de lutte. Il ne tiendrait plus très longtemps. Il aurait dû savoir qu'il n'était pas assez fort à ce jeu là. Se mesurer à un loup était bien au delà de ses capacités. Il mourrait d'envie de regarder ailleurs, de rompre cet échange glacial, mais il devait tenir encore un peu, ne serait-ce que pour son honneur et sa fierté.

Les prunelles perdues dans le bleu azur, une douloureuse ritournelle dansait devant ses yeux l'obligeant à se remémorer cette nuit funeste qui avait brisé son cœur et souillé son âme. Son cauchemar le hantait, le marquant au fer rouge. Rêver de la mort de l'alpha l'avait laissé pantelant d'angoisse et une douleur oppressante l'avait accueilli à son réveil alors que le soleil n'était pas encore levé. Il se rappelait avec une perfection terrifiante les moindres détails de sa vision réalisant avec une horreur feinte qu'il n'avait jamais eu le courage de lui avouer ses sentiments. Il avait alors compris ce qu'il lui restait à faire. Même si tout cela n'avait rien eu de réel, il savait mieux que quiconque qu'il était important de dire aux gens qu'on aime qu'on les aime. Et même si cette personne était un loup garou mal léché et pas agréable pour un sou.

Malgré l'heure matinale de cette froide journée d'hiver, Stiles s'était levé d'un bond, habillé à la hâte et accouru chez Derek sans prendre le temps de l'appeler au préalable. Il était venu confesser son amour à l'alpha. Enfin, si on pouvait appeler ça se confesser. Il avait débarqué comme une fleur et avait lâché des propos délirants dans un vrai mélange de tout et n'importe quoi, mais Derek avait semble-t-il compris l'essentiel. Stiles était amoureux de lui. C'était tout ce qu'il y avait à en retenir.

Contre toute attente, Derek détourna le regard. Cette comédie ridicule devait cesser. Il avait passé l'âge des gamineries et des béguins d'enfants. Lui et Stiles, ça ne pouvait tout simplement pas marcher. Point, à la ligne.

- J'ai gagné, s'extasia le jeune homme.

Derek fronça les sourcils.

- De quoi est-ce que tu parles encore ?

- Tu as détourné les yeux, j'ai donc gagné.

- Est-ce que tu as complètement perdu la tête ? Ce n'est pas un jeu Stiles.

- Peut-être, mais j'ai gagné. Tu me dois donc des explications.

Levant les yeux au ciel, Derek tourna les talons se dirigeant vers la sortie. Si le gamin ne voulait pas s'en aller, très bien, c'est lui qui partirait.

- Qu'est-ce que tu fais ? S'inquiéta Stiles en le suivant du regard.

Mais Derek ne l'écoutait pas. Il posa la main sur la porte prêt à fuir l'importun quand ce dernier accouru l'attrapant pas le bras et tirant de toutes ses maigres forces.

- Je t'interdis de t'en aller, tu m'entends ? S'emporta le jeune homme.

Cette fois, le loup craqua. Il se retourna vivement sur l'humain, l'attrapa fermement par le col de son pull et le plaqua si fort contre la porte que Stiles vit trente six chandelles en se cognant la tête. Il ferma un instant les yeux sous la douleur et quand il les rouvrit, il se retrouva absorbé par deux orbes ardents rougeoyant intensément. Derek était en colère, cela ne faisait aucun doute. Il allait y passer, il le savait. Depuis le temps qu'il le menaçait de lui arracher la gorge avec les dents, son heure était finalement venue. Il entendit un son rauque menaçant, le loup grondait d'une impatience mal contenue. La peur saisit son cœur alors qu'il était certain que celui de Derek était empli de haine à son égard. Il l'avait poussé à bout, il allait le payer. Il ferma de nouveau les yeux pour échapper à la condamnation que lançait la couleur du sang et adressa sa dernière prière tremblant de tous ses membres.

- Fais ça vite, je t'en prie !

La prise autour de son cou se resserra et il pouvait sentir le souffle chaud de Derek tout proche de son visage. Bon sang, qu'est ce qu'il attendait pour le tuer ? Cela l'amusait de le torturer ainsi ? S'il avait su que révéler à l'alpha ses sentiments l'aurait amené à cette situation, il y aurait probablement réfléchi à deux fois. Mais il était trop tard, les dès étaient jetés et il ne verrait pas le soleil se coucher ce soir. Déjà qu'il était à peiner levé. Se résignant, il cessa de respirer attendant avec anxiété le coup mortel.

Il entendit un énième grognement puis l'instant d'après la bouche de Derek était sur la sienne l'écrasant de ses lèvres avides alors qu'il tirait plus fort sur son col. Le baiser avait tout d'un choc, aucune douceur n'en résultait. L'amertume et la rage du loup prenait toute la place ravageant le cœur de Stiles qui ouvrit les yeux de stupeur. Quand il leva les mains pour les poser sur la poitrine de son tortionnaire afin de le repousser un peu, ce dernier les attrapa vivement et les serra contre son cœur approfondissant leur baiser. Il se colla à lui comme une agression propre, une attaque face à laquelle la victime n'avait aucune chance. Le poids du corps de Derek pesait de plus en plus contre celui de Stiles qui ne parvenait plus à penser, excepté à la langue du loup dans sa bouche qui se faisait insistante et autoritaire. Il était partagé entre l'excitation et la peur. Il se sentait envahir par un feu si intense qu'il brulait de l'intérieur. Le loup cherchait à le faire céder, l'obligeant à capituler sous ses assauts 'bestiales'.

Sentant que Stiles était à bout de souffle, Derek s'écarta légèrement sans le libérer.

- Tes lèvres ont le goût du fruit défendu, grogna le loup mécontent. Si j'y goûte de nouveau, je suis sur de m'y perdre.

Un frisson parcourut l'échine de Stiles le troublant jusqu'au plus profond de son être. Il n'était pas sur de comprendre ce que ça voulait dire, mais une chose était claire, il voulait sentir à nouveau les lèvres de Derek sur les siennes, il voulait l'embrasser à en perdre la raison. C'en était vital.

- Goûte-moi encore ! Supplia Stiles la voix tremblottante.

Derek leva des yeux incendiaires sur le jeune homme. Il ne savait pas ce qu'il disait, il était totalement inconscient. A jouer avec le feu, il finirait par se brûler. Mais il s'en voulait surtout à lui-même. Quelque fut ses sentiments pour Stiles, aussi fort fussent-ils, il ne pouvait accepter de le laisser entrer dans sa vie de cette manière. Et l'embrasser n'y changerait rien, ça ne voulait rien dire. Que se passerait-il s'il cédait et qu'il se laissait imprégner de cet amour ? Qu'arriverait-il si Stiles perdait un jour la vie par sa faute ? Il n'y survivrait pas. Le mieux était de l'éloigner de lui avant qu'il ne soit trop tard. Aimer pour avoir le cœur brisé, souffrir en silence pour cacher les apparences, trop peu pour lui. Il avait déjà donné.

- Derek !

Cette voix n'était qu'un souffle, une caresse passant comme un baume sur son cœur confus. Il relâcha son emprise mais les mains de Stiles le rattrapèrent le forçant à partager le même air.

- Derek, s'il te plait !

- Ne fais pas ça, tempêta le loup.

Fuir. Il aurait dû fuir. Son cœur et son instinct le lui hurlait. Alors pourquoi ne parvenait-il pas à lâcher du regard cet emmerdeur ? Une chaleur inexpliquée s'emparait de lui, s'insinuant dans chaque parcelle de son corps, ses défenses s'ébranlaient et il doutait. Une simple larme de son âme aurait pu éteindre en lui la flamme qui brûlait si intensément.

Les mains de Stiles se firent plus insistantes alors qu'il se battait avec son loup qui désirait ardemment le jeune homme.

- Ce que ta bouche ne dit pas, mon cœur l'a déjà compris, murmura Stiles.

Cela lui valu un nouveau regard noir et le retour des mains de Derek autour de son col. A ce rythme là, il serait bientôt bon pour racheter un pull.

- Qu'est-ce que tu pourrais comprendre ?

Mais Stiles préféra ignorer les paroles du loup jouant une toute autre partie.

- L'indifférence que tu m'as portée, c'est la raison pour laquelle mon corps c'est consumé.

Mais qu'est-ce qu'il racontait encore comme ânerie? Voilà qu'il tentait de se la jouer poète maintenant. Stiles se gifla intérieurement pour avoir sortit une phrase si honteuse en présence d'un loup aussi peu romantique que Derek. Pourtant, l'expression de l'alpha changea et la couleur de ses yeux qui avait reprit leur éclat naturel rougeoya de nouveau. Et merde, il l'avait encore énervé.

- Tu réalises ce que tu dis ? Le questionna l'alpha. Comment est-ce que je pourrai rester insensible à tes propos, imbécile ?

- Quoi ? Tu ne vas pas me tuer pour t'avoir dis ça ?

- Arrête de croire que je n'ai que cette idée en tête ! Le rabroua le loup.

- Donc, tu ne comptes pas commettre un meurtre ce soir ?

Derek le secoua pour avoir osé répéter ces mots.

- Très bien, dans ce cas, explique-moi pourquoi tu m'as embrassé ? Pas que je n'ai pas apprécié, bien au contraire, mais comme tu m'as beuglé dessus en prétextant que je ne savais pas ce que je disais, et que je devais foutre le camp, j'aimerai bien savoir ce qui t'a poussé à m'embrasser ? Et puis,…

- Stiles !

- Hum, quoi ?

- La ferme ou je pourrai finalement bien commettre un meurtre. Et je peux te promettre que je ne serai pas tendre.

Stiles déglutit et cessa de parler. Derek le libéra enfin reculant d'un pas.

- Je suis désolé, mais je ne répondrai pas à ta question.

- Mais pourquoi enfin ?

Derek lui adressa un regard empli de sous entendus que Stiles était bien incapable d'interpréter.

- Je comprends que tu ne sois pas habile avec les mots, mais tu pourrais essayer, l'encouragea le jeune homme.

Derek s'approcha à nouveau de lui, mêlant leurs deux souffles et provoquant des palpitations dans la poitrine de Stiles.

- Je suis plutôt d'avis de te montrer, dit le loup dans un sourire énigmatique.

- Comment ça ?

Le cœur de Stiles se lança dans une série d'acrobaties alors que Derek passait une main derrière sa nuque. Le loup se pencha et lécha le lobe de son oreille déclenchant des ondes de passion dans tout son être.

- Je vais te montrer ce qu'il en coûte de tomber amoureux de l'alpha, menaça Derek d'une voix sourde.

- Qu… qu'est-ce que tu veux dire ?

Stiles frissonnait. Il ne savait si cette phrase était une menace ou une promesse.

- Avant de t'appartenir, je veux te faire languir. Je veux t'entendre gémir sous mes caresses. Je vais te rendre fou sous mes baisers. Je veux que tu perdes la tête quand je ferai onduler mon corps contre le tien. Tu auras tellement de plaisir que tu me supplieras d'arrêter, mais je n'en ferai rien…

Stiles entendit le rire espiègle de Derek alors qu'il semblait mettre ses menaces à exécution. Pour sur, il ne survivrait pas à cette journée.


Il est éventuellement possible qu'une suite paraisse. Tout dépend de vous.