De temps à autres (Quand j'aime à me souvenir de vous et moi)
NOTES : Cette fic est un Univers Alternatif dans lequel j'ai tenté de garder autant d'éléments du canon que possible tout en plaçant les personnages dans un univers heureux, dépourvu de surnaturel.
La fac où se déroule l'action est très librement inspirée de l'université de Stanford.
Cette fic comporte une bande son basée sur les personnages et leurs interactions, vous pourrez trouver tout les liens ici (Littleworldofskad).(tumblr).com(/)tagged/TAA (supprimer les parenthèses pour avoir le bon lien ^^)
En espérant que ça vous plaira. Bonne lecture !
Chapitre 1 : Un bout de toi m'accompagne, où que j'aille, dans tout ce que je vois.
PRESENT - Septembre
Ocean Avenue- Californie
La première fois que Sam Winchester vit Jessica Moore, elle était dans le bus et semblait triste.
La première fois que Castiel Milton vit Dean Winchester, il lui commandait un café en parcourant un journal.
La première fois que Charlie Bradbury vit Meg Marsters, elle dansait en sous vêtements dans le dortoir.
Deux ans plus tard ils se souvenaient tous de ce jour de fin Septembre et de l'exacte émotion qu'ils avaient ressentie à ce moment. De la compassion, du ravissement, de l'étonnement.
Deux ans plus tard ils se rappelaient de ce moment comme d'un moment heureux dans une vie heureuse. Bien sûr il y aurait encore de nombreuses années destinées à s'empiler sur leurs souvenirs jusqu'à les rendre désuets. Bien sûr la vie ne serait sans doute pas toujours comme elle l'était à présent. Et bien sûr ils avaient eut leurs lots de malheurs quotidiens, de souffrances ordinaires et de déchirements. Mais ni plus ni moins que d'autres.
Et tandis que Castiel mettait le pied dans une des dernières fêtes de sa fraternité à l'université sur Ocean Avenue, il était simplement heureux et reconnaissant de ce que la vie leur avait apportés à tous jusqu'ici.
Jour après jour ils avaient tous parcouru un chemin les menant presque sans heurts de l'enfance à l'âge adulte. Presque adulte. Mais jamais tout à fait parce que c'était encore un concept terrifiant qu'ils préféraient tous ignorer le plus longtemps possible. A ce jeu là, ils pourraient sans doute tous mourir centenaires en ayant dix huit ans dans leurs têtes.
Et c'était juste bon d'être en vie et en bonne santé dans un pays libre et riche. De marcher dans l'immense maison de la fraternité comme si elle lui appartenait (ce n'était pas si loin de la réalité à vrai dire, il avait passé tellement de temps ici) en récupérant au passage un gobelet rouge plein d'alcool tandis que, par dessus la musique, il entendait Jess crier son nom.
Il s'étouffa avec sa boisson quand elle le serra dans ses bras comme si elle ne l'avait pas vu depuis des mois. (Cela faisait trente neuf heures si Castiel avait bien compté.)
« Regarde, regarde ! » Piailla la grande blonde en lui mettant sa main sous le nez.
« Il s'est décidé ? »
Elle hocha la tête avec un sourire de la taille du Texas.
« Pas trop tôt » Commenta la voix sarcastique de Meg qui arrivait derrière Jess. «Si je vois encore une bague de fiançailles je vais devoir égorger un chaton pour exorciser. »
« Je croyais que c'était déjà fait. » Rétorqua Sam en lui tapant sur la tête gentiment.
« Hé je suis pas un monstre Samsquatch ! » Protesta le petite brune.
« Ravi de l'apprendre » Se moqua le jeune homme en posant une main possessive sur Jess.
Castiel sourit et reprit une gorgée d'alcool. Le cocktail était si chargé qu'il lui montait déjà à la tête. Un coup de coude dans les côtes lui fit tourner la tête vers Charlie qui lui tendait son verre pour trinquer.
« J'ai parié sur quatre » Dit elle en guise de salutation.
Castiel cogna son gobelet contre celui de la rouquine et reprit une gorgée pour tester la quantité d'alcool.
« Cinq. » Dit il.
Meg fronça les sourcils. «Vous n'êtes pas censés commencer le jeu quand je suis encore là ! » Grogna-t-elle en croisant les bras.
« Plains toi, tu peux truquer le pari ce soir. » Dit Sam.
« Je truque toujours le pari. » Meg attrapa la main de Charlie, déposa un baiser sur ses lèvres pour y goûter l'alcool. « Voyons si je tiens jusqu'à cinq... » Dit elle en prenant un verre sur un plateau qui passait à proximité posé sur le bras d'un première année aspirant à intégrer la fraternité. « Et maintenant tous au salon, Ash a commencé les parties de Bière Pong ! » Décréta-t-elle en entraînant Charlie derrière elle. Castiel leur emboîta le pas en ignorant les murmures sur leur passage. Charlie et lui n'étaient pas les seuls à parier sur combien de verres il faudrait à Meg avant d'enlever son t-shirt. Après tout on était Mardi. Et même le Doyen avait entendu parler des Mardi-en-Soutif de Meg Masters.
Dans le salon, Ash jouait au Bière Pong avec quelqu'un que Castiel ne voyait que de dos et qui, manifestement, perdait. Mais même de dos ils l'auraient tous reconnus. Peut être que les murmures sur le passage des filles ne concernaient pas que Meg. Peut être qu'ils le concernaient lui.
Le cœur de Castiel manqua un battement. Les deux filles se tournèrent vers lui l'air paniquées. Dans son dos il entendit Sam étouffer une exclamation et tout les regards y comprit celui d'Ash se tournèrent vers eux, sauf celui de son adversaire.
Un nouveau verre rouge apparut dans le champ de vision de Castiel au bout du bras de Jo Harvelle qui semblait préoccupée.
« Bois. » ordonna-t-elle. Castiel but sans poser de question, parce qu'il était loin, très loin d'être assez saoul pour affronter le retour de Dean Winchester à Ocean Avenue.
…...
DEUX ANS PLUS TOT - Septembre
« Un café taille médium s'il vous plaît ». Castiel nota la commande en hochant la tête avant de demander à quel nom.« Dean » Répondit l'autre en levant à peine les yeux de son journal. Castiel hocha encore machinalement la tête en versant le café dans un gobelet en papier, prenant mentalement note d'en faire couler de nouveau.
Il était très tôt le matin et il n'était pas tout à fait certain d'être bien réveillé. Il écrivit le nom sur le couvre gobelet et le tendit au client toujours accoudé au comptoir du RoadHouse. Celui ci le remercia brièvement avant de sortir, suivi par le regard approbateur de Jo qui l'avait encaissé.
La petite blonde donna un coup de coude à Castiel.
« Pas mal non ? »
Le jeune homme haussa les épaules et se mit en devoir de préparer une nouvelle cafetière. Les habitués n'allaient pas tarder à arriver. Castiel ne travaillait au RoadHouse que depuis une dizaine de jours mais il tenait à faire son travail correctement et aussi vite que possible. Le bar était accueillant même à cette heure matinale, malgré les bâillements de Jo. La lumière tamisée tombant des vieilles appliques renvoyait les ombres de la fin de nuit dans les recoins créés par les tables et les pieds des chaises. Les banquettes rouges délavées apportaient peu de couleur au bois sombre du bar. Ça sentait la bière un peu rance et le tabac froid. C'était confortable.
« Alors ? Cette première semaine de cours ? » Demanda la jeune fille.
« Intéressante » Répondit Castiel. « Même si je me perds sur le campus... ce truc est plus grand que la ville où j'ai grandit ! » Il lança la machine à café et vint se percher sur le comptoir à coté de Jo. Ce fut ainsi qu'Ellen Harvelle les trouva dix minutes plus tard, en grande conversation.
« Les gosses, je vous paye pas pour bavarder ! » Grogna-t-elle.
« On bossera quand il y aura des clients. » Répliqua Jo en sautant en bas du comptoir. Castiel était déjà sur ses pieds prêt à s'excuser.
Quelqu'un entra et ils n'eurent plus l'occasion de bavarder durant le reste de la matinée.
ù*ù*ùù*ù*ù*ù*
La jeune fille était assise à l'avant du bus, la tête posée sur la vitre, le regard perdu dans le vague. Sa masse de cheveux blonds bouclés attira l'œil de Sam quand il monta dans le véhicule, saluant le conducteur d'un signe de tête. Il s'installa quelques sièges derrière la fille, ses écouteurs sur les oreilles. Sam avait l'impression d'être intrusif mais il ne pouvait pas s'empêcher de lui jeter des regards à la dérobée. Elle se tenait contre la vitre, serrant son sac contre elle. Elle semblait triste. Sam avait presque envie de s'asseoir à coté d'elle et de lui faire écouter une chanson joyeuse pour qu'elle se mette à sourire.
Elle descendit au même arrêt que lui, devant la bibliothèque où il travaillait et il sourit en se disant qu'il aurait l'occasion de peut être la voir encore dans la journée. Il se fit immédiatement l'effet d'un pervers voyeur et baissa la tête sur ses baskets en passant la porte.
«Good morning Vietnam ! » Le salua Luc en lui ébouriffant les cheveux. Sam le repoussa d'un coup d'épaule agacé et posa son sac derrière le comptoir de l'accueil. La fille blonde disparut entre les rayonnages. « Le chat a mangé ta langue ? »
« Bonjour Luc. »
Le bibliothécaire hocha la tête, satisfait, et Sam se mit à empiler les retours de la veille sur un petit chariot. Il rangea les livres distraitement, cherchant la fille entre les livres, mais il ne la revit pas de la matinée.
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Charlie avait son plan du campus à la main, un gros sac sur l'épaule et un autre encore plus gros dans l'autre main. Elle était à peu près certaine d'être dans le bon bâtiment, il ne lui restait plus qu'à trouver la chambre.
Il y avait de la musique dans le couloir et apparemment elle venait de derrière la porte qui portait le numéro qu'elle avait noté sur son papier. Pas vraiment son genre de musique. Elle soupira et poussa la porte.
La chambre était spacieuse, séparée en deux par un long paravent de bois mais Charlie ne remarqua pas le décor. La première et la seule chose qu'elle vit ce fut une fille brune en sous vêtements qui se déhanchait les yeux fermés, les bras en l'air sur un air de pop. Charlie connaissait l'expression « bouche bée » mais elle ne l'avait jamais expérimentée aussi intensément.
La fille s'arrêta de danser en même temps que la chanson et rouvrit les yeux.
« Oh merde ! » Cria-t-elle en se précipitant sur son jean jeté en travers du lit. Elle se mit à rire en tentant de l'enfiler. « Je suis vraiment désolée je croyais que j'étais seule ! »
« Tu l'étais » Répondit Charlie avant de se racler la gorge. « Je... je crois que je suis ta colocataire. »
« Oh ! » La brunette finit d'enfiler son jean et passa rapidement un t-shirt avant de s'avancer vers elle la main tendue. « Je suis Meg Masters ».
« Charlie Bradbury. »
Meg attrapa d'autorité son sac. « Tu préfères le lit coté porte ou coté fenêtre ? »
Charlie secoua la tête. « Peu m'importe » et Meg posa son sac sur le lit derrière le paravent de bois. Charlie passa le reste de la matinée à ranger ses affaires et à se faire expliquer les règles de la résidence universitaire par Meg. Comme si elle ne venait pas de la voir en sous vêtements.
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Plus tard, ce jour là, Castiel profita de son après midi libre pour explorer la ville autour du Campus d'Ocean Avenue. Le mois de Septembre était chaud, le temps à peine nuageux, tout était idéal et lui donnait envie de sourire. Il poussa la porte d'un disquaire, l'anniversaire d'Anna approchait et il lui fallait un cadeau à envoyer d'ici là, à défaut de pouvoir être présent. Il s'attendait vaguement à un petit bruit de clochette pour annoncer son arrivée mais un riff de guitare le fit sursauter. Il referma la porte doucement et le second riff ne le surprit pas. Il se mit à errer dans les rayons, récupérant de ci de là des CD dont les pochettes attiraient son attention.
« Oh bon sang mec tu vas pas acheter ça ? »
Castiel sursauta pour la seconde fois et se retourna. Il se heurta à deux yeux verts dont il se demanda immédiatement comment les définir. Il devait y avoir un visage autour de ces yeux mais il ne le remarqua pas jusqu'à ce que l'autre claque des doigts devant lui pour le ramener à la réalité. « Hé... t'es avec moi ? » Castiel battit des cils une fois ou deux et secoua la tête pour reprendre ses esprits.
« Heu... désolé. Tu es Dean c'est ça ? »
L'autre parut surpris. « On se connaît ? » Le visage autour des yeux était beau, maintenant que Castiel le voyait. Il secoua la tête.
« Non, mais c'est moi qui t'ai servi ton café ce matin. Au RoadHouse. »
« Oh... désolé alors. »
« Ne le sois pas. »
« Oh si, je suis désolé. » sourit Dean. « Je suis désolé de ne pas avoir vu ces yeux plus tôt. »
Castiel savait depuis longtemps qu'il lui était quasi impossible de rougir. Il baissa quand même la tête, gêné tandis que son cœur manquait un battement. « Ça marche ce genre de phrase d'accroche en général ? » Demanda-t-il d'une voix qu'il espérait moins chevrotante qu'en réalité.
« A toi de me le dire. » Dean s'était appuyé contre un présentoir, les bras croisés et il souriait, sur de lui. « C'est la première fois que je l'utilise. » Il existait forcément un état ou un pays où ce sourire était illégal. Forcément !
« Je cherche un cadeau pour ma petite sœur, c'est son anniversaire la semaine prochaine. » Éluda Castiel « L'ennui c'est que mes connaissances en musique se sont arrêtées à la mort de Kurt Cobain.».
Dean hocha la tête et lui prit les CD des mains. « Qu'est ce qu'elle écoute ? Je suis plutôt doué pour trouver des musiques adapté à n'importe qui. »
« Tu travailles ici ? »
Dean hocha la tête, et Castiel lui cita de mémoire les artistes dont Anna lui parlait régulièrement, s'amusant des grimaces de son interlocuteur. L'autre le guida au travers des rayons lui mettant des CD dans les bras jusqu'à former une pile assez conséquente.
Castiel sourit en essayant de n'en faire tomber aucun. «Maintenant j'ai un défi pour toi. » Dit il
Dean haussa les sourcils.
« Ma sœur vit chez ma mère et elle est … un peu mono maniaque, si je lui offre un CD et qu'il lui plaît, elle l'écoutera en boucle pendant des semaines. »
« Et tu voudrais quelque chose qui ne rende pas ta mère folle au point de te déshériter. » Compléta Dean en souriant. Castiel hocha la tête en essayant de ne pas se focaliser sur les lèvres pleines de son vis à vis. « J'adore les défis. » S'amusa le disquaire en lui reprenant la pile des bras. Leurs peaux s'effleurèrent une seconde et Castiel pinça les lèvres pour s'empêcher d'imaginer ce que ce serait de réellement le toucher. Bon sang il n'avait plus quatorze ans et il ne connaissait même pas ce type !
Dean réduisit la sélection à quelques disques que Castiel paya sans tenter de les écouter. Pour une raison inconnue le jeune homme lui inspirait confiance. Sans doute parce qu'il avait un sourire canaille et sain et les plus beaux yeux que Castiel ait vu depuis des années. Et peut être aussi parce qu'il avait encore quatorze ans au fond et que chaque minute passée à coté de Dean lui donnait l'impression d'avoir le mot « béguin » tatoué sur le front en néons de plus en plus lumineux. Ce qui était une sensation à la fois gênante et plutôt agréable.
Dean griffonna un numéro de téléphone sur le ticket de caisse et le tendit à Castiel en se penchant par dessus le comptoir. « Si tu as envie de m'en dire plus sur tes goûts musicaux avant la mort de Kurt. »
Castiel plia soigneusement le ticket avant de le mettre dans la poche de sa veste en hochant la tête. Il avait de nouveau l'impression qu'il allait se mettre à rougir.
Il sentit les yeux de Dean le suivre jusqu'à la porte. Juste avant de sortir, il se retourna et leurs regards se croisèrent de part et d'autre de la boutique. « Je m'appelle Castiel ! » Dit il assez fort pour que l'autre l'entende.
Dean lui fit un clin d'œil et Castiel s'en fut.
C'était une très belle journée.
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L'université sur Océan avenue avait deux qualités aux yeux de Sam Winchester. Elle appartenait à l'Ivy League et était située si près de la plage qu'il pouvait voir la mer depuis son cour de droit des entreprises. Le tronc commun des premières années était une horreur de matières généralistes à moitié imbuvables et Sam savait qu'à peine quelques mois après la rentrée (aux alentours des partiels de Janvier) il s'en voudrait déjà d'avoir choisit cette voie plutôt que caissier à l'épicerie du coin, là bas au Kansas.
Mais pour l'instant, le soleil tardif de la Californie suffisait à son bonheur.
« Tu vas te mettre à l'eau cette année ? » Ronchonna Dean.
Sam tira la langue à son frère, les embruns lui avaient déjà salé la peau et fait boucler les cheveux. Ses pieds s'enfonçaient dans le sable au rythme des vaguelettes qui s'écrasaient régulièrement contre ses chevilles. Il fit glisser sa planche de surf sur l'eau, la dirigeant d'une main, un œil sur les vagues à l'horizon.
Dean était déjà à califourchon sur sa planche et ramait mollement en attendant son frère. Depuis un mois qu'ils étaient en Californie, le soleil avait bronzé sa peau et fait ressortir des taches de rousseur après lesquelles Sam l'entendait pester le soir dans la salle de bain.
Ils atteignirent la lisière des vagues et en laissèrent passer deux avant de s'accorder d'un regard sur la troisième. C'était le meilleur moment pour Sam. L'instant où il manœuvrait sa planche pour se placer dos à la vague, où l'eau le soulevait rapidement. L'instant où il sautait sur ses pieds, jamais réellement certain de ne pas glisser sur la planche mouillée et où il se laissait porter en avant. Il avança un pieds vers le nez de la planche, sentit ses muscles se contracter, son dos se courber et l'air frais sur sa peau tandis qu'il opérait un quart de tour pour longer la crête de la vague. Plus loin devant, Dean se laissait glisser au pied de la vague en opérant d'amples virages pour en profiter plus longtemps. Il avait appris à surfer à Sam mais avait finit par admettre que l'élève avait dépassé le maître très rapidement. C'était d'ailleurs le seul domaine dans lequel Dean acceptait de lui reconnaître une supériorité quelconque. Sam se pencha en avant, s'avança un peu sur la planche pour prendre de la vitesse en profitant des circonvolutions de son frère pour le rattraper et passer juste en dessous de lui, et lui couper la vague.
Dean glapit et Sam entendit un « plouf » satisfaisant derrière lui. Il fit un nouveau quart de tour sur la vague qui commençait à faiblir pour s'assurer que son frère émergeait de l'eau.
« Bitch ! » Brailla Dean en tirant sur son strap pour ramener sa planche à lui.
« Jerk ! » Répliqua Sam en se laissant mollement porter par l'écume jusqu'à la plage. La planche commençait à vaciller sous lui à mesure que la résistance de l'eau diminuait. Il se laissa doucement tomber sur les genoux puis à califourchon sur la planche tandis que Dean le rejoignait à la nage.
« J'vais me noyer un jour avec tes conneries ! » Grogna Dean en le poussant à l'eau. Pendant une seconde, la tête immergée, Sam n'entendit rien juste avant d'émerger en crachant du sel et en souriant. Quelqu'un marchait sur la plage déserte et Dean suivit la silhouette des yeux avec un sifflement admirateur. Sam plissa les paupières pour s'assurer qu'il ne se trompait pas.
« Jolie. » Commenta Dean en remontant sur sa planche.
« Je l'ai vue ce matin a la bibliothèque. »
« Dis moi que tu l'as abordée. »
Sam secoua la tête et se remit à ramer en direction des vagues.
« C'est pas comme ça que tu vas tirer ton coup Sammy ! » Se moqua Dean en le rattrapant.
« Ouais ouais... » Éluda le plus jeune. « Et toi ? On est ici depuis un mois et aucun cœur brisé n'est encore venu frapper à la porte dans l'idée de t'arracher les yeux... tu t'es calmé? »
Dean secoua la tête, projetant des petites gouttelettes d'eau autour de lui. « Nah. » Répondit il. « J'ai juste mis du temps à trouver le prochain. »
« Il s'appelle comment ? »
«Castiel. »
Sam roula des yeux et s'éloigna en quête de sa prochaine vague. Sur la plage, la fille avait étendu sa serviette et commencé à lire un livre. Ses cheveux blonds se confondaient avec le sable. Quand Dean et Sam sortirent de l'eau, elle était repartie. La double empreinte de ses pas était le seul signe que Sam ne l'avait pas rêvée.
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Charlie Bradbury, par la force des choses avait été une personne sociable et charmante. C'était un réflexe de survie chez la plupart des orphelins, toujours essayer de faire oublier leur état de pauvre mômes seuls au monde et se faire accepter pour eux mêmes. C'était un rôle dans lequel Charlie s'était glissée assez vite après avoir été confiée à l'assistance publique à douze ans, puis à différentes familles d'accueil. La comédie avait duré deux années avant qu'elle décide que cela n'en valait pas la peine, qu'après tout si quelqu'un devait l'aimer et prendre soin d'elle autant que ce soit pour ce qu'elle était réellement.
En y repensant elle se disait que c'était des réflexions d'adolescente un peu idiote mais elle s'y tenait néanmoins.
« Tu possèdes quelque chose qui n'est pas noir ? » Demanda Meg, qui, assise sur son lit la regardait ranger ses affaires. Charlie secoua la tête.
« T'es pas une de ces filles qui dessinent des pentacles par terre le vendredi soir et font tourner les tables en buvant de la bière rassure moi ! »
Charlie secoua ses cheveux roux en riant. Elle avait l'habitude que ses collants déchirés et ses vêtements noirs la classent dans la large catégorie « sataniste » des gens normaux. Quand parfois elle y échappait, ses piercings et ses bottes de combat persuadaient les autres qu'on pouvait l'étiqueter « gothique » alors qu'aucune des deux définitions ne lui convenait. Mais elle avait choisit de ne pas tenir rigueur aux gens de leur ignorance.
« Non. Mais je suis plus zombie et hard rock que pop et talons hauts. » Répondit elle.
« Je peux vivre avec ça. » Dit Meg en s'installant en tailleur sur son lit. Elle était manifestement le genre de personnes à se sentir à l'aise en toute circonstance et pour qui « non » ne constituait jamais une réponse satisfaisante « Alors ? Tu viens d'où ? »
« Lawrence dans le Kansas. »
Meg fronça le nez et les sourcils. « Ca existe ce bled ? »
Charlie hocha la tête en sortant une pile de pantalons de sa valise. « Et toi ? »
« New York. »
« Tu en avais assez de la grosse pomme ? »
« Nope. Mais mettre tout un pays entre mon père et moi ça semblait une assez bonne année l'an dernier et ça n'a pas changé depuis. »
Charlit rit. « Je peux comprendre ça. Tu es dans quelle section ? »
« Business. » répondit Meg en s'allongeant carrément sur le lit les mains croisées sous la tête. « Je majeure en management avec une mineure en communication et toi ? »
« Ingénierie. J'ai eut une bourse complète. »
Meg eut un sifflement d'admiration. « Tu dois être un vrai génie ! Quasiment personne ici ne se voit attribuer une bourse complète ! »
« Ah bon ? » Charlie referma sa valise vide et la glissa sous le lit pendant que Meg se redressait. « Comment tu connais autant de chose sur Ocean Avenue ? » Demanda la rouquine.
« Tu plaisantes ? J'ai quasiment grandit entre les différentes fac de l'Ivy League, tout mes cousins sont passés par ici ou Stanford ou Yale... ma meilleure amie est à Brown... chaque été nos parents nous envoyaient trois semaines en stage dans une de ces facs pour s'assurer qu'on y ait une place de choix. »
Charlie haussa les sourcils et Meg pouvait voir les rouages de son cerveau se mettre en marche et attendit que sa colocataire mette les informations en ordre.
« Tu ne viens pas seulement de New York... Tu es de Park Avenue ! »
Meg hocha la tête.
« Ça explique pourquoi tu ne m'as pas aidée à ranger. » S'amusa Charlie.
« Hé ! Je fais des choses quand même ! » Protesta Meg en lui mettant une claque sur l'épaule. « Je commande très bien les pizzas ! »
« Les Princesses de Park Avenue mangent de la pizza ? »
« Mon enfant, tout le monde mange de la pizza ! » Déclara Meg en sautant sur ses pieds. « Tu choisis le film, je choisis la bouffe, ça te va ? »
Charlie la considéra une seconde, perplexe, mais Meg semblait amicale et décontractée et elle se mit à sourire.
« J'espère que tu n'as rien contre les films d'horreur. »
« T'en trouveras aucun qui me fera peur ! » Fit Meg en quittant la chambre son téléphone déjà à la main.
« Ne me mets pas au défi. » Se moqua Charlie.
« Oh si ! » Meg eut un sourire presque vicieux et s'approcha d'elle pour lui murmurer à l'oreille « J'adore les défis. »
Charlie sourit.
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« Un café taille médium a emporter! » Cria Jo à Castiel. Le jeune homme lui fit signe qu'il avait entendu et attendit quelques secondes que le breuvage ait finit de couler avant de le verser dans une tasse en papier.
« Quel nom ? »
« Dean. » Répondit une voix grave. Castiel sursauta, son sang se glaça et il lâcha son marqueur tout dans la même seconde. Il se pencha pour le ramasser et quand il se releva les yeux verts de Dean l'observaient attentivement de l'autre coté du comptoir.
« Bonjour. » Bafouilla Castiel en détournant le regard pour griffonner le nom sur le gobelet.
« Je me suis dit que j'allais passer puisque tu ne te décidais pas à m'appeler. »
Castiel savait que Jo s'était arrêtée de travailler et qu'elle les regardait. Il savait qu'il devait avoir l'air d'un dauphin dans un grand huit. Il déglutit pour se donner une contenance et tendit son café à Dean.
«Peut être que je ne t'ai pas appelé parce que je n'avais pas envie de te revoir. »
Dean s'appuya au comptoir en souriant, sur de lui. « Ça ne m'est pas venu à l'esprit. » Il souleva le couvercle du café avant d'y tremper les lèvres et Castiel interdit automatiquement à son cerveau de lui dessiner des images de ces lèvres contre les siennes, ni d'imaginer le goût du café sur la langue de Dean.
« Ta sœur a aimé les CD ? » Demanda encore Dean en se léchant les lèvres. Que Castiel soit pendu s'il ne le faisait pas exprès. Il hocha la tête.
« Elle commence à travailler ma mère pour aller voir un des groupes en concert dans quelques mois. »
Dean eut un petit rire.
« Comment est ce que moi je peux te travailler pour que tu prennes ton prochain café avec moi ? » Demanda-t-il.
Castiel sourit et se pencha assez près de lui pour sentir l'odeur de son café.
« Avec patience. Je termine à treize heures. »
« Je serai là. »
Castiel le suivit du regard tandis que Dean montait dans une gigantesque voiture noire et luisante. Jo lui piaillait quelque chose à l'oreille qu'il n'entendait pas. Il venait de trouver un avantage inattendu à son travail d'étudiant.
...…...
PRESENT
Castiel sortit en trombe de la fraternité, poussant des épaules tout ceux qui se trouvaient sur son chemin. En courant il lui faudrait dix minutes pour rejoindre la sécurité de son appartement et faire n'importe quoi, tout ce qu'il faudrait pour ne pas penser que Dean Winchester était de retour à Ocean Avenue.
« Castiel ! Cas ! »
Il se retourna. Il ne pouvait que se retourner. Il n'avait jamais résisté à la voix de Dean. Il avait les poings serrés, une boule de rage dans la gorge.
« Qu'est ce que tu fous ici ? » Cria-t-il.
Dean descendit les quelques marches du perron. La musique de la fête était assourdie, un par un les invités passaient la tête par la porte ou la fenêtre, plus ou moins discrètement. En dehors des premières années (qui n'allaient pas tarder à être mis au courant) tout le monde connaissait l'histoire de Dean Winchester et Castiel Milton.
Dean haussa les épaules.
« Je vis ici je te signale. »
« Désolé ça m'avait échappé ces derniers temps. » Répliqua le jeune homme. Dean s'avança, les mains tendues.
« Cas... »
« Ne m'appelle pas comme ça. » Siffla Castiel. Du coin de l'œil il vit quelqu'un sortir de la maison et se placer à coté de Castiel.
« Tout va bien ? » Demanda l'autre en entourant les épaules du jeune homme d'un bras. « C'est qui lui ? »
« Dean. Winchester. » Répondit Dean d'une voix glaciale, son regard passait de Castiel à l'autre garçon comme s'il ne comprenait pas ce qu'il voyait. Il posa ses yeux verts pleins de questions sur Castiel. Le soleil se couchait, le ciel était orange et tout ce que Castiel voyait c'était les taches de rousseur sur le nez de son ancien amant. Il passa un bras autour de la taille de l'autre homme et un baiser sur sa joue.
« Tout va bien. » Assura-t-il.
« Cas qu'est ce que... »
« Tu es parti Dean. Tu es parti pendant douze putain de mois... qu'est ce que tu croyais ? » Le coupa Castiel avec colère.
« Cas... »
Dean avait la voix coupée et Castiel voyait une colère identique à la sienne grandir dans ses yeux. Ces yeux qu'il avait regardé avec adoration des milliers de fois, jusqu'à les connaître par cœur.
« Tu t'attendais à quoi ? » Dit il un ton plus bas.
Dean regarda encore l'autre, puis Castiel, l'air malheureux. « A rien j'imagine. » Il enfonça ses mains dans les poches de son vieux blouson de cuir. Celui contre lequel Castiel s'était frotté, celui sous lequel il s'était glissé de nombreuses fois. Tout faisait mal.
Le revoir faisait mal, le sentir passer à coté de lui faisait mal, entendre ses vêtements bruisser tandis qu'il le dépassait faisait mal. Castiel se retourna pour le voir remonter dans sa voiture. Le bruit du vieux moteur de l'Impala faisait mal. Les souvenirs faisaient mal.
Il se dégagea de l'étreinte de son nouveau petit ami et partit en courant. Peut être que s'il courait assez vite, assez loin, assez longtemps, son cœur exploserait dans sa poitrine et cesserait de lui faire mal. Peut être qu'il cesserait d'avoir envie de pleurer.
Penchés à la fenêtre du rez de chaussée, des première année avaient assisté à la scène d'un air dubitatif.
« C'était quoi ça ? » Demanda l'un d'eux en fronçant le nez par dessus son verre de punch.
Meg se pencha au dessus de son épaule, un bras autour de sa taille. Elle sentait déjà l'alcool.
« Ça mon gars, c'est le sujet préféré de Radio Potins cet année. »