Coucou licornes et chatons de tous horizons =)
Cela fait trois ans que l'Aube Bleue a été publiée, et il était grand temps que je repasse par ici !
Cette période de l'avent étant propice à la publication de bonus sur mes différentes fanfictions, je vous propose de retrouver Anna pendant quelques instants ;)
Merciiiii à tous de passer par ici et de lire cette fiction ! Merci à celles et ceux qui continuent de laisser des reviews que j'ai toujours plaisir à lire et auxquelles je réponds très souvent =)
Je n'ai plus qu'à croiser les doigts (et à serrer les fesses) pour que ce bonus vous plaise !
Bonne lecture ;)
Bonus :
J'ai passé des années à tenter d'oublier les fantômes de mon ancienne vie, et lorsqu'enfin j'y suis parvenue, ils réapparaissent à l'instant où je m'y attends le moins.
- Heureux fut le jour où Erkenbrandt se joignit à mes côtés pour nous apporter la victoire au Gouffre de Helm. Rendons hommage à celui qui fut maréchal de la Marche de l'Ouest ! Qu'il puisse reposer en paix auprès de ses ancêtres.
Eomer lève son verre d'un air solennel avant d'ajouter :
- A Erkenbrandt !
- A Erkenbrandt ! Dis-je à l'unisson avec les Rohirrim avant de porter mon verre à mes lèvres.
Le goût âcre du vin m'arrache une légère grimace. Le Rohan est réputé pour ses bières, mais guère pour son vin. Je bois en silence, les yeux baissés vers le sol. Je connaissais bien Erkenbrandt, et bien qu'il se soit retiré dans le Wold il y a quelques années pour y couler ses vieux jours, il est resté un ami proche d'Eomer.
Lorsque, cinq jours plus tôt, la nouvelle de sa mort a été rapportée à Edoras, nous avons été profondément attristés. Le Roi a fait part de sa volonté de se rendre dans le Wold pour assister aux funérailles de son ancien conseiller, qui avait également été le conseiller de son oncle, le feu roi Theoden. C'est pourquoi nous avons quitté Edoras, accompagné de notre fils Elfwine, ainsi que de près d'une cinquantaine des meilleurs cavaliers Rohhirrim. Nous avons traversé les plaines verdoyantes du Rohan pendant trois longs jours avant d'enfin parvenir au village où nous attendait la famille du défunt. A présent, je me tiens aux côtés de mon mari et de mon fils, en compagnie de plusieurs centaines de gens du Rohan pour rendre hommage à l'ancien maréchal.
En relevant la tête, mes yeux balayent la foule silencieuse attroupée autour de longues tablées installées sur la place du village. Depuis l'estrade, je peux voir presque tout le monde. Le soleil automnal se reflète sur les cheveux blonds des Rohirrim et sur les armures des cavaliers. D'un signe de tête, Eomer ouvre le banquet. Les plats de nourriture sont apportés sous les acclamations de la foule.
Un peu plus tard, alors que le soleil commence à descendre à l'Ouest, la fête bat son plein. Les enfants jouent et courent entre les tables, ignorant les remontrances de leurs mères, qui finissent par lâcher prise et se joindre aux chants du Rohan. La bière coule à flot et les tonneaux s'accumulent contre les murs d'une vieille grange. Une odeur de viande grillée a envahi la place. Bien que la plupart des gens soient repus, des cochons cuisent encore à la broche un peu plus loin.
J'aperçois Eomer, debout aux côtés de ses soldats. Tout protocole a été abandonné à mesure que l'ivresse a envahi la place, et mon mari discute joyeusement. Ses yeux sombres croisent les miens. Un sourire illumine son visage et il lève son verre dans ma direction en m'adressant un clin d'œil discret. Il sait que je m'ennuie.
Il y a un temps où, lorsque je n'étais pas encore reine, je me serais volontiers jointe à eux. Je me souviens de la grande fête donnée à Edoras après la victoire au Gouffre de Helm. L'alcool et la joie de vivre avaient chassé les derniers fantômes de la bataille et ce fut, je crois, l'instant le plus heureux et le plus insouciant que j'ai passé en Terre du Milieu.
Mais que diraient les gens du Rohan si leur reine se mêlaient, ivre, aux chansons paillardes ? Mon mariage avec Eomer n'a pas fait l'unanimité parmi les Rohirrim. Je ne possédais rien, ni terre, ni fortune. Simplement une petite dot et le titre de Dame du Gondor dont Aragorn, en tant que Roi, m'avait faits cadeaux. C'est pourquoi depuis le jour où je suis devenue Reine du Rohan, je me suis efforcée de faire bonne figure. Avec le temps, la plupart des Rohirrim m'ont acceptée. Je dois dire que le fait de donner un héritier au royaume m'a été d'une grande aide.
A cette pensée, je regarde Elfwine qui rie et chante avec quelques gens du Rohan, une choppe de bière à la main. Il n'a plus rien du petit garçon qu'il était encore il y a quelques années. A présent, c'est un homme qui a le même tempérament brave et intrépide que son père. Mais il a su gardé la joie de vivre que j'aime tant chez lui.
- Il fera un bon souverain.
La voix de ma voisine, la fille ainée d'Erkenbrandt, m'interrompt dans mes pensées. J'acquiesce en lui souriant avant de porter mon verre à mes lèvres.
- Mon père m'avait parlé de vous, poursuit-elle. Il gardait un bon souvenir de vos rencontres. Il m'a maintes fois raconté le jour où les Galadhrim ont rejoint le Gouffre de Helm grâce à vous. Ainsi vous avez la chance de connaître des Elfes. J'ai entendu bien des histoires sur les gens de ce peuple, mais je ne les considérais que comme des fables. J'ai pensé à vous demander quelle était la vérité là-dessus.
- Et bien, les Elfes sont d'une nature discrète. La plupart ont quitté la Terre du Milieu à présent.
- Mais quelques-uns vivent encore dans le Bois-des-Vertes-Feuilles parait-il.
- Oui... Certains sont encore là-bas... dis-je troublée.
Legolas. Je n'avais pas repensé à lui depuis des mois. Il n'est probablement pas à Eryn Lasgalen, mais plutôt à arpenter les routes et les contrées lointaines en compagnie de Gimli. Depuis ma place sur l'estrade, je distingue entre les maisons la lisière de la forêt de Fangorn qui se dessine à moins d'un mille du village. Peut-être sont-ils en ce moment même de retour dans le bois des Ents.
- Dans ses vieux jours, reprend ma voisine, mon père a ressenti le besoin de revenir auprès de nous. Et vous, Dame Anna, vous ne retournez jamais chez vous ?
- J'aimerais en effet revoir les miens... je murmure d'un air absent. Mais le Rohan est mon pays désormais.
J'ai parlé avec un peu trop d'assurance. Mon hôte, ayant remarqué mon trouble, fronce les sourcils. Je me contente d'afficher un sourire de façade avant de boire mon verre de vin d'une traite. Ma vision se floute, mes joues sont brulantes, signe que l'ivresse me gagne moi aussi.
Malgré la brise fraiche du soir, la chaleur devient rapidement insupportable. J'ai besoin d'air. Je m'excuse auprès de mes hôtes avant de quitter la table. Ma tête tournoie un instant lorsque je me lève. Je prends une grande inspiration tout en me tenant à la table, puis je m'éloigne de l'estrade.
Je m'engouffre dans la rue la plus proche. Hormis quelques hommes qui portent des tonneaux plein vers la place, elle est déserte. Je longe les habitations de bois en silence, nauséeuse. Une sensation étrange m'envahit. Une sensation que je n'ai pas ressenti depuis des années. Ma tête tournoie, mais une douce chaleur de diffuse dans mon corps et semble guider mes pas. Je m'apprête à quitter le village lorsqu'une voix familière résonne derrière moi, me faisant sursauter.
- Comment allez-vous mère ?
En me retournant, je découvre le visage rougi de mon fils. Il sourit, mais ses yeux trahissent une légère inquiétude.
- Je vais bien Elfwine.
- Vous vous dirigez vers la forêt de Fangorn ? Demande-t-il alors que son regard plonge vers la lisière du bois qui se dresse derrière moi.
Il a à peine seize ans, et pourtant il me surplombe déjà d'une tête. J'ai parfois du mal à croire qu'un jeune homme aussi grand et beau puisse être mon fils. Où est passé le petit garçon insouciant qui jouait dans la grande salle de Meduseld ?
- Il n'y a rien à craindre, je connais cette forêt, dis-je d'un ton rassurant. Retourne à la fête, amuse-toi. Et prends soin de ton père, j'ajoute en apercevant Eomer tituber au loin.
Ma main froide se pose sur sa joue brulante. Je sens sa barbe naissante sous mes doigts. Alors que je lui caresse la joue, j'aperçois le rubis de ma bague émettre une lueur rougeoyante. Mon visage ne laisse rien paraître de mon trouble, et ce n'est que lorsqu'Elfwine regagne la fête que j'inspecte avec attention l'anneau qui se trouve à mon doigt. Narya.
Depuis la fin de la guerre et la chute de Sauron, le bijou a perdu progressivement toute magie. Mais voilà qu'aujourd'hui, la bague semble animée d'un dernier souffle. Troublée, je traverse la plaine enherbée qui me sépare de la forêt de Fangorn. Lorsque j'arrive à sa lisière, la nuit est totalement tombée. Je reste plantée à l'orée du bois, les yeux perdus dans l'obscurité.
La forêt sombre se fait sentir comme une présence planante lorsque j'y pénètre. Lentement, elle m'enveloppe de sa pénombre. Mes pieds s'enfoncent dans le sol mousseux qui étouffe le bruit de mes pas. L'air est tiède et pesant. Les arbres sont de plus en plus grands. Leurs racines sont énormes et forment des cavités dans le sol. Peut-être s'agit-il d'Ents endormis, me dis-je.
Soudain, mes semelles crissent sur le sol. En baissant les yeux, je découvre que des graviers blancs jonchent la mousse. A mesure que j'avance, il y en a de plus en plus, et bientôt, ils recouvrent entièrement le sol et forment une allée sinueuse.
Devant moi, la forêt devient moins dense. Les arbres sont aussi moins hauts et moins menaçants. Ils laissent peu à peu place aux chênes et aux hêtres. Malgré la nuit tombante, les bois se font soudain moins sombres. Je continue de suivre le chemin de graviers. En plissant les yeux, je parviens à distinguer l'orée lumineuse de la forêt d'où résonnent des rires enfantins et des voix lointaines. Quelques feuilles oranges se détachent des branches et tombent lentement autour de moi.
L'anneau autour de mon doigt devient brulant. C'est comme si Narya avait soudain retrouvé ses pouvoirs. Je fronce les sourcils, étonnée, mais au fond de moi je comprends tout. Les événements semblent se répéter. D'abord un enterrement, puis la douce ivresse, et l'appel de la forêt... Me voici à nouveau sur le seuil de deux mondes, citoyenne de nulle part et hors du temps.
Soudain, le rubis qui orne ma bague s'illumine. Il semble se consumer et sa chaleur se diffuse dans ma main, puis dans le reste de mon corps. Et je revois les fantômes que j'ai tenté d'oublier. Ils sont là, à quelques mètres. La lumière du joyau est si vive que tout devient blanc.
Point de vue d'Elfwine :
La fête a duré toute la nuit. La plupart des gens ont quitté la place et sont allés dormir. Je suis resté avec mon père et quelques uns de ses amis, à boire et à discuter jusqu'à ce que l'aube commence à teinter le ciel sombre d'une lueur bleutée. Le jour naissant a raison des derniers convives. Je passe mon bras sous l'épaule de mon père et l'aide à regagner la maison que nos hôtes ont mis à notre disposition. En ouvrant la porte de la chambre, je constate que la pièce est déserte.
- Où est passée Anna ? grommèle mon père.
Mais l'absence de ma mère ne semble pas l'inquiéter outre mesure, car il s'approche du lit et s'allonge lourdement. Son ronflement régulier résonne contre les murs de la chambre quelques secondes plus tard. La fatigue m'assaille également, mais je dois retrouver ma mère.
Je quitte la maison, inquiet. Sans réfléchir, je traverse en courant la plaine qui sépare la village de la forêt de Fangorn. Des milliers de gouttes de rosées font briller les herbes sauvages. Je ralentis ma course en arrivant à la lisière de la forêt. En plongeant mes yeux vers les arbres aux formes étranges et entremêlées, je ne peux retenir un frisson. Fangorn m'a toujours fait peur. J'ai entendu de nombreux récits sur les êtres mystérieux qui y résident. Mon père et ma mère m'ont maintes fois conté leurs rencontres avec les Ents, et comment ces derniers étaient venus à bout d'un puissant et sombre magicien lors de la guerre. Je prends mon courage à deux mains et m'enfonce dans les bois. Je repère rapidement des traces de pas dans la mousse qui recouvre le sol. Je les suis pendant un moment, slalomant entre les troncs sombres des arbres.
Le soleil est levé à présent, mais ses rayons peinent à percer la voûte de branches entremêlées de Fangorn. Je suis toujours les empreintes laissées par ma mère, prenant soin d'être le plus silencieux possible. Des bruits étranges résonnent entre les arbres. Des grincements se mêlent aux gazouillis des oiseaux.
J'arrive dans une petite clairière. Les traces de pas s'y arrêtent au beau milieu. Mon cœur s'accélère alors que je balaye les lieux du regard. La clairière est déserte. C'est comme si ma mère avait disparu, qu'elle s'était volatilisée au milieu des arbres.
Je repense alors à son étrange expression cette nuit lorsque je l'ai aperçue se diriger vers Fangorn. Elle qui a toujours été sujette à la nostalgie et empreinte d'une douce mélancolie, a semblé la veille être animée par une étrange volonté.
- Elfwine ?
Je bondis et me retourne brusquement. La silhouette de ma mère apparaît entre les troncs sombres des arbres.
- Que fais-tu ici ? Poursuit-elle en pénétrant dans la clairière.
- Je... Je vous cherchais, dis-je troublé mais soulagé de la retrouver saine et sauve.
Je l'inspecte de la tête aux pieds. Son visage, habituellement soucieux, semble apaisé. En baissant les yeux vers sa robe recouverte de feuilles et de rosée, j'aperçois sa main rougie.
- Où est passé votre bague ?
Ma mère porte peu de bijou, mais aussi loin que remontent mes souvenirs, je l'ai toujours vu arborer cet étrange anneau.
- Je l'ai retiré, me répond-elle d'une voix claire. Je l'ai laissé dans une forêt lointaine, avec mes fantômes.
- Vos fantômes ? Je demande septique.
La main pâle de ma mère se tend vers moi en une invitation.
- Viens mon fils, il est grand temps de regagner le village, et que je te parle de mon passé.
Point de vue d'Anna :
Mon corps et mon esprit sont en Terre du Milieu. Mon cœur reste un peu entre deux mondes. Peut-être existe-il un lieu où le temps n'existe pas. Où il n'y a pas de limites entre les mondes. Où je pourrais un jour vivre entourée de ceux que j'aime et de ceux que j'ai aimés. Mais pour l'heure, mon choix est fait.
Je l'ai fait il y a des années.
FIN
J'espère que ce second petit bonus vous a plu, avoir vos avis me ferait trèèèèès plaisir !
Pour celles et ceux qui auraient soif de lecture, je vous invite à aller jeter un œil à mes autres fanfictions =)
Je vous retrouve très bientôt pour la suite de Trouble Woman.
Bonnes fêtes de fin d'années, et vive les licornes ;)