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I carry your heart with me
by Wildwordwomyn

John Reese se tient près de la fenêtre, du côté opposé aux écrans d'ordinateur. Finch n'est pas certain de ce qu'il regarde, mais il fixe quelque chose au dehors. Un air de mélancolie l'auréole, semblant peser sur ses épaules.
- Pourquoi ne rentrez-vous pas, Mr. Reese ? Vous avez besoin de repos.
C'est une chose inutile à dire. John fait peut-être des siestes dans l'appartement qu'il lui a donné mais il ne dort pas là-bas. Pas vraiment. La nuit, quand il en a fini avec les numéros, il marche jusqu'à ce qu'il trouve un motel bon marché, de ceux qu'on loue à l'heure, s'enregistre sous un alias et reste six heures. Jamais plus, jamais moins et il ne reçoit jamais aucun visiteur. Finch comprend ce conditionnement. John se sent plus en sécurité au coeur des ténèbres que dans l'aveuglante lumière du jour. La CIA, son entraînement, ont imprimé ça dans son esprit. Ça ne veut pas dire que Finch est obligé d'aimer ça.
- Allez-vous bien, John ? demande-t-il aussi gentiment qu'il le peut, utilisant délibérément son prénom pour lui soutirer une réponse.
Pendant une longue seconde, Finch suppose que ça n'a pas fonctionné. Puis John tourne légèrement la tête. Ses yeux sont la seule chose que le plus âgé remarque parce qu'ils sont d'un bleu sombre, comme deux hématomes. Hantés.
- C'est l'anniversaire de Jessica. J'avais oublié jusqu'à maintenant, dit-il à mi-voix, platement.
Finch réprime avec succès un tressaillement. Il a oublié lui-même. Il n'aurait pas dû. La voir à la morgue, croiser John pour la première fois, apprendre que les non-pertinents n'étaient pas juste une liste de numéros sur une impression, a tout changé. Est devenu le centre de son monde.
Il n'oubliera pas à nouveau.
- Je suis désolé..., répond Finch. Y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour vous ?
John sourit légèrement.
- Non. Mais merci d'avoir posé la question.
Quand il se tourne à nouveau vers la fenêtre, Finch est à la fois soulagé et déçu. Il n'est pas très bon à ça, les interactions humaines, en particulier avec les gens qui souffrent. Il a tendance à dire des mots qui fâchent plus souvent qu'autre chose et l'affection, quand il est capable d'en donner ou d'en recevoir sans résistance, le laisse plutôt confus ces derniers temps. Jusqu'à maintenant, Will et Grace ont été les seules personnes avec lesquelles il a pu être naturel.
- Finch ? appelle John, regardant son reflet dans la glace.
- Oui ?
L'ex agent de la CIA a dû remarquer à quel point il semble avide d'aider mais c'est trop tard. Le mot s'est échappé et ajouter quoi que ce soit ne ferait que souligner sa gaucherie.
- Est-ce qu'on peut ne pas travailler pendant une minute, si vous êtes d'accord ?
Il n'est pas vraiment du genre à prendre quelqu'un dans ses bras. Le silence, cependant, il en a en abondance. En donner un peu à John n'est pas un problème.
- Bien sûr, répond-il immédiatement, comme par réflexe, alors que sa déception se dissipe.
John hoche la tête, acceptant sa réponse, son regard revenant à ce qu'il observe, quoi que ce soit, au delà de la bibliothèque et de son voisinage immédiat. Finch traverse la pièce en boitant et vient se tenir à ses côtés, sa jambe et sa hanche protestant douloureusement. Quand John lui lance un regard de côté et sourit à nouveau, il sait que c'était la bonne chose à faire, surtout quand les ténèbres dans ses yeux s'éclaircissent.
Il ne pense pas un instant à se sentir mal à l'aise quand John tend une main et la pose gentiment sur son épaule. N'est-ce pas pour ça que les amis sont là ?


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