Et voilà la suite ! Désolée pour l'attente mais entre les partiels, mes choix de départ à l'étranger et une flemme abyssale ... c'était difficile d'écrire ;)
Bonne lecture à vous !
Assise à son bureau, Hermione ne pouvait empêcher ses mains de s'activer. Nerveuse, elle manipulait les plumes pour les ranger dans l'étui d'ébène, pour les ressortir et les étaler de nouveau. Quand enfin elle eut fini d'ordonner les plumes par taille, elle s'attaqua aux différents encriers de couleur. Quand enfin cette activité fut terminée, elle empoigna la liasse de parchemins vierges qui trainait là.
Hermione s'arrêta d'un seul coup, lâchant son butin qui s'éparpilla sur la surface du bureau. Elle se prit la tête entre les mains et gronda lamentablement. « Mais qu'est ce qui m'arrive, Merlin ! Je n'ai jamais été aussi nerveuse, même pour mes ASPICs. »
Mais au fin fond d'elle-même, Hermione savait pourquoi elle était dans cet état de nerfs. Dans quelques minutes elle allait rencontrer le professeur Remus John Lupin. Ou du moins, se corrigea-t-elle, la version adolescente de son ancien enseignant.
Un côté d'elle avait hâte de découvrir les facettes de la vie estudiantine de l'homme qui avait gagné son respect et son affection, et d'un autre elle appréhendait cette même rencontre. Et si elle se trahissait ? Et si elle faisait allusion à quelque chose qu'elle aurait dû ignorer dans cet espace-temps ? Et si …
« Tsss avec des Si on mettrait Paris en bouteille. » se lamenta-t-elle en tentant de se reprendre. Mais apparemment le temps lui était compté, car elle entendit toquer à la porte. C'était assurément une main forte et autoritaire qui venait frapper le bois de sa porte et intérieurement Hermione en fut surprise, connaissant Remus elle se serait attendue à un petit coup poli et à peine audible. Elle répondit d'un simple « Entrez » qu'elle espérait plus détaché qu'elle ne l'était actuellement.
Quelle ne fut sa surprise en voyant une forme bien différente de celle du loup-garou se découper dans l'embrasure de la porte. Face à elle se trouvait la version jeune et fougueuse de Sirius Black. Ses longs cheveux noirs au brushing parfaitement maîtrisé, ses yeux noisettes pétillant de malice et de la folie de la jeunesse. Diantre, Hermione se donnait l'impression d'être une grand-mère avec de telles réflexions.
« Vous n'êtes pas Remus. » déclara Hermione, ne sachant comment réagir à l'entrée présentée du passé d'un homme du présent, enfin du futur …. Même Hermione s'y perdait ! La jeune femme était comme hypnotisée par ce jeune homme si semblable et en même temps si différent du condamné d'Azkaban qu'elle avait connu étant plus jeune.
Le garçon esquissa un sourire, mais la gravité de son regard fit comprendre à Hermione que quelque chose clochait. Aussitôt elle se leva de son fauteuil, les sourcils froncés par l'angoisse.
« C'est Remus ? Il a un problème ? »
Sirius leva les mains dans un signe d'apaisement.
« Non, non, il va bien il est juste …. Stressé. Ecoutez, mamz'elle l'infirmière je…. »
« Granger. » l'interrompit elle d'une voix ferme.
« Quoi ? »
« Granger, c'est mon nom. » Elle ne savait pas trop si elle devait rajouter quelque chose ou laisser parler le jeune homme qui visiblement était préoccupé.
« Oh … hum donc Mamz'elle Granger, vous avez l'air d'être une fille bien gentille mais bon je dois vous avertir. » enchaîna-t-il après avoir agité la main d'un air dédaigneux. Hermione plissa les yeux, sentant déjà son caractère irritable faire surface.
« M'avertir de quoi, monsieur Black ? »
« Voilà Remus est un loup garou. Il est mal dans sa peau vous savez alors vous avez intérêt à pas en rajouter parce sinon je peux vous assurer que votre année ici sera un enfer. »
Alors que, énervée et outrée, elle allait lui rabattre son caquet de quelques réparties cinglantes, il enchaîna sans lui laisser le temps de parler.
« Je ne doute pas que vous soyez capable de soigner une piqûre d'ortie, une morsure de Scrout ou peut-être même un choc post Epouvantard mais, fillette je suis pas sûre que vous soyez calée pour prendre soin d'un loup garou à la sortie d'une pleine lune. J'ai rien contre vous chérie hein, mais ce genre de boulot c'est un truc d'homme, vous comprenez. »
La voyageuse temporelle regarda un instant Sirius, totalement interdite. Où étaient passés le fair-play et les critiques envers la société sexiste que le Sirius adulte avait pu démontrer lors des discussions dans la cuisine du Square ? Qui était donc ce gamin suffisant et paternaliste ?
Hermione sentit ses joues s'enflammer, signe avant-coureur d'une colère terrible.
« Ecoute moi bien Sirius! De un, le fait que je possède des ovaires et non un pénis ne fait pas de moi quelqu'un d'inférieur à qui que ce soit, je suis tout à fait capable de faire mon travail correctement et je n'ai pas de cours à recevoir d'un gamin prétendument rebelle ! J'ai toujours bien fait mon travail jusqu'alors, je n'ai pas besoin d'un héros en veste de cuir et aux cheveux mal coiffés ! Ensuite je n'ai jamais retenu la maladie de mon patient contre lui et la relation que j'entretien avec un malade est MON PROBLEME ! Je ne suis pas venue ici pour me faire insulter et traiter de manière condescendante par un freluquet dans ton genre. Retourne à la niche, mission effectuée tu as menacée la jeune et impressionnable infirmière. Va rendre des comptes à tes insupportables amis, la Mamz'elle Granger ne fera pas de mal à Remus Lupin, bravo tu as bien joué le rôle du crétin. Maintenant sort de mon infirmerie Black, je ne le répéterai pas ! »
Le garçon la fixait, la colère brillant dans ses yeux. Il allait enchaîner quand Hermione dégaina sa baguette, elle siffla : « Je ne le répéterai pas Black. ».
Sirius renifla de manière dédaigneuse et sortit de l'infirmerie avant d'en claquer la porte, comme un enfant capricieux. C'est sans force que l'infirmière tomba dans son fauteuil, ahurie par la scène qui venait de se jouer. Qui était donc ce jeune homme rebelle, prétentieux et, en prime, sexiste au possible ? Ou était passé l'homme qu'elle avait connu et apprécié, malgré ses réactions parfois peu mâtures ?
Une voix intérieure lui répondit que l'homme n'existait pas encore, qu'il n'était pour l'instant qu'un gamin insouciant et … cette pensée lui fit monter les larmes aux yeux. Son Sirius, ou du moins le Sirius de Harry, n'existait pas ! Et si elle réussissait à jouer les bonnes cartes, il n'existerait jamais en tant que prisonnier en cavale, le premier à s'être jamais échappé d'Azkaban. Penser au célèbre établissement carcéral l'amena à réfléchir sur la question « Peter Pettigrow ». Mais un coup timidement frappé à la porte la sortit de ses pensées.
Définitivement, cette fois c'était Remus, pensa Hermione en essuyant rapidement les quelques larmes qui avaient coulé sur ses joues.
« Entrez Remus. »
Elle adressa un sourire aimable au jeune homme timide qui referma doucement la porte et s'avança vers le bureau.
« Asseyez-vous Remus, vous voulez boire quelque chose ? »
Le loup garou refusa poliment et posa ses mains sur ses cuisses, les tordant nerveusement en attendant la suite de l'entretien. Il fut surpris de voir l'infirmière sortir sa baguette et, alors qu'il se demandait quel sort horrible elle allait lui lancer, elle murmura un sort qu'il ne su reconnaître. Devant son air surpris et interrogateur, Hermione lui sourit et s'expliqua.
« Un sort de silence de mon invention, j'entends si quelqu'un frappe à ma porte mais notre conversation reste privée. »
Impressionné, Remus ouvrit la bouche et la referma, sans savoir quoi dire. La jeune femme prit donc la discussion en main et rassura le lycanthrope d'un sourire.
« Ne t'inquiète pas Remus, je n'ai rien à reprocher aux loups garous en général, et surtout pas à toi. Tu n'as pas choisi de te faire mordre, et même si tel était le cas, tu n'es dangereux que une à deux nuits par mois. Et tu peux en croire mon expérience, il existe des êtres humains tout à fait normaux qui sont bien plus dangereux qu'une horde de loups garous affamés… »
Intérieurement Hermione revit le visage diabolique de Lord Voldemort et frissonna. Une autre pensée, tout aussi désagréable, vint parasiter la discussion : le faciès haï et rayonnant de sadisme de Bellatrix Lestrange, née Black. Cette fois c'est une sourde douleur dans sa poitrine qui la fit tressaillir.
En face d'elle Remus était perdu. Il avait senti le douloureux frisson qui agitait l'infirmière et il ne savait qu'en penser, elle avait visiblement connu des choses difficiles. Comme c'était dur à imaginer ! Elle était charmante, aimable et il se doutait que tout sorcier prendrait à la légère de se battre contre elle. Pourtant … il sentait dans l'air une aura mystérieuse et, quoique atténuée, une aura de connaissance. Il avait pu ressentir la même quand il était entré dans la bibliothèque pour la première fois. Cette nouvelle recrue à Poudlard savait visiblement ce qu'elle faisait !
« Madame Granger …. » commença Remus pour briser le silence pensif qui s'était installé.
Il la vit grimacer et elle croisa les bras sur sa poitrine.
« Ouch, Remus pitié, madame Granger c'est ma mère. Donc c'est mademoiselle mais, franchement, de toi à moi, tu peux m'appeler Hermione. » elle lui adressa un faible sourire face à son expression effarée.
« Oh non ! Je n'oserai pas, vous êtes … »
« Pas ton professeur et pas beaucoup plus âgé que toi. On va être amené à se voir souvent donc autant ne pas perdre de temps avec la politesse. Je ne veux pas être ton infirmière Remus … »
Aussitôt le jeune homme se figea, ainsi elle ne voulait même pas le soigner ? Était-il si repoussant ? Une petite voix intérieure qui ressemblait bigrement à celle de son propre père lui murmura : c'est normal idiot, tu n'es qu'un dangereux monstre. Il faudrait t'enfermer à Azkkaban. Créature inutile et démoniaque … tu es un danger pour tout le monde ici !
Hermione se serait frappée. Evidemment qu'il allait mal interpréter la chose ! Tout en se traitant d'imbécile, elle se leva et fit le tour du bureau pour poser sa main sur l'épaule frêle du garçon.
« Tu te méprends Remus … je ne voulais pas dire que je n'allais pas te soigner, au contraire je veux t'aider. Je veux juste que tu viennes me voir non pas uniquement en tant que patient ayant besoin de mes services mais aussi, je l'espère, en tant qu'ami. »
« Mad… heu…. Hermione, vous voulez vraiment … je veux dire…. Comment pouvez-vous avoir envie de …. Avec quelqu'un comme moi ! » se plaignit le jeune homme, ses yeux fuyant ceux de l'infirmière.
Hermione soupira et serra sa main sur son épaule. « Tu n'es pas mauvais Remus, j'ai connu plusieurs loups garous dans ma vie et crois-moi, vous n'êtes pas tous des monstres assoiffés de sang. Et avoir le syndrome de la lycanthropie ne fait pas de toi un mauvais sorcier, tu peux faire de grandes choses, changer le monde Remus. Tu connais Archibald Kelewick ? »
« Heu … » répondit le pauvre élève, perdu par le changement de sujet.
« C'était un homme infecté par la lycanthropie mais ça ne l'a pas empêché de créer la première division Aurore en 1874. Il était connu pour ses grands talents de stratégiste, il a su défendre Londres contre l'attaque des sorciers indépendantistes Ecossais et il a été récompensé. Quand on parle de lui dans les livres personne ne parle de sa maladie. Personne. Tout ça pour te dire, Remus, tu peux toi aussi faire quelque chose de grand ! Je te connais depuis très peu de temps mais crois-moi, tu en es capable ! »
Le ton d'Hermione, plein d'assurance, lui fit l'effet d'une massue. Pouvait-il vraiment faire la différence ? Lui ? Remus John Lupin, loup garou et membre des Maraudeurs ? L'idée en était presque effrayante .
« Réfléchis à ça Remus, vraiment. Par contre je t'ai fait demander pour d'autres préoccupations … »
Ensemble ils discutèrent de son traitement, de ses transformations et de la douleur. La sorcière fronça les sourcils.
« Tu n'as jamais essayé la Potion Tue Loup ? »
Le garçon la regarda, interdit. « La potion quoi ? »
Immédiatement Hermione fut saisie d'un grand froid et d'une insondable angoisse. Quelle idiote ! La potion n'avait pas encore été inventée ! Si elle se rappelait bien des dates ce n'était qu'en janvier prochain que le premier test à peu près concluant allait voir le jour.
« Ah euh… c'est une potion qui aide la personne à garder le contrôle durant la pleine lune. Mais elle n'est qu'au stade expérimental ! » se pressa-t-elle de rajouter.
Remus hocha la tête et regarda la sorcière retourner jusqu'à son siège.
« Je pense qu'on a tout vu, Remus. S'il me manque des informations je t'enverrai une convocation, je ne préfère pas utiliser les hiboux, on ne sait jamais qui peut les intercepter. »
Le sorcier répéta son geste et se leva pour rejoindre la porte. La voix douce et chaleureuse de la sorcière l'interrompit.
« Bonne nuit Remus. »
Il se retourna et lui adressa un signe de tête avant de lui souhaiter la même chose, puis il rejoignit son dortoir. Ses amis devaient l'attendre de pied ferme, mais il n'était pas sûr d'avoir la force de parler pour l'instant. … Plus tard ….