Pardon pardon pardon ! Je suis trop en retard ! J'étais en panne d'inspiration mais grâce à vos messages d'encouragements, j'ai pu m'y remettre. Merci donc, et j'espère que vous allez aimer. Bonne lecture !

Chapitre 12

Lavi sortit de la voiture à toute vitesse.

-A ce soir ! S'exclama t-il de son habituel enthousiasme en levant le pouce.

Marian lui fit un vague signe de la main avant de reporter son attention sur autre chose. Lavi suivit discrètement son regard et remarqua Allen et Kanda qui arrivaient ensemble, comme tous les matins.

-Je vais aller leur parler, dit Lavi à l'adresse de son tuteur qui acquiesça.

Il s'éloigna le plus vite possible et alla à la rencontre de ses deux nouveaux amis. Allen semblait soulagé de le voir toujours sain et sauf, tandis que Kanda regardait dans une autre direction, comme s'il ne l'avait pas vu. Ou qu'il s'en fichait, ce qui revenait au même.

-Comme tu me l'avais dit Allen, il n'a pas arrêté de me poser des questions quand je suis rentré, soupira Lavi. D'ailleurs, c'est lui qui m'a amené ce matin. Je pense qu'il voulait vous voir, mais ne le cherchez pas du regard s'il vous plaît. Il veut m'utiliser comme espion pour avoir des informations sur vous.

-En gros tu fais double jeu ! Asséna Kanda sans pitié. On peut te faire confiance au moins ?

Allen lui donna un petit coup de coude dans les cotes pour qu'il baisse d'un ton. Lavi éclata de rire pour donner le change à distance. Le jeune albinos comprit et sourit aimablement comme si ils s'entendaient bien, mais sans trop se connaître.

-On devrait aller en cours, non ?! Ajouta Lavi en les attrapant par les épaules pour les entraîner à l'intérieur.

Kanda se débattit faiblement jusqu'à ce qu'ils furent à l'abri dans le bâtiment. Une fois à l'intérieur, Lavi les lâcha.

-Pff ! C'est fatiguant de faire semblant ! Mais sérieux Yû tu joues trop bien le jeu c'est dingue !

-Ah, mais Kanda ne jouait absolument pas le jeu, il est tout le temps comme ça, sourit Allen.

-Et ne m'appelle plus jamais par mon prénom, tu as compris poil de carotte ? Grinça le japonais avant de s'éloigner dans le couloir.

Lavi éclata de rire, les mains sur les hanches. Il ne prenait pas au sérieux les menaces du brun qui en fait, était beaucoup plus sympa qu'il en avait l'air !

-Tu es tellement optimiste…murmura Allen quand il lui fit part de sa théorie à propos de Kanda.

Marian mit le moteur en marche, un fois qu'il fut certain que son nouveau locataire se soit bien rapproché de Allen et le foutu japonais qui l'avait blessé avec son sabre. Heureusement, son caractère ouvert et enjoué était un atout Lavi arriverait sans mal à devenir l'ami de Allen, et de fil en aiguille, il trouverait le moyen de le ramener. Et là…

Le grand roux eut un rictus vicieux et appuya sur l'accélérateur.

La grande surprise de la mâtinée fut pour Allen de trouver son casier propre comme un sou neuf. Il avait regardé dans les moindres recoins, et plus une seule trace de peinture rouge n'était visible. Même ses affaires avaient été remplacées par des neuves, comme ses chaussures de sport et ses classeurs de cours dont, une fois qu'il les eut ouverts, les cours avaient été photocopiés en intégralité.

-C'est un coup de Reever tu crois ? Demanda t-il à Kanda qui était aussi perplexe que lui devant ce miracle.

Le professeur Reever l'avait toujours apprécié, sans pourtant le crier sur tous les toits, et s'efforçait de prendre souvent de ses nouvelles.

-Non, je crois pas, répondit Kanda en remarquant une enveloppe coincée dans la jointure de la porte.

Allen tira d'un petit coup sec et l'ouvrit. Elle contenait une lettre griffonnée à la hâte et avait visiblement été écrite par un étudiant du lycée, vu l'écriture brouillonne.

« Désolé pour ton casier, c'était pas sympa, alors j'ai tout nettoyé. J'espère qu'il ne manque pas de cours. Encore désolé. On se voit en classe, Arystar Crowley. »

Allen réfléchit quelques secondes.

-Crowley… Crowley… C'est qui déjà ?

-Je crois que c'est lui Allen, fit remarquer Lavi en tendant discrètement le doigt dans une direction bien précise.

Allen se retourna vivement et surprit un jeune homme blafard au visage émacié qui se cacha bien vite quand il fut pris sur le fait.

-Il est dans notre classe ? S'étonna t-il. Je n'ai pas une très bonne mémoire.

-Il y est, acquiesça Lavi. 4ème rang, deuxième place vers la fenêtre.

Kanda haussa un sourcil, surpris que le rouquin se souvienne de se genre de détails sans importance.

-J'ai une mémoire absolue, expliqua Lavi. En tout cas Allen, je suis content pour toi ! Les autres élèves ont l'air d'avoir des regrets quand au traitement qu'ils t'ont infligé jusqu'à maintenant.

-Je vois ça, répondit Allen. Mais je ne le remercierais pas pour autant. C'est tout à fait normal de réparer un tord qu'on a fait à quelqu'un.

Et il referma le casier avant d'attraper son sac, de le jeter sur son épaule et de se diriger vers sa salle de classe. Kanda le suivit après esquissé un début de sourire.

Arystar était déjà assis à sa place quand ils entrèrent dans la salle de cours, mais il regardait fermement dans une autre direction d'une façon tout sauf naturelle. Allen haussa les épaules et alla s'asseoir sans plus de cérémonie. Après tout, si le jeune homme décidait de ne pas lui parler malgré tout, ce n'était pas de sa faute. Ou alors, c'était à cause de la présence de Kanda qui arborait en permanence un air sombre et peu engageant.

Le japonais semblait s'être donné pour mission depuis peu de le protéger et de faire fuir d'éventuels agresseurs. Allen était tout à fait capable de se défendre seul, étant donné son expérience des combats de rues, mais il laissait cette tâche à son ami sans problème, puisque le brun l'avait décidé ainsi.

Allen et Kanda se regardèrent d'un air perplexe. Ils n'avaient jamais réfléchi à la question et Lavi venait de soulever un sujet épineux. Parce ce que bon, quand on regardait de loin, ça semblait évident, mais eux savait que c'était bien compliqué que ça.

-On en sait rien ! Déclara Allen le plus franchement du monde.

Kanda approuva de la tête. Lavi resta interdit quelques secondes avant de se rendre compte qu'il avait oublié de poser sa tasse de chocolat sur sa soucoupe.

-J'étais persuadé jusqu'à présent que si je sortais avec quelqu'un, je le saurais ! S'exclama t-il en reprenant contenance. Mais à vous voir tous les deux…

Kanda détourna la tête dignement et Allen sourit en guise d'excuse. Non, vraiment, ils ne savaient pas vraiment quel genre de relations ils avaient. Ils s'étaient embrassés, adoraient être ensemble et détestaient être séparés l'un de l'autre, mais c'était tout. Ils ne s'étaient même jamais posé la question de savoir s'ils sortaient ensemble, ni même si ils étaient amoureux. Kanda était tout pour Allen, et Allen était tout pour Kanda. C'était la chose la plus simple du monde et pourtant, Lavi avait du mal à comprendre.

Il avait vu Allen enlever un peu de mousse sur la bouche de Kanda et avait cru à un mirage. Puis après avoir réfléchi, il leur avait posé cette question toute simple : vous sortez ensemble les gars ? Mais cette question avait plongé les deux garçons dans un abîme de réflexion.

-Ne te prends pas la tête avec ça d'accord ? Dit Allen.

Lavi acquiesça. Ses deux amis ne cesseraient jamais de l'étonner.

-C'est si bizarre que ça ? Lâcha Kanda en s'appuyant sur un coude.

Le soir venu, ils s'étaient couchés sans reparler de la discussion avec Lavi. Ils ne l'avaient même pas mentionné de la soirée mais à présent, dans l'intimité rassurante du lit, le japonais se demandait si leur relation n'était pas un peu bizarre.

Allen s'allongea sur le dos et sembla réfléchir quelques secondes.

-Je crois pas, non, finit-il par répondre. Et toi ?

Il tripotait machinalement les cicatrices qui ornaient son bras gauche. Il faisait toujours ça quand il était nerveux ou en pleine réflexion.

Kanda resta silencieux. Il regardait dans la semi-obscurité la silhouette rassurante de Allen. Pour sa part, il se fichait bien de savoir si leur relation était normale ou pas. Ce qui le dérangeait plus, c'était ses réactions envers le jeune albinos. Il n'avait jamais été comme ça avant, il n'avait jamais ressenti… l'envie d'être proche de quelqu'un et surtout, son corps réagissait différemment d'avant. Il y avait ce curieux chatouillement dans le creux de ses reins quand il regardait Allen, ou encore cette furieuse envie de toucher sa peau nue qui semblait si douce…

Il se pencha simplement et embrassa doucement le plus jeune sur la bouche, savourant simplement sa chaleur contre lui. Il avait négligemment posé sa main contre les cotes de Allen où effectivement, la peau était plus douce encore qu'il n'avait pu l'imaginer. Tout comme ses lèvres, chaudes et légèrement humides. Kanda aurait pu rester comme ça pour l'éternité, tout en sachant que ce n'était pas possible.

Il s'écarta à regret de son… compagnon et souffla :

-Franchement ? J'men tape…

Allen pouffa et se blottit contre lui.

-Je savais que tu dirais un truc comme ça… avoua t-il en nouant ses bras autour de la taille du japonais.

Kanda eut un reniflement de mépris. Il s'allongea sur le côté en veillant à ne pas écraser Allen. Oui, il s'en fichait totalement de ce que les gens pensaient. Il avaient d'autres choses bien plus importantes en tête. Comme faire payer de façon définitive Marian Cross pour avoir osé touché Allen et s'en prendre à Lavi. Mais surtout pour Allen. Il ne lui pardonnerait pas de lui avoir fait autant de mal.

La chaleur de l'albinos perçait à travers ses vêtements, et une sensation désormais bien connue commença à se diffuser dans tout son corps. Il retint un grognement de frustration et chassa ces pensées indésirables de son esprit. Non, pas maintenant, pas… maintenant. Il n'était pas Marian Cross. Il attendrait, même des années s'il le fallait.

Il ferma les yeux et entreprit de s'endormir. Il avait cours le lendemain, et ses envies attendraient un moment encore, ou au moins jusqu'à ce qu'il ait pu se reposer.

Il fit des cauchemars épouvantables toute la nuit. Il se réveilla tremblant et glacé en plein milieu de la nuit et se leva, malgré l'obscurité et les angles de meubles pernicieux qui, il en était sûr, ne manquerait pas de se trouver sur son chemin.

Kanda s'enferma dans la salle de bains et verrouilla derrière lui. Nom de dieu… ça faisait longtemps qu'il n'avait pas repensé au Japon. La présence d'Allen l'en avait empêché mais la chute en était d'autant plus dure.

L'esprit hanté de souvenirs plus atroces les uns que les autres, il attrapa un rasoir et se blessa volontairement au bras. Il jura doucement et fit couler de l'eau sur la blessure pour en regarder l'aspect.

Ça guérissait, et à vue d'œil. La cicatrice diminuait de taille jusqu'à complètement disparaître. Et ce, en quelques minutes. Il se laissa complètement glisser à terre, épuisé. Il aurait du avoir l'habitude maintenant. Mais c'était… c'était toujours si dur !

Cette faculté si particulière, pourtant particulièrement utile la plupart du temps, s'avérait être un calvaire. Il aurait préféré être un gamin normal, sans cette particularité génétique. Il aurait grandi normalement, sans être enfermé dans un laboratoire, entouré de laborantins fascinés par sa capacité de guérison au point d'en tester les limites. Il était mort plusieurs fois, avant de revenir, son corps refusant de lâcher prise malgré les tortures infligées, refusant même d'en garder des traces.

Était-il immortel ? Il n'en savait rien, mais il se donnait l'impression d'être un monstre. Il avait grandi loin du monde, entouré d'hommes et de femmes qui l'avaient tenu à l'écart du reste du monde et des sentiments humain. Yu, le cobaye, n'avait jamais été un humain. Kanda, lui, qui s'était enfui pour se retrouver dans cette maison, dans cette salle de bain, apprenait à en devenir un.

Et c'était long. Finalement, les sentiments humains, ce n'était pas sa tasse de thé. Mais on s'y fait, même si ça faisait souffrir. Parce que ça rendait heureux ?

Il sentit un sourire étirer ses lèvres tellement ça ne lui ressemblait pas d'être aussi fleur bleue. Il avait vraiment pensé ça ? Apparemment.

Kanda se redressa, fit disparaître toute trace du sang qui avait coulé hors de la blessure qu'il s'était infligé, but quelques gorgées d'eau, et enfin retourna se coucher. Pris d'une soudaine inspiration, il planta un baiser violent, presque désespéré sur les lèvres closes d'un Allen endormi et le serra contre lui pour s'endormir de nouveau.

-Alors Lavi, comment tu te sens depuis que tu retournes à l'école ? S'enquit la jeune femme en écrivant la date en haut d'une feuille vierge. C'est bien ?

Lavi baissa les yeux. Il savait bien que voir une psychologue faisait partie intégrante de sa réinsertion, mais il avait du mal à parler de choses importantes, quoique les gens pensent de lui.

-Et ben en fait… commença t-il.

Mon tuteur est en fait un pervers vicieux et psychopathe qui a violé le dernier enfant placé chez lui et l'a forcé à se prostituer pour empocher les gains. Je lui sers d'espion pour ramener le-dit gamin chez lui qui au passage, est très gentil ! Je sais que je me ferais tuer par mon tuteur si il savait que je suis au courant de tout. Enfin, je fais des cauchemars où je revis mon accident et je ne dors plus depuis plusieurs jours. J'ai vraiment très peur !

-… c'est trop génial ! S'exclama t-il avec un large sourire. Je me suis déjà fait des amis et j'adore l'école ! Ça me permet de penser à autre chose et mon tuteur est trop sympa !

C'était mieux comme ça, tout compte fait.