Un petit OS, avant le prochain chapitre chapitre de Carnaval ;)

Histoire de vous faire patienter quoi ! Mais je n'en néglige pas pour autant la qualité (ouais j'me balance des fleurs 8D), et espère qu'il vous plaira !


« Jeune maître ! Jeune maître, où êtes-vous ? »

La voix fluette de Gil résonnait dans les couloirs du manoir.

Cela faisait maintenant plus de vingt minutes qu'il cherchait Oz, sans résultats. Le blond avait sûrement décidé de lui jouer un tour, car il ne trouvait pas ça plaisant. Pas du tout, mais alors vraiment pas.

Il était de plus en plus inquiet de ne trouver personne, ni miss Ada, ni Oncle Oscar, ni miss Kate. Il se mit à courir, hurlant à présent le nom de celui qu'il cherchait. Les larmes commençaient à lui brouiller la vue. Il avait peur.

Peur de la solitude. Peur de ne plus trouver son jeune maître. Peur de n'avoir plus rien à protéger.

Il ne trouvait plus personne. Il voyait flou. L'angoisse déformait les paysages, assombrissait la bâtisse, tordait ses entrailles. Il n'avait plus aucune notion du temps. S'était-il écoulé quelques secondes ou des jours entiers ?

Son monde était terrifiant. Il courrait, sans rien voir devant. Tout était noir, trouble, embrumé.

Et lui fuyait, sans savoir quoi. La terreur déformait son visage, ses yeux étaient rouges de larmes. Et il hurlait à la mort.

Il se sentit tomber.

Les escaliers, il ne les avait pas vus.

Il partit vers l'avant, se tapant sur chaque marche, pauvre pantin désarticulé, avant de finir sa course tout en bas. Il roula, puis se stoppa sur le ventre.

Il sombra.

Il se réveilla difficilement, quelques temps plus tard. Des minutes, des heures, des jours ?

Des lumières dansaient devant ses yeux. Vaporeuses, irréelles, dorées. Sa vue s'affina, il devina que la lumière venait de la fenêtre.

Et, plus à droite, une autre lumière. D'une nature différente. Celle-ci arborait un air inquiet, penchée sur lui.

Dans ses yeux émeraude clairs et profonds habituellement rieurs se lisait une peur panique, mêlée d'éclats de soulagement.


Oz avait entendu les cris de son valet. Il s'était aussitôt mis à sa recherche. Les cris avaient gagné en puissance, il avait su ce qui arrivait : Gil faisait une crise d'angoisse. Ça lui arrivait souvent après son adoption. Il était réveillé par des pleurs, sortait dans le couloir et tombait sur le frêle enfant, pleurant de peur qu'il ait disparu. Mais le temps avait effacé cette habitude, et de fait, le blond paniqua encore plus. Le pauvre Gilbert devait être horriblement terrifié.

Il avait certainement pris peur en ne le trouvant pas, et en ne croisant personne. Normal, tout le monde était parti, pour il ne savait quelle raison d'ailleurs. Ils n'étaient que tous les deux.

Et le blond avait oublié de prévenir son valet qu'il changeait de pièce.

Son cœur se mit à battre à cent à l'heure, alors qu'il se ruait vers la source du bruit.

Il se figea. Un choc sourd s'était fait entendre. Puis deux. Puis trois. Puis toute une série.

Quand les coups s'arrêtèrent, le manoir tomba dans un silence assourdissant, oppressant.

Le pauvre petit cœur du jeune Vessalius rata un battement, tandis que, sans avoir conscience de ses gestes, il se dépêchait vers l'escalier. L'air lui semblait peser des tonnes.

En bas, immobile, sur le ventre, Gilbert.

Il ne sut pas ce qui arriva après, il ne repris vraiment ses esprits que quand une voix, éraillée, faible l'appela, comme un cri de détresse.

« Jeune maître... »

Le brun vit son jeune maître le prendre dans ses bras, le soulever. Le blond balbutiait des excuses insensées, sans queue ni tête, à la fois effrayé et soulagé.

Oz était là ! Il avait eu si peur...

Il avait cru perdre la raison, perdre sa raison de vivre.

Il essaya de se relever, mais le blond le serrait contre lui, comme s'il allait lui échapper, tomber encore plus bas pour ne plus se relever.

Il laissa donc aller sa tête dans le cou du Vessalius, rougissant un peu.

Ce dernier le serra encore plus fort contre lui, caressant ses boucles noires d'un geste protecteur et rassurant, d'une main cependant tremblante.

« Ne fais plus ça, s'il te plaît... ne me fais plus peur... Gil, je serait toujours là. Alors arrête, je t'en supplie, arrête de penser que je vais te laisser. »

L'autre voulut répliquer, mais sous le coup de l'émotion, Oz avait décidé de lui dire tout ce qu'il pensait, tout ce qu'il ressentait, d'un coup.

Il pressa ses lèvres contre celles du brun, qui resta figé. Puis il ferma les yeux, avant de virer au rouge.

« Je...je t'aime Gil !»

Le petit valet n'en crut pas ses oreilles. Il l'aimait ? Alors il lui donnait le droit de l'aimer en retour, non ?

Leurs bouches se joignirent encore une fois.

«Jeune maître... je... moi aussi je vous aime, jeune maître !»

Oz lui sourit, scellant à nouveau leur bouches. Ce fut cette fois-ci plus intense, la langue taquine du jeune Vessalius allant chercher sa jumelle, l'entraînant dans un ballet torride, ses mains enlaçant le brun pour le presser contre lui, sentant son cœur battre la chamade. Le plus jeune, lui, s'accrochait désespérément à la nuque du blondinet, submergé par le flots de sentiments intenses, par la joie d'être accepté, par le plaisir que lui procurait ce contact poussé.

Combien de temps étaient-ils restés ainsi ? Des secondes, des minutes, des heures, des jours...

Le temps s'était arrêté.


Oz, assis face à Gil, le regardait dans les yeux tendrement. Ses doigts passaient lentement sur le visage du brun, suivant la courbe de sa mâchoire, remontant lentement vers ses pommettes, traçant la ligne délicate de ses sourcils.

Dieu que ce visage avait changé !

Le menton n'était plus arrondi, les joues se faisaient plus saillantes, le nez moins pointu, plus affirmé, les lèvres plus charnues, à la courbe aguicheuse.

Ce n'était plus un visage d'enfant, mais un visage bien plus viril, celui d'un homme, toutefois aussi agréable à regarder.

Ses yeux n'étaient plus les immenses prunelle dorées qui faisaient miroir à ses émotions, dans lesquelles il aimait tant se perdre. Ils étaient plus fins, plus aigus. Ce n'étaient plus des livres ouverts vers l'âme de brun, mais ils avaient gardé leurs volutes mordorées et brillantes, misent en valeur par ses cheveux, contraste délicieux entre la peau d'albâtre et sa crinière de jais. Même la lueur mélancolique qui y brillait perpétuellement ne faisait que les embellir.

Oz aimait toujours autant plonger dedans. Se laisser happer par ce feu doux, s'y perdre, s'y noyer, des heures durant, même si cela mettait le pauvre Gilbert mal à l'aise.

Il se délectait toujours autant des expressions gênées de son valet, actuellement couleur pivoine.

« Gil... tu te souviens... il y a dix ans ? Quand tu as pris peur, et que tu es tombé dans les escaliers ?

- Oui, bien sûr. Je crois que je n'aurais pas pu oublier...

- Tant mieux alors. Je n'aurais pas voulu des grands débats. »

Il regarda le visage du brun virer au cramoisi, puis posa ses lèvres sur le siennes.

Puisque l'Abysse lui avait retiré ça, alors il allait recommencer.

Encore et toujours.

Jamais plus il ne laisserait son valet. Cet enfant au regard perdu, qui pourtant avait bien grandi, qui au fond n'avait pas changé. Alors il ne le laisserait pas être triste, malheureux ou quoi que ce soit d'autre.

Il le protégerait.

Gil était resté statufié. Il savait ce qui se passait, mais ne le réalisait pas.

C'était trop beau. Cette lumière, qu'il avait attendu pendant dix longues années, l'acceptait à nouveau ? Alors qu'il avait tant changé, alors qu'il l'avait trahis, alors que son âme était souillée ?

Il sentit un poids s'envoler. Il avait été terrifié à l'idée qu'Oz ne veuille plus de lui. Après tout, ce n'était qu'une promesse entre deux gamins innocents, à l'époque.

Tout ce temps, il avait vécu avec la crainte de se faire rejeter et le manque terrible de cette personne qui était tout à ses yeux.

Il n'avait pas vraiment vécu. Il avait survécu, attendant patiemment. Longtemps, comme si le temps n'avançait pas. Comme s'il était englué dans un cauchemar éternel.

Et pourtant, c'était la bouche d'Oz contre la sienne, ses mains qui tenaient sa chemise, son cœur qui battait contre le sien.

Rien n'avait changé. Enfin presque.

Le temps s'était remis en marche.


Si vous voyez un petit parallèle avec l'OS précédent, c'est normal, l'idée m'est venue en l'écrivant. au fond, Gil et Break sont tous les deux fous furieux (mais chacun à sa manière) x)

Merci d'avoir lu, n'hésitez pas à commenter ! Je mord pas ! *s'incline*