Titre original : Wo du schon glaubst, da denk ich noch
Auteure : lorelei_lee1968 (Lorelei Lee)
Couple : John/Sherlock
Catégorie : M
Contenu : slash, scènes de sexe explicites, drame, hurt, angst, romance, prostitution, drogues.

Note de l'auteure : l'idée m'est venue comme ça. Au moins une scène du dernier chapitre m'est venue à l'esprit soudainement et toute l'histoire s'est développée autour. Je l'admets, l'idée de départ est assez tirée par les cheveux, mais laissez-vous porter. L'un des derniers chapitres vous donnera même une explication plausible. Cette histoire sera nettement plus dramatique et moins humoristique que « Never change a running system », mais j'espère que vous aurez tout de même plaisir à la lire !

Avertissement : rien ne m'appartient. Je ne gagne rien, je n'écris que pour le plaisir. Sherlock Holmes appartient à Sir Arthur Conan Doyle. La série Sherlock de la BBC appartient à la BBC, Moffat et Gatiss.

Note de la traductrice : toute ma reconnaissance à la talentueuse ReachingforHeaven qui a relu ce premier chapitre. Un grand merci à Lorelei qui m'a donné l'autorisation de traduire son histoire.

Chapter 1: I'm sinking in the quicksand of my thoughts

« I'm sinking in the quicksand of my thoughts»
(extrait de « Quicksand » de David Bowie)


Entre les pages d'un recueil de poésie se trouve un brin de myosotis séché – bien caché, mais pas oublié –, minutieusement pressé comme un trésor entre deux feuilles de papier de soie violet qui ont parfaitement gardé le bleu délicat des fragiles pétales. Sherlock Holmes en personne conserve sur ses étagères ce recueil ainsi que son contenu banal, et pourtant si précieux.

Le détective a préservé ce spécimen de la flore locale de ses propres mains, car ce myosotis était du même bleu que le ciel le jour où John Watson lui en a offert un bouquet entier.

Comment en sont-ils arrivés là ? Cette histoire vous le révélera.


John H. Watson n'était qu'un homme.

Un homme dont la frustration sexuelle dépassait les limites du supportable depuis quelque temps déjà. Malheureusement, l'objet de ses désirs n'était rien de moins que son colocataire et ami Sherlock Holmes qui, pour couronner le tout, le considérait comme exclusivement hétérosexuel.

Rien n'aurait pu être plus éloigné de la vérité, mais cette méprise était entièrement de la faute de John.

Au cours de son existence, John avait eu des expériences sexuelles aussi bien avec des femmes que des hommes. À la vérité, il devait toutes ces rencontres masculines à son expérience de soldat. Mais contrairement à la plupart de ses camarades (ceux qui s'étaient montrés intéressés) qui avaient fini par se détourner complètement des hommes après leur service, John y avait pris goût et s'était découvert bisexuel. Néanmoins, depuis sa blessure et son retour à Londres, il n'avait eu aucune relation intime avec quiconque. D'autres problèmes s'étaient révélés plus urgents et il n'en avait tout simplement pas ressenti l'envie.

Cela avait changé subitement dès que Mike Stamford lui avait présenté Sherlock Holmes. Son comportement était encore plus hors du commun que son physique, mais John avait été très séduit par l'un comme par l'autre. Si son intérêt avait d'abord été piqué, John avait été irrémédiablement conquis par le clin d'œil que lui avait adressé Sherlock à la fin de leur première rencontre. On ne pouvait guère faire plus direct et plus explicite. Sherlock n'avait pas non plus semblé désintéressé.

La perspective de partager un appartement avec cet homme fascinant avait déclenché chez John une série de sentiments intéressants qui ne s'étaient pas manifestés depuis longtemps.

À commencer par l'attirance. Même si John admettait clairement que Sherlock était vraiment trop bien pour lui, cela ne changeait rien. John n'avait jamais accordé beaucoup d'importance à de telles réflexions et jusqu'à présent, cela lui avait plutôt réussi. Il pouvait se targuer d'un taux d'échec étonnamment faible auprès des hommes et des femmes exceptionnels qu'il avait entrepris de charmer.

Ce serait bien le diable s'il ne parvenait pas tôt ou tard à séduire Sherlock. Après tout, ils allaient partager un appartement et y rester uniquement tous les deux plusieurs heures chaque jour.

La seule chose qui avait réellement inquiété John, c'était le réveil si brutal et puissant de sa libido qu'il pensait profondément endormie.

Cependant, les événements s'étaient précipités et avant même de s'en rendre compte, John s'était trouvé impliqué dans une affaire de meurtre et propulsé dans un tout autre champ de bataille que ceux qu'il avait connus jusqu'à présent.

Puis, il y avait eu ce dîner chez Angelo dont les conséquences allaient se révéler si catastrophiques…

Le dîner pendant lequel il avait détruit toutes ses chances avec Sherlock. Et ce, irrémédiablement. Pourquoi avait-il donc nié avec tant de véhémence être le rencard de Sherlock ?

Les sentiments soudains et puissants qu'il éprouvait envers un homme qu'il ne connaissait en fait absolument pas l'avaient-ils quelque peu troublé ? Était-il à ce point transparent ? Son attirance était-elle écrite sur son front ? Ou était-ce parce que Sherlock n'avait pas du tout réagi à la remarque d'Angelo ? Que ce soit pour démentir ou confirmer, d'ailleurs ?

John ne savait plus lui-même comment, ni pourquoi, mais son esprit de contradiction s'était réveillé et il avait protesté. Précisément pour comprendre au même instant qu'il venait de commettre une erreur stupide, absolument stupide.

Pour regagner le terrain perdu, il s'était ensuite efforcé de découvrir si Sherlock était libre ou non. Même si à Londres, il n'avait personne avec qui partager un loyer et son lit, il pouvait très bien avoir un copain ou une copine dans une autre région du pays.

A posteriori, John devait admettre que cette tentative de drague aurait trouvé sa place dans les annales des pires moments de l'histoire du flirt. Pour sa défense, il ne pouvait qu'invoquer son manque d'expérience. Il n'avait jamais vraiment flirté avec un homme. Dans l'armée, on privilégiait une approche plus directe pour parvenir à ses fins.

La veste qu'il s'était prise avec Sherlock avait été certes prévisible, mais John en avait été si vexé qu'il avait fini par nier en bloc et se présenter comme un homme uniquement intéressé par les femmes. Il aurait pu s'en donner des claques. Mais à cet instant, il avait voulu :
a) garder la face et
b) partager tout de même un appartement avec Sherlock. En effet, malgré le peu de temps qu'il avait passé en sa compagnie, il ne pouvait plus imaginer vivre sans cet homme. C'était aussi pourquoi, plus tard cette nuit-là, il avait tiré sans hésiter sur l'agresseur de Sherlock et accepté avoir causé sa mort sans sourciller.

Depuis, plusieurs mois s'étaient écoulés et le pouvoir d'attraction que Sherlock exerçait sur John n'avait cessé de croître au lieu de se dissiper comme l'ancien soldat l'avait à moitié espéré.

Il ne voulait plus quitter cette vie remplie d'excitation, de danger et du plaisir qu'ils en tiraient. Même le son du violon au beau milieu de la nuit ou les organes humains stockés dans le réfrigérateur ne le rebutaient pas.
Et surtout, il voulait pouvoir continuer à admirer Sherlock, tour à tour en pyjama et robe de chambre, ou en costume et chemise un brin trop ajustés…

Mais, comme nous l'avons dit, John H. Watson n'était qu'un homme après tout. Un homme qui aurait bientôt besoin d'un exutoire à sa frustration sexuelle – ou bien il risquait fort de commettre une bêtise monumentale.

Contrairement à une opinion largement répandue, Sherlock Holmes n'était qu'un homme, lui aussi.
Il avait perdu sa virginité active à dix-sept ans. Quant à sa virginité passive, il avait tout organisé et planifié pour la perdre deux ans plus tard, précisément le jour de son dix-neuvième anniversaire.

Au cours des huit années qui avaient suivi, il avait connu des expériences avec des hommes et des femmes et constaté que le corps masculin et les possibilités qu'il offrait lui plaisaient plus que son pendant féminin. En outre, avec les hommes, il n'y avait guère de risque de se retrouver soudainement piégé dans une relation et marié avant même de s'en rendre compte.

Au bout de ces huit ans, son intérêt pour la sexualité et l'érotisme s'était considérablement émoussé. Il s'y était consacré minutieusement et selon lui, avait exploré tous les domaines de manière très détaillée. Autrement dit, la chose commença à l'ennuyer et il cessa simplement de s'y intéresser. Depuis cette époque, il se satisfaisait amplement de quelques séances épisodiques de plaisir solitaire. Heureusement, son corps ne l'importunait pas plus souvent avec certains besoins. Être marié à son travail lui suffisait – exactement comme il l'avait dit à John le premier soir.

John.

John méritait un chapitre à lui tout seul.

Sherlock avait besoin d'un colocataire. C'était ainsi que tout avait commencé.

Son ancien appartement était devenu vraiment trop petit pour tous ses dossiers, les quantités de papier qu'il gardait et ses expériences. Par ailleurs, son propriétaire n'avait guère apprécié les dommages causés au mur de sa chambre après l'explosion inattendue de l'une d'elles. On avait retrouvé des morceaux de maçonnerie jusque sur le trottoir.
Ses jours dans ce logement étaient donc comptés. Heureusement, Mrs Hudson, qui avait un faible pour lui et qui lui devait une fière chandelle, avait justement un appartement à louer. Hélas, les affaires du détective ne marchaient pas encore aussi bien qu'il l'aurait voulu et le loyer était trop élevé pour lui seul. Il était absolument hors de question de demander une aide financière à son frère. Il lui fallait donc un colocataire – c'était encore la solution la moins pénible.

D'emblée, il avait écarté l'idée de partager son toit avec une femme. Tôt ou tard, elle commencerait à exiger que l'appartement reste propre et se mettrait à remplir des récipients avec des végétaux sous prétexte d'égayer leur intérieur.

Sherlock frissonnait d'effroi rien que d'y penser.

Il fallait donc que ce soit un homme, mais pas quelqu'un de séduisant d'après les critères de Sherlock. Après tout, il ne voulait pas être distrait de son travail. Il ne fallait pas non plus qu'il s'agisse d'un idiot inintéressant. Il aurait fini par l'étrangler le jour même de son emménagement, Sherlock en était certain.
Il avait donc demandé à Mike Stamford s'il connaissait éventuellement quelqu'un…

Stamford était un peu ennuyeux, mais cultivé. Débonnaire, mais pas une chiffe molle pour autant. Petit-bourgeois, mais sans être étroit d'esprit et surtout : définitivement hétérosexuel. Sherlock était persuadé que Stamford ne connaissait que des hommes semblables à lui-même et c'était précisément ainsi qu'il imaginait le colocataire idéal.

Et voilà que Stamford lui avait ramené John.
John.
Patient, mais habitué à obéir aux ordres et doté de nerfs d'acier. Un peu ringard. (Seigneur ! Ces pull-overs !) Mais médecin, donc suffisamment intelligent pour ne pas trop énerver Sherlock. Séduisant ? Pas vraiment dans le sens habituel de grand et beau, mais il avait tout de même suscité un léger intérêt de la part de Sherlock.

À cet instant précis, il aurait dû battre en retraite.
Mais il ne l'avait pas fait.
Il lui avait même adressé un clin d'œil… En partie pour découvrir l'orientation sexuelle de John, mais aussi parce que l'envie l'en avait pris soudainement.

Pendant cette soirée mémorable chez Angelo, Sherlock avait su que John était au moins bisexuel et qu'il flirtait clairement avec lui.
Sherlock avait alors fait la seule chose intelligente – à ses yeux –, qu'il eut faite jusqu'alors concernant John.

Il l'avait envoyé sur les roses.

John avait vraiment été intéressé - et maintenant il se cachait derrière le masque de l'hétérosexualité pure. Un masque si transparent que Sherlock l'avait percé à jour en quelques fractions de seconde. Pourtant, il avait fait semblant de croire son colocataire.

Il était désolé de l'avoir repoussé et d'une certaine façon, il le regrettait aussi, mais avait-il un autre choix que de rejeter les avances de John ? Non.

Même s'il ne voulait pas encourager l'attirance de John, il tenait tout de même à partager un appartement avec lui. Et où dénicherait-il si rapidement un autre colocataire aussi parfait ? Mrs Hudson ne pourrait pas lui garder l'appartement libre encore bien longtemps.

Au fond de lui, Sherlock savait qu'il avait manqué une possibilité de plus de couper toute relation avec John.

Une fois de plus, il ne l'avait pas fait.

Quel changement agréable de voir son talent et son travail susciter non pas des insultes, mais au contraire une admiration franche, respectueuse et émerveillée.

En dépit du bon sens, Sherlock avait donc gardé John comme colocataire.

Il fallait bien avouer que c'était une faiblesse, mais cette petite concession à son ego ne causait de tort à personne, n'est-ce pas ?

Au cours des mois, Sherlock avait dû malheureusement se rendre à l'évidence : les conséquences s'avéraient pernicieuses.

Il commençait à désirer John Watson.
C'était totalement inacceptable.
Sherlock n'était pas disposé à abandonner, pour la simple satisfaction d'une pulsion, tout ce qu'ils avaient bâti ensemble, ce qu'ils étaient devenus : amis, collègues, colocataires.
Il savait qu'après l'échec d'une relation, de quelque nature qu'elle ait été, il était impossible de retourner dans les eaux sûres du port de l'amitié.

Le pire était que Sherlock pouvait facilement sonder l'âme de John.
Ce dernier était sur le point de tomber amoureux de Sherlock.
En outre, John n'accueillait pas favorablement ces sentiments qui naissaient en lui. Sherlock s'en était aperçu aussi rapidement que si cela avait été écrit sur le front de son ami.

Pourtant, John continuait de sortir avec des femmes. Sherlock devait avouer que cela l'amusait beaucoup de voir à quel point il lui était facile de saboter les relations de John avec ces dernières. Il ne manquait jamais de s'adonner à ce plaisir. En son for intérieur, il savait qu'il ne devait pas, mais s'il ne pouvait pas avoir John, alors personne ne l'aurait. Que ce soit un homme ou une femme... Sherlock n'avait cependant pas bien compris pourquoi John n'avait encore jamais eu de rencard avec un homme. Bien sûr, il l'aurait fait en secret, car il vivait dans l'illusion que Sherlock le croyait hétéro. Pourtant, en secret ou pas, Sherlock l'aurait su si cela s'était produit.

Les sentiments de John envers Sherlock ne cessaient donc pas de grandir.

Sherlock ne pouvait pas le permettre. Le statu quo de leur amitié ne devait être ni menacé, ni modifié. Les deux hommes étaient pourtant de plus en plus attirés l'un par l'autre. Sherlock avait beau se creuser la tête, il ne savait pas comment briser cette spirale infernale qui ne mènerait qu'au malheur.

D'une part, ils avaient besoin d'un exutoire à toute cette tension sexuelle accumulée. D'autre part, il fallait s'assurer que John ne le quitte pas pour quelqu'un d'autre.

Il voulait John en tant qu'homme. Il le voulait pour lui tout seul. Mais il savait que s'il cédait à cette pulsion, cela détruirait tôt ou tard leur amitié exceptionnelle et leur excellente collaboration professionnelle... Et si un jour, John venait à le quitter, Sherlock n'aurait plus rien : ni amant, ni ami, ni blogueur.

Il voulait l'homme, mais il voulait aussi garder l'ami.

C'était la quadrature du cercle. Autrement dit, Sherlock voulait manger le gâteau tout en le laissant intact.
Un problème insoluble.

En tout cas en apparence.

Jusqu'au moment où Sherlock fit une observation aussi inespérée que révélatrice et grâce à son cerveau parfait, il mit au point un plan parfait.

Malheureusement, les plans les plus parfaits ont justement tendance à échouer spectaculairement.


Pas d'inquiétude, cette histoire est terminée en VO et la trad est déjà bien avancée. Vous aurez donc 10 chapitres de rebondissements en tout genre. Si ce premier chapitre vous a plu, laissez un petit commentaire. Merci ! Et vive Johnlock !