CHAPITRE IV


Il fallait qu'il s'éloigne d'elle, il ne voulait pas la blesser. Elle avait appelé son prénom avec tant de douceur…

Il lui aurait suffi d'un geste pour la broyer.

Dehors, l'air était chaud, il sentait la terre épouser la forme de ses pattes, il appréciait l'humidité de la mousse qui amortissait le son de sa course. Quel intense sentiment de liberté, il n'avait jamais ressenti cela avant. Il courait sans savoir exactement dans quel but, mais qu'est-ce que c'était bon.
En peu de temps, il avait traversé l'épaisse forêt au nord de Ste Mangouste.

Il s'arrêta pour reprendre son souffle. Soudain, en humant l'air, une odeur l'électrisa. Il tourna la tête et s'aplatit dans les hautes herbes. Il fit quelques mètres, ventre à terre, et aperçue à travers les feuillages ce qu'il l'excitait tant. Un faon semblait s'être arrêté pour s'abreuver.
Tapis dans les hautes herbes, il s'approcha un peu plus.

Une brise l'effleura, le faon releva la brusquement la tête humant l'air, effrayé.

C'était le moment d'attaquer, il était découvert. D'un bond, l'animal s'élança la gueule ouverte, mais au lieu de finir les crocs planté dans la chair fraîche du faon, il se retrouva propulsé vers la mare par de puissants bois.

Il se releva d'une vivacité déconcertante et aperçue sa proie et le cerf qui l'avait envoyé voler, s'enfuir.

Il grogna et se laissa tomber au bord de l'étang. Il lapa à grands coups de langue l'eau. Et lorsque celle-ci redevint stable et miroitante, il se permit d'y jeter un œil.

L'image que lui renvoya la surface reflétant la lune était celle une tête robuste aux oreilles rondes et au pelage noir. La seule chose qu'il le différenciait d'une simple ombre était les deux tâches dorées qu'étaient ces yeux.

Il donna un coup de patte dans l'eau, brouillant son image. Soudainement exténué, il croisa ses pattes avant et laissa reposer sa tête dessus avant de fermer les yeux.

oOoOoOo

Hermione tremblait de la tête aux pieds – contrecoup de son élan de courage dans la chambre 516 – elle était assise sur un vase qu'elle avait métamorphosé en chaise, face à la chambre. Cela faisait maintenant 33 minutes qu'elle attendait Harry et Ron. L'étage était toujours sécurisé et mis en quarantaine et les bêtes de la chambre 516 avaient fini de dévorer leur bon vieux copain.

Elle tapait nerveusement du pied, essayant de chercher du réconfort dans ses propres bras qu'elle avait enroulés autour d'elle. La jeune femme avait ordonné aux infirmières de se barricader dans les chambres avec les patients, et la solitude se faisait cruellement ressentir.

Regardant sans vraiment regarder ce qu'il se passait en face d'elle, elle laissa son esprit vagabonder, pensant surtout au Serpentard qui venait de disparaître

Tout se bousculait dans sa tête, jusqu'à ce qu'elle entende des pas résonner dans les escaliers.

Elle se redressa et alla accueillir les nouveaux arrivants en levant le sort qu'ils les empêchaient d'accéder à l'étage.

Une ribambelle d'agents du département des aurors remplirent rapidement le hall.

« Hermione, dans quel état est-ce que tu es ?! » S'exclama Ron Weasley en la serrant brièvement contre lui.

Harry ne se formalisa pas plus que cela de l'état de sa meilleure amie, un bref coup d'œil lui avait suffi à comprendre qu'elle n'était pas en danger.

« Que se passe-t-il ? » Demanda-t-il d'un ton professionnel.

« Vos prisonniers de la chambre 516 se sont réveillés figures-toi. Je te laisse aller voir par toi-même. » Fit la médicomage en lui ouvrant le chemin d'un geste du bras.

Baguette en main, Harry, suivi de près par Ron et toute la délégation d'aurors, s'élança dans le couloir.

Hermione avait eu le temps de « s'habituer » au carnage qui régnait dans la pièce. Elle vit deux ou trois aurors revenir sur leurs pas, cherchant désespérément un endroit où vomir, elle en vit d'autres grimacer devant la scène, elle aperçue même Ron froncer le nez de dégoût. Mais Harry lui resta impassible.

La même bête qui avait parlé avec Hermione s'approcha de la paroi magique, le seul obstacle entre Harry et lui.

« Ne serait-ce pas Mr. Potter ? » Ricana l'animal.

« Vous étiez trois, où se trouve votre troisième ami ? » Demanda froidement l'auror.

La bête émit un son entre l'aboiement et le rire avant de se tapoter l'estomac d'un air repu.

« Tu peux toujours t'adresser à mon estomac pour une éventuelle déposition, Potter. » S'esclaffa-t-il vite rejoint par le deuxième animal présent dans la chambre.

Harry serra la mâchoire avant de se retourner vers Hermione.

« Dans quel état sont les prisonniers de la chambre 514 ? »

« Ils ont succombés à leurs blessures il y a de cela une heure bientôt. » L'informa-t-elle en jetant un œil à sa montre.

« Pourquoi n'avons-nous pas été prévenus ? » S'étonna Ron en écarquillant les yeux.

« C'est la garde de nuit, nous n'avons pas assez de personnel pour surveiller des patients qui semblaient être dans un état stable. Et si je puis me permettre, pourquoi n'y avait-il pas d'auror devant ces chambres ? C'est scandaleux. » Rétorqua la jeune femme en croisant les bras sur sa poitrine tout en tapotant du pied.

Ron rougit, ne sachant pas vraiment quoi répondre à part se gratter la tête d'un air gêné.

« Il devrait y en avoir un », répondit Harry.

Il se tourna vers deux de ses collègues et leur ordonna de trouver l'auror supposé être présent.

« Qu'est-ce que vous allez faire d'eux ? », s'enquit la jeune femme en désignant les occupants de la chambre 516 d'un geste du menton.

« On doit attendre les gens du Département de Contrôle et Régulation des Créatures Magiques, afin qu'ils fassent un point sur la situation. » L'informa Ron.

« Vont-ils restés comme ça ? » demanda Harry.

« Je n'en ai aucune idée. Ils sont comme ça depuis une heure environ, ils n'ont pas changé. » Répondit Hermione.

Le trio était tourné vers la chambre 516, observant en silence ce qu'il s'y passait. Harry se gratta le menton machinalement, le visage concentré.

« Est-ce que les patients de la chambre 514 n'auraient pas échoué ? » Reprit-t-il, brisant le silence.

« Comment ça ? » Fit le rouquin.

« …Ils auraient échoué à compléter la transformation ? Tu veux dire… qu'ils n'étaient pas compatibles ? » Fit Hermione en se tournant vers le jeune homme.

« Exact. Je crois bien que nous avons une autre chose qu'un loup-garou en liberté. Ron, nous devons informer le Département des créatures magiques. Hermione, tant que nous n'avons pas plus d'informations, tout cela doit rester confidentiel. Je te confie l'autopsie des hommes de la chambre 514. Ton équipe doit être de confiance et restreinte. Je pense que nous pouvons lever la mise en quarantaine excepté pour la 516, évidemment. Nous allons laisser quatre aurors sur place pour attendre l'autre Département. »

Hermione se mordit la lèvre, elle avait une autre hypothèse sur ce qui courrait les rues, selon elle, il n'y avait pas une mais deux bêtes en liberté. Le tout était de savoir comment elles s'étaient retrouvées là.

Elle ne savait pas vraiment quoi penser Drago, mais vu son comportement, ce n'était pas une bonne chose de le savoir dans la nature également…

oOoOoOo

Il avait froid, il se recroquevilla sur lui-même, dérangé son sommeil. Il ouvrit un œil et comprit pourquoi il tremblait comme une feuille, il était nu comme un ver. Il se releva avec difficulté, essayant de savoir où il se trouvait. Drago grelotait sur place.

« Je vais crever… » pensa-t-il en avançant à travers la forêt en fonction de ce que son instinct lui disait de faire.

Il marcha longtemps, d'après la lumière du jour, il avait dû se lever aux aurores, et désormais, il était bien dix heures. Il finit par déboucher devant une grande bâtisse qui ne lui était pas inconnue.

Il se tourna vers la droite lorsqu'il entendit deux gloussements.

Brusquement, le rouge lui monta aux joues et il plaça rapidement ses mains afin de cacher sa masculinité.

« Oh ! » fit Hermione lorsqu'elle arriva, pratiquement en courant, avant de se cacher les yeux et de faire apparaître des vêtements aux pieds du jeune homme.

Il marmonna de vagues remerciements, les joues toujours cramoisies.

« Comment as-tu su que j'étais là, je viens juste de débarquer », lui demanda-t-il en enfilant le pantalon.

« Tu te doutes bien que j'étais à ta recherche quand même, ça n'a pas été bien compliqué de te localiser à partir du moment où tu as posé le pied sur l'herbe de St Mangouste », répondit la jeune femme en osant jeter un œil au Serpentard désormais vêtu.

« J'aime bien t'entendre dire que tu me cherchais », ricana Drago en la dépassant en deux grandes enjambées.

« Où étais-tu ? », s'enquit Hermione en trottinant pour le rattraper.

« Dans la forêt. »

« Et tu n'as rien ? Tu as quand même sauté par la fenêtre – encore, marmonna-t-elle- et je… »

« Granger, n'as-tu donc que moi comme patient pour constamment me casser les pieds ? » Fit Drago en se retournant brusquement vers elle.

Hermione balbutia quelques paroles que Drago ne prit pas le temps d'écouter car il lui tournait déjà le dos.

Après avoir rapidement récupéré le peu d'affaires personnelles qu'il avait laissé dans sa chambre et signé un parchemin indiquant qu'il avait décidé de sortir contre avis médicomagique, le jeune homme se trouvait désormais dans le hall de l'hôpital.
Il s'apprêtait à franchir le seuil du bâtiment lorsqu'une petite main lui agrippa le bras.

« Tu sais très bien que tu n'es pas le même, laisse-moi t'aider », articula Hermione entre ses dents tout en jetant des coups d'œil autour d'elle.

« Merci d'avoir pris soin de moi mais désormais je pense que je peux prendre le relais et m'occuper de moi-même. » Répondit Drago en se dégageant de sa prise.

Il avait repris son chemin lorsque Hermione reprit la parole.

« Tu te souviens lorsque je t'ai dit que tu avais de l'ADN lupin mais qu'il comportait une anomalie ? » commença la jeune femme en s'approchant de Drago qui avait cessé de marcher.

Elle lui attrapa doucement le poignet et glissa un parchemin au creux de sa main.

« J'avais demandé d'autres tests. Et hier, avant qu'on soit interrompus, j'ai potentiellement émis une certaine hypothèse que les tests ont confirmé. »

« Une hypothèse ? » répéta le blond en posant enfin les yeux sur la Gryffondor ayant piqué sa curiosité.

« Ton ADN a été modifié, partiellement humain mais également lupin, tu as aussi de l'ADN félin. Tout comme ceux qui ont été mordu par un loup-garou, il y a de fortes chances que tu te transformes. »

Tenant toujours Drago par le poignet, elle le sentit vaciller légèrement.

« Tu veux t'asseoir ? » Proposa-t-elle en le poussant malgré lui vers un banc.

« N-non, merci, je vais y aller » répondit-il en se dégageant de sa prise.

Tout se bousculait dans la tête de Drago, il essayait désespérément de se souvenir de quelque chose, sans y parvenir.

Il fit quelques pas dehors avant de bousculer, sans pas attention, une femme âgée probablement en train de faire sa balade quotidienne.

Hermione décida de le rejoindre.

« Viens tu as besoin de te poser cinq minutes » soupira-t-elle en le tirant vers les jardins de l'hôpital, peu fréquentés.

Le Serpentard la suivit docilement, l'air ailleurs.

La jeune femme lui jetait de fréquents coup d'œil, totalement absent, il secouait par moment la tête, fermait les yeux comme s'il essayait de se concentrer et crispait sa mâchoire.

Ils trouvèrent un banc à la lisière de la forêt. Lorsqu'ils furent assis, Drago plongea sa tête entre ses mains sous le regard impuissant d'Hermione.

« Est-ce que ça va ? » s'enquit la jeune fille de s'asseyant aux côtés du blond, passant une main rassurante dans son dos.

« Je n'arrive pas à me souvenir… » marmonna-t-il.

« Tu sais, il existe des potions qui rendent les transformations plus supportables pour les loup-garous, je pense être capable d'en isoler les composants et de l'adapter à ta condition. » Dit-elle en lui souriant timidement.

Il allait lui répondre quand soudainement, il se plia de douleur en se tenant le flanc droit.

« Qu'est-ce qu'il t'arrive ? » s'inquiéta la médicomage en fronçant les sourcils d'inquiétude.

Ni une, ni deux, elle le força à délier ses bras qu'il avait replié sur lui-même afin qu'elle puisse l'examiner.

Quelle ne fût pas sa surprise lorsqu'elle souleva le t-shirt du jeune homme et qu'elle vit un signe rouge écarlate juste sous ses côtes, comme s'il venait d'être marqué au fer.

De grosses gouttes de sueur perlaient sur le front du jeune homme, la jeune femme allait lui ordonner de revenir avec elle dans l'enceinte de l'hôpital lorsqu'un grognement rauque s'échappa de la gorge de Drago, la clouant de stupeur.

La tête baissée, il venait de rabaisser son t-shirt d'un mouvement sec avant de replacer ses mains là où il souffrait.

Sa respiration était forte et rapide.

« Granger… Tu devrais… » réussit-il à articuler malgré sa mâchoire crispée avant de fermer les yeux et d'étouffer grondement.

La jeune femme n'étant pas folle, elle se leva prudemment et recula de quelques pas en continuant de faire face au Serpentard.

« Drago, regarde-moi. »

Comme elle l'avait prévu, le regard que lui adressa Drago était doré. Elle recula encore de quelques pas, tâtonnant sa blouse de médicomage à la recherche de sa baguette.

Il tremblait de plus en plus, s'agrippant toujours à l'endroit qui le brûlait.

« Drago, écoute-moi » fit la Gryffondor d'une voix contrôlée.

« Eloigne…toi… » Grogna le jeune homme.

« Je ne vais pas partir. » lui indiqua la jeune femme.

Elle savait que si elle partait, bien du monde risquait d'être blessé, de plus, il fallait qu'elle sache.

« Hermione… » la prévint Drago en haussant le ton, serrant tellement les poings que ses jointures devinrent blanches et que ses ongles pénétrèrent dans sa peau, lui arrachant une grimace de douleur.

Il ferma les yeux forts à s'en donner mal à la tête, il serra les dents, son corps entier était tendu. Il n'arrivait pas à se souvenir, la marque le lançait et cette idiote ne voulait pas déguerpir. S'en était trop, il n'arrivait pas à contrôler ce qui semblait se battre à l'intérieur de lui pour sortir, il était trop faible, il avait mal, il n'en pouvait plus.

Un déchirement sonore.

Hermione brandit sa baguette, un énorme animal noir se dressait désormais devant elle, feulant en sa direction, marchant avec souplesse, la fixant de ses yeux étincelants.

« U-une panthère » Bégaya la Gryffondor.


NDA : Oulalaaa Black Panther le Drago ! Hahha, vous verrez bien !

Ca vaaa, niveau temps de publication je m'améliore héhéhé.
Encore une fois, merci milles fois à celles qui prennent le temps de partager leur avis ! Vous êtes les meilleures. (Merci Ange et Kiilyx, faites-vous un compte les filles hohoho, que je puisse vous répondre avec amour)
J'espère que vous avez aimé ce chapitre, dites-moi tout ! (Ou pas aimer hein haha)

Je vous fais des bisous sur les deux joues,
Avec toute mon affection,
HCIG.