Dernières notes de l'auteur : un retard ? Quel retard ? Mais certains d'entre nous partent en vacances vous savez ! (oui, parfaitement, aussi longtemps !)

(non, je ne présenterai aucunes excuses !)

Je suis par contre désolée pour les quelques gros mots parsemant ce chapitre. Je les ai trouvés nécessaires. Et le rating change légèrement, sans qu'on soit au niveau Canal Plus le samedi soir non plus. Cet épilogue est d'ailleurs un peu loin de ce que j'avais imaginé (à mille lieux en fait), mais c'est ce qui est venu en me mettant devant le clavier alors…

Merci à MlleNyaa pour les idées débiles, à SianaReiguon pour les encouragements et à l'anonyme que j'ai décidé d'appeler « Marraine la Bonne Fée de Pondichéry » (ou MBFP pour les intimes) pour ces menaces qui me font voir des éléphants la nuit. (même pas eu peur !)

Et merci à tous ceux qui sont restés à lire malgré le timing anarchique des publications !


Epilogue

"Maman, il y a un poney dans le jardin. "

La voix d'Henry lui fit relever la tête du journal qu'elle était en train de lire.

"Pardon ?"

"Il y a un poney dans le jardin." répéta son fils.

Emma fronça les sourcils et se leva de la chaise où elle s'était assise quelques minutes auparavant pour feuilleter le Mirror. Elle s'approcha de la fenêtre près de laquelle se tenait Henry et regarda au dehors.

En effet, il y avait un poney dans le jardin.

Il y avait un putain de poney blanc au milieu du gazon, qui broutait les pissenlits qu'elle n'avait toujours pas pris le temps d'arracher depuis leur emménagement quelques mois plus tôt.

Henry se tourna vers elle :

"On fait quoi ?"

Il y avait un poney dans leur jardin. Qu'est-ce qu'elle était censée faire au juste ?

"Tu n'as pas réclamé ce truc à Regina ou à tes grands parents?"

Son fils la regarda, mi amusé mi blasé. Elle haussa les épaules.

"C'est bien le genre de David de faire ça..."

"C'est un poney Maman, pas un cheval. Je n'ai plus 6 ans."

Son cœur se serra malgré elle. Ils avaient beau avoir passé les six derniers mois à construire leur relation, il restait des moments où elle réalisait tout ce qu'elle avait manqué. Elle trouvait parfois du confort dans l'idée que Neal ou même ses propres parents vivaient aussi cela. N'empêche qu'elle avait raté l'occasion de lui expliquer que non, adopter un poney n'était pas possible. Ils auraient sans doute terminé avec un chien. Ou un hamster.

Mais pour l'instant, elle avait un poney qui menaçait de dévorer les quelques tulipes qu'elle avait consenti à planter, et elle n'avait aucune idée de qui avait pu le mettre là.

La voix d' Henry s'éleva à nouveau :

"Il s'est peut-être perdu."

"Et il s'est attaché tout seul à l'arbre ? "

Il haussa les épaules. Aucun d'eux n'y croyait vraiment mais après tout, c'était Storybrooke. Quelqu'un avait laissé un poney dans leur jardin, ou bien il y avait un poney magique qui attaquait les tulipes.

Et depuis que Cruella avait tenté de kidnapper Pongo quatre mois auparavant, c'était sans doute l'évènement le plus palpitant qui s'était passé dans la ville. Emma soupira. Elle devait vraiment commencer à s'ennuyer ici si la découverte d'un canasson sur son gazon était considérée comme palpitante.

Bien sûr, elle ne regrettait pas de s'être installée à Storybrooke, d'avoir enfin posé les bagages qu'elle avait déplacés à travers le pays pendant près de trente ans. Elle appréciait les soirées pizza-TV avec Henry. Les dimanches chez ses parents à jouer au Monopoly. Elle savourait le calme après la Forêt Enchantée et Neverland. Elle aimait son job, aussi routinier soit-il devenu depuis quelques mois. Elle était heureuse des relations apaisées avec Regina ou même Neal.

Mais force était de constater qu'elle commençait à s'ennuyer.

Elle s'emmerdait même royalement.

Et il y avait un poney dans son jardin.

Hook n'avait finalement pas eu tort quand il lui avait susurré qu'elle…

La réalisation la frappa de plein fouet. Sans trop oser y croire mais déjà persuadée au fond d'elle, Emma se précipita à la fenêtre de sa chambre. Le port était trop loin pour qu'elle puisse voir correctement les navires qui y mouillaient – elle avait tenté de se convaincre qu'elle avait choisi la maison pour le pêcher dans le jardin et l'escalier en noyer – mais il y avait un mât de plus qu'hier.

Elle ne les comptait pas, hein, mais… Celui-ci n'était pas là hier soir, non ?

Il était revenu.

Elle se précipita vers la porte d'entrée sous les yeux ahuris de son fils qui se trouvait toujours dans le salon.

« Maman… »

Elle s'arrêta, presque haletante. Qu'est-ce qu'elle était en train de faire au juste ?

« Maman, tes chaussures… »

Son regard se porta sur ses pieds. Oh.

Sans un mot, Henry lui tendit ses bottes, qu'elle enfila rapidement en réfléchissant à l'excuse qu'elle allait pouvoir trouver.

« Je… »

Il la coupa :

« Je vais aller chez maman. J'amène Pompon avec moi. »

Pompon ? Sérieusement ? Ce gamin avait parfois des idées… Elle imagina un instant la réaction de Regina face à l'animal s'attaquant aux parterres parfaitement symétriques de son jardin, avant de réaliser que l'autre mère de son fils n'en aurait probablement pas cure du moment que le pommier n'était pas menacé. Ils avaient tous changé depuis quelques mois, Regina plus que les autres sans doute. Ils avançaient.

Pourquoi avait-elle cette impression d'être la seule à faire du surplace ?

Ses bottes à peine enfilées, laissant à Henry le soin de fermer la maison, Emma se précipita vers sa Coccinelle, avant de réaliser en jurant qu'elle avait laissé les clés sur le guéridon de l'entrée. Pestant contre elle-même, elle renonça à faire demi-tour et s'engagea en courant dans la rue qui menait au port situé à quelques centaines de mètres.

La course lui permit de réfléchir. Qu'était-elle en train de faire ? Ils étaient revenus depuis plusieurs mois, elle avait bien continué à vivre sans lui pendant tout ce temps. Pourquoi avait-elle soudain l'impression de manquer d'oxygène, de ne pas avoir respiré depuis Atlantis ?

Bon sang, elle n'était même pas certaine qu'il soit à Storybrooke ! Tout ce qu'elle avait vu, c'était un poney et peut-être un mât.

Et pourtant, elle courait. Elle courait parce qu'elle avait passé plusieurs mois à attendre ce navire sans même s'en rendre compte. Parce que le goût sur ses lèvres n'avait jamais vraiment disparu, même si elle avait tenté de se convaincre du contraire, d'être un peu réaliste. Elle n'avait aucune putain d'idée de ce qu'elle allait bien pouvoir lui dire, mais son corps, son cœur, fonçaient vers lui. Comme une évidence.

Si c'était bien lui qui était là.

Faites que ce soit lui.

Essoufflée, elle débarqua sur le port, cherchant des yeux le quai où il avait pu amarrer le Jolly Roger. Le soulagement l'envahit en constatant qu'il y avait bien un nouveau navire, un glorieux trois-mâts dont les voiles abaissées continuaient pourtant de battre au vent.

Un navire qui n'était pas le Jolly Roger.

Son cœur manqua un battement et elle sentit son sourire retomber en même temps que l'espoir auquel elle s'était laissée aller. Qu'avait-elle crû ? Qu'il allait retraverser les royaumes pour elle, pour une promesse faite dans un moment d'émotion ? Cela faisait des mois qu'ils étaient sans nouvelles…

Sa mère vantait l'espoir, mais elle ne savait que trop bien ce que la déception pouvait faire.

Elle se morigéna. C'était bien cela le problème. Elle avait envie qu'il fasse cela. Qu'il revienne pour elle.

Et c'était stupide. Et elle ne savait même pas ce qu'elle ferait en le voyant. Et c'était digne d'une bluette, contraire à tout réalisme.

Mais elle aurait voulu qu'il traverse les océans et les mondes pour elle, comme il l'avait promis. Qu'il s'empare de ce Trident et qu'il ouvre un portail pour elle.

Elle avait toujours trouvé ridicule ces déclarations, ces promesses, ces genoux à terre. Après coup, elle avait même tenté de se convaincre que sur Atlantis, ce n'était pas ce qui s'était passé, qu'il s'était contenté d'un au-revoir grandiloquent, que ce n'était pas un serment d'allégeance. Et qu'elle l'avait embrassé comme ça, parce que le moment s'y prêtait. Qu'il n'y avait pas plus.

Et elle avait continué, sans réellement oser l'attendre, pas malheureuse mais pas vraiment heureuse non plus, il fallait bien le reconnaître. Comme si la pièce qui manquait ne pouvait être récupérée. Ce n'était pas si grave après tout, ce n'était que des mots.

Ce n'était qu'un baiser.

Sauf que ce putain de poney dans son jardin lui avait renvoyé dans la face combien elle s'était mentie. Elle voulait le genou à terre, les mots ridicules.

Elle voulait juste qu'il revienne. Pour elle.

Son cœur se serra et la jeune femme ferma les yeux dans l'espoir de repousser des larmes qu'elle ne pensait pas savoir verser. Secouant la tête, elle entreprit de faire demi-tour, songeant déjà à la bouteille de vin blanc qui l'attendait dans le frigo.

Quelle conne.

« J'ignorais que c'était en fait le Jolly Roger que tu voulais revoir mon cœur. »

Elle fit brusquement volte-face, un sentiment indéfinissable envahissant ses membres.

Les yeux bleus la regardaient, amusés, avec cette pointe d'orgueil qui lui donnait parfois envie de baffer leur propriétaire. Killian était nonchalamment appuyé contre le bastingage du navire. Une rapide observation permit à Emma de constater qu'il n'avait pas abandonné la chemise noire, toujours trop ouverte, ni le pantalon en cuir. Seul le manteau n'était plus le même. Celui qu'il arborait était moins orné, mais d'une étoffe de toute évidence plus précieuse. Les cheveux étaient, eux, toujours en bataille.

De l'extérieur, il avait à peine changé, et pourtant sa posture attestait de mois passés loin, dont elle ne savait rien. Il émanait de lui une sorte de sérénité qu'elle ne lui connaissait pas.

Son impression se renforça quand elle le vit se redresser et s'avancer vers la planche qui le séparait de la jetée où elle se trouvait. Sa démarche avait perdu en nervosité, au profit d'une prestance que seuls ceux qui se savent à leur place peuvent arborer.

Elle se demanda s'il avait douté ne serait-ce qu'un instant en franchissant ce portail, s'il avait eu peur qu'elle ne l'ait pas attendu. Mais de toute évidence, même si ça avait été le cas, la réaction qu'elle avait eue en arrivant sur le port l'avait conforté dans sa position.

Tandis qu'il s'avançait sans la lâcher des yeux, elle eut l'impression étrange d'être la proie qu'il avait choisie. Elle ne savait juste pas si elle était supposée apprécier la sensation.

Il s'arrêta soudain au bout de la planche, tendant la main vers elle :

« Tu montes à bord Swan ? »

Elle prit un instant pour s'imprégner de l'image qu'il renvoyait, de cette confiance qui exsudait de lui alors qu'elle-même avait soudain le cœur qui battait la chamade. Elle aurait voulu remettre son masque, jouer l'indifférente, égratigner un peu son arrogance.

Le tenir à distance, rien qu'un moment.

Maitriser.

Elle se sentait fébrile et rougissante. Et lui s'en délectait.

Plissant les yeux pour faire ravaler à Killian la remarque qu'elle sentait sur le bord de ses lèvres, elle s'avança vers le navire et se saisit de sa main. Il la pressa avec une douceur qui contrastait avec l'amusement qui emplissait ses yeux. Elle le vit pencher la tête sur la côté et avant qu'elle ne puisse dire un mot, elle se sentit tirée en avant, son corps atterrissant presque brutalement contre celui du jeune homme. L'éclat dans les yeux bleus trahissait que le geste était délibéré et Emma se sentit répondre malgré elle à la provocation, se pressant contre lui avec une assurance qu'elle était loin de ressentir.

Il haussa les sourcils, un instant désarçonné, avant que la couleur de ses iris ne change subtilement et qu'Emma ne sente son bras gauche se poser juste sur la courbe de ses hanches, tandis que sa main droite lâchait la sienne et remontait lentement le long de son bras, courant sur la peau nue.

Ils avaient probablement arrêté de respirer un instant.

Et elle jouait un jeu dangereux, réalisa-t-elle en se sentant reculer, l'entraînant avec elle, contre elle, jusqu'à buter contre un tonneau rempli de cordes qui se trouvait sur le pont. Elle le vit ouvrir la bouche un instant et retint sa respiration. Elle n'avait pas envie de discuter. Pas encore. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle pourrait lui dire, de ce qu'elle devait lui dire. Et il y avait tant de questions, tant d'inconnues encore. Elle n'avait pas envie de crever la bulle qu'ils avaient inconsciemment créée.

Une heure auparavant, elle aurait sans doute cherché à rationalisé tout cela, à régler les choses et les non-dits, mais une heure auparavant son cœur ne battait pas la chamade. Une heure auparavant, elle n'avait pas la peau électrisée contre celle du pirate.

Une heure auparavant, elle pouvait encore prétendre avoir oublié l'alchimie.

Alors sans lui laisser l'opportunité de dire un mot – pas encore, pas tout de suite – elle laissa ses doigts remonter le long de sa nuque, dans ses cheveux, et elle le tira à elle. Il était revenu. Ils verraient plus tard pour le reste, elle parviendrait peut-être à décider comment réagir, que dire.

Peut-être qu'elle avait déjà trouvé.

Les doigts de Killian s'enfoncèrent dans ses boucles blondes tandis que ses lèvres se posaient avec une violence mal contenue sur les siennes, léchant, provoquant, mordillant, prenant autant qu'il donnait.

Dans le maelstrom des sensations, Emma eut vaguement conscience d'avoir été assise sur le tonneau, alors que chaque courbe de son corps se moulait à lui, que ses chevilles se retrouvaient croisées derrière les cuisses du pirate, le retenant contre elle, sans qu'elle sache comment ils avaient pu se retrouver ainsi si vite, si naturellement. Le crochet était déjà sous son pull, à même sa peau qui vibrait, et elle plongea les mains dans la chevelure noire, étouffant un gémissement contre sa mâchoire, les lèvres s'écorchant presque contre la barbe.

L'air lui manquait et elle respirait pour la première fois depuis des mois.

Et il semblait boire sa peau, l'imprimer contre ses lèvres autant qu'elle se gravait sur la sienne de ses ongles. Elle le sentit tracer du crochet la cicatrice de son flanc, presque avec révérence, et son cœur accéléra encore si c'était possible.

Il était revenu. Pour elle.

Et rien n'était dit, rien n'était écrit, et tout restait à décider.

Mais pour la première fois depuis des mois, des années, elle pouvait cesser de courir, de chercher. Et elle n'avait pas besoin d'attendre. Tout était là, devant ses yeux. Toutes ces pièces qui lui avaient tant manqué, même quand elle avait perdu tout espoir de les réunir. Sa vie était encore un chantier sans nom, elle n'en doutait pas, mais elle pourrait la construire.

La faire sienne, la modeler.

Plus tard, ils parleraient. Ils sortiraient de la bulle. Mais pour l'instant, ils allaient laisser la réalité au dehors, peut-être parce que pour la première fois, quand elle relèverait la tête du creux de son cou, elle n'aurait pas peur de regarder sa vie en face.

FIN

(de la fic du moins !)