Note de la traductrice : Traduction de Harry Potter and the Chained Souls de Theowyn of HPG.

Note de l'auteur : IMPORTANT! Ceci est la suite d'Harry Potter et l'Ennemi Intérieur. Vous devez d'abord lire cette histoire, sinon celle-ci n'aura pas beaucoup de sens. Tout appartient à JK Rowling, bien entendu.


Chapitre 1: Numéro Douze Square Grimmaurd

L'appartement était situé dans une rue animée de Bloomsburry, où des gens de tous les milieux pouvaient être trouvés à toutes les heures du jour et de la nuit. Même maintenant, bien après minuit un samedi soir, la rue grouillait de monde. C'était également le genre d'endroit où rien ne sortait de l'ordinaire et où les étrangers s'ignoraient. En bref, c'était l'endroit rêvé pour un sorcier voulant s'installer.

L'appartement en lui-même était propre et ordonné, meublé de manière sobre et décoré avec un style assurément masculin. Les rares effets personnels visibles se réduisaient à quelques livres et une poignée de photos arrangées soigneusement sur une étagère. La seule chose qui semblait déplacée était le corps étendu sur le sol.

Alastor Maugrey baissa les yeux sur le défunt résident de l'appartement – un jeune homme, d'environ trente ans, habillé de robes bien coupées mais peu originales. Il était svelte, bien rasé, et avait des cheveux marrons et courts, commençant à peine à devenir moins épais sur le dessus. Il n'y avait aucune peur dans les yeux vacants – pas d'émotion du tout, en fait. Le seul trait particulier de l'homme étalé mort sur le sol était la Marque des Ténèbres marquée au fer rouge sur son avant-bras gauche.

— Suicide, déclara platement l'Auror situé à côté de Maugrey. Il a retourné sa baguette contre lui et a jeté l'Avada Kedavra.

— Une idée de la raison ? demanda Maugrey en s'agenouillant pour examiner le corps. Les Mangemorts ne sont pas connus pour leurs tendances suicidaires.

L'Auror, une femme d'une cinquantaine d'années avec des cheveux grisonnants coupés à ras, haussa les épaules.

— Peut-être qu'il a développé une conscience.

Maugrey renifla bruyamment, ne prenant pas la peine d'exprimer son opinion sur la vraisemblance de cette suggestion. Il parcourut plutôt la pièce des yeux. Son œil magique pivota dans son orbite pour prendre connaissance de chaque centimètre de la scène, mais ce fut son bon œil qui repéra la longue mèche de cheveux noirs se trouvant sur le tapis près du défunt. Il la ramassa et fronça les sourcils.

Sa collègue le regarda avec un sourire indulgent.

— Ne me dîtes rien. Vous suspectez un crime.

— Je ne suspecte rien. J'en suis certain.

— Certain ? La voix de la femme portait une pointe d'exaspération. En vous basant sur quoi – un simple cheveu ? On a identifié sa baguette comme étant celle qui l'avait tué et il n'y a absolument aucune preuve d'une quelconque lutte.

— Il n'y aura pas eu de lutte si le tueur l'attendait là et l'a stupéfixié. Se servir de la baguette de la victime est un des trucs les plus vieux du monde, c'est bien connu. Vous le savez.

— C'est aussi impossible à prouver sans témoin. On a déjà vérifié. Personne n'a rien vu. Murlock a été vu en vie pour la dernière fois à son bureau vendredi après-midi. Il devait se rendre à la propriété de ses parents pour dîner plus tôt dans la soirée pour la fête d'anniversaire d'un oncle ou quelque chose du genre. Il ne s'y est pas présenté, son cousin s'est donc pointé là pour le voir. Il a eu un sacré choc.

Maugrey désigna de la main l'homme sur le sol.

— Avait-il des ennemis ?

— Pas de ce qu'on sait. Mais il était de toute évidence un Mangemort, ce qui n'est pas le métier le plus populaire.

— Ni le plus sûr de nos jours, remarqua Maugrey. Un autre a été retrouvé mort quelques jours plus tôt, non ?

— C'était sur l'Allée des Embrumes, dit la femme un peu sèchement. Une affaire illégale qui a mal tourné, il semblerait.

— Il semblerait, murmura Maugrey, se dressant sur ses pieds. Il resta ainsi, le regard sombre, perdu dans ses pensées et le visage de l'autre Auror s'adoucit avec sympathie.

— Maugrey, même si vous avez raison et que ce n'était pas un suicide, vous n'avez aucune preuve et on a vraiment déjà suffisamment de pain sur la planche. Nous sommes en pleine guerre. Il y a bien assez de Mangemorts en vie pour nous occuper, sans devoir en plus s'attarder sur le sort de ceux qui sont morts. Franchement, si un de ses amis l'a aidé, il nous alors rendu service et est probablement coupable de pires crimes de toute façon.

Maugrey se retourna vers sa collègue avec un sourire amer.

— Je ne pense pas que ce soit l'œuvre d'un de ses amis, mais plutôt d'un de ses ennemis.

— Oui, bien entendu, mais ça n'a aucune importance.

— En fait, c'est tout ce qui importe, dit Maugrey lentement.

Il se détourna, laissant la femme perplexe secouer la tête alors qu'il quittait l'appartement et se joignait aux traînards nocturnes de la rue.


Le numéro 12 Square Grimmaurd n'avait pas l'air si mal. Cela avait été la première pensée d'Harry quand il était arrivé à l'ancienne résidence de la famille Black, quartier général clandestin de l'Ordre du Phénix et sa nouvelle maison pour son été loin de Poudlard. De la rampe de l'escalier principale parfaitement polie au chandelier brillant de la salle à manger, la maison était impeccable et avait presque l'air accueillante. Harry arrivait à en imaginer la grandeur antérieure, aussi sombre qu'elle ait été. Le premier matin après son arrivée, alors qu'il ouvrait les yeux à la lumière de rayons de soleil filtrant par la fenêtre de sa chambre, il trouva la raison de la transformation de la maison en train de le fixer avec de grands yeux attentifs.

— Harry Potter est réveillé ! s'exclama Dobby joyeusement.

Harry souleva sa tête et observa l'elfe de maison avec beaucoup moins d'enthousiasme.

— Dobby, qu'est-ce que tu fais dans ma chambre ?

— Dobby est venu voir ce que le maître Harry Potter désirerait pour son petit déjeuner, monsieur.

— Tout d'abord, je ne suis pas ton maître. Deuxièmement, je peux me faire mon propre petit déjeuner. Maintenant, si ça ne te dérange pas, j'aimerai bien redormir un peu.

Harry se laissa retomber sur son oreiller et ferma les yeux, puis les rouvrit et soupira. Dobby n'avait pas bougé.

— Dobby, ça veut dire va-t'en, cassa Harry et il le regretta instantanément. Le sourire plein d'espoir de Dobby s'estompa et la déception brillait dans ses yeux.

— Je veux dire, c'est très attentionné de ta part de vouloir me faire mon petit déjeuner et j'en suis touché, dit Harry le plus gentiment possible tout en ayant toujours l'air sévère. Mais j'aimerais vraiment dormir un peu plus. D'accord ?

— Très bien, monsieur, dit Dobby, sa bonne humeur quelque peu retrouvée. Dobby attendra qu'Harry Potter soit prêt pour faire le petit déjeuner.

Harry se força à sourire.

— Génial.

Dobby offrit un sourire ravi à Harry et disparut. Harry soupira de soulagement, tira à nouveau ses couvertures jusqu'à ses oreilles et ferma les yeux.

— TRAITRES A VOTRE SANG AMOUREUX DES MOLDUS !

Harry sursauta en entendant ce cri provenant de quelque part à l'extérieur de la pièce et il bondit dans son lit, son cœur battant à tout rompre.

— FILS DE TRAITRES A LEUR SANG ! SORTEZ DE MA MAISON !

Harry gémit et se rallongea sur son oreiller une nouvelle fois, réalisant que les cris venaient du portrait de Mrs Black, un des rares vestiges du passé sombre de la maison que personne n'avait réussi à enlever, et qui était donc toujours accroché dans le hall d'entrée en bas. Harry tira les couvertures au-dessus de sa tête et ferma les yeux.

— SALETE ! RACAILLE !

Harry attrapa son oreiller et le mit au-dessus de sa tête.

— Salauds ! Chiens !

Avec un grognement de frustration, Harry jeta son oreiller, repoussa ses couvertures et se leva. Il traversa la pièce en deux enjambées, ouvrit la porte et sortit d'un pas raide dans le couloir du premier étage, où les cris semblaient résonner à travers la maison entière.

— VOUS ETES UNE PLAIE POUR NOTRE MONDE !

Harry grimaça, se pencha sur la rambarde et lança un regard noir au hall d'entrée en dessous de lui.

Fred et George Weasley venaient juste d'accrocher leurs capes, prenant tout leur temps pendant que le portrait de Mrs Black se répandait en injure à leur égard. Les hurlements de Mrs Blacks avaient toujours été grinçants, mais ainsi, dès le matin, ils étaient quasiment insupportables. Cependant, Fred et George ne paraissaient pas du tout bouleversés et en fait, ils semblaient à peine la remarquer.

— J'ai dit, tu entends quelque chose, George ? demanda Fred, parcourant le hall des yeux, comme s'il essayait de trouver la source d'un bruit très éloigné, même s'il devait pratiquement crier pour être entendu par-dessus Mrs Black.

— Ne vous moquez pas de moi, espèces de traîtres, gronda Mrs Black.

— Oh, Mrs Black ! Bonjour à vous également.

George sourit avec insolence et s'inclina galamment pour enrager le portrait.

— C'est bien de vous voir dans votre charmante bonne humeur habituelle, ajouta Fred, souriant et s'inclinant également.

— Ahhhhhh ! Vermine ! Sortez ! Sortez ! SORTEZ !

— Vous savez, vous devriez vraiment faire quelque chose pour vos nerfs.

— Je ne pense pas qu'un portrait puisse prendre un tonic, cependant, dit Fred.

— Oui, c'est vrai. Dommage.

— Êtes-vous complètement cinglés tous les deux ? Harry était descendu dans le hall d'entrée, mais avait tout de même besoin de crier pour être entendu, Mrs Black continuant son flot d'injures.

— Oh salut, Harry, répondit Fred, criant en retour. On t'a réveillé ?

— Fred ! George ! coupa Remus avec exaspération, descendant également les escaliers. Vous sentez vous obligés de la provoquer ? On l'avait sous contrôle jusqu'à ce que vous deux vous soyez mis dans la tête de l'encourager.

— Sale bâtard canin ! gronda Mrs Black en voyant Remus qui regarda le portrait puis Fred et George avec fureur.

— On la calmera. Honnêtement ! assura Fred à Remus.

— Ne vous inquiétez pas, monsieur, Dobby va s'en charger.

Dobby était apparu dans le hall d'entrée et il se tourna face au portrait.

Harry le regarda, mal à l'aise, pas certain du tout du fait que l'elfe de maison puisse améliorer la situation. Dobby fronça les sourcils devant le portrait, planta deux poings noueux sur ses hanches et se dressa de toute sa taille. Malheureusement, cela le laissait toujours bien en dessous de la taille de Mrs Black et ne suffit pas à lui signaler sa présence. Dans un effort pour attirer son attention, Dobby leva un doigt osseux dans sa direction.

— Vous allez cesser cette impolitesse, tout de suite !

Mrs Black arrêta de crier sur Fred et George et regarda l'elfe de maison sous son nez avec dédain.

— Comment oses-tu ! dit-elle de son ton le plus outré. J'aurais eu ta tête pour autant d'insolence. Ces traîtres défilent dans ma maison et laissent les serviteurs se comporter –

Comment ils laissaient leurs serviteurs se comporter, Harry ne le découvrit jamais, car au moment où Dobby claqua des doigts, Mrs Black arrêta de crier, ou plutôt, ses lèvres bougeaient toujours mais aucun son n'en sortait. Il lui fallut un moment pour s'en rendre compte, puis son visage devint violet de rage et d'indignation. Dobby sourit avec satisfaction et ferma les rideaux sur le portrait qui enrageait toujours en silence.

— C'était brillant Dobby ! dit Fred, ayant l'air véritablement impressionné. Nos sortilèges d'insonorisation ne marchent jamais.

— On finit tout de même toujours par trouver un moyen de la calmer, dit George avec un sourire penaud à Remus.

— Toujours ? murmura Harry à Remus, se demandant la fréquence exacte de ce genre d'occurrence.

— Par chance, ils ne sont pas là souvent, répondit Remus à voix basse avec un sourire narquois.

— Le petit déjeuner est prêt, Dobby ? demanda Fred.

— On est affamés, ajouta George.

Dobby regarda Harry, qui prit rapidement la parole.

— Ouais Dobby, allons manger. Harry ne souhaitait aucunement que quelqu'un ait faim à cause de lui.

— Alors, comment ça va mon pote ? demanda Fred alors que lui et George attaquaient un plat de saucisses et d'œufs.

— Mieux maintenant que Mrs Black l'a fermée, dit Harry, s'asseyant à la table de la cuisine et mettant des flageolets dans sa propre assiette.

— Désolé pour ça, dit George. Elle s'est mis en tête de nous détester pour une raison ou une autre.

— Sûrement parce que vous passez votre temps à la harceler, dit Remus, tirant également sa chaise. Une théière apparut immédiatement à côté de son assiette.

— Remus, c'est juste tellement facile, dit George en haussant les épaules.

— On ne peut pas résister, approuva Fred.

Un bol de fruits frais et de crème caillée flotta jusqu'à la table et George l'attrapa adroitement en plein vol.

— Tu as de la chance, Harry, dit-il. Avant, on devait se débrouiller nous-même pour les repas. Maintenant que Dobby est là, on mange comme des rois.

— Ne vous habituez pas à avoir Dobby dans le coin, les avertit Remus. Dumbledore ne l'a envoyé que pour mettre en ordre les quartiers de Rogue.

— Rogue. Fred renifla bruyamment puis se retourna vers Harry. A part la chambre de Remus et son bureau, il a le deuxième étage tout entier réservé pour lui : chambre à coucher, bureau, réserve, laboratoire. On croirait qu'il emménage de façon permanente, pas seulement pour l'été.

— Dobby court dans tous les sens depuis deux semaines pour essayer de tout mettre en ordre, continua George. Mais la bonne nouvelle est qu'il a également réussi à nettoyer tout le reste de la maison. Les premier et deuxième étages sont entièrement habitables et ils n'y a plus que quelques pièces au rez-de-chaussée qui risquent encore d'essayer de te tuer. Il n'a rien fait au troisième étage ni au grenier, mais il n'y a personne là-haut à part Buck.

— Y a-t-il quelqu'un d'autre qui restera ici ? demanda Harry.

— Juste nous. Notre chambre est à l'autre bout du couloir par rapport à la tienne, dit George. Mais dernièrement, on est restés dans le magasin à travailler sur quelques nouveaux produits, tu auras donc la salle commune pour toi tout seul.

— La quoi ?

— Ils veulent dire le salon en haut des escaliers du premier étage, dit Remus. Ces deux-là l'ont transformé en salle commune de Gryffondor.

Harry sourit.

— C'est génial ! Je suis impatient que Ron, Ginny et Hermione viennent ici. Ils vont l'adorer.

Fred et George échangèrent des regards et s'éclaircirent la gorge.

— Euh, à ce sujet.

— Il y a eu un léger changement de programme, dit George.

— Tu vois, Papa parlait avec Charlie la semaine dernière.

— Et il en est sorti que ce serait une bonne opportunité pour Ron et Ginny d'apprendre sur les dragons.

— Pour la première fois.

— En Roumanie.

Quoi ? s'exclama Harry.

— Inutile de t'inquiéter Harry, insista Fred. Ils ne seront partis que pour un mois.

— Ils vont un mois en Roumanie ? Et personne n'a pris la peine de le mentionner hier à la gare ?

— Je pense que Papa voulait d'abord leur dire, dit George.

— Si ça te console, ils n'avaient pas du tout l'air heureux de cette idée quand on est passés à la maison ce matin, le rassura Fred. Bien entendu, il se pourrait que ce soit parce que Papa les a fait lever aux aurores pour se préparer à partir.

— Ils partent aujourd'hui ? Et Hermione ? Elle était censée rester au Terrier avant de venir ici.

Fred et George échangèrent un nouveau regard qui confirma les pires soupçons d'Harry.

— Elle vient avec eux, c'est ça ?

George haussa les épaules d'un air désolé.

— Papa s'est déjà arrangé avec les Granger.

— Ron, Ginny et Hermione nous ont demandé de te donner ça, ajouta Fred, tendant une enveloppe à Harry. Ils pensaient que ce serait bien plus rapide que de l'envoyer par Errol.

Harry prit l'enveloppe et l'ouvrit. Il y avait trois morceaux de parchemin à l'intérieur qui se révélèrent être trois lettres. Harry les lut chacune leur tour.

Harry,

Je pense que Fred et George t'ont annoncé la nouvelle. C'était vraiment nul de la part de Papa de faire des plans sans nous demander. Je ne sais pas où il avait la tête ! On n'irait pas si on pouvait trouver une échappatoire, mais Charlie et ses amis nous attendent et Hermione dit que ce serait impoli de ne pas y aller.

Ce sera bien de voir Charlie, tout de même, et j'imagine que les dragons seront intéressants. Ce sera cool de regarder Charlie s'occuper d'eux et il a dit que je pourrais peut-être l'aider à les nourrir – même si je ne sais pas vraiment ce qu'ils mangent. Ça pourrait tout de même être assez triste et vraiment ennuyeux.

C'est pourri que tu ne puisses pas venir ! Ce serait génial que tu sois là et Charlie dit que tu es le bienvenu quand tu veux. Peut-être, quand cette fichue guerre sera terminée, on pourra y aller et faire ça correctement.

Quoi qu'il en soit, je m'assurerai de te ramener quelque chose de vraiment génial comme une dent de dragon.

Fred est sur mon dos, je ferais mieux de lui donner ça. Ne laisse pas Rogue te faire trop travailler.

Ron

Cher Harry,

Je sais que tu seras terriblement déçu, mais pour être honnête, je ne suis pas sûre que nos plans pour passer du temps à Londres auraient fonctionné même si nous étions là. J'écoutais Mr Weasley et quelques autres membres de l'Ordre parler la nuit dernière et je ne pense pas que le Professeur Rogue soit venu dans le seul but de t'enseigner les Potions. Je pense que c'est plutôt pour te surveiller.

Ne fais pas la tête. Je sais que tu détestes ça, mais étant donné ce que tu nous as dit après l'attaque à Pré-Au-Lard, je pense qu'ils ont probablement raison d'être extrêmement prudents.

S'il te plaît fais tout ce que le Professeur Rogue et Remus te disent de faire. Et ne fais rien d'imprudent. On se voit dès que possible.

Avec toute mon amitié,

Hermione.

P.S : N'oublie pas de faire tes devoirs.

Harry,

Tu crois que Papa sait que tu me bécotes et qu'il a arrangé ça pour nous garder éloignés l'un de l'autre?

Je plaisante !

Ne sois pas fâché contre Papa. Il ne le dit pas, mais je sais qu'il s'inquiète pour nous et je pense qu'il nous veut le plus loin de Voldemort que possible. J'aurais aimé que tu puisses également venir. Papa a demandé si c'était possible, mais Dumbledore veut que tu restes où tu es. J'imagine qu'il pense que c'est l'endroit le plus sûr pour toi.

Je te promets que je t'écrirai chaque jour et je te dirai si Ron réussit à se tuer. Il s'est mis une idée folle en tête : aider Charlie à nourrir les dragons. Même si, vue la tête d'Hermione quand il l'a dit, je ne pense pas qu'elle le laissera faire.

Papa nous appelle, je ferais mieux d'y aller. Je te vois dans un mois et je te promets que l'on rattrapera le temps perdu. Tu vas me manquer.

Je t'aime,

Ginny.

Harry plia les lettres et les fourra dans l'enveloppe.

— On est désolés Harry, dit George. On sait que rester coincé ici seul n'était pas ce que tu avais en tête. Papa voulait que tu viennes également mais…

— Mais je suis Harry Potter, Harry décela l'amertume de sa propre voix et se força à sourire. Ce n'est pas grave. Ce n'est qu'un mois. De plus, j'ai déjà plus qu'assez de devoirs pour me garder occupé.

Harry baissa les yeux sur son petit déjeuner à moitié fini qu'il n'avait plus envie de manger.

— En fait, je ferais probablement mieux de m'y mettre.

Harry quitta la cuisine et retourna dans sa chambre où il s'assit et rumina sur son lit. Lui et ses amis avaient prévu de passer les vacances d'été entières au Square Grimmaurd. C'était leur dernier été en tant qu'élèves et ils avaient espéré passer du temps dans le Londres Moldu et oublier la guerre un moment. Jusqu'ici les choses ne se déroulaient pas comme prévu.

Pas qu'Harry puisse blâmer Mr Weasley de vouloir envoyer ses deux plus jeunes enfants le plus loin possible de ce fléau. Voldemort s'était déchaîné sur toute la Grande-Bretagne, il ne pouvait donc pas non plus blâmer Hermione d'aller avec eux. Mrs Weasley avait été assassinée par Voldemort seulement quelques mois plus tôt ce qui avait amené la guerre très proches d'eux. Il aurait simplement aimé que Dumbledore le laisse également y aller.

— Tu es donc de retour, dit une voix satisfaite et légèrement ennuyée.

Harry sursauta et regarda autour de lui, puis repéra le portrait de Phineas Nigellus, lui jetant un sourire moqueur depuis le dessus de l'armoire.

— Que faites-vous ici ?

Le sorcier dans la photo haussa les épaules.

— Ils m'ont déplacé. J'imagine qu'ils pensaient que tu avais besoin d'être surveillé.

— Je n'ai pas besoin d'être surveillé, dit Harry avec indignation, se rappelant le commentaire d'Hermione.

Phineas ne fit que ricaner davantage et il sortit du cadre de l'image avec nonchalance.

Harry lui lança un regard noir, s'avança vers l'armoire et baissa la photo face contre terre pour que l'ancien Directeur de Poudlard, directeur par d'ailleurs sûrement le moins populaire de l'histoire de l'école, ne puisse pas l'espionner. C'était la dernière chose dont il avait besoin. Il se rassit sur le coin de son lit et réfléchit. Il avait vraiment beaucoup de devoirs à faire, mais il n'avait aucune envie de les faire. Tout de même, il pensait qu'il devrait au moins commencer son travail de Potions. Rogue ne serait pas content s'il n'était pas préparé pour sa première leçon et Harry n'avait pas besoin des remarques cinglantes de son professeur pour rendre sa vie encore plus misérable qu'elle ne l'était déjà.

Il ouvrit sa valise et sortit son texte de Potions avec le long programme de Rogue fourré en plein milieu. Harry grimaça et poussa le livre en commençant à chercher ses affaires de Potions. Tout ce qui était dans la valise d'Harry avait bougé durant le voyage depuis Poudlard, obligeant Harry à fouiller parmi les vêtements et à passer la main sur un sac de sucreries d'Honeydukes oublié et autres effets personnels. Il atteignit presque le bout, balaya le fond de sa valise à la recherche de son mortier et son pilon et retira immédiatement sa main avec un sifflement. Il s'était coupé la main sur quelque chose et il saignait abondamment.

Enroulant un mouchoir autour de sa blessure, Harry déplaça le contenu de sa valise avec plus de prudence jusqu'à trouver l'objet incriminé. Un miroir brisé se trouvait au fond de sa valise et Harry sentit sa gorge se serrer en le voyant. C'était le miroir que Sirius lui avait donné pour qu'ils puissent communiquer et qu'Harry avait oublié jusqu'à ce qu'il soit trop tard.

Harry sortit sa baguette de sa poche et la pointa sur le miroir.

Reparo ! dit-il. Toutes les pièces se rassemblèrent avec obéissance. Harry ramassa le miroir et le fixa, mais il ne vit que son reflet le regarder en retour.

— Je suis désolé Sirius, murmura-t-il. A ces mots, la surface du miroir sembla miroiter et s'assombrir. Harry se pencha plus près et l'observa intensément. Sirius ? Sirius ?

Mais le miroir semblait parfaitement normal une nouvelle fois et ne renvoyait à Harry que ses propres traits. Harry soupira, irrité de sa propre stupidité : il avait de toute évidence uniquement imaginé le changement. Résistant à l'envie de le briser en morceaux à nouveau, Harry posa le miroir au-dessus de l'armoire à côté du portrait de Phineas et essaya de le chasser de son esprit tandis qu'il retirait le reste de ses affaires de Potions. Ensuite, parce qu'il n'avait rien d'autre à faire, il sortit le programme de Rogue du livre de Potions et commença ses devoirs.


Dobby apparut à midi pile pour annoncer le repas. Harry ne rechigna pas cette fois : il était plus que prêt à prendre une pause et se hâta en bas avec reconnaissance. Il ralentit, cependant, en atteignant le hall d'entrée. Maugrey Fol-œil se trouvait sur le seuil de la bibliothèque et parlait avec Remus. Les deux hommes avaient l'air sinistres.

— Garde un œil sur lui, dit Maugrey, sombrement. Avec tous ces morts, je ne veux pas qu'il sorte discrètement –

— Harry ! interrompit Remus avec un sourire forcé. Je ne t'ai pas vu depuis le petit déjeuner.

— Je faisais mes devoirs, dit Harry en s'approchant des deux hommes.

— Content de voir que tu t'en es sorti, Potter, dit Maugrey, tapotant l'épaule d'Harry comme s'il venait d'achever un voyage périlleux plutôt que d'être seulement arrivé de Poudlard un jour plus tôt. Lupin, on parlera plus tard.

Avec un dernier signe de la tête à Harry et Remus, le vieil Auror partit et Harry se tourna vers Remus.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Affaires de l'Ordre Harry. Rien dont tu dois t'inquiéter.

Remus sourit et haussa les épaules avec désinvolture, mais Harry remarqua que le vieil ami de son père ne le regardait pas dans les yeux. Il ne poussa pas Remus néanmoins. Il soupçonnait déjà que les deux hommes parlaient de lui : cela ne le surprenait pas vraiment, mais c'était frustrant. Pourquoi tout le monde était soudainement aussi inquiet pour lui ? Et pourquoi Maugrey était-il là pour dire à Remus de garder un œil sur lui ?

Harry chassa ses pensées et lui et Remus descendirent au déjeuner. C'était sûrement uniquement Maugrey et sa prudence tendant vers la paranoïa, mais une chose empêcha Harry de congédier totalement l'incident : Maugrey avait mentionné qu'il y avait eu des morts – des morts récentes semblait-il – pourtant Harry ne voyait pas vraiment de morts que l'on pouvait relier à lui. Il y avait en fait eu une chute dans l'activité des Mangemorts lors des dernières semaines.

Une alarme retentit dans le fond de l'esprit d'Harry. Ses amis avaient été envoyés loin, Rogue allait venir garder un œil sur lui et maintenant Maugrey avait averti Remus de faire la même chose. Pire que tout cela, Harry savait qu'ils lui cachaient tous quelque chose. Le cœur d'Harry coula. Il avait le sentiment que cela n'allait pas être un bon été du tout.