Je suis malaaaade... T_T Je déteste quand ça m'arrive. En même temps ça m'a donné l'occasion de passer plus de temps sur la fic. A ce propos je suis désolée pour le retard du chapitre M. Chat.

Les personnages et le monde de Wakfu ne m'appartiennent pas, ils appartiennent tous à Ankama.

Bonne lecture ^^


-...Répète-moi ça ?

Même si il le ton du garçon était plus stupéfait que coléreux, la carte se roula sur elle-même, craintive.

-Euh...Tu te souviens quand je t'ai dit que voyager par intempérie était une mauvaise idée ? Bredouilla-t-elle. Ben en fait, c'était pas que à cause de la pluie. Bien sur ça jouait un rôle dans ma répulsion à participer a ce voyage-de l'eau quand même !-, mais en fait la vraie raison, c'est que quelques fois, les orages peuvent...-Il jeta un petit regard paniqué au garcon-...dérégler les zaaps.

Yugo leva un sourcil.

-Et qu'est ce que tu entends par "dérégler" exactement ?

Pour la première fois depuis un long moment, Gruffon semblait être en panne de mots.

-Ben, euh..."dérégler" comme dans "trafiquer","court-circuiter"...comme dans "changer la destination"...

Yugo s'efforça de garder son calme tandis que la carte se recroquevillait craintivement sur elle-meme.

-Et pourquoi exactement tu ne me l'as pas dit plus tôt ?

-Mais parce que je pensais pas que tu serais vraiment capable de passer le zaap ! Je pensais que t'allais faire demi-tour au dernier moment et retourner auprès de ton frère ! Mais tu as foncé tête baisse avant même que je puisse te prévenir !

Le jeune garçon contempla la carte avec un air consterné sur le visage. Gruffon s'attendait à un déluge de colère, mais Yugo lui dit d'une voix étonnamment calme.

-J'imagine donc que c'est pour ça qu'on se trouve sur l'île d'Etraktopel ?

-Ben...Oui. déglutit la carte.

-C'est à combien de jours d'Astrub ?

-Si tu arrive à trouver un bateau, tu y seras en un mois, minimum.

-Compare à combien en partant d'Emelka ?

-A peine trois jours...?

-Et pas de zaaps de retour bien sûr.

-Non.

-Où peut-on trouver un bateau ?

-Il n'y a pas de bateau non plus.

Yugo était maintenant complètement désespéré.

-Ne me dit pas que tu m'as envoyé sur une île coupée du monde, à plus de six jours de la rive, et que le seul moyen d'en sortir est d'utiliser mes portails à travers tout un bras d'océan ?

Gruffon garda le silence, ce silence fut assez. Yugo pâlit.

-Combien de jours d'Emelka ?

-Si tu veux aller à Astrub avant...Un mois et une semaine. Sinon trois semaines.

Le garçon laissa échapper un léger gémissement.

-Adamai et Papa vont me tuer.

-Ils t'auraient aussi sermonné si tout s'était bien déroulé tu sais...tenta Gruffon.

-Oui, mais au moins je serais rentré au bout de six jours. Si je m'absente un mois entier, Adamai va vraiment péter une crise.

Soudain très agacée, la carte détourna le regard.

-On s'en fiche ! Peu importe le regard que tu portes à la scène, tu récolte ce que tu as semé ! Quelle idée de partir en pleine tempête et sans prévenir personne aussi ?

-Ben...Si t'avais un meilleur moyen de filer en douce et de semer un dragon pouvant sentir ton Wakfu à des kilomètres, j'étais toute ouïe.

Gruffon poussa un grognement excédé.

-T'es vraiment un débutant en la matière pas vrai ? C'était pourtant pas bien compliqué. Tout d'abord, il faut trouver un prétexte pour t'absenter un long moment, comme ça, ta famille ne soupçonne rien, et pense que tu va simplement faire les courses. Et ensuite, tu te fais la malle, ni vu ni connu, et sans aucune tempête ! Ils auraient mis une journée entière avant de partir à ta recherche.

Yugo secoua la négativement la tête.

-Mais Adamai peut détecter tout mes mensonges, il aurait forcement soupçonné quelque chose.

La carte haussa les épaules.

-C'est sûr que si tu le présente comme ça...

-De plus, continua-t-il, ton plan incluait que je reste une journée de plus à Emelka. Le seul problème c'est que je n'ai pas de temps à perdre.

La carte lui lança un regard sceptique, mais ne dit rien de plus. Yugo lui avait promis de tout lui expliquer plus tard, et il savait que le garçon tenait toujours ses promesses. Il fallait juste qu'il trouve une explication valable pour ses actions maintenant.

Cela dit, il avait le temps.

-Bref. Fit-il en craquant ses épaules. De toute façon, il faut qu'on sorte de cette île. Si l'océan n'est pas trop grand, je pense pouvoir y arriver grâce à mes portails, sinon va falloir trouver un bateau, quitte à en construire un.

Il regarda autour de lui un instant. Cherchant un quelconque point de repère au travers des arbres.

-C'est par où la rive la plus proche du continent ?

-A l'est. Indiqua Gruffon. Tu te trouve actuellement dans la partie extrême nord de l'île. Au vu de l'inclinaison du sol, le trajet jusqu'à la rive te prendra au minimum une bonne heure, même avec tes portails.

-Une petite trotte donc. Soupira-t-il. J'imagine qu'on a pas le choix.

-Non.

Il se leva, prit une grande inspiration, et ouvrit un portail.

-Alors allons-y !


Yugo s'arrêta devant le grand arbre quelques instants, un air sceptique sur le visage.

-On est déjà passé par ici, non ?

Il jeta un coup d'oeil à la carte, qui semblait brusquement s'être tue.

-Gruffon...commenca-t-il d'un ton menaçant.

-Non ! Il faut que je te le dise combien de fois ? Tu compte me poser la même question à chaque palmier qui passe ? Je t'indique la bonne direction depuis tout à l'heure ! Le décor est juste le même partout où tu passe !

Le garçon fronça les sourcils, puis continua vers la direction indiquée vers la carte. Il n'ouvrit pas de portails, observant avec attention les arbres, cherchant désespérément à les différencier des uns des autres. Il s'arrêta finalement devant un autre palmier, exactement identique au premier, et regarda de nouveau la carte.

-Rassure-moi, Gruffon, t'es pas en train de me jouer un sale tour au moins ?

-Comment ose-tu remettre en doute ma bonne foi ? Grogna le shushu. Non !

-Alors comment explique-tu que...

Crac.

L'enfant se figea, et se retourna lentement vers le bruit. Quelque chose avait bougé dans l'ombre, entre les arbres. Un buisson s'agita brusquement, juste à côté de lui, le faisant reculer d'un pas. Gruffon n'ouvrit pas la bouche, apparemment terrifié. Yugo se mit en position d'attaque, prêt à pulvériser le buisson si besoin était.

-Fais attention Yugo...Gémit la carte. On raconte des choses à propos de l'archipel de Vulkania...Il y a des créatures extrêmement dangereuses dans cette région...

Le buisson cessa soudain de s'agiter, comme si il s'était rendu compte de la présence du garçon, puis une créature sorti lentement de dessous les feuillages.

La petite Krokille regarda pensivement les deux compagnons, avant de finalement prendre les jambes a son cou.

Yugo la regarda s'éloigner, et poussa un soupir de soulagement. Et retourna son attention vers la carte, un sourire aux lèvres.

-"Des créatures extrêmement dangereuses", hein ?

-Tu ne sais pas a quelle vitesse ces monstres avalent le papier ! Glapit Gruffon. Ne me dit pas que tu n'as jamais entendu parler de la calamité de la Bibliothèque aux Krokilles ?

-Connais pas. Il s'est passé quoi ?

-Une banale histoire de bibliothèque qui s'est fait envahir par des Krokilles clonées.

Yugo se figea. Cette voix était beaucoup trop rauque pour être celle de Gruffon, et la petite pression qu'il ressentait soudain sur l'arrière de son crâne ne lui disait rien de bon.

-On se demandait qu'est ce qui causait autant de raffut sur notre territoire. continua la voix. Et qu'est ce qu'on trouve ? Un gamin et une carte parlante. Jackpot les gars !

Il entendit des ricanements derrière lui. Qui que soit son agresseur, il n'était pas seul. Il y en avait au moins deux autres derrière lui. Il fit une tentative pour se retourner, mais se fit vite remettre en place par le bout du canon. Il eut néanmoins le temps d'apercevoir le Roublard qui tenait le revolver, ainsi que ses trois acolytes derrière lui.

-Qui êtes vous ?

Ne pas voir ses ennemis le dérangeait énormément. Il entendit un petit cliquetis derrière sa tête, mais ne pu pas dire si c'était un bon signe ou un mauvais.

-C'est plutôt à nous de te poser la question, gamin.

-Je parle pas aux inconnus. Répliqua Yugo. Et encore moins ceux qui me menacent avec un pistolet lors de la première rencontre.

Il vit la carte faire une grimace désapprobatrice, et entendit un petit soupir derrière lui.

-A en juger par l'allure de tes vêtements, tu ne viens pas de la région. Les chaussures que tu portes en particulier sont à la mode dans les petits villages aux alentours d'Amakna. De plus, le fait que tu n'aie pas menacé d'appeler à l'aide quand je t'ai menacé, prouve évidemment que tu es seul. Enfin, tu te promène avec une carte-shushu, et seul deux magasins vendent ce genre d'objet: la caverne magique de Kérubim, située à Astrub, et le Bazar de Kabrok, et ils ne vendent pas leurs objets démoniaques à n'importe qui. Je sais donc que tu es soit un gamin très riche, soit une personne respectable, venue du nord, et que tu as débarqué seul sur cette île. Je continue ?

Deux points sur trois. Ce n'était pas lui qui avait négocié pour l'achat de Gruffon, Ruel s'en était chargé, avec un peu d'aide d'Amalia. Néanmoins, la perspicacité du Roublard lui faisait froid dans le dos. Il n'était certainement pas un adversaire à prendre à la légère.

-Je m'appelle Yugo. Dit-il enfin.

-Enchanté petit. Je m'appelle Glee, brigand de l'ouest. J'imagine que tu as déjà entendu parler de moi ?

-Jamais.

Il entendit un petit cri derrière lui, puis une voix indignée s'éleva.

-Surveille ta langue morveux ! Notre boss est le bandit le plus craint de toute la région Brâkmarienne. Le seul, l'unique, Jelly Holi-

-Ne prononce pas ce nom ! Siffla brusquement le chef au revolver.

Yugo ne comprit rien. Jellio-quoi ? Un nom ?

-Vous vous appelez Jelly ?

Ca, c'était pas commun. Le brigand grogna, apparemment exaspéré.

-Appelle-moi juste Glee...

N'y compte même pas. Pensa intérieurement le garçon, trop ravi d'avoir trouvé une faiblesse chez l'ennemi.

-Pour en revenir à notre conversation de tout à l'heure, reprit rapidement le Roublard, la seule chose que je n'arrive pas à comprendre, c'est comment tu es arrivé là. L'archipel de Vulkania est entouré de courants, repoussant tous les bateaux qui tentent de s'approcher de l'île. Tu n'as donc pas pu venir par la mer. A moins que tu ne sois arrivé de la même manière que nous.

De la même manière que nous. Oubliant un instant le revolver, Yugo se retourna brusquement.

-Vous aussi vous avez eu des problèmes de Zaap ?

-Yugo ! siffla Gruffon.

Réalisant trop tard son erreur, le garçon colla ses deux mains sur sa bouche. Le dénommé Jelly le contempla un instant, une expression indéchiffrable sur le visage.

-Des problèmes...de Zaap ?

Mince.

Lentement, Yugo fit un pas en arrière, puis un autre. Le brigand ne réagit pas, mais garda son pistolet braqué sur lui. Il se mit discrètement en position de défense, une légère lumière bleutée sortant de ses mains. Il pouvait ouvrir un portail, et disparaître à tout instant, mais il y avait quelque chose qu'il devait vérifier d'abord.

-Vous avez un moyen de sortir de cette île ? demanda-t-il. S'il vous plaît, il faut que je me rende à Astrub au plus vite.

Il savait bien que demander de l'aide à des personnes armées et mal intentionnées n'était pas la meilleure chose à faire dans ce genre de situation, mais il n'avait croisé personne depuis son arrivée sur cette île à part eux.

-Au plus vite ? souffla le Roublard.

Yugo hocha la tête.

-Il y a quelqu'un qui m'attend.

-Qui t'attends ?

Il leva un sourcil.

-Dites, vous pouvez pas faire autre chose que répéter la fin de mes phrases ? C'est glauque à la fin.

Sans prévenir, il se fit brusquement pousser en avant. Il se retourna, les mains crépitantes, prêt à faire face à son ennemi. Rien.

Le Roublard le prit soudainement par derrière, les bras autours de son cou. Le garçon essaya de se débattre en lui donnant des coups de pieds, mais rien à faire, il avait l'impression de frapper un mur de pierre.

-Ne te moque pas de moi, gamin. souffla le brigand. Tu risquerai de le regretter.

Yugo fit la grimace. La prise se resserrait autour de son cou, et il avait du mal à respirer. Il n'avait pas prévu que le brigand s'approcherait aussi près de lui, du moins pas aussi vite. Si il utilisait ses portails dans cette situation, il allait très certainement commettre un meurtre.

Que faire ?

Il ne savait pas quelle divinité veillait sur lui, mais elle devait avoir grosun faible pour lui, car la terre se mit soudain à trembler. Déséquilibrant à la fois le Roublard et le jeune garçon, qui en fit tomber Gruffon par terre.

-Héééééé ! Doucement ! protesta la carte.

Yugo ne perdit pas une seconde, il donna un violent coup de coude dans le ventre de son agresseur, et échappa a sa prise. Il se mit en position d'attaque, au cas ou les autres acolytes auraient envie de lui tirer dessus, mais les hommes se tenaient tous a quatre pattes sur le sol, totalement déséquilibrés. En essayant de ne pas tomber, le garçon se précipita vers la carte, la ramassa en vitesse, et couru dans la direction qu'il avait pris quelques instants plus tôt. Il tendit la main en avant, et se changea rapidement en un rayon bleu électrique, passant au travers des arbres à toute vitesse. Il continua aussi longtemps qu'il le put, avec la ferme intention de mettre le plus de distance possible entre lui et ses agresseurs.

"Attends."

Il sortit brusquement du portail, fit un long dérapage sur le sol, et manqua de peu de se heurter à un arbre.

-Gruffon, fit-il agacé, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, on a légèrement des bandits avec des armes derrière nous, qui ont essayé de nous faire la peau à peine une minute auparavant. Tu penses vraiment que c'est bien le moment d'attendre ?

-Mais j'ai rien dit ! se défendit la carte. Continue de courir !

Le garçon allait ouvrir la bouche pour répliquer quand un nouveau tremblement manqua de le faire tomber à la renverse. Gruffon fronça ce qui lui servait de sourcils avec un air inquiet.

-C'est bizarre.

-Qu'est-ce qui est bizarre ? demanda le garçon en essayant de garder l'équilibre.

-Cette île n'est pas répertoriée dans les zones de séismes de ce monde.

-Et alors ?

-Alors il ne peut pas y avoir de tremblement de terre sur cette île ! Cria la carte, exaspérée.

L'Eliatrope haussa un sourcil.

-Tu veux dire que c'est pas un tremblement de terre ?

-Exactement !

-Mais alors c'est quoi ?

Le sol arrêta soudain de trembler, et un grondement parvint aux oreilles de Yugo. Le bruit ne venait pas du ciel, ni de la mer. Il semblait provenir des entrailles de l'île. Devant les yeux ébahi du garçon, la plus petite des trois montagnes, la plus proche de sa position, prit progressivement une couleur rougeâtre, puis rouge vif. Le grondement se fit de plus en plus fort, jusqu'à en faire vibrer l'île toute entière.

Et la montagne explosa.

Il ne voyait pas d'autre mots pour décrire ce phénomène. Des multitudes de rubans rouges s'échappaient du sommet de la masse de terre, et Yugo pouvait voir au loin des énormes morceaux de roche rouge voler dans le ciel, et s'écraser un peu partout sur l'île.

-Une éruption volcanique ! Glapit Gruffon. Yugo ! Allons-nous en ! Si un seul de ces trucs te touche, tu y passe à coup sûr !

Mais le garçon ne bougea pas, il se contenta de regarder la direction d'où il était venu avec un air que la carte ne connaissait apparemment que trop bien.

-N'y pense même pas.

-Mais ils sont juste à coté de la montagne ! protesta-t-il.

-Toi aussi je te signale.

-Mais eux ils ne peuvent pas se téléporter !

-Et c'est leur problème Yugo ! s'exclama le shushu. Arrête de t'immiscer dans la vie des gens qui n'ont rien à voir avec toi ! Je refuse de finir brûlé parce que tu avais un coeur noble et que tu t'es pris un morceau de lave en plein dans la figure !

Le garçon ne l'écoutait déjà plus, et se précipitait vers l'endroit où étaient encore les Roublards.


Il n'eut aucun mal à les repérer grâce à sa vision de Wakfu. Le petit groupe semblait vouloir s'éloigner le plus possible du volcan. Il poussa un peu plus sur la vitesse, et bientôt, il fut à moins de six mètres du groupe. Par mesure de sécurité, il ne s'approcha pas plus près.

-Vous allez bien ? leur cria-t-il.

Pour toute réponse, les brigands lui lancèrent un regard confus. Il soupira intérieurement, puis pointa une direction du doigt.

-Il y a une grotte par ici ! Et elle est assez profonde pour vous protéger de la lave, alors allez vous y réfugier au plus vite.

Il l'avait aperçue par accident lors de sa fuite. Il n'y avait jeté qu'un vague coup d'oeil cependant, et n'était pas sûr que la paroi ne tienne le coup face aux énormes blocs de lave. Mais c'était toujours mieux de se réfugier là-bas que de courir jusqu'à l'épuisement. Le chef -Jelly apparemment- hocha la tête, et se tourna vers son groupe.

-Vous l'avez entendu les gars ? Tous à la grotte ! Et en vitesse !

Yugo s'autorisa à ralentir un peu le rythme, voyant tout les hommes suivre les ordres de leur chef. Il n'avait plus rien à faire ici maintenant, tout ce qu'il lui restait à faire était de s'éloigner le plus rapidement possible de cet endroit et...

Une nouvelle secousse secoua l'île, plus forte que les précédentes cette fois. Le garçon s'accrocha de justesse à un palmier, mais Jelly, qui ne se tenait à rien, perdit l'équilibre et atterri sur le ventre. Yugo le regarda se relever doucement, horrifié, alors qu'un ruban rouge sanglant tombait du ciel, et se précipitait droit sur lui.

Son corps bougea de lui-même.

Rapidement, il aligna deux portails à la suite, ses innombrables combats lui revenant soudain en mémoire. Ses sens s'éveillèrent, et il su instantanément où viser, et quand tirer. L'énergie parcouru entièrement son bras, réveillant des sensations familières. Il tendit le bras, et poussa.

Un rayon de lumière jaillit de sa main, et alla frapper le rocher en plein centre, le pulvérisant en moins de trois secondes.

Yugo ouvrit et referma plusieurs fois sa main, surpris. Il savait qu'il avait perdu l'habitude des combats, après son long séjour à Emelka, mais il ne s'attendait vraiment pas à ce que toute ces sensations reviennent aussi vite. Il supposa que les vieilles habitudes devaient être difficile à perdre. Il se retourna, et tendit la main au brigand, toujours à terre, qui le regardait avec des yeux écarquillés.

-Ca va ?

Le Roublard contempla la main quelques instants, incrédule.

-Tu...T'as fait quoi la ?

Oui, ça faisait toujours un choc la première fois. Le garçon l'attrapa par le bras, et le releva en vitesse.

-Pas le temps de parler, dépêche-toi !

Il l'entraîna dans la caverne où venaient de se réfugier les hommes, courant à toute allure. Ils eurent tout juste le temps de se jeter au sol avant qu'un projectile ne vienne s'écraser à deux mètres de leur position. Le coeur battant encore a la chamade, Yugo retourna doucement la tête vers l'énorme morceau de pierre brûlante. De petits sillons rougeâtres luisaient faiblement dans l'obscurité, et le garçon pouvait sentir la chaleur de la texture d'ici.

Cette fois-ci, il avait vraiment eu chaud. Au sens propre, et figuré.

Il sentit Jelly se relever à côté de lui. Mais alors qu'il allait se lever pour lui venir en aide, il se fit brutalement plaquer sur le sol.

-Aïe !

-Capitaine ! Vous allez bien ?

Le bras dans une position assez inconfortable, il leva la tête, et constata que le plus grand des hommes de Jelly le maintenait au sol. Les deux autres étaient aux côtés de leur chef, qui semblait peu à peu reprendre ses esprits.

Il essaya de se tortiller pour échapper à son agresseur, mais la poigne était trop ferme, et il ne reçu en retour qu'une position encore plus inconfortable.

-Lâche-moi ! Maugréa-t-il.

-C'est bon, relâche-le.

Yugo tourna la tête, pour voir Jelly, assit sur le sol, lancer un regard mauvais à son camarade.

-Mais chef...

-Je lui dois la vie. On la lui doit tous. Relâche-le. -son regard se fit menacant- A moins que tu ne veuille remettre en question les codes d'honneur Roublard. Dans ce cas je suis tout à ta disposition.

Le jeune garçon sentit soudain le poids s'enlever de ses épaules, et s'assit péniblement. Il perçu un léger mouvement devant lui, et leva la tête, pour constater que Jelly lui tendait la main pour l'aider à se relever.

-Rien de cassé gamin ?

Yugo considéra un instant le Roublard, ne sachant pas encore si il devait lui faire totalement confiance. Ce dernier dut comprendre le message, car il leva immédiatement les mains en l'air, un air ennuyé sur le visage.

-On se calme, petit. Je ne te veux plus aucun mal, pour l'instant en tout cas. Je veux juste voir si tout va bien.

-Ca peut aller. répliqua le garçon.

Jelly soupira.

-Ecoute. Je sais qu'on est parti sur de mauvaises bases toi et moi, mais j'aimerais qu'on fasse équipe tout les deux. Tu as dit que tu n'avais pas de moyen de quitter cette île, pas vrai ?

-Et alors ?

Le Roublard eut un sourire.

-J'y croyais plus trop à vrai dire. Mais il se peut qu'avec ton aide, on ait enfin une chance de s'échapper de cet endroit.


-Voici notre campement de fortune. T'en penses quoi ? Plutôt classe non ?

"Classe" n'était pas le mot auquel pensait Yugo en voyant l'aménagement de la caverne, mais il devait admettre que l'endroit avait du cachet. L'espace était vaguement illuminé par des Champous, qui répandaient leur spore partout dans la pièce. Perché sur son épaule, Az émit un petit éternuement. Des morceaux de tissus pendaient au plafond, et le garçon se demanda vaguement comment le groupe avait fait pour réussir à les faire tenir là-haut. Au centre de la pièce, de vieilles caisses en bois avaient été éventrées, puis taillées pour ressembler à des chaises, et reposaient autour d'une table, créée avec deux énormes rondins de bois. Jelly s'assit sur l'une d'elles, et fit signe à Yugo d'en faire de même. Il s'exécuta, prudent, et trouva la chaise étonnamment confortable pour son apparence. Le brigand attendit qu'il se soit bien calé, puis parla d'une voix claire et nette.

-Commençons par le commencement veux-tu ?

Il sortit un petit carnet de sa poche, et le jeta sur la table, en direction de l'Eliatrope. Celui-ci l'ouvrit, curieux, et le retrouva plein de gribouillis et de notes illisibles. Il releva la tête vers Jelly, qui ne le lâchait pas du regard.

-C'est quoi ?

-Un carnet de voyage. On avait l'habitude, avec mes camarades, de parcourir le monde de long en large pour échap...-Hum ! Pour découvrir de nouveaux endroits. Du moins jusqu'à ce qu'une tempête ne surgisse de nulle part, et n'emporte notre moyen de transport loin de nous. Ca va faire un mois maintenant, qu'on est bloqué ici à attendre la marée basse et à esquiver des boules de feu. On t'a agressé tout à l'heure parce qu'on pensait que tu étais venu à l'aide d'un bateau, et que c'était notre ticket de sortie. Encore désolé pour ça.

Yugo haussa les épaules.

-Pas grave. J'ai déjà oublié de toute façon.

Le Roublard eut un petit sourire gêné, et continua.

-Quand tu nous as dit que tu avais atterri ici par accident, on était prêt à abandonner. Mais juste après, tu as pulvérisé cet énorme morceau de rocher, et tu t'es téléporté ! Je ne te demanderais pas comment tu as fait, cela ne regarde que toi. Mais j'aimerais employer tes pouvoirs pour quelque chose d'autre si tu veux bien. Montre-moi ta carte parlante deux secondes.

Le garçon sortit la carte de sa sacoche, et la tendit au brigand, qui la déroula sur la table. Le visage du shushu apparut, apparemment très mécontent.

-Quoi encore ? Ronchonna-t-il.

-Carte, fait voir le plan de l'île. Ordonna Jelly.

-Dans tes rêves ! C'est de ta faute si je suis couvert de poussière, alors viens pas faire ton malin !

Une veine palpita sur le front du Roublard. L'Eliatrope supposa qu'il n'aimait pas être contredit

-Si tu veux pas mourir écrasé par une boule de feu tombée du ciel, obéit !

-Tout de suite les grandes menaces...soupira Gruffon. Je ne dirais rien !

Yugo décida d'intervenir.

-Gruffon, montre-nous le plan de l'île s'il te plaît.

Le shushu lui lança un regard de travers, désapprouvant évidemment ses actions, puis poussa un profond soupir.

-C'est demandé si gentiment...

Jelly observa avec un intérêt non caché les traits se former sur le papier. Il observa la carte quelques instants, puis ramassa une brindille par terre, et commença à la tailler soigneusement avec son couteau, détournant son attention du shushu.

-Il y a une semaine, fit-il distraitement, on a retrouvé notre machine. Je suppose qu'on peut appeler ça de la chance, mais moi j'appelle ça de la provocation de la part des Dieux, à supposer qu'ils existent encore. En effet, il se trouve qu'elle se situe pile sur l'endroit le plus inaccessible de toute l'île. Un endroit auquel aucun humain ne peut accéder, peu importe le moyen utilisé.

Il pointa avec son bâton fraîchement taillé sur un dessin de la carte.

-Ici.

Un long silence plana dans la salle. Gruffon fut le premier à réagir.

-T'es pas sérieux ? Tu veux dire que le moyen de sortir de cette île se situe au centre d'un volcan en pleine activité ?

-C'est sur que pour être en activité, il est actif. Fit Jelly en tapotant le dessin du plus grand volcan de l'île. On a déjà essayé de se frayer un chemin jusqu'au centre, mais on y est jamais arrivé. La lave semble tout avaler, et les parcelles de terrain disponibles disparaissent au fur et à mesure. On a déjà failli perdre un de nos ami lors de notre dernière excursion.

Le plus petit Brigandin hocha tristement la tête, se souvenant sans doute encore de l'événement.

-C'est notre dernière chance aujourd'hui. Demain, une fumée toxique se formera au dessus du volcan, et quand elle disparaitra, notre porte de sortie sera engloutie par la lave. Tu peux te téléporter grâce à tes portails, pas vrai ? Il suffit que tu ailles au centre du cratère, et que tu nous téléporte nous aussi, et on peut quitter cette île.

-Une minute ! Intervint Gruffon. Bon, c'est pas que je vous comprend pas. Vous avez faim, vous sentez mauvais, vous avez envie de quitter cette île, d'accord. Mais moi, qui ai déjà affronté en moins de trois mois les araknes, la pluie, et la cheminée, je refuse catégoriquement de mettre ne serai-ce qu'un pied dans le cratère d'un volcan !

Jelly lui lança un regard sévère.

-Les shushus n'ont pas leur mot à dire dans cette situation. Tu suivra la décision de ton Gardien.

Tout les regards se tournèrent vers Yugo, qui avait soudain la très désagréable impression d'être prit entre deux feux.

-Si je dis "oui", dit-il doucement, et que je parviens à récupérer votre engin, vous pensez que vous pourrez m'emmener à Astrub ?

Il connaissait déjà la réponse, mais il voulait juste l'entendre de la bouche du Roublard. Ce dernier eut un grand sourire, et tendit sa main en avant.

-Si tu y arrives, on te fait même pas payer le voyage.

-Promis ?

-Parole de Roublard.

-Alors marché conclu ! Fit le garçon en lui serrant la main.

Sur la table, Gruffon poussa un long gémissement.


-Donc nous y voilà...

Le souffle encore court par la longue escalade, Yugo regarda en bas. Le cratère était profond, au moins une bonne centaine de mètres le séparait du sol. Mais plus que la profondeur, plus que la lave bouillante qu'il voyait en contrebas, il y avait un détail qui gênait Yugo dans tout ça. Un détail soutenu par la sueur qui gouttait de son front, et par son pantalon, remonté jusqu'au niveau des cuisses.

-Il fait CHAUD !

Il n'avait jamais eu aussi chaud de toute sa vie. Il avait l'impression d'avoir atterri dans une fournaise géante. C'était à peine si il arrivait à respirer. Jelly se positionna à ses côtés, apparemment dans la même situation.

-Ben oui, en même temps tu t'attendais à quoi en entrant dans un volcan ? Des glaces ? Désolé mais on a épuisé tout le stock !

-On va vraiment pouvoir s'échapper avec ton moyen de transport ? s'enquit Yugo. Je peux vous téléporter à l'intérieur, mais je ne pourrais pas transporter un véhicule assez grand pour contenir plus de quatre personnes.

-Ne t'en fais pas. Si tout se passe bien, t'aura même pas à utiliser tes portails après nous avoir téléporté.

-Le "si" ne m'inspire pas confiance. Fit une voix provenant de l'intérieur de la sacoche de Yugo.

-Toi la carte, on t'a pas sonné.

-Je suis emmené dans un endroit dangereux contre mon gré ! Explosa le shushu. Le minimum de politesse serait de me laisser parler !

-Pas cette fois Gruffon. Fit calmement Yugo. J'ai vraiment besoin de toute ma concentration pour aller au fond de ce cratère. Ce sera déjà assez difficile avec la chaleur, mais si tu en rajoute, on risque réellement d'y passer toi et moi.

-Justement ! Pourquoi est ce que je dois venir avec toi, hein ?

-Parce que le gamin ne pourra rien voir à cause de la fumée. Fit Jelly en posant la main sur l'épaule de l'interressé. Dans ces cas là, un carte parlante, qui peut le guider dans le moindre de ses pas, ça ne sera pas de trop, pas vrai ?

Gruffon serra les dents, mais ne dit rien de plus. Yugo prit quelque chose dans sa poche, et le tendit au chef des brigands.

-Jelly, tu peux prendre soin de Az pour moi s'il te plait ? Il supporte la chaleur encore moins bien que Gruffon.

Le petit tofu émit un petit piaillement misérable, toute les plumes de son corps collées entre elles. On avait l'impression qu'il allait fondre juste en refermant les mains sur lui. A la grande surprise du garçon, le Roublard fit un pas en arrière.

-Un t-t-tofu ? balbutia-t-il. J-Je...

Les membres du groupe semblaient soudain extrêmement paniqués. Mais avant que Yugo n'aie eu le temps de dire "Bouftou", le petit oiseau avait déjà disparu de sa main.

-Il est trop mignooooon !

Devant l'air incrédule du garçon et celui exaspéré des brigands, le chef se tortillait sur lui même, frottant le petit tofu contre sa joue, tout les traits de son visage exprimant le bonheur le plus total. Le grand brigandin se racla la gorge.

-Le chef a...une légère faiblesse pour les trucs mignons. Je suis pas sur que ton animal reste en vie lors de la durée du trajet.

-Ah...Fit Yugo, le regard toujours fixé vers le Roublard.

Il le trouvait cool quelques instants auparavant, mais maintenant, le brigand venait de faire une énorme chute dans son estime.

Il ouvrit un portail, et jeta un coup d'oeil en contrebas. Peu importe où il posait le regard, il ne voyait que du liquide rougeâtre, probablement assez chaud pour cramer un Bouftou en moins de six secondes. Il frissonna, et demanda une dernière fois.

-Il y a vraiment un îlot là-dessous ?

-Si t'as des doutes, répondit Jelly, qui semblait avoir un peu reprit ses esprits, demande à ta carte.

Il jeta un coup d'oeil à Gruffon, toujours dans la sacoche, qui hochait tristement la tête. Il prit alors une grande inspiration, puis se retourna vers le groupe de brigand, et les salua bien droit avant de se jeter dans un portail.


-Mais dans quoi tu t'es embarqué encore !

Yugo ne répondit pas, trop occupé à essayer d'aligner ses portails. Il avait abandonné l'idée de distinguer quoi que ce soit à travers la fumée depuis longtemps, et utilisait sa vision de Wakfu. Le seul problème consistait maintenant à descendre en contrebas, ou sa vision serait brouillée par les signaux qui émanaient de la lave.

-Guide-moi, Gruffon. murmura-t-il.

Il émergea du portail, et se laissa tomber. Il sentit son coeur se soulever, et l'adrénaline se répandre dans ses veines. Il avait l'habitude de ce genre de sensation, mais en général, il voyait ce qui l'entourait. C'était la première fois qu'il se laissait tomber à l'aveuglette. Le temps sembla ralentir. Les secondes se changèrent en minutes, la chaleur ambiante devint progressivement de plus en plus insupportable. Mais il ne pouvait utiliser ses pouvoirs, pas encore. Il fallait que Gruffon lui donne le signal.

-Maintenant !

Tout se passa en un éclair. Le temps reprit brusquement son court normal, tandis que Yugo tendait sa main en avant, et ouvrait un portail en contrebas. Il avait à peine émergé que le shushu lui cria.

-A neuf heures, vingt mètres !

Il mit un moment à comprendre que la carte lui donnait les indications pour aller sur l'île. Il ouvrit un portail juste devant lui, et un autre à sa gauche, et se laissa tomber. Cependant, dès qu'il eu atteint l'autre côté, et se sentit glisser dans le vide, il fut prit d'un instant de panique. Avait-il raté son portail ? Avait-il mal comprit les indications de Gruffon ? Il ouvrit sa main, espérant ouvrir un autre portail avant de se faire avaler par la lave, mais quelque chose l'en empêcha. Une force inconnue, qui lui bloquait tout ses mouvements. L'espace d'un instant, il fut dans l'incapacité totale d'aligner deux idées à la suite. Il tomba.

L'impact au sol fut plus brutal qu'il ne le pensait.

-Yugo ! Ca va ?

Le jeune Eliatrope mit un moment avant de répondre. Le souffle court. La chaleur ici était insoutenable, si il n'avait pas sous ses pieds la confirmation de se situer sur un sol ferme, il aurait pu jurer s'être jeté directement dans la masse de magma bouillant.

-A part avoir été l'espace d'un instant convaincu que j'allais y passer, souffla-t-il, je pense que tout va bien, merci.

Il se releva péniblement, et ouvrit lentement ses yeux. Partout ou il posait son regard, les vagues de chaleur lui brouillaient la vue. Les formes ondulaient rapidement devant ses yeux, et il n'arrivait plus à voir les contours des objets. Il pouvait encore distinguer le liquide rougeâtre, mais si il s'approchait trop près du bord, il risquait de faire accidentellement un pas dans la lave. Il ne perdit pas une seconde, et observa vivement les alentours, a la recherche d'un quelconque détail qui pourrait sortir du décor. Il ne mit cependant pas longtemps avant de trouver ce qu'il cherchait.

-...Waouh.

-J'avais plus ou moins deviné qu'ils n'étaient pas venu en bateau, mais je ne m'attendais vraiment pas à ça...murmura Gruffon, tout aussi impressionné.

Devant lui, coincé entre deux parois de lave solidifiée, se dressait, de toute sa hauteur, un énorme ballon. De forme ovale, il était entouré de cordes, de plus de vingt centimètres d'épaisseur, et possédait de chaque côté une petite dizaine de moteurs, qui pour la plupart étaient légèrement noircis. L'engin de toute sa taille devait bien mesurer une bonne trentaine de mètres. En regardant de plus près, Yugo constata que la machine flottait à quelques centimètres du sol, et qu'elle n'était retenue que par deux cordes, solidement ancrées dans la roche.

-C'est un véritable miracle que cette boule de gaz n'aie pas explosé avant. observa le shushu. Elle est entourée par de la lave en fusion quand même...

Yugo contempla le ballon encore quelques instants, puis reprit ses esprits.

-Faut qu'on amène Jelly. Fit-il. C'est dans quelle direction ?

-A deux heures, indiqua la carte, à plus de cent mètres de hauteur.

-Trop facile...marmonna Yugo.

Il rassembla toute sa concentration, et ouvrit deux portails devant lui, puis, lentement, il concentra son Wakfu dans sa main pour pousser l'un d'eux vers le sommet du cratère. Il avait tout de suite comprit le truc, lors de son entraînement sur l'île du Dofus, mais il ne l'avait encore jamais utilisé. Le faire demandait en général beaucoup de temps et de concentration, choses qu'il ne possédait généralement pas sur un champ de bataille.

-Gruffon ?

-Oui ?

Sans prendre la peine de prévenir, il prit la carte dans la sacoche, et la passa rapidement au travers du premier portail. Il attendit quelques secondes, puis retira sa main, ramenant avec lui un Gruffon mort de trouille.

-Mais ça va pas la tête ! s'égosilla-til.

-Quelle hauteur ? s'enquit le garçon.

-Soixante-seize mètres, et-Héééé !

Yugo patienta encore quelques minutes, puis retira une nouvelle fois la carte.

-Tu es un monstre ! Couina la carte. Tu es l'incarnation du diable ! Je te déteste !

-Combien ?

-Quatre-vingt-dix sept, et ne me rejette pas à l'intérieur, par pitié ! Ils ont dit qu'ils allaient sauter. Ils sont assez près maintenant !

Soulagé, le garçon rangea la carte dans la sacoche, et se posta devant le portail, attendant la venue de Jelly et de ses camarades. Il se demandait si c'était une bonne idée de les faire venir ici via un portail direct, la différence de chaleur entre ici et là haut devait être énorme. Mais encore une fois il supposait que les brigands étaient préparés et -Une minute.

Sauter ?

Le portail émit un léger crépitement, annonçant la venue d'un nouvel arrivant. Yugo écarquilla les yeux, et s'écarta précipitamment du passage, évitant de justesse le bolide qui vint s'écraser contre une paroi rocheuse. Il n'eut pas le temps de relever la tête que trois autres formes vinrent s'écraser sur le premier bolide. Yugo ferma douloureusement les yeux en entendant le bruit des impacts, puis leva la tête, pour constater que les quatre brigands étaient tous entassés sur le sol, à moitié assomés.

-...Oups.

Jelly émergea à grand peine sous les corps de ses trois acolytes, l'air mal en point. Le garçon allait lui porter secours, mais mit rapidement sur le côté quand le Roublard, extrêmement pâle, régurgita tout le contenu de son estomac sur le sol.

-T'aurais...pas pu...nous prévenir ? toussa-t-il.

Décidant que le brigand voulait parler de sa collision contre un mur et non pas de son mal des transports, le jeune Eliatrope haussa les épaules.

-Si j'avais su que vous alliez sauter, j'aurais pu envoyer le portail plus haut.

Le leader semblait être sur le point de répondre quelque chose, quand le sol se mit soudain à trembler, faisant perdre l'équilibre au jeune garçon, qui atterri douloureusement sur l'arrière-train.

-Quoi encore ?

Jelly était maintenant plus pâle qu'avant, et ses yeux étaient écarquillés de terreur. Il se tourna vers Yugo, toujours à terre et lui cria.

-Gamin ! Changement de plan ! Ouvre un de tes trucs qui fait vomir, on remonte !

Remonter ? Mais...

-Je peux pas ! Lui cria-t-il. Le portail s'est refermé derrière, et je ne peux pas en créer un autre !

Il s'accrocha à ce qu'il pu pour garder l'équilibre, et se releva. Autour de lui, d'épaisses bulles se formaient à l'intérieur de la lave. Elles semblaient grossir, et grossir encore. Jelly avait les yeux fermes, et semblait prier silencieusement une quelconque entité.

-Ce n'était pas supposé être aujourd'hui. Ce n'était pas supposé être aujourd'hui !

-Il se passe quoi ? Demanda Yugo, le regard fixé vers une énorme bulle qui se formait au loin. Qu'est ce qui n'était pas censé se produire ?

Soudain, la bulle éclata, et une immense colonne de lave surgit de sa base. Le sol trembla de plus belle, et ce n'était peut-être qu'une impression, mais il lui semblait que le niveau de la lave avait un peu augmenté par rapport à tout à l'heure. Jelly ouvrit les yeux, et lança un regard désespéré au garçon.

-Le volcan entre en éruption.


-Dépêchez-vous les gars !

La voix du Roublard résonnait dans tout le volcan. Les bulles se multipliaient par dizaines tout autour du petit îlot, chacune donnant naissance à une colonne de plus en plus grande. Le ballon était presque entièrement gonflé maintenant.

-C'est pas encore fini ? Les pressa Jelly.

-La plupart des moteurs refusent de fonctionner chef ! Rapporta l'un des brigands. La chaleur semble avoir tout court-circuité !

-Faites avec ce qu'on a ! Ordonna-t-il. Dans cette situation, chaque millimètre de terrain est vital !

Perché au sommet du ballon, Yugo guettait anxieusement une bulle qui se formait à proximité de l'île. Son impression de toute à l'heure était juste, le niveau de la lave montait un peu à chaque fois qu'une bulle explosait. Il la regarda gonfler, encore et encore...

Au dernier moment, il tendit sa main en avant, et absorba toute la lave qui sortit du petit dôme. Il ouvrit ensuite un portail aussi loin que possible du ballon, déversant ce qu'il venait de capturer. Il répéta la même opération plusieurs fois, visant à chaque fois la bulle qui semblait se rapprocher un peu trop près du bord.

Il ne faut surtout pas qu'une seule goutte de ce liquide n'atterrisse sur ce ballon, ou tout est perdu.

-Chef ! Resonna une voix. On a un problème au niveau de la corde !

-Quoi encore ?

Yugo s'autorisa un petit moment d'inattention, et tourna la tête. Il vit tout de suite ce qui n'allait pas. Une des deux cordes qui retenait le ballon au sol avait été retirée, mais la deuxième restait toujours solidement ancrée dans le sol. La roche semblait en avoir avalé le bout, la retirer n'était donc pas une tâche possible.

-Regarde devant toi gamin ! Lui cria Jelly.

Yugo plaça précipitamment un portail au dessus d'une masse de magma. Il ne pu s'empêcher de jeter un coup d'oeil en contrebas. Tout les membres de l'équipage étaient monte dans le ballon, probablement pour s'occuper des problèmes de moteur. Seul Jelly était reste dehors, un couteau a la main, essayant tant bien que mal de couper la corde.

-Je ne vais pas tenir longtemps ! Cria Yugo. Dépêche-toi !

-Facile à dire ! répondit le brigand. Tu peux pas me donner un coup de main avec tes pouvoirs ?

-Si j'avais pas les mains prises, répliqua Yugo, ce serait avec joie !

Le Roublard acceléra le rythme du couteau. L'épaisseur de la corde rétrécissait à vue d'oeil, mais ce n'était pas encore suffisant pour la couper. L'Eliatrope para une autre colonne de lave, et la renvoya dans la direction d'où elle provenait. Jelly lui cria soudain.

-Hé, gamin ! Je viens d'avoir une idée ! Tu peux renvoyer un morceau sur ce fil ?

Yugo considéra un instant la longueur et l'épaisseur du fil. Bien sur qu'un morceau de lave en fusion pouvait se charger du reste, mais si il loupait son coup, son ami risquerait de recevoir des dégâts aussi.

Mais ça valait quand même le jeu.

-Ecarte-toi le plus possible, Jelly !

-Appelle-moi Glee...marmonna le Roublard avant de se coller au maximum contre la paroi.

L'Eliatrope ne lui prêtait déjà plus attention, appréhendant déjà la prochaine volée de matière brûlante. Une bulle de magma se forma à sa droite. Il ne perdit pas un instant, et plaça immédiatement un portail au dessus. La lave en fusion jailli de sa marmite, et atterri directement dans le portail.

Il eut un léger frisson. Il y en avait beaucoup trop.

-Jelly ! lui cria-t-il. Rentre dans le ballon. Maintenant !

Il y avait du y avoir quelque chose dans sa voix qui poussa le Roublard à obéir sans discuter. Il fut néanmoins ravi d'avoir été entendu. Il descendit rapidement de son perchoir, sa paume crépitant déjà, désireuse de libérer son pouvoir. Il fit de son mieux pour se retenir d'ouvrir accidentellement un portail, et se précipita vers la corde.

-C'est parti, souffla-t-il.

Il tendit ses deux mains en avant, et relâcha son pouvoir. La vague soudaine de chaleur le prit à la gorge, et il du tourner la tête pour ne pas suffoquer. Il entendit un cri derrière lui, et se retourna.

Il avait réussi à couper la corde, vraisemblablement, car maintenant le ballon volait à plus de six mètres au dessus du sol. Les membre de l'équipage, depuis l'intérieur de la cabine, lui faisaient de grands signaux, lui disant de monter à bord.

Le garçon ne se fit pas prier, et ouvrit immédiatement un portail. Il émergea a quelques mètres du ballon, et allait ouvrir une autre porte quand il ressentit la sensation trop familière de son corps qui s'engourdissait.

Pas maintenant. pensa-t-il, paniqué. Où tu veux, mais pas maintenant.

Il était en panne de Wakfu.

-Gamin !

Il tourna la tête vers la voix. Jelly, qui s'était accroche a une des cordes qui entourait le ballon, lui tendait une main. Il était cependant encore trop éloigné pour l'atteindre.

-Encore un effort petit ! On y est presque !

Presque.

Presque sortis de ce volcan.

Presque sur Astrub.

Il puisa dans ses toute dernières ressources, et réussi, par un quelconque miracle, à ouvrir un petit portail, juste en dessous de lui. L'instant d'après, il agrippait fermement la main du brigand, et montait tant bien que mal à. bord. Sitôt qu'il eu posé le pied sur le sol ferme de la cabine, il s'écroula comme une masse. Jelly lui tapota gentiment le dos.

-Bien joué gamin ! Tiens le coup encore un peu, on y est presque !

Yugo hocha la tête, reprenant petit à petit son souffle. Le brigand s'éloigna de lui, puis sortit une espèce de petit verre dans une boite. Il le regarda avec curiosité, quand il se mit à parler dedans distinctement, et d'une voix étonnamment calme pour quelqu'un ayant frôlé la combustion.

-Décollage immédiat, je répète, décollage immédiat. Ne lésinez pas sur la quantité de carburant.

A la grande surprise du garçon, une voix retentit du petit verre, il reconnu la voix d'un des membres de l'équipage.

-Bien reçu, chef !

Jelly rangea le microphone dans la boite, et s'accrocha à une corde au plafond. Il en tendit une, un peu plus longue, au jeune garçon.

-Allez, à fond les gaz !

Le jeune Eliatrope s'accrocha de toute ses forces à la corde que lui tendait le Roublard. Il sentit le sol tanguer sous ses pieds, et dut mettre tout son poids en avant pour ne pas tomber. En s'accrochant au bord, il se rendit compte que le ballon était maintenant à plus de vingt mètres du sol, et continuait de monter. A ses cotés, Glee semblait plus excité que jamais.

-Parfait, ça c'est ma cocotte ! Lui cria-t-il. Baisse toi ! On va arriver à la surface, d'un moment à l'autre, et il faut surtout pas que tu respires cette fumée.

En regardant vers le haut, le jeune garçon aperçu un épais voile de fumée rougeâtre qui se formait en haut du cratère. Il n'avait pas besoin qu'on lui fasse un dessin pour comprendre qu'elle était tout sauf amicale.

-Elle est là depuis combien de temps ? Demanda-t-il, semblant enfin retrouver l'usage de la parole.

-Depuis de début de l'éruption je crois, si ce n'est avant. répondit le brigand avec une grimace. En tout cas elle ne nous arrange pas du tout.

-Pourquoi ?

Jelly soupira, et sortit quelque chose de sous la banquette arrière.

-Parce que cette fumée, en plus d'être toxique, peut mettre le feu à tout type de combustible qui se trouve sur son chemin. En clair, fit-il en voyant l'air confus de Yugo, si il y à la moindre fuite de gaz sur la cocotte, on va tous y passer.

Il y eu un moment de silence, durant lequel Yugo prit le temps de digérer les paroles de son ami. Puis il demanda d'un ton calme.

-Et donc ?

Pour toute réponse, Jelly agita une petite créature, ressemblant étrangement à un snouff, devant le nez du garçon.

-Donc ce petit gars et moi, on va boucher toute les failles avant de se faire brûler les fesses. Il m'a vraiment surpris sur ce coup la, je pensais pas qu'il survivrait aussi longtemps. sourit le Roublard.

Yugo eu soudain une sensation très désagréable dans le ventre. Il avait l'impression d'être suspendu en l'air, mais sur le point de tomber à tout moment. Le brigand dut ressentir la même chose aussi, car il leva la tête vers le haut.

-Les gars ont vu le nuage noir. dit-il simplement. Ils font ralentir la vitesse du ballon. Ca ne l'empêchera pas de monter, mais au moins, on peut gagner du temps. Dix minutes, au bas mot. Reste ici, et surtout, ne bouge pas avant que je te le dise, ok ?

Le garçon hocha la tête. Jelly s'accrocha rapidement à l'une des cordes qui entouraient le ballon, et disparu. Yugo s'assit dans un coin de la cabine, baissa la tête, et ferma les yeux. Il sentit le Wakfu revenir petit à petit dans son corps, et inspira un grand coup. Dans quelques instants, ils allaient pouvoir sortir à l'air libre, et il pourrait enfin aller à Astrub.

Le sol tanguait, lui donnant légèrement la nausée. Il aurait bien voulu prêter main forte à ses nouveaux amis, mais il savait qu'il ne ferait que les ralentir. Il n'y connaissait absolument rien en machinerie après tout. Tout ce qu'il pouvait faire maintenant, c'était de leur faire confiance pour la suite.

Ils savent ce qu'ils font mieux que moi. pensa-t-il.

Le sol s'inclina brusquement dans les sens inverse, et Yugo dut se cramponner au rebord de la cabine pour ne pas tomber. Il entendit des cris en haut, et il entendit les ordres donnés par Jelly. Le petit groupe semblait avoir des problèmes.

Surtout ne bouge pas.

Désolé Jelly.

Il releva la tête, et utilisa sa vision de Wakfu pour sonder la machine. Il vit tout de suite ce qui n'allait pas. Jelly et deux de ses hommes se tenaient à l'avant du ballon, où se situait en effet une petite fuite, mais Yugo pouvait percevoir d'énormes quantités de Wakfu s'échapper du coté opposé. Le ballon avait du se heurter à une roche pendant sa chute ou sa montée, et s'était percé. Il quitta sa vision, et jeta un coup d'oeil au ciel. Il serra les dents. Il n'y avait aucune chance que Jelly ne parvienne à atteindre la faille à temps. Le ballon allait très certainement brûler en plein vol.

Du moins si il ne faisait rien.

Avec le peu de Wakfu qu'il avait récupéré, il ouvrit un portail, et émergea en plein milieu de l'équipage. Le chef des brigands lui lança un regard désapprobateur, mais ne dit rien.

-Jelly ! Hurla-t-il pour couvrir les bruits du moteur. On a une fuite sur le coté droit du ballon, tu crois que tu peux t'en charger ?

Le Roublard secoua négativement la tête.

-C'est beaucoup trop loin ! Même à moi il me faut plus de dix minutes pour faire le tour !

A ces mots Yugo eut un petit sourire, et fit apparaître un portail devant le Roublard.

-Les humains, ça fait le tour. Les Eliatropes, ça zaape. Tu peux t'en charger ?

Une lueur s'alluma dans les yeux du bandit, l'excitation reprenant apparemment le dessus. Il se précipita sur son sac, et sortit plusieurs objets à la fois. Corde, mouchoirs, tissu, aiguille et fil. Il réussi à mettre tout cela sur son dos, et se redirigea vers Yugo avec un grand sourire aux lèvres.

-Qu'est ce que tu fais encore planté là, gamin ? On va le boucher ce trou, ou on attend de se faire griller bien sagement comme des saucisses volantes ?

Le garçon répondit par un petit sourire, et ouvrit un portail à l'autre bout du ballon. Il fit de son mieux pour le placer aussi près que possible du ballon, histoire que le Roublard ne reçoive pas de mauvaise surprise à la sortie. Une fois qu'il fut sur que le portail fut bien placé, il se tourna vers son ami.

-C'est bon, tu peux y aller. Fais moi un signe quand c'est mon tour !

Le bandit leva un pouce vers le haut, et fonça dans le portail. Le garçon sentit sa migraine habituelle pointer le bout de son nez, et laissa échapper un léger grognement. Il attendit patiemment le signal de son ami. Au bout d'une minute, il reçu un morceau de corde à travers le portail. Il s'attacha la taille avec, et sauta dans la porte dimensionnelle. Il atterrit directement sur le flan du ballon, où Jelly s'affairait déjà au travail.

-Qu'est ce qui t'as pris autant de temps ? Cria-t-il.

-Ce n'est rien. Fit le Roublard avec une légère teinte pâle. J'ai eu un petit malaise en chemin.

Yugo leva un sourcil.

-Rien de grave j'espère ?

-Non, rien. Tiens, prend ça et accroche-toi a une corde.

Un objet rentra dans son champ de vision, et le garçon reconnu la forme d'un crochet. Il s'attacha sans attendre, et vérifia leur position face à la fumée. Ses yeux s'écarquillent.

-Elle est encore plus près qu'avant !

-Evidemment puisqu'on monte ! Lui cria Jelly, exaspéré. File moi les mouchoirs !

Le jeune garçon s'exécuta précipitamment. Il sortit maladroitement une grosse poignée de papier et lui tendit. Il les eu à peine tendu au Roublard que celui-ci cria.

-Le reste maintenant !

Il s'affaira à prendre tout ce qu'il pu dans le sac, son ami se mettait déjà au travail. D'une main experte, il roulait les mouchoirs en petites boules, et les mettait dans les petits trous que le snouff lui montrait. Les boules devaient être exactement de la bonne taille: ni trop grosses, ni trop petites, pour ne pas laisser passer le gaz, ni pour agrandir l'ouverture. Une fois qu'il fut convaincu que la seule fuite restante était la grosse déchirure, le Roublard arracha le reste des outils aux mains du garçon, et entreprit de coudre rapidement le tissu sur la plaie. Yugo en profita pour lever la tête vers le ciel. Ce n'était plus qu'une question de secondes maintenant, si Jelly ne se dépêchait pas...

Le ballon fut soudain balloté dans tout les sens. Etant accroché avec ses deux mains à la corde, le jeune garçon parvint à rester en place. Mais le brigand, qui était occupé à coudre, lâcha prise par inadvertance.

-Jelly ! Cria Yugo.

Le Roublard remua faiblement, pendant par la taille au bout de la corde, qui le reliait encore au ballon. Le garçon poussa un petit soupir de soulagement, mais son instant de repos fut de courte durée, cependant.

Car quand il releva la tête, la fumée rouge avait déjà atteint le sommet du ballon.


Il y avait trois choses que Ruel Stroud aimait dans la vie.

Les kamas.

Les sacs de kamas.

Les montagnes de kamas.

Et se faire taper et enlever de force par un agent envoyé de Brâkmar accompagne d'une dizaine de brigandins sur le chemin d'Emelka pour finalement se retrouver enferme dans une cage d'animal métallique a quadruple serrure inversée située dans le hall d'un énorme bâtiment rempli de scientifiques qui le regardaient comme une bête de foire ne faisait définitivement pas partie des choses qu'il appréciait.

Non, vraiment pas.

-...Et tu te souviens de Amélie ? Tu sais cette petite peste de Féca qui te suivait partout où tu allais et qui braillait à tue-tete qu'elle ferait Dada sur tes épaules ? La brave petite... C'est vraiment dommage que ses parents ne l'aie jamais prévenu d'aller dans la forêt maléfique.

Il lança un regard mauvais au mage, qui continuait de parler en sirotant tranquillement son thé à l'autre bout de la pièce. Cet homme était à l'origine de tout son malheur. Si seulement on ne lui avait pas confisqué sa pelle, il lui aurait volontiers mise dans la face. Le magicien ne semblait pas se rendre compte de son aversion envers lui, et continuait à sortir des mots scientifiques sans queue ni tête. Ruel ne savait même plus comment avait débuté la conversation.

-...Et puis les Grancalogophobes...

-Tu me veux quoi a la fin ? répéta une énième fois le vieil Enutrof. Si c'est pour les instruments de mesures, je t'avais dit que je te rendrais tout au moment de ma mort, tu peux bien patienter un peu, non ?

Ruel éprouvait une immense satisfaction à voir l'air contrarié qui se dessinait sur le visage de son interlocuteur. Il ne devait pas avoir l'habitude qu'on le coupe en plein milieu de son discours.

-Ne soit pas stupide. grommela le vieux Féca. Ces vieux bidules poussiéreux datant de l'ère des dragons ne me sont plus d'aucune utilité. De plus, te connaissant, tu les as sûrement déjà vendus à un quelconque marchand malhonnête.

L'Enutrof déglutit un peu. Le mage avait touché en plein dans le mille. Mais il n'allait pas se laisser démonter pour autant.

-T'as vraiment aucune confiance en moi ma parole... bouda-t-il.

La réponse fut immédiate.

-Non.

Il faillit se cogner contre les barreaux. En général, quand il sortait de ses manches le coup de la confiance, les gens le prenaient généralement au mot, ou lui disait autre chose pour changer de sujet. C'était la première fois de sa vie que quelqu'un lui disait ce qu'il pensait en face, à part Moumoune.

Ca...piquait un peu sa fierté d'Enutrof.

Il s'assit dans un coin de la cage, tête baissée, et ne dit plus un mot. Le magicien avala une dernière gorgée de son thé, avant de jeter la tasse en porcelaine à la poubelle et de se lever en faisant craquer ses vieux os. A en juger par le bruit qu'ils produisaient, Ruel estimait qu'un peu d'exercice et de vitamines lui feraient le plus grand bien.

Glandaf s'accroupit de l'autre côté des barreaux, et regarda l'Enutrof droit dans les yeux.

-La vraie raison pour laquelle je t'ai amené ici, Ruel Stroud, c'est parce que j'ai besoin de ton aide.

-Ben tiens. grogna le prisonnier. Tu me fais enlever, tu me torture, et ensuite tu me demande mon aide ? Faut pas rêver non plus.

Le mage haussa un sourcil.

-Torturer ? Je ne faisais que parler du bon vieux temps ! Remarque c'est vrai que ce ne sont peut-etre pas des souvenirs agréables pour toi...

L'Enutrof retint un gémissement de frustration. Quand est-ce que cette vieille carne allait se décider à le relâcher ? Il n'avait pas d'or ! Il avait tout laissé dans son sac, qui était resté avec Kamasu-tar Junior, qui était resté près du feu de camp à attendre qu'il termine sa pause toilette.

-Pour en revenir à ta question, ton aide recevra une récompense, bien sûr.

Pauvre Kamasu-tar...

-L'Observatoire a beaucoup de fonds tu sais. insista le mage.

Resté tout seul dans le noir, livré à lui-même... Est-ce qu'il pensait à lui ?

-On a même des terres en trop dans le royaume Enutrof.

Une fois sortit de ce guépier, il lui ferait une couverture en kamas pour se faire pardonner.

-...Et nous avons aussi accès au trésor royal.

...

Ruel releva brusquement la tête, le signe "K" se reflétant par dizaine dans ses yeux pétillants.


Il se sentait bien.

La joue contre le sol, le jeune Eliatrope ouvrit paresseusement ses yeux. Il ne reconnaissait pas l'endroit, mais peu lui importait. Il voulait juste se laisser bercer par le doux mouvement de va-et-viens du sol, et se glisser de nouveau dans les délices du sommeil. Pourquoi devait-il se lever d'abord ? Il ne savait pas. Il ne voulait juste pas réfléchir.

Vaguement, il se demanda quand même comment il était arrivé là.

...

Yugo se redressa d'un coup, paniqué. Il chercha autour de lui, et trouva avec effroi son ami, immobile sur le sol, à coté de lui. Il ne bougeait pas.

-Jelly ?

Il s'approcha de lui, et le secoua doucement par l'épaule. N'entrainant aucune réaction, il mit un peu plus de force dans le mouvement.

-Jelly !

Le Roublard ouvrit brusquement les yeux, et l'agrippa de toute se forces par le bras, le faisant sursauter.

-Appelle-moi...Glee. Grogna-t-il. Zut à la fin !

Le garçon poussa un petit soupir, et s'autorisa un petit moment de détente. Il s'assit en tailleur sur le sol, et décida d'observer le décor. Petit à petit, il reconnu l'endroit.

-On est dans le ballon. constata-t-il.

Jelly ne répondit pas. Yugo se releva doucement, et s'approcha du bord. Lentement, il osa porter son regard vers le bas. Il resta planté là pendant un long moment, puis souffla enfin.

-On...a réussi.

La constatation était simple. Le jeune garçon ne pouvait pas détacher son regard du paysage en contrebas. De l'eau à perte de vue. Il ne rêvait pas, ils étaient bien en train de survoler l'océan. Jelly se tenait à ses côtés, regardant lui aussi le paysage avec un air stupéfait.

-On a réussi...On l'a fait !

Prit d'une excitation soudaine, le garçon se jeta sur le Roublard, faisant un peu tanguer le ballon et l'enlaça fortement. Le brigand ne réagit pas, encore sous le choc, mais Yugo était plus bondissant que jamais.

-On vole, Glee ! Le ballon marche et il fonctionne ! On vole ! C'est trop génial !

Il se précipita vers le rebord pour admirer encore une fois le paysage. Derrière lui, le Roublard, qui reprenait petit à petit ses couleurs, répéta d'un ton sterne.

-On...vole ?

Yugo hocha la tête, les yeux brillants. Il se sentait déborder d'énergie tout a coup. Il n'avait qu'une envie: ouvrir un maximum de portails en contrebas, et laisser éclater sa joie. Jelly semblait toujours aussi confus.

-Mais... La fumée...Je n'ai pas pu...

Le garçon regarda le brigand balbutier des phrases incompréhensibles avec un air amusé. Pour une fois, le Roublard semblait être en panne de mots.

-C'etait trop tard...Puis...On vole...? Et...tu... tu viens de m'appeler Glee la, non ? Dit-il finalement.

Yugo adopta volontairement un air confus.

-Hmmm ? Non je ne crois pas. Ton imagination doit te jouer des tours.

-Je suis sur que tu m'as appelé Glee. insista le Roublard.

-Je te dis que tu invente des trucs. répliqua le garçon d'un ton joyeux. Plus important, comment va le reste ?

Jelly adopta soudain un air concerné, et décrocha le système de communication.

-Ici la cabine passagère, cabine de pilotage, répondez.

Le microphone grésilla un peu. Le Roublard tendit attentivement l'oreille, et le jeune Eliatrope l'imita.

-CAPITAAAAAAAAAIIIINE !

Yugo du se boucher les oreilles tandis que son ami tombait à la renverse sur le sol. Il entendit les pleurs de l'équipage au travers du verre.

-Capitaaaaaine...Bouhou ! On croyait que vous étiez tombes.

-Vous allez bien Capitaine ? Rien de cassé ? Et le gamin il va bien ?

-On a eu si peur Capitaine !

Jelly se frotta l'oreille quelques instants, puis son regard s'adoucit. Il ramassa doucement le tuyau tombe, un petit sourire aux lèvres. Yugo s'assit en tailleur sur le plancher, curieux d'entendre les mots sortir de la bouche du brigand.

-MAIS C'EST COMME CA QUE VOUS BOSSEZ BANDE D'ABRUTIS !

L'Eliatrope avait déjà entendu l'homme crier, mais ils étaient alors séparés par dix mètres de distance, et six épaisses couches de tissus remplis de gaz. Il sentit ses tympans vriller sous la violence des ondes, et serra automatiquement les dents. Le Roublard continuait de s'époumoner dans le tuyau.

-ON A UN CLIENT JE VOUS RAPPELLE ! ET PAS UN PETIT QUI PLUS EST ! ON LUI DOIT LA VIE ET LE COMMERCE ! VOUS ALLEZ TRAINER LA PATTE ENCORE COMBIEN DE TEMPS ? CAP SUR ASTRUB, ET PLUS VITE QUE CA ! LE GAMIN A UNE DONZELLE A RETROUVER !

Yugo déboucha précautionneusement ses oreilles, une grimace toujours présente sur le visage. Il entendait les petits cris paniqués de l'équipage, et les bruits de pas qui accéléraient au plafond. Jelly rangea le Talkie-Walkie dans son cadre, et poussa un long soupir.

-Ces trois la...Je te jure, ils auront ma mort sur la conscience un jour.

-C'etait peut-être pas la peine de les traiter comme ça...osa le garçon. Ils étaient juste inquiets pour toi, c'est tout.

Le Roublard eu un petit sourire, et agita sa main pour montrer que cela n'avait pas d'importance.

-Ils ont l'habitude, ne t'en fais pas.

Yugo jeta un coup d'oeil en contrebas. Le ballon était encore en train de survoler l'océan.

-Comment t'as su que je devais retrouver une fille ? demanda-t-il. Je ne te l'ai jamais dit.

-Franchement ? rigola le capitaine. C'était évident depuis le départ. Tu ne peux pas prendre autant de risque que de te jeter dans un volcan si ce n'était pas pour le joli minois d'une fille.

L'Eliatrope s'abstint de lui dire qu'il aurait agit de la même manière si il n'avait pas eu de but précis. Adamai le trouvait déjà suicidaire, pas la peine que Jelly ne se mette lui aussi à lui faire des remarques. Il décida de changer le sujet de la conversation.

-T'es sûr qu'on arrivera à Astrub à temps ?

Jelly haussa les épaules avec un air narquois.

-Tu nous as pris pour quoi, des Noobs ? T'y sera avant même d'avoir eu le temps de dire "Bouftou".

Le jeune garçon pencha la tête sur le côté.

-Des quoi ?

-Tu comprendra quand tu seras grand. soupira le brigand. Blague à part, la cocotte pourrait nous faire faire le tour du monde en à peine sept jours si elle est lancée a pleine vitesse. Je dis bien "pourrais" parce qu'on n'a jamais eu assez de carburant pour le prouver. Mais on peut facilement faire le trajet de "Ile pourrie" à "Astrub" en moins de trois jours, ça je te le garantis. Il faut juste que tu patiente cinq minutes...

Le plancher se mit soudain à vibrer, et Yugo du s'appuyer contre les caisses pour ne pas tomber. Jelly eu un petit sourire.

-...ou pas. termina-t-il. Ces idiots font vraiment du bon boulot.

-Qu'est ce qui se passe ? demanda le garçon.

-Il se passe, gamin, que si tu ne t'accroche pas à une de ces cordes qui pendouillent au plafond dans les quinze secondes qui suivent, tu vas passer par dessus bord sans même t'en rendre compte. dit calmement le Roublard. Et cramponne-toi bien, ça risque de secouer un peu.

Yugo décida que les questions pouvaient attendre, et attrapa la corde la plus solide qu'il pu trouver. A peine eut-il affermi sa prise qu'il se fit brusquement tirer en arrière par une puissante force. Son cri se bloqua dans sa gorge, et son estomac fit des rebonds dans son ventre. Le vent siffla à ses oreilles, et le monde devint flou.

Il avait déjà expérimenté cette sensation, une fois. Le jour où Adamai s'était décidé à l'entraîner, et où il s'était jeté de la falaise, les yeux fermés. Il avait alors raté son premier portail, et était passé juste à coté. Il se rappelait de sa peur, son instant de panique, quand il était persuadé qu'il allait s'écraser au sol. Mais...

Quelle était cette sensation ?

Il était sur un ballon, propulsé à pleine vitesse à travers tout un bras de ciel. Ses vêtement claquaient au vent, et ses yeux étaient larmoyants à cause de l'air. Les nuages passaient à côté de lui plus rapidement qu'il ne les avais jamais vu. A ses cotes, Jelly riait haut et fort. Il avait l'impression de fendre l'air, de voler encore plus vite qu'un oiseau.

C'était...grisant. Fantastique. Merveilleux.

C'était marrant.


La pluie avait à peine cessé à Emelka qu'une petite boule blanche sortait a toute vitesse de l'auberge du Bouftou croustillant, ne prenant pas la peine de fermer la porte derrière elle.

Adamai fonçait tête baissée vers le zaap le plus proche. Dans sa sacoche, il y avait quatres petits cristaux de Wakfu, ainsi qu'une carte dessinée à la main. Alibert lui avait donné des instructions précises sur le chemin d'Astrub, ou voulait vraisemblablement aller Yugo. Il avait été convenu qu'il partirait à la poursuite de son frère tandis que l'aubergiste restait en arrière pour s'occuper de Chibi, pour plus d'efficacité et de liberté de mouvement. Le chemin prenait normalement trois jours pour un humain normal. Pour un dragon lancé a toute allure, le temps nécessaire était divisé par deux.

Il fit un dérapage contrôlé sur l'herbe, et s'arrêta juste en face du portail. Il sentait que son frère était déjà loin derrière. Il avait probablement du utiliser ses portails pour aller plus vite.

-Des que je le retrouve... souffla Adamai. Je le tue.

Et il le pensait vraiment.

Il piocha rapidement un cristal dans son petit sac, et le lança de toute ses forces dans l'espace vide au milieu du portail. La petite larme bleue se fit immédiatement absorber par une force inconnue, et un cercle bleu se dessina sur les contours du monument de pierre. Adamai ne prit pas le temps d'admirer le tableau, et se hâta de passer par le portail.

Il n'avait jamais été un grand fan des zaaps. Il ne l'était pas plus aujourd'hui. La sensation de picotement qu'il sentait au bout de ses doigts et de ses ailes lui plaisait presque autant qu'un bouquet de fleur plaisait à un Bwork. C'est à dire qu'il la tenait en horreur. Les humains, qui n'étaient pas assez conscient du Wakfu qui les entourait, ne ressentait pas ce picotement, et il supposait que les Eliatropes y étaient habitués avec tout leurs portails. Il ferma les yeux, et continua de marcher tout droit.

Quand il les rouvrit, il se trouvait au sommet d'une colline, surplombée par l'arbre géant qui faisait office de zaap de retour. Il pouvait en contrebas apercevoir une petite clairière, avec des étalages parsemés de ça et de là. L'odeur de viande grillée parvint à ses narines, le faisant saliver un peu, mais il se retint, et se concentra plutôt sur le Wakfu de son frère.

Il était encore plus loin qu'avant.

Un peu désarçonné, le dragon chercha la direction d'où provenait l'énergie du garçon. Tout ses sens lui indiquèrent qu'il se trouvait, non pas au nord, la où était censé se trouver Astrub, mais droit vers le sud. Et d'après le picotement désagréable dans sa poitrine, plutôt loin.

...Il ne comprit pas.

Yugo l'avait-il leuré sur une fausse piste ? Avait-il prédit qu'il irait le chercher à Astrub ?

-Mais t'es passé où encore ? Grogna le dragon.

A chaque fois.

A chaque fois qu'il essayait de lui courir après, il se retrouvait perdu au milieu de nulle part.

Il en avait assez. Assez des fausses pistes, des informations erronées, des jeux de course-poursuite sans fin et des secrets. Il en avait par dessus la tête.

C'est pourquoi, quand il lui remettrait la main dessus, il lui fera bien comprendre qu'il y a une limite au nombre de fois où on peut titiller les nerfs d'un Dragon.

Qui avait besoin de ces fichus zaaps pour commencer ? Il pouvait bien le chercher en volant.

Il déploya ses ailes, se prépara à s'envoler...

Un bruit suraigu le prit soudain par derrière. Il se retourna juste à temps pour voir une multitude de couleurs vives foncer sur lui. Et le monde explosa en une multitude de paillettes et de notes de musiques.


Pauvre Ad', à chaque fois qu'il essaye de s'envoler, il lui arrive un truc pas net. Je me demande à qui la faute... En tout cas j'espère que vous avez apprécié la lecture ^^.

Juste au cas où vous ne l'auriez pas compris, quand Yugo se fait pousser en avant par une force mystérieuse lors sa confrontation avec Jelly, il s'agit en fait d'un sort Roublard, appelé "Poussette", qui est très pratique pour attirer ses ennemis dans les bombes (J'adore ce sort ^^)

Un grand merci à Mr. Chat et a Lys 8375 pour leurs reviews, et à Suricateseen pour ses précieux conseils, ça m'a vraiment beaucoup aidé (J'ai essayé de reproduire la technique du "jardin japonais", dis-moi si je m'améliore). Encore une fois veuillez me pardonner toute les fautes d'orthographe que je laisse derrière quand j'écris, j'essaye d'en corriger le plus possible avant de publier, mais j'en saute parfois involontairement quelques unes.

Sinon Bonne Année à tous ! En retard, mais c'est pas grave ^^ (du moins j'espère ?)