C'était exactement comme au bon vieux temps. A l'époque où ils ne savaient pas comment se débarrasser d'un démon. A l'époque où la question la plus urgente c'était de savoir s'ils avaient assez de balle d'argent à disposition ? Et le sel, Sammy t'as pensé au sel ? Et Sammy répondait « C'est Sam. » avec une grimace insupportable.

C'était exactement comme au bon vieux temps mais avec quelque chose en plus qu faisait sourire Dean au volant de l'Impala, les yeux braqués sur le ruban d'asphalte qui s'étendait devant eux. C'était comme avant, le bonheur en plus.

A la place du mort, Sam, bien vivant écoutait quelque chose son téléphone coincé entre sa joue et son épaule, curieusement tordu pour noter des informations sur le bloc note qui traînait toujours dans le vide poche de la voiture.

« J'arrive aussi vite que possible ! » Dit il.

Dean risqua un coup d'œil vers son frère qui regardait l'écran du téléphone d'un air incrédule.

« Merde... » Murmura Sam.

« Un problème ? »

Le plus jeune le regarda comme s'il venait juste de se rappeler de sa présence.

« Je vais être papa. »

Dean eut un ricanement sarcastique. « Ça on est au courant Sammy... Tu sais l'histoire des abeilles et... »

« Non. Dean. Je vais être papa. Maintenant ! »

« Attends... quoi ? » Dean quitta de nouveau la route des yeux. « Mais c'est trop tôt ! »

Sam hocha la tête. « Accélère ! »

L'impala avait déjà battu ses records personnels de vitesse mais le temps qu'ils arrivent à l'hôpital, Dean était absolument persuadé qu'il lui faudrait changer chaque pneu et s'assurer que la transmission n'avait pas subi les conséquences de sa conduite. Sam n'avait pas ces préoccupations et même s'il tentait de marcher à une allure raisonnable, Dean devait trotter pour se maintenir à sa hauteur. Sam s'appuya au comptoir de l'accueil en se retenant à grand peine de taper dessus du plat de la main pour attirer l'attention de la standardiste.

« Je cherche Andy Davies. »

« Vous êtes de la famille ? »

« C'est ma... » Sam s'interrompit en se rendant compte qu'il n'avait pas réellement de mot pour désigner ce qui le rattachait à Andy.

« Elle vient d'accoucher et il pense que c'est lui le père. » Fit Dean en souriant à la femme qui considérait Sam d'un air dubitatif. Il pouvait presque physiquement sentir Sam rouler des yeux mais ne lâcha pas la femme du regard. Il lui fit un clin d'œil suggestif « Et vu qu'elle en est persuadé aussi, ça fait de lui l'heureux papa du jour. »

La femme semblait hésiter entre l'exaspération et le rougissement au grand amusement de Dean. Elle consulta son ordinateur et leur indiqua un étage vers lequel Sam se précipita avant même d'avoir entendu le numéro de la chambre.

Charlie et Castiel étaient déjà dans le couloir, en train d'expliquer le concept de bébé à Jude qui manifestement n'était pas très convaincue de l'utilité de la chose. Sam les salua d'un signe de tête et s'engouffra dans la chambre tandis que Dean s'agenouillait pour être à hauteur de sa fille perchée sur les genoux de Castiel.

« Papa, il dit que Sammy est un papa lui aussi. » Dit la petite en résumant assez bien ce qu'elle avait comprit des explications de son père.

« Il a raison. » Fit Dean en hochant la tête. « Tu as vu ton cousin ? »

« C'est quoi un cousin ? »

Dean interrogea Castiel du regard, celui ci haussa les épaules. « Je n'ai pas encore entamé le passage sur la généalogie. »

« Tu sais qu'elle n'a que trois ans ? » Intervint Charlie

« C'est quoi la gé...truc ? » Demanda encore Jude

« Ce qui explique que quand Sammy devient papa, toi tu as un cousin. » Expliqua Dean en prenant sa fille dans ses bras. Personne n'avait besoin de lire dans l'esprit de l'enfant pour se rendre compte qu'elle venait de classer la gé...truc et les cousins dans la catégorie des choses bizarres qui n'amusaient que les adultes. Ils entrèrent tout les quatre dans la chambre pour y trouver Andy tenant dans ses bras un petit paquet de langes, Sam perché à ses cotés sur le lit regardant l'enfant sans oser le toucher.

« Il est tellement petit. » Murmura -t-il en approchant une main du bébé à coté duquel elle paraissait gigantesque. L'enfant leva les bras et par réflexe s'agrippa à son doigt de toute la force de ses petites mains qui ne faisaient pas le tour de l'index de son père. Andy sourit.

« Le premier qui dit qu'il tient de sa mère, je le frappe. »

« T'as pas l'air assez vaillante pour ça. » Dit Dean en posant Jude par terre pour se pencher sur Andy et l'embrasser sur le front. La jeune femme était pâle et mal recoiffée.

« J'ai pas dit que je le ferai tout de suite. » Grimaça -t-elle. « On reparlera d'être vaillant quand tu auras eut une épisiotomie. »

« Ça a l'air désagréable. » Commenta Castiel.

« Comme son nom l'indique. » Fit Charlie en se perchant sur la petite table de la chambre.

« C'est quoi une épi... chose ? » Demanda Jude en tirant sur la manche de la blouse d'hôpital d'Andy. La jeune femme tendit les bras vers elle pour l'aider à grimper sur le lit, un œil sur la main de Sam qui soutenait le bébé entre ses genoux.

« Ça sert à faire sortir le bébé du ventre de la maman plus facilement. »

« Et ça fait mal ? »

« Un peu. » Dit Andy tandis que Jude regardait son ventre puis celui d'Andy en décidant intérieurement qu'avoir un bébé là dedans n'était pas une idée qui lui plaisait.

Dean sourit , adossé contre la fenêtre en regardant son frère qui n'avait manifestement plus la moindre notion de tout ce qui n'était pas lui, Andy ou leur progéniture. On aurait dit un lot de poupées russes, Le bébé disparaissant dans les bras d'Andy elle même complètement entourée par la masse de Sam.

« Comment allez vous l'appeler ? » Demanda Castiel doucement.

Andy et Sam se regardèrent en souriant. « Jack. » Répondirent ils en même temps comme si le nom seul recelait un secret qu'ils étaient seuls à détenir.

Tout le long du chemin de retour vers la ferme, Jude babilla à propos du bébé et Castiel souriait sur le siège passager.

ùù*ù*ù*ù*ù

Sam n'avait pas voulut quitter Andy et Jack à la fin de la journée et on lui avait installé un lit de camp trop petit pour lui à coté de celui d'Andy. Elle s'endormait régulièrement et Sam lui prenait maladroitement l'enfant des bras. Ils n'avaient pas allumé la télévision, quasiment pas parlé, ils regardaient la toute petite vie respirer entre leurs bras comme s'ils n'allaient jamais s'en lasser.

« Ça ne s'arrêtera jamais alors... » Dit Andy en ouvrant des yeux fatigués.

« Quoi donc ? »

« Avoir peur. »

Sam haussa les sourcils, perplexe.

« J'avais peur avant... » Dit encore Andy en se redressant dans le lit. « J'avais peur des démons, peur de toi, peur pour toi, peur de ce qui pourrait arriver... et je croyais que c'était finit. »

« C'est finit » Dit Sam. « Il n'y a plus ni démons ni enfer... »

« Je sais... Mais maintenant, je vais avoir peur pour lui. Tout les jours, pour le restant de ma vie. » Dit elle en désignant l'enfant du menton. Sam resserra sa prise sur son fils.

« Au moins, c'est une peur normale. » Dit il doucement. Andy hocha la tête, ses cheveux bruissant contre l'oreiller, et se rendormit.

Sam continua à les regarder dormir tout les deux plusieurs heures durant jusqu'à ce que bébé Jack se mette à pleurer, réclamant sa tétée. Il réalisa qu'il avait peur lui aussi, mais pas la peur à laquelle il s'était habitué au fil des ans.

Rien ne viendrait détruire cette chambre, aucun feu surnaturel ne viendrait lui prendre la femme qu'il aimait ni son enfant. Aucun monstre ne les approcherait (ou si l'un d'eux essayait, Sam serait là pour l'empêcher de leur faire du mal). L'Enfer ne les menacerait jamais. Et il avait peur quand même. Peur pour le tout petit humain qu'il tenait dans ses bras et qu'un seul faux mouvement pouvait tuer. Peur de l'avenir, de toutes ces choses normales qu'il allait devoir faire et auxquelles il n'était pas habitué.

Rien ne l'avait préparé à une vie presque normale, et cet inconnu était plus terrifiant que de marcher seul la nuit sur les traces d'un loup garou ou d'un esprit. Rien de ce qu'il devrait affronter dans les années à venir ne pourrait être vaincu avec une arme quelconque.

« Hé... Tu recommences ! » Fit Andy à peine assez fort pour couvrir les bruits de succion de Jack contre son sein.

« Je recommence quoi ? »

« Tu as cet air... comme quand tu réfléchis trop. »

Sam sourit et se leva de son lit pour s'allonger à coté d'Andy. Il était trop grand pour qu'ils y tiennent confortablement mais elle se nicha contre lui, l'enfant contre sa poitrine et posa sa tête contre le cœur de Sam, là ou sous le t shirt se trouvait le tatouage anti possession désormais inutile. Il passa un bas autour de son cou, ça devenait un réflexe, son poignet reposait exactement à l'endroit où le pendentif d'Andy pouvait venir se loger dans l'étoile de son bracelet.

Ils restèrent ainsi jusqu'à ce que Jack, repus se soit rendormi. Jusqu'à ce que la position devienne inconfortable puis douloureuse, et encore longtemps après.

ùù*ù*ù*ù*ù*ù*ù*

« Google ? »

Charlie hocha la tête fièrement. « Apparemment, les bons éléments sont assez rares pour qu'ils acceptent ma candidature à n'importe quel prix. »

Sam et Dean avaient des sourires fiers comme si c'était eux qui avaient obtenu le poste.

« Alors, plus de femme de lettre ? » Demanda Sam gentiment.

« Bien sur que si ! Si tu crois que tu t'en sortirais tout seul tu te plantes Sammy ! » Répondit elle en lui donnant un coup sur le bras.

« C'est Sam ! » Rectifia-t-il par habitude.

Charlie sourit et leva son verre pour que les deux autres puissent trinquer avec elle. « Et vous ? Pas de retraite prévue pour pouponner ? »

Dean secoua la tête. « On sait pas faire autre chose que décapiter des grosses bêtes nous. On garde le business familial. En plus, c'est devenu beaucoup plus cool ces derniers temps. »

Sam hocha la tête. « Tu ne veux vraiment plus te joindre à nous ? » Demanda-t-il à son amie.

Charlie secoua la tête. « Non merci. J'ai eut ma dose d'aventure pour la vie et puis... »

Dean la regarda sourire et leva de nouveau sa bière. « Tu as d'autres aventures maintenant. » Dit il faisant clairement référence à Jo. Charlie hocha la tête en souriant aussi.

« C'est bizarre hein ? »

« Bizarre ? Gamine, le père de ma fille est un ange qui a déchu deux fois. Et un jour, Sammy ici présent devra expliquer à son fils qu'il a rencontré sa mère à propos d'une histoire de démon et qu'elle lui a fait détruire les enfers... une petite amie morte que tu vois dans tes rêves, crois moi c'est quasiment normal chez les Winchester. »

Charlie sourit.

C'était une famille très étrange qu'ils s'étaient constituée, et elle doutait que l'étrange cesse de leur coller à la peau. Ils traîneraient leur affiliation au surnaturel jusqu'à leur mort, et probablement Jude et Jack après eux.

Mais désormais, ce n'était plus si terrifiant. Bien sur les enfants sauraient très tôt que les monstres sous leur lit étaient réels, que les bêtes tapies dans le noir n'étaient pas que des légendes. Mais personne n'était mieux placé que les Winchester pour leur assurer que tout les monstres peuvent être détruits, et que la route n'est pas toujours si caillouteuse qu'il y paraît pour peu qu'on ait les bon compagnons de voyage.

ùù*ù*ù*ù*ù*ù*ù*ù*ù*ù

Dean s'approcha dans le dos de Castiel et posa son menton sur l'épaule de son amant pour avoir le même point de vue que lui sur ses mains qui fendaient délicatement la tige d'une plante.

« C'est beaucoup plus difficile sans ma grâce. » Dit Castiel pensivement en approchant une autre tige de la première avant de les lier ensemble avec un fil de soie. « Tout est plus difficile maintenant. »

Dean ne savait pas quoi répondre, il prit le parti d'enrouler ses bras autour de la taille de Castiel et demanda si la plante était pour Jack ? L'autre hocha la tête.

« Un arbre ? »

« C'est trop difficile de créer des fleurs désormais. » Dit Castiel doucement. « Et puis je crois qu'il n'aimera pas les fleurs. Même Jude ne les aime pas. »

« C'est parce qu'elle est allergique au pollen. » Dit Dean doucement.

Castiel sourit et se retourna dans les bras du chasseur, prit son visage entre ses mains terreuses et l'embrassa doucement.

« Tu sais que je serai là quand les choses seront trop dures n'est ce pas ? » Fit Dean en serrant ses hanches entre ses mains. Castiel hocha la tête.

« Tu n'avais pas la transmission de ta voiture à vérifier ? »

« Tu me repousses ? » S'amusa le chasseur.

« J'ai une plante à rempoter ! » Dean leva les yeux au ciel en soupirant et Castiel en profita pour lui poser un baiser rapide dans le cou. « Mais ensuite ce sera avec plaisir que je viendrai t'apporter une aide contestable pour les réparations de ta voiture. »

C'était le matin d'une journée magnifique. Ils partageaient la certitude que toutes les journées à venir seraient parfaites. Même quand le temps serait gris ou en pleine tempête, même quand la chasse les laisserait épuisés et blessés, même quand la mort leur collerait aux trousses, ils avaient la certitude que leur vie serait heureuse à défaut d'être paisible.

Même quand Jude grandirait, même quand les temps deviendraient durs, tout irait bien puisque désormais plus rien ne pouvait les séparer, même pas le temps.

Plus tard ce jour là, le soleil les trouva, assis cote à cote sur le capot de la voiture chérie de Dean à regarder Jude courir après un papillon. Et Castiel se fit la réflexion que chaque minute qui passait lui faisait vivre une chose qu'il n'avait pas connue jusqu'ici.

« A quoi tu penses ? » demanda Dean.

« J'étais en train de me dire que... aussi terrifiant que ça puisse paraître, je vais adorer vieillir à tes cotés. »

« On finira par être vieux et par plus se supporter, et ensuite on mourra. » Dit Dean abruptement. « Je vois pas ce que tu trouves à adorer la dedans. »

Castiel sourit et lui prit la main, la faisant reposer sur son genou plutôt que sur le capot surchauffé de la voiture.

« Mourir a tes cotés sera un privilège Dean Winchester. Même si tu deviens un vieil humain grognon. »

Dean eut un petit mouvement de tête à la fois gêné et perplexe. « Tu es ridicule. »

« Je sais. »

Jude s'était arrêtée de courir et piaillait en désignant du doigt un nuage de poussière précédé d'un bruit de moteur annonçant l'arrivée de Sam, Andy et Charlie. Et petit Jack. Dans sa tête, Dean n'arrivait pas à l'appeler autrement que Petit Jack et il sentait que le surnom lui resterait, même si le gamin s'avérait un jour plus grand que son père. Castiel posa les pieds par terre et fit mine de se lever mais Dean le retint par la manche, son amant se retourna en haussant les sourcils et le chasseur se redressa pour l'embrasser avant que la voiture de son frère s'arrête près d'eux.

« Mourir avec toi d'accord, mais le plus tard possible. »

Castiel hocha la tête et pressa ses doigts contre les siens.

« Bien sur. »

ùù*ù*ù*ù*ù*ù*ù*

Les pleurs de petit Jack les avaient tous réveillés plusieurs fois dans la nuit, dérangeant même Jude au fin fond de son sommeil de plomb avant qu'Andy n'arrive à se lever pour le faire téter. Quand l'aube coïncida avec un énième hurlement du gamin, Dean ouvrit des yeux fatigués et sourit. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas ressenti la fatigue.

Il se souvenait de mois, d'années entière où le repos était un luxe qu'il ne pouvait pas se permettre. Il se souvenait presque avoir oublié ce que cela faisait de ne pas se sentir à bout de force ou épuisé. C'était loin tout ça. Il cligna des yeux et tourna la tête pour regarder Castiel à la lumière claire de l'aube qui filtrait par les persiennes de leurs volets mi clos. Sa main cherchait déjà celle de son amant sous l'oreiller et Castiel enroula instinctivement ses doigts autour des siens comme Jack le faisait encore à chaque fois que quelque chose passait à sa portée. Le réflexe disparaîtrait chez son neveu, mais sans doute pas chez son amant, et Dean en était secrètement ravi.

« Qu'est ce qui te fait sourire comme ça ? » Demanda Castiel d'une voix enrouée en se frottant le visage de sa main libre.

« Je viens de réaliser un truc. » Dit Dean doucement en se tournant sur le coté. Il se recala plus bas sous l'oreiller pour ne pas avoir le soleil dans les yeux. Castiel le regarda patiemment en attendant qu'il poursuive sa pensée. Ils entendaient Sam et Andy parler dans la chambre à coté sans pouvoir distinguer les mots jusqu'à ce qu'ils sortent dans le couloir, Andy portant Jack dans ses bras. Ils les virent passer par la porte entrebâillée et eurent juste le temps de voir Sam amorcer le mouvement de poser sa main sur la hanche de la jeune femme.

« A la seconde où tu cesseras d'allaiter, je suis de corvée biberon jusqu'à la fin... » Entendirent ils avant que le bruit de leurs pas dans l'escalier ne couvre le son de sa voix. Dean grogna et se cacha le visage dans l'oreiller.

« J'ai jamais rien entendu de plus perturbant que mon petit frère parlant d'allaitement... sérieusement qui emploie ce mot ? »

Castiel haussa les épaules et se tourna sur le coté pour lui faire face, leurs mains toujours jointes entre leurs oreillers.

« Tu disais avoir réalisé quelque chose ? »

Dean cligna lentement des yeux.

« Je suis heureux. » Dit il doucement.

Castiel resta silencieux jusqu'à ce que le chasseur ouvre les yeux. De sa main libre il caressa la joue de son amant.

« Et qu'est ce que ça te fait ? »

« Du bien. » répondit Dean. « Ça fait beaucoup de bien. » Il s'approcha de Castiel pour l'embrasser doucement.

Le temps qu'ils se lèvent et s'habillent, ils trouvèrent Sam et Andy endormis l'un contre l'autre dans le canapé et Charlie qui tenait Jack sur ses genoux en parcourant un journal sur sa tablette, une tasse de thé fumant à coté d'elle tandis que Jude s'attaquait à un bol de céréales dont elle ne détourna pas son attention quand ses parents entrèrent dans la pièce.

Castiel leur versa du café à tout deux et Dean s'installa à coté de Charlie pour lire les gros titres par dessus son épaule.

« Tout va comme tu veux Batman ? » Chuchota la jeune femme qui bougeait doucement les genou pour bercer le bébé.

Dean promena son regard sur la pièce. Un vrai salon confortable dans une vraie grande maison à lui. Peuplée des gens qu'il aimait. Castiel en train de placer une serviette dans le col du pyjama de Jude qui babillait en sourdine une histoire de reine des abeilles. Charlie qui le considérait d'un air curieux et surtout Sam.

Sam qu'il avait protégé jusqu'ici autant qu'il l'avait pu, qui s'était sacrifié pour lui aussi souvent que l'inverse avait été vrai. Sam qui pensait encore quelques années auparavant qu'il n'aurait jamais la vie à laquelle il aspirait. Qu'il ne serait jamais digne d'être un héros, digne d'être sauvé, digne de quoi que ce soit.

Sam qui dormait étendu sur son canapé, un bras passé autour d'Andy, roulée en boule contre son torse. D'où il était, Dean ne pouvait que deviner le sourire satisfait de la jeune femme mais il savait qu'il était là. Il ne la quittait jamais. Même épuisée, même de mauvaise humeur et en manque de café, une chose perdurait chez Andy : elle voyait Sam et ce sourire ridicule lui revenait.

Il se demanda un instant si elle se rendait compte à quel point son amour avait sauvé Sam de lui même, à quel point être son héros était important pour lui ? Puis il secoua la tête en se disant que ça n'avait pas d'importance au fond, la seule chose qui comptait c'était qu'ils soient heureux. Et ils l'étaient. Tous.

« Je suis pas Batman. » Dit il finalement en tournant sa tasse entre ses doigts. « Moi j'ai une famille. »

Le sourire de Charlie était immense. Au bout de la table, Castiel leva les yeux vers lui et lui fit lentement un clin d'œil. Dean lui sourit, il avait tout ce qu'il lui fallait désormais. Les gens qu'il aimait autour de lui, sa voiture pleine de ses vieilles cassettes, et peut être la route devant lui en chemin vers un autre cas.

Il se repencha sur la tablette de son amie.

« Alors jeune fille, tu nous as trouvé du boulot ? »