Posté le : 11 Août 2014. Je sais, j'ai honte. Si honte... Près d'un an pour écrire une fic aussi courte. Pourtant, elle est loin d'être simple à bien des égards. Je suis très heureuse d'avoir pu mener ce projet à bien. Au départ, je voulais écrire cet épilogue en deux parties, où j'aurais notamment parlé de comment Regulus aurait interverti les médaillons. En fin de compte, je n'y arrivais pas. Je trouvais ça insoutenable, du coup j'ai zappé cette partie parce que ça me faisait juste mal au coeur d'imaginer quelqu'un qui disparaîtrait sans laisser de trace. Bref, du coup, voilà la seconde moitié de l'épilogue. Je ne la vois pas autrement et j'espère que vous ne serez pas déçus, surtout après avoir attendu aussi longtemps... Cheers !
L'ombre d'Azkaban
(épilogue)
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Barty était dans sa cellule d'Azkaban depuis maintenant une éternité. Une éternité à entendre le souffle constant des détraqueurs qui s'alimentaient de sa culpabilité, de ses souvenirs heureux et de sa peur. Il grelottait de froid sous sa couverture élimée par le temps et les mites qui la rongeait. Mais la privation, ce goût de sel dans la bouche, la saleté... Tout cela n'était rien comparé aux rires hystériques provenant de la cellule voisine. Bellatrix ne cessait d'hurler, de cogner contre les murs et de se parler seule. Cependant, malgré sa folie latente, les détraqueurs ne semblaient avoir aucun impact sur elle. Pourtant, ils avaient essayé, oh que oui qu'ils avaient essayé.
Tout cela ne pouvait être qu'un cauchemar. C'était impossible que lui, Barty, l'un des sorciers les plus brillants de sa génération, ait pu atterrir en prison aussi facilement. Où était passé leur maître ? Avait-il réellement été vaincu ? Non, non, non... Les choses n'avaient pas pu se dérouler ainsi. Où était Regulus ? Pourquoi Regulus n'avait pas été repéré depuis si longtemps ? Pourquoi personne n'avait l'air de savoir où il était passé ? Le Seigneur des Ténèbres l'avait insulté de traître, de lâche. Mais lui, Barty, savait que c'était impossible. Regulus ne serait jamais parti sans laisser d'explication. Regulus était son ami – son meilleur ami – jamais il n'aurait décidé de faire quoique ce soit sans lui en parler !
Où était Regulus ? Pourquoi personne ne lui disait jamais rien ? Pourquoi est-ce qu'il ne venait pas lui rendre visite en prison ? Que s'était-il produit pour que Regulus ne le rejoigne pas cette nuit-là ? Il était comme son frère. On n'abandonnait pas sa famille.
Barty continua de se balancer dans un coin de sa cellule, la tête entre les mains. C'était un cauchemar, voilà tout. Il commença à rire. Oui, juste un cauchemar. Bientôt, il se réveillerait dans son lit de la tour Serdaigle, enfilerait son uniforme et rejoindrait son meilleur ami près de la Grande Salle. Les choses se dérouleront parfaitement bien, cette fois. Ce n'était que partie remise. Il était inconcevable que sa vie se termine là, sans avoir revu Regulus une toute dernière fois.
Le vent s'engouffra dans sa cellule sans avoir été invité. Barty trembla. Cet endroit était horrible, pire que tout ce que les rumeurs avaient jusqu'alors rapporté. Il lui avait fallu moins d'un mois pour entendre des voix. Des voix qui n'existaient pas. Des voix de gens qui hantaient encore ces lieux, attendant patiemment leur revanche. Des voix de personnes qui se mutilaient. Des voix qui... qui ressemblait curieusement à la sienne. Puis Barty s'aperçut que c'était lui qui pleurait, criait, implorait. Il se roulait en boule, ne disait plus rien. Suppliait Regulus de venir le chercher, parce qu'il savait – au plus profond de lui – que personne d'autre ne pourrait le sauver.
– Black ! rugit la voix rocailleuse de Dolohov. Black !
Barty ouvrit les yeux, ahuri. Il se leva précipitament, oubliant même sa fragilité dû à sa fulgurante perte de poids. Les prisonniers d'Azkaban tapaient contre leurs barreaux, fustigeaient le nouveau résident de cette tour imprenable, crachaient sur son passage. Barty regardait un peu partout, espérant l'apercevoir. Il y eut la joie mêlée à une profonde déception. Les détraqueurs le conduisirent à une cellule proche de la sienne, si bien que Barty eut le temps de le voir.
Pendant un instant, sa bouche se fendit en un sourire, pensant apercevoir Regulus. Mais ce n'était pas lui, pas lui, pas lui bordel ! C'était son frère, Sirius. Qu'est-ce que Sirius foutait ici ?
– Où est Regulus ! cria Barty. Regulus ! Dis-moi où il est !
Barty ne sut s'il l'ignorait ou si le brouhaha des autres prisonniers l'avait empêché d'entendre quoi que ce soit. Sirius fut enfermé au bout du couloir, hors de sa vue.
– REGULUS ! OÙ EST REGULUS ?
Et le vent lui répondit, en un souffle glacé, amer.
Ooo
Les jours suivants, Barty tenta plusieurs fois d'attirer l'attention de Sirius en criant son nom. Mais jamais il ne répondit. Pas même le jour où il l'implora, en sanglotant, de lui dire ce qui était arrivé à son frère. Peut-être que ce n'était pas la prison qui l'affectait plus que les autres. Peut-être était-ce simplement le fait de ne pas savoir, de se sentir comme démuni et tenu dans l'ignorance la plus totale. Dans sa tête, Barty passait sans relâche les derniers moments qu'il avait passés avec son meilleur ami, afin de trouver le moindre détail qui aurait pu lui échapper. Mais rien. Il n'y avait strictement rien qui puisse lui indiquer où se trouvait Regulus à présent.
Cette nuit-là, il était chez lui et personne ne l'avait vu sortir. Même ses parents, pourtant dans la même maison, n'avaient pu dire où il était passé. Alors quoi ? Regulus n'avait jamais existé ? était-il le fruit de son imagination ? Peut-être que lui-même n'existait pas... La peur au ventre, Barty se redressa et essaya de voir un bout de ciel à travers la meurtrière de sa cellule. La mer était grise comme l'acier. De là où il était, elle ne semblait pas avoir de fin. Fin... Fin... Faim. Barty mourrait de faim. Il ne pourrait sans doute pas tenir très longtemps ici. Pas seul. Pas sans Regulus. En fait, il n'avait strictement aucune idée du temps qu'il avait passé à Azkaban. Un mois ? Un an ? Un siècle ? Le temps n'avait aucun droit entre ces murs. Juste la folie et la solitude.
– Barty...
– Non, vous n'existez pas, geignit le concerné sans détacher son regard du mur. Personne n'existe à part moi.
– Barty, répéta une voix faible et féminine. Mon chéri, regarde-moi.
C'était sa mère. Elle semblait avoir considérablement vieilli. Non, ça ne pouvait pas être elle. Elle devait être loin de tout ça, loin de l'horreur. Pourquoi était-elle là ? Que se passait-il ? Sa mère le serra dans ses bras, comme si c'était sans doute la dernière chose qu'elle ferait au cours de sa vie.
– Nous n'avons pas beaucoup de temps, murmura son père les lèvres extrêmement pincées.
S'il n'avait pas pris la parole, Barty ne l'aurait sans doute jamais remarqué.
– Où est Regulus ? demanda-t-il. Pourquoi n'est-il pas venu avec vous ?
– Nous n'avons plus aucune nouvelle de lui, formula sa mère. Ses parents n'ont plus eu aucun signe de vie de lui depuis des mois.
C'était comme s'infliger une terrible blessure. Non, non, non, il ne pouvait pas avoir disparu. C'était strictement impossible. Regulus ne se défilerait jamais devant ses responsabilités. Il s'était produit quelque chose. Quelque chose de grave.
– Qu'est-ce que vous faites là ?
– Nous allons te sortir d'ici mon chéri, chuchota sa mère en caressant ses cheveux blonds.
Alors, ses parents lui expliquèrent leur plan. Barty aurait voulu rire, dans d'autres circonstances. Son père, ancien directeur du département de la justice, enfreindre une des lois fondamentales du code sorcier ? Cela ne pouvait être possible. Pourquoi ferait-il ça pour lui, un enfant qu'il n'avait jamais désiré avoir ? Barty voulait s'en aller, c'est vrai. Mais le prix à payer était bien trop lourd.
– Je suis mourante, Barty, continua sa mère. Si je dois partir, je veux que mon dernier geste serve à réparer cette odieuse erreur.
Il avait les yeux écarquillés.
Elle ne le croyait pas partisan du Seigneur des Ténèbres. Sa mère était convaincue en son for intérieur que son fils unique adoré n'avait été que le bouc-émissaire d'une terrible machination. Barty aurait voulu lui cracher à la figure la vérité. Mais quel genre de fils cruel enfoncerait sa propre mère dans la tombe ? Pas lui.
Ils s'arrachèrent chacun un de leur cheveu blond comme les blés pour le déposer dans leur fiole de Polynectar. La potion de sa mère avait le goût de fruits des bois. Une fois métamorphosé, Barty était certain de trois choses : 1. Il ne pourrait faire marche arrière. 2. Il tenterait de venger Regulus. 3. Sa mère était la seule personne sur cette terre à véritablement l'aimer.
Il la serra dans ses bras, débordant d'émotions. Son père le tira hors de sa cellule et ils furent patrouiller par un détraqueur. Ils passèrent devant la cellule de Sirius Black. Celui-ci était pressé contre les barreaux et le dévisageait. Barty titubait et son père devait à présent le soutenir pour progresser. Depuis combien de temps n'avait-il pas marché ? Ils descendirent d'innombrables escaliers et l'odeur de l'océan était d'autant plus persistante. La mer était là, bien en vue, réelle. Barty éclata en sanglots tandis que son père le poussait presque dans l'étroite embarcation.
L'ombre d'Azkaban semblait de moins en moins menaçante. Barty essaya de deviner à quel endroit était sa cellule. Il ne le saurait sans doute jamais. Il avait lâchement laissé sa mère prendre sa place. Elle serait enterrée dans la fosse commune sans aucun mot, aucune dignité. Elle ne méritait pas ça... Tout à coup, ses pensées s'embrouillèrent. Barty n'arrivait plus à réfléchir par lui-même. Il fit volte-face. Son père avait sa baguette pointée dans sa direction. Il venait de lui lancer un Imperium. Pourquoi ? Pourquoi avait-il fait ça ?
– Je ne te laisserais pas gâcher le sacrifice de ta mère sottement, tu m'entends ?
Barty fut forcé d'acquiescer.
– À partir de maintenant, tu m'obéiras. Tu ne sortiras plus de la maison. Tu n'iras pas rejoindre tes amis dehors.
Barty tenta de combattre le maléfice pour prononcer le nom de Regulus. Mais il n'y parvint pas. La barque s'arrêta contre le rivage, son père empoigna son bras et ils transplanèrent. La maison n'avait pas changé. Tout était à sa place.
– Winky ! aboya Bartemius Croupton Sr.
La petite elfe apparut. Elle fixa Barty de ses énormes yeux tandis que le Polynectar cessait de faire effet. Il reprenait sa silhouette, ses formes, ses traits. Il était juste planté là, dans le living-room, affublé des vêtements de sa mère.
– Winky, à partir de maintenant tu veilleras à ce que Barty ne quitte jamais cette maison. Tu lui apporteras de la nourriture et le suivras dans chacun de ses faits et gestes. Personne ne doit savoir qu'il est là. C'est compris ?
L'elfe de maison hocha vigoureusement de la tête, partagée entre la joie et la terreur.
– Et madame ? Où est madame ?
Mr Croupton ne répondit rien. Il sortit de sa penderie une cape d'invisibilité et la jeta sur son fils.
– À partir de maintenant, tu n'existes plus.
Et le néant fondit sur lui.