Bonjour à tous les fans de Hakuouki (ou pas) qui se sont risqué à cliquer sur le lien de cette fic... *effet orage en fond sonore et porte qui grince* Vous passez un matin/après-midi/soir (cochez la réponse qui convient) maussade ? Le énième pensionnaire de votre petite collection de cafards sous le lavabo de la salle de bain est mort et vous venez de l'enterrer dignement dans le jardin dans une boîte d'allumettes ? Bref, vous voulez vous remettre le moral à niveau ? J'espère de tout cœur que cette fanfic vous fera rire ou du moins sourire, mais je ne garantis rien. Bon, je vous lâche. Bonne lecture ! :)


Le jour J...

Matin : Réveil en fanfare & premières inquiétudes

Shinpachi se retourna sous ses couvertures, grimaça sous la douleur cuisante qui lui martelait le crâne et enfonça un peu plus sa tête sous l'oreiller. Il ne fallait pas, SURTOUT PAS que la lumière naissante du petit matin qui commençait à transparaître derrière le shôji atteigne ses yeux, ou il sentait que ses neurones allaient rendre l'âme les uns après les autres, grillés par le soleil.

Par les dieux, qu'est-ce que j'ai bien pu faire hier soir pour me taper une gueule de bois pareille ?

La réponse était pourtant évidente, comme chaque matin où il se retrouvait dans ce cas : la veille, il était allé traîner au quartier rouge de Kyoto avec les deux autres membres de l'inséparable trio infernal du Shinsengumi. Sans la permission d'Hijikata, évidemment. Il avait intérêt à trouver une sacrée bonne excuse pour justifier ses céphalées, autrement il aurait le vice-capitaine démoniaque sur le dos toute la journée.

Près de lui, un ronflement écorcha ses oreilles encore sensibles. Il risqua un œil prudent en-dehors du coussin et aperçut avec stupéfaction Sano qui, la tête appuyé sur lui comme sur un oreiller, ronflait comme un bienheureux. Shinpachi eut un sourire carnassier et la figure endormie de son frère d'arme laissa libre court à son imagination :

Super, on est seuls tous les deux... Avec un peu de chance, il reste un peu de temps avant que tout le monde se réveille et on pourra s'amuser un peu...

Alors que des images plus déplacées les unes que les autres défilaient dans son esprit décidément bien chamboulé par la boisson, Shinpachi entendit un deuxième ronflement superposé à celui de Sano, tourna la tête et vit Heisuke couché un peu plus loin, agrippé à la couverture de Shinpachi comme à un doudou.

Qu'est-ce qu'il fiche là, celui-là ?! Si seulement il était retourné dans sa chambre hier soir, j'aurais pu...

C'est alors que la porte du shôji s'ouvrit avec brutalité et Okita déboula dans la chambre, l'air paniqué, avant de hurler :

─ BRANLE BAS D'COMBAAAAT !

La lumière qui désormais n'avait plus d'obstacle pour entrer dans la pièce éclaboussa les murs de sa douce lueur, mettant au supplice le pauvre Shinpachi qui se mit les mains sur la figure.

─ Ma tête, ma tête, aah, ma pauvre tête ! gémit-il pitoyablement en se tenant la tête à deux mains. On aurait dit qu'il était en train d'agoniser dans la plus grande des souffrances.

Réveillés, Sano se redressa en cachant un bâillement derrière sa main et Heisuke se frotta les yeux, un filet de bave coulant au coin des lèvres. Okita entra dans leur chambre après avoir regardé autour de lui d'un air suspicieux et referma la porte.

─ Vous savez quel jour nous sommes, « aujourd'hui » ?

Le lancier réfléchit un moment avant de réaliser et de prendre un air approchant celui d'Okita : la panique, la panique pure.

─ Non... Tu ne veux pas dire que...

─ Si, dit-il d'un ton grave en hochant lentement la tête pour renforcer le côté dramatique. C'est « aujourd'hui ».

─ Oh non ! fit Heisuke en se frappant le front. J'ai complètement zappé cette date dans le calendrier !

─ Ce qui veut dire que tu n'as rien préparé pour « aujourd'hui » ? Rien du tout ?

Heisuke secoua la tête négativement et ils se regardèrent, inquiets.

─ Réunion chez Kondo-san, fit Okita avant de sortir.

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Les capitaines de division s'installaient en tailleur dans le bureau réservé au capitaine du Shinsengumi tout en parlant entre eux à voix basse. Un mot revenait sans cesse dans leurs conversations : « aujourd'hui ». Kondo, assis face à eux, finit par prendre la parole :

─ Je pense que vous savez tous ce qu'il se passe, « aujourd'hui », et...

─ Non, moi je ne sais pas !

Tous les regards se tournèrent vers l'origine de la petite voix fluette qui avait interrompu le capitaine, une jeune fille habillée en garçon qui rougit brusquement et rentra la tête dans les épaules, gênée d'être devenue le centre de l'attention.

─ Tu n'es pas au courant, Yukimura-kun ? demanda Kondo. Quelqu'un peut-il lui expliquer ?

Okita, qui était assis à côté d'elle, leva la main.

─ Je vais le faire, Kondo-san ! (puis, se tournant vers Chizuru :) C'est très simple : en fait, « aujourd'hui », c'est...

Au fur et à mesure qu'il lui parlait, les yeux de la jeune fille s'agrandirent pour finir ronds comme des billes lorsqu'elle réalisa l'ampleur de l'évènement à venir.

─ Bien ! Maintenant que tout le monde est au courant, je reprends. J'espère que chacun d'entre vous à déjà tout préparé pour « aujourd'hui »... n'est-ce pas Todô, Nagakura et Harada ? fit-il en voyant les trois comparses échanger des regards inquiets.

─ Mais bien sûr ! T...Tout est déjà prêt depuis plusieurs jours, mentit Heisuke avec un sourire forcé.

─ Bien. Je vous rappelle qu'il ne doit absolument s'apercevoir de rien, et le moindre doute pourrait lui faire tout découvrir, c'est clair ?

─ Chef, oui chef !

─ Je m'occuperai de le distraire mais je ne pourrais pas tout le temps rester avec lui. Ce sera à vous de prendre vos précautions !

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En sortant du bureau de Kondo, Heisuke lâcha un soupir désespéré.

─ Je suis fichu...

Shinpachi hocha la tête avec fatalité.

─ Cette fois, c'est fichu, Hijikata-san va nous obliger à nous faire seppuku devant la totalité du Shinsengumi.

─ « Nous » ? Toi non plus tu n'as rien prévu Shinpat-san ?

─ Quoi ? Euh... si, bien sûr, je voulais dire : « va t'obliger à te faire seppuku », rectifia le guerrier avec un sourire forcé. Quel dommage, tu n'auras pas vécu très longtemps, mon petit...

─ « Petit » ?! se hérissa Heisuke.

Il voulut se jeter sur lui mais le guerrier aux yeux bleus l'arrêta en posant sa large sur sa tête, le tenant éloigné de lui en ricanant. Sanosuke sépara les adversaires.

─ Restez un peu sérieux ! Il faut trouver quelque chose, ou ce soir nous sommes fichus...

─ « Nous » ? Toi aussi Sano-san ?

─ Hein ? J'ai dit « nous » ? Excuse-moi, ma langue a fourché, je voulais dire « tu es fichu », bien sûr.

─ Mouais... fit Heisuke, pas très convaincu.

Les trois se regardèrent avec le même sourire crispé alors qu'ils sentaient de grosses gouttes de sueur couler le long de leurs tempes. Okita qui passait à côté d'eux remarqua leur malaise et ne manqua pas de le leur faire remarquer avec un sourire sournois :

─ Shinpat-san, Sano-san, Heisuke-kun, vous n'avez pas l'air très à l'aise...

─ Hum- Mais non, tout va bien ! Et toi ?

─ Je suis tranquille ! J'ai tout prévu depuis des semaines. Une occasion pareille, c'est à ne pas manquer ! Je peux dormir sur mes deux oreilles, il me reste juste une petite chose à régler. J'imagine que toi aussi, Saito-san ? lança-t-il au guerrier taciturne qui passait justement à côté de lui.

─ Evidemment, répondit simplement celui-ci en s'éloignant.

Heisuke remarqua Chizuru qui sortait du bureau de Kondo, l'air plongée dans ses pensées, et lui demanda :

─ Ça va aller, Chizuru-chan, tu vas t'en sortir ?

─ Oui ! Je n'étais pas au courant, du coup je n'ai rien préparé, mais j'ai déjà quelques idées... Mais pour cela, j'ai besoin d'aller en ville et je n'ai pas le droit de sortir seule du QG. Est-ce que ce serait trop que de vous demander de m'accompagner en ville ?

─ Tiens, tu n'as qu'à y aller avec elle, Heisuke, puisque toi non plus tu n'as rien ! fit Shinpachi en poussant son jeune compagnon d'arme vers la jeune fille.

Heisuke lui jeta un regard noir puis, soudainement intimidé, il demanda à Chizuru tout sourire :

─ Euh... On y va quand tu veux.

Un même sourire satisfait sur leurs lèvres, Shinpachi et Sanosuke les regardèrent s'éloigner l'un à côté de l'autre.

─ Et voilà ! Une bonne chose de faite, dit Shinpachi en se frottant les mains. Maintenant, suivons discrètement ce petit couple et voyons si Heisuke a de la suite dans les idées ou non.

─ Et en même temps, ce serait peut-être bien de chercher quelque chose pour ce soir, histoire de ne pas se faire engueuler comme l'année dernière... ajouta Sano en soupirant.

Alors que le plus jeune des Loups de Mibu et la pseudo-prisonnière du Shinsengumi commençaient à s'éloigner dans les ruelles de Kyoto, ils ne remarquèrent pas les deux samouraïs qui les suivaient à une dizaine de mètres de distance, mais ils ne virent pas non plus Okita qui, lui, se dirigeait non pas vers les rues marchandes mais vers l'auberge où logeaient actuellement Kazama, Amagiri et Shiranui, les ennemis du Shinsengumi...

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Seul dans sa chambre, Saito s'agenouilla sur le tatami, une écharpe blanche dans les mains. L'habituelle froideur du capitaine de troisième division était à cet instant remplacée par une lueur d'incertitude dans ses yeux, ainsi qu'une légère rougeur sur ses joues. C'était l'écharpe qu'il tenait qui était responsable de son trouble, ou plutôt celui qui la lui avait donnée. Le souvenir du jour où il avait porté l'étoffe blanche pour la première fois était gravé dans sa mémoire, aussi frais que la neige qui tombait ce jour-là malgré le temps qui séparait ce souvenir du présent. Il ferma les yeux.

Les trois samouraïs membres du clan Choshu qui avaient attaqué un honnête marchand quelques instants auparavant couraient devant eux, sabre à la main. Ils n'hésiteraient pas à les attaquer s'ils y étaient obligés, mais pour l'heure ils fuyaient comme des rats, exaspérant Saito qui en avait assez de courir. La neige fraîche qui recouvrait la rue tel un manteau blanc le ralentissait tout comme elle mouillait ses chaussettes qui commençaient à être lourdes et détrempées. L'air glacé lui brûlait les poumons.

Soudain, quelques mètres devant lui, un des samouraïs trébucha et tomba lourdement à terre. L'homme essaya de se relever mais la lame de Saito était déjà sur sa gorge.

Rends-toi et j'épargnerai ta...

Il ne finit pas sa phrase car le samouraï avait lancé une généreuse poignée de neige dans la direction de son visage. La peau touchée par la neige brûla Saito qui passa une main sur ses yeux pour enlever les flocons pris dans ses cils et, lorsqu'il rouvrit les paupières, le samouraï avait détalé. Saito se remit à leur courir après, talonné par Hijikata qui jurait, mais ils avaient pris trop de retard. Avec une dernière injure en direction des samouraïs, son vice-capitaine abandonna la course, haletant, mais pas Saito. Il savait où cette rue menait...

Les samouraïs, ricanants, constatèrent l'avance qu'ils avaient prise sur leurs poursuivants. A leur droite, séparé d'eux par un fossé qui courait le long de la route, ils virent l'accès à une ruelle dont Kyoto était remplie. Ils décidèrent d'humilier encore plus leurs poursuivants en les semant dans le dédale des petites rues et traversèrent le fossé rempli de neige. Bien mal leur en prit ! La glace encore fragile du ruisseau dissimulé sous la neige, se fissura sous leur poids et ils tombèrent dans l'eau glacée. Lorsqu'ils se relevèrent, grelotant et claquant des dents, ils virent Saito qui les fixait sévèrement, debout sur la rive. Son katana était pointé dans leur direction.

Plus tard, à l'abri sous un toit de la neige qui s'était remise à tomber, Saito toussait et soufflait dans ses mains gelées lorsque Hijikata s'approcha de lui en lui tendant un long morceau de tissu blanc comme le paysage accompagné d'un sourire.

Tiens, tu l'as méritée, je crois. Et puis, quel vice-capitaine serai-je si je laissais un de mes meilleurs guerriers tomber malade devant moi alors qu'il vient d'arrêter trois membres du Choshu ?

Saito prit l'écharpe et la passa autour de son cou. Au passage, il sentit l'odeur d'Hijikata qui imprégnait le tissu et en fut profondément troublé. Il s'inclina devant le brun, le cœur battant.

Merci, vice-capitaine.

─ Merci, vice-capitaine, murmura Saito en effleurant l'étoffe du bout des doigts.

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