Disclaimer : Les personnages et l'univers HP sont à JK Rowling.

Rating : T

NdSs : Voilà, après une petite attente, je vous livre le dernier chapitre de cette histoire. J'espère que vous passerez un agréable moment à le lire.


Adopte un sorcier

Chapitre 8 :

Jour 6

« Potter ! »

Malfoy entre en trombe dans mon bureau, à l'heure de la pause déjeuner.

« Oh, euh, je crois que je dérange, désolé. »

Et aussi vite qu'il est apparu, il disparaît, claquant la porte.

« Je suppose que c'est lui, Malfoy ?

- Hum, oui, j'acquiesce en m'éloignant des bras de Damien. »

Ce dernier m'aidait à me perfectionner avec le sort de capture de Détraqueurs. Je serai tout l'après-midi sur le terrain, il a bien voulu me remontrer les différents mouvements du sortilège, avant d'aller manger.

J'ouvre la porte de mon bureau et cherche Malfoy du regard. Il a déjà dû filer de l'étage car il est nulle part en vue.

oOoOoOo

« Alors Harry, comment ça se passe entre vous deux ? » me chuchote Hermione dans l'ascenseur du Ministère de la Magie. Nous ne sommes pas seuls, alors elle se montre discrète.

Elle est venue me chercher pour qu'on déjeune ensemble. Damien ne s'est pas joint à nous, ne voulant pas nous importuner. Je n'ai pas insisté outre mesure puisque je le verrai au dîner.

« Plutôt bien, je réponds avec un sourire.

- Vraiment ? »

Pourquoi paraît-elle aussi surprise ?

« Oui, on a d'ailleurs rencard ce soir.

- Un rencard, rencard ?

- Heu, ben oui. »

Je m'apprête à lui préciser qu'il s'agit même du deuxième rendez-vous, mais elle ne m'en laisse pas l'occasion :

« Oh, Harry, je suis trop contente pour toi ! »

Elle me serre dans les bras, manquant de me faire basculer. Les deux sorciers à nos côtés nous lancent des regards torves quand le "ding" de l'ascenseur retentit.

« Tu vois, c'était finalement une bonne idée de te mettre sur la liste d'"Adopte un sorcier" ! s'exclame-t-elle en me laissant à nouveau respirer.

- Ouais, enfin, bonne idée, c'est vite dit, je réplique en sortant à sa suite. Surtout que c'est au boulot que j'ai rencontré Damien. »

Hermione me fait une imitation du poisson rouge que j'ai offert à Teddy pour son anniversaire.

Elle se reprend néanmoins très vite et marmonne : « Damien, oui. »

Puis, voyant mon air sceptique, elle reprend la marche et c'est avec une nonchalance que je ne lui connais pas qu'elle demande : « Comment ça se passe avec Draco ? »

oOoOoOo

Dans la salle de réunion, j'échange quelques mots avec Damien, puis je m'installe à côté de Ron. Ce dernier se penche vers moi et me demande discrètement : « Alors Harry, comment ça se passe entre vous deux ? »

Je souris devant cette impression de déjà-vu.

« Étonnement bien. Draco n'est pas si insupportable que cela.

- Malfoy ? Pourquoi tu me parles de lui ? C'est ton rencard de ce soir qui m'intéresse.

- Ah, les nouvelles vont vite.

- Hermione vient de m'envoyer un message sur mon portable. Vraiment pratique, ces appareils Moldus, précise mon meilleur ami en agitant son téléphone. »

Nous sommes interrompus par l'arrivée de notre chef de service. Je me concentre sur les ordres et instructions liés à l'intervention qui nous attend, apercevant du coin de l'œil Ron qui rédige sous la table des messages avec son téléphone.

oOoOoOo

Tard ce soir-là, je toque à la porte de la chambre de Malfoy. J'entends du bruit provenir de l'autre côté, Malfoy baragouine quelque chose d'incompréhensible, puis la porte s'ouvre.

« Qu'est-ce que tu veux ? »

Malfoy se frotte les yeux. Oups, j'ai dû le réveiller.

« Oh, excuse-moi de te déranger, je voulais juste… euh… t'informer que j'étais rentré. »

Je lui tends les clés de voiture, qu'il prend en main.

Un silence gênant s'installe. Pourquoi suis-je venu le réveiller ? De toute évidence, il s'en fiche de savoir comment s'est passé mon deuxième rendez-vous avec Damien, sinon il me l'aurait déjà demandé.

« Tu voulais me dire quelque, ce midi ! » je m'exclame un peu brusquement, surprenant Draco.

- Ça aurait pu attendre demain matin, dit-il étouffant un bâillement.

- Ben, ça avait l'air urgent. »

Il soupire, résigné et dit :

« J'ai réussi à lancer un patronus.

- Ah c'est super ! »

Il se raidit quand ma main vient agripper son bras nu, avant de se détendre et d'esquisser un sourire timide, mais fier de la nouvelle qu'il vient d'annoncer. Je suis perdu un bref moment par la sensation douce et chaude qui se dégage sur ma main…ahem, je l'enlève en me rendant compte de son emplacement prolongé sur son bras…plutôt musclé, je note dans un coin de ma tête.

« Alors, il a quelle forme ? je demande curieux.»

Pour toute réponse, Malfoy tourne les talons. Mes yeux balaient l'intérieur de sa chambre, mais avec la pénombre, il m'est difficile de distinguer grand-chose. Une lumière apparaît et je souris quand le patronus de Malfoy s'avance vers moi, me renifle la main puis s'éloigne en direction des escaliers.

« J'aurais parié qu'il s'agirait d'un paon, dis-je amusé.

- Je ne suis pas mon père. »

Mon regard, surpris face à cette information, croise alors celui de Draco.

Il me prend la main… mon cœur bat un peu plus fort dans ma poitrine… il la retourne et glisse dans ma paume un objet. Il exerce une petite pression sur mes doigts. Je baisse les yeux sur ce qu'il vient de me donner. Devant mon air songeur, il précise :

« Un cadeau de ma part, puisqu'elle t'a portée chance.

- Tu m'offres ta voiture ? je demande, incrédule et surpris.

- Ce n'est pas grand-chose. Je me consolerai avec le nouveau modèle qui me sera livré la semaine prochaine.

- T'es dingue.

- Venant de ta part, je vais prendre ça pour un compliment. »

« Un merci suffira », ajoute-t-il après cinq secondes.

Je me ressaisis enfin et je lui dis le plus sincèrement : « Merci. »

Le silence est brisé par le hurlement du Patronus de Draco. J'en ai des frissons. Je lance alors sur le ton de la plaisanterie :

« Ron va halluciner quand je lui dirai que j'ai vu le loup de Draco Malfoy. »

Je me rends compte du double sens quand Draco, d'abord surpris par mes propos, soulève un sourcil et le bouge de manière suggestive.

Nous éclatons tous les deux de rire. C'est avec cette bonne humeur que nous nous souhaitons une bonne nuit.

oOo FCRCSM oOo

Jour 7

La semaine est passée à une allure folle. Ce soir est le dernier que je passe au manoir.

Je dois admettre que cela va me manquer de ne plus pouvoir y habiter. Plus surprenant encore, je sais déjà que ce que je regretterai le plus sera mon "colocataire". J'ai vraiment apprécié tout ce temps passé en sa compagnie. J'ose espérer que maintenant qu'il a récupéré sa baguette en bois d'aubépine et que sa dette envers moi est considérée comme acquittée, il trouvera lui aussi quelqu'un avec qui faire sa vie. Bon, je ne sais pas si Damien est mon "âme-sœur", mais on s'entend plutôt bien sur tous les plans. L'avenir me dira si ça perdurera ou non.

oOoOoOo

« Tu n'étais pas censé avoir ton troisième rendez-vous avec Monsieur "expert en sort ?"

- C'est mon dernier soir ici. Ce serait bête de ma part de ne pas en profiter pour t'emmerder une dernière fois. »

Draco soupire à fendre l'âme, déprimé par mon initiative. Ça me fait rire et je perçois du coin de l'œil, un sourire fleurir à ses lèvres.

« Qu'as-tu prévu ? demande-t-il ensuite faussement ennuyé et avec un sérieux déconcertant.

- Hahin, c'est une surprise, dis-je mystérieux, m'amusant de son air passablement inquiet. »

oOoOoOo

« Je peux savoir où tu comptes m'emmener maintenant ? » m'interroge Malfoy, pour la troisième fois en moins de cinq minutes, alors que je le guide cachant ses yeux avec une main.

Nous avons dîné : c'est moi qui ai insisté pour cuisiner cette fois-ci. Ses elfes m'avaient préparé les ingrédients et donné les ustensiles adéquats. Draco m'a observé un bon quart d'heure, avant de s'impatienter. Pas parce que je m'y prenais mal, mais juste parce qu'il avait envie de mettre la main à la pâte. Conséquence, j'ai cuisiné le plat, lui, le dessert. (Son soufflé poire -chocolat est une merveille !) Ça n'a pas fini en bataille, comme la dernière fois, et c'était tout aussi fun.

Nous avons enchaîné avec une partie de billard. Il a encore gagné, mais comme il n'y avait aucun pari en jeu, ça m'est complètement égal.

Je le fais s'asseoir sur le canapé et enlève ma main. Je l'observe pendant qu'il découvre ma petite surprise. J'aimerais pouvoir capturer cet instant par une photo. Je ne l'ai jamais vu aussi heureux. On dirait un gamin qui voit le Père Noël pour la première fois. J'ai fait le bon choix, on dirait.

Je prends place à ses côtés avant d'appuyer sur la télécommande pour allumer l'écran plat que j'ai fait installer en douce dans son salon, ainsi que deux enceintes pour avoir une meilleure qualité de son. Je remercie Mona et Mour de m'avoir aidé à garder Draco éloigné de cette pièce depuis qu'il est rentré de son travail.

Je lance le lecteur DVD, quand Draco me touche l'épaule et me remercie de cette jolie surprise.

« De rien » je lui rétorque avec un sourire.

On s'installe tous les deux confortablement et mon sourire s'accentue quand Malfoy s'exclame surpris, en voyant le titre du film s'afficher à l'écran : Batman.

oOoOoOo

L'écran devient noir et le générique du deuxième opus de la trilogie défile. Je me tourne alors vers le blond assis à côté de moi. Je le questionne surpris :

« Malfoy, tu pleures ? »

Il renifle et se reprend très vite :

« N'importe quoi !

- Hé, ce n'est pas grave, dis-je attendri lui faisant tourner la tête pour le forcer à me regarder. Je trouve ça… mignon », j'ajoute venant cueillir de mon pouce la petite larme qui menace de s'écraser par terre à tout moment.

C'est là que tout dérape. Sans trop m'en rendre compte, mes autres doigts effleurent ensuite doucement sa joue. Il a la peau douce. Je regarde captivé, le parcours de ma main droite, déviée, lentement vers ses lèvres. Je sens son souffle contre mes doigts.

« Potter, qu'est-ce que tu… » je l'entends murmurer ces quelques mots avant de poser délicatement ma bouche sur la sienne.

Alors que je me tourne légèrement pour mieux intensifier notre baiser, je sens sa main se poser sur mon bras droit. Il exerce une pression dessus, ayant pour conséquence d'enlever me doigts de ses cheveux. Puis, il se recule.

Mes yeux s'ouvrent.

Et là, mon cœur manque un battement.

Il est en colère. Sa respiration est bruyante, saccadée.

« Pourquoi… as-tu… fait… ça ? »

Chaque mot de sa question est comme un violent coup de poignard. Il s'est levé et s'est éloigné de quelques pas.

Si seulement j'avais une réponse cohérente à lui fournir. Tout s'embrouille dans ma tête.

Jamais dispute entre lui et moi n'aura été aussi violente. Il m'en veut vraiment pour ce geste. Selon lui, ça gâche tout. Tous les efforts qu'il a fournis pour que je plaise à "l'expert en sort", comme il se plaît à le nommer. J'ai répliqué que dès le premier rendez-vous, Damien était au courant de toute l'histoire "d'Adopte un sorcier" et que même si mon nouveau look n'était pas déplaisant, il m'avait remarqué bien avant. C'est ma franchise qu'il appréciait surtout.

« J'adorerais savoir ce qu'il va penser quand tu lui diras, puisque tu es l'honnêteté incarnée, que tu m'as embrassé ?! On verra à ce moment-là si ta franchise lui plaira toujours autant !

- Parce que maintenant, tu admets que ça t'intéresse de savoir ce que je vais devenir à minuit ! T'es vraiment un sale hypocrite !

- Ha, c'est moi l'hypocrite ? C'est certainement parce que je t'ai côtoyé tous les jours pendant une semaine ! Ce trait de ta personnalité a dû déteindre sur moi ! »

Je ne me souviens plus trop, après cela, de nos paroles exactes. Nous en étions surtout venus aux mains. Je me suis avancé le premier, pour le bousculer. Il s'est évidemment défendu. J'ai déchiré la manche de sa chemise. Ce n'était pas mon intention en agrippant son bras, pour le forcer à se tourner face contre le mur. Il ne m'a pas cru et s'est énervé de plus bel, reprenant l'avantage.

Je lui dois un seul œil au beurre noir et ma lèvre enflée, uniquement au fait que lorsque minuit a sonné, j'étais brutalement de retour dans mon appartement, en me demandant comment les choses avaient pu dégénérer à ce point ?

oOo FCRCSM oOo

Trois jours plus tard

« Tu as l'air préoccupé, Harry. Un souci dont tu voudrais me parler ?

- Excuse-moi, j'ai la tête un peu ailleurs. »

Malfoy m'a envoyé aujourd'hui un colis avec mes affaires. Il a précisé par lettre que je récupèrerais aussi l'écran plat, dès qu'il aurait compris comment défaire les - je cite - "satanés branchements". Je lui ai renvoyé une missive lui expliquant qu'il pouvait se la garder. C'était juste avant que Damien sonne à ma porte. Comme je ne suis pas allé travailler hier et aujourd'hui, et que j'ai repoussé notre troisième rendez-vous, il a voulu s'assurer que j'allais bien. Heureusement que mon œil au beurre noir n'est quasiment plus visible grâce à de la pommade et un bon sort de camouflage, sinon il n'aurait pas cru à mon excuse d'un mauvais rhume.

« Tu disais ?

- L'autre jour, j'ai fait exploser trois Croups parce que j'ai inversé deux mots dans une formule supposée enlever les parasites dont ils sont parfois infestés.

- Hm, vraiment super pour toi. »

Damien arrête le massage qu'il prodiguait à mes épaules (selon lui, y'a pas mieux pour enlever les tensions) et se poste devant moi.

« Je plaisantais Harry. »

Je remarque alors son air inquiet.

« Tu peux te confier à moi, si tu le souhaites. »

Je voudrais le faire, lui expliquer que si j'ai la tête ailleurs, c'est parce que je n'arrive pas à chasser l'image de Malfoy de mes pensées. Je suis triste qu'on se soit quittés ainsi. J'aurais voulu qu'on réussisse à garder une entente cordiale, voire amicale. Je devrais peut-être aller le voir pour m'excuser encore une fois, même si j'estime qu'il devrait également m'en présenter. Sa réaction était quand même excessive.

« C'est sans importance » je lui dis, conscient de lui mentir et surtout de me mentir à moi-même.

J'opte pour une attitude plus enjouée, histoire de changer de sujet. Damien respecte mon choix et enchaîne sur une autre anecdote liée à son boulot.

Je reste attentif à son récit. J'accepte sans mal sa main qui effleure mon bras. J'encourage par un sourire son autre main à caresser ma joue. Je m'approche un peu plus de lui… de ses lèvres… je ferme les yeux…

Rien.

J'entrouvre les lèvres et Damien glisse sa langue dans ma bouche.

C'est étrange. Il embrasse bien, ce n'est pas cela le problème. C'est moi. Je ne ressens strictement rien. Aucun désir. Aucune alchimie.

Alors que…

« Qu'est-ce qu'il y a ? » me questionne-t-il quand j'arrête de répondre à son baiser.

« Je… je suis désolé. »

Damien met de la distance entre nous. Il est clairement déçu. Pourtant, il se montre conciliant et attend mes explications. Je l'apprécie, c'est un type bien. Seulement…

« Seulement, je ne suis pas celui que tu aimes. »

J'ai la gorge serrée. Je me sens bête d'un coup. Pourquoi je ne l'ai pas compris plus tôt ? Je hoche la tête, approuvant ses paroles.

« Hé, ce n'est pas grave, Harry. J'espère qu'on pourra tout de même continuer à travailler ensemble, comme avant, et rester amis.

- Bien sûr !

- Très bien. Je vais rentrer chez moi.

- Tu n'es pas obligé de partir tout de suite.

- C'est gentil, mais je préfère m'en aller, avant de regretter ma décision. »

Il me salue avant d'emprunter le passage par la cheminée.

Moins d'une minute plus tard, je fais de même.

oOoOoOo

Du moins, je tente de passer. C'est bloqué. Ce con m'a bloqué le passage. Je n'y crois pas. C'est peut-être le signe qu'il ne veut vraiment plus me parler.

Cela dit, il doit simplement m'écouter. Je me décide pour la solution de repli. Je transplane jusqu'à la zone la plus proche de chez lui.

Je répète mon discours pendant je remonte son interminable allée.

Je me sens nerveux quand je sonne à sa porte. J'attends.

Deuxième fois.

Personne ne répond.

Je me rappelle alors que c'est le jour de repos de ses elfes.

Je presse avec insistance sur le bouton de la sonnette.

Au bout de la cinquième tentative et trois appels à voix haute, je me dis que si ça se trouve, il n'est effectivement pas chez lui.

Bon, hé bien, dans ce cas, je vais l'attendre.

Sauf s'il me fait croire qu'il est absent.

Je réfléchis quelques instants à une solution. J'en ai bien une qui me vient, mais c'est illégal d'entrer chez les gens sans y avoir été invité.

Sauf si un danger se présente… En tant que digne représentant de la loi, si j'estime qu'une intervention de secours est nécessaire, je me dois de faire quelque chose pour y remédier. C'est logique, non ?

Alors que je me dirige vers la porte-fenêtre du salon, je prie pour que Malfoy n'ait pas mis d'alarmes ou d'autres systèmes de protection trop compliqués à éteindre. Je pointe ma baguette dans le trou de la serrure, visant l'emplacement du canapé. Je prononce une formule et une gerbe de feu jaillit de ma baguette et fonce droit vers le tapis. Ça crée un peu de fumée. Voilà, mon excuse est toute trouvée. Je me recule pour retourner à la porte d'entrée. Je m'apprête à la défoncer d'un sort, mais je suis arrêté dans mon élan :

« Potter, qu'est-ce que tu fais ici ? »

Je sursaute en entendant Malfoy. Je me retourne et je suis d'autant plus surpris en constatant qu'il n'est pas seul. L'homme qui l'accompagne l'interroge :

« C'est qui, lui ?

- Quelqu'un qui s'en va, réplique Malfoy d'une voix doucereuse qui contraste avec la lueur menaçante dans ses yeux. »

Je m'apprête à répliquer, mais l'inconnu me coupe :

« Dommage, il aurait pu se joindre à nous.

Mes sourcils se lèvent, tandis que ceux de Malfoy se froncent. Il serre la mâchoire et enlève la main de son ami qui entourait sa taille. Ce dernier n'a pas l'air de s'en préoccuper. Ce n'est que lorsque Malfoy lui fait comprendre qu'il n'y aura rien de plus ce soir entre eux, qu'il réagit enfin.

« Comment ça, je dois m'en aller aussi ? Tu avais dit que tu me montrerais où tu habites.

- Oui, hé bien tu es venu, tu as vu, c'est ici, maintenant tu peux retourner chez toi, Samuel.

- Moi, c'est Sasha. Connard. »

Il transplane et je me retrouve seul avec Malfoy. Ce dernier passe à mes côtés, sans un mot. Il ouvre la porte et s'apprête à la refermer, malgré mon interpellation, quand je comprends pourquoi il n'en a rien fait. Une fumée épaisse sort de l'entrebâillement de la porte menant au salon. Merde, j'avais oublié.

Je cours après Malfoy pour le rattraper : « Non, attends, Draco, n'ouvre pas…»

Trop tard.

Un appel d'air se crée et j'entends une détonation provenir de l'autre côté de la porte. J'attrape la main de Malfoy et je le tire sur le côté. Nous tombons à la renverse car dans la hâte, j'ai trébuché dans un pied de la petite table accolée au mur de l'entrée. Malfoy fixe les flammes qui pourlèchent le mur devant nous et j'ai du mal à nous relever. Je tousse et tente de raisonner Malfoy à fuir au plus vite. Il semble sortir de sa transe quand je prends en coupe son visage pour qu'il me regarde dans les yeux. Nous sortons quelques instants plus tard, sans égratignure. Je lance un appel de détresse avec ma baguette. Dans le cadre de mon travail, nous les Aurors, avons toujours sur nous un gallion relié directement avec Ste Mangouste, pour communiquer en cas d'urgence.

En attendant leur arrivée, je m'assure que Draco n'est pas blessé. Une quinte de toux le prend à la gorge : « Lâche-moi, bordel ! » peste-t-il.

Il me donne un coup de coude pour s'extirper de mes bras. Il lutte, mais je ne cède pas.

J'accepte de le libérer quand les secours arrivent et nous examinent.

L'un d'eux nous demande notre version rapide des faits. J'explique brièvement qu'il s'agit d'un accident causé par un incendio mal contrôlé que j'ai lancé.

Malfoy me jette un regard plein d'incompréhension, tandis qu'on nous couvre la bouche d'un masque à oxygène.

Je m'approche de Malfoy :

« Je suis tellement désolé, Draco. C'est de ma faute cet incendie. J'ai cru que tu ignorais mes appels volontairement. J'ai sonné, je ne sais combien de fois, sans réponse. J'ai voulu entrer… »

Ma voix me paraît lointaine. Mes oreilles bourdonnent. Il écoute mes explications et c'est acerbe qu'il crache à la fin de mon monologue :

« Je veux que tu ne t'approches plus jamais de moi. »

Le secouriste remet le masque d'oxygène en place, en lui intimant de ne plus l'enlever. Il me lance un regard. Je comprends que je dois remettre également le mien. Nous sommes ensuite conduits séparément à Sainte Mangouste. L'image de Malfoy, observant impuissant, les flammes consumer sa demeure est la dernière chose que je vois avant d'être happé par la sensation désagréable du transplanage… mêlée à ma honte et à ma culpabilité.

oOoOoOo

Après mes examens, on m'autorise à sortir. Je fais les cents pas devant la chambre d'hôpital de Draco.

Le médicomage sort enfin de la chambre et me rassure sur l'état de santé de Malfoy. Il restera en observation pour la nuit pour plus de sécurité car il a respiré plus de fumée que moi.

« Je peux aller le voir ?

- D'accord, mais rapidement, les heures de visites sont bientôt terminées.

Je remercie le docteur et entre dans la pièce.

Je salue Malfoy, qui passe d'un regard surpris…

« Je suis désolé... »

…à de la haine.

Je savais que je ne serai pas forcément accueilli à bras ouverts, mais de là à me prendre un gobelet d'eau en pleine tête, suivi de la carafe que j'évite de justesse, il y a des limites.

« Tu es désolé ?! À cause de tes conneries, une partie de ma maison est en cendres, ou complètement pour ce que j'en sais ! Tu voudrais peut-être que je te félicite ? Ou mieux : qu'on te file une médaille pour avoir encore joué les héros en voulant débarrasser la société magique d'un ancien Mangemort ?!

- T'es vraiment trop con, parfois ! C'était un accident !

- Va te faire foutre, Potter !

- Je…

- Allez dégage de ma chambre et de ma vie ! »

Il appelle une infirmière, pour me prouver qu'il ne plaisante pas, afin qu'elle vienne m'éjecter de la pièce.

Je n'attends pas qu'elle arrive et j'obéis à ses exigences.

oOo FCRCSM oOo

Épilogue

Une semaine plus tard…

Un tapotement contre la vitre me fait sursauter.

Je préfère l'ignorer. J'ai prolongé mon congé. Hermione et Ron connaissent la vérité.

J'ai appris dans les journaux que Draco vendait le terrain du Manoir. Les pompiers ont arrêté l'incendie, mais les dégâts étaient trop nombreux pour réparer la demeure. Comme il refusait de me parler, je lui ai envoyé un chèque pour dédommagement, mais il me l'a retourné en miettes. Hermione m'a dit qu'il repartait en France prochainement.

Je suis en mode "déprime- Comment ai-je pu tomber amoureux d'un connard pareil ?" de niveau 5 - alors peu importe qui m'envoie du courrier, ça peut attendre.

Ou pas.

Devant l'insistance de la chouette, je consens enfin à me lever de mon canapé. Si elle continue de frapper aussi fort avec son bec, elle risque de me casser la vitre.

Je peste quand elle me pince le doigt, au moment où je m'empare de la lettre attachée à sa patte. Le volatile s'envole sans attendre. Je referme la fenêtre et regarde perplexe la lettre. Il n'y a pas d'adresse d'expéditeur.

Je déchire l'enveloppe, et je suis content d'être proche du canapé car j'ai besoin de m'asseoir.

Harry,

J'ai tout perdu. Ma maison, le sommeil… toi… Il me reste ma baguette en bois d'aubépine, je me console là-dessus… et mes parents. Je m'en vais les rejoindre en France d'ailleurs, dès que je t'aurais envoyé ce courrier.

Je m'excuse pour mon attitude de l'autre soir, quand tu m'as embrassé. J'étais en colère et effrayé. Je n'aurais pas dû réagir ainsi. Comme je n'aurais pas dû t'envoyer paître à l'hôpital. C'était un accident, je l'ai bien compris. Je sais que tu ne pensais pas à mal. Un conseil : la prochaine fois, essaie un simple sort de Hominum Revelio pour savoir s'il y a quelqu'un à l'intérieur. Je ne t'en veux pas… plus. On fait tous des erreurs. La mienne a été de te pousser dans les bras d'un autre, au lieu de t'avouer mes sentiments à ton égard. Et de ne pas t'avoir écouté quand tu es venu me voir le soir de l'accident. Hermione m'a dit que tu avais rompu avec l'expert.

Il est certainement trop tard pour l'avouer, mais je ne voulais pas partir sans que tu saches cela : J'ai cru que le vide que j'avais ressenti toutes ces années était lié à la perte de ma baguette. Finalement, après cette semaine en ta compagnie, j'ai compris (enfin !) que je me trompais. Ce n'est pas elle dont j'avais besoin...

Prends soin de toi.

DM

ps : mon train part à 14h20 de St Pancras.

Je jette un coup d'œil à l'horloge murale. Merde, j'ai moins de vingt minutes pour y aller.

Je saisis mes clés de voiture - c'est encore le moyen le plus rapide d'y arriver à temps - et me précipite dehors. Je me rends compte en marchant sur les pavés rugueux que je suis pieds nus. Peu importe. Il faut (il veut !) que j'aille le retrouver à la gare avant qu'il ne parte pour de bon…

Je m'arrête à un mètre de la voiture, garée devant mon allée.

Mon cœur bat à tout rompre. Je n'en crois pas mes yeux.

Il est là.

« Moins de trois minutes depuis que ma lettre t'a été apportée, impressionnant. »

J'ignore son commentaire et préfère le détailler des pieds à la tête. Il a une classe folle, nonchalamment debout à côté de la Lamborghini, dans un costume trois-pièces que je ne connais pas. Il est beau.

« Potter, une semaine sans moi et voilà dans quel état je te retrouve. » dit-il (faussement) ennuyé, me dévisageant sur tout mon long. À ça aussi, je préfère ne pas répliquer.

Il parle pour ne rien dire, afin de cacher son malaise face à mon manque d'éloquence.

Je cours jusqu'à lui, manquant de glisser sur le sol mouillé. Je me précipite dans ses bras, me fichant royalement que l'on se donne en spectacle devant ma voisine qui arrose ses fleurs.

Je l'embrasse et, merci Merlin, il me rend mon étreinte.

« Tu n'es pas parti, j'halète contre ses lèvres.

- Oui, j'avais des scrupules à te la laisser, finalement, dit-il désignant la voiture. Et puis surtout, c'est tout ce qu'il me reste puisque par ta faute ma maison est en ruine.

- Je suis tellement désolé, tu me crois, j'espère ? »

Il acquiesce.

« C'était un accident.

- Il n'empêche…je devrais te coller un procès… »

Il me charrie pour me faire culpabiliser, je le sais, alors pour me venger je lui mordille un peu trop fortement la lèvre inférieure et je le plaque contre la voiture.

« Oh, doucement petit lion, tu vas …»

Je le fais taire d'un autre baiser plus farouche.

Enivré par toutes les agréables sensations que me procurent nos baisers et nos caresses, je lui souffle :

« Viens vivre chez moi. »

Ce n'est pas une question, car j'ai trop peur qu'il refuse.

Il se détache légèrement et m'observe avec intensité. Merlin, je payerai cher pour connaître ses pensées en ce moment précis. Même si ce que je sens buter contre ma cuisse me donne un bon indice sur ce qu'il veut. Bon, par contre, ça ne m'aide pas à savoir s'il accepte ou non ma proposition.

À l'instant même où je me dis que je suis dingue d'avoir fait une telle demande, il finit par lâcher avec un haussement d'épaules désinvolte :

« Pourquoi pas ? »

Il s'écarte, ouvre la portière et s'engouffre à l'intérieur. Je note à moi-même qu'il est côté du siège passager… qu'il prend soin de reculer à fond et d'en abaisser le dossier. Puis un bras tendu me fait signe de monter le rejoindre…

Je vis un rêve et le plus chouette c'est que, cette fois-ci, je ne dors pas !

oOo FCRCSM oOo

La sonnette indiquant la venue du premier client de la matinée retentit dans la boutique fondée par les jumeaux Weasley.

Sur l'affiche publicitaire d' "Adopte un sorcier", on pouvait voir clairement le nom de Harry Potter barré, et une petite note qui stipulait : « Adoption définitive par DM »

Harry avait vraiment tout pour être heureux.

FIN

NdSs : Merci d'avoir lu jusqu'ici… ^^