NdA : Un nouveau chapire ! Youpi ! Toutes mes plus plates excuses pour le délai et l'absence de RàR, mille et un pardons ! Si vous voulez les raisons de mon absence et mes projets pour le futur, je vous invite à lire la news que j'ai posté sur ma page de profil ! Elle est en plein milieu, 'pouvez pas la louper.

Avertissement : pour un langage... imagé et créatif à un certain point du récit. (càd très très grossier)

Résumé gratuit : Harry s'est fait kidnappé par le père de Draco et comprend que ce dernier l'a trahi. Il se fait alors torturer par un chauve fanatique qui tente de lui faire dire où il a caché une lettre de ses parents qu'il n'a jamais reçu, au cours d'une cérémonie inquiétante. Jeté ensuite dans une cave et s'attendant à plus de torture, un homme masqué se faufile alors dans son cachot et lui dit :


— Venez avec moi... si vous voulez vivre.

Harry ne lâchait pas l'homme des yeux comme un animal apeuré, s'attendant à le voir d'une seconde à l'autre bondir pour le dévorer. Et dans le regard de son interlocuteur, il ne lisait que haine et dégoût, catalysant sa méfiance. Une douleur intense et aiguë lui vrilla alors le front, à l'endroit où le fer l'avait brûlé et il dut se prendre la tête dans les mains pour la calmer un tant soit peu. L'homme, de sa voix glaciale, reprit :

— Potter, je n'ai pas le temps pour ces enfantillages. Vous pouvez marcher ?

Des enfantillages ? Je viens de me faire torturer et jeter dans un cachot, merde ! songea Harry. Pourtant, impressionné par l'apparition de cet homme au nez crochu, qui lui faisait penser au bec d'un vautour, et résigné au sort qui l'attendait, il ne parvint qu'à répondre :

— Je... je crois...

Il ne bougea par pour autant, interrogeant son propre corps à la place. Son front le brûlait horriblement, son épaule le lançait, son dos était en feu, il ne sentait presque plus ses bras... mais ses jambes étaient relativement en bon étant. L'homme-vautour lui jetait des éclairs par les yeux, attendant qu'il fasse quelque chose... Alors, très lentement, il se leva, tentant d'ignorer le vertige qui le prit, d'ignorer les protestations de ses muscles épuisés et le grincement sinistre de ses os.

— Mettez-ça.

Harry obtempéra, trop fatigué pour se poser la moindre question. Pourquoi voulait-on qu'il s'habille comme l'un de ceux qui avaient assisté à son martyre en y prenant un plaisir évident ? Il s'en fichait... Qu'on fasse de lui ce qu'on voulait, il n'avait plus la volonté de lutter. Il enfila la robe d'abord. C'était un vêtement étrange, le tissu était très lourd et épais, presque trop pour ce qui lui restait de ses maigres forces. Et avec le masque en place, il se sentait oppressé, opprimé, et ce fut avec des efforts surhumains qu'il parvint à le garder sur son visage. Il avait la tête qui tournait, l'estomac lourd... pourquoi ne pouvait-on pas le laisser en paix, se rouler en boule dans un coin et mourir...

— Suivez-moi.

Sans dire un mot, l'homme-vautour tourna les talons et repartit d'un bon pas. Harry n'hésita qu'une fraction de seconde, ne voulant pas savoir ce qui lui arriverait s'il désobéissant, avant de se mettre à trottiner derrière lui pour le rattraper, et tenter ensuite de garder la cadence. Il remarqua que l'homme avait remis son masque. Après une volée d'escaliers en pierre nue, ils arrivèrent dans une large pièce, éclairée par des chandeliers disposés aux murs et qui diffusaient une chaude lueur, faible, mais suffisante pour qu'Harry constate qu'il n'avait pas les mots pour en décrire le luxe. Une immense cheminée de marbre blanc se trouvait sur le mur du fond, en face d'une immense table en un bois précieux, marquetée de motifs abstraits, entourée d'une vingtaine, peut-être d'une trentaine de chaises en ébène tapissées de velours carmin. Aux murs se trouvaient des tentures d'un lourd tissu lie-de-vin brodé d'or, et des tableaux, portraits, paysages, natures mortes, ainsi qu'une vanité, dont Harry, même dans son état, même sous cette lumière, même après un seul coup d'œil abattu, pouvait voir qu'il étaient de véritables chefs d'œuvre, des toiles flamandes de la renaissance ou académiques du dix-huitième siècle. Et l'un des portraits... il pouvait jurer que c'était un authentique Rembrandt.

On le tira brusquement en arrière, l'arrachant à sa contemplation. Jamais depuis son enlèvement, il n'aurait cru revoir un jour de si belles toiles. Jamais il n'aurait même osé espéré poser les yeux, encore une fois, sur tant de beauté. Il se retourna à regret, et vit que l'homme-vautour, dans son masque grotesque, le tenait par le bras et le dirigeait sans douceur vers une porte. Harry n'eut le temps de remarquer qu'une seule dernière chose : près de la porte qui donnait accès à la cave et d'où ils venaient de sortir, se trouvait, affalé dans un chaise, un homme vêtu d'une robe noire, profondément endormi.

— Par ici.

Il continua à suivre l'homme. Ils étaient dehors à présent, et l'air froid de la nuit noire eut pour Harry l'effet d'une morsure. Avec un peu plus de recul, il vit où ils se trouvaient : un manoir victorien, gigantesque, presque un château, la façade percée d'innombrables fenêtres et ornée d'un majestueux porche au toit d'ardoise, soutenu par sept imposants piliers de marbre rose. Le genre de demeure que l'on ne voyait que dans les romans gothiques, lugubre sous la pleine lune. Après quelques minutes de marche, ils avaient contourné le manoir et l'homme-vautour fit signe à Harry de s'arrêter.

— La robe et le masque. Vite.

Harry, pour une fois, ne fut que trop heureux d'obéir, et se défit à la vitesse de l'éclair de son carcan de tissu et de métal, qu'il déposa ensuite dans les mains tendues de son gardien. Celui-ci plaça alors deux doigts dans sa bouche et siffla, en une imitation plus vraie que nature du hululement d'une chouette. Quelque secondes après, juste au-dessus de leurs têtes, descendit d'une fenêtre une corde de fortune, faite de draps noués entre eux. L'homme-vautour se dépêcha d'y nouer la robe et le masque, et tira dessus une fois, deux fois. La corde remonta, et disparut. Abasourdi, Harry n'avait rien pu faire d'autre que d'assister à ce curieux manège, mais n'eut le temps d'arriver à aucune conclusion que, déjà, l'homme le reprenait par le bras, pour le mener sans ménagement vers le champ qui leur faisait face, s'éloignant à grandes enjambées du manoir. Ce faisant, l'homme retira à nouveau son masque, et coupant par les hautes herbes, après presque trente minutes d'une marche effrénée, ils arrivèrent près d'une voiture noire, aux vitres teintées, parfaitement camouflée par la végétation.

Harry se mit un peu en retrait, son cœur battant à tout rompre et n'osant croire ce qui était en train de lui arriver. C'était trop invraisemblable ! Et pourtant... tout concourait à se qu'il se dise que l'homme, malgré son attitude ostensiblement inamicale, était bel et bien en train de lui sauver la vie. Il observa l'homme retirer sa robe, pour la jeter en boule dans le coffre, son masque par-dessus. En dessous, il portait des vêtements tout ce qu'il y avait de plus normaux, un simple jean un peu délavé, un gilet brun par-dessus un tee-shirt crème.

— Montez.

Harry ne se le fit pas dire deux fois. N'osant toujours pas croire ce qu'il se passait, n'osant toujours pas espérer, il ouvrit cependant la portière côté passager, alors que l'homme s'installait à sa droite, côté conducteur. Ce dernier démarra, tous phares éteints, mais devait connaître son chemin puisqu'après deux ou trois minutes, ils parvinrent sur une petite route de campagne, que l'homme-vautour emprunta résolument en direction de l'Est, cette fois phares allumés. De longues minutes d'un silence embarrassant passèrent, mais Harry finit par craquer et demanda :

— Qui êtes-vous ?

L'homme ne répondit qu'au bout d'une demie-minute.

— Severus Snape. Services secrets.

De surprise, Harry releva la tête brusquement pour jeter un regard à l'homme – Snape, si tel était son nom – qui gardait les yeux fixés sur la route, et les doigts crispés sur le volant. Alors il n'était pas l'un des leurs ? Il avait vraiment la possibilité d'espérer que ce n'était pas là un blanc bizarre de Lucius Malfoy ou du chauve pour lui arracher une information qu'il n'avait pas en sa possession. Il n'y avait qu'une chose qu'il n'arrivait pas vraiment à comprendre :

— Pourquoi ? souffla-t-il.

— Croyez-moi, si ça ne tenait qu'à moi, vous croupiriez encore dans votre cellule, lâcha l'homme d'un ton glacial et plein de morgue, en plissant les yeux. Je vais vous amener dans un endroit sûr et, avec un peu de chance, je n'aurais plus à vous revoir de ma vie.

Harry fut choqué par l'incongrue animosité dont faisait preuve Snape. Ne venait-il pas de le sauver ? À qui tenait-il d'avoir été secouru ? Il était près à parier sur Kingsley Shacklebolt. Après tout, Snape faisait partie des services secrets, à l'en croire. C'était comme une sorte de police, non ? Snape devait infiltré le groupe pour... non, se corrigea Harry. Il n'était pas dans un roman policier, et la réalité devait sûrement être très éloignée de ce qu'il avait appris par ses lectures et la télévision. Il n'était même pas un grand fan de polars. Et, cependant, il se trouvait plongé en plein dedans, qu'il le veuille ou non.

En revanche, si l'hostilité de Snape tempérait le sentiment de gratitude qui grandissait dans sa poitrine, elle n'entamait en rien son soulagement dont il avait encore du mal à croire qu'il ressentait, et les milliers de questions qui se bousculaient dans son esprit :

— Pourquoi m'avoir kidnappé, moi ? Qui est le chauve ? Qu'est-ce qu'il me voulait ? C'était quoi, cet endroit ?

Snape lui jeta un coup d'œil méchant, et soupira profondément, comprenant qu'Harry avait le droit à des réponses. Et qu'il n'y avait personne d'autre pour les lui fournir. Il resta silencieux encore quelques minutes, tapotant le volant d'un air impatient, supportant impassiblement le regard du jeune homme, avant d'abdiquer, de prendre une grande respiration, et de commencer :

— Je crois que vous savez pourquoi on vous a capturé. L'homme dont vous avez eu le plaisir de faire la connaissance s'appelle Tom Riddle, c'est lui qui dirige toute l'organisation. Il y a vingt-quatre ans, il... il a dû fuir le pays, se réfugier quelque part en Albanie et attendre que ses avocats noient le procès, avant de revenir au terme de la période de prescription pour reprendre ses... activités. Son retour a été un choc pour beaucoup d'entre nous.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda Harry, essayant de faire sens de ces révélations. Et qu'est-ce que ça a à voir avec moi ?

— Il a tué vos parents, lâcha Snape.

La phrase resta en suspens un long moment, à la lisière de la conscience d'Harry qui, pendant quelques secondes, se demanda s'il avait vraiment entendu ce qu'il venait d'entendre. Puis il verdit, malade, le cœur au bord des lèvres. Ses parents... il n'en avait aucun souvenirs, bien sûr, il avait un an quand ils étaient morts, et il n'avait aucune photo pour imaginer ceux qu'ils avaient été. Pendant longtemps, il avait cru que c'était à cause d'un accident de voiture, le mensonge des Dursley, avant que son parrain...

Repenser à Sirius l'emplit de tristesse. Harry secoua la tête pour chasser ces pensées. Il savait que ses parents avaient été assassinés, il savait que Sirius avait été condamné à la place du véritable coupable, et maintenant qu'il était capable de mettre un visage sur le responsable... Il fut prit d'une telle haine envers ce Tom Riddle qu'il s'étouffa presque, ses entrailles nouées en un nœud furieux aussi serré que ses poings, ses ongles déchirant sa peau jusqu'au sang, et tremblant de rage contenue.

— Pourquoi ? murmura-t-il pour lui-même, pourquoi moi ?

— L'acier, répondit Snape quand bien même la question ne lui était pas directement adressée.

— Mais enfin quoi ! s'exclama Harry, qu'est-ce qu'il a de particulier cet acier ?

— C'était une commande d'une entreprise de construction, au début du siècle. De l'acier d'un genre nouveau, un alliage expérimental à l'époque, maintenant très répandu. De l'acier inoxydable.

— Mes cuillères sont en inox, cracha Harry, je ne vois toujours pas le rapport avec moi et le meurtre de mes parents, finit-il, un peu hystérique.

— Je vous assure que ce n'est pas la fabrication de cuillères qui intéresse Riddle. Cessez de m'interrompre. L'entreprise à laquelle il était destiné a entre temps fait faillite, mais les pièces étaient déjà fondues, et elles ont été entreposées quelque part quand le gouvernement a exprimé le désir de le racheter pour en faire des armes à feu. Votre grand-père était un pacifiste, et il a caché le métal quelque part, dont l'emplacement actuel se trouve désormais écrit dans une lettre qui vous est destinée.

— Que je n'ai pas reçue.

— Je sais. Tom Riddle cherche à l'acquérir pour exactement la même raison que le gouvernement presque soixante ans auparavant. Réfléchir vous est sans doute un concept étranger, mais essayez de comprendre : quatre cent tonnes de cet acier existent quelque part dans le pays. Pour pouvoir le cacher, son marquage a été effacé. Pour Riddle, c'est une manne : une occasion en or pour lui de fabriquer toutes les armes dont il a besoin sans avoir à répondre de personne, ni entreprises d'import, ni douanes, ni gouvernement...

— Pourquoi ? l'interrompit Harry. Je croyais que c'était un trafiquant d'armes. Il doit avoir tout ce qui lui faut.

— Je ne sais pas d'où vous tenez vos informations mais c'est exact. Cependant, rien ne passe par le pays. Riddle abreuve l'Afrique, l'Amérique Latine et le Moyen-Orient d'armes fabriquées principalement en Russie, en Ukraine et en Inde. Pour ce qu'il veut en faire, il en a besoin ici, en Angleterre, et ne peut pas simplement les importer, Riddle est plus prudent, et plus intelligent que ça.

— Et qu'est-ce qu'il veut en faire ?

— Cette information est classifiée, répondit Snape d'un ton transpirant le mépris. Tout ce que vous avez besoin de savoir est que Riddle – et le groupe qu'il dirige – est extrêmement dangereux, et qu'il ne s'arrêtera pas avant d'avoir obtenu ce qu'il désire.

— Et vous, dans tout ça ? Vous êtes quoi ? Une sorte d'espion ?

— Les spécificiques de mon poste, de ma mission et de mon employeur sont classifiées. Sachez seulement que j'ai passé trente ans de ma vie à infiltrer l'Empire, et vous ne pouvez même pas imaginer l'ampleur des risques de je prends en vous mettant à l'abri. Alors maintenant, restez tranquille. Je ne répondrez plus à une seule de vos questions, j'en ai déjà beaucoup trop dit.

— Où est-ce qu'on va ? demanda Harry en ignorant royalement les doléances de Snape.

Celui-ci soupira et resta silencieux pendant quelques minutes. Mais répondit finalement :

— Un endroit sûr. Vous allez y rester, et attendre la personne qui vous contactera. Vous allez attendre, sans bouger, quelque soit le temps que ça prendra. Si vous quittez les lieux, ce n'est pas une cérémonie qui vous attendra mais une balle entre les deux yeux. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?

— Et attendre combien de temps ?

— Peut être une heure. Peut-être trois semaines, je n'en sais rien. Ne vous faites voir par personne, ne parlez à personne. Dans le coffre il y a un sac avec ce qu'il faut pour vous permettre de subsister. Nourriture. Argent. Vêtements de rechange. Et une ramette de papier et des crayons, pour je ne sais quelle raison étrange.

— Qui va me contacter ?

Snape resta silencieux. Et cette fois-ci, Harry comprit qu'il n'allait plus rien en tirer. Toute cette histoire était... complètement délirante. Et même après tout ce qu'il avait vu, tout ce qu'il avait subi, il avait du mal à y croire. Il avait l'impression de se trouver dans un vieux roman pulp d'espionnage, ces genres d'ersatz d'histoires à la James Bond qu'on trouvait à bas prix dans les brocantes, imprimés sur du papier de mauvaise qualité.

Il y avait certainement quelqu'un, quelque part, qui le souhaitait en sécurité. Il avait écarté la thèse du piège comme ridicule. Riddle le tenait déjà, pourquoi alors lui faire tout ce cirque ? Non, on voulait vraiment Harry en vie, pour des informations qu'il ne détenait même pas, une lettre qu'il n'avait jamais reçue. Dans ce cas... qui ? Quelqu'un d'assez haut placé pour obtenir la coopération d'un agent secret... Agent secret... même ces mots sonnaient faux. Harry ne connaissait de ce genre de personnages que ce qu'il avait appris dans les films. Il savait que le MI-6, là où bossait James Bond existait vraiment, et... c'était un peu près tout. Il se doutait bien que la réalité devait être très différente. Il n'y avait qu'à regarder Snape. Celui-ci avait l'air de tout, mais certainement pas d'un homme épanoui.

Grognant de frustration, la douleur qui se rappelait à son bon souvenir alors qu'il avait presque réussie à l'oublier, il se laissa tomber dans le siège passager, et comprenant qu'il ne servait plus à rien de parler à son « sauveur », il serra les dents et attendit la fin du voyage.


Celui-ci se révéla interminable. Il n'avait aucun moyen de connaître l'heure, mais il était certain qu'au moins quatre, peut-être même cinq heures étaient passées, puisque le Soleil commençait à poindre les lueurs d'une aube blafarde et triste. Il avaient gardé le cap globalement vers le Nord, même si Snape avait fait à plusieurs reprises des demi-tours inattendus, et pris des détours énormes. Peut-être pour semer d'éventuels poursuivants, raisonna Harry.

Et le tout dans un silence compact. Et alors qu'il n'avait plus aucun espoir qu'ils s'arrêtassent un jour, ils arrivèrent en vue d'un motel particulièrement miteux, du genre qui avait été construit dans les années 90 quand les Anglais inspirés par Hollywood voulaient imiter les Américains, au beau milieu de rien du tout, un bloc de plain-pied sans aucune fantaisie, à moitié caché par des arbres et de la végétation sauvage qui poussait sans la moindre retenue, recouvert d'une peinture saumon dont même Harry ne saurait même pas quels pigments mélanger pour en retrouver la nuance exacte, recouverte par endroits de traces noirâtres de fumées d'échappement, et s'écaillant en d'autre, révélant le grège sale du béton brut en-dessous dans le parking duquel Snape s'engagea, les pneus crissants sur le graviers.

Harry se réveilla d'un coup. Il n'avait été certainement pas près de s'endormir, mais le voyage interminable, la douleur lancinante, les questions qui tournoyaient sans fin dans son esprit, l'avaient plongé dans un état second, une sorte de torpeur ahurie, comme s'il s'était retiré à l'intérieur de lui-même. Et le retour à la réalité fit mal. Tout son corps lui fit horriblement mal, la tête lui tourna, et il regarda, hébété, Snape quitter la voiture, comprenant après quelques secondes de confusion qu'il lui faudrait en faire de même. Ignorant les protestations unanimes de tous ses muscles, il parvint néanmoins à défaire sa ceinture, ouvrir la portière, et avec des efforts qui lui semblèrent surhumains, réussit lui aussi à s'extirper enfin du véhicule.

L'air extérieur lui brûla les poumons, mais il retrouvait une certaine sensation de liberté, permettant à ses muscles endoloris de bouger enfin. Mais il n'eut pas le temps de s'attarder longtemps sur le sentiment que Snape le tira par le poignet, l'emmena vers l'une des portes, qui portait le chiffre onze, la déverrouilla, et le poussa dans la chambre sans ménagement.

Celle-ci était miteuse. Un papier peint jaune moutarde à vomir, une seule fenêtre que couvraient d'épais rideaux kaki, meublée en tout et pour tout d'un lit double à la tête en contreplaqué imitation sapin, recouvert de draps crème et de couvertures en laine rêche d'un bistre douteux, d'une antique télévision et d'une commode en balsa. Au fond se trouvait la salle de bain, à laquelle on accédait par une porte saloon dont l'un des battants était sorti de ses gonds. Mais pour Harry, qui avait encore le souvenir de la cave dans laquelle on l'avait tenu captif imprimé dans sa chair, elle faisait figure de palace.

— Est-ce que vous avez besoin de soins immédiats ?

La voix sèche et claquante de Snape résonna curieusement dans la chambre, alors qu'il poussa Harry sur le lit, celui-ci levant alors le visage vers celui, sombre et hautain de son interlocuteur. Sa fierté lui donna envie de répondre « non », mais son dos lui fit savoir qu'il n'était pas d'accord avec lui et protesta vivement.

— Je crois que j'ai des échardes dans le dos.

— On va voir ça. Déshabillez-vous et allongez-vous sur le ventre.

Harry obtempéra, se débarrassant de quelques vêtements, et sans oser regarder son corps, qu'il devinait du coin de l'œil couvert de bleus, de contusions, de plaies. Même si la couverture grattait, le confort du lit le réconforta immédiatement, et la tête sur le côté, observa Snape prendre depuis le sac de sport qu'il venait seulement de remarquer une trousse de premiers soins. Qui disparut ensuite hors de son champ de vision.

— Votre dos est en sale état. Certaines sont enfoncées de plusieurs centimètres, je vais devoir y aller à la pince. J'en compte peut-être une trentaine. Serrez les dents.

C'était douloureux. Une véritable torture, un supplice lent, rendu d'autant plus insupportable que Snape semblait prendre un cruel plaisir à avoir la main particulièrement lourde. Il lui semblait qu'on lui déchirait la peau, qu'on lui frottait le dos avec des fils barbelés, et il devait mordre les draps pour ne pas hurler, comme son bourreau le lui avait formellement interdit. Mais il tint bon, pendant peut-être la demie-heure que dura son calvaire, les poings serrées, la mâchoire verrouillée, et le visage baigné de larmes qu'il ne pouvait s'empêcher de verser.

— C'était la dernière, lui fit Snape d'une voix dégoûtée qui sonna pourtant comme une délicieuse symphonie aux oreilles d'Harry. Je vais désinfecter et panser.

L'homme se mit à la tâche, couvrant une zone invraisemblablement large de son dos, depuis le haut de ses épaules, jusqu'au creux de ses reins, de gaze, de coton et de sparadrap, en quantité généreuse. C'était à cet instant que la douleur commençait à recéder enfin, pour ne laisser plus qu'une chaleur qui n'avait rien d'agréable, mais auxquels les bandages apportaient un certain réconfort. Il n'eut pas le temps d'en profiter que Snape lui ordonna :

— Relevez-vous. Assis. Je vais regarder votre front. Vous avez mal ?

— Euh... non.

C'était la vérité. Aussi surprenant que cela pouvait paraître, il ne sentait plus son front, la douleur avait complètement disparu. Il se mit à espérer, peut-être que la blessure, pour impressionnante et atroce qu'elle eût été, n'était pas si grave, en fin de compte.

— Ça veut dire que les terminaisons nerveuses sont calcinées. Brûlure au troisième degré. Je crains que vous ayez à garder une cicatrice tout ce qui vous reste de vie.

La gorge serrée et son futile espoir brisé avec la subtilité d'un marteau sur de la porcelaine de chine, Harry ne répondit rien alors que Snape s'occupait de panser son front comme il l'avait fait de son dos.

— Il vous faudra cacher ça. Un chapeau, une casquette, une perruque, n'importe quoi, mais vous ne pourrez pas vous balader avec un signe aussi distinctif. Je ne sais pas par quel miracle vos lunettes vous sont restées sur le nez, mais si vous pouvez vous en passer, c'est mieux. J'ai fini. Vous avez besoin de sommeil, mais prenez une douche d'abord, et finissez de vous désinfecter. Les pansements que je vous ai fait devraient résister à l'eau, mais tâchez quand même de les mouiller au minimum.

Snape, qui s'était accroupi devant Harry pour le soigner, se releva de toute sa hauteur, jeta la trousse de soin sur le lit, à côté du sac de sport, et lui lança les clés de la chambre que ce dernier attrapa par réflexe. Et avec un regard noir, il quitta la chambre, laissant le jeune homme seul avec les milliers de sentiments contradictoires qui l'agitaient. Il avait beau se savoir à l'abri, se savoir en sécurité, ou en tout cas très loin de ce fou furieux de Riddle et de ses fanatiques qui ne valaient certainement pas mieux que lui, il se sentait quand même pris au piège. Prisonnier. Il repensa à ce qu'était sa vie, seulement quelques jours auparavant, la douce routine qu'il avait établie avec Draco...

Il interrompit immédiatement ces idées. Il ne voulait pas y penser, sinon il allait soit se mettre à hurler de rage, soit se mettre à pleurer incontrôlablement. Aussi, il préféra, se vidant l'esprit sans effort, la moindre pensée étant de toute façon trop éprouvante, à faire comme le lui avait conseillé – ordonné – Snape, et traîna les pieds vers la salle de bain pour s'asseoir – rester debout lui était bien trop pénible – sous la douche, en ayant d'abord la présence d'esprit de fermer à clé la porte de la chambre.

C'était une sensation extraordinaire. Sous la chaleur de l'eau, il sentit ses muscles se détendre, un à un, faisant disparaître avec elle la tension, les douleurs, l'angoisse. C'était comme s'il se retrouvait enfin, comme s'il se réconciliait avec son corps et devenait un à nouveau, son esprit en même temps que son corps s'allégeait, et Harry se stupéfiait de constater qu'une simple douche, un geste quotidien auquel il se livrait rapidement chaque matin sans y accorder plus d'attention, pouvait lui apportant autant de réconfort et de soulagement.

L'eau lui arrivait transparente et pure, et s'écoulait rouge par la bonde, mais peu à peu de plus en plus claire, pour finir dans un rose progressivement plus pâle, et enfin, plus rien, toutes les souillures lavées, les blessures soulagées, et la fatigue, une fatigue saine, celle du besoin de dormir et non celle de mourir, le submergea. Faisant appel à ses dernières réserves d'énergie, il se traîna plus qu'il ne marcha jusqu'au lit et s'y effondra, n'ayant plus la force de finir de se soigner, pour se glisser sous les draps comme un bienheureux et se faire emporter par un sommeil lourd et sans rêves.


Et il attendit.

Il attendit.

Quatre jours entiers, il attendit, mais finalement, il se révéla d'une patience extraordinaire qui l'étonna lui-même. Les deux premiers, il les passa de toute façon à dormir – parfois interrompu par de cauchemars vivaces, mais le plus souvent comme une souche, son corps ayant besoin de récupérer, et à panser ses blessures. En dehors de son dos et de son fronts, il n'avait que des contusions, certes nombreuses, mais sans réelle gravité, sauf peut-être au niveau de ses poignets et chevilles, et quelques coupures peu profondes. Le troisième, il le passa dans le lit, à s'abrutir de télévision, qu'il mit sans le son, et à tenter d'ignorer ses courbatures.

Le quatrième, il dessina. Des études, des esquisses, des gribouillages qui parfois ne représentaient rien d'autre que des formes, des émotions abstraites, pour des tableaux qui ne verraient peut-être jamais le jour, s'il ne survivait pas à cette situation dans laquelle il avait réussi à s'empêtrer. Mais il ne voulait pas penser à ça. Avec un simple crayon, il pouvait s'échapper bien au-delà des limites de cette petite cage jaune moutarde dans laquelle le destin l'avait fait se retrouver prisonnier. Bien au-delà même de sa condition humaine, plongé dans une sorte de transe créative, le besoin de coucher sur le papier les milliers de sentiments qui s'agitaient en lui, sa colère, sa terreur, sa haine, son amour, sa tristesse, comme pour les exorciser. Comme si, les ayant sous les yeux, il ne lui pèseraient plus sur le cœur.

Il n'était pas sorti du tout. Sa porte était restée verrouillée, et il survivait en mangeant les biscuits et ces sortes de rations militaires qu'il avait trouvé en vrac dans le sac. Il ne savait pas s'il était seul dans le motel ou pas, et franchement, il n'avait pas envie de le savoir. Ouvrir cette porte équivalait à retrouver cette réalité à laquelle il avait précisément envie de s'échapper. Il ne devait rien faire d'autre qu'attendre, aussi il avait décidé, pour une fois, de se replier entièrement sur lui, de regarder son monde intérieur en face, son monde intérieur bouleversé par les récents événements, mais quelque part, enrichi, comme s'il avait encore plus à dire, plus à exprimer. Avoir peur pour sa vie était un outil d'introspection terriblement efficace, constatait-il.

Son matériel lui manquait. Tenir un pinceau entre ses doigts, le faire danser sur une toile, découvrant peu à peu l'image qu'il avait en tête, exposant avec toujours plus de clarté le message qu'il voulait transmettre, l'émotion qu'il souhaiter représenter. Le crayon était suffisant, supposait-il, mais ce n'était pas la même chose. C'était d''un vrai pinceau dont Harry se languissait. Sans savoir s'il pourrait encore en revoir un.

Et le soir du quatrième jour, la nuit déjà bien avancée, alors qu'il était fiévreusement perdu dans la composition de la scène de la dantesque cérémonie au Manoir, les hautes flammes qui léchaient le ciel noir, l'estrade, le trône, les figures masquées et les masques grotesques, quand il entendit une clé tourner dans la serrure.

Il réagit comme si on venait de le gifler. Le monde extérieur se manifestait à nouveau, et ce fut tout juste s'il ne hurla pas de terreur, devant l'inéluctabilité. Au lieu de ça, il se réfugia derrière le lit, à l'opposé de la porte, geste futile s'il en était puisque les traces de sa présence ici étaient bien trop évidentes. Les dessins partout, le sac de sport éventré, vomissant ses entrailles de paquets de biscuits et de snacks vides, de liasses de billets de 20, la télé allumée sans le son, les draps défaits... Il observa l'intrus rentrer dans la chambre avec un naturel désarmant, comme s'il habitait là, et fermer soigneusement la porte derrière lui.

Il était vêtu d'un imper noir, avec le col relevé, portait un chapeau noir qui projetait une ombre sur son visage, si bien qu'on ne devinait pas le moindre de ses traits, mais pas trop ostensiblement de sorte à attirer l'attention, comme un homme normal, chaudement vêtu en hiver. À cette exception près que c'était le milieu de l'été et que même dans cette région (Harry devinait le Yorkshire), les températures étaient plus que clémentes en la saison. Ce fut quand le visiteur retira son chapeau, découvrant des mèches fines d'un blond presque blanc, qu'Harry le reconnut... et fonça sur lui poing levé, le désir animal au creux de l'estomac de lui infliger autant de dégât qu'ils en avait subi entre les mains de Nott. Plus s'il le pouvait.

Malfoy se retourna juste à temps, et n'eut aucun mal à dévier le coup qui lui était destiné. Pire encore, il agrippa le poignet d'Harry au passage, et le tira d'un coup sec vers lui, prenant ce dernier au piège d'une clé de bras qui lui fit hurler l'épaule de douleur.

— LÂCHE-MOI ESPÈCE DE SALE FILS DE PUTE ! rugit-il, se débattant comme il le pouvait pour tenter de se libérer. CONNARD DE MERDE, JE SAVAIS QUE C'ÉTAIT UN PIÈGE, LÂCHE-MOI !

— Putain, Potter, ta gueule !

Harry se tut, mais n'abdiqua pas pour autant. Empli d'une rage terrible et acharnée, il balança sa jambe en arrière et cria de triomphe quand son pied rencontra le tibia de Malfoy, faisant glapir celui-ci, et lui faisait relâcher sa prise juste assez pour qu'il récupère sa liberté de mouvement et se retourne pour lui asséner de toutes ses forces un coup à l'estomac, qui fit se plier le blond en deux.

Il voulait continuer à frapper, mais ce dernier savait visiblement se battre, retrouva son équilibre bien plus tôt que prévu et lui envoya un coup précis au sternum qui lui coupa la respiration. Furieux et paniqué, il releva la tête vers Malfoy à temps pour voir – et sentir – celui-ci le pousser sur le lit, sur lequel il tomba lourdement, et lui sauter dessus pour cette fois bloquer non pas un bras mais tous ses membres, de tout le poids de son corps. Il se remit à hurler, mais le tranchant d'une main sur sa gorge bloqua le son avant qu'il ne naisse, et il n'eut plus que ses yeux pour envoyer des éclairs assassins.

— Potter, tu vas m'écouter, merde ! Contrairement à toi, je sais me battre, alors ne me refais plus ça. Tu vas arrêter de gigoter et tu vas m'écouter calmement, sinon, je repasse cette porte dans l'autre sens, et je ne te donne pas plus d'une semaine à vivre après ça.

Harry, qui commençait à manquer d'air, considéra la situation dans laquelle il se trouvait, et même à travers les brumes furieuses de la colère, il pouvait voir qu'il n'avait pas beaucoup de choix. Il était encore bien trop faible physiquement, et dans une telle position, c'était à peine s'il pouvait bouger le petit doigt. Aussi il hocha la tête fébrilement, et prit une grande goulée d'air quand enfin il put respirer à nouveau.

— T'es un putain d'enfoiré, croassa-t-il d'une voix qui n'était pas la sienne.

— Ferme la. Je sais ce que tu penses, mais crois-moi, je n'avais pas le choix. C'était le seul moyen que j'ai trouvé de sauver ta peau et la mienne. Mon père m'a menacé de mort si je ne collaborais pas à leur plan pour t'enlever. Tu l'as rencontré, mon père, un homme charmant, n'est-ce pas ? Et comme je tiens à la vie, j'ai obéis. Ne me regarde pas comme ça, ils t'auraient enlevé de toute façon, avec ou sans moi. Mais avec mon aide, j'ai pu avoir un certain degré de contrôle, et j'ai pu préparer ton évasion à l'avance, parce que je savais la date, et l'heure. C'est moi qui étais chargé de faire en sorte que tu te trouves à tel endroit précis, et à telle moment. Ça nous a pris trois semaines avec Severus pour établir un plan dans ses moindres détails. Trois semaines pour ton cul, et c'est comme ça que tu me remercies ?

— Va te faire foutre, cracha Harry. Je ne te crois pas. Tu t'es servi de moi. Tu m'as fait croire que tu voulais coucher avec moi pour me jeter dans la gueule du loup, toi et ton père vous êtes les mêmes, exactement les mêmes salopards, tous les deux.

— Je ne te permets pas de me parler sur son ton, gronda Malfoy en montrant les dents, son visage déformé de haine. Et je ne te permets pas de parler de mon père. Qu'est-ce que tu aurais voulu que je fasse ?

— Me prévenir, merde ! Tiens c'est pas dur : « Tu me dois quatre cent Livres, Harry, oh, à ce propos, est-ce que tu sais que mon père et ses amis prévoient de te kidnapper et de te torturer quelques jours après ton anniversaire ? » persifla-t-il d'un ton acide.

— Et comment tu aurais réagi, abruti ? Qu'est-ce que t'aurais fait ? Il n'y a que moi qui connaisse ces gens, leurs méthodes, l'étendue et la puissance de leur organisation. Où que tu ailles, sans moi, ils t'auraient retrouvé. Et je me serais retrouvé probablement pendu pour avoir échoué.

— C'est ton père, il ne t'aurait pas tué. Il t'aurait peut-être diminué ton argent de poche, pauvre petit Malf...

Malfoy le gifla soudainement et le choc le fit se taire. Il regarda le blond avec de grands yeux, trop surpris pour se souvenir d'être en colère. Visiblement, il avait touché une corde sensible. Alors comme ça, le blondinet souffrait d'un Œdipe mal résolu...

— Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, Potter – la haine qu'il réussit à mettre derrière son nom le fit se recroqueviller de peur malgré lui –, ce genre de décisions ne tient pas vraiment à mon père, mais à Riddle. Mon père est un homme de main, il obéit. Il ne décide pas. Je n'avais pas le choix, Potter, entends-moi bien : pas le choix...

— On a toujours le choix.

— Pas au prix de sa vie. C'est la meilleure solution qu'on ait trouvé avec Severus, et il est dans le métier depuis trente ans, tu n'as pas idée de la quantité de travail qu'il a fallu fournir pour te tirer de là. Oui, je t'ai menti, je t'ai fait croire que je te voulais, je t'ai utilisé, si tu veux, mais que tu restes dans l'ignorance était essentiel, sinon c'étaient nos trois têtes qui auraient été visées. Tu aurais craché le morceau parce que tu n'aurais pas tenu deux secondes sous la torture. Moi aussi, j'ai payé le prix du mensonge.

Il se releva soudain, toujours assis sur les jambes d'Harry mais libérant ses membres supérieurs, pour remonter sa manche gauche et lui montrer un tatouage récent, à peine cicatrisé, sur son avant-bras. En forme de crâne, avec un serpent qui lui sortait de la bouche. Le même symbole dont Harry ne se souvenait que trop bien.

— Je devais lui faire croire que j'étais de son côté, que j'étais prêt à être intronisé, qu'il pouvait me faire confiance, pour qu'il regarde ailleurs quand enfin j'ai eu l'occasion de m'enfuir. Tu comprends ça ? Je l'ai trahi, je ne suis pas celui que tu crois être, je lui ai tourné le dos, et j'ai préféré te sauver, toi, plutôt que de rester dans l'organisation. Je me suis mis en danger de mort, j'ai tourné le dos à mon père, à mon héritage, à mon confort, à la demeure de mes ancêtre, à tout, tout, tout ce qui a été ma vie, et c'est comme ça que tu me remercies ? Des insultes et des coups de poing ?

Il s'affala alors sur Harry, les bras croisés, lui écrasant la poitrine, et se mit à sangloter doucement dans le creux de son coude. Ce dernier, bouleversé par ce qu'il venait d'entendre et ce à quoi il venait d'assister, ne savait plus quoi penser, plus ressentir. Il n'y avait plus de colère, plus de haine, plus de ce désir bestial de revanche et d'infliger la souffrance, plus qu'une vaste incompréhension aussi vaste que l'océan, et naviguant par-dessus ses vagues tumultueuses, un frêle esquif du nom de compassion porté par une voile d'espoir, vaillant vaisseau luttant courageusement contre les vents déchaînés de l'incertitude.

Ne sachant trop quoi faire de ses bras et de leur liberté nouvelle, il en entoura le corps tremblant de Malfoy qui réagit en l'étreignant. C'était la première fois qu'il voyait le blond en proie à une telle émotion. Et probablement la première fois en proie à une émotion véritable. De mensonges en mensonges, l'autre homme n'avait réussi jusque là qu'à lui glisser entre les doigts, toujours insaisissable, et quand Harry croyais le tenir, il s'échappait encore. Sauf que maintenant, il le tenait vraiment. Et à en croire son récit, plein de trous et de raccourcis mais duquel il ne voyait aucune raison de douter, non pas faute d'en chercher, il devait bien se rendre à l'évidence que celui auquel il devait sa vie, c'était Draco, même si Snape aussi avait été instrumental dans son sauvetage.

— Pourquoi ? demanda-t-il dans un murmure.

— Parce que j'ai quelque chose à protéger, de bien plus important que nous deux réunis, pour laquelle j'ai plus confiance en toi qu'en mon père, Riddle, et toute leur clique.

— Dis-moi.

— Non. Mais je peux te dire tout le reste. Demande-moi ce que tu veux. Plus de mensonges, cette fois.


Merci d'avoir lu ! J'espère que ce chapitre vous aura plus. Au menu du prochain : des révélations. Peut-être pas toutes, mais beaucoup. Aussi, si vous avez une question que vous voulez qu'Harry pose à Draco, dites-moi ça en review, ça va m'aider à écrire le chapitre, il y a peut-être des éléments de l'intrigue qui pourront m'échapper.

En même si vous n'avez pas de question, une 'tite review fait toujours plaisir !

Merci encore, à dans une à deux semaines !
J.O.

PS : alors, qui d'entre vous avait cru à la trahison de Draco ? ^^ des bises

PS2 : yahou, 100 000 mots !