Salut à tous !

J'ai ressuscité pour ce réveillon de Noël ! Je m'excuse de ne pas vous avoir donné de nouvelles depuis longtemps, mais j'ai eu un travail de dingue. C'est pas fini, mais c'est Noël alors j'ai décidé de vous faire un cadeau sous forme de chapitre ! ^^

Alors bonne lecture et joyeux Noël à tout le monde !


CHAPITRE LI : LA COGNÉE ET LE LIVRE

Le lendemain matin, elles apportèrent leurs feuilles remplies des matières qu'elles voulaient suivre à Rousseau. Il remplit alors un tableau sur son ordinateur puis le sortit, avant de le leur tendre. Les emplois du temps.

Les jeunes femmes restèrent sans voix.

Dix heures de cours par jour, les lundi, mardi et vendredi. En revanche, elles n'avaient ''que'' neuf heures le jeudi. Le mercredi, elles travaillaient uniquement le matin, hormis en ce qui concernait les Arts Plastiques pour Emma.

En résumé, elles allaient devoir suivre des cours de huit du matin à sept heures du soir, sans parler des cours surprises de Pratique, des devoirs et du mémoire qu'elles allaient devoir rédiger. Jamais elles n'allaient y arriver...

Rousseau dut voir leur découragement et leur déclara avec un sourire rassurant :

« Ne vous inquiétez pas, vous vous en sortirez très bien. Vous avez déjà la chance d'être Humaines, enfin, d'avoir été Humaines : le cours de Civilisation ne sera pas trop compliqué pour vous. Peut-être même que M. Ortefage vous en dispensera. Quant au reste, vous n'aurez que peu de devoirs : il n'y en a jamais en Pratique, tout se fait en cours, l'Éthique n'est que du par cœur, la Théorie est simplement un ensemble de connaissances à acquérir et surtout à comprendre... Et pour les langues, ne vous en faites pas ! Ce sont tous d'excellents professeurs qui vous feront apprendre sans même que vous ne vous en rendiez compte ! »

.oOo.

Mercredi 4 septembre, huit heures du matin. Emma, Clémence, Gessie et Skyfall étaient sur le terrain d'entraînement, juste à côté de la porte menant aux bâtiments. Treize autres Shinigami d'une centaine d'années se trouvaient là, ainsi que quelques Kami, les regardant avec curiosité et discutant à voix basse entre eux. Visiblement, ils ne s'attendaient pas à trouver deux nouvelles élèves, eux qui étaient ensemble depuis leur entrée à l'Académie, à l'âge de trente ans.

Darsier arriva bientôt et déclara rapidement :

« Bonjour tout le monde ! J'espère que vous êtes en forme pour la dernière ligne droite avant vos examens finaux de l'Académie où, je vous le rappelle, vous faucherez votre première âme. En attendant, vous avez deux nouvelles camarades, Emma Acquaviva et Clémence Curiel. Elles sont là parce qu'elles se sont transformées par desmos, alors inutile d'essayer de les draguer ! Maintenant, filez chercher vos faucilles dans l'armurerie, le cours commence dans cinq minutes ! »

Elles suivirent le reste de la classe, quand une des deux seules autres filles les rejoignit, accompagnée d'un chihuahua aux yeux phosphorescents. L' énorme nœud de son uniforme était blanc avec des cœurs fushia qui se mariaient étrangement avec son rouge à lèvres. Ses cheveux blond doré étaient tressés sur le côté et une frange lui cachait son front. Celle-ci rappela celle de Justin Bieber aux deux anciennes Humaines.

« Salut ! Moi, c'est Angelica Deschanel. Et voici mon Kami, Kenzo. Et vous ?

-Clémence Curiel et Skyfall.

-Emma Acquaviva. Et elle, c'est Gessie.

-Wif ! approuva le petit cavalier King Charles en remuant joyeusement la queue.

-Alooooors ? C'est qui vos chéris ? Ils s'appellent comment ? Vous avez de la chance d'avoir créé un desmos ! Vous avez quel âge ?

-Bah, tu ne les connaîtras pas de toute façon, nota Emma en se souvenant des avertissements de William. Ils ne sont plus à l'Académie depuis longtemps.

-Oh, dommage ! Et vous avez quel âge ?

-Vingt-deux ans, répondit Clémence. Et Emma en a vingt-quatre.

-Vous êtes jeunes ! rit-elle. Si vous étiez nées Shinigami, vous ne seriez même pas à l'Académie ! Moi, j'ai cent un ans. Comment avez-vous rencontrer vos âmes sœurs ? Ils doivent être Faucheurs, non ?

-Oui, mais ça serait très long à raconter... grogna Emma en souvenant du jour où Grell et Ronald avaient failli les faucher.

-Angelica ! Dépêche-toi ! intervint la deuxième fille. Darsier ne nous attendra pas ! »

La nouvelle venue avait les cheveux d'un noir de jais, avec de petites boucles parfaitement dessinées, hormis en ce qui concernait sa frange lissée. Elle était flanquée d'un caniche royal à l'air hautain.

« Vous aussi vous devriez vous dépêcher, déclara-t-elle aux deux amies en les toisant de haut.

-Bonjour, salua Clémence d'un ton légèrement ironique.

-Ah ! Bonjour, oui... Laquelle est qui déjà ? Je suis Anna-Carla d'Abayrac.

-Je ne penses pas t'avoir demandé ton nom. Quant aux nôtres, nous sommes tellement insignifiantes qu'une personne telle que toi n'a pas besoin de les connaître. » répliqua Emma qui détestait l'attitude d'Anna-Carla.

Elle jeta un regard froid à cette dernière et passa devant elle sans lui accorder un regard, suivie de Clémence. Un éclat de rire leur parvint. Un des multiples garçons de la classe, un grand châtain aux cheveux courts, aborda les deux jeunes femmes en riant :

« Salut les filles ! Ça fait toujours du bien d'entendre quelqu'un remettre à sa place cette peste. Emma, ça t'intéresse de connaître mon nom ou... ?

-Oui, tu n'as pas l'air d'une snobinarde ! répondit cette dernière en souriant.

-Dans ce cas, je suis Adam Serrano !

-Et si elle t'avait dit non ? plaisanta Clémence.

-J'aurais toujours été Adam Serrano, mais vous ne l'auriez jamais su ! »

Toutes les deux rirent avec lui quand trois autres arrivèrent avec deux faucilles chacun.

« Hey, Adam ! intervint le garçon du groupe qui avait une chevelure d'argent. Je te rappelle que Darsier a dit qu'elles avaient un desmos ! Arrête de leur compter fleurette !

-Antoine, mon chéri, il n'y a que toi dans mon cœur, tu le sais bien !

-Dis pas de bêtise, intervint un autre, si sa copine l'apprend, elle va le tuer ! Et toi aussi !

-Tu as une copine jalouse ? demanda Emma en regardant le dénommé Antoine.

-Oui, plutôt, mais y a pire.

-Je confirme, soupira-t-elle.

-Ton copain est si terrible que ça ? comprit Antoine.

-Plus encore ! Tu n'as pas idée... Si tu le voyais, tu comprendrais...

-Et il t'a laissée venir à l'Académie ? s'esclaffa Adam. Avec pleins de beaux mâles comme nous autour de toi ?

-Quelle modestie ! C'était nécessaire et je ne crois pas qu'il ait réfléchi à ce problème...

-Mais je pourrais toujours lui en toucher deux mots, taquina Clémence.

-Si tu veux, vas-y !

-Chiche !

-Ok ! Mais il va te tuer.

- Je crois pas. Tu vas souffrir si je fais ça... remarqua Clémence. Je ne pense pas être assez S pour ça...

-S ? demanda l'un des deux garçons du petit groupe dont elles ne connaissaient pas encore le nom.

-Sadique ! rit Clémence. C'est dans un manga qu'Emma m'a fait lire hier.

-Tu as déjà vu Kagero ? s'étonna la brune.

-Bah oui, j'arrivais pas à m'endormir alors j'ai tout lu... Je peux pas dormir sans R... sans lui...

-Tant que tu ne m'empêches pas de dormir...

-Quelle tristesse d'avoir une amie pareille ! déclara Adam.

-Tu ne crois pas si bien dire...

-Je suppose que donc elle, elle est très S, je me trompe ? demanda le dernier du groupe, avec un accent québécois.

-Oh oui ! C'est une adepte du cuir-moustache ! »

Ils éclatèrent tous de rire à part Emma qui lança un regard assassin à Clémence.

« Dites donc vous tous ! interpella Darsier. Si vous ne venez pas de suite assister au cours, le cuir-moustache vous paraîtra une douce caresse !

-Oh oui, monsieur, frappez-moi ! » plaisanta Adam d'une voix suppliante.

Le coup derrière sa tête ne se fit pas attendre.

« J'espère que ça te suffira, le Bachelor ! répliqua Darsier sur le même ton humoristique. Au moins pour te remettre les idées en place !

-Toujours monsieur... » répondit-il en se massant le crâne.

Le reste de la classe de mit à rire. Antoine tendit une des deux faucilles qu'il avait prises à Adam, tandis que les deux autres faisaient pareilles à Clémence et Emma, tout en se présentant enfin. Le premier s'appelait Joseph Rigal et le second, le Québécois, Gabriel Langlois.

Le professeur expliqua alors la séance du jour : ils allaient faire quelques exercices de révision. Pendant ce temps, il apprendrait aux deux nouvelles à matérialiser et dématérialiser leurs Death Scythes.

Pendant que tous les autres se mettaient deux par deux, le colosse prit les deux jeunes femmes à part et leur demanda :

« Je suppose que vos âmes sœurs ne vous ont jamais fait toucher leurs Faux de la Mort ?

-Non, jamais, monsieur, répondit poliment Emma. Pourquoi faire ?

-Pour faire joli et accessoirement faucher des âmes, Miss Cuir-Moustache... »

La brune rougit de honte, pendant que Clémence se mettait à rire.

« Plus sérieusement, reprit Darsier, vous les avez vu de près ?

-Non, répondit Clémence. Enfin, je l'ai vu, mais pas de près.

-Moi oui, il ne se déplace jamais sans. Et j'ai aussi vu de très près celle du compagnon de Clémence... Il a failli me faucher par erreur...

-Et on aurait perdu une cuir-moustache ? Quel dommage ! Sinon, vous avez vu la couleur de la lame ?

-Elle est grise, non ?

-Argentée très clair, presque blanche, répondit Darsier. C'est de l'iridium, un métal très rare sur Terre mais abondant en Érèbe. Il est inaltérable de quelque manière que se soit et très dur à travailler. Même le temps ne peut pas l'atteindre, au contraire des autres métaux. Par exemple, on peut reconnaître de l'or qui a vieilli même s'il est inoxydable. L'iridium, lui, restera toujours le même. Et après un traitement spécial réalisé par les forgerons-miniers, il a le pouvoir de faucher les âmes et de tuer les immortels. Par immortels, j'entends bien sûr les Kami et les autres êtres immortels tels les Démons. Bref... Vous devez comprendre que l'iridium étant inaltérable, le plus dur à dématérialiser sera la lame de votre Faux. Plus il y aura d'iridium, plus elle sera dure à dématérialiser, ou même à rematérialiser... Et donc, plus il y aura d'iridium, plus il faudra être puissant pour le faire. Ou alors, vous serez plus longues pour arriver au même résultat. C'est pour ça que se sont les Prétoriens qui ont des faux. Je veux dire, des Faux en forme de faux, vous me suivez ?

-Oui monsieur ! répondirent les deux élèves en pensant à la Death Scythe de Luciano.

-Tant mieux... Tout simplement, parce que c'est une forme qui demande beaucoup d'iridium pour la lame. Vous devrez en tenir compte quand vous choisirez votre Faux après votre examen final : n'en prenez pas une avec trop d'iridium. En fait, pour faire simple, c'est comme un ordinateur. Votre puissance, c'est internet. Si vous avez l'ADSL, vous téléchargerez vite et sans difficulté votre Faux, sinon, tant pis pour vous ! Et si vous avez la fibre optique, alors là ! Vous êtes très puissantes ! »

Il marqua une pause puis rajouta :

« Mais il y a peu de monde qui possède la fibre optique... Moi-même, je n'en connais pas personnellement...

-Et on fait comment pour avoir la fibre ? demanda Clémence.

-Ah ça ! Rien de plus simple ! Vous l'avez à la naissance ou vous ne l'avez pas !

-Et comment sait-on si nous on l'a ou pas ? continua Emma.

-Vous ne l'avez pas. Vous, Miss Cuir-Moustache, vous avez l'ADSL très haut débit. Vous, par contre, Curiel, c'est l'ADSL normal, à mille vingt-quatre kilobit ! »

Elles rirent toutes les deux avant qu'Emma ne demande comment il pouvait savoir ça.

« La perception, tout simplement ! répondit-il comme s'il s'agissait d'une évidence.

-Comment vous faites pour vous en servir ? s'intéressa la brune.

-C'est un sixième sens. Prenez-en d'abord conscience, on verra le reste ensuite.

-Et vous monsieur ? interrogea Clémence. Vous avez quoi comme internet ?

-Le haut débit. Bien ! Commençons ! »

Il matérialisa sous leurs yeux sa propre Death Scythe, une massive cognée, puis la dématérialisa.

« Pour y arriver, c'est très simple, expliqua-t-il en la faisant de nouveau apparaître. C'est par la pensée. Comme la métamorphose. Vous savez vous métamorphoser ?

-Moi non, avoua Emma.

-Moi si, mais je n'arrive pas à retrouver mon apparence normale. Là, je ne l'ai toujours pas retrouvé après plusieurs mois. J'ai fait une métamorphose qui s'en rapproche énormément, mais mes cheveux sont légèrement trop foncés et mes yeux étaient un peu plus vert que ça... »

Emma ne put s'empêcher de rire en entendant ça.

« Puisque ça a l'air de vous amuser, montrez-nous ce que vous êtes capable de faire ! pria Dariser.

-Pas grand chose... avoua Emma. Je ne me suis transformée qu'il y a deux semaines...

-Deux semaines ?! Mais votre âme sœur aurait pu vous inscrire dans le cycle prochain ! En plus, vous auriez pu le suivre en entier et non sur une seule année... »

Emma et Clémence se regardèrent. Personne n'y avait pensé. Apparemment, tous croyaient qu'il fallait qu'elles aient leur diplôme le plus rapidement possible...

« Bref ! De toute façon, vous êtes là, on va faire avec. Miss Cuir-Moustache, tu vas travailler la dématérialisation. Et toi, Curiel, je vais t'expliquer comment retrouver ton apparence. Tu as beaucoup d'imagination, non ?

-Oui pourquoi ?

-Souvent les gens qui ont beaucoup d'imagination réussissent facilement à se transformer mais ont énormément de mal à retrouver leur vraie apparence. Alors tu vas fermer les yeux et imaginer un interrupteur sur on. C'est l'interrupteur de la métamorphose. C'est bon ?

-Oui monsieur...

-Bien... Alors maintenant, tu vas mettre l'interrupteur sur off pour arrêter la métamorphose. C'est bon ?

-Euh... Oui.

-Ouvre les yeux, tu as réussi d'après ce que tu m'as dit pour tes cheveux. »

Clémence obéit et voulut voir si c'était vrai, n'osant pas y croire après tant de mois. Emma avait un petit miroir de poche sur elle et le lui tendit. La plus jeune ne put retenir sa joie en voyant qu'elle était enfin redevenue elle-même.

« Merci ! Merci beaucoup monsieur !

-De rien ! Ton copain ne t'a pas expliqué comment faire ?

-Il en a été incapable...

-Eh bien ! Heureusement qu'il n'est pas prof ! »

Clémence eut un léger sourire en coin en pensant que Ronald avait justement pris un poste de professeur de Gaélique... S'il enseignait sa langue maternelle comme il lui avait appris la métamorphose, la classe n'était pas au bout de ses peines.

« Et toi Miss Cuir-Moustache, tu t'en sors ?

-J'essaye de penser qu'elle se dématérialise, mais rien n'y fait monsieur... répondit Emma.

-Eh bien, continue avec ta copine. Surveillez aussi que vos Kami ne fassent pas n'importe quoi, comme ils ne s'entraîneront pas aujourd'hui... Pendant ce temps, je vais faire un tour dans la classe. Et faites attention, vous maniez de vraies Faux de la Mort malgré leur petite taille : je n'ai pas envie que vous vous coupiez un bras...

-Ou un pied... murmura Clémence à l'adresse d'Emma avec un sourire entendu.

-Tu souriais pas trop le jour où c'est arrivé ! fit remarquer son amie.

-J'avoue... »

Tandis que le professeur déambulait parmi les autres élèves, les deux amies s'entraînèrent ensemble, sous le regard de Gessie, tandis que le chaton chassait un papillon. L'exercice était plus compliqué qu'il n'y paraissait. Au bout d'une heure, Emma arrivait disparaître la lame d'iridium, mais était incapable d'en faire autant avec le manche. Tout le contraire de Clémence qui dématérialisait sans mal le manche mais ne pouvait aller plus loin.

« Je ne comprends pas pourquoi tu arrives à faire disparaître le plus dur... réfléchit cette dernière en voyant faire Emma.

-Moi non plus, mais c'est particulièrement épuisant, répondit celle-ci, essoufflée.

-Je vois ça ! T'es bien plus crevée que moi... Tu veux t'asseoir cinq minutes ?

-Oui, il vaut mieux... »

Toutes les deux allaient s'installer dans l'herbe quand Clémence tenta de faire apparaître le manche qu'elle avait fait disparaître. L'image était assez étrange à voir. La jeune femme ne tenait rien et pourtant, la lame semblait flotter dans l'air en suivant ses mouvements. Elle se concentra sur l'apparition, toujours imaginant un interrupteur. Cela réussit aussitôt.

Un peu trop.

Elle avait mal calculé la taille du manche qui vint taper dans les lunettes d'Emma. Elles s'envolèrent sous le choc pour atterrir derrière leur propriétaire.

« AÏEUH ! » s'écria-t-elle.

Emma eut le réflexe de faire un pas en arrière. Avant que Clémence ait pu l'en empêcher, elle écrasa ses verres qui se brisèrent.

Darsier revint aussitôt vers la brune.

« Ça va ? Tu n'as rien ?

-Non, non, ça va ! Je... J'ai juste... Mes lunettes, je les ai écrasées ! paniqua-t-elle en passant à William qui allait se mettre en colère et lui faire la morale.

-Ah, ce n'est que ça ! soupira le colosse.

-Que ça monsieur ?

-Ne pas avoir de lunettes favorisera largement ta perception ! Crois-moi ! Moins tu en porteras, mieux tu te porteras ! Moi, c'est surtout parce que c'est pratique pour surveiller les bêtises des élèves, sinon je n'en aurais jamais. »

Il vit alors l'étrange résultat d'Emma qui ne réussissait qu'à faire disparaître sa lame.

« Ah je vois ! Tu sais quoi ? Tu te concentres trop sur ce que je t'ai dit... Tu es obnubilée par le plus compliqué, l'iridium... Concentre-toi sur le reste, tu devrais y arriver de suite !

-D'accord monsieur !

-Mais repose-toi un peu avant, tu en as besoin ! Et toi, La Catastrophe, ne dirige pas ton manche vers les autres !

-Oui monsieur... »

Il repartit et elles s'assirent un instant, Emma posant un instant sa faucille sans lame à côté d'elle pour récupérer un peu et Clémence continuant à s'entraîner. Gessie vient s'installer sur les genoux de sa maîtresse. Skyfall, par contre, tentait d'attraper le manche de la faucille de Clémence chaque fois qu'il réapparaissait. La brune les regarda d'un air pensif.

« Clém' ?

-Quoi ?

-La Faux d'Undertaker... Elle est de quelle couleur ? Le manche, je veux dire...

-Ben, argentée, comment veux-tu qu'elle soit ? Tu l'as vue comme moi à la Japan Expo Sud, non ?

-Oui mais... Simplement en argent ?

-Un argent très bien entretenu alors, se souvint Clémence. Il n'était absolument pas terni et plutôt clair. Attends, tu crois que... ?

-Oui. C'est possible non ? Qu'elle soit entièrement en iridium...

-Si c'est le cas, il a la fibre optique, lui... » conclut Clémence.

Emma tenta de dématérialiser complètement sa Faux comme lui avait expliqué le prof et y parvint du premier coup.

« J'y suis arrivée ! s'écria-t-elle. Regarde ! J'ai réussi ! »

À la fin du cours, Clémence aussi avait complètement fait disparaître et réapparaître sa faucille. Les quatre garçons avec qui elles avaient sympathisé les rejoignirent. Antoine, celui à la chevelure d'argent, leur proposa d'aller faire un tour à la salle de détente.

« Désolée, s'excusa Clémence. On a un cours de Japonais. Ça sera pour tout à l'heure !

-Pas de soucis ! On se retrouve au réfectoire alors ? demanda Gabriel.

-Bien sûr ! acquiesça Emma.

-Tu n'as pas l'air contente... remarqua Joseph.

-Elle râle parce qu'elle a des cours en plus par rapport à nous, à cause des langues ! expliqua Adam. Je me trompe ?

-Pas du tout, et pour couronner le tout, je suis nulle en langue...

-Ne t'inquiète pas, rassura Joseph. Mlle Yokohama est super sympa et est une excellente prof ! Toi qui aimes les manga, elle s'en sert pour faire apprendre sa langue.

-Au moins je découvrirais des manga, soupira-t-elle.

-Voilà une bonne résolution ! s'écria Adam. D'ailleurs, il faudra que tu nous passes celui qui est S... Ça avait l'air cool.

-Secret Service ? Si vous voulez... Et j'en ai d'autres aussi.

-On verra ça tout à l'heure ! Bon courage pour votre cours !

-Merci ! » répondirent-elles à l'unisson.

.oOo.

Après le déjeuner, la plupart voulurent aller prendre une bonne douche pour se remettre de la Pratique. Emma et Clémence n'avaient pas particulièrement fait d'efforts physiques, mais elles étaient épuisées et se délasser sous l'eau leur ferait sûrement du bien. D'autant que la brune avait Arts Plastiques juste après.

Pour accéder aux douches, qui se trouvaient à l'étage des dortoirs, elles passèrent dans la cours principale, en même temps qu'Anna-Carla et Angélica et durent les suivre. Clémence eut la surprise de croiser Ronald qui sortait du bureau du directeur, sûrement par rapport à son cours de Gaélique. Alors que les quatre jeunes femmes passaient devant lui, elles entendirent Rousseau le saluer en l'appelant par son nom.

Quand il eut refermé la porte, il croisa le regard de son âme sœur et lui offrit un beau sourire qu'elle lui rendit, le cœur battant du bonheur de le voir et les joues légèrement rougissantes.

Anna-Carla et Angélica crurent que le sourire du bel Écossais leur était destiné et minaudèrent devant lui, la blonde papillonnant des yeux sous son nez.

« Bonjour mesdemoiselles, salua-t-il à l'adresse du petit groupe avec son éternel sourire charmeur aux lèvres.

-Bonjour monsieur ! » gloussèrent-elles sous le regard assassin de Clémence.

Elle serra les points en voyant les deux autres élèves se diriger vers Ronald pour discuter avec lui et lui demander s'il était nouveau en tant que professeur. Le plus exécrable pour elle était certainement cet insupportable sourire qu'il leur offrait. Ne pouvait-il donc pas s'empêcher de séduire, même inconsciemment, n'importe quelle fille qui passait à sa portée ?!

« Viens par là, toi... grogna Clémence à Emma en l'attrapant par le bras.

-Hey ! Doucement ! »

La plus jeune entraîna son amie avec elle dans un autre couloir, assez loin pour ne pas être entendue par les deux autres filles de la promotion. Assise sur la première marche des escaliers, elle prit son portable et téléphona aussitôt à Ronald, coupant court à sa discussion.

Pendant qu'il répondait, Anna-Carla et Angélica attendirent patiemment qu'il ait fini.

« Allo ?

-C'est moi ! déclara un peu brusquement Clémence qui avait mis le haut parleur. Ça va, je te dérange pas ?

-Euh, non, mais tu le sais très bien...

-Oui, en effet...

-Tu m'as l'air énervée, nota le blond. Qu'est-ce qui se passe ?

-D'après toi ? Y a deux cruches en chaleur qui te tournent autour et tu leur souris avec ton air de Don Juan... Même Emma peut confirmer !

-Merci de me mêler à ça... grommela la brune. Franchement Clémence, il allait pas tirer la gueule une fois que t'étais partie... Je te pensais pas jalouse...

-Je suis pas jalouse, mais tu as bien vu comment il leur souriait...

-Mais comment veux-tu que je fasse ? se défendit Ronald sans trop en dire devant d'autres élèves. C'est manière de faire, j'y peux rien !

-Il a raison, tempéra Emma. C'est sa manière d'être, de sourire ! Il est toujours comme ça ! Tu peux pas l'en empêcher.

-Merci ! répondit l'Écossais. Je ne vois pas comment je pourrais faire autrement, c'est naturel...

-Mmh... bouda Clémence.

-Allez, ne t'en fais pas, mo ruin... On se voit vendredi !

-Oui, à vendredi, soupira-t-elle. Et excuse-moi. Tu me manques trop...

-Toi aussi. Mais ne t'inquiète pas, on se voit bientôt.

-Je sais... À vendredi. Je t'aime, Ronnie.

-À vendredi, mo ruin ! »

Il raccrocha et elle fit de même.

« Ah, tu l'as voulu ton séducteur ! plaisanta Emma. Tu l'as maintenant. Il faut le prendre comme il est, tu sais...

-Je sais.

-Ça va ? Tu as l'air déprimée maintenant... C'est parce qu'il te manque ?

-Oui... Enfin, non... C'est juste que... il m'a jamais dit je t'aime. Tu vois, même quand je le lui dit, il pourrait simplement répondre moi aussi. Ça me suffirait, mais... il le fait pas. Enfin, c'est sûrement stupide.

-Non, ça ne l'est pas mais... Tu sais, Clém', Ronald est un séducteur. Il a sûrement besoin de temps pour te le dire. Il faut que tu prennes ton mal en patience, mais le jour où il sera près, il te le dira.

-Et William ? Il te l'a déjà dit ?

-Oui, on se le dit même souvent. Ce sont même les premiers mots qu'il m'a dit quand il a compris que je m'étais transformée pour lui. Mais tu sais, se reprit-elle en voyant que des larmes perlaient dans les yeux de Clémence, ce n'est pas comparable. Toi, tu es en couple avec un coureur, c'est comme ça. Ce n'est pas dans son habitude de dire ces mots. Il lui faut juste du temps pour s'y faire et pouvoir te le dire. C'est tout.

-C'est juste que... murmura Clémence en étouffant un sanglot. J'ai peur de le perdre. Je l'aime tellement ! Et je... je suis pas du tout son genre de fille à la base, alors... Voilà... Je...

-Allez, ne pleure pas ! C'est justement parce que tu es différente qu'il t'aime ! Et puis, il séduit toutes les filles, même sans rien faire ! Ce n'est pas toi qui va nier qu'il a du charme et qu'il plaît naturellement aux femmes. Il ne va certainement pas te larguer pour les deux cruches de notre classe ! Il t'aime, tu sais, ne t'en fais pas pour ça. Crois-moi !

-À ce point, tu crois ?

-Tu as vu comment il te regarde ? sourit Emma. Et ses réactions avec toi ! Il ne réagit comme ça qu'avec toi.

-Ses réactions ?

-Oui, quand il est jaloux parce que tu trouves un autre homme mignon. Pourquoi tu crois qu'il déteste Luciano depuis le premier jour où vous l'avez rencontré ? »

Clémence rougit et un léger sourire pointa enfin sur son visage.

.oOo.

Le reste de la journée se déroula sans problème, entre les cours et le temps qu'elles passèrent avec les garçons. Seul le soir fut moins drôle, puisqu'elles partageaient leur chambre avec Anna-Carla, Angelica et leurs Kami, le chihuahua Kenzo et le caniche Coco. Clémence ne supportait plus de les entendre fantasmer sur Ronald à longueur de temps sans pouvoir rien dire. De plus, elles n'avaient pas arrêté de cracher leur venin sur les deux nouvelles. Visiblement, Anna-Carla n'avait pas apprécié se faire rembarrer de la sorte le matin-même.

Personne n'avait fait attention à elles, ayant l'habitude de leur caractère de cochon, ce qu'avait confirmé Gabriel.

Ainsi, le retour dans leur chambre s'était fait dans une ambiance tendue et glaciale, d'autant que Skyfall avait officiellement pris Kenzo pour sa tête de Turc, n'ayant plus Mortuaire pour cela.

Le jeudi fut très difficile puisqu'elles commençaient à huit heures et ne pouvaient pas manger avant quinze heures. Il n'y eut que la présence des enfants qui égaya la journée. En effet, tous les élèves de l'Académie étaient mélangés, des plus jeunes externes de trente ans aux plus âgés internes de cent cinq ans.

Le vendredi arriva enfin. Emma était particulièrement déprimée à l'annonce de cette journée. Rien qu'à l'idée d'avoir Chinois et Arabe, elle n'avait qu'une envie : fuir. Clémence tenta de lui faire remarquer qu'elle verrait William le soir-même, mais rien n'y fit, même les blagues stupides d'Adam. D'ailleurs, Clémence lui fit remarquer que elle, elle n'était pas obligée de passer la journée dans une robe immonde et trois fois trop longue. En effet, Emma n'avait eu le temps de reprendre la dernière robe et Clémence s'était vue obligée de la mettre, faisant bien rire toute la classe et Darsier. Des fillettes étaient même venues lui demander si elle était une princesse de conte de fée pour avoir une robe aussi longue et lui avaient gentiment dit qu'elle n'était pas obligée d'en avoir une pareille ici, n'étant pas dans son palais.

Le cours de Civilisation Humaine n'arrangea rien à l'humeur d'Emma. M. Ortefage, le professeur, s'enthousiasma de voir qu'il avait deux anciennes Humaines dans son cours et les supplia de faire un exposé pour la semaine prochaine sur la mortalité infantile et la perception de celle-ci par les mortels dans les pays développés. Il précisa qu'elles ne devaient pas forcément faire de recherches, mais plus parler de ce que pouvait penser les Humains et de leur expérience personnelle.

L'heure de l'Éthique avec William arriva enfin. Adam leur expliqua en long, en large et en travers à quel point cette matière était ennuyeuse.

« Et attendez ! continua Gabriel. Le prof est ultra S ! »

Ils avaient tous lu Secret Service dans la semaine et étaient fans de Kagero, sortant dès qu'ils pouvaient ses répliques. Même si ce manga s'adressait aux filles, la présence du sadique les avait poussé à continuer.

« Méga S, même, renchérit Antoine.

-En fait, il faut imaginer Kagero en prof, continua Adam.

-Non, quand même pas ! contredit l'argenté. Il n'est pas pervers !

-Ça, c'est sûr ! rit Adam. À mon avis, sa femme ne doit pas rire tous les jours avec lui ! »

Clémence éclata de rire.

« Vous devez exagérer, défendit Emma. On l'a rencontré le jour de notre arrivée. Je suis sûre qu'il doit être gentil et avoir un grand cœur...

-Ça se voit que tu ne le connais pas ! s'exclama Joseph. Tu vois un iceberg ?

-Euh oui...

-Ben dis-toi que Spears est encore plus froid que ça...

-Je n'y crois pas.

-Tu verras tout à l'heure, contredit Gabriel.

-Après, ce n'est pas un mauvais prof, rassura Adam. On dit ça, mais il est très bon dans son domaine. Il paraît même qu'il est Traqueur, c'est pour dire. C'est juste qu'il fait peur.

-Vous savez ce que sont les Traqueurs ? demanda Joseph.

-Oui, confirma Clémence. Nos âmes sœurs nous en ont un peu parlé...

-Ça vous donne un peu le niveau du prof, répondit Gabriel. Je me demande s'il traque les déserteurs ou les Démons...

-Les déserteurs, forcément ! répondit Antoine. Sinon, il s'occuperait du cours de Démonologie avancée...

-C'est pas obligatoire, nota Clémence. S'il est si carré que vous le dites, qu'il traque les Démons ou les déserteurs, c'est la même chose : il connaîtra parfaitement l'Éthique.

-Surtout qu'ils ont un examen d'Éthique très avancé pour être présélectionné dans la Garde, confirma Adam.

-Oui, mais un déserteur c'est pire, argumenta Emma. Les dissidents choisissent de déserter, ils ont le libre arbitre, contrairement aux Démons qui naissent comme ça... Justement, s'il est aussi attaché à l'Éthique que ça, il traquera les déserteurs... »

Les quatre garçons se mirent à rire en l'entendant.

« Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle.

-Si on ne m'avait pas dit que tu étais Humaine il y a encore deux semaines, je n'aurais jamais pu le deviner... sourit Adam. C'est très bien dit !

-Même si les Démons restent des parasites malgré tout, continua Joseph. N'oublions pas qu'ils nous volent des âmes !

-Et qu'ils les éliminent en les dévorant, renchérit Gabriel. Il faut vraiment être un sauvage pour faire une chose pareille...

-Je ne comprendrais jamais les Humains qui passent des Pactes avec eux... déclara Adam.

-C'est vrai ça... Pourquoi vous en passez ? interrogea Gabriel en regardant les jeunes femmes.

-Ah mais nous, on a rien passé du tout ! se défendit Clémence.

-C'est plutôt même tout le contraire puisque nous sommes devenues Shinigami, fit remarquer Emma.

-Bah, ça fera un sujet intéressant pour la Civilisation ! plaisanta Antoine.

-Un peu de silence s'il vous plaît! » intima une voix connue.

Dans le couloir où les élèves patientaient, étant arrivés en avance, il n'y eut plus le moindre bruit, hormis Adam qui murmura rapidement aux filles qu'elles allaient enfin voir Spears en action.

William s'avança au milieu des étudiants, ne leur accordant pas un regard, et ouvrit la porte de sa salle.

« Allez-y. Vous êtes par ordre alphabétique, vos noms sont inscrits sur les tables puisque vos places ont changées par la présence des nouvelles élèves... »

Quand Emma passa devant lui, il la retint :

« Acquaviva ? Où sont vos lunettes ?

-C'est Clémence qui me les a cassées en cours de Pratique... Monsieur, rajouta-t-elle rapidement.

-Curiel, je vous jure ! s'énerva-t-il. Vous pourriez faire un peu plus attention ! Avez-vous seulement conscience de l'importance des lunettes ?

-De toute façon, M. Darsier a dit que ce n'était pas grave et que ça favoriserait le développement de ma perception... tenta de défendre Emma.

-Vraiment... La perception... Ce n'est pas un sens assez développé pour que vous vous passiez de lunettes !

-D'après ce que j'ai compris, les Prétoriens n'en portent pas...

-Je vous jure ! Vous n'êtes pas Prétorienne que je sache ! »

Toute la classe se tourna vers Emma, abasourdie de l'entendre tenir une conversation avec M. Spears. Aucun n'aurait osé...

« Et là n'est pas la question, continua William. Je ne suis pas d'accord avec le fait que certains Gardes se permettent de ne pas porter de lunettes, mais le fait est qu'ils ne sont plus sur les bancs de l'école et qu'ils n'ont plus à regarder le tableau.

-Je me mettrais devant, monsieur.

-Oui, mais je vous ai placée à l'arrière et je ne vais pas tout changer maintenant. Vraiment...

-Ah...

-Tenez... »

Il enleva ses lunettes et les enfila avec précaution sur le nez d'Emma.

« Vous les garderez juste pour ce cours-ci ! N'oubliez pas de me les rendre à la fin. Et je ne veux pas de traces de doigts dessus, ne les faites pas tomber, continua-t-il en jetant un coup d'œil à Clémence. Et redressez-les sur le côté, pas sur le pont, vous risqueriez de les salir...

-Bien monsieur... sourit Emma.

-Rentrez maintenant... Vous êtes à côté d'Abayrac et vous, Curiel, à côté de Deschanel. »

Emma perdit aussitôt son sourire et Clémence ne cacha pas sa mine dégoûtée. Elles rejoignirent leurs places, tout à l'arrière de la classe. En passant devant Antoine et Adam qui étaient au premier rang mais séparés par un garçon, Emma leur murmura :

« Vous voyez qu'il est pas si méchant...

-Attends, répondit rapidement Adam, elles sont peut-être enchantées... Tu vas te transformer en Super Saïyen de l'Éthique... »

Emma eut un petit rire, mais William la reprit aussitôt, sans qu'elle sache réellement si c'était de la jalousie ou simplement pour maintenir l'ordre.

Le professeur rejoignit son bureau avec plus de rapidité que ses élèves ne l'auraient imaginé sans ses verres. Il s'y assit avec la ferme intention de ne plus en bouger. En vérité, Augure l'avait guidé depuis l'extérieur, n'ayant pas le droit d'entrer.

Quand elles s'assirent sur le banc de quatre, entre Anna-Carla et Angelica, elles se récoltèrent un regard plein de mépris, particulièrement Emma qui avait les lunettes du professeur sur le nez.

« Mesdemoiselles, messieurs, commença William de son habituel ton stoïque et imperturbable, nous voilà à nouveau réuni pour votre dernière année à l'Académie. Je vous rappelle que vous aurez vos examens finaux en mai et juin. J'attends donc de vous le plus grand sérieux et beaucoup de travail. Je vous rappelle que vous devrez également rendre vos mémoires au plus tard le 23 mai 2014, rédigés en Anglais. »

En entendant ça, Emma s'horrifia. Son pire cauchemar.

« Je t'aiderais... murmura Clémence à son amie.

-Curiel, un peu de silence, nous sommes en cours.

-Désolée monsieur...

-Acquaviva, tout va bien ?

-C'est à dire que... Euh... C'est obligé de le rendre en Anglais, monsieur ?

-Bien entendu, c'est la langue internationale ! Les mémoires des élèves le sont toujours dans la langue internationale du moment. Pourquoi ?

-Je... Je suis très mauvaise en langue, répondit-elle avec un regard signifiant qu'il le savait parfaitement.

-Eh bien si votre niveau ne vous permet pas de l'écrire dans cette langue, vous devrez demander une dérogation auprès de l'administration et de Mr. Rousseau. Même si je suis votre professeur principal, je ne peux pas me permettre de prendre une telle décision. Quant aux autres, ne vous attendez pas à de la clémence sur ce point. Vos mémoire seront en Anglais et rien d'autre. Je vous rappelle que le Latin n'est plus autorisé depuis la réforme de l'Académie de 1952. D'autre part, cette année, vous avez un stage d'un mois à faire avec un Faucheur, n'importe où en France. Votre Maître de stage vous fera également passer l'épreuve finale des examens et à ce titre ne peut donc pas être un membre de votre famille ou votre âme sœur. »

Son regard s'arrêta un instant sur Clémence et Emma, puis il reprit :

« Vous devrez donc le choisir avec circonspection, d'autant qu'une fois que vous serez Faucheur, ce sera votre référent durant une décennie, au cas où vous auriez des problèmes, et qui vous aidera à vous intégrer parfaitement à notre société. Je vous conseille donc également de prendre quelqu'un que vous connaissez déjà. Plus tôt vous l'aurez, mieux cela sera. »

Discrètement, Clémence envoya un sms à Grell pour lui demander si elle acceptait de la prendre, pendant qu'Emma faisait de même avec Alan.

« Désolée, depuis l'affaire Jack l'Éventreur, je n'ai pas le droit de prendre de stagiaire. Genre, je vais les pervertir ! » répondit la rousse à Clémence.

« Je ne peux pas te prendre Emma, je suis désolé. Je ne prends jamais de stagiaire. Disons qu'avec ma tendance à plaindre les morts que je fauche, mes supérieurs ne préfèrent pas. Sans parler que si jamais on tombe sur un Démon (c'est rare pendant les stages, mais ça peut arriver), je ne serais pas en mesure de te protéger. Là, je suis au bureau et Éric en fauche, mais je lui demande pour toi dès qu'il arrive ! J'espère que tout ce passe bien de ton côté ! »

Clémence reçut à ce moment un message d'Éric :

« Alors comme ça tu demandes à l'autre cinglé(e) de te prendre en stage ? Ronald était avec elle et il m'a envoyé un message pour me demander pour toi. Si ça te dit, je te prends en stage ! »

« Clém, accepte pas Slingby, son dernier stagiaire était Alan et on voit comment il a fini... Sauf si t'es suicidaire. » envoya Grell.

« J'ai demandé à Éric s'il voulait bien être ton Maître de stage. Si ça te dit, donne-lui vite ta réponse ! À ce soir mo ruin ! »

« Merci beaucoup chéri ! Je lui réponds de suite oui ! À ce soir, je t'aime ! » renvoya Clémence à Ronald avant de donner sa réponse à Éric et à Grell.

De son côté, Emma reçut un texto de Luciano :

« Bonjour Emma. Alan Slingby-Humphries m'a parlé de votre problème. J'ignore si vous pouvez faire un stage avec un Prétorien, mais si c'est le cas, j'accepte avec plaisir d'être votre Maître de stage. C'est la moindre des choses que je puisse faire alors que vous m'accueillez sous votre toit. »

Emma leva alors la main, coupant William dans sa tirade sur l'importance d'écouter ce que dirait le Faucheur qui les encadrerait.

« Oui Acquaviva ?

-Monsieur, est-ce que l'on peut faire un stage avec Prétorien ? interrogea Emma sous le regard ébahi de la classe.

-Un Prétorien ?! manqua de s'étrangler le brun. Comment ça, un Prétorien ? Quel Prétorien ?

-Euh... Un... Un Traqueur de déserteur en l'occurrence, monsieur...

-Un Traqueur, je vous jure... marmonna-t-il, sachant très bien de quel Traqueur il s'agissait.

-De toute façon, intervint un élève qui avait la tête du premier de la classe, jamais un Garde ne prendrait une stagiaire de dernier cycle académique. Ils ont autre chose à faire et ne forment que les futures recrues du Prétoire.

-Merci de votre intervention, Lebreton, mais je ne vous ai pas autorisé à parler, répliqua William.

-Veuillez m'excusez monsieur...

-Toujours est-il, Acquaviva, que Lebreton a tout à fait raison : ce n'est pas parce qu'il est possible de faire votre stage avec un Traqueur que ce Traqueur acceptera. Certes, les Gardes sont Faucheurs à la base, mais ils ont beaucoup de travail et ne prendront jamais une simple étudiante de l'Académie.

-Mais c'est lui qui me l'a proposé... » expliqua Emma d'une petite voix.

Heureusement que William savait rester maître de lui-même en toutes circonstances, mais il eut envie d'étrangler Luciano sur le coup. De quel droit se permettait-il de faire ce genre de proposition à Emma ?! Pour qui se prenait-il ?! Il n'avait vraiment honte de rien !

L'Anglais l'avait accueilli à bras ouverts chez lui, lui avait assuré qu'il allait l'aider à surmonter ses problèmes et voilà comment il était remercié ! Ce maudit Prétorien faisait des propositions hors de propos à Emma. Il n'était pas question qu'il reste une minute de plus chez eux.

« De toute façon, rétorqua William avec une imperceptible pointe de colère et de jalousie dans la voix, même si c'est ce Garde vous a fait cette proposition, il devra avoir l'accord de ses supérieurs et je doute qu'il l'obtienne. »

Emma comprit aussitôt le sous-entendu de son âme sœur et soupira. Comment pouvait-on être aussi jaloux ? Alors que William finissait de dire ce qu'il devait, elle répondit discrètement au métis :

« C'est possible, mais Will n'est pas d'accord. Il ne voudra pas vous donner son accord en tant que supérieur. »

« Ce n'est pas mon supérieur, il n'est pas Prétorien. Je suis sous ses ordres momentanément, parce que j'ai été rattaché à l'équipe, mais je ne dépends que de Schreiber et Sørensen... Cependant, s'il est contre, je respecterais son choix. »

« Je me fiche de ce que pense William ! Si vous avez les autorisations et que vous acceptez de me suivre, je ferais mon stage avec vous ! De toute façon, c'est bien mieux, Clémence et moi serons rattachées à l'équipe après nos examens finaux ! Au moins, je commencerais ma formation avec un Prétorien. Je suis certaine que vos supérieurs seront d'accords sur ce point. Et puis, de toute façon, Will est un jaloux maladif et il a intérêt à se calmer. Je ne vais pas me reclure dans une tour pour lui. »

« Comme vous voudrez. »

« Je suis tout à fait d'accord avec toi ! Mais prépare-le psychologiquement pour le lui annoncer... » reçut-elle d'Alan.

Sur ce point, elle n'allait pas dire le contraire...

« Je dois aussi vous annoncer que vous aurez une nouvelle option de disponible cette année, le Gaélique, avec Mr Knox. »

Clémence serra les dents en entendant Anna-Carla et Angélica glousser comme des poules à l'évocation de Ronald. Depuis qu'elles l'avaient vu dans les couloirs, elles n'arrêtaient pas de fantasmer sur lui et la jeune femme avait du mal à se retenir de leur mettre un coup de Faux de la Mort pour les faire taire. En plus, elles avaient répandu la rumeur comme quoi le nouveau professeur de Gaélique était super trop canon.

Aussi, lorsque William les admonesta de se taire, un large sourire éclaira son visage.

Cependant, son sourire retomba vite quand le professeur annonça qu'ils allaient commencer sans plus tarder le cours par le plus important : les Règles Shinigami. Les dix que l'on ne pouvait en aucun cas briser. Normalement, ils devaient les connaître déjà, mais ils allaient les explorer plus en profondeur.

Elles étaient d'une importance capitale puisqu'elles régissaient, certes, la vie des Faucheurs, mais aussi de la Garde et de n'importe quel Shinigami vivant sur Terre ou en Érèbe. Y déroger ferait du Kami un horrible dissident. Il n'y avait rien de plus important que ces dix Règles. Elles étaient même au-dessus des lois et du Code divin.

Mais certaines étaient même au-dessus des autres. Il s'agissait des six premières, particulièrement de la première, la Règle des Règles. La Règle suprême. La Règle la plus importante d'entre toutes. La Règle qui...

Face à ce suspens insoutenable, Clémence décrocha complètement et prit une feuille pour y gribouiller quelque chose, sous le regard curieux d'Emma qui n'écoutait pas plus que son amie.

Règle n° 1 : Porter des lunettes (très important !).

Règle n° 2 : Prendre soin de sa Faux.

Règle n ° 3 : Les diverses dépenses doivent être passées en note de frais.

Règle n° 4 : Quand vous croisez un mec élégant, considérez-vous comme rémunéré...

Règle n° 5 : Travailler froidement sans sourire.

Règle n° 6 : Quand l'heure arrive, faites la fête !

En se mordant la lèvre inférieure pour ne pas rire, elle passa sa feuille de manière discrète à Emma. William annonça enfin sa Règle si importante :

« Vous devrez protéger les âmes quoi qu'il arrive ! »

La brune éclata de rire dans le silence de la classe.


Et voilà !
En espérant que ce chapitre de Noël vous a plu. ^^

Prochain chapitre : Départ
Au programme : Des ennuis en perspective, une gifle et du yaoi.

A la prochaine et encore un très joyeux Noël !