Chapitre 7

Et ainsi se passèrent les heures suivantes, puis les jours, et les semaines, s'accumulant pour devenir des mois, passé à l'art de la forge le jour, et à servir dans une taverne la nuit, par foi même jusqu'à l'aube. Lors de ses journées avec Hors, il n'apprenait pas qu'à forger des lames et des masses, il avait appris avec le temps à tout savoir d'un homme rien qu'avec la façon dont il se comportait au magasin : le nombre d'enfants, s'il avait une femme, s'il voulait vraiment acheter ou pas, s'il avait de l'argent et combien… Et lorsqu'il travaillait le soir à la taverne, il écoutait les récits des aventuriers et apprenait ainsi bon nombre de choses, telles que la révolte des nordiques, qui avaient déclarés leur indépendance, celle des esclaves S'Athots, dans le désert d'Ardaos, qui se trouvait non loin de Coïl, ainsi que des histoires fabuleuses sur le Grands-Nord, derrière les montagnes, là où vivaient nombre de créatures étranges et fantastiques, tout droit sortis des plus vieux mythes ; et surtout, il se faisait de l'argent. Il ne savait pas vraiment qu'en faire mais un peu de monnaie dans la poche ne faisait pas beaucoup de mal.

Avec le temps, Dess se fit une carrure plus importante, ses mains, devenues presque naturellement rouges à force de trainer trop près de la forge et des nombreuses brûlures qu'il s'était fait avec le temps, avaient s'étaient endurcies ; ses bras avaient quasiment doublé et tout son corps avait subi plus ou moins de grands changements. Il avait pris l'habitude d'attacher ses cheveux mi-longs, qui aurait pu devenir dangereux à la forge. Ses dix-sept ans arrivèrent sans grand intérêt pour le jeune homme qui passait ses journées à la forge d'Hors ; pour son anniversaire, sa mère tint tout de même à ce qu'il organise une petite fête avec quelques amis, mais lorsque le moment fut venu de les inviter, Dess se rendit à l'évidence : il n'avait pas d'amis, il n'avait que Hors et sa mère ; et jusqu'à maintenant, il n'avait pas eu besoin de plus, alors il s'en contentait.

Ce soir-là, il rentra tard de la forge, et du fermé la boutique, après qu'Hors soit partit en ville, chercher quelques babioles pour le magasin, avait-il dit, mais Dess savait qu'il était simplement partit lui chercher son cadeau. Dess éteignit la forge, récupéra quelques affaires, et ferma à double tour la porte du magasin ; après quoi, il retourna directement chez lui. A son arrivée, un grand « surprise ! » failli lui couper le souffle, bien qu'il s'attendait à ce genre de surprise à la maison. Hors et sa mère applaudissaient, au milieu du salon, seulement entourés de deux paquets, et de papiers colorés qui volaient dans toute la pièce. « C'est trop, il ne fallait pas ! » faillit-il dire ; mais il se ravisé, et laissa la parole à Hors.

« Mon garçon, aujourd'hui, tu n'es plus le petit enfant, auquel je répétais sans cesse de ne pas mettre ses doigts dans la forge. Aujourd'hui, tu es un homme, et c'est pourquoi, aujourd'hui, je t'offre un cadeau…d'homme. »

Il prit alors la grosse boîte qu'il était posée devant lui, et la mena jusqu'à Dess, qui la saisit, et s'empressa de déballer. Une épée. Mais pas une simple épée. « Lis la gravure sur la lame. » lui-dit Hors. Il posa la boîte, enleva le fourreau et lu à haute voix la minuscule gravure sur la lame : « A mon fils ». Cette simple phrase suffit à lui mettre la larme ailleurs. « Mon fils », Hors ne l'avait jamais appelé ainsi, mais il n'en avait pas besoin : Dess se savait comme un fils pour le vieux forgeron. Mais aujourd'hui, ce « comme », avait disparu, et Dess se réjouit. A part la gravure de la lame, l'épée était plutôt basique : la poignée était entourée d'une lanière de cuir, le pommeau était d'une forme sphérique, une simple masse, pouvant servir à asséner un coup fatal, ou à assommer un ennemi pour le finir. Il voulut prendre Hors dans ses bras, mais il avait reculé, et s'était replacé à la droite de sa mère.

« Je… je ne sais quoi te dire Hors, je suis…

-Ce n'est pas tout ce que je voulais te dire ce soir Dess. (Le jeune homme lui lança un regard interrogateur. Hors se retourna vers la mère, qui hocha simplement la tête.) Eh bien mon garçon, je ne sais comment te l'annoncer… (Il souffla, avant de se jeter à l'eau.) Ta mère et moi, nous allons mariés. »

Dess n'en cru pas ses oreilles : son père de substitution épousé sa mère. Bien qu'il considérait Hors comme son père, jamais n'aurait pu l'imaginer assis à sa table pour prendre le petit-déjeuner la matin, ou bien dans le salon, à discuter avec sa mère, puis aller se coucher dans son lit, et dormir toute la nuit avec elle. Jamais cette idée n'avait même traversé son esprit… Mais, peut-être n'était-elle pas si terrible… Il considérait déjà Hors comme son père. « J'en suis ravi Hors. »

Après cela, sa mère lui offrit à son tour son cadeau : une chaine d'argent, à laquelle pendait un médaillon en tête de loup, la gueule ouverte, en signe d'attaque. Dess avait déjà vu ce médaillon ; lorsqu'il était plus petit, un soir où sa mère pleurait sur le fauteuil du salon, il avait voulu la consoler, mais elle l'avait rejeté, et avait continué à pleurer toute la nuit, sur ce médaillon. Plus tard, elle lui raconta la dernière fois où elle avait vu son père : il lui avait donné son médaillon, et elle ne l'avait plus jamais revu. C'était un immense cadeau de la part de sa mère.

Après la soirée, Dess partit se coucher, comme dans la plus normale des soirées.

Le lendemain, à la forge, Hors lui donna la commande d'un client important : sa hache était rouillée, et il passa la matinée à la soigner. La cloche de la porte se fit entendre et Hors partit à la rencontre de son nouveau client. Dess le regarda partir et continua son travail comme si de rien était.

Au bout de quelques minutes, Dess lâcha son marteau, enleva son tablier et sortit de la forge. Deux hommes immenses, l'un peu derrière l'autre, et encapuchonnés, se tenaient devant Hors, leurs vielles capes usées trainant sur le sol de pierre. Leurs épées accrochées dans le dos de leurs énormes armures. Hors dut l'entendre car il se retourna. « Rentre dans la forge, dit-il.

-Qu'est-ce qui ce passe ? demanda Dess.

-Entre pas là-dedans petit, lui dit le premier homme d'une voix grave.

Dess les reconnut. Un soir à l'auberge, était passé un barde qui raconta pendant toute la nuit l'histoire de la SombreGarde ; des hommes qui gardaient, à ce que l'on dit, le Corridor des montagnes d'Arkos ; une énorme chaines de montagne qui séparait Valheindir des Terres Inconnus ; un territoire jamais explorer par l'homme moderne. A ce que l'on dit, toutes créatures non humaines ou animales considérées anormales ainsi que tous les exilés du royaume y étaient exilés. En bref, les Sombregardes étaient des chasseurs, les gardiens de la montagne, ils traquaient toutes vies c'étant échappée de quelque façon des terres Inconnues. Et qui vivaient dans les montagnes. Autrefois, ils circulaient dans tout Valheindir, à la rechercher des ces créatures et exilés. Mais depuis le couronnement du Roi-Dieu, ils avaient eus l'obligation de se retirer à leur château-base, et n'avaient plus le droit de passage dans le royaume. Mais comment avaient-ils pu atterrir au cœur de celui-ci alors qu'ils en avaient l'interdiction ?

« Qu'est ce qui ce passe ? répéta Dess.

-Sortez me mon magasin ! dit Hors.

-Nous voulons juste faire réviser nos épées.

-Si le roi apprend que vous êtes venus ici il nous fera tous décapiter.

-Le roi n'en saura rien. »

Hors mit la main derrière le comptoir chercha quelque chose et sortit un marteau à deux mains, avec un grand manche de bois et la masse en acier trempé.

« Si vous ne sortez pas immédiatement je vous démolis le portrait.

-Rangez ça forgeron.

-Je suis dans mon droit je vous préviens ! »

Le SombreGarde s'avança et se dressa de toute sa taille. Il faisait presque deux tête de plus que Hors et Dess entrevu son visage balafré et sa barbe de trois jours presque blanche. « Rangez ça, dit-il simplement. » Hors dut levait la tête pour le voir de face à face. Il leva le marteau sur le côté et l'abaissa. Le SombreGarde leva la main et stoppa le marteau net en 'attrapant par la hampe. Il retira l'arme des mains de Hors et le jeta à terre. Hors était effaré. Le marteau retomba en un fracas monstrueux. Durant se lapse de temps ou plus aucun son ne sortait de quoique ce soit à part de la rue, Dess put observer le second homme ; il ne devait pas avoir plus de d'une trentaine d'années, faisant ainsi contraste avec son collègue d'au moins cinquante ans. Après un long moment : « Les épées s'il vous plaît », dit Hors, soumit. Les deux SombreGardes se regardèrent, décrochèrent les lanières qui tenaient leurs immenses épées dans leurs dos et les donnèrent à Hors. Ce dernier les prit et dit : « Où pourrais-je vous trouver quand ce sera fini ?

-A la taverne. Vous n'aurez qu'à envoyer votre… (Il fit une pose et regarda Dess fixement ; ce dernier eut l'impression que quelque chose pénétrer dans son esprit.) Assistant », fini le SombreGarde.

Sur ce, il se retourna et partit toujours suivit par son collègue. Dehors, leurs deux chevaux - un noir et un brun - furent détachés par leurs maîtres puis montés et disparurent dans la rue. Hors se retourna et dit à Dess : « Aller, va m'aiguiser ça. »

Hors lui dona les épées et Dess dut plier les genoux pour garder son équilibre ; il repartit d'où il était venu et posa les épées dans un coin. Puis il retourna dans le magasin ; Hors s'était adossé au comptoir la tête dans les mains.

« Pourquoi tu leur as parlé comme ça ?

-Sais-tu qui ils sont ?

-Oui et ça ne justifie pas comment tu as parlé à ces hommes.

-Tu crois ? Si le roi apprenait ce qui vient de ce passé, il nous ferait décapité rien que pour leur avoir parlé !

-Qui aurait pu le lui dire ? Hein ?

-Là n'est pas la question Dess, et tu le sais ! Les SombreGardes sont des hors-la-loi ! Des rebelles à la couronne !

-Et bien il serait peut-être tant que quelqu'un se rebelle ! Les Cœur-de-Dragon usurpent la couronne depuis… (Paf ! Dess ne vit pas la claque venir.)

-Ne redit… jamais… ça », dit Hors le plus calmement possible.

Dess releva la tête en portant sa main à sa joue. Il se rua vers la porte et sortit en courant et en pleurant. Jamais Hors ne l'avait frappé. Dess le voyait comme un père depuis tout petit ; il avait toujours était présent : anniversaires, fêtes de Kèrne- une fête en l'honneur de Kèrnahèle en hiver-, et tout au cours de sa vie. Dess bouscula les passants qui avaient eus la mauvaise idée de se mettre en travers de sa route, ce qui fut accueilli par force grognement et mécontentement. Dess changea légèrement de trajectoire et grimpa sur la façade du bâtiment visé ; une fois en haut, il continua de courir et sauta sur un autre toit. Il passa ainsi toute l'après-midi sur les toits. Il revint ensuite à la maison, pénétra dans la taverne du « Chien Rugissant », et commença la nuit.