Cabu, Wolinski, Charb, Tignous, Honoré, Bernard Maris, Elsa Cayat, Franck Brinsolaro, Ahmed Merabet, Frédéric Boisseau, Michel Renaud, Mustapha Ourrad

JE SUIS CHARLIE, JE SUIS POLICIER, JE N'AI PAS PEUR


Je suis dévastée par tant de violence et de lâcheté de la part de ces terroristes. Je ne peux que vous rappeler combien nos valeurs sont importantes et combien notre rassemblement prouve notre force et notre dévouement à tout ce qui fait notre pays et notre liberté. Gardez en tête le combat de Charlie Hebdo et de tout ceux qui le continueront. Nous sommes Charlie et je vous aime.


En ce qui concerne le chapitre, je m'excuse pour cette attente affreuse (7 mois, c'est interminable et inexcusable). Je l'ai dit avant, je n'abandonnerais pas cette histoire, elle prendra sûrement le temps qu'il faut pour venir à bout, mais je la terminerai, je vous le promet.

J'espère qu'il vous procura un peu de divertissement en ces temps difficiles, même si je vous l'avoue, il n'est certes pas très joyeux.


RAR :

lisou : Si il y a bien une chose dont je suis contente, c'est que tu ai eu le courage de retourner lire cette histoire :) J'espère quand même que tes oraux se sont bien passés (oui oui, 7 mois après, mais il faut bien demander ;) ) ! Pour ce qui est de Ernie, je dirais surtout que comme tous les Poufsouffle, il semble voir plus facilement les bons côtés que les mauvais, ce qui fait qu'on peut le trouver un peu niais et gentil. Quand à Carlius, oui, il est antipathique et égocentrique et je comprends tout à fait que tu ne l'aimes pas ^^ Qui sait, peut-être que tes sentiments à son égard changeront si l'envie de continuer cette histoire te prenait :)

faerycyn : Je sais, je suis une horrible sadique, j'aime rester sur des fins horribles :p J'attends comme toujours ta review avec impatience en espérant que tu n'auras pas à relire toute l'histoire pour comprendre ce chapitre ! Je m'excuse personnellement pour le retard, je sais que c'est pénible d'attendre les prochains chapitres et ne pas les voir arriver et j'ai des fois envie de me taper la tête contre les murs pour ma flemme. Tu peux remercier ma bêta qui m'a gentiment foutu un coup de pied dans les fesses pour que je me bouge ^^ Ah, et Drago t'as entendu, il a fait des efforts, mais je te laisse découvrir tout ça par toi-même :)

van3xxx : Merci pour ce très beau compliment ! Désolée pour le retard, j'espère que tu as toujours envie de connaître la suite !

Indifferente : D'abord merci de m'avoir poussé à finir ce chapitre, il était temps ! Sinon, oui oui, Drago est sexy, quoi qu'il fasse, je suis sûre que même au toilettes, il est sexy. Comme quoi, moi aussi le site m'a pervertie. TU m'as pervertie ! Et tes menaces que Drago me séquestre si je n'écrivais pas la suite, bah tu ne peux que rejeter la faute sur le blondinet hein :p J'aime que tu aime Alex, et du coup j'ai très envie de t'écrire un OS sur eux deux, encore ! :D
En tout cas la suite est là ! Et puis, je sais même pas si t'as remarqué, mais c'est quand même le prénom que tu m'as proposé que j'ai utilisé pour l'enfant, oui oui ! :)

alizeta : Je suis une sadique, je sais, on arrête pas de me le dire :p En tout cas, merci pour le compliment, et si jamais tu repasses par là, j'espère que tu trouveras que l'originalité est toujours présente ;)


Un petit mot de ma merveilleuse bêta Indifferente sans qui ce chapitre serait encore en hibernation au fin fond de mon ordi : "Enfiiin le nouveau chapitre de la Légende des Fondateurs et l'attente en valait la peine, surtout quand on lit la fin de ce chapitre ! (hihihi) En tout cas, je ne peux que remercier ClaP d'avoir écrit la suite et je l'encouragement fortement à se motiver pour écrire un autre chapitre avant la fin de 2015 !"


Sur ce, je vous souhaites quand même une bonne lecture !


Chapitre 19 : Liaisons dangereuses


A bien des égards, Lucius Malefoy pouvait passer pour un insupportable salopard. Pour Jonathan, il était plutôt un homme qui avait dû faire des choix à un moment ou un autre dans sa vie, qu'ils soient dictés par sa famille ou par son devoir.

La première fois qu'ils s'étaient rencontrés, le blond l'avait fixé d'un air si curieux qu'il n'avait pu s'empêcher de l'approcher. Il connaissait les Malefoy. Ses parents en parlaient assez à table le soir pour savoir que c'était complètement inédit de voir leur fils chéri arborer un tel air de curiosité sur son visage. Jonathan avait 8 ans, et tout ce qu'il comprenait vraiment c'était que l'enfant du même âge qui se trouvait devant lui n'avait qu'une envie, se saisir de son ballon de foot.

Il le lui avait tendu, parce qu'il n'était qu'un gosse et qu'il n'aurait jamais eu l'idée de s'éloigner de lui simplement parce qu'il était un Malefoy. Cela avait marqué le début de leur amitié.

Leurs parents n'avaient rien remarqué. Ceux de Lucius ne s'intéressaient pas réellement à ce que faisait leur fils en dehors des heures qu'il passait avec son professeur particulier. Quant à Jonathan, il passait tant de temps à traîner dans le village et à jouer avec les voisins que ses parents ne se doutèrent jamais qu'il fréquentait le fils de la famille qu'ils haïssaient le plus.

Il avait 8 ans et il ne comprenait pas que jouer avec Lucius soit un problème. Il ne comprit pas d'avantage quand, à 9 ans, ses parents le découvrirent et l'empêchèrent de le rejoindre.

Il avait commencé par se morfondre, n'avait aucun moyen de prévenir son ami, et finit par se rebeller. Là commença le déclin de sa relation avec ses parents. Ils ne comprenaient pas qu'il ait pu autant s'attacher au blond, ne voulaient même pas envisager qu'il puisse un jour faire partie de la vie de leur fils.

Lucius non plus ne comprenait pas. Il n'osa pas en parler à ses parents, ne pensa même pas à leur dire qu'il aurait aimé héberger un ami. Un Malefoy n'avait pas d'amis. Encore moins quand cet ami était un sang-mêlé.

Ils se trouvaient ensemble, cachés dans une vieille bâtisse abandonnée quand Lucius reçut sa lettre pour Poudlard. Le même jour, une énième dispute éclata dans la famille Twain après que Jonathan eut découvert que ses parents l'avaient transféré à Beauxbâtons.

Quelques semaines plus tard, il partait en France.

Ils s'écrivaient, souvent, mais il ne revit Lucius que 7 ans plus tard.

Ce fut comme si rien n'avait changé. Lucius était toujours le connard insupportable qu'il avait connu, et surtout, son ami. Son meilleur ami.

Même maintenant, 37 ans plus tard, Jonathan savait qu'il pouvait compter sur Lucius, que ce soit pour la Confrérie, ou juste pour lui. Il ne se lassait jamais de recevoir des lettres du blond. Ils avaient mis en place un code dès leur plus jeune âge pour correspondre entre eux sans que leurs parents ne découvrent le contenu de leur lettre, et Jonathan fut sincèrement reconnaissant de leur initiative enfantine quand il découvrit Sirius Black, la lettre décachetée entre ses mains, dans sa chambre.

- Tu as reçu ça, commença l'ancien maraudeur avec hargne. Désolé, je n'ai pas pu m'empêcher de l'ouvrir.

Le brun ne se sentait absolument pas désolé et Jonathan le savait. Il lui lança un regard furieux, se retenant de se jeter sur lui pour lui arracher la lettre, tout en gardant un air charmant sur le visage.

- C'est un vrai charabia, mais ça ne m'étonne pas, enchaîna le maraudeur d'un air suspect.

- Donne-moi ça, siffla Jonathan d'un air mauvais, abandonnant son masque de gentil papa inquiet pour son fils, le regard hargneux.

- Je ne sais pas qui tu es Twain, ni même ce que tu veux. Je ne sais même pas d'où vient cette lettre, et comment elle a pu arriver ici avec toutes les protections que nous avons installées, mais je suis sûr d'une chose, je ne te fais pas confiance et je surveillerai le moindre de tes gestes, tu peux en être sûr.

La mâchoire de Jonathan se contracta et il retint son poing de s'abattre sur le visage de l'ancien maraudeur. Depuis qu'il était arrivé au Square Grimmaurd avec Abigail, Sirius Black s'était mis à le surveiller, se faisant un malin plaisir de relever chaque petite incohérence dans ses propos, cherchant la moindre faille dans son personnage. Il ne savait pas pourquoi ni même si l'ancien prisonnier savait quelque chose par rapport à ce qui se tramait à l'extérieur, mais une chose était sûre, Black le détestait et il le lui rendait bien.

Jonathan fit un pas en avant et s'empara de la lettre des mains de Sirius dans un geste rageur. Sans un mot, il tourna le dos à son invité, lui faisant clairement comprendre qu'il pouvait dégager de sa chambre. Ce que le maraudeur s'empressa de faire quand il comprit qu'il ne tirerait rien de plus de l'homme en face de lui.

Quand il se retrouva enfin seul, après avoir vérifié que Black ne soit pas resté derrière la porte, il décacheta la lettre et se laissa tomber dans un fauteuil pour la lire. Sans surprise, celle-ci venait de Lucius, il s'y attendait. Pour ce qui était des nouvelles qu'elle contenait, il était moins enchanté. Bien que l'idée que son fils suive son exemple en devenant ami avec celui de Lucius lui soit plus ou moins logique, il ne put s'empêcher de s'inquiéter. Il savait bien que jamais Alexander ne se tournerait vers les forces du mal, pourtant il ne cessait de se dire que son fils serait bien capable de tout et n'importe quoi au nom d'un ami.

Son éducation, dont il était plus ou moins satisfaitl'avait tout de même éloigné de toute tentative de lien avec d'autres enfants, il n'aurait donc pu lui en vouloir de se lier avec le premier venu. Il soupira. Tout aurait été plus simple si ce n'était pas tombé sur Drago Malefoy.

Et Lucius était inquiet. Il ne l'avait certes pas explicitement écrit dans sa lettre, mais Jonathan connaissait assez son ami pour savoir que derrière les mots se cachaient des préoccupations plus importantes.

Drago et Alexander avaient été les principales raisons pour lesquelles Narcissa et Abigail avaient tout fait pour qu'ils ne se voient plus. Outre l'instinct maternel, elles savaient depuis le début qu'une amitié entre leurs deux enfants ne pourrait être que destructrice. Entre un mangemort et un descendant des Fondateurs, le mélange serait trop explosif.

Malgré tout ça, le destin semblait s'acharner puisque les deux garçons s'étaient tout de même rencontrés. Ils n'avaient pas le choix, leur poste au sein de la Confrérie les empêcheraient, lui et Lucius, de les protéger. L'Enfant passait avant tout, peu importe que son fils se damne pour celui de son meilleur ami.


Ce fut d'abord la voix mélodieuse qui s'éleva de la pièce qui incita Kira à s'approcher. La porte était entrouverte et elle ne put s'empêcher de s'arrêter dans l'entrée pour observer la scène qui se déroulait dans la chambre face à elle. Abigail, sur un canapé, Eliot endormi dans ses bras, bercé par la mélodie qui s'échappait des lèvres de sa mère. La vampire restait stupéfiée. Elle posa sa tête contre le mur, observant en silence, la respiration lente. Kira ne se rappelait pas avoir reçu un jour autant d'attention de sa mère. En tout cas pas de la vampire qui avait rempli ce rôle. Elle n'avait aucun souvenir de son enfance avant sa transformation, toute sa mémoire effacée par le sang de Sanguini qui coulait dans ses veines. Elle avait oublié ses parents, sa vie d'avant, ne savait même plus si elle avait eu un jour des frères et sœurs. Peu lui importait désormais, elle avait recommencé sa vie, pris un nouveau départ. Elle avait une nouvelle famille, un nouveau père, une nouvelle mère. Avant de la perdre à nouveau quelques années seulement après sa transformation.

Elle n'y avait pas pensé, jusqu'à aujourd'hui. La première chose qu'on apprenait après la transformation était d'oublier. Tout. Le passé, les sentiments, les émotions. Sanguini lui avait expliqué comment tout refouler, tout éloigner.

Elle ne comprenait pas comment elle pouvait s'attendrir devant cette scène. Elle ne lui rappelait aucun souvenir concret, il n'y avait aucune raison d'imaginer qu'une telle scène soit possible pour elle. Elle était trop sensible aux sentiments des humains qui vivaient dans cette maison. Trop peu habituée à être mêlée à toutes ces émotions. Ça la dérangeait, l'angoissait, elle ne savait pas comment réagir.

Kira releva soudainement la tête, tirée de son observation par des bruits de pas qui se rapprochaient d'elle. De loin, elle vit une chevelure rousse, déchanta vite en priant pour que ce ne soient pas les jumeaux Weasley qui lui posaient sans cesse des questions sur les vampires, et soupira finalement de soulagement quand elle reconnut la démarche maladroite de Ron.

Le rouquin lui sourit d'un air niais, comme il avait l'habitude de le faire en sa présence, et elle se retint de justesse de sourire également. Il s'arrêta juste à côté d'elle, comprenant rapidement que sa présence requérait le silence. Il pencha la tête dans l'entrebâillement de la porte, et son sourire s'agrandit. Kira se sentit toute chose. Presque attendrie par l'image du jeune homme souriant.

Il se retourna rapidement et se retrouva à quelques centimètres d'elle. Kira déglutit et Ron le regarda d'un air perdu.

- Ca va ? lui demanda-t-il d'un air inquiet, incertain de l'attitude à adopter devant son air perturbé.

La vampire hocha la tête prudemment. Elle n'était pas censée sentir les battements de son cœur s'accélérer, et surtout elle ne savait absolument pas comment réagir ou que dire. Elle se contenta donc de garder le silence, mais ce n'était visiblement pas une réponse satisfaisante puisque le jeune homme posa une main inquiète sur son bras. Une chaleur inconnue l'envahit immédiatement, chose qu'elle n'avait pas expérimenté depuis des années, et ce également parce qu'elle n'était pas censée avoir chaud en tant que vampire.

Elle n'osa pas reculer, ou plutôt, elle se força à ne pas bouger pour s'échapper de la poigne du rouquin. Ce n'était pas qu'elle n'appréciait pas le contact de sa peau brûlante sur la sienne glaciale, mais ce n'était pas correct. Elle se focalisa sur les battements de son cœur, qu'elle obligea à ralentir. Peu à peu, elle retrouva la maîtrise de soi, et respira à nouveau correctement.

- Il y a une réunion. J'étais venu chercher Abigail, ajouta Ron pour justifier sa présence dans le couloir.

Kira acquiesça sans un mot. Elle n'avait pu assister qu'à quelques unes des réunions depuis sa venue au quartier général de l'Ordre du Phénix, mais toujours sans importance. On ne lui faisait pas confiance, et cela transparaissait clairement dans les regards de certains des habitants.

- Ils ont accepté que tu viennes. C'est plutôt logique après tout, tu es importante dans tout ça, enfin pas que je dis que tu n'étais pas importante avant et …

- C'est bon Ron, j'ai compris, le coupa-t-elle, légèrement agacée par l'embarras du rouquin devant elle.

Elle vit clairement le jeune homme rougir, malgré l'obscurité.

- Merci, ajouta-t-elle dans un murmure, gênée d'avoir mis le jeune homme mal à l'aise.

Ce qui en réalité le mis encore plus mal à l'aise. Il balbutia quelque chose qu'elle ne comprit pas, et devant son air éberlué, Ron s'engouffra dans la chambre d'Abigail sans un mot de plus.

Abasourdie, elle resta devant la porte, attendant que le jeune homme ressorte en compagnie de l'héritière de Serdaigle. A son retour,Ron lui jeta un regard surpris, ne s'étant probablement pas attendu à ce qu'elle reste là. Sans un mot, ils partirent en direction de la cuisine du Square Grimmaurd.


L'entrée de Kira dans la cuisine ne passa pas inaperçue. Le fait que Ron s'assure qu'elle soit assise à côté de lui non plus. En temps normal, et s'il avait été à Poudlard, Harry en aurait sûrement rit. Aujourd'hui, il se contenta de sourire, discrètement, à la fois pour éviter d'embarrasser son ami qui aurait le droit à quelques moqueries de la part de sa mère, mais également Kira qui ne souhaitait clairement pas attirer les yeux les regards sur elle.

Son attention fut attiré par Dumbledore qui entrait d'un pas rapide dans la pièce, suivi de Rogue, la mine toujours aussi sombre. Le directeur de Poudlard prit place sur une chaise, et dans un geste fatigué, sortit un parchemin qu'il posa doucement devant Molly.

- Je vous demanderai à tous de signer ce parchemin si vous souhaitez participer à cette réunion. Une fois cela fait, pas un mot de ce qu'il sera dit dans cette pièce ne pourra en sortir, expliqua Dumbledore d'une voix lointaine.

Harry avait rarement vu le sorcier aussi épuisé. A vrai dire, il n'avait jamais vu une telle fatigue émaner de toutes les personnes assises à cette table. Sirius, Remus, Arthur, Molly, Ron, Maugrey, Kingsley, Abigail, Jonathan, même Severus avait les traits creusés. Seul Kira semblait maintenir un quelconque soupçon de forme, probablement à cause de sa nature de vampire. Il ne devait pas avoir très bonne mine non plus. Il n'essayait même pas de faire bonne figure.

On avait beau lui répéter qu'il était l'élu, qu'il serait celui qui détruirait Voldemort, plus les jours avançaient, et plus leur combat devenait bien plus difficile que ce à quoi il s'attendait auparavant. Il ne devait combattre que Voldemort, pas se positionner en posture d'attaque contre le futur enfant d'Hermione.

Ron avait refusé d'en parler avec lui. Harry soupçonnait qu'il ne digère pas le fait que leur meilleure amie ait pu pratiquer plus que des bisous avec leur ennemi. Bien sûr qu'il savait que le rouquin était amoureux d'Hermione. Ils n'en parlaient pas. Le Survivant n'osait même pas mentionner les noms de Drago Malefoy et d'Hermione dans une même phrase de peur qu'il fasse une syncope. Alors il se taisait, il observait son meilleur ami tenter des approches si peu subtiles envers Kira qu'il avait l'impression de retrouver le Ron qui essayait de se rapprocher d'Hermione à Poudlard.

Il leva les yeux sur le rouquin, qui fixait les mains de la vampire d'un air émerveillé comme si tout ce qu'elle pouvait faire était sans conteste quelque chose d'exceptionnel. La signature qu'elle apposa au bas du parchemin tira un air solennel au rouquin, qui s'empressa d'imiter la jeune femme. Harry sourit quand les doigts de ses deux amis se frôlèrent, tirant un tressaillement infime chez eux.

Le parchemin continua son chemin à travers la table, chacun des membres de l'Ordre présents marquant de leur signature leur promesse que tout ce qui se dirait dans cette pièce resterait secret. Dumbledore récupéra le parchemin et promena son regard fatigué sur l'assemblée.

- Les quelques informations que nous avons pu récupérer n'annoncent malheureusement rien de joyeux pour nous. Nos espions rapportent que l'enfant est sur le point de naître et nous n'avons aucun moyen de l'approcher. Severus ?

Le professeur de potions releva la tête, qu'il avait gardée baissée tout au long des mots de Dumbledore, une angoisse sourde pulsant dans ses veines.

- Impossible de s'approcher ne serait-ce que de l'aile où ils sont enfermés. Quelques mangemorts ont bien essayé, mais le maître n'est guère clément. Les seuls pouvant sortir et entrer de cette partie du manoir sont le seigneur des ténèbres lui-même et Drago Malefoy, ajouta Rogue de sa voix sombre et grave.

- Et en ce qui concerne Hermione ? Que va-t-il lui arriver ? demanda Ron d'une voix basse.

Tous se tournèrent vers le rouquin. Ron se tenait droit, le regard rivé sur le professeur Rogue, la mâchoire contracté par la colère. A ses côtés, Kira, les mains fermement accrochées à la table, le fixait d'un air abasourdi.

Harry n'était pas surpris. Il connaissait assez le jeune homme pour savoir qu'il craquerait à un moment ou un autre, comme il l'avait fait en quatrième année lors du tournoi des trois sorciers. Et personne n'osait lui répondre. Severus se voyait mal lui dire qu'il n'avait aucune idée du sort que lui réservait Voldemort une fois qu'elle aurait mis au monde son enfant, ni même si elle survivrait à tout ça.

Et Ron patientait, son visage se vidant de sa couleur au fur à et à mesure qu'il attendait une réponse qui ne venait pas. Finalement, le rouquin explosa, se leva de sa chaise dans un sursaut et jeta un regard haineux à l'assemblée.

- Vous vous foutez de moi !? Vous êtes tous là, assis, et vous espérez battre le Seigneur des Ténèbres comme ça, alors que vous n'êtes pas capable de prévoir ce qu'il va faire ? Cracha Ron d'un air mauvais, les yeux remplis de larmes de rage.

Un silence pesant suivit sa déclaration. Molly retenait difficilement ses larmes, Arthur fuyait leurs regards, comme la plupart des sorciers de la pièce. Rogue ne disait rien, se contentant de regarder le rouquin de ses yeux insondables. Harry ne savait pas quoi dire non plus. Il n'y avait rien à dire dans ces conditions là, parce que Ron avait raison et que l'admettre reviendrait à dire que la défaite était bien trop proche.

Même Dumbledore ne disait pas un mot. Soit il ne savait pas quoi dire, et Harry trouva la chose complètement déroutante, soit il avait une idée derrière la tête. Le survivant pencha pour la deuxième solution quand il vit Kira attraper la main de Ron, et le tirer sans ménagement pour qu'il reprenne place sur sa chaise. Le rouquin ne pipa mot, se contentant d'obéir à la vampire. Elle lui lança un regard d'avertissement quand il ouvrit de nouveau la bouche, et lui murmura quelque chose à l'oreille, qui non seulement le fit rougir mais sembla également le calmer légèrement.

- Voldemort est malheureusement atteint d'un sens aigu de la discrétion en ce qui concerne ses plans les plus secrets, Mr Weasley. Je ne peux consciemment pas envoyer des personnes à la mort, car c'est de cela qu'il s'agit, Voldemort ne laissera personne les approcher ni même en ressortir vivant.

Cela suffit à convaincre le rouquin, qui, bien que vexé de s'être fait aussi facilement rabroué, maugréa qu'ils finiraient tous aussi bien six pieds sous terre. Cela fit légèrement sourire Kira, ce qu'Harry avoua n'avoir jamais vu sur le visage de la vampire.

Il ne put s'empêcher de penser à Hermione. Il y a quelques mois, c'était elle qui se trouvait au côté du rouquin, riant à ses blagues, souriant à ses remarques et ses gestes enfantins. Harry avait l'impression de se trouver au bord d'un gouffre sans fond. Un seul pas en avant et il tomberait dans l'abîme. Il se sentait las, détruit, et plus que tout il se sentait seul alors qu'il était entouré de tous ses amis.

Il se mit à trembler. Cela lui arrivait de plus en plus, au fur et à mesure qu'il apprenait la mort des membres de l'Ordre. Sa bouche devenait sèche, et il sentait la panique l'envahir. Sauf qu'il n'était pas seul, et qu'il ne pouvait pas gérer ça ici. Pas avec eux dans la pièce, pas devant Dumbledore, pas alors qu'il se devait de relever la tête, prêt à faire face à Voldemort lorsqu'il le faudrait.

Seulement, il ne pouvait pas. Il n'y arrivait pas. Il n'était pas un héros, il n'était pas un survivant, il n'était qu'un homme parmi tant d'autres. Il n'avait jamais été brillant comme Hermione. Certes il avait réussi certaines choses, le tournoi des trois sorciers par exemple, il avait été un leader, mais tout cela lui semblait si loin. Il avait l'impression d'émerger d'un rêve, que tout ce à quoi il croyait auparavant n'était que le fruit de son imagination.

Il pourrait tuer Voldemort, là n'était pas la question. Il savait comment tuer, il n'était plus innocent depuis trop longtemps. Il avait pris autant de vies que les autres. Il avait peur, pas peur de la mort, peur de se relever seul sur le champ de bataille. Il ne voyait aucune autre issue. En réalité, il était absolument terrifié. Terrifié à l'idée de se retrouver face à Hermione lors du combat.

- … lui a dit. Harry ?

Il ne se rendit compte qu'on lui parlait que lorsqu'il sentit la main apaisante d'Abigail se poser sur son épaule. Il cligna des yeux, et tourna la tête vers la descendante de Serdaigle qui lui adressa un discret sourire d'encouragement. Le survivant scruta l'assemblée, cherchant l'identité de la personne qui lui avait parlé. Kira le fixait d'un air scrutateur qui le mis mal à l'aise

- Pardon ? Demanda-t-il d'une voix rauque.

- Harry, est-ce qu'il y a quelque chose que tu ne nous as pas dit à propos de ton voyage chez Sanguini ? répéta Lupin de sa voix douce.

Le survivant savait que Remus ne lui reprochait pas de lui cacher quelque chose. Et bien qu'il ne l'ait pas spécifié, le brun avait parfaitement compris l'ordre qui émanait de la phrase de son ancien professeur de défense contre les forces du mal. Oui, il ne leur avait pas tout dit et il n'en avait pas parlé immédiatement parce qu'il ne comprenait pas ce que Sanguini lui avait dit. Il n'avait certes toujours pas compris, mais n'osais pas en parler. Le vampire lui avait bien spécifié de garder ça pour lui. Il n'y avait pas repensé jusqu'à maintenant, pourtant il commençait à croire que Sanguini en savait plus que ce qu'il laissait supposer.

Il lui avait rapidement mentionné une certaine confrérie, une « aide précieuse », des gens qui savaient des choses. Il suffisait seulement de glisser certains mots dans une phrase, et ils sauraient.

Et Harry se dit que peut-être, peut-être que Sanguini, bien qu'il lui ai caché plus de choses qu'il n'aurait voulu, avait surtout choisi de l'aider. Et lui avait donné la clé d'une arme. Si cette confrérie pouvait l'aider à s'en sortir, à sauver ses amis, et si un membre de cette confrérie se trouvait dans cette pièce, alors il se devait d'essayer.

- Je vous ai tout dit, mais je sais que tu, il désigna Kira du menton, peut nous aider à trouver d'autres moyens, peut-être nous apprendre à nous battre contre l'ennemi et à sauver l'enfant d'Hermione et tout ceux qui sont victimes de Voldemort, dit-il en appuyant bien chacun des mots de sa phrase.

En soi, la phrase n'avait rien de mystérieuse, mais il sentit instantanément un frémissement de surprise planer dans la pièce à la fin de ses mots. Sanguini lui avait donné le code dans un but précis. Il savait qu'un membre de la soi-disant confrérie faisait parti de l'Ordre. Pourtant, alors qu'il scrutait tous les visages de ses amis, il ne sut dire quelle était la personne qui avait réagi avec autant d'émotion, celui-ci ou celle-ci cachant habilement sa réaction. Certes, ils le regardaient tous comme si quelque chose d'inhabituel se passait dans sa tête, mais pas un visage ne trahissait une réaction différente de celle à laquelle il s'était attendu. Seule Kira le regardait d'un air un peu perturbé.

Était-il possible que le membre de la Confrérie vers lequel Sanguini l'avait poussé soit sa fille ? Mais dans ce cas, pourquoi ne pas lui avoir spécifié avant ? Il se doutait bien que ce devait être quelque chose de complètement secret mais il aurait été plus logique de lui en parler dans un endroit protégé tel que le Manoir des vampires. Alors pourquoi maintenant ?

- Ça va Harry ? demanda Ron d'un air inquiet devant le regard de son ami fixé sur Kira.

Le survivant acquiesça, complètement hypnotisé par les yeux impénétrables de la vampire. Quoiqu'il se passe dans la tête des autres membres de l'Ordre, Harry, lui, savait que cette nuit, la confrérie viendrait à lui. Et il l'attendrait de pied ferme.


Personne n'avait été autorisé à entrer dans la chambre d'Hermione, hormis la sage-femme. Pas même Drago.

Le blond était adossé contre le mur, face à la porte, les bras croisés sur sa poitrine avec l'air blasé et aristocratique que Lola lui voyait souvent sur le visage quand quelque chose ne lui plaisait pas mais qu'il n'avait pas son mot à dire. Clairement, il ne supportait pas que la sage-femme lui ait claqué la porte au nez. Il avait serré les poings, contracté sa mâchoire, et sifflé une ribambelle de mots plus vulgaires les uns que les autres avant de tourner le dos à la porte et de jeter un regard noir aux quelques personnes présentes dans le couloir.

Si Alex n'avait pas été aussi stressé, elle était persuadée qu'il aurait placé sa main dans la nuque de Drago, ébouriffant ses cheveux blonds au passage en rigolant, ce qui aurait évidemment encore plus énervé l'ancien Serpentard. Pourtant, Alex, n'avait rien fait de tout ça. Ce qu'elle pouvait comprendre. Le brun avait le visage blafard et poussait de petits gémissements plaintifs à chaque fois qu'un des cris d'Hermione leur parvenait à travers la porte. Lola aurait pu rigoler, se moquer de son apparente peur, mais le cœur n'y était pas.

Hermione lui avait dit que mettre au monde un enfant était l'une des plus belles choses au monde. Lola croyait en Hermione, elle lui vouait une confiance sans limite, mais concernant tout ça, elle ne pouvait réaliser qu'une seule chose : son Hermione lui avait menti.

Ses cris lui vrillaient les tympans. Une partie d'elle encore à peu près consciente de ce qui l'entourait se disait qu'ils auraient dû lancer un sort d'insonorisation. Lola ne voulait pas être égoïste, elle ne supportait simplement pas qu'Hermione puisse autant souffrir. Elle avait plaqué ses mains sur ses oreilles, crispé sa bouche et fermé les yeux, priant pour que tout s'arrête rapidement.

Il lui sembla qu'une éternité s'était passée avant que quelqu'un la bouscule et que la voix de Drago claqua dans l'air.

- Qu'est-ce qu'il fout là le bouseux ?! cracha le blond à celui qui l'avait bousculé.

Carlius ne daigna même pas lancer un regard à Malefoy et se dirigea vers la porte dans l'intention d'entrer dans la pièce d'où les cris d'Hermione explosaient depuis plus d'une heure. Drago se jeta sur lui avant même qu'il puisse se saisir de la poignée et l'agrippa par le col de son pull.

- Tu dégages ! siffla Drago d'une voix mauvaise.

Carlius le fixa sans un mot, un sourire goguenard au bord des lèvres. Cela faisait trop longtemps qu'il n'avait pas pu s'acharner sur Malefoy et c'était là l'occasion rêvée.

Lola, encore trop abasourdie par la soudaineté de l'action restait immobile dans un coin du couloir, fuyant au maximum le problème alors qu'Alex se rapprochait instinctivement du blond.

- Lâche-le Malefoy ! glissa une voix dans l'ombre.

Drago se mit à rire d'une manière hystérique, la colère et la frustration se mêlant vicieusement dans les intonations de sa voix.

- J'y crois pas, s'exclama le blond en jetant Carlius sur Ernie qui manqua de s'écrouler sous le poids soudain qui s'abattait sur lui. La Belle aux Bois Dormant sort enfin de son antre ! Qu'est-ce que tu faisais dans ta chambre Macmillan ? finit Drago avec un sourire moqueur.

Ernie ne put s'empêcher de rougir en repensant à son rapprochement avec le métamorphomage. Malefoy n'en avait bien sûr aucune idée mais les insinuations sexuelles de l'ancien Serpentard étaient claires. Il se tendit quand il remarqua le haussement suggestif de sourcil du blond, et se rendit enfin compte qu'il était toujours accroché à Carlius. De façon très proche. Très très proche.

Évidemment, ce genre d'idée ne traversait que lui, Ernie en était persuadé. Son visage s'assombrit et il se dégagea vivement de la poigne de l'homme.

Drago ricana et s'apprêtait à continuer ses moqueries quand une petite main se posa sur son bras. Il baissa la tête en fronçant les sourcils et tomba sur le visage inquiet de Lola.

- Écoute, se contenta-t-elle de dire d'une voix basse.

Le blond tendit l'oreille, un silence insoutenable envahissant ses oreilles. Il jeta un coup d'œil perdu à Alex qui lui rendit un regard tout aussi égaré.

Drago se figea soudainement. Le silence !

Et puis, comme attendant qu'il comprenne, un cri retentit, plus jeune, inconnu de leurs oreilles.

Sans un regard pour les autres, il se jeta sur la porte et l'ouvrit à la volée.

Il s'arrêta sur le seuil, indécis, fixant Hermione.

La brunette était adossée à une montagne d'oreillers, des cernes violettes sous les yeux, un air de fatigue extrême sur le visage. Et un sourire émerveillé sur les lèvres.

Autour d'elle, la sage femme s'activait sans que Drago ne capte quoi que ce soit de ses faits et gestes.

Ses yeux s'étaient baissés sur la petite chose blottie dans les bras d'Hermione. Emmitouflée dans des couvertures, il ne distinguait pas grand chose et n'osait pas faire un pas de plus.

Une main ferme, probablement celle d'Alex, se cala contre son omoplate et le poussa doucement mais avec force dans la pièce. Le blond s'avança comme un automate jusqu'au chevet de la jeune femme et s'arrêta à quelques centimètres du lit, incertain quant à ce qu'il devait faire. Ses yeux remontèrent jusqu'au visage d'Hermione, dont les prunelles brillantes de bonheur le fixaient.

Il cligna des yeux, une bouffée de joie l'envahissant soudainement. Instinctivement, il laissa sa main attraper celle d'Hermione, entrelaçant leurs doigts avec douceur, caressant sa paume avec tendresse. Un frisson de plaisir remonta le long de sa colonne vertébrale, lui tirant un sourire étincelant.

Du regard, elle lui désigna son enfant, leur enfant, qui le regardait avec de grands yeux. La poigne sur sa main se resserra affectueusement.

- Alioth. Il s'appelle Alioth, lui révéla Hermione avec un grand sourire.

Son fils était magnifique.