Les infos pratiques de début de fic :
Monde : UA, de nos jours, 2012 (ouais, je suis en retard d'une année mais figurez vous que cela fait bien autant de temps qu'elle traine dans mes dossiers, cette fic.)
Perso : un Yullen, très doux et très léger, cependant. Tout public, qu'il dit, le rating, me demandez pas un lemon, c'est pas le moins du monde prévu au programme et je n'en démordrais pas.
Disclaimer : Pazamoi, Hoshino Katsura
Corrigée par Céline, si vous avez des réclamations à faire, c'est pas à moi qu'il faut s'adresser! ^^
La fic en elle même est un tome, le premier de la trilogie future (et si jamais ça vous intéresse, bien entendu), du cycle des Noctambules.
Sur ce, bonne lecture à vous.
Bip. Bip. BIP. BIP. BIP !
Pendant quelques secondes de panique totale, Allen s'interrogea vivement sur le bruit qui venait de le tirer de ses merveilleux songes où il étranglait un certain brun de sa connaissance avec une platée de spaghettis. Puis, réalisant qu'il ne s'agissait que de son réveil, se ré-enroula dans son épaisse couverture après avoir jeté un coup d'œil sur le cadran lumineux de l'engin.
' 7h58 ? Oooh, j'suis large… '
Il allait repartir derechef dans ses rêves pour les deux prochaines minutes quand un miaulement plaintif et une série de grattements intempestifs vinrent réclamer son attention à grands cris. La réaction ne se fit pas attendre bien longtemps et un choc sourd dans le mur résonna à ses oreilles, suivit d'une bordée de jurons.
_ Fait taire c'te saloperie de bestiole où j'le bute !
_ Va t'faire, Bakanda ! Cria Allen en réponse, se redressant sur un coude pour fixer le pan de mur coupable qui trembla d'un nouveau coup rageur. Il n'eut cependant pas le temps de regretter ses paroles que la porte de la chambre attenant la sienne s'ouvrit à la volée et que Timcanpy, pauvre victime mourant de faim sur le palier de son maitre, poussa un léger couinement étranglé.
Allen bondit hors de son lit et courut immédiatement au couloir en hurlant.
_ Le touche pas, espèce de dégénéré !
La porte claqua contre le mur et emporté par son élan, il rentra dans son colocataire sur les nerfs, en passe de commettre un meurtre de sang froid dans leur appartement. Les deux jeunes gens roulèrent au sol, Allen attrapant une mèche de cheveux brune et tira à l'aveuglette. L'autre grogna avant de le repousser sèchement sur le côté, Allen se plaçant devant son chat qui miaulait de toute la force de ses poumons.
_ J'te laisserai pas en faire de la charpie !
_ Alors assure toi qu'il ne gueule plus comme un putois ! Rétorqua vertement le plus âgé des deux en se remettant sur ses pieds, les cheveux à moitié dans les yeux et les vêtements froissés. Je te jure que la prochaine fois, je l'étripe, que tu sois là ou non !
_ T'avais qu'à lui donner à manger en rentrant, protesta automatiquement l'adolescent, les poings sur les hanches dans une attitude qui se voulait menaçante et colérique, ne tirant à son vis-à-vis qu'un « tch » agacé. C'est pas bien compliqué pourtant, les croquettes sont dans le placard sous l'évier. Mais c'est vrai qu'avec un cerveau comme le tien, c'est pas simple de s'en rappeler !
Sa seule réponse fut une porte violemment claquée sur le brun en question, lequel le menaça une nouvelle fois d'éviscérer la pauvre bête si elle se retrouvait encore dans son chemin et Allen Walker resta planté dans le couloir, le chat se frottant amoureusement à ses jambes. Il siffla, agacé.
_ Quel crétin celui-ci…. Il adressa un coup d'œil tout aussi amoureux à la boule de poils ronronnante, se baissant dans la foulée pour caresser sa fourrure fauve. L'animal cala sa petite tête dans sa main.
_ Ooh, c'est le bon chat à son papa, ça, hein ? C'est le gentil Tim qui va avoir droit à double ration, parce que Kanda est un abruti. Rho, il est mignon, le chat, hein mon poupet ! [1]
_ Allez faire vos mamours ailleurs ! Grogna à nouveau le brun depuis sa chambre, sa voix étouffée par l'épaisseur du mur.
Allen haussa les épaules, ne trouvant pas la force ou l'envie de répliquer et se dirigea vers la cuisine, Timcanpy dans les bras dont l'estomac rugissant rivalisait avec ses précédents miaulements. Entrant dans la pièce immaculée, salle vénérée par les deux Walker –tel maitre, tel chat et inversement proportionnel—l'adolescent posa l'animal au sol avant de sortir tout ce dont ils avaient besoin pour un copieux petit déjeuner.
Sourire aux lèvres et bouffe en main, le jeune homme jeta machinalement un coup d'œil sur le micro-ondes qui affichait gaiement 8h02. Fort heureusement pour lui, il ne commençait les cours qu'à—
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Kanda grinça des dents et enterra sa tête dans l'oreiller quand un hurlement paniqué, digne d'une pucelle s'apprêtant à passer à la casserole, troubla une fois de plus son repos. Évidemment, le môme venait de se rendre compte qu'il était en retard et l'appartement allait, comme d'habitude, trembler sous sa précipitation matinale. Heureusement pour le brun, ce spectacle affligeant et malheureusement régulier ne durerait que quelques minutes avant que le silence ne se pose à nouveau sur les lieux.
Suivant les bruits qui lui parvenaient au travers des cloisons, Kanda entendit donc son colocataire se ruer dans sa chambre, jurant comme un charretier, prendre une douche, pousser un glapissement suraigu de sa voix de castra à cause de l'eau froide, insulter ses vêtements en anglais, allemand et espagnol —Yû comprit vaguement qu'il était question d'une manche récalcitrante et d'une jambe de pantalon, sans sa bonne jambe— attraper ses affaires puis sortir au pas de course, claquant suffisamment fort la porte de l'entrée pour réveiller tout l'étage.
Et bien que sorti de l'appartement en lui-même, Kanda l'entendait encore dévaler les marches des 5 paliers le séparant de la rue avec la grâce et la majesté d'un éléphant au galop.
Le brun soupira de frustration, se demandant vaguement s'il arriverait un jour où le môme serait totalement silencieux le matin, puis il sombra dans le sommeil.
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_ Ravie de vous voir vous joindre à nous, Mr Walker. Je me disais justement qu'il me manquait quelques retardataires.
L'interpelé se figea sur place, la tête rentrée dans les épaules et un pied encore en suspension dans les airs, essayant de faire son chemin le plus discrètement possible jusqu'à sa place. Mais bien entendu, il n'avait pas échappé à l'œil de lynx de son professeur qui le fixait depuis son bureau à l'autre bout de l'amphithéâtre. Le jeune homme laissa retomber son pied et s'inclina rapidement pour s'excuser alors que la plupart des regards convergeaient vers lui, la vaste salle survolée d'une petite vague de rires amusés.
_ Je suis désolé, Madame ! S'excusa-t-il vivement, conscient d'être une fois de plus l'attraction de la matinée. Certains même, ne venaient aux cours du matin que pour voir Allen Walker débarquer en courant, les joues rouges et la chemise de travers. Ce qui en soi, arrivait facilement un jour sur trois. Un sur deux s'ils avaient de la chance.
La chargée de cours, une grande femme blonde à forte poitrine nommée Cloud Nine, frappa de sa règle en acier sur son bureau, faisant taire la rumeur qui montait des rangs.
_ Allez-vous assoir, Walker. Et au prochain retard, je vous colle un essai de trente-deux pages sur le cours que vous avez manqué, à me rendre pour le lendemain.
Allen déglutit bruyamment et se redressa, penaud, avant de filer à sa place plus vite que l'éclair. Le cours de littérature reprit de plus belle tandis qu'il se glissait aux côtés d'une jeune fille aux yeux violacés qui cachait mal sa profonde lassitude.
_ Problème de réveil encore ? Demanda assez inutilement Lenalee Lee, brunette à couettes et jupette, sur un ton plus que blasé.
Allen rougit légèrement de honte avant de bougonner que c'était « de la faute à ce crétin de Kanda ». La jeune fille secoua la tête en souriant délicatement, amusée, et reprit le cours de ses notes, ne tenant à pas à prendre du retard. Cloud Nine était réputée pour son sadisme envers les élèves quand venait finalement le temps des examens et ses cours étaient si fournis qu'en louper ne serait-ce qu'une miette revenait à assister à un début d'Apocalypse lors des révisions.
Allen s'empressa de l'imiter, sortant feuilles et stylo, grommelant toujours dans sa barbe contre le sort qui semblait décidément s'acharner sur lui aujourd'hui. Entre Kanda et sa mauvaise humeur, Nine qui allait se faire un plaisir de l'écharper à la première occasion et le frigo qu'il se devrait de remplir en rentrant… sans compter qu'il n'avait pas eu le temps de se remplir la panse tout court, et son estomac ne manquerait pas de protester d'ici peu de temps.
Le jeune homme régla d'ailleurs cet épineux problème deux heures plus tard, lorsque leur bourreau les relâcha, dans son infinie clémence, avec seulement une dissertation pour la semaine prochaine et une série de documents à lire. Il se précipita à la cafétéria, une Lenalee blasée sur les talons qui prenait son temps. La brune le rejoignit alors qu'il se bâfrait joyeusement sous les regards effarés des quelques personnes présentes dans l'espace ouvert. Dont un roux, assis près de lui, qui riait tout ce qu'il pouvait face au manque total de manière de la part de l'albinos.
Lenalee sourit et se glissa à leurs côtés, repoussant les plats d'Allen pour faire un peu de place, saluant leur camarade de l'autre côté de la table.
_ Encore arrivé en retard ? Questionna le rouquin à l'adresse de la jeune fille, désignant Allen du menton qui cherchait à avaler le plus rapidement possible ses croissants au beurre et son café bouillant, avant d'enchainer sur une nouvelle série de viennoiseries.
En plus d'être doté d'une certaine étourderie qui lui valait bien souvent des remarques de la part de ses professeurs, Walker était également un estomac sur pattes, ce qui faisait de lui l'une des attractions les plus efficaces de la faculté de Kōbe. Chose que son colocataire avait découvert à ses dépens un beau matin en rentrant du boulot, restant planté devant un frigo aussi propre et vide qu'au premier jour, alors qu'il était encore plein la veille. Autant dire qu'une fois de plus, l'appartement avait raisonné de leurs cris et injures.
Le visage d'Allen se renfrogna dans son éclair au chocolat alors qu'il songeait encore à la crise qu'avait piquée Kanda. Ce crétin. Il se demandait parfois pourquoi il se bornait à rester avec lui ; cela ne faisait même pas deux mois qu'ils habitaient ensemble et déjà, il ne pouvait plus le supporter. Il avait quitté Cross pour être tranquille, ce n'était pas pour retomber sur un sociopathe ronchon et grossier !
D'un coup de dent rageur, Allen déchiqueta un toast, s'étalant de la marmelade d'orange sur la joue alors que ses deux amis riaient doucement à ses côtés pour une blague qu'il n'avait pas suivi. Il tenta de reprendre le fil de la conversation lorsque Lavi se tourna à nouveau vers lui, un grand sourire aux lèvres.
Lavi Bookman Jr. Etudiant poursuivant un cursus d'histoire, le pétillant rouquin était d'un naturel enjoué, blagueur, vantard et coureur de jupons à souhait. Allen avait eu quelques aprioris lorsqu'ils s'étaient rencontrés, au début de ses études à Kōbe, au détour d'un couloir. L'albinos s'était encore une fois perdu dans l'immensité de la faculté, Lavi tranquillement occupé à bécoter —dévorer la tête, plutôt, tant il mettait d'ardeur à la tâche— une blonde à forte poitrine. Evidemment, le borgne fringant —un accident de scooter lors d'un camp de vacances, telle était la version officielle que ledit borgne se plaisait souvent à modifier pour rendre cela plus « épic » comme il le disait si bien— lui avait envoyé un sourire à 5000volts, pas gêné pour un sou, allant même jusqu'à lui proposer de venir se joindre à eux.
La réaction ne s'était pas faite attendre de la part du littéraire, outré autant que blasé par ce comportement qui n'était pas sans lui rappeler celui de son insupportable tuteur. La ressemblance entre les deux —roux, de surcroît, il y avait de quoi se poser de sérieuses questions tout de même !— était parfois troublante, à tel point qu'Allen s'était souvent interrogé sur un hypothétique lien de parenté entre eux. Après tout, la chose n'aurait pas été impossible, Cross Marian collectionnait les femmes comme d'autres les timbres. Et Allen préférait la deuxième activité, nettement plus saine et bien moins couteuse.
Toujours était-il qu'Allen l'avait sèchement rabroué avant de tourner les talons. Il n'avait jamais pu atteindre sa salle de classe ce jour-là, non pas parce qu'il s'était encore perdu —il y avait un peu de ça, certes, mais comme toujours, il aurait fini par trouver son chemin— mais plutôt parce qu'un sale rouquin pervers avait abandonné sa blondasse pour le suivre.
Au-delà de ses tendances un peu volages et dragueuses, Lavi était quelqu'un de très bien, il fallait bien dire ce qui était et Allen l'appréciait réellement. Il était tout bonnement impossible de s'ennuyer avec pareil énergumène dans son entourage. Même si sa présence n'était pas toujours des plus… recommandable.
_ Lenalady me disait que tu t'étais encore engueulé avec ton colocataire ce matin ?
Et voilà. Le peu de bonne humeur qu'il avait réussi à récupérer en s'empiffrant la moitié de la cafétéria venait de voler en éclat sous la simple évocation du japonais acariâtre.
' Merci Lavi. Sincèrement. '
L'irlandais —par sa mère, et le bougre en était fier— éclata de rire face à la mine déconfite de l'albinos qui hésitait à lui enfoncer la tête dans le premier plat à sa portée ou bien l'ignorer comme il savait si bien le faire. Parce que oui, on peut être adorable et poli comme l'était Allen Walker, mais le jeune homme aussi pouvait se vexer pour des broutilles.
_ Il a voulu dépecer mon chat, parce qu'il miaulait trop fort pour les oreilles sensibles de mon seigneur, marmonna l'étudiant, repoussant son assiette d'un geste rageur. Ça lui avait coupé l'appétit, tiens, exploit en soi et seulement réalisable par Kanda. Même sans être présent, ce sale brun réussissait à le faire chier, voilà qui était formidable !
Alors que Lavi s'étouffait, hilare, sous le regard courroucé d'un Allen en colère, Lenalee se prit le front dans la main, poussant un soupir désespéré.
Elle avait connu le jeune homme lors de leur première année préparatoire, avant d'entrer à l'université pour suivre un cursus similaire, désirant pour le premier devenir enseignant et pour la deuxième, travailler dans l'édition et pourquoi pas bifurquer dans le journalisme. On lui avait souvent dit que son joli minois passerait fort bien à la télévision, au grand dam de son frère ainé, un rien possessif. Toujours était-il qu'elle connaissait Allen depuis un moment et bien que l'adolescent soit d'une nature très douce et posée, elle ne comprenait pas qu'il puisse s'enflammer à ce point envers son colocataire. Aucun de ses deux amis n'avait rencontré Kanda, mais ils n'en n'avaient guère besoin pour se faire un aperçu —guère flatteur— du japonais partageant son appartement avec leur albinos.
Néanmoins, Lenalee ne pouvait s'empêcher de penser que le jeune homme avait quelques raisons de s'en prendre au chat d'Allen… la bestiole était sympathique, certes, mais tout comme son maitre, elle savait aussi donner de la voix.
_ Tu admettras que Timcanpy est parfois un peu bruyant…
La réponse fut presque automatique. Attaquer Tim était comme une déclaration de guerre pour Allen. Il pivota vers la brune qui classait déjà soigneusement ses arguments en vue de réfuter la théorie farfelue que ne manquerait pas de lui sortir l'albinos. Elle se disait parfois que les bouquins de fantasy dont il raffolait tant n'avaient pas nécessairement un effet bénéfique sur sa personne.
_ Pas du tout ! C'est un amour ce chat ! C'est juste ce sale chevelu qui veut faire la loi !
Nouveau soupir de la part de la jeune fille qui s'arma de courage pour tenter de raisonner son camarade. Des trois, elle était bien la plus sensée et usait bien souvent de ses dons de médiatrice pour calmer les ardeurs des deux autres. Elle devrait rencontrer ce Kanda, un jour, ce serait sans doute fort utile.
_ Dans son appartement, ça ne me parait pas très étrange.
_ Je suis son colocataire, pas son esclave ! Rétorqua Allen en sifflant de colère. Il fit un geste un peu emporté de la main. D'autant qu'il est tout autant locataire que moi ! Et il lui suffisait juste de nourrir Tim, c'est tout !
_ Allen, il travaille de nuit, je peux comprendre que les miaulements de ton chat l'indisposent alors qu'il essaye de se reposer.
L'albinos jeta un coup d'œil en biais à son amie, ni convaincu, ni très enclin à lui donner raison.
_ Tu es de quel côté de la barrière, là, Lenalee ? Parce que j'ai pas vraiment l'impression que tu me soutiennes des masses, avec tout le respect que je te dois.
_ Je dis juste que si vous parveniez à faire des compromis tous les deux, peut-être que ça se passerait un peu mieux.
_ Ce type a un égo de la taille de Big Ben, les compromis, il ne connait pas.
_ Le tien n'est pas mal non plus, si tu veux mon avis, ironisa gentiment la jeune fille. Elle se cala dans le dossier de sa chaise, exposant son point de vue d'un petit mouvement d'épaules fataliste. Et tant qu'aucun de vous deux ne cédera, la situation n'avancera pas.
_ Ou alors, tu reviens chez moi ! Coupa brusquement Lavi, les coudes sur la table, son unique œil valide pétillant de malice. Y a de la place. Bon, il faudra sans doute se serrer un peu, comme la dernière fois, mais c'est jouable, non ?
Allen grimaça, se souvenant du mois proprement infernal qu'il avait passé en compagnie de Lavi dans son misérable studio. N'ayant toujours pas trouvé d'appartement à lui à ce moment-là, et ne pouvait définitivement plus supporter son tuteur, l'albinos avait accepté la généreuse proposition du rouquin. Grave erreur. Il adorait le borgne, sincèrement, là n'était pas la question. Seulement…
_ C'était insupportable surtout. Et je ne tiens pas à me faire violer dans mon sommeil, merci bien.
Ce fut au tour de Bookman de grimacer, se reculant un peu avec une mimique soi-disant peinée qui cachait pourtant mal le sourire de requin qu'il affichait.
_ Arf, t'es dur, Allen. C'est arrivé qu'une fois.
Lenalee le regarda, scandalisée. Non, il n'avait quand même pas osé ! Pas Allen, pas son petit frère de cœur ! Si jamais le roux avait fait l'affront, l'erreur de le molester, ou ne serait que poser un doigt sur son petit albinos frêle, elle allait le—
_ Quoi ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?! Lavi ! Tu n'as pas… !
_ Mais non, pas du tout ! C'est juste que—
Allen coupa les pitoyables tentatives de justification de son ami, fronçant les sourcils tout en prenant un air profondément contrarié. Il s'en souviendrait longtemps, de ça, et comptait bien le lui faire payer !
_ Que la dernière fois qu'on a dû partager un matelas, Môssieur a eu l'audace de rêver de Yumi, Delphine, Jessica, Coraline et de je ne sais plus qui encore ! Et il est très démonstratif, même en dormant !
_ Oh, arrête ça ! Le borgne eut un sourire des plus lubriques. Ça t'aurait plu, à tous les coups, elles disent que je suis doué de mes mains.
_ Epargne nous les détails, je t'en prie. Et je te rappelle que je suis un mec. Alors merci de me laisser en dehors de tes histoires de cul !
Lavi éclata de rire devant l'air outré du plus jeune de la bande, se tassant cependant bien vite sous les remontrances sévères de Lenalee, que la petite anecdote n'avait fait qu'à moitié sourire. Allen en profita pour retourner à son festin, terminant de nettoyer la moindre parcelle de ses nombreux plats. Il ne tenait vraiment pas à en perdre une miette et aurait besoin de toute l'énergie nécessaire pour affronter le restant des cours de la matinée.
_ Ah meeerde, se lamenta-t-il soudain, se souvenant qu'il avait cours de piano dans l'après-midi et qu'il avait oublié ses partitions sur la table du salon. Encore une fois.
L'idée de retourner à l'appartement et de croiser Kanda ne l'enchantait pas le moins du monde. Moins il voyait le japonais, mieux il se portait. Allen se renfrogna en songeant à sa première rencontre avec Yû Kanda. Un moment « épique » comme disait Lavi…
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Allen regarda le papier un peu froissé qu'il tenait en main, puis le numéro de la porte face à lui —le même que sur le morceau de feuille, par ailleurs— puis le papier. La porte. Le papier. La porte. Le pap-
_ Vous cherchez quelque chose, jeune homme ?
Allen Walker, 19 ans, étudiant en lettres et gamin un peu solitaire, sursauta telle une pucelle apeurée, prenant une pose de ninja des films qu'il avait l'habitude de regarder, faisant face à son agresseur.
Agresseur qui haussa un sourcil devant cet adolescent un rien maigrichon qui tremblait légèrement, les mains brandies devant lui. Agresseur qui se trouvait être une femme entre deux âges, les cheveux bruns qui grisonnaient sur les tempes, sa jupe beige la boudinant légèrement et globalement inoffensive.
Allen baissa les mains, confus, se sentant définitivement plus con que jamais.
_ Ah, euh… je venais… pour l'appartement ?
Dans sa bouche, cela sonnait presque comme une mauvaise excuse et la femme sourit gentiment, de ce genre d'air maternel et compatissant qui lui donnait l'impression de passer pour un débile profond à ses yeux. Enfin, ça changeait des habituels regards choqués, voire dégoutés qu'il recevait en temps normal. Quoique, le jeune homme avait parfaitement perçu le rapide haut-bas que la femme s'était tapée en lui souriant, affable.
Évidemment, avec des cheveux comme les siens et la cicatrice en prime, il était difficile d'attirer rapidement la sympathie de ses interlocuteurs. Et encore, elle n'avait pas vu l'état de son bras.
La femme ne fit donc pas le moindre commentaire sur sa balafre pour le moins disgracieuse ou sa « putain de tignasse de punk », comme le disait si bien son cher et tendre tueur –notez l'ironie profonde de cette phrase—et lui tendit la main.
_ Je suis la concierge, indiqua-t-elle en lui secouant fortement le poignet. Allen se demanda vaguement s'il n'allait pas y perdre sa main droite. Je vous ai vu attendre devant cette porte depuis au moins deux bonnes minutes.
' Ah oui ? Seulement ? '
Allen se retint de dire que cela faisait sans doute dix, au moins, qu'il poireautait devant le panneau de bois, plus indécis que jamais, hésitant entre frapper et ne pas frapper.
' That is the question. '
_ Vous venez pour la demande de colocation, c'est bien cela ? Mr. Kanda m'a prévenue que quelqu'un risquerait de passer dans la fin de journée. J'espère que nous vous verrons plus souvent que lui. Dieu, c'est un charmant garçon, mais tellement effacé.
' Et bien comme ça, on sera deux. '
Allen n'était pas particulièrement extraverti. Sans se montrer totalement sociopathe, il ne faisait pas partie de cette catégorie d'adolescents sortant tous les soirs et vivant les uns sur les autres. Allen avait des amis, bien sûr. De très bons amis, d'ailleurs –bien que Lavi puisse se montrer parfois un peu trop envahissant—mais il aimait aussi son petit confort et sa solitude. Visiblement, son hypothétique futur colocataire était de la même espèce que lui.
Le jeune homme récupéra sa main tant bien que mal, souriant de toutes ses dents pour ne pas paraitre impoli. Grand trait caractériel d'Allen Walker ; sa gentillesse débordante et sa tendance à toujours se comporter en parfait gentleman, quelques soient les circonstances. Nombreux en avaient d'ailleurs profité au fil des ans, dont son tuteur par exemple, qui l'avait littéralement exploité. Mais Allen avait la capacité de trouver un « bon fond » à presque toute personne croisant sa route.
Ce pourquoi il ne s'échappait du joug de Marian Cross que maintenant. Parce que certes, l'homme était un alcoolique criblé de dettes et coureur de jupons invétéré, ne faisant pas le moins du monde attention à son soi-disant protégé et allant même jusqu'à l'obliger à bosser pour payer ses ardoises, mais il n'avait pas un mauvais fond après tout.
Avant qu'Allen n'ait eu le temps de sortir de ses pensées, la concierge avait décidé pour lui s'il devait véritablement rencontrer le fameux Kanda, en cognant fermement à la porte 14 du 5ème étage. Bout de couloir, près du local à poubelles et de l'ascenseur, dans l'angle du bâtiment ce qui garantissait de nombreuses fenêtres. Bon point, ça, il n'aurait pas supporté de vivre cloitré entre quatre murs.
_ J'espère pour vous qu'il n'est pas sorti, s'enquit la femme avec une petite moue inquiète. Mr. Kanda travaille de nuit, voyez-vous.
' Eh bien, c'est officiel : on ne se marchera certainement pas sur les pieds. '
Allen hocha la tête, reportant son attention sur le papier qu'il tenait toujours en main ; page arrachée des petites annonces qu'il avait entouré d'un large trait de feutre rouge. Maintenant qu'il y pensait, il comprenait mieux pourquoi l'autre avait spécifié ne recevoir les visites qu'à partir de 19h30 ; il devait passer la journée à se reposer. Parfait, en somme, puisqu'Allen ne mettrait pas les pieds dans l'appartement en journée avec ses horaires de fac. Bien que l'idée de partager cet espace avec un asocial de service l'enchantait moyennement. Recevoir un simple horaire comme message de réponse suite à son appel pour fixer un rendez-vous… ça aurait pu en refroidir plus d'un. Mais Allen avait désespérément besoin d'un appartement, même si pour ça, il devait voir le propriétaire à minuit. Rester encore une semaine de plus avec Lavi, qui avait gentiment proposé de l'héberger en attendant, était un défi qu'il ne pouvait plus relever et qui se solderait forcément par un cadavre dans les poubelles.
' Après, que ce soit le sien ou le mien… '
La paire attendit ainsi pendant plusieurs minutes dans un silence gênant, Allen n'ayant rien à raconter pour engager la conversation et la femme semblant dans le même cas que lui. Bah, si jamais il restait, il aurait tout le temps de faire plus ample connaissance. La brune soupira tristement.
_ Eh bien, je suis navrée mais il semblerait que Mr. Kanda ne s-
La porte de l'appartement 14 s'ouvrit brusquement, les faisant violemment sursauter et une silhouette se dessina dans l'encadrement.
Une grande silhouette. Un peu voutée, que la lumière du couloir éclairait seulement de moitié, ne laissant visible que le bas d'un visage pointu et une longue mèche de cheveux noirs de jais. Allen déglutit, mal à l'aise. Le type en face de lui faisait peur, sincèrement. On aurait presque cru qu'il revenait d'un séjour à l'ombre particulièrement long. Il allait avoir un ancien taulard psychopathe comme voisin de chambre, formidable.
' Wow, bonjour l'accueil. Tu as encore tiré le gros lot, Walker. '
Autre chose à noter au sujet de notre étudiant en lettres ; sa poisse désormais légendaire.
Qui venait encore de frapper un grand coup.
[1] Bob Lennon sort de ce corps… et pardonne moi au passage d'avoir emprunté cette expression. Très bon testeur du net, pour ceux qui se demanderaient, mon idole. ^^
Je... J'ai... erm, j'ai craqué, je crois. Ma politique actuelle, c'est de terminer mes fics entièrement sur mon pc avant de les poster sur le site. Manque de bol pour moi, ne pas poster, ça me frustre atrocement aussi, de voir s'accumuler les documents word sans avoir la chance de vous les faire partager sur le champ...
Du coup, je l'avoue, j'ai fait une entorse à mon règlement et j'ai décidé que je commencerais à poster Anaimia. J'ai cependant 15 chapitres d'avance, à raison d'un par semaine (tous les samedi, dans la matinée ou la soirée, suivant mes propres disponibilités, donc pour cette semaine, n'espérez pas que je mettrais le deuxième pour le week end qui vient), ce qui me fait déjà arriver jusqu'en Septembre. Sachant que j'avance en parallèle sur cette fic, et que concrètement, elle est écrite en "entier" et ne nécessite que quelques réaménagements, il ne devrait pas y avoir le moindre temps mort dans la parution des chapitres.
Donc voilà, Anaimia, ou le premier tome du Cycle des Noctambules, un petit UA sans trop de prétention, que j'avais commencé à écrire plus pour me détendre et mon plaisir personnel qu'autre chose.
Si jamais ça vous intéresse, j'ai l'intention d'éditer de manière assez régulière un blog tout nouveau, Aux quatre coins de la Folie (le lien est dans mon profil, se sera bien plus pratique pour y accéder que de coller l'adresse ici, enlever les espaces, etc, etc.) avec des petites previews, des infos et des explications concernant mes fics (Anaimia comme pour les autres projets en cours).
Je vous invite donc à y faire un tour, sait on jamais, vous pourriez avoir de l'exclusivité.
J'attends vos commentaires et critiques, je souhaite bien du courage à tout ceux qui attendent leurs résultats de brevet, bac, et autres examens et je leur adresse tous mes vœux de réussite.