Wakfu

Digne de la Couronne

Chapitre Dix

Le Pays Imaginaire

« Deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin. »
- J.M. Barrie, Peter Pan

Quand le soleil se leva le matin suivant sur l'île de Moon, Yugo était seul. Mais il avait un plan. Il bâilla, s'étira, et se mit au travail.

Il trouva Adamaï près du bateau et Amalia au village, et il leur parla de son plan.

« Et tu appelles ça un plan ? » railla Amalia, sceptique. « Je ne vois vraiment pas comment ça pourrait fonctionner. »

Elle ne mentionna pas ses paroles colériques de la veille, mais Yugo se rendait bien compte qu'elle regrettait, et il était prêt à laisser tomber et à accepter ses excuses, aussi silencieuses soient-elles.

« Peut-être, mais c'est le plan, » insista-t-il. « Le plan est d'échouer. C'est comme ça que ça va marcher. Personne ne s'y attendra. On peut pas échouer ! Sauf si on réussit bien sûr, donc on gagne dans tous les cas. »

« C'est logique effectivement, » dit Adamaï.

« Mais absolument pas, » se moqua Amalia, excédée.

« La seule chose qui m'inquiète, c'est le Capitaine, » dit Yugo. « Elle nous a amenés à travers tout l'océan jusque ici, et maintenant... »

« On ne lui a pas vraiment porté chance non plus, » observa Amalia. « Elle sera peut-être contente d'être enfin débarrassée de nous. Je vais lui parler, et pendant ce temps occupez vous du Zaap. Mais demandez la permission à Botan avant de commencer. »

Yugo hocha la tête et Amalia s'en alla. « Hé frérot, » dit Adamaï. « Je parie que je peux trouver le chef avant toi. »

« Ah oui ? Et qu'est-ce qui arrive au perdant ? »

« Le perdant ? Il sera petit, avec un chapeau bleu, et de la même famille que moi. »

Yugo ricana. « C'est ce qu'on va voir. A vos marques... »

« Prêts... »

« Partez ! »

Yugo zaapa à travers le village, cherchant quelqu'un qui avait particulièrement l'allure d'un chef. A quoi ressemblait son masque déjà ? Non, cela prenait bien trop de temps. Le garçon utilisa sa vision de Wakfu pour balayer tout le village. Un des habitants était plus brillant que tous les autres, une créature très puissante, par là. Dans un arbre.

« Moon ! » appela Yugo, zaappant jusqu'au dieu local. « J'ai quelque chose à te demander. »

« Ook ? » offrit Moon en lui tendant une banane-agrume.

« Non, merci mais pas maintenant. Je dois trouver le chef, Botan Focus. Tu sais où il est ? »

« Ook ! » dit Moon en hochant la tête. « Ack awap, ock mopu ip, eep emep gip. »

« Ah. Bien sûr. Euh... tu pourrais pas plutôt me montrer où le trouver, ce serait plus― »

« Je l'ai trouvé ! » appela Adamaï.

« Zut ! Déjà ? »

« Je suis confus, » dit le chef en sortant sur le balcon de sa maison perchée dans les arbres. « Étais-je supposé me cacher ? »

« Non, tout va bien, » dit Yugo. « On se voit plus tard Moon. »

« Ook, » conclut le petit singe.

« Merci, toi aussi, » répondit Yugo en sautant à travers un portail pour ressortir sur le balcon de Botan.

« Bonjour, chef. Vous avez bien dormi ? » fit Yugo avec son habituel sourire rayonnant.

« Euh, tout à fait oui. » Botan ne semblait pas en colère d'avoir été brutalement réveillé par un Dragon très joueur. Vivre avec Moon l'avait probablement déjà habitué à ce genre de chose. « Qu'attendez-vous de moi ? » demanda-t-il.

« Nous avons besoin de votre permission pour construire un portail Zaap, » dit Adamaï.

Botan le regarda, confus. « Zaap ? Qu'est-ce que cette chose ? »

Yugo se rendit compte qu'il n'y avait aucun Zaap sur l'île, et qu'ils étaient donc probablement absents du folklore local. « C'est un portail qui dure éternellement et vous permet d'aller très, très loin, » expliqua-t-il. « Ça peut être un problème car on peut y accéder des deux côtés... »

« Et de l'autre côté, il y a le royaume des Enutrof, » compléta Adamaï.

« Et vous vous rappelez de Ruel, n'est-ce pas ? C'est un Enutrof, et ils ne sont pas dangereux, mais ils pourraient venir creuser pour chercher de l'or sur votre île, ou encore essayer de vous vendre des trucs... »

« Tandis qu'ici, » continua Adamaï, « vous êtes à deux pas d'une superpuissance impériale en pleine expansion. Il y a de bonnes chances qu'ils débarquent pour mettre le feu à votre forêt et la remplacent par une forteresse imprenable avec des canons de la taille d'un volcan. »

« Tu penses vraiment qu'ils feraient ça ? » demanda Yugo avec inquiétude.

Adamaï haussa les épaules distraitement. « Qu'est ce qu'ils pourraient faire d'autre d'après toi ? »

« C'est juste, » fit Yugo en hochant la tête pensivement. « Admettons. Pour résumer, ce Zaap serait une entrée et une sortie, et ça pourrait être bon ou mauvais pour vous selon plein de choses qui nous dépassent complètement, et... on voudrait juste savoir où on pourrait le mettre. »

Botan resta silencieux. Yugo se rendait bien compte qu'ils n'avaient pas présenté le problème de la meilleure façon qui soit, mais au moins avaient-ils été honnêtes. Il ne pouvait pas voir l'expression du chef à travers son masque, mais le Kanniboule avait une posture... pensive. « Ce Zaap devra être à un endroit que seuls nous pouvons accéder et contrôler, » songea-t-il à haute voix. « Votre ami, Ruel... était-ce cet homme avec une pelle ? »

« Oui, il adore sa pelle, » répondit Yugo. « C'est un truc d'Enutrof. J'ai dû en rencontrer un seul qui n'avait pas la sienne sur lui tout le temps. »

Le chef s'assit et croisa les jambes. Il resta pendant plusieurs minutes dans cette posture méditative, et Yugo et Adamaï se regardèrent, ne sachant pas quoi faire d'autre que d'attendre gentiment.

« Le danger d'un côté, pour faire venir les ennuis de l'autre, » dit enfin Botan. « Une sortie... et une entrée. » Sa poupée végétale commença à glousser de rire et à se rouler au sol. Les jumeaux échangèrent un regard inquiet, mais le chef ne sembla pas s'en préoccuper.

« Je vois, » dit-il finalement. « Je pense avoir trouvé l'endroit parfait. »

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Le bateau ancré était doucement ballotté par les vagues. Amalia se rappelait de la première fois qu'elle avait embarqué sur un navire. Cela leur avait coûté tous les gains de son premier match de Boufbowl, mais ça en avait largement valu la peine. L'eau salée n'était pas une chose que la Sadidette appréciait particulièrement, mais la promesse de pouvoir voyager jusqu'à l'horizon puis jusqu'à l'horizon encore après, eh bien... il y a des endroits où l'on ne peut pas se rendre à pied, tout simplement.

Et si Amalia avait voulu rester quelque part, elle serait restée chez elle, à la maison.

« Amalia ! » héla le Capitaine. « Vous êtes tous prêts à partir ? »

« Oui, » répondit la Sadidette. « Nous partons. Je venais juste vous dire au revoir. »

Le Capitaine la regarda avec un air solennel, puis elle sauta du bateau pour la rejoindre sur la plage. « Oh. Vous avez donc un autre moyen de rentrer ? »

Amalia hocha la tête. « Yugo et Adamaï construisent un Zaap en ce moment, connecté à celui que nous avons laissé au pays Enutrof. Nous allons essayer de secourir Ruel, et l'effet de surprise sera déterminant. Après tous les ennuis que nous avons eus avec la marine de la nouvelle Sufokia, je pense que ça vaut mieux si on reste loin de la haute mer pendant un moment. Et ça vaudra mieux pour vous si nous ne sommes pas avec vous. »

La Capitaine posa sa main sur l'épaule d'Amalia. « Eh bien, ma chère amie fleurie, si voyager avec vous n'a pas été de tout repos, au moins on ne s'est pas ennuyés. J'espère que nos chemins se croiseront à nouveau. »

« Vraiment ? » demanda Amalia. Elle doutait que le bateau du capitaine puisse supporter un autre voyage avec eux. « Enfin, je voulais vous donner ceci. » Elle lui tendit une bourse pleine de kamas.

« Qu'est-ce que c'est ? »

« Votre paiement, » expliqua Amalia. « Pour nous avoir emmené jusqu'ici. »

« Ce n'est pas ce que nous avions convenu, » protesta le Capitaine. « Vous m'aviez promis une part du trésor que vous étiez venu chercher, et sauf si j'ai raté quelque chose, nous n'avons trouvé aucun trésor. »

« Tout à fait ! C'est bien pour ça que je vous donne ceci à la place. »

« Je n'aurais jamais survécu Oma sans vous, » pointa le Capitaine.

Amalia secoua la tête. « Ça n'a aucun sens, sans nous, vous n'auriez pas mis votre bateau en danger pour commencer. »

Le Capitaine haussa les épaules. « C'était une chasse au trésor. Si cela était sûr, ce ne serait pas amusant. Je connaissais les risques quand j'ai accepté de vous emmener. »

« Non c'est faux, aucun d'entre nous ne connaissait les risques, » insista Amalia. Le Capitaine n'avait déjà pas accepté de paiement la première fois qu'ils avaient voyagé ensemble, et si Ruel aurait certainement accepté la remise gracieuse sans demander son reste, ce n'était pas lui qui gérait les finances du groupe. Amalia payait ses dettes.

La Sadidette se tint un peu plus droite et gonfla la poitrine.

« Vous savez, c'est juste de l'argent de poche pour moi, » expliqua-t-elle avec son meilleur air de princesse dédaigneuse. « Gardez-le. J'en ai encore beaucoup là d'où ça vient. »

« Eh bien, si vous insistez, » dit le Capitaine à contre-cœur. « Vous savez, le vrai trésor de ce voyage était de trouver cet endroit. Les Bontariens raffolent des fruits exotiques comme ceux qu'on trouve ici, et aucun autre marchant ne s'approchera jamais de cette île. Ils ont trop peur de se faire manger. »

« Eh bien, ils ont peut-être raison, » nota Amalia. « Il y a bien une raison pour qu'on les appelle les Kanniboules. »

« Tous les ports ont leur risques, » fit le Capitaine en haussant les épaules. « Dans certains ce sont les droits de douane, dans d'autres les primitifs mangeurs d'hommes. » Elle eut un sourire narquois. « Comme je l'ai dit, quand c'est trop sûr c'est ennuyeux. Ceci dit, je suis déjà plus inquiète pour vous. »

« Pour nous ? » demanda Amalia sans comprendre.

« Vous êtes en route pour cambrioler l'endroit le plus surveillé du Monde des Douze. Si j'étais vous, je prendrais plutôt la revanche contre les Sufokiens. »

« On ne va pas le cambrioler, » protesta Amalia. « On va juste libérer un de ses prisonniers. »

Le Capitaine rit franchement. « Oui bien sûr, je suis certaine que le Roi comprendra la subtile différence. »

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Yugo écrivit les mots draconiques sur l'arche du portail Zaap, le liant à celui qu'ils avaient construit au royaume Enutrof. Le garçon aimait penser qu'il avait toujours laissé ses nouveaux amis de par le monde dans une meilleure situation qu'il ne les avait trouvés. Mais cette fois, si les Sufokiens cherchaient la vengeance ou tout simplement à étendre leur empire, Yugo ne pourrait rien faire pour les en empêcher.

A part donner à ses amis sur l'île de Moon un moyen de s'échapper.

Yugo vit Amalia revenir alors qu'il donnait la touche finale au Zaap. « Hé Amalia ! Content de te voir, » appela-t-il.

Amalia le regardait d'en bas sans comprendre. « Vous l'avez construit en haut d'un totem, » constata-elle. « Mais pourquoi vous l'avez construit tout en haut d'un totem géant ? »

« C'était ma suggestion, » dit Botan. « Si nous ouvrons une porte sur un monde empli de fouineurs avec des pelles, autant les empêcher de toucher le sol. »

Cela avait été logique également pour Yugo, et Adamaï avait juste été content de l'occasion de voir le marteau de Moon en action pour créer le totem, mais Amalia n'avait pas l'air trop enjouée. Contrairement aux jumeaux elle ne pouvait pas voler, et atteindre le sommet allait être difficile.

« Tu es prêt frérot ? » demanda Adamaï.

Yugo regarda vers le bas, s'agrippant à l'arche du portail. Le totem faisait bien vingt mètres de haut, et quelqu'un le traversant pouvait facilement se tuer s'il ne regardait pas où il posait les pieds. Yugo pensa à laisser un petit panneau d'avertissement de l'autre côté.

« Prêt. »

Se tenant des deux côtés du portail, les deux jumeaux joignirent leurs mains. Des arcs d'énergie s'étendirent entre eux jusqu'à l'arche avant d'exploser, les envoyant voler de part et d'autre. Une fleur blanche géante attrapa Yugo avant qu'il ne s'aplatisse contre quoi que ce soit, tandis qu'Adamaï traversait deux arbres et s'écrasait lourdement au sol, laissant un large cratère. Il se releva comme si de rien n'était.

« Sérieusement Yugo, » dit Amalia avec exaspération. « Tu vas te briser la nuque un de ces jours. »

« Tu as raison, » dit le garçon. « Je pense pas que les Zaaps soient supposés exploser comme ça. Y'a forcément quelque chose qu'on ne fait pas comme il faudrait. »

« C'est la version basique, » admit Adamaï. « J'ai pas eu le temps d'apprendre comment le faire en toute sécurité. Il faudra demander à Balthazar quand on le verra. »

« Quoi ? » demanda Amalia. « Je croyais qu'Emrub était inaccessible. Ce n'est pas ce que tu avais dit ? »

« C'est compliqué, » dit Yugo rapidement. « Je t'expliquerai plus tard. Pour le moment, on a une mission de secours à réussir. »

« Le dernier arrivé est une crotte de wapin ! » lança Adamaï gaiement.

Yugo lui sourit. « On va voir ça ! »

Amalia soupira tandis qu'elle commençait à escalader le totem. « Surtout ne faites pas attention à moi, je vous rattrape plus tard... »

Yugo regarda une dernière fois les Kanniboules de l'île de Moon avant d'entrer dans le Zaap, le cœur lourd. Leur avenir était incertain et il aurait aimé avoir mieux à leur offrir, mais un moyen de s'enfuir était déjà mieux que rien.

Sauver Ruel allait détruire leurs chances de former une alliance avec le royaume Enutrof pendant des années, peut-être même éternellement. Mais si certaines personnes au monde pouvaient prendre des décisions difficiles et sacrifier leurs amis les plus proches pour un hypothétique intérêt du plus grand nombre, Yugo n'était pas comme ça. Et il ne voulait pas le devenir. Jamais.

« Vingt kamas. »

Yugo fut tiré de ses pensées par une Enutrof assez âgée, assise sur une souche d'arbre à côté du Zaap.

« Pardon ? » fit le garçon.

« Vingt kamas, » répéta-t-elle. Elle avait de longs cheveux blancs en pagaille, une peau flétrie et couverte de tâches de vieillesse, et ses vêtements semblaient encore plus vieux qu'elle.

« Pourquoi vingt kamas ? » demanda Yugo curieusement.

« Allez frérot, c'est pas le moment d'acheter des trucs, » dit Adamaï en se posant à côté de lui. Ils étaient entrés dans le Zaap par les deux côtés opposés et Yugo ne pouvait pas savoir qui était arrivé le premier.

« Je n'achète rien, » expliqua Yugo. « A peine j'arrive, et cette dame commence à me dire― »

« Vingt kamas. »

« Voila, » conclut Yugo.

Amalia s'extirpa à son tour du Zaap, à bout de souffle. « Il faut vraiment... qu'ils fassent... des totems... plus petits. » Elle regarda autour d'elle. « Alors, qu'est-ce qui se passe ici ? »

« Vingt kamas. »

« Je suis pas sûr, » expliqua Yugo. « Je pense qu'elle veut nous vendre quelque chose, mais je comprend pas quoi... »

« Amende, » dit l'Enutrof.

« Quoi ? »

« Pour violation de propriété privée, » dit-elle sévèrement en se relevant de sa souche. « C'est mon terrain. Je ne vous y ai pas invités. Vous payez l'amende. Vingt kamas. »

« Oh, » fit Yugo, comprenant enfin. Quand les deux jumeaux avaient construit ce côté du Zaap ils n'avaient croisé personne, mais ils n'étaient pas restés assez longtemps pour s'en assurer.

« Mais c'est ridicule ! » protesta Amalia. « C'est un Zaap, nous l'avons construit il y a quelques semaines et― »

« Nous l'avons construit il y a quelques semaines, » corrigea Adamaï.

« Ils l'ont construit il y a quelques semaines, » poursuivit Amalia. « C'est le genre de chose qui n'est pas arrivé depuis l'aube des temps, au moins. Si c'est de l'argent que vous voulez, vous n'avez qu'à faire payer le passage à tous les gens qui l'empruntent. »

« Et je commence maintenant, » dit l'Enutrof sèchement. « Vingt kamas. Si vous ne payez pas, je vous fais arrêter. »

Adamaï eut un petit rictus moqueur. « Oh, vous pouvez essayer. »

Yugo posa une main sur son épaule. « Euh, frérot... » avertit-il à voix basse.

« Quoi ? Tu vois bien que c'est complètement débile, » lança Adamaï sur un ton léger. « De toute façon, qu'est ce que ça peut bien nous faire ? Dès demain on sera les plus recherchés du royaume Enutrof, et pas pour une petite amende de vingt kamas. »

Les oreilles de la vieille dame se dressèrent visiblement. « Quoi ? »

Amalia se tourna vers elle. « Vous connaissez cette expression, si je vous le dis je dois vous tuer ? »

« Quoi ? » répéta la vieille dame. « Ça fait longtemps que j'entends plus très bien. Je sais que vous me parlez mais je ne comprends pas. »

« Parfait, » conclut Amalia en se tournant vers ses amis.

« Je suppose que c'est pas possible de s'en débarrasser ? » demanda Adamaï avec des yeux plein d'espoirs.

« Tout dépend de ce que tu entends par 's'en débarrasser', » répondit Yugo, méfiant.

« Elle ne souffrira pas tu sais. »

« C'est bien ce que je pensais, » dit Yugo en secouant la tête. « C'est hors de question frérot, on est des héros, pas des tyrans. On a des règles. »

« J'obéis aux règles de la physique, » nota Adamaï, voletant à quelques centimètres au dessus du sol. « … quand ça m'arrange. Écoute, désolé mais me faire extorquer me rend violent. Mais si tu ne veux pas blesser qui que ce soit aujourd'hui, on peut toujours s'en aller non ? On peut voler― »

« Tu peux voler, » corrigea Amalia.

« Je peux voler, et on peut probablement sortir Ruel de prison avant même que cette vieille peau n'arrive à avertir les gardes. »

Amalia secoua la tête. « Il y a deux choses qui ne vont pas dans ton plan. Premièrement, libérer Ruel va être une opération délicate. On doit la planifier avec grand soin et attendre le bon moment pour que ça marche. Si les gardes nous courent après, ça ne fonctionnera pas. »

« Réussir à libérer Ruel va être une opération délicate, » précisa Yugo. « Échouer sera très facile, et on ne peut pas échouer en échouant. On va forcément y arriver. »

« Ce qui n'a toujours aucun sens pour moi, » continua Amalia. « Deuxièmement, c'est notre entrée dans le monde du crime. Le faire en libérant un ami de prison, ça a une certaine classe. Mais une violation de propriété privée ? C'est aussi pathétique qu'une amende pour un stationnement illégal de dragodinde. »

« Donc tu veux gâcher ton argent pour sauver ton honneur ? » demanda Adamaï avec scepticisme.

« L'honneur est très important, » nota Amalia.

« Alors tu lui donnes raison, » protesta Adamaï. « Tu l'encourages. Si tu payes les gens pour continuer à être des idiots c'est sûr qu'ils ne vont jamais s'arrêter. »

« Peut-être, mais on ne reviendra jamais par ici, » insista Amalia. « En tout cas, j'espère. Ce sera le problème de quelqu'un d'autre à partir de maintenant. »

Adamaï lui jeta un regard noir et soupira, se tournant vers Yugo. « Et toi frérot, qu'est-ce que tu en penses ? »

« Je pense que c'est pas ma décision, » répondit le garçon platement. Il était occupé à écrire un avertissement sur le Zaap pour éviter un malheureux accident. « On a décidé qu'Amalia était en charge de gérer l'argent, donc c'est elle qui décide. Si elle veut en donner à une vieille dame, c'est son choix. »

« Ah ! » fit Amalia triomphalement.

« Je me rappelle pas trop qu'on' ait décidé de ça ensemble, » marmonna Adamaï.

« Par le soulier de Sadida, Adamaï, c'est juste vingt kamas. » Elle s'approcha de l'Enutrof et sortit les kamas de sa poche.

« Soixante kamas, » fit la vieille femme sèchement.

« Soixante... quoi ? Mais non ! Vous avez dit vingt kamas, vous l'avez même répété. »

« Chacun, » expliqua la femme, les pointant du doigt tour à tour. « Vingt, vingt, et vingt. Soixante. Soixante kamas. »

Amalia compta rapidement les kamas dans la paume de sa main et soupira. « D'accord, je laisse tomber. Adamaï, désintègre-la si tu veux. »

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Le petit groupe fit son chemin jusqu'à la prison. Ils avaient déjà assez perdu de temps pendant leur voyage vers Oma, et avec un peu de chance, le Roi ne s'attendrait pas à ce qu'ils soient assez désespérés pour libérer Ruel avec encore deux semaines de délai.

Malheureusement, une rencontre aussi douloureuse que bruyante avec la sécurité du château, et ils furent renvoyés directement devant le Roi pour une nouvelle entrevue.

L'homme rondouillard était assis sur son trône doré, caressant son phorreur. Il n'avait pas l'air en colère, mais pas spécialement content pour autant. En fait, il avait juste l'air fatigué.

« Alors, ce trésor enfoui que vous m'aviez promis, » commença-t-il. « Je suppose que ça n'est plus d'actualité, n'est-ce pas ? »

Amalia secoua la tête. « Malheureusement votre Majesté, quelqu'un avait déjà pillé l'or avant que l'on n'arrive. »

Adamaï grogna en entendant cela. Cependant, il ne pouvait rien dire. Les gardes l'avaient muselé pour qu'il ne puisse pas cracher du feu, et ils avaient entravé ses poignets et ses ailes pour faire bonne mesure. Yugo avait eu bien du mal à le convaincre d'accepter ce traitement, et si le Dragon n'avait pas carbonisé qui que ce soit, il avait quand même pris un malin plaisir à laisser des empruntes de pied incandescentes sur toute la longueur du chemin. Yugo s'en était mieux sorti, écopant juste d'une paire de menottes.

« Peut-être pourrions nous reconsidérer notre arrangement ? » continua Amalia avec espoir. « Ruel Stroud ne vous servira à rien une fois mort. »

Le Roi eut un petit rire narquois. « On trouve le profit là où on le cherche, vous savez. S'il ne me rapporte aucun kama, au moins il fera un bon exemple pour les voleurs. Le sort de Stroud est déjà décidé depuis longtemps, et peut-être devriez-vous vous inquiéter du votre maintenant. Vous avez été arrêtés en train d'essayer de libérer un criminel condamné. Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?

« Mmm hmm hmfm fm mmf mmhmm! » grogna Adamaï à travers sa muselière. « Mm hmmhm fhm mhhmmhm mmhmmhm fm mhhm mm hmm! »

Yugo espéra que le Roi ne pouvait pas le comprendre. Maudire ses descendants sur cent générations n'allait aider personne. « Ruel est notre ami, » dit le garçon. « Il a toujours été là pour nous, et on lui devait d'être là pour lui maintenant. »

« Souhaiteriez-vous donc à ce point partager son sort ? »

Yugo déglutit péniblement et resta silencieux.

« Bien, » coupa Amalia hâtivement. « Il n'y a pas de raison de s'énerver. Vous savez... quand Nox a essayé de rayer de la carte le peuple Sadida tout entier, ce n'est pas l'armée de mon Royaume qui l'a stoppé. C'était de notre fait. Et entre toutes les destructions que Nox a causées et dont nous n'avons pas encore entièrement conscience, et la nouvelle Sufokia qui cherche à s'affirmer comme une grande puissance, le monde n'est plus aussi sûr qu'il ne l'était auparavant. Dans des temps aussi troubles, cela pourrait payer d'avoir la gratitude de héros comme nous, n'est-ce pas ? »

Amalia battit des sourcils et lui lança un regard significatif, mais le roi se contenta de soupirer avec exaspération. « C'était le bon moment pour vous défendre, et si vous refusez de le faire, alors vous attendrez en prison le temps que je décide quoi faire de vous. »

« Quoi ? » glapit Amalia. « Mais... mais je suis une princesse ! N'avez-vous pas conscience de l'immunité diplomatique ? Vous ne pouvez pas m'arrêter comme un simple criminel ! »

« Je le peux, et je le fais, » répliqua le Roi platement. « Car votre comportement était bien celui d'un criminel et non d'une princesse. Je ne manquerai pas d'avertir votre père de vos actes odieux. »

Amalia pâlit visiblement. « Oh, s'il vous plaît, ne faites pas ça ! »

« Bien évidemment que si ! » Il se tourna vers Yugo. « Et je suppose que je préviendrai également votre propre Roi. Qilby réside toujours chez les Sadida, n'est-ce pas ? »

Yugo hésita. « En fait, il est parti, pour... »

« Mmhm hmhmmm? » offrit Adamaï.

« C'est ça ! Il est parti pour une mission royale. Il sera de retour dans... un moment. »

« Eh bien, il sera informé quand il reviendra, » grommela le Roi. Il fit un geste de la main vers ses gardes. « Emmenez-les, j'ai déjà assez perdu de temps comme ça. »

« Attendez ! » dit rapidement Yugo. « Si vous allez vraiment exécuter Ruel, pouvez-vous au moins nous laisser partager sa cellule ? » Le Roi lui lança un regard noir, et Yugo fit appel à son air le plus candide et à ses yeux les plus tristes pour essayer de le convaincre. « Je vous en prie... c'est notre ami. »

Le regard du Roi s'adoucit, et il secoua la tête avec frustration. « Bah ! Qu'il en soit ainsi. Ça réduira les charges de vous entasser ensemble de toute façon. » Il fit un geste impatient aux gardes qui les emmenèrent vers la prison.

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Enitalp se détendit dans son lit. Il se couchait toujours fatigué, et il était rare qu'il ne commence pas sa journée en étant fatigué. Il savait qu'il dormirait peut-être mieux sur un lit plus confortable, mais il n'était pas devenu l'homme le plus riche du Monde des Douze en jetant l'argent par les fenêtres, et être un Roi ne lui donnait pas le droit à tous les excès, à commencer par un vrai matelas.

« J'aurais vraiment espéré pouvoir arriver à un accord avec ces gens du Tofu, » dit-il à son phorreur tandis qu'il grattait l'animal entre les oreilles. « C'était parfait ! Se faire payer pour ne pas exécuter quelqu'un ? Ah ! Ça aurait tout résolu d'un coup. » Son phorreur grogna avec contentement, peu concerné par les problèmes de son maître. L'homme soupira. « Au lieu de ça, pas de récompense, et un bourreau à payer. »

C'était juste une goutte d'eau dans le vase, mais le vase était déjà bien assez plein comme ça. Enitalp, Roi des Enutrof, ferma les yeux. « J'aimerais tellement que tout mes problèmes disparaissent... »

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« Tu as de la compagnie Stroud. »

Yugo, Amalia et Adamaï tombèrent dans le puits et atterrirent avec un 'splat'. Yugo se releva douloureusement, regrettant que les gardes n'aient pas délié ses mains avant de le jeter dans la cellule. Il plissa les yeux et tenta de voir sans être encore habitué à l'obscurité, sans succès. Il y avait une façon plus efficace de toute façon. Il ferma les yeux et se concentra pour visualiser le Wakfu autour de lui.

« Ruel ! » dit-il joyeusement. « C'est bon de te voir ! »

Le visage buriné de l'Enutrof se tordit en un sourire radieux. « Hé gamin. Alors, quelles sont les nouvelles du monde ? »

« Eh bien, on est allés à Oma pour récupérer l'or de Grougaloragran et payer ta dette, mais les gens de la nouvelle Sufokian sont arrivés les premiers et ont tout emporté. »

Ruel s'en étouffa presque. « Ces rats ! Bandits, escrocs, voleurs et mangeurs de poisson pourri ! » explosa-t-il. « Que leurs pelles rouillent et qu'ils se noient au fond des océans ! »

« Mm hmm hmfmmhm, » renchérit Adamaï pour montrer son accord.

« Donc on a décidé que si on ne pouvait pas payer pour toi, on allait te faire évader, » continua Yugo.

« Et si vous êtes arrivés ici, j'en conclue que ça n'a pas marché ? » devina Ruel.

« Ça fait partie du plan, » assura Yugo.

Amalia eut un reniflement dédaigneux. « Le plan ? J'ai vu des plans avant, et ça c'est de l'improvisation. Comment tu arrives à survivre ici Ruel ? Ça pue encore plus que ton sac. »

« Eh bien, moi aussi j'ai essayé de me faire la belle, » expliqua Ruel. « Et maintenant Philippe n'est plus mon ami. Et surtout, ils m'ont confisqué le seau. »

Amalia leva un sourcil avec confusion, et Ruel évita soigneusement d'élaborer davantage. « Peu importe, c'était bien marrant d'être coincé dans ce puits de désespoir qui pue, mais j'aimerais mieux marcher sur des clous rouillés que de rester ici une minute de plus. Alors si tu as un plan Yugo... »

« Oui, j'en ai un. Collez vous aux murs, ça va prendre un peu... beaucoup de place. »

« Mm mmhm mm hm hmm mm ? » demanda Adamaï.

« Oui bien sûr, » répondit Yugo. « Les gardes ne devineront jamais comment on a pu sortir, et ce sera aussi bien pour eux. »

« Tu peux vraiment le comprendre ? » demanda Amalia avec un signe de tête vers le petit Dragon.

« Bien sûr. On est frères pas vrai ? »

« Mais... il ne peut pas parler. »

Adamaï grogna, et Yugo haussa les épaules.

« Et alors ? Az non plus. Sérieusement, reculez, ou vous serez coupés en deux. »

Amalia et Ruel reculèrent contre les murs de la cellule, et Yugo prit une profonde inspiration.

« BALTHAZAR ! OUVRE LE PASSAGE ! »

L'écho de sa voix rebondit sur les murs de la prison pendant un long moment, puis ce fut le silence.

« Je sais pas ce que tu essayes de faire bonhomme, » dit Ruel. « Mais si ça implique d'utiliser la magie, alors il faudra s'occuper de ça avant. » Il pointa la sphère inhibitrice accrochée au plafond, de l'autre côté de la grille de leur cellule.

« Encore ? » fit Yugo avec frustration. Quand ils avaient été capturés par le Chevalier Justice, ils avaient dû y jeter tous leurs vêtements, y compris son chapeau, pour qu'il puisse à nouveau faire des portails.

« Mm hmm m mhm-hmhm mh? » demanda Adamaï.

« Exactement, » répondit Yugo.

« Hmmhmm? M hmhm hmhm hm fm mm! »

« Oui, on risque d'être coincés un bon moment. Je pense pas que mon chapeau puisse passer entre les barreaux. »

« Hmm ? »

« Euh... c'est une longue histoire. Je te raconterai, un jour. Peut-être. »

« Hm. M hm mrhm hm. »

« Vraiment ? Comment ? »

« Hmhm, » répondit Adamaï comme si c'était évident.

Yugo soupira. « Non, tu ne comprends pas, c'est justement le but de ce truc, de nous empêcher de― »

« Mhm? Mrm mh. »

« Oui, je te fais confiance. Dis moi de quoi tu as besoin. »

Adamaï regarda la sphère avec un air pensif. « Hmf hm mm. »

« Vraiment ? »

« Hm. »

« Ça pourrait bien marcher, maintenant que j'y pense, » admit Yugo. « Allez les gars, vous avez entendu non ? Pile de mulons ! » s'écria-t-il avec enthousiasme en se jetant sur son frère. Amalia et Ruel ne bougèrent pas, le regardant avec un air mi-confus mi-inquiet. « Les copains ? Vous attendez quoi ? »

« Euh... qu'est-ce que tu fais, là, exactement ? » demanda Amalia.

« Mais... je saute sur Adamaï, bien sûr. »

« Oui, ça on a vu, mais pourquoi ? »

« Quoi, vous n'avez rien écouté ? »

Ruel et Amalia lui jetèrent un regard vide. Yugo soupira et se releva. « Bien, on doit ouvrir un portail pour sortir d'ici, mais ce truc anti-magique nous en empêche, donc Adamaï va utiliser sa magie pour le détruire, mais il ne peut pas utiliser sa magie si le truc le regarde, donc on doit couvrir Adamaï pour le cacher. Des questions ? »

« Oui, j'en ai une, » dit Amalia. « Quoi ? »

« Écoutez, c'est pourtant simple, » dit Yugo avec impatience. « Sautez sur Adamaï, et vous allez comprendre. »

« Bien, admettons, » dit Amalia avec une certaine exaspération. Yugo s'allongea sur Adamaï et Amalia au dessus d'eux, essayant de ne pas trop se salir avec la boue. Elle grommela quand Ruel se jeta sur eux trois. « Oumph ! Ruel, comment ça se fait que tu es au-dessus ? »

« C'est la patience, » répliqua l'Enutrof légèrement. « Ça vient avec l'âge, tu verras. »

Sous la pile de corps entassés, Yugo pouvait entendre Adamaï murmurer les mots d'un sort, et au dessus d'eux la sphère vola en éclats.

« Ça a marché ! » fit Ruel joyeusement.

« Bien, » grogna Amalia. « Maintenant dégage de mon dos. »

« Tu es sûre ? C'est plutôt confortable en fait. »

Amalia le poussa brusquement et se remit debout. « Ah, je peux respirer, » dit-elle. « Et ce serait vraiment une bonne chose si on était n'importe où sauf ici. »

Yugo et Adamaï se relevèrent à leur tour. Les chaînes du Dragon tombèrent au sol et il enleva sa muselière rageusement. « Et je peux à nouveau parler ! »

« Toutes les bonnes choses ont une fin je suppose, » murmura Amalia en soupirant.

Adamaï se défoula en envoyant un puissant jet de flammes vers le haut, ce qui eut pour effet de surprendre Amalia et de laisser la grille de leur cellule orange et fumante.

« Cet Enutrof devrait savoir qu'on emprisonne pas un Dragon aussi facilement ! »

« Eh bien, quand il reviendra pour trouver notre cellule vide je suppose qu'il s'en rendra compte, » dit Yugo. « Essayons encore une fois. »

« Je comprends toujours pas ce que tu essayes de faire, » protesta Amalia. Yugo lui fit signe de se taire et elle recula contre le mur de la cellule en rouspétant.

« BALTHAZAR ! ENCORE UNE FOIS ! »

Une fissure blanche éblouissante s'ouvrit au milieu du puits, lançant des éclairs bleus dans toutes les directions. Puis le centre devint sombre avec des lignes d'énergie tournant en spirale vers l'extérieur. Ce n'était pas un portail classique, ni même un Zaap. Ce cercle fait de lumière et d'ombre pouvait traverser les limites de la réalité, jusqu'à un endroit où le temps n'existait pas.

Yugo n'avait jamais vraiment parlé de ce qui s'était passé la première fois qu'il avait emprunté ce genre de portail. Les souvenirs de tout ce qui était arrivé entre le Monde des Douze et Emrub étaient à la fois trop merveilleux, et trop terrifiants. Depuis les Griffes Pourpres, Yugo avait évité de parler de Qilby et avait à peine mentionné Balthazar. Évidemment, ses amis allaient avoir des questions, beaucoup de questions. Mais il était grand temps d'y répondre. Yugo ne pouvait pas tout garder pour lui indéfiniment.

« Venez, » dit-il. « Il y a des amis que je voudrais vous faire rencontrer. »

WWW

Des histoires se murmuraient de bouche à oreille à propos d'un lieu où le temps ne s'écoulait pas, où les enfants ne grandissaient jamais. Cet endroit avait un millier de noms sur un millier de mondes différents, mais sur le Monde des Douze et parmi les Eliatropes qui y vivaient, on l'appelait Emrub.

Notes:

J'aurais sans doute des souvenirs plus tendres des 'dog piles' avec mes frères et sœurs si je n'avais pas toujours été tout en bas. (Ndt : il s'agit d'un jeu où des enfants se jettent les uns sur les autres pour former une pile. Je n'ai pas de traduction pour ça et c'est d'autant plus bête que j'y jouais quand j'étais petit.)

N'essayez pas de déchiffrer ce que marmonne Adamaï ou encore le singe, ça n'a aucun sens. Pas de code, pas de message secret. Honnêtement, vous croyez vraiment que je passe autant de temps sur cette histoire ? Il n'y a pas de secrets à découvrir.

Je ne mens pas.

Vous vous demandez probablement comment Adamaï a pu se débarrasser de l'inhibiteur de magie avec de la magie, et spécialement alors qu'il était trop muselé pour parler. Premièrement, la magie a des règles qui ne peuvent être enfreintes. Deuxièmement, vous ne pouvez pas comprendre ces règles, parce que les quelques règles qui ont du sens changent souvent, et la plupart de celles qui ne changent pas n'ont aucun sens.

Finalement, vous vous demandez sans doute où est passé Az pendant tout ce chapitre. Et Junior, le phorreur de Ruel ? Était-il emprisonné avec lui, ou était-il ailleurs ? Quoi ? Vous ne demandez pas où étaient ces petits animaux tout mignons ? Eh bien, parfait. Je ne vous dirai pas.

J'aimerais remercier Suricatessen (Ndt : c'est moi) pour avoir relu ce chapitre. Si vous n'avez pas encore lu ses bafouilles, vous devriez, c'est assez génial (Ndt : trop gentil).