Mon portable vibre, je sursaute. Émilie, encore à côté de moi, relâche mon épaule pour me laisser consulter le message. Je déverrouille le portable, le nom de Castiel est affiché. Il a répondu, j'ai peur d'ouvrir le message et en plus, je rougis. C'est dingue comme je peux être froussard, depuis quelque temps. Voyant que j'hésite, Émilie appuie à ma place sur le message, il s'affiche, je ferme les yeux. Je l'entend rire tendrement, je rouvre les yeux, gêné, et dépose mon regard sur l'écran. Le message est court. Simple. Succin. « J'arrive. » Il arrive. Je panique. Je me relève d'un coup sans savoir où aller, la douleur me reprend, je retombe. Émilie se lève en souriant et embrasse mon front.

« Je laisserais la porte ouverte pour qu'il puisse entrer. »

Avant que je ne répondes, elle sort du salon puis je l'entend ouvrir la porte, elle la laisse sans doute entrouverte avant de partir. Je ne sais pas où elle va. Mais il me semble qu'elle me laisse seul avec Castiel alors que je ne sais pas ce que je peux lui dire... J'ai peur. Je regarde de nouveau le message. Le lycée est à une dizaine de minutes... si il traîne en chemin et n'a aucun feu rouge, il est là dans 15 minutes. Si il a tous les feu rouge et marche normalement, il est là dans 5 minutes. Si il marche vite il est là dans... ça sonne. D'accord. Donc astuce pour moi-même : si tu cours tu en as pour environ 2 minutes. Je me relève en soupirant, pose mon portable, passe mes mains sur mon bas de pyjama puis dans mes cheveux. Résultat, mon bas est toujours froissé et mes cheveux sont dans un état plus proche du savant fou que du gamin stressé. Je soupir, j'hésite, je me rassoie.

« Entres, c'est ouvert... »

J'entends le léger grattement de la porte sur le sol une première puis une seconde, le claquement du battant sur l'ouverture, les pas qui se rapprochent, je fermes les yeux un instant, je n'entends plus rien, je les rouvres, je relèves la tête, un sourire figé sur les lèvres. Un sourire qui s'efface. Parce que Castiel n'est pas là. Mais lui si, avec son sourire -mi-arrogant mi-connard. Je me mords la lèvre, je détourne la tête. La porte est fermée, je suis coincé avec lui.

« Bien dormi, Aoimaru ?

-Pas vraiment.. »

Il s'assoie près de moi, je me tasse contre l'accoudoir avant de me relever d'un bond.

« Maintenant, si tu veux bien partir, tu n'es pas la bienvenu ici.

-Comme d'habitude et pourtant, me voilà ! Je ne perds pas espoir.

-C... Castiel va bientôt arrivé alors tu... tu ferais bien de partir !

-Castiel ? Railla-t-il en se relevant pour s'approcher de moi. Tu l'as fait partir hier, pour rester avec moi. Dès qu'il me verra, il se barrera. »

Il passe sa main sur ma joue, je détourne les yeux. Il a raison, ce qui s'est passé est de ma faute, j'aurais du le retenir. Je tremble. Je sens les larmes qui montent. Pourquoi ça ne s'arrête pas ? Il a eu ce qu'il voulait. C'est idiot, mais après ça, ça devrait être fini.

« Hier, je t'ai foutu la paix. Mais aujourd'hui, je veux ce qui m'est dû.

-Hein... ?

-Quoi, j'ai cogné trop fort ? »

Il ricane. Il ne m'a rien fait, si ce n'est me cogner ? Il m'a juste tabasser... ? C'est pas logique. Enfin, je veux dire... ça ne lui ressemble pas. Il aurait forcément profiter de l'occasion. Je le regarde, je ne comprends pas. On toque à la porte. Il a mit 5 minutes. Je me détourne, je recule et je vais dans l'entrée, Dake me suit, j'entends son pas, je sais ce qui se passera si je ne fais rien. Il me croit donc si faible que ça ? Je reste devant la porte, la main sur la poignée. J'hésites.

« Aoimaru, ouvres ! »

Je tressaille un peu mais je souris, sa voix me rassure déjà, je baisse la poignée et je tire la porte. Directement, Castiel plante son regard dans celui de Dake. Je relâche la porte, je m'écarte pour laisser Castiel entré, il me jette un coup d'oeil, il voit mes larmes, il voit les bleus sur mes bras, je vois son point qui vole au dessus de moi et percute violemment le visage de Dake. J'étouffe un cri de surprise, je recule, la porte se referme sous mon poids, j'y reste adossé. Castiel empoigne le col de Dakota et le plaque contre le mur de l'entrée, il le regarde droit dans les yeux. Il brûle de rage, je ne peux m'empêcher de sourire un peu alors que je n'écoutes même plus, tout est confus. La peur s'est évanouie. Je ferme les yeux pendant ce qui me semble être une seconde et une main empoigne mon poignet, me tire contre un torse, les yeux encore clos, j'entends la porte qui s'ouvre et se referme violemment, j'entends le cœur qui bat encore rapidement. Mes yeux encore clos, je humes son odeur, je souris, il me caresse la tête.

« Qu'est ce qu'il t'a fait ? »

Sa voix me transporte, je m'accroche à lui pour qu'il ne me lâche plus, je relève la tête et le regarde, il est inquiet. Pour moi. Mes yeux se baissent avant mon visage, je regarde sa main, ses phalanges rougies par le choc contre la mâchoire de Dakota, je remonte un peu sur son bras dont les muscles sont encore bandés, ma main parcours son poignet, monte jusqu'à son coude et s'arrête, un contact chaud, liquide...Je passe ma main de son bras à sa hanche, il saigne abondamment.

« C... Castiel ? »

Il prend ma main dans l'une des siennes, un sourire doux décor son visage, il plie chacun de mes doigts, un a un et porte mon point à ses lèvres, il l'embrasse doucement en fermant les yeux. Je frissonne à son contact. Je suis mort de peur mais je ne peux m'empêcher de lui tendre mes lèvres, il m'embrasse. Pas comme Dake m'embrassait jusque là. Pas de cette manière fugueuse et violente. Avec tendresse, amour, envie, passion. Avec tout ce qui me manquait. J'oublie le sang et passe mes bras autour de son cou, je me colle à lui, le désir m'entoure. Il rompt le baiser.

« Je pourrais pas te donner le meilleur maintenant.

-Comment ça... ?

-Je peux pas coucher avec toi avec une plaie en sang. »

Je rougis, il est bien trop direct. Je bafouille un moment, ma phrase se rallonge sans se compléter pendant plusieurs secondes. Je me sens bête. Je suis qu'un pervers horrible, répugnant... Je le dégoûte, il veut pas de moi, je suis un monstre de perversité ! Et en plus, je meurs de faim ! Ah, ça a rien à voir... mais c'est clair que j'ai la dalle. Une minute, ils 'est prit un coup de ce qui me semble être un couteau, je peux pas le laisser comme ça, faut arrêter l'égoïsme trois secondes.

Je prend sa main et le fait s'asseoir sur le canapé.

« Reposes toi, je vais désinfecter ça... enlèves ton haut. »

Je m'absente une seconde pour aller dans la salle de bain, je reste devant le placard un instant. On a besoin de quoi ? Des bandages, du désinfectant... C'est tout ? Faut peut-être recoudre... beurk... je vais m'évanouir si je fais ça! Je prend les bandages, ils se déroulent, je le rattrape de justesse avant qu'il ne touche le sol et soupir, je suis trop maladroit, je vais lui faire mal. Je prend le désinfectant et des cotons puis je retourne au salon, il est torse nu, il me regarde, je rougis encore une fois et m'approche sans me démonter.

« Je vais m'en occuper alors bouges pas. »

En m'asseyant à côté de lui, j'ouvre le flacon de désinfectant, il déglutit difficilement.

« T'es obligé de le désinfecté ?

-Bah... oui. Sinon ça risque de s'aggraver.

-OK... Alors vas-y, mais embrasses moi en même temps.

-C'est pas très beaucoup possible, tu vois. »

Il hoche la tête en soupirant et ferme les yeux, attendant. Mais j'étais trop préoccuper par son état pour l'embrasser. Enfin, il veut surtout éviter la douleur, il tremble un peu. Je met du désinfectant sur un coton et le passe doucement sur la plaie saignante. Il grogne longuement et sert les points. Je fini de le désinfecter et commence à le bander doucement, j'essaye de ne pas me rater mais ça devient un peu difficile à force. Il faut que je me colle à lui pour passer le bandage de l'autre côté et l'entourer.

La nuit a été longue, je me réveil difficilement. Au dessus de moi, le plafond, normal, c'est sa place. En dessous, le lit puis le sol : jusque là tout va bien. A ma droite, le vide, mon ours en peluche tombé lamentablement au sol. Dans le lit voisin ma sœur, Emilie. Qui me fixe avec de grands yeux. Pourquoi ? Je fronce les sourcils pour lui montrer mon incompréhension. Elle me montre quelque chose dans mon dos. Je me retourne.

« AAAAAAAAAAAAAAH ! »

Castiel se réveil d'un coup et se redresse, il se tient le côté en grimaçant et me lance un regard rageur.

« Qu'est ce qui te prend de gueuler comme ça ?! »

Je me réfugie immédiatement dans les jambes de ma sœur, j'attire donc l'attention sur son corps a moitié dénudé et elle se retrouve en jogging et soutient-gorge devant mon petit ami. Ah oui, c'est vrai... petit ami. J'ai pas eu la bonne réaction dans ce cas. Je me redresse, le rouge aux joues et m'excuse à voix basse.

« Ouais, c'est rien. »

La situation n'a pas l'air de lui paraître bizarre, j'ai du lui proposer de rester pour la nuit, je suppose. Je touche le bas de mon dos. Je n'ai pas mal... Donc on a rien fait ? Ou alors il a été très doux...

« Je t'ai pas touché, Maru. »

« Maru »... C'est trop mignon. J'adore les p'tits surnoms, ça fait couple uni et tout ! Je m'approche de lui et m'agenouille sur le lit. Je sens Emilie quitter la pièce. On est tout seuls. Je détourne les yeux. Je crois que je devrais l'embrasser... Je me penche en avant et m'écrase sur le lit. Il est déjà debout. Il se retourne pour me regarder.

« Encore fatigué ?

-Ahah... Non, pas du tout. J'avais envie d'embrasser mon nouveau petit ami le matelas.

-Je devrais vous laisser seuls alors. »

Il me fusille du regard. Il ne comprend absolument rien à la subtilité avec laquelle je lui montre ma... heu... vexitude ? Peu importe ! Je ferme les yeux, secoue la tête et me relève, en équilibre sur le lit, les jambes écartées pour me stabilisé, dans un t-shirt long qui semble lui appartenir et avec les points serrés, je le met au défi du regard. Il pose son doigt sur mon ventre et je tombe en arrière, Castiel rit un peu.

Une fois relevé, je réussis à convaincre Castiel que, non, je ne sors pas avec mon matelas mais avec lui. Ça l'amuse, évidemment, que je me batte autant pour faire comprendre quelque chose de tout à fait logique. Il me caresse la tête et tend ensuite sa main vers moi.

« Oui ?

-Mon t-shirt, idiot. »

Je regarde le t-shirt sur moi et rougit un peu. C'est sûrement pour ça que j'ai passé une aussi bonne nuit... Je secoue un peu la tête et retire le t-shirt, je fais face à Castiel en caleçon, lui met son vêtement dans la main et me détourne pour trouver de quoi m'habiller. Je sens son regard brûlant sur moi. Je souris intérieurement et me redresse en enfilant un jean et un t-shirt. Pour une fois, j'ai pas l'air d'un gigolo !

Nous nous arrêtons devant le lycée. On s'est lâché la main il y a une ou deux rues environ. Nous regardons l'enceinte du bâtiment puis laissons nos regard se croisé. Aucun baiser ne sera permis pour l'instant. J'ai pris la décision d'avouer à tous que je suis un garçon donc, ça cataloguerait directement Castiel comme gay. Pas qu'il le soit pas, hein... Mais après, est-ce qu'il m'aime au final ? J'étais décontenancé, lui aussi, dans l'élan de colère, de passions et de sentiment tout est possible. Eh puis je l'excite pas, en plus. Avec Dakota j'étais servit à ce niveau... mais il m'aimait pas alors ça compte pas.

Je regarde Castiel, il a tenu à venir malgré la douleur à sa taille. Il surprend mon regard et me le rend en souriant, sa main se pose sur mon épaule. Il semble me dire « je n'ai pas honte, ni de t'aimer, ni de toi. » Je hoche la tête pour répondre à ma pensée et avance. « Aimer ». C'est bien vague, au final. Je me connais par cœur. Si je l'aime, je le sais quand je suis au plus mal. J'ai été au plus mal et je ne pensais qu'à lui.

A la première pause de la journée, tous mes amis se réunissent dans la cours à ma demande et à celle de Castiel. Je tremble un peu, j'ai peur. Je voudrais l'avoir tout près de moi pour être sur de pouvoir me rattacher à quelque chose, à quelqu'un. A celui que j'aime ? Je l'appel du regard, je le supplie presque. Il commence par essayer d'échapper mon regard puis soupir un peu et vient près de moi. Il s'assoie sur le banc à mes côtés. Sûrement la peur que ses jambes le lâche quand le lien de cause à effet sera fait. Parce que c'est clair que je vais pas plonger seul et il a fini par me donner son accord. Je prend mon courage à deux mains, ils me fixent tous. Alexy a déjà compris, il sourit.

« Bon... Les amis... »

Je déglutis. Encore une fois j'appelle à l'aide Castiel du regard. Il m'ignore complètement. « Génial, le petit ami ! » Je soupir. Alexy s'avance vers moi et s'arrête à côté, limite sur les genoux de Castiel.

« Elle est un il ! »

Et il est fière. Je grimace, forcément personne ne le croit. Ils pensent à une nouvelle connerie et pourtant, c'était plutôt bien dit... Je vois pas trop comment amener le sujet maintenant. Remarque, vu leurs regards dirigés avec anxiété sur ma poitrine absente... Définitivement. Ils le prennent au sérieux. Des murmures d'abord, quelques rires. Je ne comprend pas mais ils n'ont pas l'air énervé ?

Je vois Peggy prendre des notes. Elle s'approche ensuite avec son magnétophone qu'elle me colle sur les lèvres.

« Tu peux répéter ?

-... Je suis un garçon... et je sors avec Castiel. »

Aussitôt dit, aussitôt publié. En première page, moi, dans les bras de Castiel. Et en grosse lettre. « Je suis un garçon. ».