Censure: PG-13
Avertissement : spoiler, EWE, slash (c'est très soft mais vous êtes prévenus...)
Disclaimer: J.K. Rowling, blah, blah... C'est une traduction de la fiction de Cassis Luna, The LipLock Jinx. Je ne suis pas une pro évidemment, mais j'aime beaucoup cette histoire donc j'ai voulu la partager. J'espère qu'elle vous plaira autant !
Le sortilège de Bouchecousue
Harry comprit que c'était Ginny qui l'avait touché et fait tombé de son balai. Ginny a toujours été bonne en sortilèges, fut la première pensée de Harry deux minutes plus tard, alors qu'il était étendu sur le terrain de Quidditch. Sa deuxième pensée fut merde, aïe, putain mon bras.
Je savais que je n'aurais pas dû accepter de m'entrainer aujourd'hui avec ces branleurs, fut sa troisième.
Ron, parfois je déteste ta soeur aurait été sa quatrième si toute l'équipe de Gryffondor n'avait pas accouru auprès de lui et commencé à le trainer vers l'infirmerie, paniqués à l'idée qu'ils aient pu causer un dommage permanent au Sauveur du Monde des Sorciers.
Quoi, alors maintenant vous vous inquiétez pour moi ? Vous auriez peut-être pu y penser quand vous étiez en train de me balancer des sorts alors que j'étais à 10 mètres au-dessus du sol, pensa Harry avec mauvaise humeur.
Ginny lui comprima l'épaule de plus belle (Aïe), comme si elle entendait ses pensées et lui lança un grand sourire, les yeux brillant de joie. « Tout se passera bien, Harry », dit elle avec légèreté.
Tandis que lui et son bras souffraient à force d'être malmenés par une troupe de 5 et 7ème années baraqués, Harry jeta un regard noir à Ginny, ce qui ne fit que renforcer son sourire, comme si elle savourait le fait qu'elle venait de le rendre muet.
Tu te doutes bien que ton frère et moi on va avoir une discussion à ce sujet, pensa Harry en bougonnant tandis que sa vision commençait à tanguer. Il eut à peine le temps de lui lancer un très grossier « Va te faire foutre » silencieux avant que la douleur ne l'emporte, et perdit complètement conscience, rêvant de Poussos et de transformer les cheveux de Ginny Weasley en serpents pour un mois.
Quand il ouvrit les yeux, c'était sous le plafond blanc de l'infirmerie. Il avait noué avec le plafond blanc de l'infirmerie une relation très affectueuse. Harry venait le voir souvent (plus souvent qu'il ne le souhaitait, pour être honnête) et le plafond blanc lui tenait compagnie toutes les fois qu'il était confiné à l'infirmerie, il lui apportait un peu de réconfort parce qu'il ... enfin... bon ok, le plafond blanc ne le réconfortait pas vraiment.
Mais Harry appréciait ses efforts cela dit.
« Monsieur Potter, comme c'est gentil de vous joindre à nous », dit Madame Pomfresh d'un ton amusé en s'approchant de lui avec deux verres et une bouteille remplie d'un liquide suspect.
Harry ouvrit la bouche pour la saluer puis il se rappela, c'est vrai, merde, il ne pouvait pas. Il se mit à regarder la bouteille d'un air suspicieux à la place.
Madame Pomfresh haussa un sourcil. « Ce n'est pas du Poussos. Tu verras que ton coude et ton poignet sont parfaitement alignés avec ton avant-bras. Mais je suggère que tu ne le bouges pas tout de suite » ajouta-t-elle car Harry l'avait levé pour voir et avait maintenant l'air de souffrir profondément.
« Franchement, on pourrait penser qu'avec tous les os que tu t'es cassé, tu te serais habitué depuis le temps » le réprimanda Madame Pomfresh tandis qu'elle versait le contenu de la bouteille en portion égale dans les deux verres. Elle donna l'un à Harry et l'autre à la personne allongée dans le lit d'à côté.
Harry fut étonné, ce ne fut qu'à ce moment qu'il se rendit compte que quelqu'un d'autre était à l'infirmerie, mais sa surprise n'était rien comparée à l'effroi qui le glaça jusqu'à la moelle quand il vit qui au juste était là.
Draco Malfoy.
Celui qui avait provoqué toute cette histoire.
Bon ok, pas vraiment. En réalité c'était seulement la faute de Ginny.
Après tout, ce n'était pas comme si Malfoy avait la moindre idée ...
Draco haussa un sourcil devant la bouche grande ouverte de Harry et se contenta de le saluer d'un hochement de tête silencieux, avant de l'ignorer complètement pour se consacrer à la tâche ardue d'avaler un verre de la potion médicale, qui contenait probablement plusieurs sortes de langues d'animaux.
Pendant un instant, Harry fut pris d'un sentiment de de regret et peut-être même de colère, car l'ancien Draco l'aurait insulté directement, sans hésiter. Il ne savait pas s'il était en colère contre Draco ou contre le monde en général pour l'avoir rendu ainsi. Draco ne serait pas ... simplement resté assis là, en regardant le verre vide d'un air maussade.
« Vos amis ont eu la gentillesse de m'informer de votre situation, M. Potter, » dit Madame Pomfresh, le sortant de sa stupeur. Elle claqua la langue en signe de réprobation. « Le sortilège de Bouchecousue. Qu'est-ce que les jeunes n'inventent pas de nos jours. »
Draco leva la tête avec intérêt mais sinon ne regarda pas Harry, qui rougit beaucoup trop.
« Tu comprends bien que je ne peux pas faire grand chose pour toi, » continua Madame Pomfresh. « Le sortilège de Bouchecousue peut seulement être défait par celui qui l'a jeté, ou si tu fais ce qu'on attend de toi ». À ces mots, les coins de sa bouche se relevèrent légèrement avec amusement.
Harry avait envie de disparaitre sous le sol.
Oh, il savait ce qu'on attendait de lui.
Le sortilège de Bouchecousue était un sort qui rendait la victime muette, jusqu'à ce qu'elle embrasse la personne qu'elle désirait. C'était un jeu habituel dans les soirées, quand quelqu'un cherchait désespérément une session de bécotage ou une claque. C'était devenu récemment très populaire à Poudlard, et ça avait commencé avec les 8ème années. Seamus Finnigan, en particulier. Les professeurs avaient essayé d'arrêter ça en forçant les responsables à annuler les sorts, mais la plupart du temps, les victimes elles-mêmes refusaient de révéler qui le leur avait jeté, par fierté.
La dernière qui avait dénoncé le responsable avait été traitée de chochotte par toute sa maison.
Et par conséquent par tout le reste des élèves.
Une rumeur avait circulé comme quoi celui « que son coeur désirait » était en fait Draco Malfoy, et Harry savait que c'était horrible de sa part de se réjouir que la fille se soit pas allée planter un gros baiser mouillé sur les lèvres de Malfoy.
« Je suppose que tu ne vas pas me dire qui t'a jeté le sort, afin qu'on puisse le punir en conséquence ? » demanda Madame Pomfresh en levant un sourcil.
Harry se contenta de lui sourire d'un aire penaud.
Elle soupira. « Je m'en doutais ».
Puis elle lui indiqua le verre de liquide suspect que Harry avait à la main, et qu'il avait prévu de faire disparaitre d'un coup de baguette dès qu'elle aurait le dos tourné. Malheureusement, on aurait dit qu'elle avait lu dans ses pensées parce qu'elle attendit patiemment qu'il le boive devant elle.
Harry le fit, et se dit que transformer les cheveux de Ginny en serpents pour un mois était trop clément.
Quand Madame Pomfresh se fut assurée qu'il avait bu jusqu'à la dernière goutte du breuvage, elle prit son verre et celui de Malfoy et leur laissa la réjouissante instruction de se reposer !
Dès qu'elle fut partie, Draco s'allongea sur son lit, remonta ses draps jusqu'à ses épaules et se retourna dans son lit, le dos face à Harry.
De ce fait, Harry n'avait aucun scrupule à le fixer ouvertement. Enfin fixer son dos.
Après la guerre, Harry n'avait pas beaucoup entendu parler de Malfoy, à part qu'il était mis à l'épreuve pour trois ans. Harry fut surpris le jour où il arriva dans le château de Poudelard fraîchement refait pour sa huitième année et vit Draco Malfoy dans la grande salle. Ce qui le surprit encore plus était que le Serpentard avait l'air si pâle, si diminué ... si différent de l'attitude majestueuse et fière des Malfoy.
Au fil des semaines, Malfoy était resté seul la plupart du temps. Les seuls autres Serpentards de huitième année étaient Blaise Zabini et Theodore Nott, mais Malfoy les évitait aussi. Pour quelle raison, personne ne le savait.
C'était à la mi-octobre que Harry avait réalisé avec effroi qu'il commençait à être une fois de plus complètement obsédé par Draco Malfoy.
Ça avait été facile à ignorer quand il avait été occupé par la guerre, et encore plus facile pendant l'été qui avait suivi la mort de Voldemort. Loin des yeux, loin du coeur, après tout. Euh, enfin de l'esprit disons. Mais maintenant voir Draco tout les jours le rendait hyper attentif à tous ses faits et gestes. C'était comme recommencer sa sixième année. En fait, c'était comme toutes les autres années à Poudlard sauf que cette fois Harry n'avait aucune excuse pour se cacher.
Les Seigneurs des Ténèbres étaient vaincus, les Mondes des Sorciers étaient sauvés, et lui et Ginny étaient tombés d'accord pour dire qu'ils préféraient être amis.
En parlant de Ginny...
Harry n'était pas le seul à s'être rendu compte de l'apparition de cette obsession qui avait crû rapidement.
D'où le plan que Ginny avait réussi, avec sa mauvaise influence, à faire adopter à toute l'équipe de Quidditch de Gryffondor, pour qu'ils l'aident à jeter le fameux sort à Harry. Les sales traîtres s'en étaient acquittés avec joie, affirmant qu'ils voulaient simplement donner à la vie amoureuse très stagnante, voire quasi inexistante, de leur capitaine bien aimé une fin heureuse (mon ..., oui, ils voulaient juste que Harry se ridiculise).
Comme si Harry comptait aller voir Malfoy pour l'embrasser tout à coup.
Non, ce serait un désastre.
Harry était bien un Gryffondor, mais il se demandait si Ginny se rendait compte qu'il n'était pas suicidaire.
Soupirant, il s'enfouit plus profondément sous ses couvertures et succomba aux effets soporifiques de la potion, rêvant qu'il embrassait Draco Malfoy.
Quand il se réveilla, c'était dans des draps collants et en réalisant que le sourire moqueur de Malfoy lui manquait vraiment. Le lit à côté de lui était vide, de même que le reste de l'infirmerie. Le visage écarlate, il lança un Recurvite sur le lit et son pyjama, et se persuada que Madame Pomfresh n'allait pas envoyer une armée d'Inferi pour lui courir après s'il sortait de l'infirmerie.
Il pouvait déjà bouger le bras sans grimacer, après tout.
En marchant à travers les corridors de Poudlard, il réalisa qu'il faisait déjà nuit. Il lança un rapide Tempus et se dépêcha d'aller dans la Grande Salle quand il découvrit qu'il était l'heure du dîner.
Ça n'aurait vraiment pas dû l'étonner que tout le monde à Poudlard soit désormais au courant que Harry Potter était sous l'emprise du fameux sortilège de Bouchecousue, mais l'explosion de bruit qui l'accueillit le figea quand même sur place. Il y avait beaucoup de sifflets et de cris, et beaucoup de « Harry, Embrasse-moi ! » hurlés par des filles, qui le firent rougir jusqu'aux oreilles.
En arrivant à la table des Gryffondors, il s'empressa d'ignorer les visages souriants de l'équipe de Quidditch, et s'assit à côté d'un Ron compatissant et d'Hermione.
« Désolé, mon vieux, » dit Ron, jetant un regard noir à sa soeur quelques sièges plus loin, qui l'ignora joyeusement. « Je l'ai engueulé, mais tes pouvoirs de grand frère ne marchent pas quand ta soeur s'appelle Ginny » murmura-t-il.
Harry haussa les épaules et lui sourit pour lui dire que ce n'était pas grave, ce qui le réjouit considérablement.
« Bon, maintenant que je me suis excusé et tout, » dit Ron, un grand sourire machiavélique sur les lèvres, « Qui est l'heureuse élue ?»
Hermione lui donna un coup de coude assez violent, qui le fit se plier en deux avec un ouf de douleur. Elle se tourna vers Harry « On est passé te voir à l'infirmerie plus tôt, mais tu dormais encore. Ne t'inquiète pas, je vais parler à Ginny après. » dit-elle fermement, lançant un regard sévère à la dite Gryffondor.
Harry lui toucha le coude pour attirer son attention et secoua la tête.
Hermione le regarda d'une expression froide et dissuasive. « Harry James Potter, si c'est une question de fierté ... »
C'était le cas, alors Harry évita son regard et se mit à écraser sa purée de pommes de terre.
Hermione soupira, exaspérée, mais se contenta de se pencher sur son assiette, l'air énervé. « T'as intérêt à savoir ce que tu fais » marmonna-t-elle.
Harry ne savait pas, franchement. C'était soit embrasser Malfoy, soit attendre que Ginny le prenne en pitié et défasse le sort, et comme il ne se sentait pas particulièrement suicidaire en ce moment, il était fermement décidé à s'en tenir à la deuxième possibilité.
Oh, c'était bien parti.
Le jour suivant, Harry repensait déjà sa décision. S'il croyait qu'être avec ses camarades de huitième année était un enfer, ce n'était rien comparé à ce qu'il devait supporter alors qu'il ne pouvait rien leur dire, sans parler de leur jeter un sort. Harry était bon en magie informulée, mais quand il s'agissait de sorts simples, comme Recurvite ou Accio pour attraper le gâteau dans l'assiette de Dean.
Pas vraiment quand il s'agissait de combattre des Gobelins scandinaves en Défense contre les Forces du Mal.
Harry avait réussi à survivre à ce cours de justesse, et il en était sorti les lunettes cassées et la fierté virile en morceaux.
À chaque fois que McGonagall et lui se croisaient dans les couloirs, il lui souriait d'un air penaud pour la saluer et elle le fixait par-dessus les verres de ses lunettes comme si elle voulait lui dire quelque chose, mais elle ne faisait que secouer la tête à chaque fois, en soupirant, et s'éloignait avec un simple « Bonne journée, Harry. »
Il se disait qu'il pouvait simplement embrasser Malfoy pour s'en débarrasser, et ce n'était pas comme si l'idée lui déplaisait énormément - mais ensuite Malfoy arrivait à l'angle du couloir et ils se croisaient, Draco la tête baissée, comme d'habitude, et Harry la gorge serrée.
Ok, d'accord.
Hors de question d'embrasser Malfoy.
Et de supplier Ginny d'annuler le sort aussi.
Totalement hors de question.
(Comme si Ginny le ferait de toute façon).
Un jour plus tard, Harry eut envie de se mettre à hurler.
Alors il le fit.
Et donna un grand coup de poing dans un arbre quand aucun son ne sortit de sa bouche.
Une demi-heure plus tard, il était assis à l'infirmerie et Madame Pomfresh soignait son poing ensanglanté, couvert d'éclats de bois.
« Tu ne vas toujours pas me dire qui a fait ça ? » demanda-t-elle calmement.
Harry secoua la tête avec obstination.
Ce fut à ce moment-là que Draco Malfoy entra en boitant légèrement et une grimace défigurant ses traits. La façon dont Harry fut soudainement très inquiet aurait vraiment dû être embarrassante.
Madame Pomfresh se leva immédiatement de son tabouret en face de Harry et se dirigea vers Draco, fronçant légèrement les sourcils. « Qu'est-ce que c'est cette fois ? ». Elle n'avait pas un ton accusateur. Elle était plutôt... profondément inquiète.
En quelques secondes, Draco jeta un bref coup d'oeil à Harry derrière Madame Pomfresh avant de recommencer à fixer le sol. Il haussa les épaules, avant de grimacer quand il se rendit compte que ce mouvement n'était peut-être pas très avisé. « Un Maléfice cuisant » marmonna-t-il à voix basse, mais dans l'infirmerie vide, Harry l'entendit tout de même.
Il sentit remonter en lui la même colère que ces derniers jours.
Madame Pomfresh lança une exclamation désapprobatrice. Elle avait l'air vraiment peinée et en colère. « Merlin, les jeunes de nos jours - Je devrais - », elle s'interrompit rapidement, prenant une grande inspiration. « Assied-toi, Draco. Je vais te chercher une potion dans quelques minutes. »
Elle le fit s'assoir sur le lit à côté de celui où Harry était assis, les mettant très commodément face à face. « Harry, reste assis un instant, je vais revenir te voir, mon chéri. »
Harry acquiesça, même si elle avait déjà fait demi-tour et disparu à l'arrière de l'infirmerie où étaient stockées quelques potions, laissant un silence inconfortable planer entre les deux garçons.
En ce qui concernait Harry, il n'avait pas vraiment le choix puisqu'il était actuellement muet.
Draco s'assit sur le bord du lit, le dos droit et raide. De temps en temps, il bougeait, toujours avec une grimace.
Harry ne pouvait pas supporter ça plus longtemps. Il émit une espèce de grognement (oui, c'est un début, Potter, très civilisé) pour attirer son attention et quand Draco leva brusquement la tête pour le regarder, il fit un geste de la main en sa direction.
Draco leva un sourcil.
Pendant un instant, Harry eut peur que Draco ne lui parle pas. Après tout, il lui avait à peine parlé depuis que l'année scolaire avait commencé, à part les « Bonjour, Potter » soufflé à voix basse et visiblement forcés, à chaque fois que c'était inévitable.
« Qu'est-ce que ça te fait ? » fut la réponse de Draco, sèche, presque amère.
Presque par habitude, Harry lui jeta un regard noir, le visage renfrogné. Ça me fait quelque chose, pensa-t-il, mais il ne pouvait pas le dire. Même s'il avait pu, il n'aurait pas su comment le dire, alors il resta juste assis à bouder.
Quand Draco se remit à parler, Harry failli sauter au plafond tant il fut surpris.
« Un Maléfice cuisant » dit Draco lentement, comme s'il choisissait ses mots avec prudence.
« Qui ça ? » fit Harry silencieusement, fronçant les sourcils.
Draco lui lança un regard pénétrant, interrogateur. Quand il se mit à parler, ce fut à voix basse, et Harry vit de la honte passer brièvement sur son visage avant d'être rapidement remplacée par l'habituel calme des Malfoy. « Je ne sais pas », dit-il fermement.
Harry serra les poings, faisant couler encore un peu de sang de ses plaies. « Quels connards » cracha-t-il avec colère ; peu lui importait qu'aucun son ne sorte de sa bouche. Il fixa la porte de l'infirmerie d'un air furieux.
Il ne savait pas si Malfoy avait compris ce qu'il avait dit, alors il fut surpris quand un sourire amusé passa sur les lèvres de l'autre garçon.
« En effet, Potter », dit Draco avec approbation, avant que la gêne n'obscurcisse son expression. « Enfin, je suppose que je le mérite ». murmura-t-il amèrement, son corps se raidissant une fois de plus.
Harry secoua la tête immédiatement, décoiffant ses cheveux déjà peu ordonnés. Personne ne le mérite, pensa-t-il avec conviction, mais il ne savait pas comment le dire. Bon ok, Voldemort le mérite. Une sacrée tonne de Maléfices cuisants. Et ta tante aussi. Mais pas toi. En tout cas je le pense pas.
Il se sentit très triste tout à coup.
La guerre était finie. Pourquoi les gens ne pouvaient pas passer à autre chose ?
Il fit un grognement frustré, et bouda parce qu'il ne pouvait rien dire.
Draco lui lança un léger sourire moqueur. « Ne t'inquiète pas, Potter, je crois que j'ai compris. Pas la peine de trop fatiguer ton petit cerveau », dit-il et juste comme ça, sa tristesse se dissipa.
Draco était en train de l'insulter, là.
C'était un progrès !
Harry leva les yeux au ciel mais lui offrit un grand sourire, même s'il se sentait un peu bête, à rester assis et ne rien dire.
Un air de surprise passa sur le visage de Draco, et il s'empressa de regarder ailleurs, mal à l'aise.
Un autre silence gêné les enveloppa après ça et Harry ne savait pas comment briser la glace cette fois. Parler de la pluie et du beau temps était déjà assez lamentable, alors quand on est devenu muet... Et Draco avait cette disposition qui semblait dire qu'il ne voulait plus parler. Harry frotta ses chaussures contre le sol, très embarrassé, et ils restèrent ainsi jusqu'à ce que Madame Pomfresh revienne, pour dorloter les deux garçons, et presque les forcer à boire d'autres liquides douteux.
« Je pense que tu vois vraiment ça du mauvais côté » fit remarquer Ginny l'autre jour, tandis qu'ils marchaient le long de la berge du lac de Poudlard. Ils marchaient côte à côte, profitant du calme en même temps que du vent légèrement froid qui leur effleurait les joues.
Harry la fusilla du regard. Il leva trois doigts. Trois jours que je n'ai pas prononcé un mot, pensa-t-il avec reproche. C'est encore un miracle que les professeurs ne me jettent pas dehors !
« Oh ne pense pas comme ça, Harry, », dit Ginny avec nonchalance, dissipant d'un petit rire les pensées que Harry devait sans doute remuer. « J'essaie juste d'aider, là ».
Harry avança brusquement ses trois doigts plus près de son visage.
« C'est pas le problème » dit Ginny. Elle s'arrêta soudain de marcher et se tourna vers lui, les mains sur les hanches et un sourcil levé. « Alors ? des progrès ? »
Harry la regarda, levant à son tour un sourcil.
Ginny soupira avec exaspération. Elle semblait découragée. « Aucun ? »
Je sais pas pourquoi tu es si déçue. Ça devrait être moi qui fait la gueule vu que c'est moi qui n'ai pas dit un seul mot DEPUIS TROIS JOURS, pensa Harry, fulminant intérieurement.
Ginny ignora son regard noir, et soupira à nouveau. « Je vois pas pourquoi tu peux pas simplement aller le voir et l'embrasser d'un coup, Harry. Ça devrait être vraiment facile. »
Harry la fixa, incrédule. Peut-être parce qu'il est, oh je sais pas moi, Draco Malfoy ? Et peut-être parce qu'il me déteste ? La journée d'hier lui revint à l'esprit d'un seul coup et il se tourna vers cette pensée. Bon ok, peut-être qu'il ne me déteste plus, mais je ne crois pas qu'il soit déjà prêt pour que son ex-rival vienne tout à coup l'embrasser fougueusement.
Ginny continua d'un air nonchalant. « Attrape-le et pousse-le dans la salle de Potions ».
Harry pris un air horrifié. Le fantôme de Rogue me hanterait jusqu'à la fin de mes jours !
« Je parie que Slughorn ne sourcillerait même pas.»
Je m'en fiche de Slughorn, Ginny. Rogue ! Rogue !
« Tout ce que je veux dire, Harry, c'est que tu mérites d'être heureux » fit Ginny en reniflant.
L'expression de Harry se radoucit et il soupira, levant les yeux au ciel tandis qu'il s'approchait pour lui faire un câlin. Je sais.
Quand ils se séparèrent, les yeux de Ginny étaient brillants.
« Donc tu vas le faire, alors ? Bientôt ? »
Le regard froid de Harry lui fit baisser les épaules. Tu oublies ses sentiments là, Ginny.
« Oh arrête, Harry » dit Ginny, d'un ton presque pleurnichard. « Tu te figes presque à l'instant où il rentre dans la pièce où tu es ! »
Harry était bouche bée. N'importe quoi !
« Si, c'est vrai. Je te regardais tout le temps, tu te rappelles ? Quand j'avais cet énorme béguin, gros comme un hippogriffe. Je le sais. » Le regard de Ginny était triomphant.
Harry rougit. Comme je l'ai dit, tu oublies un peu ses sentiments. Comment tu te sentirais si ton ex-rival venait tout à coup t'embrasser ? Il penserait probablement que c'était une mauvaise blague. Et me donnerait sûrement un coup de poing aussi. Ou me rendrait impuissant.
« De toute façon, je ne défais toujours pas le sort. »
Harry lui lança un regard noir.
Le jour suivant, Hermione le prit à part juste après avoir fini leur petit-déjeuner et quitté la grande Salle, les mains sur les hanches et le regard sévère.
Harry se tortilla, nerveux. Derrière sa petite amie, Ron lui lança un regard compatissant.
« Tu n'as toujours pas changé d'avis, hein Harry ? » fit Hermione avec reproche, plissant les yeux.
Harry baissa la tête d'un air coupable.
« Non mais franchement, tes notes s'en ressentent. Tu ne peux même pas jeter des sorts ! » dit Hermione, soupirant d'un air dramatique. « Tu pourrais aussi bien être un cracmol ! »
Harry lui jeta un regard acerbe, presque blessé. Hé, je peux toujours jeter des sorts. Simplement... pas des Patronus ou quoi.
Hermione leva les yeux au ciel. « Tu sais très bien ce que je veux dire, Harry ! »
Harry haussa les épaules. Il vit l'expression inquiète d'Hermione et se radoucit un peu. S'approchant, il lui prit l'épaule et la tapota pour la rassurer. « Ça ira » fit-il silencieusement. Pour être convaincant, il fouilla dans son sac afin d'attraper son devoir de Métamorphose, terminé et complet, qu'il avait fini hier après sa « discussion » avec Ginny, dans un effort pour chasser Draco Malfoy de ses pensées.
Hermione était apaisée pour le moment.
Cela faisait quatre jours qu'il était sous l'effet du sortilège. Harry pensait que les gens s'en seraient lassés depuis le temps, mais beaucoup de filles continuaient à l'appeler à chaque fois qu'il passait et le piégeaient à chaque fois qu'elles le trouvaient seul. Il y avait eu quelques garçons qui avaient essayé de lui planter un gros baiser mouillé sur les lèvres, mais à chaque fois Harry leur envoyait d'un coup de baguette le premier objet qu'il trouvait pour les frapper (bon ok, il se sentait un peu mal pour celui qui avait été assez stupide pour le piéger dans la serre, vu tous les autres endroits qu'il aurait pu choisir. Harry se doutait que se faire frapper par un pot n'était pas très agréable).
Et franchement, quand est-ce que c'était devenu le concours de celui/celle qui arriverait à embrasser le Golden boy ?
Le cinquième jour, on aurait dit que tout le monde commençait à vouloir désespérément libérer Harry du sortilège. Les gens se mettaient dans tous leurs états, murmurant à propos de l'élu(e) de Harry Potter. On débattait aussi de l'identité de la personne qui avait jeté le sort, mais ce n'était rien à côté de la liste de candidats possibles au titre d'élu(e) que Lavande Brown était en train de compiler avec les cinquièmes années de Poufsouffle.
Parler lui manquait. Vraiment. Il y avait des fois où Harry se sentait encore extrêmement frustré, mais le souvenir des éclats de bois qui s'étaient implantés dans sa peau l'arrêtait à chaque fois qu'il se sentait l'envie de frapper quelque chose.
Il avait aussi pensé à embrasser Draco Malfoy juste pour s'en débarrasser.
Mais ensuite, aussi rapidement que l'idée lui était venue, il pensait non, c'est trop risqué.
Draco ne le lui pardonnerait probablement jamais.
« Mais embrasse-la enfin ! » soupira Ron, exaspéré, alors qu'ils étaient tous assis dans la salle commune des Gryffondors, leurs livres ouverts et leur plume prête à écrire. « J'arrive pas à comprendre pourquoi tu es tellement obstiné ! »
« Eh bien peut-être qu'il ne veut pas blesser la fille, Ron » dit Hermione, quoique distraitement, pendant qu'elle écrivait frénétiquement sur son parchemin. Soudain, elle s'arrêta et plissa les yeux en direction de Harry. « Ce que je me demande c'est pourquoi tu n'as pas encore parlé à Ginny » dit elle, reniflant avec hauteur.
La remarque sarcastique que Harry était sur le point de trouver en réponse ne fut jamais partagée, car Ron répondit pour lui, perplexe. « Hum. Harry ne peut pas parler, tu te souviens ? »
C'était au tour d'Hermione de soupirer avec exaspération. « Tu vois ce que je veux dire ! » Elle posa sa plume.
Harry et Ron échangèrent des regards passablement alarmés. Hermione qui pose sa plume, ça n'annonce rien de bon.
« Honnêtement, Harry, ça me manque d'avoir une vraie discussion avec toi » dit-elle doucement.
Après une courte pause, Harry hocha lentement la tête. Attrapant un petit bout de parchemin de brouillon, il prit sa plume et écrivit.
'Ok, je vais parler à Ginny'
Hermione lui répondit d'un sourire radieux.
Hermione veut que je te parle écrivit Harry sur le parchemin magique qui s'effaçait tout seul, que Fred et George lui avaient acheté en cinquième année.
Ginny haussa un sourcil. « Tu sais bien que ma réponse va toujours être non. »
Harry haussa les épaules. Je me suis dit que je devais quand même essayer, pour Hermione.
« Tu es vraiment admirable, Harry » dit Ginny avec un sourire. « Mais si tu usais de ce charme en compagnie de certains sorciers blonds... »
Harry s'empressa de s'éloigner.
Cette nuit, Harry et Ron restèrent tard à parler. Ou dans le cas de Harry, à écrire.
Cinq jours, Ron, lui rappela Harry de son écriture désordonnée, négligée. CINQ JOURS.
« Je peux toujours aller parler à Ginny, mec. » dit Ron pendant qu'il démembrait sa grenouille en chocolat. « Pas que ça t'aiderait beaucoup, mais ça pourrait peut-être lui redonner un peu de bon sens. »
Harry cligna des yeux. J'ai encore assez de fierté pour ne pas demander à mon meilleur ami d'engueuler sa petite soeur parce qu'elle me persécute.
Ron fit un grand sourire. « Je me demandais juste si tu étais déjà désespéré à ce point. »
Tu penses qu'elle va l'enlever bientôt ?
« Non. » fut la réponse sans appel de Ron. Il jeta un coup d'oeil nerveux à Harry. « Tu n'es pas fâché contre Ginny ou quoi, hein ? »
Harry lui jeta un regard froid. Bien sûr que si. CINQ JOURS.
« Mais pas fâché fâché, non ? »
Son regard resta froid.
Ron sourit « C'est ce que je me disais, mec. Tu lui as pas lancé de sort pour lui faire une blague une seule fois. »
Harry leva un sourcil. C'est une fille.
« Finement observé, Harry. Tu sais, je crois que je préfère quand vous êtes amis. Pas que ça m'embête que tu sois son copain - » le sourcil de Harry s'éleva un peu plus. « Bon, ok ça m'embêtait. C'étais juste... bizarre. »
Harry ricana.
Ron fourra le reste de sa grenouille dans sa bouche. « Bon alors, qui c'est ? »
Harry cligna des yeux.
Ron leva les yeux au ciel. « Je veux dire, qui est l'heureuse élue ? »
Comme Harry se contenta de plisser les lèvres, Ron eut l'air blessé. « Tu sais, la seule raison pour laquelle je t'ai pas encore demandé, c'est parce que je m'imaginais que tu allais me le dire de toute façon. »
Harry avait honte. Il se tourna vers son meilleur ami et eut un mouvement de recul, à la fois à cause de l'expression de Ron, et de ce qu'il était sur le point de dire. Ou plutôt écrire. Il gémit. Merlin, il avait eu l'intention de le dire à Ron, pas de le lui... écrire.
C'est pas ça, Ron, écrivit-il. Ron haussa un sourcil, avant de regarder à nouveau le parchemin, attendant qu'il se remette à écrire. Harry ferma les yeux et compta jusqu'à cinq. Tu ne vas pas aimer ma réponse.
Ron, surpris, fit un bruit étranglé. « Je ne vais pas aimer ta réponse ?» dit-il, regardant Harry d'un drôle d'air. Il leva les yeux au ciel. « Non mais Harry, tu penses vraiment ça de moi ? Je crois que je suis parfaitement capable d'accepter la personne que mon meilleur ami aime. » Puis, une pensée hilarante lui vint à l'esprit, et il gloussa de joie. « À moins que tu te branles en pensant à Malfoy ».
Harry manqua de s'étouffer avec sa propre salive.
Ron ricana. « Je sais, ouais. Donc, c'est qui en vrai ? »
Le visage écarlate, Harry détourna très ostensiblement son regard.
Bientôt, lentement mais sûrement, Ron écarquilla les yeux et Harry aurait trouvé la décoloration progressive de son visage drôle à un autre moment, mais là il était trop occupé à se vautrer dans l'embarras le plus complet.
« Oh mon Dieu », fit Ron, comme s'il allait être malade. « Je crois que la grenouille est encore en train de remuer dans mon ventre. »
LAISSE TOMBER RON, écrivit Harry sur le parchemin magique le lendemain matin, tandis qu'ils marchaient vers la Grande Salle. Hermione était partie sans eux puisqu'ils s'étaient réveillés en retard après être restés debout jusqu'à deux heures du matin.
« Mais Harry », dit Ron en gémissant pitoyablement. « Pourquoi lui ? Je veux dire, je m'en fiche si tu aimes les mecs - nan mais vraiment, je m'en doutais déjà quand tu as largué Gin - » Il ignora le regard noir de Harry. « Mais franchement. LUI ? »
Harry haussa un sourcil. Je pensais que tu serais fou de rage.
Ron le regarda, incrédule. « Non, TU es fou ! Et - et - » Il s'arrêta de parler, et Harry vit précisément ses émotions se transformer, passant du doute à l'admission réticente puis à la défaite complète. « Et je sais ce que ça fait. C'est pas comme si tu pouvais t'empêcher de re - » Ron plissa le nez en signe de dégoût. Il reprit. « De ressentir ça ».
Harry lui lança un grand sourire.
« En tout cas, ça explique certainement tes tendances de stalker en sixième année », marmonna Ron.
« Il ne parle même plus ! » éclata Ron au milieu du petit-déjeuner, faisant s'éparpiller des miettes de pain sur toute la table. Ses yeux étaient fermement fixés sur la silhouette de Malfoy, assis à la table des Serpentards, auprès de Nott et de Zabini, mais aucun d'entre eux ne parlait. En fait, Malfoy était juste en train de regarder son plat, remuant distraitement ses pancakes. « Et il a beaucoup maigri », marmonna-t-il.
Harry fronça les sourcils, jetant à son tour un regard à Draco malgré ses efforts pour être discret (parce qu'il fallait bien que quelqu'un le soit, et Ron était pratiquement en train d'annoncer à la terre entière qu'il en était incapable). Draco était vraiment devenu très maigre depuis le début de l'année. Enfin, il était déjà mince pour commencer, et Harry ne pouvait pas vraiment s'attendre à autre chose, avec la guerre et l'envoi de Lucius à Azkaban à perpétuité tandis que Narcissa et Draco étaient mis à l'épreuve.
Mais ça ne voulait pas dire qu'il n'était pas inquiet.
« Oh, mon Dieu, Harry, ne ... prends pas cet air » gémit Ron sur un ton pitoyable. « Deux minutes de plus et tu le prends dans tes bras pour lui donner la becquée au lit ».
Harry rougit et, bien que l'idée soit attirante, lui lança un regard furieux. Puis il prit le parchemin magique et écrivit frénétiquement.
FERME-LA RON, OU JE DIS À HERMIONE QUE C'EST TOI QUI AS FAIT SAUTER LE CHAUDRON DE SLUGHORN POUR QU'IL NOUS LAISSE SORTIR PLUS TÔT.
Harry avait mal aux doigts tant il avait écrit vite mais Ron la ferma et Harry finit son petit-déjeuner en paix, avec seulement quelques murmures de Ron à propos Malfoy de temps à autre.
En fait, Harry ne finit pas son petit-déjeuner en paix.
Un bon nombre de Gryffondors et même quelques Poufsouffles vinrent le voir à intervalles réguliers pour exiger de savoir - enfin, demander qui était l'heureuse élue. Les soeurs Patil étaient très têtues. Justin Finch-Fletchley lui demanda si c'était un garçon. Romilda Vane se jeta sur ses genoux pour essayer de l'embrasser, mais ne parvint qu'à renverser son jus de citrouille sur sa robe.
Harry était plus que prêt à s'échapper de la Grande Salle en courant quand Seamus essaya de l'embrasser.
Bon, au moins Ron s'était amusé.
C'est un Mangemort, écrivit Ron sur le parchemin magique tandis que Professeur Binns parlait de la Troisième Guerre des Trolls, et que personne n'écoutait.
Harry fronça les sourcils en lisant le parchemin, puis fronça les sourcils en direction de Ron.
Ron haussa les épaules, reprenant le parchemin. Sa déclaration précédente avait déjà disparu, il n'eut donc aucun problème à griffonner rapidement par-dessus. Je devais le dire.
Harry leva les yeux au ciel et lui prit le parchemin. C'était un Mangemort. Et pas par choix.
D'accord, c'est vrai. C'est un connard.
Ça fait partie de son charme.
Ron le regarda, incrédule.
C'était au tour de Harry de hausser les épaules.
Ron continua de le fixer.
Levant les yeux au ciel, Harry reprit le parchemin. C'est comme ça, ok ? Et en plus, il s'est un peu radouci maintenant.
Ron eut un petit rire sarcastique. Radouci ? Il ne parle même plus, écrivit-il, répétant ce qu'il avait dit ce matin.
Harry fronça à nouveau les sourcils, baissant les épaules. Je sais. Je déteste ça.
Ron fronça aussi les sourcils, mais seulement à cause de la soudaine baisse de moral de son ami. Il attrapa le parchemin devant lui et réessaya.
Il te pourrissait la vie.
Harry n'écrivit pas tout de suite. Pas vraiment. En quelque sorte. Il s'arrêta à nouveau, toujours en train de réfléchir quand les mots eurent disparu du parchemin. En tout cas, je le lui rendais bien.
C'était toujours lui qui commençait, écrivit Ron.
Peut-être qu'il voulait juste que je le remarque ? demanda Harry, un sourire narquois sur les lèvres, même si l'idée lui semblait complètement tirée par les cheveux.
Le bruit que fit la tête de Ron en tombant sur la table fut ignoré par Binns et le reste de la classe, qui était déjà profondément endormi.
C'était le septième jour, une semaine après que le sort l'eut touché, que Lavande Brown décida qu'elle ne pouvait plus supporter la situation.
Où en étaient tous les ragots ? Il n'y avait que des rumeurs, et ce n'était plus drôle de les répandre. Harry Potter était muet comme une tombe (sans mauvais jeu de mots) ! Après une rapide séance de complotage dans les toilettes des filles, elle prit la tête de la moitié de la population féminine de Poudlard, École de Sorcellerie, pour aller mettre les choses au clair.
Et c'est ainsi que le septième jour, une horde de filles déterminées se dirigea vers la table des Gryffondors lors du petit-déjeuner et se mit à fixer Harry Potter avec insistance, alors qu'il était sur le point de mordre dans sa tartine.
Comme on pouvait s'y attendre, tous les regards se tournèrent vers eux. Après tout, l'école entière était tout aussi curieuse de savoir qui était maître du coeur de Harry Potter. Et, euh, de sa capacité d'élocution.
Ron, de cette habitude qu'il avait prise ces derniers jours, chercha Malfoy du regard mais s'étonna de ne pas le voir.
Harry rougit de l'attention qu'on lui portait, posa sa tartine et se mit à remuer sur son siège.
« Harry James Potter » commença Lavande Brown. « Ça fait une semaine. SEPT JOURS ».
Un murmure d'approbation se fit entendre dans la Grande Salle, pourtant Harry ne savait pas vraiment ce qu'il y avait à approuver.
« C'est probablement le plus longtemps que quelqu'un à Poudlard est resté sous l'emprise du sortilège de Bouchecousue » fit remarquer Parvati.
Il y eut un autre murmure d'approbation, quoique plus fort cette fois.
« Tu n'as pas le moindre plan pour briser le sortilège ? » demanda Lavande d'un ton exaspéré.
« Oh, sérieusement, Lavande ! » fit Hermione, furieuse.
Lavande l'ignora.
« Nous exigeons que tu embrasses la personne que ton coeur désire IMMÉDIATEMENT ! »
Ensuite, ce fut la folie générale. Avec le recul, Harry aurait probablement dû s'enfuir de la Grande Salle à ce moment-là et peut-être même partir se cacher dans la Cabane Hurlante. Les filles avaient désormais abandonné toute civilité et commençaient à se pousser et à crier et à siffler et à hurler des mots doux.
« On ne peut plus supporter ça ! »
« Le suspens est insoutenable ! »
« Embrasse l'une d'entre nous Harry ! »
« Embrasse-moi, Harry ! »
« Non, moi ! »
« Non, MOI ! »
« HARRY, JE T'AIME ! »
Harry ne réussit à échapper à ce chaos et à toutes les mains voraces qui attrapaient ses vêtements que grâce à l'aide de Madame Bibine, qui était venu lui sauver la mise avec un balai.
Pendant que Harry, tremblant et désorienté, s'envolait loin de la Grande Salle, Ginny était toujours en train de manger tranquillement à la table des Gryffondors, ricanant toute seule en silence, parce que si seulement ces filles savaient qu'elles n'avaient pas le bon équipement.
Malheureusement pour Harry, il s'était enfui par les portes de la Grande Salle, et pas les hautes fenêtres par lesquelles passaient les chouettes chaque matin pour déposer le courrier, donc l'attroupement n'eut absolument aucun mal à le suivre.
Pire, son balai n'était qu'un Brossedur.
« Quel balai de merde ! » pensa Harry lorsqu'il fit une brusque embardée à gauche, manquant de heurter le mur puisque le balai répondait à ses mouvements avec retard. Madame Bibine volait à côté de lui, marmonnant dans sa barbe. Puis tout à coup elle s'avança très près de lui, presque dangereusement, et lui donna un coup de baguette sur la tête. Ça faisait mal, vraiment, parce qu'elle avait sans le vouloir donné plus de force qu'il n'en fallait à son geste, à cause de leur vol instable, mais Harry pouvait lui pardonner puisqu'elle venait de lui jeter un sort de Désillusion.
Ils traversaient le pont de pierre à présent, et se dirigeaient vers la cour de Métamorphose.
« Je vais les arrêter. Vas-y et débarrasse-toi de ce fichu sort, Harry ! » cria-elle par-dessus le vent, et l'instant d'après elle était partie. Harry fila pour sauver sa peau.
Le truc c'était que : comment était-il censé briser ce fichu sort ? Ginny était toujours dans la Grande Salle, et Harry ne voulait même pas songer à la supplier. Embrasser Malfoy n'était, bien sûr, pas une option. Il devait y avoir une autre manière de défaire le sortilège !
J'aurais dû demander à Hermione, pensa-t-il, de mauvaise humeur, puis il fit une autre brusque embardée.
Quand on a un doute, il faut aller voir Hermione.
Si Hermione n'est pas disponible - ou, euh, encore dans la Grande Salle avec une horde d'élèves déchaînées, alors la seule chose qui reste à faire c'est d'aller à la bibliothèque.
La bibliothèque était vide, merci Merlin. Même Madame Pince n'était pas là, puisqu'elle finissait son petit-déjeuner dans la Grande Salle. Harry descendit rapidement de son balai, le mit dans un coin et se dirigea directement vers la rangée des « S ».
Il n'avait vraiment aucun espoir de trouver quelque chose pour défaire le sortilège. Si personne n'avait été capable de trouver ou de fabriquer un contre-sort, alors quelles étaient ses chance ? Mais bon, il n'avait rien de mieux à faire de toute façon. C'était soit ça, soit laisser la troupe de filles le poursuivre dans tout le château.
Harry se dépêcha de prendre les cinq premiers livres sur les mauvais sorts qu'il trouva, juste au cas où les filles (et les quelques garçons) arriveraient à la bibliothèque, et les transporta jusqu'à la table la plus proche qui - ohMerlinputindesamaman.
Enfin, merde quoi.
Draco Malfoy s'y trouvait, assis près de la fenêtre, lisant un livre d'un air détendu, et le soleil se réfléchissait sur sa peau blanche et ses cheveux blonds. C'était presque injuste, cette manière qu'il avait d'être aussi beau sans le vouloir. Il n'essayait même pas !
Harry s'était figé sur place, cinq livres reposant lourdement dans ses bras tandis qu'il l'observait et pensait assez pitoyablement :
Tout ça c'est la faute de Ginny.
Réalisant qu'il n'était plus seul, Draco leva la tête et cligna des yeux à la vue d'une pile de livre flottant dans les airs. Harry posa rapidement les livres sur la surface la plus proche et sortit sa baguette de sa poche pour défaire le sort de Désillusion. Il reprit les livres.
Un air de surprise passa sur le visage de Draco quand il vit Harry debout à quelques pas de lui, l'air nerveux et ébouriffé et le teint rosi par le vent. Il regarda les livres dans les mains de Harry en clignant des yeux. « Potter » le salua-t-il, lentement, presque prudemment.
À ces mots, Harry rougit et hocha la tête pour le saluer, parvenant à lui offrir un faible sourire. Draco hocha la tête en retour puis reprit simplement sa lecture.
Déglutissant, Harry ordonna à ses pieds de bouger. Il posa maladroitement les livres sur la table près de celle de Malfoy et commença à en feuilleter les pages, très mal à l'aise.
Oh, si Draco savait qu'il était la raison pour laquelle Harry souffrait atrocement en ce moment même.
En fait, non, c'était la faute de Ginny, mais bon...
Le silence les enveloppa et les seuls sons qu'on pouvait entendre étaient le bruissement des pages qu'ils tournaient, la respiration irrégulière de Harry qui venait de voler et celle de Draco, tranquille. Harry pouvait palper l'épaisseur du silence, et se demanda s'il était le seul à se sentir mal à l'aise. Draco avait la même apparence que d'habitude, impassible et nonchalante.
Puis, une voix aiguë se fit entendre du dehors et le fit bondir de surprise.
« HARRY J'ASTIQUE MON BALAI EN PENSANT À TOI ! »
Le visage de Harry prit une teinte flamboyante et il gémit. Il ne voulait pas regarder derrière lui pour voir l'expression de Malfoy. Il regarda par la fenêtre et sa bouche s'ouvrit en grand quand il vit que le groupe se répandait dans toute la cour, criant son nom et tout une collection d'obscénités bien choisies.
« Eh bien » fit la voix trainante de Malfoy. « On dirait que toute le monde court après notre Sauveur. » dit-il à voix basse, mais les coins de ses lèvres se levaient légèrement en signe d'amusement.
Harry ne savait pas s'il devait être embarrassé ou content que Draco lui parle vraiment. À lui. Sans qu'il lui ait d'abord adressé la parole ! Et il redevenait lui-même, à l'insulter et tout ! Enfin, il parlait toujours plus bas que son volume habituel, mais c'était déjà un progrès.
Ne voulant pas laisser l'occasion filer, Harry s'empressa de sortir le parchemin magique de sa poche et se retourna sur sa chaise, le posant sur la table de Malfoy pour écrire.
J'ai peur des filles maintenant.
Il espérait que Draco ne trouverait pas ça trop bizarre, que Harry essaye d'entamer une conversation qui n'était pas nécessaire ou due à un travail scolaire.
Probablement oui, à en juger par son air perplexe.
« Dur », répondit simplement Draco, haussant les épaules. Il se tut, comme s'il voulait ajouter quelque chose. Il jeta un coup d'oeil rapide à son livre, hésitant à arrêter la conversation là. De toute façon, Harry l'aurait prolongée, mais il sourit quand Draco releva la tête vers lui, essayant de cacher sa curiosité.
« Alors ? Pourquoi cette foule en délire ? » dit-il, en désignant la fenêtre de sa tête.
Harry haussa les épaules. Sortilège de Bouchecousue.
« Ah, » dit Draco, comprenant en jetant un coup d'oeil aux livres de sortilèges derrière Harry. Il fit une nouvelle pause hésitante, puis se ravisa et retourna à son livre, se forçant à lire.
Harry ne se laissait pas démonter aussi facilement. Qu'est-ce qu'il y a ? écrivit-il, puis il donna un coup de pied à Draco sous la table.
« Aïe ! » s'exclama Draco, lançant un regard furieux à Harry.
Bon, c'était mieux comme ça. Harry lui montra le parchemin rapidement, avant que la phrase ne s'efface.
Draco avait l'air mal à l'aise. Il fronça les sourcils, les yeux fixés sur le parchemin, même alors que les mots disparaissaient. Finalement, après un bref moment de silence, il haussa les épaules, son expression nonchalante. « Tu ne l'as pas encore embrassée ? ».
De toutes les questions que Malfoy aurait pu poser, ce n'était pas celle à laquelle Harry s'était attendu. Il rougit, la teinte cramoisie de ses joues se répandant sur son cou tandis qu'il essayait visiblement de ne pas regarder les lèvres de Malfoy.
Non, écrivit-il.
Draco fit la moue. « Comme c'est galant » dit-il, puis reprit sa lecture, montrant clairement qu'il ne voulait plus parler.
Cela eut le don d'énerver Harry, mais il se dit qu'il était déjà chanceux d'en avoir eu autant. Se sentant tout de même plutôt fier de lui, il retourna à ses livres et recommença à les feuilleter, sans vraiment les lire.
Cependant, il en vint à se détendre sur sa chaise, le silence de la bibliothèque et la respiration de Malfoy l'apaisaient. Il sursautait à chaque fois qu'il entendait crier son nom au loin, mais sinon il restait les yeux fixés sur le texte.
Il aurait bien aimé ne pas tourner le dos à Draco, cela dit. L'image de Draco assis sous la fenêtre et le soleil, l'air détendu pour la première fois depuis des semaines, lui brûlait encore la rétine.
« Potter. »
La voix basse de Draco fit bondir Harry, à la fois de surprise et d'anticipation, et il se tourna sur sa chaise pour regarder derrière lui.
On aurait dit que Draco luttait pour ne pas avoir l'air mal à l'aise. Ses joues étaient teintées de rose, et il bougeait sur son siège, ses doigts jouant nerveusement avec les pages. Harry cligna des yeux, perplexe.
« Ma baguette » dit Draco lentement, avec hésitation. Il se résolut à croiser le regard de Harry. « Tu l'as toujours ? »
Oh, pensa Harry. Il cligna des yeux de plus belle ; il ne s'était pas attendu à ça mais il aurait probablement dû. Il avait effectivement la baguette de Malfoy, dans sa valise dans la Tour de Gryffondor. Il avait pensé à la lui rendre mais soit il oubliait, soit il perdait son sang-froid à chaque fois qu'il essayait de se convaincre de le faire. En plus, Draco avait déjà une nouvelle baguette, mais Harry supposait qu'elle ne marchait pas aussi bien que l'ancienne.
Visiblement, son silence déstabilisa Draco, qui très vite détourna son regard et prit à nouveau son masque distant. « Tu n'es pas obligé de me la rendre. J'ai une nouvelle baguette de toute façon, et c'est pas comme si j'étais autorisé à faire de la magie en dehors de Poudlard. J'avais juste pensé que - peut-être - »
Harry le coupa en lui glissant le parchemin magique.
Dessus, il avait écrit :
Je te la passerai.
Draco fixa le parchemin, puis c'était comme si tous ses soucis avaient disparu de son visage, et il laissa échapper un soupir de soulagement. Il regarda Harry. « Merci » murmura-t-il.
Harry eut l'impression que son visage allait se couper en deux tant son sourire fut grand.
Au déjeuner ? Même endroit ?
Il faillit rire, parce que c'était comme planifier un rendez-vous amoureux. Il espérait que Malfoy ne trouvait pas ça bizarre, mais si c'était le cas il ne le montra pas. Draco hocha simplement la tête, avant de se lever.
« C'est l'heure d'aller en cours, » marmonna-t-il, en regardant ostensiblement la table de Harry couverte de livres ouverts.
Harry s'attela rapidement à la tâche de tous les rassembler.
La curiosité de Draco eut raison de lui. « Tu as trouvé quelque chose ? » demanda-t-il.
Harry lui sourit d'un air penaud. Absolument rien, écrivit-il sur le parchemin.
Draco haussa un sourcil. « Tu sais qui t'a jeté le sort, non ? »
Harry hésita, avant de hocher la tête. Pas question de supplier. Ma dignité a suffisamment souffert.
Les lèvres de Draco se relevèrent légèrement. « Et tu ne l'as pas encore embrassée parce que ? »
Oh, c'était embarrassant. Ils étaient bien en train de parler d'embrasser quelqu'un. Harry sentit son visage rougir, parce que oh, si seulement Draco savait...
La personne me détesterait pour de bon, écrivit-il puis il prit rapidement ses livres avant de se précipiter vers les étagères, laissant Draco fixer le parchemin, déconcerté.
Draco haussa un sourcil, à la fois à cause de l'exagération et de l'emploi prudent de « la personne ».
Quand Harry revint, Draco était déjà parti mais le parchemin était encore sur la table, portant des mots que Harry ne se rappelait pas avoir écrits.
Il parvint à peine à les lire avant qu'ils ne disparaissent.
Personne ne pourrait te détester.
Harry supposait que McGonagall avait fait un bon sermon à tous les élèves, à en juger par leur comportement correct quand Harry arriva au premier cours du matin. Lavande avait encore une attitude assez louche cela dit, elle n'arrêtait pas de lui lancer des regards suspicieux. Ron ricanait et Hermione était étrangement silencieuse. Ce n'était pas si étrange parce qu'ils étaient effectivement dans une salle de classe et que d'habitude elle les ignorait pour pouvoir suivre le cours, mais ça l'était parce qu'elle n'avait pas levé la main une seule fois, ni même fait un commentaire à propos de ce qui s'était passé ce matin pendant le petit-déjeuner.
Mais bon, Harry n'était pas du genre à prendre les grâces du destin à la légère, donc il s'assit et essaya de faire comme si tout était encore normal.
Il essaya aussi d'écouter le cours, mais ses pensées étaient très loin, remplies de Draco Malfoy et de parchemins magiques.
Pendant qu'ils se rendaient au cours suivant, Harry fit s'arrêter ses amis. Il posa le parchemin contre le mur, et écrivit dessus avant de le présenter à Hermione.
Tu sais s'il y a un contre-sort pour le sortilège de Bouchecousue ? Il essaya d'avoir l'air pitoyable et désespéré. Supplier Ginny était hors de question, mais supplier Hermione, c'était autre chose. Après tout, ce n'était pas comme si lui et Ron ne s'étaient pas déjà mis à genoux pour obtenir quelque chose de sa part (cela arrivait plus souvent qu'ils ne voulaient l'admettre).
Contre toute attente, Hermione eut l'air confuse. « Je suis désolée Harry. J'ai essayé. Mais évidemment, si un contre-sort existait, quelqu'un l'aurait déjà trouvé. Si personne ne l'a encore fait, je vois pas comment moi je pourrais. »
Et elle était partie, descendant joyeusement le hall jusqu'à leur salle de Sortilèges, laissant Harry et Ron la regarder s'éloigner, la bouche grande ouverte et l'air éberlué.
« T'as entendu ça, Harry ? » dit Ron, incrédule. « C'est la première fois que je l'entends dire qu'elle ne peut rien faire. Et on parle de Hermione !
Mais on parle de Hermione, pensa Harry humblement tandis qu'elle disparaissait dans la salle de classe. Ses épaules s'affaissèrent.
Si Hermione ne pouvait rien trouver, alors tout espoir était perdu.
Il était condamné.
Le déjeuner arriva très lentement pour Harry. Quand ce fut l'heure, il se mit pratiquement à courir jusqu'à la tour de Gryffondor pour aller chercher la baguette de Draco. Ron et Hermione le laissèrent partir facilement, jugeant compréhensible que Harry ne veuille pas se rendre dans la Grande Salle dès maintenant et promirent de lui apporter à manger plus tard.
Quand il arriva à la bibliothèque, elle était de nouveau vide, il n'y avait qu'un ou deux Serdaigles de deuxième année. Mais ils ne l'embêtèrent pas, et s'écartèrent même à son approche. Il se dépêcha d'aller dans la rangée des « S », se rappelant fermement qu'il ne devait pas être aussi excité.
Tu te comportes comme un première année, Harry, se réprimanda-t-il.
Mais bon, quand il vit Draco assis au même endroit que ce matin, il ne put pas s'empêcher de se sentir plus léger.
Draco avait l'air nerveux. Ses yeux étaient fixés sur son livre mais on voyait qu'il ne lisait pas vraiment, il était plutôt en train de tourner et retourner les pages avec négligence.
Rassemblant tout son courage, Harry s'avança et posa la baguette sur la table.
Draco sursauta, son regard se dirigeant brusquement vers le visage de Harry.
Celui-ci fit un geste en direction de la baguette et essaya de sourire, pour montrer qu'il la rendait sans rancoeur et sans aucune condition.
Le visage de Draco était absolument rayonnant. Il eut l'air tellement soulagé quand il toucha sa première baguette pour la première fois depuis très longtemps qu'il ressemblait presque à un enfant pendant Noël, voyant la première neige de l'hiver et les guirlandes lumineuses.
« Merci » dit-il dans un murmure, l'air mal à l'aise ce faisant mais tout de même déterminé.
Harry hocha la tête, souriant.
« Tu ... » commença Draco, déglutissant nerveusement tandis que Harry s'asseyait sur le siège en face de lui. « Tu me la donnes vraiment ? » dit-il, encore avec cette voix basse et incertaine que Harry détestait.
Harry eut l'air déconcerté. Il sortit le parchemin magique de sa poche et écrivit : Pourquoi pas ?
Draco laissa échapper un rire sans joie. « Pourquoi pas ? Potter, je suis un Mangemort ! »
Harry fronça les sourcils. Était.
Draco renifla avec mépris. « De ce que je sais, Mangemort un jour, Mangemort toujours » murmura-t-il amèrement. « On ne peut pas décider de partir. »
Quelle ironie que le moment où Malfoy s'adressait à lui en plus de cinq mots soit aussi désagréable... Tu n'as pas exactement décidé d'en faire partie non plus.
Draco le fixa d'un air incrédule. « Tu es idiot, Potter ? Je savais que tu étais Gryffondor jusqu'au bout des ongles, mais là c'est pathétique. » cracha-t-il, à l'opposé de son attitude calme quelques minutes auparavant.
Harry lui lança un regard noir, serrant les poings de frustration. La colère prenant le dessus, il passa son bras par dessus la table pour attraper celui de Malfoy, réalisant à peine que de la peur écarquillait les yeux de l'autre garçon, et lui souleva la manche.
La marque des ténèbres n'y était plus.
Elle avait disparu à l'instant où Harry avait vaincu Voldemort.
Harry regarda la peau immaculée de Draco avec un peu de fierté et avec un peu d'envie. Il la caressa doucement de son pouce. 'Elle est partie' fit-il silencieusement.
Draco dégagea son bras, ébranlé et mécontent.
Ça n'a plus aucune espèce d'importance. La guerre est finie, écrivit Harry sur le parchemin, le poussant vers Draco. Il regarda les mots tristement, souhaitant que tout le monde pense la même chose.
Il se sentit tout à coup très déprimé.
Draco les fixa également. « Tu es vraiment idiot » murmura-t-il. Son ancienne baguette était posée près du parchemin, et Harry la poussa doucement vers lui, l'incitant à la prendre et à la garder.
Lentement, Draco le fit.
Harry lui lança un petit sourire, avant de se lever de son siège.
« Potter », appela soudain Draco.
Harry s'arrêta, levant vers lui un regard interrogateur. Comme il était debout et Draco assis, ce dernier avait l'air ... petit comme ça, les sourcils froncés d'un air perplexe et les traits marqués par l'incertitude.
« Tu ... » fit Draco, la voix basse et faible. « Tu ne me détestes pas ? »
Il avait l'air désespéré et Harry eut besoin de fermer les yeux pour repousser la colère qui montait en lui, contre le monde des sorciers pour être aussi étroit d'esprit, contre Lucius Malfoy pour être un salaud égoïste et contre Voldemort pour avoir tout fait merder.
Il écrivit sur le parchemin magique.
Je ne sais même pas si je t'ai détesté un jour.
Pendant qu'il attendait que Draco finisse de lire, il remarqua la façon dont il s'arrêta de respirer et dont ses yeux s'agrandirent presque imperceptiblement.
Le sourire qui apparut sur le visage de Harry était spontané.
Hochant la tête une dernière fois, il emporta le parchemin et sortit de la bibliothèque, se sentant considérablement plus léger après cet aveu.
Sous la fenêtre et les rayons de soleil qui faisaient briller ses cheveux comme de l'or, Draco fixa le bois de la table sans le voir et s'effondra lentement.
« Alors, Harry » dit Ginny doucement, après avoir pratiquement pris Harry en embuscade à la sortie de son dernier cours. Elle l'avait entrainé sous le regard incrédule de Ron et Hermione pour marcher dans la Cour Pavée, profitant de ce qu'il ne pouvait pas exprimer ses protestations à voix haute. « Du nouveau ? »
Il n'y avait personne dans la Cour Pavée, puisque tout le monde se précipitait activement vers la Grande Salle pour le dîner. Harry se demanda si c'était le bon moment pour transformer les cheveux de Ginny en serpents.
Harry la regarda froidement puis montra sa bouche du doigt.
Sans surprise, Ginny leva les yeux au ciel et sortit de la poche de son pantalon son parchemin magique et sa plume qui se remplissait d'encre toute seule (Harry adorait les Weasley, vraiment. Ils vous rendaient la vie tellement plus facile...).
Harry les lui prit des mains et commença à écrire contre le mur, l'air furieux.
À part que la moitié des élèves de l'école a très envie de me clouer au sol pour m'interroger et peut-être même m'agresser sexuellement ?
« Tu devrais leur dire que tu préfères les mecs » fit Ginny aimablement. « Je pense qu'il y a moins de chance que les mecs t'agressent. »
Harry lui lança un regard accusateur.
Tu sais à quel point c'est frustrant de ne pas pouvoir parler ?
Ginny essaya d'avoir l'air offensée. « Harry ! » s'exclama-t-elle, scandalisée. « Tu sais à quel point c'est dur pour moi de savoir que tu es malheureux ? »
Ça n'avait pas l'air d'apaiser Harry.
« Que tu te languis tristement pour un amour qui est peut-être plus réciproque que tu le penses ? » ajouta Ginny, un sourire sincère rehaussant ses traits. « Où est passé ton courage de Gryffondor ?»
Voyant qu'accuser Ginny n'allait le mener nulle part, Harry soupira en signe de défaite. J'apprécie ce que tu fais - il s'arrêta. Attends, non, je n'apprécie pas du tout.
Ginny attendit patiemment que les mots disparaissent du parchemin.
Mais Malfoy ne va pas apprécier que je débarque tout d'un coup pour l'embrasser.
Ginny haussa les épaules. « Tente ta chance ? »
Il me frappera.
« Eh bah fais-toi frapper. »
Harry ne comprendrait jamais les filles.
Bon la suite va prendre un peu de temps mais dites-moi ce que vous en pensez !
Edit : merci pour tous vos commentaires, ça fait plaisir de voir que vous appréciez aussi cette histoire :)
Alie-Yaoi : je l'ai séparée en 2 chapitres (la fic de Cassis Luna est un long oneshot mais je voulais déjà poster le début pour voir)
JackB : je suis pas sûre du délai, mais je prévois d'avoir fini d'ici 1 ou 2 semaines (je sais c'est long, mais si vous avez aimé le début vous ne serez pas déçus ! en tout cas je ne l'ai pas été).