Désolé! Je n'ai pas réussi à tenir les délais, c'est inexcusable .
Bon je ne vais pas m'étendre, mais je suis vraiment désolée ^^'
Ah! Et j'essaye une nouvelle présentation ( comme à presque tout les chapitres d'ailleurs xD )
Remerciements : Rababaz, pour tes corrections et tes commentaires qui sont toujours constructifs :3
Reviews : serya akuma - Merci :3 Je fais un gros travail de fond pour que l'histoire soit la plus humaine, réaliste et qu'elle colle au plus près des personnages de Fairy Tail. Je suis heureuse de voir qu'elle te plait et que tu le ressens! :)
Disclaimer : Fairy Tail appartient à Hiro Mashima
Chapitre 19 : Crises et hallucinations
by fairymangafan
corrigé par Rababaz
Il menaçait de s'étouffer. L'oxygène ne parvenait plus correctement à ses poumons. C'était tout son corps qui menaçait de s'enflammer, ironiquement. La peur noyait sa raison et avait anéanti toute logique. Il ne parvenait plus à réfléchir, à penser. C'était sûrement la première fois que son cerveau lui autorisait une telle pause dans son ressenti, et c'était aussi la première fois qu'il aurait bien voulu continuer à penser... Tout n'était plus que vrac, et il y avait tellement de sang... Il s'enfonçait dans cette marée boueuse, rouge et sale, au milieu de ce cercle blanc souillé de liquide écarlate. Ses membres étaient prisonniers, la mer de sang était comme du sable mouvant. Il ne pouvait plus bouger, il ne pouvait plus se défendre, il était impuissant.
Son torse était maintenant pris dans l'étau ensanglanté, rendant sa respiration encore plus laborieuse. Il avait la tête qui tournait et la vision qui floutait. Il avait l'impression que tout marchait au ralenti, qu'à chaque pas qu'ils faisaient, ces hommes sans visages, chaque pas qui les rapprochait de lui prenait une heure entière. Que le sang qui progressait, qui montait vicieusement vers son visage avait ralenti, jusqu'à ne faire quasiment plus que du surplace.
Il allait se noyer. Il allait couler, sombrer. Il allait se faire enterrer vivant. Il allait se faire dévorer.
Les tentacules de sang prirent possession de son crâne, remontant toujours plus lentement vers son visage. Tout ceci prenait tellement de temps... Et les hommes, ou plutôt les figures grotesques, compactes, menaçantes, continuaient de s'approcher... S'ils l'attrapaient... S'il ne se noyait pas avant... Non ! NONONONONNNN ! Pas ça ! Tout, mais pas ça !
Tout à coup, il souhaitait se faire engloutir par la marée de sang. Il souhaitait s'y plonger, y disparaître, y mourir, loin, très loin de... d'eux... Les tentacules écarlates caressaient ses joues. Ils étaient encore loin, suffisamment loin en tout cas... Pour ne pas pouvoir l'approcher. Pour ne pas pouvoir le toucher. C'était mieux ainsi. Tout était mieux comme ça...
L'idée de mourir ne le rebutait étrangement plus, pourtant son corps et son cœur continuaient leur course effrénée. Il voulait disparaître, et pourtant, à chaque respiration il tentait d'avaler le plus d'oxygène possible. Il avait envie de devenir néant, mais ses muscles étaient tétanisés par la terreur que ce seul souhait et l'horrible scène lui inspirait. Tout n'était que contradiction. Et Natsu n'arrivait plus vraiment à réfléchir. La panique était revenue subrepticement, sans qu'il ne s'en rende vraiment compte. Il était...compressé. Compressé par quelque chose d'énorme qui forçait son corps dans un étau, qui le forçait à se figer, à respirer laborieusement, douloureusement, qui contraignait son esprit à accepter sa présence... Il hurla, ou crut hurler. Il ne savait plus vraiment... Réalité ou cauchemar?
Les chuchotis s'étaient tus, mais d'autres voix avaient pris le relais. Elles semblaient un peu plus tangibles que le reste, mais plus angoissées aussi. Il les entendait de loin, les tympans bouchés par le sang, sa tête presque entièrement sous la marée poisseuse. Il était terrifié à l'idée de se faire submerger. Presque tout son esprit était concentré sur l'idée de s'en sortir. Seule la plus petite part, insignifiante, se questionnait sur l'identité de ses voix familières. Qui grossissaient au fur et à mesure qu'il s'enfonçait, qu'il... mourrait...
Un dernier sursaut de volonté agita son corps alors que les tentacules visqueux recouvraient ses voies respiratoires. Une dernière pensée hurlée au monde, un dernier acte avant la fin. Pas l'ombre d'un sourire, alors que la mer de sang redevenait lisse et silencieuse...
Il plongeait. Il plongeait, écrasé de toutes parts. Il plongeait, immobile, mais le cœur battant encore et encore, vigoureusement. Il plongeait et vivait, mais il n'arrivait pas à respirer. Il tombait et mourrait, alors que le manque d'oxygène brûlait sa poitrine. Il tombait et mourrait, tandis que les voix hurlaient en écho sa douleur, attaquant douloureusement ses tympans. Il mourrait et hurlait à l'unisson de ce chœur étrange, à s'en déchirer les cordes vocales.
Il hurlait alors qu'il était mort.
L'obscurité qui l'entourait se dissipa brusquement. L'éclat de la lumière après ce monde morbide et sombre fut violent. Violent, mais bienfaiteur. Les voix s'étaient précisées, et s'il ne pouvait en déchiffrer le sens, leurs timbres familiers berçaient ses oreilles. Oreilles qui semblaient bouchées, comme s'il avait passé trop de temps sous l'eau. Son corps se plia sous un spasme alors que sa bouche grande ouverte cherchait de l'air. Toujours ce poids qui alourdissait sa poitrine et l'étouffait. Mais ça s'atténuait. Comme si on défaisait progressivement l'étau qui l'entravait. Les sensations qui revenaient étaient vives, brûlantes. Comme renaissantes, douloureusement vivantes. Et c'était une bonne souffrance. Celle de la vie.
Petit à petit ses yeux retrouvèrent leur précision. Clignant des paupières lourdes de fatigue, Natsu observa avec détachement, comme un simple spectateur, les visages en auréole au-dessus de lui. Il contemplait l'éclat retrouvé de mèches blondes mi-longues, la douceur satinée d'une robe rouge, les poils rêches d'une fourrure blanche usée, les bouches qui s'animaient et les sons qui caressaient son ouïe. Il dégusta la volupté d'un moment volé, où encore peu lucide il n'avait à se soucier ni du passé, ni du futur. Où il n'y avait pas de noms sur les visages ou les mots, simplement l'étrange sensation d'être sans corps physique. D'exister en dehors de lui-même.
Et puis, une nouvelle fois, chaotiquement, une transition. Alors qu'une seconde auparavant, il contemplait la scène comme un spectateur d'une pièce de théâtre, il fut projeté au rang d'acteur. La réalité s'abattit de toute sa masse sur son corps frissonnant. À nouveau en osmose avec sa chair, Natsu éprouva les douleurs qui le parcouraient encore depuis l'Accident. Parce qu'il venait de renouer avec son passé et son futur, ce qui le rendait suffoquant. Fini l'étreinte cotonneuse qui avait émoustillé ses sens. Le poids qui entravait sa respiration était revenu, et il sentait chaque muscle de son corps tressaillir par vague, comme la marée d'une mer descendante. On l'exhortait à se calmer. C'était ce qu'il comprenait, ou plutôt, déchiffrait de cette houle de voix dont les écumes seulement lui parvenaient. Il sentait aussi les mains qui le massaient, comme des caresses. Qui tentaient de délier les muscles noués par l'angoisse, d'adoucir la panique qui l'avait dominée. Maintenant, petit à petit, par reflux, il sentait la terreur le quitter. Ses frayeurs lui semblaient de plus en plus lointaines et dérisoires. Les manteaux blancs se fondaient dans le rougeoiement du décor. Plus il tentait de se souvenir, plus son rêve, ou ses hallucinations lui échappaient. C'était un phénomène curieux, mais son désir d'en connaître l'origine et le fonctionnement s'évanouit très vite. Chaque visage inquiet lui rappelait douloureusement sa promesse : Avancer.
Lisanna observa avec joie les yeux de Natsu recouvrer leur lucidité. Ils avaient perdu le dragon slayer pendant de longues minutes pleines d'angoisse face à cette crise. Crise de quoi d'ailleurs ? Qu'est-ce qui venait de se passer ? Le Pourquoi, elle pouvait le concevoir. Entre la pression qu'exerçait la foule sur Natsu et Macao -un homme- qui l'avait pris par surprise, peut-être même plus de raisons qu'elle ignore, il n'était pas difficile de deviner ce qui avait déclenché ce... truc.
Pendant ces longues minutes, ils avaient assisté, impuissants, à la crise de leur cher dragon slayer. Ils l'avaient observé tenter de respirer, les inspirations difficiles comme si quelque chose l'empêchait de chercher de l'oxygène. Ils avaient assisté aux nombreux spasmes qui avaient tordu son corps sporadiquement. Ils avaient tenté de juguler les tremblements, les muscles figés, l'inconscience consciente du mage. Ils avaient essayé de le ramener vers eux.
Les hommes et la plupart des membres s'étaient éloignés, ne voulant accroître la tension par leur présence. Il ne restait que sa grande sœur, Lucy et Lisanna. Dans un froissement de robe Mirajane se leva pour chercher un verre et une bassine d'eau fraîche, un linge propre, et quelque chose à grignoter. Le mal était inconnu, c'était pour l'instant tout ce qu'elle pouvait faire. Pendant ce temps Lucy chuchotait des mots rassurants au dragon slayer, qui bien que plus lucide, semblait perdu. Les pupilles tentant d'absorber le plus possible sur son environnement, il était encore un peu dans son monde, un peu à l'extérieur du leur.
Et malgré la situation actuelle, Lisanna ne pouvait s'empêcher de penser qu'il était vraiment adorable ainsi. Avec son air étonné et ses grands yeux perdus, son sweat noir trop large, ses cheveux un peu plus longs que d'habitude -n'ayant été coupé dans les derniers mois- et son air naturellement enfantin. Il dégageait aussi, et ce, seulement depuis l'Accident, une aura vulnérable. Il paraissait plus frêle, plus petit, une sensation qui allait au-delà des quelques kilos que le mage avait perdus. C'était comme une fêlure dans l'âme, une faiblesse psychologique.
C'est ça !
Natsu dégageait habituellement toujours cette assurance amicale, cette chaleur solide sur laquelle on pouvait compter et s'appuyer. Il était d'un naturel sans faille, le genre de personne à l'aura indestructible. Il paraissait intouchable, vivant chaque jour comme une nouvelle aventure. Sa naïveté renforçait son côté : « Je crois en l'homme jusqu'au bout ! ». Mais maintenant... Maintenant il n'arborait plus son masque d'invincible. Et surtout, Natsu doutait de lui, de ses capacités, de sa position en tant qu'homme, qu'être humain.
La guilde, Grey, Happy, Lucy et elle-même avaient attendu de lui qu'il revienne à cette aura assurée et rassurante, sans penser que Natsu était un homme malgré tout. Pas un superhéros, pas un des indestructibles, un homme. Un être humain qui avait ses faiblesses, qui pouvait s'écrouler du jour au lendemain.
Alors il en était incapable. De se relever seul, de remettre son masque en place, de redevenir cette idole qui lui avait volé son humanité. La dure, mais véritable réalité, celle qui n'était plus vernie par leurs espoirs et illuminée par leurs songes, était celle d'un homme au mental d'acier brisé. C'était à eux de se parer des couleurs de la roche, pour devenir une montagne sur laquelle Natsu puisse s'appuyer, pour qu'il puisse remonter la tête hors de l'eau.
Mirajane était revenue, et Natsu avait recouvré sa lucidité. Il avait une main pressée contre son cœur, et on sentait dans son attitude qu'il prenait consciemment chacune de ses inspirations. Qu'il contrôlait le flux d'air. Fronçant les sourcils devant l'attitude du mage de feu, la plus âgée des Strauss préféra ne faire aucun commentaire et mouilla simplement le linge et après l'avoir essoré, l'appliqua contre le front brûlant du dragon slayer. Celui-ci lui lança un regard étonné, mais étrangement, il ne fit rien pour retirer le tissu humide. Se redressant avec l'aide discrète de Lucy, il releva ses genoux et posa la tête contre ceux-ci. Le linge tomba à terre sans que personne ne s'en soucie.
« Natsu ? tenta la constellationniste en se penchant vers la silhouette courbée.
-C'est... rien... souffla la voix un peu rauque du mage de feu. Juste... un peu de temps... »
Personne ne répondit et il sentait les regards inquiets comme des briques sur son corps. L'ambiance le mettait mal à l'aise, mais il avait vraiment du mal à respirer. L'étau ne s'était pas encore dissipé, et depuis qu'il était conscient, il sentait plus vivement le manque d'oxygène. Ses pensées dissipées s'étaient regroupées en un seul courant : Respirer.
Penché en avant, il reprenait lentement son souffle sous le regard inquiet de ses camarades. Mirajane observait avec inquiétude les longues gorgées d'air qui ne semblaient pas suffire au dragon slayer. Elle notait mentalement tous les symptômes relevés pour pouvoir présenter un état de la situation à Polyussica, qui était partie cueillir des plantes médicinales dans la forêt.
La respiration de Natsu fit une longue pause. Lucy ficha ses orbes noisette sur le visage soudainement contracté de son meilleur ami. Elle devina juste avant la tempête son annonce. Se précipitant en avant au moment même où la bouche se tordit pour hurler et le dos se cambra violemment en arrière, menaçant d'entraîner le reste du corps tétanisé avec lui, la constellationniste rattrapa le mage.
« Qu'est-ce qui se passe encore ? cria Lisanna pour couvrir les râles de douleurs aveugles qu'émettait Natsu.
On sentait dans son ton et son attitude une panique agacée. Pourquoi est-ce qu'à chaque fois que le dragon slayer tentait quelque chose pour s'en sortir, autre chose s'ajoutait aux difficultés initiales ? Pourquoi est-ce que quelque chose ou quelqu'un s'amusait à anéantir chaque soupçon d'espoir ? Et pourquoi Natsu ? C'était la meilleure personne qu'elle n'ait jamais rencontrée. L'un des seuls humains restants qui vaillent la peine qu'on se batte pour lui. L'un des derniers à la pureté irréprochable, aux bonnes intentions et à la générosité sans limites.
Pourquoi ?