Un nouveau fragment de vie pour mon p'tit bout. Joyeux anniversaire, Hase ! (et on s'est mis à 3 pour le pondre, donc merci à Lisen-Chan et Sinasta)


L'anniversaire

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Sanji regardait sa montre pour la troisième fois en une seule minute. Il n'arrivait pas à croire que cet abruti était en retard. Il venait de passer un quart d'heure l'oreille au portable pour le guider à la station de métro. Cinq minutes avant, il lui avait dit qu'il était bien arrivé. Là, il poireautait sur le quai, avait déjà laissé une rame partir.

- Mais qu'est-ce qu'il fabrique, ce crétin ?

Quand soudain, quelque chose de vert dans la foule attira son attention. Il soupira, reprit le téléphone, appuya sur la touche. Une sonnerie, deux, trois.

- Ouais ?

- Marimo, tu t'es planté !

- Tu m'as dit République, je suis à République, gros malin. C'est toi qu'est pas là.

- Si, je le suis.

- Où ?

- Lève la tête, andouille ! Je suis sur le quai d'en face ! Tu pars dans le mauvais sens.

Zoro leva les yeux.

- Ah oui, j'te vois. J'arrive.

Le cuistot soupira, il y avait des chances qu'il se plante encore dans les couloirs. Ah non... vu qu'il poussait les gens pour se faufiler devant. Avec un peu de pas de bol, il allait en benner un du quai.

- Marimo, qu'est-ce que tu fous ? Faut faire le tour, les rails sont électrifiés.

Mais évidemment, il n'écouta pas. Il y eut des petits cris quand il sauta du quai, certains imaginant sans doute un suicidaire, d'autre le maudissant pour le retard que prendrait le métro quand il devrait être arrêté. Non, il est juste con, pensa Sanji tout en regrettant que ce lieu soit non fumeur. Il en aurait bien grillé une, là, tout de suite. Non, ne pas penser grillé.

Zoro se hissa à ses côtés, totalement impassible. Sanji lui jeta un regard blasé, mais un autre détail lui fit froncer le sourcil.

- Dis donc, le fourreau sur ton épaule, me dis pas que tu as emmené tes sabres ?

- Ben quoi ? On va en banlieue, je préfère prendre mes précautions.

- Ouais, c'est bien connu, c'est plein de Ninjas dès qu'on dépasse le périph, commenta Sanji de son air de ne pas y toucher.

- Ben avec ta cravate rose, on n'est pas à l'abri d'une agression.

- C'est pas rose, c'est lilas !

Dix secondes plus tard, le métro arrivait, bondé. Stratégiquement, Sanji, alors chargé de la grande boite à gâteau, laissa passer Zoro devant, s'il n'y avait plus de place, aucun doute qu'il en ferait. Alors que certains tentaient de descendre, la foule poussait derrière. En moins de deux, ils étaient dans le wagon, pressés comme des sardines. Un simple regard de tueur du sabreur et l'air se fit tout à coup plus respirable, les gens tentant de s'éloigner de lui sans vraiment y parvenir.

- On va où, déjà ? demanda Zoro tout en fusillant du regard une vieille dame qui lui balançait son cabas dans les jambes.

Sanji soupira.

- Mais c'est pas vrai, ça fait quatre fois que je te le dis ! À l'anniversaire d'Hasegawa.

- Qui c'est ?

- La magnifique jeune fille passionnée d'art. Elle est mignonne à croquer.

- Celle avec une grande gueule ?

- Tu ne parles pas d'Hasegawa-chérie comme ça, tête d'algue pas fraîche ! Elle s'exprime un peu fort, c'est tout.

- Pas la peine de monter sur tes grands chevaux, Sourcil en Vrille. Je l'aime bien. Elle a dit que j'avais un beau cul.

La mâchoire de Sanji sembla se décrocher.

- Que... Quoi ? Elle m'a rien dit à moi.

Il n'avait pu cacher sa déception. Mais ses sourcils se froncèrent et se tournèrent vers la minuscule vieille dame qui était en train de lui peloter les fesses. Elle leva les yeux.

- Il est pourtant parfait, dit-elle d'une petite voix fluette.

- Oh, euh... merci... madame. Marimo, on descend. Et arrête de te marrer !

Cette fois, ils devaient prendre une correspondance. Ils jouèrent des coudes pour descendre, longèrent quelques couloirs, prirent des escaliers, puis encore des couloirs, puis des escaliers... Et se retrouvèrent à l'air libre.

- Qu'est-ce qu'on fout là ? demanda le vert.

- On va chercher le cadeau. Je l'ai fait mettre de côté la semaine dernière. Heureusement que je suis organisé, moi !

Zoro préféra ne pas commenter. En fait, ce détail ne l'avait même pas effleuré. Ils entrèrent dans une boutique. Sanji se présenta avec son sourire le plus charmeur à la vendeuse et celle-ci fila en réserve. Pour en revenir avec une énorme licorne rose fluo en peluche. Pratiquement grandeur nature.

- C'est quoi cette horreur, Sourcil en vrille ?

- Ta gueule et porte, j'ai le gâteau sur les bras. Et tu me dois 58 euros, la moitié. Car je suppose que t'as rien prévu ?

- 116 euros pour cette mocheté ? Non mais tu déconnes ?

- Très bien ! Mademoiselle m'avait conseillé, mais puisque Môssieur est si malin, on va aller faire les magasins.

Là, imaginer courir Paris pour faire les boutiques avec le cuistot qui pouvait rester des heures à s'extasier devant un croissant, la raison trancha. Puis la vendeuse semblait sur le point de s'évanouir, ils allaient encore perdre du temps.

- Nan, c'est bon. On dira juste que ça vient de toi. Et file-moi ta boîte, tu porteras le machin super-gay.

- Pour que tu le fasses tomber en moins de deux ? Pas question. Et puis d'abord, t'es pas moins gay que moi. Donc, porte ça !

- Ouais, mais toi, t'es encore plus gay que nature. Une licorne. Tss !

Zoro sortit aussitôt. Sanji jongla avec la boite et son portefeuille pour payer et se précipita au-dehors. S'il le laissait trop avancer, il ne le retrouverait jamais.

- Marimo ! Tu pars dans le mauvais sens !

Et c'était reparti pour le métro. Ils entrèrent enfin dans une station quasi déserte.

- Y'a personne par là, dit Zoro.

- On va en banlieue, Marimo. Personne n'y va, sauf s'il est obligé.

En effet, dans le wagon quasi-désert, ils purent s'asseoir.

- Tête de pelouse, garde la licorne sur tes genoux, elle va être dégueulasse !

Zoro soupira.

- Si tu continues, tu vas voir où tu vas te la mettre, ta licorne.

- Et baisse d'un ton ! Y'a une demoiselle !

En face d'eux, une jeune fille lisait, le nez enfoui dans sa grosse écharpe. Difficile de dire si elle riait de les entendre ou si elle était terrifiée d'être tombée sur la grande vadrouille de la cage aux folles. Mais elle leva les yeux quand elle entendit une voix masculine qui braillait à l'autre bout. Elle eut la malchance de croiser le regard d'un voyou des bacs à sable.

- Qu'est-ce que t'as, la pétasse ? Tu m'as jamais vu ?

Le sang de Sanji ne fit qu'un tour. Sa jambe fourmillait déjà du prochain coup qu'il allait envoyer alors que le type, un jeune en baggy, se dirigeait en vociférant vers la jeune passagère. Zoro le retint.

- Laisse-moi faire, Cook. Tiens la mocheté pendant que je m'en occupe.

Le type donna un grand coup de pied juste à côté de la jeune femme qui se recroquevilla sur son siège. Personne ne bougea. Sauf Zoro qui se contenta de tendre les bras et de tirer sur le pantalon trop large. Qui tomba sur les chevilles. Le mec, en slip, se retourna, plein de haine. Et cette fois, le sabreur se mit debout, les bras croisés. Regard de psychopathe. L'autre dut lever la tête pour apercevoir les yeux froids qui lui disaient : vas-y, dis un truc. J'attends que ça. Le gars se contenta de relever son pantalon en s'enfuyant vers le fond du wagon. Zoro se réinstalla l'air de rien, reprit la licorne.

- Tout en délicatesse, Marimo. J'aime.

- Ouaip. Bon, on est bientôt arrivés ?

Il finissait à peine sa phrase que le métro s'arrêta brusquement dans un couinement d'acier. La voix du conducteur retentit dans les haut-parleurs.

- Mesdames et messieurs, désolé pour ce contretemps. Une personne s'est jetée sur les rails.

Sanji et Zoro soupirèrent de concert.

- Mais c'est pas vrai ! On va être à la bourre ! pesta le cuisinier.

- Putain ! Peuvent pas se pendre chez eux, comme tout le monde ?

- Ouais ! Allez, on se casse !

Un coup de pied plus tard, la porte du wagon explosait et la gay-pride version Action-Man s'enfonçait dans le tunnel obscur.

- Marimo, me colle pas comme ça, y'a la licorne qui me rentre dans les fesses.

- Nan, c'est pas la licorne.

- On n'a pas le temps pour la bagatelle.

Mais une seconde plus tard, le cuistot était plaqué contre un mur, le pantalon sur les genoux.

- Ben dis-donc, t'es rapide.

- L'entraînement, Blondinet, l'entraînement.

OoO

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Ellipse de temps : deux orgasmes plus tard...

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OoO

Dans le bus...

- Tu t'assois pas, Cook ?

- Non, pas là, non.

- Mouhahahaha !

- Ta gueule !

Dans le deuxième bus.

- On est bientôt arrivés ?

- Non.

Dans le quatrième bus.

- On est bientôt arrivés ?

Sanji soupira. Dix fois qu'il posait cette question, il allait en faire de la pâtée et la donner aux chiens errants. Trois arrêts plus tard, ils descendaient enfin. Ils entrèrent dans une rue, des gens pénétraient dans une maison, ils en profitèrent pour passer la porte avec eux.

- Ah merde, vociféra Sanji, l'ascenseur est minuscule. On tiendra jamais.

- La faute à la mocheté.

- Bah, t'es dur. T'es pas si moche que ça.

- Tu vas prendre cher, Cook.

- Ouais, dans tes rêves. Allez, les escaliers, c'est au sixième.

Parvenus à l'étage, essoufflés et en nage, ils suivirent d'autres personnes qui accédaient à l'appartement. Chargés comme ils étaient, ne pas devoir dégager une main pour sonner et attendre une plombe derrière la porte, c'était toujours ça de pris. L'endroit était bondé mais aussi, étrangement silencieux. Les gens parlaient bas, avançaient lentement.

- Putain, mais ils avancent, oui ? ragea Zoro.

Sanji ne s'étonna pas des regards interloqués sur eux. Les gens devaient penser que c'était la licorne qui parlait avec cette voix d'outre-tombe. Mais évidemment, personne ne riait en apercevant la tronche de tueur de l'autre tache avec ses cheveux verts. Et ses bottes de combat. Et ses sabres. Et ce dernier n'y tenant plus, se délesta de son chargement en plein dans le passage de l'entrée.

- Bon, où est le bar ? Je crève de soif.

Quelques bousculades plus tard, les deux amis se retrouvèrent devant une table minuscule, garnie de jus d'orange et de deux thermos, notées Thé et Café. Sanji bourra tout ça pour poser sa grande boite à gâteau.

- Elle s'est pas foulée sur le buffet, Cook.

- Euh, oui, là, je reconnais. Puis je ne savais pas qu'il y avait un thème, ils sont tous en noir.

- Ouais, t'es raccord, mais ta cravate rose, elle jure.

- Puisque je te dis que c'est lilas !

- Bon, on dirait qu'il y a une animation là au fond. Amène-toi.

La foule était agglutinée dans le grand salon. Ils durent faire la queue après avoir récupéré la peluche.

- Si c'est un jeu pourri, je pète tout.

- Mais tiens-toi bien, Tête de Cactus !

Puis ce fur leur tour. Les trois personnes devant eux s'écartèrent et... ils se retrouvèrent face à une longue boite de bois foncé. Un homme leur glissa un calice de métal dans les mains.

- C'est le bac à glaçons ? Et t'as vu le verre ? Ce doit être un truc médiéval. Mais la touillette est vachement grande.

Sanji déglutit difficilement.

- C'est un cercueil, Marimo. Oh bordel, on est en pleine veillée funèbre. Et ne bois pas, c'est l'eau bénite !

Ils s'écartèrent vivement, refilant le bénitier aux suivants. Zoro balança la licorne qui écrasa les fleurs et couronnes déposées pour l'hommage. Une fois tranquilles dans un coin, Sanji fit ses poches et ressortit le carton d'invitation.

Pour ses 18 ans,

Hasegawa entre dans une nouvelle vie.

Le samedi 16 décembre 2015

14 heures.

- Mon dieu, mais je n'avais pas compris, se lamenta Sanji, les larmes aux yeux.

- C'est pas super clair non plus.

- Mais comment c'est arrivé ?

Un homme posa une main compatissante sur l'épaule du cuisinier. Zoro, le voyant faire, faillit lui trancher le bras, légèrement territorial. Mais il allait attendre encore un peu, le blond semblait bien assez tendu comme ça. Et s'il se mettait à chialer, autant refourguer le bébé à un autre.

- Elle se promenait dans la rue et là, paf !

- Paf ?

- Oui, un canapé est tombé du ciel, elle l'a pris sur la tête.

- C'est vraiment pas de bol.

L'homme les laissa, plus dépités que jamais, les bras ballant, ne sachant que faire.

- Bon, on se casse ? proposa Zoro.

- On ne peut pas partir maintenant. C'est... oh, mon dieu...

Sans vraiment le vouloir, ils se retrouvèrent avec un groupe de personnes.

- Quel dommage. J'avais vu son dernier spectacle de strip-tease, elle était fabuleuse.

Sanji manqua de s'étrangler.

- Elle était strip-teaseuse ?

- Mais oui, la meilleure !

- Elle se produisait à Pigalle. C'est une légende là-bas.

- Géraldine était si belle.

Le cuisinier les interrompit.

- Comment ça, Géraldine ? Elle ne s'appelait pas Hasegawa ?

- Géraldine était son nom de scène, je n'ai jamais su comment elle s'appelait en vrai.

- Nom d'un bordel à queue… ils ont droit à combien de pseudos, les artistes ? demanda le Marimo en frottant sa tignasse verte.

- Surveille ton langage, algue primitive ! Qu'importe si elle avait plusieurs noms différents, Hasegawa était beaucoup trop jeune pour mourir. Surtout comme ça.

- Jeune ? Comment ça, jeune ? Géraldine avait 85 ans. La première travestie à avoir son spectacle sur Pigalle.

- 85 ans ?...

- C'était pas pour un putain de 18ème anniversaire pour lequel on traversé la moitié de la France ?

- 18 ans ? … Ah non, ça, c'est la petite dans l'appartement d'en face.

- Oh putain, merci !, brailla le cuisinier. Marimo, choppe la licorne, on s'est trompés de piaule. Et vous, touchez pas à ce gâteau !

Zoro bouscula tout le monde, piétina quelques fleurs pour récupérer la peluche pendant que le cuistot refermait sa boite à gâteau que quelqu'un venait d'entrouvrir.

- Pas touche ! Puis la moindre des choses, à un enterrement, on pense pas à bouffer ! Putain, aucune éducation, ces gens.

- Tu l'as dit, Blondinet. Allez, avance, faut qu'on atteigne le buffet avant Luffy, je l'entends dans le couloir.

Ils sortirent comme des forcenés, entrèrent en face comme des sauvages. La petite brunette se retrouva avec une énorme peluche dans les bras alors que la musique hurlante couvrait à peine le :

- Joyeux anniversaire, Hasegawa !


Oui, donc on s'est mis à 3 pour faire ça... ça fait peur, hein ? XD
Allez, joyeux anniversaire !
Et pour les autres, à bientôt ;)