Note de l'auteur : Voilà longtemps que je voulais écrire une fic sur Sunshine, slash bien entendu, il m'aura fallu plus de temps que nécessaire mais voilà. Bien entendu rien ne m'appartient à part la trame. Enjoy !

Acrystar.


Another Earth

1


Quand la bombe stellaire explosa, ce fut comme il l'avait expliqué maintes et maintes fois à Cassie il y eut une étincelle, comme lors des simulations, puis une autre et encore une autre, nées de fragmentations et ce fut comme des milliers d'étoiles… Une explosion silencieuse un big bang à petite échelle, la naissance d'une nouvelle étoile dans la mort d'une autre… La raison pour laquelle il n'avait jamais eu peur même loin de chez lui, puisque Capa ne serait jamais rentré même si la mission n'avait pas été ce désastre. Contemplatif, il voulait être le témoin de ce miracle, le soleil renaissant de ses cendres tel un phénix. Pardon à sa sœur qui l'attendait, mais il ne rentrerait pas, il ne rentrerait jamais. Son destin était là à portée de doigts, dissolu dans la masse bienveillante du soleil.
Les autres membres d'Icarus n'étaient plus et malgré la beauté du spectacle, il pensait à eux et leur famille, à Cassie, Corazon, Trey, Searle, Kaneda, Harley et même Mace… Ses collègues auraient mérité de revoir la Terre, de la fouler à nouveau sous un matin ensoleillé, comme dans les souvenirs presque oubliés…
Le temps… l'espace… tout était distordu au point qu'il pouvait ressentir chaque atome de son corps et du soleil se fondre en une seule matière. Capa ne rentrerait pas, il serait là où toutes ses pensées l'avaient mené, peut-être moins maladivement que Pinebaker. Il n'y avait rien de divin ici, juste l'étincelle de toute vie sur Terre. Capa était un scientifique, non un fanatique religieux.

- Tu n'as pas peur ? »

Comment pouvait-on éprouver la peur devant telle magnificence ? Il pleurait des larmes d'admiration devant le soleil qui avançait vers lui, devant ces flammes qui léchaient sa peau sans le faire souffrir. Que ne donnerait-il pas pour que les autres voient ça ?!
Il repensa à Kaneda disparut dans une vague de vent solaire, il repensa à Trey mort dans sa flaque de sang, à Searle dissout dans les rayons du soleil, à Harvey happé par les ténèbres froides de l'espace, il repensa au regard vide de Corazon lorsqu'elle fut aspiré dans la nuit sans fin, à Cassie qu'il avait perdu dans toute cette pagaille et à Mace… Mace… mort gelé dans le liquide refroidissement d'Icarus pour le mener là où il était, sauver la Terre…

Ils avaient tous fait ce rêve, tomber dans l'espace, planer autour du soleil et s'y faire bruler… Ceux qui avaient conçu la mission avait eu l'idée merveilleuse de donner au dernier espoir de l'humanité le nom d'un homme qui mourut à cause du soleil et de sa présomption, peut-être que leur destin avait été tracé dès le début… Capa savait maintenant que son bras tendu n'était plus, le soleil l'avait avalé et il n'en restait plus rien ; il ferma les yeux, serein, il rejoindrait bientôt les autres, car il sentait sa peau s'effriter et devenir cendres balayées par le souffle flamboyant de l'astre en fusion. L'image d'une fleur de pissenlit se posa dans son esprit, d'autres enfants pourrons jouer avec cette fleur et disséminer ses graines à travers un simple souffle, comme voulant assister à ce spectacle une dernière fois, Capa ouvrit les yeux et souffla, faisant virevolter les reste de son corps dans une magnifique danse.

- Je n'ai pas peur… »

Il préférait finir ici que dans la terre, enfermé dans un cercueil, ici il serait bien et pourrait regarder la Terre du meilleur endroit possible… Si le soleil était un dieu, alors il serait un ange…

Qu'est-ce que la mort ? L'arrêt d'un cœur ? Le manque d'oxygénation d'un cerveau ? Le néant ? La science avait ses limites, Capa l'avait toujours su. Il avait l'impression de flotter dans le vide, l'obscurité sans fin… Où qu'il soit à présent, bercé par les bras invisible de l'astre solaire, Capa se sentait bien. La sensation était indéfinissable, il n'était pas enveloppé de coton, ou même de soie, mais ça lui faisait un nid agréable et paisible. Il ne pouvait pas bouger, ses membres n'étaient plus là de toute façon son corps étant redevenu poussière, aussi il flottait, un amas de conscience perdu dans l'infini de l'espace… Une pensée qui aurait pu être terrifiante pour n'importe qui mais pas pour lui. Il ne s'était jamais senti aussi bien…

- Robert, tu ne veux pas jouer avec tes camarades ? »
- Non. »

Il avait huit ans, tout juste assez fort pour tenir le large livre de son père traitant du système solaire. Il regardait avec avidité les clichés d'Hubble et pensait à l'immensité, aux autres mondes, aux extraterrestres et tout ce qui pouvait se cacher au-delà de ce que l'œil humain pouvait déceler. Il voulait être astronaute ! Sa mère rigola, mais elle le conforta dans son rêve et l'aida du mieux qu'elle put. A douze ans, sa chambre ressemblait au laboratoire d'un savant fou. Un télescope trônait fièrement dans la chambre au milieu des posters de comètes et clichés de planètes inconnues ou de galaxies reculées. Sur la porte de son fils, l'on pouvait voir l'œil de dieu, une mise en garde sur ce qui se trouvait à l'intérieur… Cette image la mettait toujours mal à l'aise, car très pieuse elle voyait dans cette nébuleuse le signe de quelque chose de supérieur. Elle avait fait son deuil de mère, car jamais elle ne partagea de moment complice avec son fils, comme elle l'avait fait avec sa fille. Son fils était distant, n'avait aucun ami et gardait le nez levé dans les cieux à la recherche de quelque chose.

- Le soleil est malade. »

Malade ? Si ça avait été le cas, les gens auraient été mis au courant… Elle secoua la chevelure de son fils, ne faisant pas attention à ses calculs et ses démonstrations, oui, les hivers se faisaient de plus en plus rudes mais tout à chacun disait que c'était à cause du réchauffement climatique, il n'y avait rien d'alarmant.
Lorsque le présentateur télé annonça un communiqué spécial, sa mère observa le sigle de la maison blanche avec appréhension et c'est en oubliant sa tasse de café qui se fracassa au sol qu'elle apprit la vérité de la bouche de son président. Le soleil se mourrait annonçant la fin de l'humanité… Serrant son tablier contre elle, elle hurla. Quel était le devoir d'une mère ? Donner la vie et la voir survivre, la voir grandir et quelqu'un lui ôtait ce droit. Elle pensait à sa fille qui parlait mariage et enfants, elle pensait à son fils, encore si petit… Tout ne pouvait pas finir maintenant !

- T'en fais pas maman, ils vont envoyer des astronautes et des physiciens dans l'espace pour le relancer… Dommage que je sois si petit… j'aurais tellement voulu y aller… »

Songeur, son fils retourna dans sa chambre, laissant une femme au désarroi. Un an plus tard, son fils installé sur le tapis du salon, son mari et sa fille contre elle, la famille Capa regarda la mission Icarus s'en aller. Tandis que les gens acclamaient ces héros, elle, en tant que mère pensaient à leurs familles, à leurs parents, certains étaient si jeunes, si innocents… Serrant son rosaire, elle fit une prière pour chacun des jeunes femmes et jeunes hommes envoyés pour la survie d'une espèce, pour un voyage sans doute, sans retour.

- Je veux devenir physicien, on sait jamais, si Icarus 1 n'y arrive pas, je serais dans Icarus 2 ! »

Elle n'osait croire les paroles qui sortaient de la bouche de son fils, aussi, elle pria pour que la première mission soit une réussite ! Le temps passa et Robert, premier au classement de son école, sauta quelques classes et se retrouva rapidement au lycée. Elle observait ce petit homme comme s'il était un étranger. La pauvre femme n'avait plus beaucoup de contact avec son fils qui vivait de plus en plus dans un autre monde. Il s'était intéressé à Icarus 1 au point qu'il connaissait tout de la mission, du fonctionnement des machines et de la bombe dont elle ignorait tout. Alors lorsque sept années après le début de la mission première, le contact fut perdu avec l'équipage, l'on chercha de futurs éléments pour la prochaine mission. Elle fut soulagée de voir que son fils passerait au travers des mailles du filet grâce à son jeune âge, mais ses notes et son cursus scolaire attirèrent l'attention des gens, surtout de ses professeurs. Elle ne fut pas surprise lorsqu'il termina sa première année de fac qu'il reçoive cette fameuse lettre rouge annonçant son entrée dans le stage de la Nasa. Ils rassemblaient les meilleurs par-delà les nations afin de former la seconde équipe. Observant son fils quitter la maison, enfant qu'elle ne reverrait pas, sa mère pleura.

- Robert… Sara est morte… »

Ses yeux bleus regardèrent sa sœur, ça faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vu, il avait éliminé la plus part de ses concurrents pour la place qu'il convoitait sur Icarus 2, il était peut-être le plus jeune, mais il savait ce qu'il faisait ! Sans un mot pour la peine de sa sœur, il attrapa sa main et la serra. Sara avait été leur voisine, la meilleure amie de sa sœur et la seule fille qui ne l'ait jamais aimé lui… Mais Capa avait d'autres buts à poursuivre que ça. C'est à ce moment-là qu'il discerna le petit garçon assis à ses côtés et le ventre rond de sa grande sœur. Elle lui envoyait souvent des lettres, mais il ne prenait pas le temps de les lires, il avait tellement à apprendre, tellement à faire…

- Je… »
- Ne t'en fais pas. Concentre-toi sur ce que tu sais faire le mieux. Je parie qu'elle est fière de toi là où elle est. On t'attendra… d'accord ? Papa, Maman, Justin, Matty et… j'ignore encore son nom, mais on t'attendra. Tu es le héros de la famille Robert. »
- Hum ! »

Un sourire sur son visage angélique rassura sa sœur, elle attrapa la main de son fils puis quitta la salle qui servait de parloir. Les gens recrutés n'avaient pas droit de sortir des bâtiments de la Nasa, leurs familles devaient venir sur le site pour les voir et le gouvernement offrait aux familles étrangères un pied à terre en Amérique pour qu'ils puissent profiter de leurs enfants le temps du stage. La majorité des appelés n'avaient que vingt-cinq ans tout cassé, mais certains petits génies n'en avaient que vingt et les séparer de leur famille trop tôt pourrait être un désastre.

- Capa est un génie. »
- Il est jeune… peut-être instable émotionnellement. »
- Il sera prêt. »

Un vieil homme s'approcha de lui, il était arrivé au dernier niveau des tests, il faisait face à un homme de vingt-huit ans, aussi ingénieux que lui, si ce n'est pas plus. L'homme travaillait pour la Nasa et avait donc un énorme avantage, malgré cela, il avait redoublé d'assiduité et avait obtenu le diplôme qui lui servirait à intégrer le staff d'Icarus 2.

- Es-tu prêt à mourir ? »
- Oui, monsieur ! »
- As-tu peur ? »
- Non Monsieur. »
- Pourquoi ? »

Ses yeux bleus coulèrent à gauche puis à droite, observant les scientifiques et les militaires qui étaient assis en arc de cercle autour des deux candidats. Il inspira, gonflant ses poumons et toisa celui qui avait le plus de médailles et qui semblait porter plus d'attention au porte document devant lui, plutôt qu'à ce qu'il était censé faire ici : choisir le physicien chargé du payload !

- Notre soleil se meurt. L'espèce humaine fait face à son extinction. Il y a sept ans vous avez envoyé le projet Icarus ayant pour mission de relancer le soleil, mais nous avons perdu le contact avec eux un peu avant qu'ils n'atteignent Mercure. Nous avons extrait tout ce qui restait de matière fissible, Icarus 2 est la dernière chance de l'humanité, on ne peut se permettre d'avoir peur. Plus maintenant ! »
- Vous êtes bien impétueux, jeune homme… »

Capa se dégonfla comme un ballon de baudruche, observant le scientifique se détourner de lui et regarder l'homme de la Nasa. Avait-il abusé de sa confiance ? Il avait travaillé jours et nuits, bravant les maux de crânes, les journées où… il voulait voir sa mère ouvrir la porte de sa chambre et lui donner un chocolat chaud en lui souriant tendrement. S'il ne partait pas, que serait sa vie ? Il retournerait chez ses parents ? Il irait séjourner dans la maison de sa sœur, avec son beau-frère et ses neveux… JAMAIS ! Capa ne voulait pas d'une vie normale, il ne voulait pas payer ses impôts et consommer plus qu'il ne le fallait, il voulait vivre !

- Mais vous êtes l'élément dont Icarus 2 aura besoin. »

Il eut l'impression de chavirer, l'espace d'un instant son cerveau s'était déconnecté de la réalité, lui faisant faire un pas sur le côté. Robert Capa avait réussi ! Il ne fit aucun sourire, il n'eut aucun éclat de voix ou de manifestation émotionnelle quelconque, il inclina la tête, attrapa ses directives de mission puis s'en retourna dans sa chambre. Il se demandait avec qui il allait être envoyé dans l'espace, sept autres personnes amarrée avec lui sur une bombe volante… Sa bombe ! Une drôle d'équipée. Il avait entendu dire que le capitaine serait le fameux capitaine de l'air force, Kaneda. Il tremblait de respect devant cette monstruosité de perfection. Il l'avait croisé à diverses reprises, les yeux noyés d'estime pour cet homme qui n'avait plus à faire ses preuves.

- Capa ! Rendez-vous dans la salle de réunion ! »

Voilà, l'équipe avait enfin été choisie, il allait découvrir dans quelques instants ceux avec qui il partagerait les dix-huit mois de mission les séparant du soleil. En pénétrant la pièce il reconnut Trey, pour avoir longtemps travaillé ensemble. Les deux cadets s'étaient très vites appréciés lors des tests en conditions réelles car ils avaient une façon de faire quelque peu commune, même si l'asiatique dépendait plus de sa fluctuation émotionnelle que Capa. Il inclina la tête à l'intention du jeune homme puis s'installa. Kaneda était debout face à ses hommes, jaugeant de son regard à qui il avait à faire. En tant que capitaine, il avait suivi de près les entrainements, il avait les dossiers de chacun d'eux pour anticiper les éventuels problèmes qu'ils rencontreraient une fois coupé du monde.

- Je m'appelle Kaneda, je serais votre capitaine lors de la mission Icarus 2. Mon second est un jeune officier australien diplômé d'aéronautique de l'Université de Cranfield, il s'agit de Harvey il sera chargé des communications, mais ce jeune homme est plein de ressources... Le co-pilote sera Cassie qui nous vient de Hongrie, elle nous a été envoyée par la FKA. Nous serons secondés par l'officier britannique Searle qui possède un doctorat en psychologie. Trey et Robert sont nos jeunes civils et experts. Trey jeune prodige coréen est expert en navigation, il est tout juste diplômé du MIT, Robert diplômé de la California Institute of Technology à tout juste 19 ans sera notre Physicien, il est le seul capable de manier la bombe, aussi mesdames et messieurs c'est l'homme le plus important de la mission. L'officier Corazon sera l'experte biologiste de l'équipe, elle sera en charge de l'espace vert qui nous fournira de l'oxygène pendant notre long voyage, elle nous vient de l'ASE l'équivalent européen de la Nasa. Et pour finir, l'officier Mace, notre mécanicien, un jeune officié de l'armée de terre américaine avec qui j'ai eu le plaisir de déjà collaborer. Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs demain commencent les simulations, prenez un bon repas, dormez bien car tout ne fait que commencer ! »

Voilà son équipe, chacun observait les autres avec curiosité certainement en train de se demander si ils allaient pouvoir s'entendre, mais pas Capa, il se fichait des sourires de Cassie ou des discussions entre Trey et Harvey, il était déjà ailleurs, à des milliards de kilomètres de la Terre, dans le silence paisible de l'espace. Ses rêveries prirent fin lorsque son corps réagit au regard scrutateur de quelqu'un. Mace… Après un signe de tête vers le seul autre membre de l'équipe qui ne semblait pas vouloir fraterniser avec les autres, il se leva puis se dirigea vers sa chambre.

- Pas comme ça ! Cassie ! Tu es pilote ou pas ?! »

Capa observa Searle prendre des notes « émotionnellement instable » vint surplomber tout un essai sur la psyché de la jeune pilote. Il se demandait bien comment elle avait pu prendre la place, elle était trop fragile et ne saurait jamais prendre les bonnes décisions si la mission était mise en péril. Robert n'avait jamais eu de soucis avec ses émotions, ou pour dire vrai, il réagissait avec méthodologie et logique.

- Harvey ! Tu n'es pas le centre du monde ! »

Searle secoua la tête négativement, au-dessus du profile de Harvey fut écrit en lettre capitale « égocentrique ». Harvey était bon dans ce qu'il faisait, il n'y avait pas à en douter, mais ses « moi je » prenaient la tête au physicien qui soupirait de lassitude. Comme l'avait dit Kaneda, ils étaient tous remplaçables, mais pas Capa. Harvey ne faisait pas exception.

- Trey, il faut que tu réussisses à maitriser ton stress quand on sera là-haut on ne peut souffrir d'une erreur, elle sera fatale. »

Trey était bon, aussi bon que lui, dans sa propre branche. Mais sa peur de mal faire et son obsession de tout exécuter le plus rapidement possible le menait à beaucoup d'erreurs. Il ne savait pas gérer son stress, c'était un fait. Du coin de l'œil il vit Searle sourire et ajouter au dossier de Trey « une demi-heure en salle de détente par quart obligatoire ». La Earth Room comme tout le monde l'appelait, une salle d'hologrammes programmée pour montrer les plus beaux paysages de la Terre.

- Mace, soit un peu plus à l'écoute des autres. »

Non, il n'était pas d'accord avec Kaneda et vint de suite appuyer les dires du mécanicien, ils n'avaient pas de marge d'erreur, ils devaient être professionnels, tant pis pour ceux qui ne pouvaient pas suivre le mouvement ! Ses yeux bleus croisèrent ceux de Mace, ils échangèrent un rapide sourire car ils comprirent qu'ils étaient sur la même longueur d'onde. Il n'y avait pas d'inquiétude dans les yeux du mécanicien, pas de doute, ni de questionnement. Ils avaient une mission et mourraient pour celle-ci !

- Corazon, tu vas devoir apprendre à faire des bandages, toi et Searle vous êtes les deux seules à connaitre la biologie, vous serez nos médecins de bord. »

Cette femme était un peu dans la lune, elle vivait mieux avec ses plantes qu'avec les autres membres de l'équipe, mais elle faisait son boulot à merveille, la serre teste était un paradis qu'il aimait regarder durant les instants où il n'avait rien à faire. C'était une sainte, une mère… Searle n'apposa rien sur le dossier de la biologiste, après tout, il n'y avait rien à redire… Après la remarque de Kaneda, elle partit prendre des cours de premiers secours en cas où l'un d'eux finirait par se blesser avec les instruments de maintenance.

Lorsque cela fut son tour, Kaneda resta bouche bée devant la simulation de la bombe, un mini big bang qu'il était le seul à savoir faire fonctionner… Capa ne regarda pas ce que Searle ajouta sur son dossier il savait quel était son problème et c'était le même que Mace.

- Mace… »

Il l'avait entendu l'appeler, durant le moment de panique dans lequel il s'était trouvé enfermé dans le sas… il n'avait pas vraiment prêté attention à sa voix chevrotante, à ses appels… Mais si il était là, voguant au milieu du soleil, il le devait à Mace qui avait su lui montrer comment sortir de là bien qu'il se savait fichu.
Ils s'étaient souvent pris le bec, y'avait pas à dire, dès qu'une bagarre était déclenchée, il y avait cent pour cent de chance que Mace soit de la partie et quatre-vingt-dix que Capa soit en face de lui, les autres dix pour cent de chance revenaient à Harvey. Pourtant… Pourtant de tous ces gens, la seule personne qu'il avait admiré autre que le capitaine Kaneda et Trey, à cause de son génie, fut Mace. Le mécanicien aurait mérité de rentrer chez lui… chez eux. Si il y avait une seule personne qu'il voudrait pouvoir sauver, qu'il voudrait pouvoir renvoyer c'était Mace.
Capa se demandait si lui aussi voguait dans l'obscurité, bercé par les rayons d'un soleil incandescent. Était-il heureux et serein d'avoir réussi à sauver la Terre ? Il était mort avant de savoir que la mission était un succès, mais n'avait-il jamais douté que Robert puisse faire son travail ? Non.

Quelqu'un l'attrapa soudainement, le hissant dans une lumière dorée et enivrante. Étrange à dire, il ne s'était jamais senti plus vivant qu'à cet instant. Le jaune, le rouge et l'or se mélangeait dans une danse fiévreuse, une étoile en fusion chatoyante rien que pour lui… Il lévitait devant ce spectacle grandiose et peut-être qu'il verrait ça jusqu'à la fin des temps… C'est en basculant son regard qu'il put se rendre compte que son corps était là. Il pouvait bouger la tête et les bras, et même les jambes… Que se passait-il ? Il entendait comme une sorte de voix raisonner dans son crâne, ça n'avait rien d'humain cela et c'était incompréhensible, mais il n'avait pas peur…

« Tu… sac… ier t… vie… r moi… on fils… Merci… Le tem… n'… pas encore… pas… en… t… as… ré… si. San… eur… San… oute… vail… nt pe…. it Capa. »

Le murmure était un ressac, parfois il comprenait ses mots et d'autres fois la voix était si lointaine qu'il entendait plus son cœur battre que les sons qui venaient dans son crâne. Il semblait qu'on avait mis l'option traduction puisqu'il comprenait enfin des bribes de mots. Ne pas avoir peur, sans doute, c'était bien lui. Il était venu le cœur et les yeux grands ouverts sans regarder en arrière.

« …on… fils. »

Enfant du soleil et de la terre… Fruit du feu, de la terre, de l'air et de l'eau… Sans voix et sans air perdu dans l'immensité de l'espace. Il avait l'impression d'être plongé dans les tréfonds de la mer dérivant au grès de l'astre rougeoyant qui semblait sourire comme sa mère bien des années auparavant.

« Capa… »

Était-ce ce un rêve ? Nager dans l'espace en face du soleil, baigné de ses rayons, surfant le vent lunaire comme un sportif de l'extrême. Le dos courbé, il regarda en arrière, vers la Terre. Sa sœur devait être heureuse, comme tous les humains, un soleil doux illuminait leur journée et ce, grâce aux membres d'Icarus 2…

« Choisi. »

- Quoi ? »

« Choisi… Tu … a… sauv… tu… choisir… une… eule… per… onne. Une. »

- Pour ? »

« Vivre. Un... ca… eau. Qu… je… e… fai… Choisi. »

Il devait choisir quelqu'un ? Quelqu'un d'Icarus ? Il conversait avec le soleil… Il devait être au paradis, c'était certain. Un sourire se dessina sur son visage. Une personne… Avait-il déjà choisi ?

« Soi… he… reux… on… fils ! »

La lumière se tut, tout à coup il avait froid, tout à coup, il avait peur, Capa essaya de se raccrocher à quelque chose, car le sentiment de flottaison s'estompa et il chuta dans les noirceurs abyssales, une chute vertigineuse qui le fit hurler de terreur. Il voulait retourner flotter vers le soleil, mais une force surhumaine l'emmenait vers une autre destination. Il suffoquait, pris dans cette dégringolade perpétuelle, bel et si bien qu'il perdit connaissance.