°O°O°

Le marchand attendait avec impatience le repas. Il allait enfin pouvoir parler à tous les nains. Comme il l'eut dit, il avait aidé Bombur à faire la cuisine. Il avait également profité pour faire plus ample connaissance avec lui, bien évidemment, et il en était plus que ravi. Il avait appris beaucoup de choses sur lui et ses compagnons. Bien que le nain ait eu un peu de mal à parler au début, c'est pourquoi le marchand lui avait tiré les vers du nez. Ensuite, la conversation s'était faite naturellement. Ils s'entendaient bien.

Ils avaient fait énormément de plats : la table était remplie et il n'y avait pratiquement plus de place entre chaque assiette. Le marchand cru d'abord qu'ils en avaient fait trop, mais il se trompait. Avec les nains, tout allait disparaître, comme lui expliqua Bombur, même s'il l'avait déjà remarqué.

Concernant ceux-ci, ils arrivèrent à la queue leu leu pour manger. Chacun prit place et le marchand fit une petite annonce.

« Merci à tous de vous êtes joint à nous, je ne pouvais espérer mieux. Je suis très heureux et je sens qu'on va se régaler ! Bombur et moi vous avons préparé des plats dignes de ce nom !

— C'est ce qu'on voit. Vous avez fait beaucoup, constata Bofur.

— Vous mangez beaucoup, c'est normal. J'ai cru que nous en avions fait un peu trop, mais Bombur dit que non. Sinon tant pis, ça nous fera des restes pour ce soir. Il faudra tout de même combler les ventres. Surtout que nous allons avaler beaucoup d'oxygène mes amis !

— Pourquoi ?

— Parce que nous allons parler ! Eh oui ! Sinon à quoi ça sert qu'on soit tous ensemble ? Parler de tout, mais aussi de ma Fifi !

— Ça on le sait déjà.

— Ne restez pas debout Marchand, asseyez-vous, l'incita poliment Balin.

— Oui. Je discute, mais ça serait préférable que je m'assoie. Sentez l'odeur de ces délicieux plats.

— Oui, ça sent très bon, dirent les deux frères.

— J'en ai l'eau à la bouche, confia Bofur en passant sa langue sur la bouche.

— Moi aussi.

— Et moi donc ! Avec tout ça, nous allons être parés pour cet après-midi ! ET sur ce. Je vous souhaite à tous un bon appétit !

— Merci.

— Vous aussi Marchand.

— Merci ! »

Les nains commencèrent à s'échanger les plats pour remplir leurs assiettes à ras bord, et le vin coulait à flots. L'ambiance allait être des plus animées qui soient. En effet, quatorze personnes au lieu de sept, il n'y a pas photos.

« Mmh… c'est délicieux Bombur, j'adore ! commenta Kili en s'empiffrant de patates.

— Merci.

— Vous avez fait du bon boulot, poursuivit Balin, qui lui mangeait soigneusement et à son rythme.

— Merci ! Et en peu de temps en plus ! Bombur est vraiment très doué en cuisine. Je l'ai aidé, mais je n'ai pas fait non plus grand-chose. Je suis certain que s'il aurait fait les médailles en chocolat, elles auraient été exquises ! Contrairement à celles que nous avons mangées.

— Ça veut dire quoi ça ? Qu'elles n'étaient pas bonnes ? riposta immédiatement Kili.

— Je n'ai pas dit ça. Je vous signale que je vous ai même félicité, parce qu'elles étaient bien faites et bonnes. En plus, nous avons tout mangé.

— C'est vrai, dit Bofur en engloutissant ses feuilles de salade.

— Qui peut me donner le sel ?

— Tenez Monsieur Dori. Oh ? Que vois-je ? Vous êtes les trois à côté ? s'exclama-t-il en regardant les trois frères.

— Ils sont toujours comme ça, lui indiqua Fili.

— Nous ne faisons pas exprès, dit timidement Ori.

— Vous aussi vous êtes toujours à côté ! fit remarquer le marchand en regardant les deux jeunes neveux de Thorin.

— C'est même pas vrai ! se rebiffa le plus jeune.

— Menteur !

— Bon j'avoue. C'est vrai.

— Vous ne vous lâchez jamais ? Qu'est-ce que je t'ai dit Fili ! C'est toi le chef, tu dois l'envoyer balader de temps en temps ! Ne pas toujours être ensemble ! Regardez ! Faites comme Monsieur Óin et Glóin, Ils ne sont pas à côté l'un de l'autre !

— C'est normal, vous êtes au milieu des deux, lui dit Fili.

— Ah oui.

— Je vous gêne ? demanda ce dernier aux deux nains.

— Non, pourquoi ? répondit le plus vieux.

— Parce que je suis au milieu.

— Non.

— Tant mieux. De toute façon je n'aurais pas changé de place.

— Alors pourquoi vous leur demandez ? intervint Dwalin de sa grosse voix.

— Comme ça.

— Eh ! Où est la viande ?! Je n'en ai pas ! constata Bofur en la cherchant partout du regard.

— Oh ?! Comment ça se fait ?

— Moi non plus, dit Ori.

— Ben alors, qui a piqué toute la viande ?!

— Vous. Vous avez pris un gros morceau, lui indiqua Thorin d'un ton neutre.

— Ah oui. Tu en veux ? Je partage, dit le marchand en s'adressant à Ori.

— C'est gentil à vous.

— Vous aussi Monsieur Dwalin ?

— Non ! Ça va aller.

— Tant pis pour vous. Parce qu'elle est délicieuse, précisa-t-il la bouche pleine. Vous êtes sûr ?

— Oui !

— Alors ? J'ai réussi à réunir toute la petite famille ? Celle qui a reconquis ce magnifique Royaume !

— Oui ! Nous sommes tous là, sourit Kili.

— Vous avez dû en bavez.

— Je ne vous le fais pas dire.

— Je ne sais pas si j'aurais réussi à faire tout ce que vous avez fait. Vous avez dû surmonter bien des choses.

— Tout à fait.

— Nous ne sommes pas obligés d'en parler Marchand, l'interrompit Thorin.

— Pourquoi ?

— Je vous rappelle qu'il y a eu de nombreuses pertes. Et je n'ai pas envie que nous nous étalions sur ce sujet.

— Oui. C'est vrai… excusez-moi. C'est parce que je suis très heureux de vous voir tous réunis avec moi.

— Merci Monsieur Marchand, lui dit Dori.

— Mais de rien. En plus c'est la vérité. Je ne dis que la vérité.

— Ah oui ?

— Oui Monsieur.

— Vous êtes sûr ? l'interrogea Kili.

— Oui ! Non mais pour qui tu me prends.

— Même s'il faut absolument mentir ?

— Oui.

— Vous mentez.

— Non.

— Si si.

— Non ! Laisse-moi tranquille.

— Est-ce que je peux ravoir du pain s'il vous plaît ? demanda Fili.

— Tiens

— Tu pourras me le donner après ?

— Je sens que je vais avoir mon petit bidon tout plein et tout rond.

— Ça ne va pas vous faire du mal.

— En effet, il faut que je prenne du poids. J'ai dépensé beaucoup de calories pour venir. Figurez-vous que je suis venu à pied depuis chez moi, jusqu'ici !

— Ah bon ?! s'exclamèrent Dori et Ori.

— Oui ! Personne ne vous l'a dit ? Même pas vous Monsieur Thorin ?

— Non, répondit platement celui-ci.

— Il faut tout que je vous explique depuis le départ. Du pourquoi, du comment. Et c'est là qu'ensuite nous allons parler affaires.

— Et c'est reparti… soupira Dwalin.

— Vous n'allez pas raconter ça à tout le monde Marchand ! dit Kili.

— Et pourquoi pas ?

— Parce que c'est trop long !

— Mais non, je vais faire court.

— Si, je suis très curieux de savoir, dit Dori qui paraissait très intéressé.

— Hum hum… il était une fois…

— Marchand ! tonna le Roi.

— Je plaisante, je plaisante.

— Pourquoi Marchand ? interrogea Ori. Pourquoi on vous appelle comme ça ? C'est votre vrai nom ?

— Oui.

— Le menteur ! Je savais bien que vous mentiez !

— C'est juste que je n'aime pas mon nom. Je préfère Marchand. C'est simple et efficace. Et tout le monde retient.

— C'est quoi le vrai ? demanda à son tour Glóin en engouffrant son gros morceau de viande.

— Je ne vous le dirai pas. C'est top secret.

— Pourquoi ?

— Parce que. Seul Monsieur Thorin le sait.

— Oh oui. Et je ne vous le dirai pas, leur dit-il.

— Merci Monsieur Thorin de garder le secret.

— Vous comptez nous le dire un jour ? reprit Fili.

— Oui. Lorsque Monsieur Thorin m'aura acheté des voitures. Donc si vous voulez absolument savoir, il va falloir m'en acheter. Reprenons mon histoire. Je peux commencer ?

— Oui, faites. Nous vous écoutons.

— Je suis venu de loin pour vous voir. J'habite tout près du village de Bree. Vous savez où c'est ?

— À peu près…

— Eh bien, je suis parti de là pour venir à vous. Vous imaginez le nombre de kilomètres que j'ai effectué. Je ne suis pas venu seul, bien évidemment, je suis venu avec ma voiture. Mais on peut considérer seul, vu qu'elle ne parle pas. Rendez-vous compte que j'ai dû la tirer jusqu'ici ?!

— Wouaaaah, vous avez dû être épuisé ! dit le petit Ori.

— J'ai bien cru que je n'y parviendrais jamais. Je me suis même perdu. C'était très long. J'ai dû mettre mmh… bien une bonne semaine pour venir ici. Même que personne ne m'a proposé à boire quand je suis arrivé ! Pas même vos gardes, alors que j'étais tout rouge !

— Vous étiez trop pressé de me montrer votre voiture, lui fit remarquer Thorin en se remémorant son arrivée.

— Oui, c'est vrai.

— Et ?

— Ensuite j'ai demandé à Monsieur Thorin s'il voulait essayer ma voiture. J'ai eu du mal à le convaincre, mais il a fini par accepter. Il est venu avec moi, et ça lui a énormément plu ! N'est-ce pas ? Ensuite, il y a eu ces deux zigotos, Baba, Dwalin et Bobo. Il ne reste plus que vous ! C'est pourquoi je vous sollicite pour l'essayer.

— Et qui vous dis que nous allons le faire ? s'enquit Glóin.

— Vous me l'avez dit.

— Non, pas moi.

— Mais vous allez le faire. Regardez ma bouille Monsieur Glóin. Vous pouvez bien faire ça pour le pauvre petit homme que je suis, non ?

— Je ne sais pas.

— Si vous le faites… je vous donne mmh… rien.

— Raison de plus pour ne pas le faire.

— Vous me faites du chantage Monsieur Glóin. S'il vous plaît !

— Je verrai.

— Et vous Monsieur Óin ?

— Je suis d'accord. C'est la moindre des choses qu'on puisse faire, alors que vous avez fait tout ce chemin exprès.

— Aaaaah, vous me faites bien plaisir. Je vous vois parfaitement bien dedans. Vous allez être magnifique. Est-ce vous avez des lunettes ?

— Non.

— Personne n'en a ?

— Non, pourquoi ?

— Personne doit me révéler quelque chose dont je ne sais pas encore et qui serait crucial pour conduire ? Lunettes, coussins, ouïe, taille ?

— Non. Rien de tout ça, répondit Nori.

— C'est ce qu'on verra le moment venu. Tu n'es pas trop petit Ori ?

— Non.

— Alors tu es tout maigrichon, je te croyais plus petit c'est pour ça. Comme moi.

— C'est même pas vrai !

— Chuuutttt ! Calme-toi, lui dit son aîné.

— Je me traite aussi de maigrichon, tu n'as pas à t'en faire.

— Je peux avoir le vin ? demanda Bofur.

— Tiens.

— Et moi, le fromage, ajouta le marchand.

— Déjà ?

— Oui.

— Mais c'est après.

— Pas grave. Je fais mon petit mélange.

— Vous n'auriez pas du tout mettre sur la table.

— Tais-toi donc. Je fais ce qui me plaît, un petit mélange ne fait pas de mal, si j'ai envie de manger du fromage avant les patates, je prends, dit-il en se servant avant de continuer. Je sens que cet après-midi va être extraordinaire mes amis, indiqua-t-il en levant sa fourchette.

— Qui est-ce qui va conduire en premier, questionna Fili.

— Je vais planifier ça. Et ce ! Maintenant. Ori, passera en premier si ça peut vous rassurer Monsieur Dori.

— Chouette !

— J'aimerais venir avec. Comme ça je me ferai une idée sur votre voiture.

— Pas de soucis. Nori aussi ? Comme ça vous serez les trois ensemble.

— Non. Pas la peine, dit immédiatement le nain. Plus tard.

— Mmh… qui donc alors…Óin ! Vous voudriez venir avec ?

— Pourquoi pas. C'est une bonne idée.

— Très bien. Ensuite une fois qu'Ori aura conduit, on changera en route pour que vous le fassiez aussi. Et on revient chercher Bombur, Nori et Glóin, vu que c'est une quatre place, nous ne pouvons pas faire autrement. C'est bien comme ça non ?

— Vous avez oublié Bifur, lui fit remarquer Fili.

— Ah oui… eh bien Bifur remplacera Bombur.

— Je n'ai pas envie de venir tout de suite. Je passerai en dernier, dit Glóin, il peut prendre ma place.

— Ha ha ! Je savais que vous alliez venir ! Mais non ! Il faut que Bombur soit le dernier !

— Pourquoi ? interrogea Thorin très curieux par ce choix.

— Raison personnelle. Donc vous venez avec.

— Tsss.

— Où comptez-vous aller ? demanda gentiment Balin en s'essuyant la bouche.

— Comme d'habitude. Là où nous allons toujours. Dans les plaines.

— Bifur va conduire ?

— Tu veux conduire ? lui demanda son cousin.

— Si c'est le cas, il me faut quelqu'un pour traduire.

— Il dit que non.

— Il viendra de toute manière. Mais Bombur et moi serons que les deux !

— On pourra venir ? tenta Kili en mettant un coup de coude à son frère, pour embêter le marchand.

— Qu'est-ce que je viens de dire ?! Deux ! Uniquement les deux !

— Qui ne tente rien à rien.

— Est-ce que j'ai également votre permission Monsieur Thorin ?

— Pour ?

— Pour qu'ils conduisent.

— Ils sont d'accord, alors pourquoi vous me demandez ?

— C'est juste pour vous faire parler, parce que vous ne parlez pas beaucoup.

— Je mange.

— Vous aussi Monsieur Dwalin, on ne vous entend pas du tout ! Ce qui est très bizarre.

— Il ne faut pas l'interrompre quand il mange Marchand.

— Je vois…

— Vous êtes sûr que votre voiture est fiable ? reprit Dori.

— Encore heureux ! Sinon je ne vous la ferais pas essayer voyons.

— Je peux avoir les tomates ? Merci.

— J'en veux bien aussi une tranche. Voir quatre. Oui, quatre rondelles.

— Eh, vous m'en laisserez aussi ! leur dit Bombur qui n'en avait toujours pas mangées.

— Oui. T'inquiète pas.

— Vous pourrez me donner le reste ?

— Non.

— Pourquoi ?

— Parce que t'es pas assez gentil.

— N'importe quoi. Je suis très gentil. C'est vous qui ne l'êtes pas.

— Comment oses-tu insinuer que je ne suis pas gentil ? Est-ce que quelqu'un peut me dire dans la salle ici présents, si je suis méchant ?! »

Fili, Kili, Dwalin levèrent la main, tout comme Glóin.

« Oh ?! Monsieur Glóin ? Vous me trouvez méchant ? Nous venons à peine de nous rencontrer !

— J'avais envie de la lever. J'ai des fourmis.

— Vous m'avez fait peur.

— C'est pas vrai Glóin, tu ne l'aimes pas.

— Peu importe. Ce n'est pas pour ça que vous ne conduirez pas. Je suis un homme de bon cœur.

— On le sait Marchand.

— Merci Monsieur Thorin, merci ! Ça se voit sur moi n'est-ce pas ?

— Oui, un peu.

— Tout comme vous ! Je peux par exemple dire, que Messieurs Dwalin et Glóin sont très grognons. Ça se voit sur leur faciès.

— C'est normal que vous le sachiez, vous nous connaissez ! rétorqua Dwalin.

— Non non, ça se voit sur votre tête, nul doute, personne ne peut se tromper. Comme Ori, il est tout mignon, tout doux, ça se voit. Toi ! Là ! T 'as une tête de mule qui cache bien son jeu ! dit-il en s'adressant à Kili. Et ton frère aussi, mais moins.

— Eh !

— Baba est très calme et paisible, ainsi que Monsieur Dori. Bobo, toi, t'es joueur et moi aussi. Et Monsieur Thorin est le chef !

— Vous le savez.

— Oui, mais ça se voit aussi.

— À quoi ?

— À sa fourrure.

— Moi aussi j'en ai une.

— Oui, mais toi t'es plus jeune, et tu es son neveu. Monsieur Thorin a de l'âge.

— Dites tout simplement que je suis vieux. Ne glisser pas des sous-entendus, lui dit le Roi.

— C'est beaucoup plus gentil que vieux, Monsieur Thorin. Je n'oserai pas. Mais par contre Baba et Óin, eux sont vieux, c'est certain. Ils sont plus âgés que vous.

— Qu'est-ce qu'il a dit ? Que je suis jeune ?

— Non. Que t'es vieux, le rectifia Bofur.

— Aaaah… comment ça je suis vieux ?!

— Ne dis pas le contraire Óin.

— Oui… vieux, mais en pleine forme.

— Je peux aussi juger qu'il manque un petit quelque chose à Bifur rien qu'en le voyant et que Bubur adore faire la cuisine et la goûter.

— Il ne faut vraiment pas être devin pour deviner tout ça…

— Comme je vous l'ai dit, je suis médium. Mon œil voit tout !

— Médium, mes fesses.

— Quelle vulgarité Monsieur Dwalin.

— Dwalin…

— Mais ce n'est pas pour ça que je ne vous aime pas. Ah ! En parlant d'aimer, toi là ! fit-il en désignant Kili. À ce qu'il paraît, tu piques la vedette à ton frère hein ? C'est pas bien de faire ça ! J'ai oublié de te le dire.

— Quoi ?

— Oui. Tu piques toutes les filles à Fili !

— Comment ça ?

— Elles viennent toutes vers toi et pas vers lui, alors qu'il est beau.

— Je ne suis pas moche !

— Non, mais il faut que tu lui en laisses !

— De quoi avez-vous bien pu parler dans la voiture ? demanda Balin.

— C'est vrai, tu m'as pas dit grand-chose Fee !

— De choses et d'autres, répondit celui-ci un petit peu embêté.

— Bien dis Fifi ! Cela ne te regarde pas, ni toi, ni vous. Nous avons discuté entre hommes.

— Tu me diras après ?

— Possible.

— Donc faites attention Monsieur Thorin, il faut le dresser, il ne faut pas qu'il s'accapare toutes les filles.

— Je ne me mêle pas de ça.

— Vous devriez.

— C'est à leur mère de le faire. Elle est la mieux placée.

— Et où est-elle ?

— Pas là…

— Mmh… comment s'appelle-t-elle ? C'est vrai que je ne me suis même pas renseigné…

— Dís.

— Dís ? Il va falloir que je la rencontre aussi. Elle m'a l'air très belle. Et il faudra que je lui en touche deux mots. Vous auriez pu me dire que vous aviez une sœur Monsieur Thorin.

— C'est logique, s'il est leur oncle… soupira Dwalin de lassitude.

— Oui oui. Mais ça aurait pu être son frère.

— J'en avais un…

— Oh… je vois. Je ne savais pas.

— Non, vous ne saviez pas. Si l'on peut ne pas en parler…

— Oui, bien sûr, dit-il en regardant les deux frères. Bien ! Hum… j'ai une annonce à te faire mon ami ! déclara-t-il en direction de Kili.

— Laquelle ?

— Nous avons fait un classement Fili et moi.

— Un classement ?

— Oui. Un classement de qui conduit le mieux.

— Non, non, c'est vous qui l'avez fait.

— Certes, mais tu étais là.

— Et ? Je suis combien, premier ?

— Non.

— Ah bon ?

— Avant-dernier ? tenta Dwalin.

— Non.

— Second ?

— Non plus.

— Troisième ?

— Non.

— Ne me dites pas que je suis dernier ?!

— Si !

— Comment ça je suis dernier, je conduis très bien !

— Ça va. Mais vois-tu, c'est uniquement parce que tu piques la vedette à Fíli que je t'ai mis dernier.

— Han ! Fili !

— J'y suis pour rien. C'est lui qui a fait le classement. Pas moi !

— J'espère que tu ne piqueras pas non plus la vedette à Ori. Petit bout de chou, il a encore beaucoup à apprendre alors ne lui marche pas dessus et toi Ori ! Ne te laisse pas faire !

— Je ne me laisse pas faire.

— T'as pas intérêt, parce que je vais garder un œil sur toi.

— Il ne va plus te lâcher Ori, lui indiqua l'archer.

— Bien que Monsieur Dori l'ait déjà.

— J'ai même les deux yeux sur lui.

— Je me doute. Alors attention mon petit. Tu seras observé.

— Vous allez me stresser !

— Mais non.

— Et quel est donc le classement ? Vous nous avez uniquement dit la place de Kili, dit Dwalin qui voulait savoir en quelle position il était.

— Je vois que vous êtes curieux Monsieur Dwalin. C'est bien. Alors… qui peut être en première position ? À votre avis ?

— Moi, répondit Thorin, sûr à cent pour cent.

— Oui ! Monsieur Thorin ! Vous avez deviné !

— C'était pas très compliqué à savoir.

— Pourquoi lui ? questionna Bombur.

— Parce que c'est Monsieur Thorin ! Ensuite, qui est le deuxième ? Très facile, c'est moi.

— C'était sûr.

— Je n'allais quand même pas me mettre dernier voyons. Et je suis gentil ! Je vous ai mis à ma place Monsieur Thorin, alors que ça aurait pu être moi.

— C'est qui après ? interrogea à son tour Nori.

— Moi ! s'écria Fili, fier de lui.

— Oui ! Il conduit très bien ! Bon petit gars. Vraiment bien. C'est lui qui conduit le mieux d'entre nous.

— Alors pourquoi vous ne l'avez pas mis premier ? demanda Glóin.

— Parce que Monsieur Thorin devait être le premier. C'est le chef. Et moi le second. Ce qui est tout à fait normal, vu que je suis l'inventeur. Mais il est quand même le premier d'entre vous.

— Et moi, et moi ? demanda Bofur. Je suis quoi ?

— Quatrième !

— Et moi ?! s'empressa Dwalin.

— Hum… dernier.

— Quoi ?!

— Je suis avant toi, lui fit remarquer son frère.

— J'avais compris ! Pourquoi ?!

— Parce que Baba est beaucoup moins dangereux que vous. C'est pour ça. Si vous voulez un conseil Monsieur Dori. Ne laissez pas Ori monter avec lui.

— Pourquoi ?

— Parce qu'il pourrait vomir ! Il est dangereux !

— Tsss !

— C'est la vérité.

— Qu'est-ce qu'on gagne ?

— Mmh… rien. C'était juste pour s'amuser.

— Dommage. Tu aurais pu nous faire gagner des prix.

— Oui, mais en général, les prix sont pour les trois premiers. Donc ça ne servait à rien. Et je ne sais pas où j'aurais été les chercher. Je vois que tout le monde a fini son assiette. Vous m'avez l'air d'être tous rassasiés. C'est que ma cuisine était bonne.

— Eh ! C'est moi qui l'ai faite !

— "Notre cuisine". Pardon Bubur.

— On vous a déjà dit qu'elle était bonne.

— Oui, je sais. Mais j'aime bien quand on me le redit. »

Sur ce, ils continuèrent de manger tranquillement. Certains avaient déjà fini le fromage, comme le marchand, et d'autres finirent seulement leur assiette, comme Bombur et Dwallin. Tous étaient repus, mais ils avaient encore une petite place pour le dessert qui était une délicieuse tarte aux pommes, et qui ne fit pas un pli.

« C'était délicieux ! déclara le marchand en se massant le ventre. Alors Ori ? Es-tu prêt pour ton baptême de conduite ?

— Oui ! J'ai hâte !

— En plus il fait beau, nous avons de la chance. Nous commencerons dès la première heure. Le temps qu'on digère un peu avant.

— Il va falloir un moment pour Bombur, glissa son frère.

— Peu importe, il a tout le temps. C'est le dernier.

— Je suis prêt quand vous voulez marchand. On peut même y aller maintenant, proposa le jeune nain.

— Nous avons tous l'après-midi, attends un peu. Mais avant ça, il va falloir que je vous montre à tous, comment elle fonctionne. Alors au lieu de réexpliquer plusieurs fois et gaspiller ma salive, vous viendrez tous ensemble pour que je vous montre son fonctionnement.

— Vous aimez bien parler, dit Kili.

— Oui, mais là, je redirai la même chose en peu de temps, c'est nul et ça ne sert à rien. Autant faire tout à la fois.

— Je pourrai leur expliquer ? tenta une nouvelle fois l'archer.

— Non. Ils ne vont rien comprendre. C'est au professeur de faire ça.

— Pfff.

— Mais cela n'émèche en rien que vous veniez aussi. Ça vous fera une petite piqûre de rappel !

— On sait déjà tout.

— Oui, mais c'est toujours bon de revoir ses leçons. N'est-ce pas Monsieur Thorin ?

— Oui.

— Bon eh bien, je vous attends dans… une demi-heure, le temps que j'aille digérer un petit peu et préparer ma petite Fifi. En attendant, je vous laisse débarrasser la table ! Hi hi ! »

°O°O°