- Ca suffit Ziva ! assena-t-il furieux en frappant de toutes ses forces le poing contre le mur à côté de sa tête, ce qui fit immanquablement s'ouvrir plusieurs portes d'où apparurent des visages curieux et surpris, lesquels retournèrent bien vite à leurs occupations après avoir croisé le regard menaçant de l'agent.

- Pardon ? répondit la jeune femme innocemment ou plus exactement faignant de l'être comme l'attestait ses efforts visibles pour ne pas sourire, nullement impressionnée par la perte de contrôle de son coéquipier alors même que les cadres sur le mur tremblaient encore. On est agent du Mossad ou on ne l'est pas.

Et l'espace de quelques secondes sa vision se teinta de rouge.

De sa vie il ne se souvenait pas avoir ressenti pareil fureur. Froide, chaude, les deux à la fois, mais avant tout impérieuse, si dévastatrice qu'il en oubliait toute tempérance. Bien sûr il n'était pas immunisé contre les accès de colère, il en avait eu son quota au cours de sa vie, contre son paternel pour commencer, puis son sergent instructeur à l'académie militaire, contre Brad Pitt, son adversaire sur le terrain grâce à qui sa carrière professionnel s'était terminé avant même d'avoir réellement commencé, contre Wendy qui avait rompu leur engagement sous prétexte qu'il n'était pas l'homme idéal, contre Gibbs qui les avait laissé derrière lui direction un quelconque patelin mexicain. Il y avait eu Ari Haswari aussi même si avec lui les choses avaient quelque part été différentes; il en avait voulu au terroriste, à l'assassin, à la menace qu'il représentait pour son pays, pour son équipe – sa famille – il l'avait haï comme jamais il n'avait haï quelqu'un auparavant, mais curieusement ces émotions n'avaient jamais été jamais adressées à l'homme, quelque chose dans le regard, dans son sourire qui lui avait paru familier bien que même maintenant, des années plus tard, il ne puisse toujours pas mettre le doigt dessus. Il ne se l'expliquait pas, et hors de question d'en discuter avec Gibbs. Non dans le cas d'Haswari c'était le désespoir et le désir de vengeance qui avaient bouillonnés en lui.

Mais là il devait se retenir de ne pas étrangler l'Israélienne. Parce que dans son cas à elle c'était avant tout personnel, et délibéré, et elle l'avait blessé plus cruellement que personne ne l'avait jamais fait. Elle l'avait trahi.

Et une part en lui, infantile et terriblement mesquine, voulait lui rendre la pareille, œil pour œil, la loi de la Talion. Une part de lui voulait aussi la faire disparaitre pour cette faiblesse dans sa carapace qu'elle représentait encore et qui le diminuait, le fragilisait, détruisait des années de travail pour se préserver. Elle avait bien fait son travail, elle connaissait presque parfaitement son fonctionnement, avait su en chemin décrypter son mode d'emploi et savait donc quel bouton presser pour faire le plus de dégâts. Et merde ça faisait un mal de chien.

Bon sang, la raison d'être de cette foutue famille était-elle de lui pourrir l'existence ? Eli David. Ziva David. Ari Haswari. Il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre semblait-il.

Et aujourd'hui, à cette minute précise, il avait atteint son point de rupture. Et ça allait probablement finir en bain de sang et avec sa chance légendaire ce serait pour sa pomme. En même temps ça lui ferait des vacances. Travailler sous couverture vingt-quatre heures sur vingt-quatre pendant six mois dans le cercle mafieux de Don Giovanni était une sinécure à côté.

Qu'avait-il bien fait au ciel dans cette vie ou dans une précédente ? Quel terrible crime pouvait-il bien payer ? Embrasser un transsexuel, devenir ami avec un tueur en série, tomber amoureux de la fille d'un trafiquant d'armes passait encore, les blessures par balle, les coups de couteau, les commotions cérébrales à n'en plus finir, la peste même, à la rigueur même s'il aurait tout aussi bien pu s'en passer. Mais faire face jour après jour à un pitbull hargneux et vindicatif il en avait ma claque.

Ne jamais savoir comment se terminerait leur échange, ne pas pouvoir se fier à elle pour protéger ses arrières, ne pas savoir si le poignard projeté vers son dos ne proviendrait pas de sa propre main. Il avait l'impression d'évoluer à l'aveugle dans un marécage sans fin, ne pas savoir si quelques bestioles à sang froid n'allaient pas lui arracher la jambe, des alligators venus d'un désert au-delà de l'océan par exemple.

Parfois il se disait qu'il exagérait, qu'il voyait des choses là où il n'y en avait pas, que la parano le gagnait, mais c'était de plus en plus rare.

Et c'était atroce de ne plus être capable d'avoir confiance en sa propre équipière, et terriblement fâcheux car dans ce boulot cela ne signifiait qu'une chose : leur partenariat devait cesser au plus vite. En un mot : l'un d'eux devait partir.

Et il ne savait pas qui. Le problème ne venait pas de lui de prime abord mais c'était lui qui s'était mis à douter et à appréhender, à en faire limite une affaire personnelle, alors quelque part ils en partageaient les tords.

Mais Gibbs avait raison, ça devait se terminer, d'une manière ou d'une autre. Et la conversation qu'ils avaient entamée voilà quelques dizaines de secondes, et qui dégénérait déjà à grand pas, était celle de la dernière chance, celle qui mettrait fin à quelque chose : la guerre ou la cohabitation.

Aussi avait-il réussi à coincer la jeune femme à l'écart, loin des yeux et des oreilles indiscrètes, si on omettait les trois-quatre bureaux adjacents.

Et ils se tenaient également dans l'angle mort des caméras car qui sait comment cela se terminerait.

- Arrêtons ce petit jeu veux-tu, poursuivit-il affichant à présent un calme olympien qu'il était loin de ressentir, visualisant des traits amicaux en face de lui comme ceux de Tim ou d'Abby et non pas ceux sournois de sa pseudo-équipière.

- Que veux-tu dire Tony ? susurra-t-elle joueuse. C'est qu'elle y prenait du plaisir la garce.

« Je ne joue à rien en ce qui me concerne. Je prends toujours mon travail au sérieux moi. Toi par contre … avec tes remarques débilitantes, tes flirts incessant, ton incapacité à être un meneur d'hommes ... Difficile de comprendre ce qui fait de toi un agent ''très spécial''. Tu fais passer régulièrement notre équipe pour une bande de bleus, d'incompétents, tu nous discrédites aux yeux de tous. Alors tu t'en fous peut-être de l'opinion que peuvent avoir les gens de toi mais penses à nous de temps en temps pour changer, on n'aime pas porter en permanence l'étiquette nigaud, crétin, imbécile, stupide sur le front comme signe distinctif pour que les gens se souviennent de notre anagramme.

Préférant passer cette insulte sous silence, surtout parce que les mots qui menaçaient de franchir ses lèvres étaient toutes sauf flatteuses et élégantes dans une agence fédérale, et parce qu'il voulait rester maître de la situation et ne pas se laisser distraire, il poursuivit d'un ton qu'il voulait être le plus neutre possible.

- Tu sais très bien de quoi je veux parler.

Et il grimaça mentalement. Il n'avait finalement pas réussi à masquer entièrement son exaspération. Il ne parvenait jamais à rien de correct quand il s'agissait de Ziva.

- Je joue les idiots, j'en personnalise les traits, mais ne t'y trompe pas je suis très loin d'en être un alors ne me traite pas comme tel.

Aie, c'était mal barre. Il perdait prise. Son ton devenait trop acide.

- Ou sinon ? le toisa-t-elle, méprisante.

Et quelque chose en lui cassa.

- Crois-moi Miss Mossad, tu ne souhaites pas m'avoir en tant qu'ennemi, affirma-t-il froidement, dangereusement. Il savait son visage être totalement dénué de la moindre expression à cet instant.

Aye il perdait le contrôle, et il en gagnait un autre, très différent.

D'une démarche de prédateur, souple et rapide, il se rapprocha de la jeune femme qui se raidit immédiatement, prêt à contre-attaquer si elle en ressentait le besoin. Ce qui ne l'empêcha pas de répliquer, moqueuse :

- Des paroles en l'air que tout ça. Je t'ai trop souvent vu en mission d'infiltration pour savoir quand tu bluffes.

- Alors teste-moi je t'en prie. Ma patience et son stock de réserve sont presque à zéro Ziva, il ne t'en faudra pas beaucoup je te le promets. Vois si je bluffe, rétorqua-t-il calmement, avec une once de séduction même, comme le serpent de l'Eden avec cette pauvre Eve.

Et brutalement, comme ça, grâce à son attitude 100% sérieuse et à ses paroles pleines de sous-entendues, l'Israélienne sembla enfin prendre conscience que le temps des jeux et des je te tiens tu me tiens etc. étaient passés depuis belle lurette. Pas trop tôt. Et terriblement malin.

Car oui il était diablement sérieux.

- Pour répondre à ta question il n'y a rien à dire.

Pas si intelligente que ça.

Il compta jusqu'à dix dans sa tête. Puis jusqu'à trente. Il aurait pu pousser jusqu'à soixante mais il risquait de perdre Ziva en route, qui semblait maintenant aussi indécise qu'elle était impatiente.

Bon ça suffirait, ou ça le devrait. L'orage était passé et sauf si vents contraires le resterait.

- Rien à dire ? Je ne sais plus comment réagir avec toi, à quoi m'attendre de ta part. Je suis sur le qui-vive en permanence, parfois je dois me retenir de ne pas t'étrangler. J'en suis réduit à appréhender la prochaine fois où Gibbs nous fera travailler de concert, je déteste avoir à me lever maintenant pour ce job envers lequel je n'attache plus aucune satisfaction. Et par-dessus tout je hais ce que tu me fais ressentir, et devenir.

- Je ne vois pas où ceci est mon problème.

Elle avait de l'aplomb il fallait le reconnaître.

Et une sacré dose de mauvaise foi, ou était-ce de l'hypocrisie ?

- Pour être franc mon problème c'est toi. Et ton hostilité flagrante ou appelons un chat un chat cette haine que tu me portes.

- Tu débloques Tony, je ne ressens rien de tel. Juste la plus grande indifférence, et de la commisération pour la personne que tu es. Tu me fais pitié Tony.

Il y avait certaine chose qui ne méritait pas de réaction, surtout quand ce quelque chose était aussi douloureux aussi l'incita-t-il à poursuivre de par son silence ce qu'elle fit sans se faire prier.

- Tu veux parler, mais il n'y a rien à dire. Comporte-toi comme mon équipier et rien de plus, assena-elle sèchement tentant par-là de porter ce qu'elle croyait être le coup de grâce et tandis qu'elle se préparait à s'éloigner.

Raté.

Elle était douée mais ils n'évoluaient pas dans la même ligue. Il était l'enquêteur chevronné, il connaissait toutes les techniques de déstabilisations et d'interrogatoire, et de par cette science c'était lui qui décidait quand et comment un 'échange' verbal se terminait.

- Ah oui ? s'exclama-t-il moqueur alors qu'elle venait de le dépasser et lui tournait le dos.

« Et qu'est-ce qu'un équipier pour vous agent David ? Quelqu'un à qui l'on cache ses intentions le mettant ainsi délibérément en danger ? Quelqu'un sur qui se défouler verbalement et physiquement lorsque l'on passe une mauvaise journée ? Quelqu'un que l'on prend plaisir à rabaisser, à dénigrer au vue de tous parce qu'on n'est pas d'accord avec ses décisions ou son comportement ? Ou que l'on repousse, que l'on exclut et condamne sans même entendre ses explications ? Que l'on plaque au sol alors même qu'il est déjà invalidé par une blessure occasionné par son propre amant ?

Il savait que cette dernière phrase était un coup bas mais pourtant il ressentit de la satisfaction en voyant le visage de Ziva accuser le coup. Cela faisait quelques semaines à présent qu'il ne parvenait plus à lire la jeune femme aussi ne parvint-il pas à déchiffrer la lueur qui traversa les yeux sombres mais celle-ci ne présageait rien de bon.

Mais le pire c'est qu'il s'en foutait royalement, lui aussi était en colère, et lorsque c'était le cas il perdait toute compassion ou tact.

- Alors dites-moi agent que je sache à quoi m'en tenir la prochaine fois que je ne rentrerai pas dans une de vos petites cases où vous nous cataloguer.

Le fait qu'il l'avait vouvoyé sembla la déstabiliser un peu et c'est d'une voix moins sûre qu'elle cracha :

- Ne pose pas de questions dont tu ne veux pas connaitre la réponse.

- Que je ne veux pas connaitre ou que tu ne veux pas donner ?

Il vit la jeune femme se figer et un mur de glace prendre possession de son visage.

- Je suis sérieux Ziva. Sérieusement on ne peut plus continuer comme ça, à tourner en rond, à se comporter comme chien et chat. Ca nuit à notre collaboration, à notre capacité à communiquer. Ça nous met nous mais surtout le reste de l'équipe en danger et ça c'est inacceptable.

Il soupira et passa une main dans ses cheveux.

- Aussi je te propose une seule et unique solution : réponds à mes questions ou c'est fini, game over. Il n'y a plus de nous, plus de partenariat.

- C'est ce que tu veux ?

- Ce n'est pas ce que je dis.

Un rire sarcastique lui répondit.

- Tu cherches un prétexte pour rompre notre collaboration et tu veux me faire porter le chapeau, pour me faire passer pour la méchante de l'histoire. Mais je ne tomberai pas dans le panneau. Tu es un adulte Tony même si tu luttes contre ce fait, et il est temps que tu agisses comme tel et que tu assumes tes décisions.

Comme un adulte. C'est ce qu'elle attendait de lui, et c'est ce qu'elle obtiendrait.

Calme, détaché, neutre.

- Tant d'agressivité.

- Tant de nonchalance. C'est cela ton problème.

- Et le tien c'est moi.

- Je n'ai aucun problème avec toi, car pour cela il faudrait que tu aies quelque importance mais tu es tout juste un insecte dont le bourdonnement m'agace.

- Tu mets tellement d'insistance à souligner le peu de cas que tu m'accorde que je commence à m'interroger sur sa véracité.

- Crois ce que tu veux, il n'y a qu'une seule et unique vérité : tu me révulses, et je te hais.

- Comme ça c'est clair.

Ils restèrent là à se regarder, immobile, cherchant à cerner l'adversaire, en vain.

- La question maintenant est comment on le fait. Tu le lui dis ou c'est moi ?

- De quoi tu parles Ziva ?

- De Gibbs et de la fin de notre équipe à quatre.

- Ne sois pas ridicule.

- Plutôt réaliste je dirai. C'est pour ça que tu as voulu me parler non ?

- Je ne prétendrais pas le contraire. Mais je croyais que quelque chose pouvait encore être sauvé.

- C'est idiot.

- C'est tout moi. A toujours espéré.

- Tu aurais fait un très mauvais espion Tony.

- Froid, détaché et impitoyable ? Tu marques un point.

- C'est comme ça que tu me vois ?

- Pas au début. Mais tu n'as rien fait pour me prouver le contraire dernièrement.

- Et tu espérais il y a dix minutes encore pouvoir arranger les choses avec une telle vision de moi ?

- Que veux-tu je suis un éternel idiot tu l'as dit toi-même.

- Donc tu abandonnes ? Un sourire de défi illumina le visage de Ziva.

- Je dirai plutôt que j'accepte enfin l'évidence. Nous sommes incompatible, deux personnes contraintes à une association malheureuse.

- Donc tu conviens que tout est dit ? Il vit une lueur d'espoir traversé le regard de la jeune femme ce qui irrationnellement lui provoqua un pincement au cœur.

- Non pas tout : il y a une question dont j'aimerai avoir la réponse. Qu'ai-je donc bien fait pour que tu me détestes à ce point ? Est-ce à cause de Rivkins ?

- Mickael n'a rien à voir là-dedans !

- Alors quoi Ziva ?

- Tu ne comprendrais pas.

- Essaye au moins.

- Non

- Je ne savais pas que tu étais quelqu'un de lâche Ziva. En même temps tu as le don de renverser tous les aperçus que j'avais sur toi.

- Comment oses-tu ?

- Quoi j'ai touché à une corde sensible ?

Toujours aussi calme.

« J'ai mis l'agent du Mossad que tu es devant une réalité déplaisante? Pourtant il ne t'a pas été très difficile de t'attaquer à un homme blessé. »

- Tel Aviv n'a rien à voir là-dedans.

- Alors qu'est-ce que c'est ?

- Ne fais pas ça

- Qu'est-ce que c'est ?

- Tu n'as pas le droit

- Quand c'est de ma personne dont il est question j'ai tous les droits. Qu'est-ce que c'est qui vous débecte autant ?

- Je te déteste

- De ça nous en avons déjà convenu

- Pour ça, parce que tu es incapable de concevoir que quelqu'un puisse ne pas t'aimer, parce que tu aimes mettre les gens au pied du mur et essayer de les faire craquer, parce que tu es incapable de voir le monde à travers des yeux qui ne sont pas les tiens, parce que

- Mais encore ?

- Quoi, ce n'est pas assez ?

- Ca explique pourquoi tu ne m'apprécies pas, mais pas pourquoi ça a dégénéré depuis quelques mois, pourquoi tu te comportes avec moi comme la pire des garces.

- Il n'y a rien d'autre à dire.

- Menteuse.

- Pas grave si tu ne me crois pas.

Sans préambule il la plaqua contre le mur par les épaules et se plaça de telle façon qu'elle ne puisse ni se dégager ni lui décocher un coup.

- Qu'est-ce que c'est, lui redemanda-t-il le visage à quelque centimètre de celui de la jeune femme.

- Tony lâche-moi.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Je te jure Tony si tu ne me lâches pas je vais …

- Des menaces tout ça. J'en assumerai les conséquences plus tard comme l'adulte que je suis vraiment, pour l'instant tu n'as d'autre choix que de me répondre.

- Avec un coupe papier bien effilé

- Ou une petite cuillère, un trombone ou même une agrafeuse. Oui je sais tu es une redoutable petite tueuse à la solde du Mossad.

- Ex

- Comme tu veux.

- Tu ne vas pas me lâcher hein ?

- Nope.

- Et Gibbs derrière toi ne te feras pas bouger non plus

Il savait qu'elle bluffait mais comme Pavlov et son chien il était conditionné. Qu'il entende le nom du boss alors qu'il agissait de manière contestable et il se figeait et rentrait la tête dans les épaules.

Et Ziva cette diablesse le savait.

Aussi ne fut-il pas autrement surpris quand profitant de sa nouvelle posture elle parvint à se dégager et d'un jeu de jambe magnifiquement exécuté il se retrouva dos au sol une semelle de ranger plaqué contre sa gorge et Ziva le surplombant.

- On fait moins le malin maintenant, Casanova.

Il laissa un petit rire s'échapper de sa gorge.

Et à sa grande surprise la jeune femme y répondit par un identique.

Alors qu'ils venaient pour la première fois depuis des mois d'utiliser la violence physique l'un contre l'autre la tension s'effondra d'un coup, les laissant las, épuisés.

Et au bout de quelques minutes :

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? On ne va pas rester ici toute l'après-midi. Et le sol commence à être froid.

- Le mur de tout-à-l'heure l'était tout autant.

- Ne t'attends pas à des excuses de ma part.

- Règle n°7 je sais.

- Non, juste rien à pardonner. Et c'est la 6 pas la 7.

- Oh, alors me molester et me forcer à parler sont choses normales dans ton univers ?

- Tout de suite les grands mots.

A n'importe qui d'extérieur il aurait semblé une reprise des hostilités, mais le ton n'y était plus. Ni même l'envie. La colère et le vindicatif avaient cédées la place à la lassitude.

- Alors c'est fini ? demanda la jeune femme et tous deux savaient qu'elle ne parlait pas uniquement de la conversation ou de leurs problèmes de collaboration lorsqu'elle lui tendit la main pour l'aider à se relever.

Il hocha la tête, l'utilisation des mots auraient de par leur portée destructrice était trop violent, même la simple affirmation qu'était le oui et que l'on utilisait pourtant des centaines de fois chaque jour.

Fini.

Comme un mariage, comme la course du soleil à la tombée de la nuit.

C'était douloureux, mais salutaire.

- Quand vous aurez fini vos cabrioles et vos messes basses nous avons un marine mort à Norfolk rugit la voix grave de Gibbs au bout du couloir.

Maintenant il restait à le dire au boss. Qui n'était pas dans ses bons jours apparemment.

Il se tourna vers son ex-équipière en fouillant dans sa poche de veston d'où il en sorti un objet circulaire.

- Pile ou face.