Free Your Mind

16


Il y avait beaucoup de mouvement et de panique, les pompiers étaient en route et déjà leurs sirènes retentissaient dans toute cette cohue Matthew suivait Bowman avec vigilance, tenant fermement le bras de Freddy afin de ne pas le perdre. Son cœur battait fort, mais son asthme ne menaçait pas de le perturber durant son avancée. Bowman tendit son badge vociférant des ordres à qui pouvait bien les entendre faisant évacuer le trottoir et les alentours, faisant fuir les badauds qui observaient la scène sans aucune autre réaction que l'intérêt morbide pour une catastrophe éminente.

- Il se passe quoi ? »
- Qu'est-ce que j'en sais ?! Mais cette alarme ça n'a pas l'air génial. »
- C'est une alarme à l'anthrax, croyez-moi je la connais bien ! »
- Anthrax ?! Mais comment a-t-il pu s'en procurer. »
- C'est n'est pas le comment qui est important Farrell, c'est le si ! Gabriel a déclenché ces alarmes dans mon bureau à Washington, mais c'était une diversion, est-ce que cet homme est un plaisantin, ou bien est-il sérieux… »
- Ou bien… attend-il qu'on regarde un pion tandis qu'il en bouge un autre… »
- Comment ? »
- Une technique d'échec ! Freddy ! Si tu étais un génie du mal qu'est-ce que tu ferais, durant que la police scientifique est occupée et que tous les secours sont au même endroit, possiblement tous les flics de la zone ? »
- Un gros coup ? »
- Mais quel genre ! Qu'est-ce qu'un homme comme lui veut, ou de quoi a-t-il besoin ? »
- De victimes, d'effacer des preuves ? Mais on a rien sur lui. »
- Bowman ?! »

L'agent du FBI fronça les sourcils, comme si le fait de parler chagrinait l'homme protocolaire qu'il est, mais Farrell n'avait pas le luxe de ménager son supérieur, surtout pas dans un moment comme celui-là. Certes, ce n'était pas un firesale, la nation n'était pas menacée, mais l'homme qu'il aimait et Adam étaient dans de sales draps et si toutefois Trey était un maillon de toute cette frasque, il se devait d'agir maintenant.

- Un message a été trouvé, j'ignore l'histoire mais deux des hommes de Taylor sont partis sur cette piste. »
- Seuls ? »
- Normalement avec du personnel de la criminelle. »
- Et avec un tel grabuge ? »
- Si le périmètre est sécurisé et qu'ils sont en sous effectifs… ils ne vont pas tarder à quitter les lieux. »
- Faut trouver Jo ! »

Ses yeux verts scrutèrent le hall, elle avait mis sa manche devant sa bouche lorsque la fumée blanche s'était élevée des conduits d'aération et avait sommé Sid d'en faire autant, mais si c'était véritablement de l'anthrax ils avaient peu de chance de s'en sortir. La fumée homogène bouchait la vue, elle piquait les yeux et c'est à l'odeur qu'elle reconnu celle du gaz lacrymogène utilisé par les forces de l'ordre. Jo soupira de soulagement, car bien qu'elle n'ait pas confiance dans le Cavalier Noir, elle ne l'imaginait pas un seul instant être autre chose que ce qu'il est : un tueur stratégique, froid et distant, mais surtout préférant la torture et le contact avec ses proies. Mais si tout ceci était un tour de passe-passe pour abattre un véritable coup à la polie scientifique elle n'avait aucune idée de son véritable but. Bien entendu, elle pensa à Mac, mais son supérieur était déjà parti, alors qui tomberait ? Il n'avait certainement pas usé de cette si célèbre, mais néanmoins triste phrase, qui avait coutée la vie d'un membre de la police scientifique de Miami lors de l'attaque à un gaz halon du laboratoire d'Horatio Caine !
Une fois sortie du bâtiment elle tira Sid loin de la cohue.

- Ne frottez surtout pas vos yeux. »
- Par ici, c'est du gaz lacrymogène, il nous faut de l'eau. »

Jo fit signe à un pompier qui ne savait pas par où commencer, très certainement dû au fait qu'il ne comprenait rien aux différents symptômes tandis que l'alarme anthrax les faisait s'affairer à passer leurs tenues les plus sexy, masque à gaz inclus. L'homme qui n'avait pas encore passé la combinaison intégrale, les poussa vers un abri provisoire dans lequel des membres des services sanitaires répertoriaient les différents symptômes et malgré son badge et ses dires, il faudra plus d'une heure à tout le système pour classer la menace d'anthrax à la poubelle. Une heure durant laquelle Jo n'avait pas quitté Sid une seule seconde, plus fragile qu'elle à ce genre de produits.

- Jo ! »
- Farrell ? »
- Où sont vos hommes ? »
- Quels hommes ? »
- Ceux sur la piste du Cavalier ?! »
- Sheldon et Danny ? »
- Ils sont en danger ! »

Un peu plus en retrait, Lindsay qui s'occupait d'un groupe de jeunes scientifiques se tut, son dos se redressa et son regard tout à coup alarmé se posa sur le geek qui esquissa une grimace de gêne.

- Tout ceci… c'était juste une distraction… »
- Mon dieu ! Lindsay, file vers l'appartement de Mac, ta fille et la nounou doivent y être, j'espère que Don n'a pas été obligé de quitter l'endroit à cause de tout ce remue-ménage. Un de vos hommes peut l'accompagner ? »

Bowman fit simplement un signe de la tête, il esquissa un signe du bras, appelant deux hommes habillés comme des gardes du corps. Farrell se dit qu'ils avaient une touche d'agents de la CIA, mais il osa en ricaner car il n'en savait que ce qu'il en voyait dans les films d'actions et ce n'était souvent pas la réalité ! Il observa vaguement la jeune femme se diriger vers le parking accompagnée des agents pingouins puis il suivit Miguel et Jo en compagnie du Warlock. Il n'était pas à l'aise à l'arrière de la voiture certes banalisée du FBI, car il s'était déjà assis dans ce genre de véhicule, jamais pour les bonnes raisons et la dernière fois, John avait été assis devant ; une bien meilleure protection pare-balle que son supérieur ! Mais, il devait relativiser, aucun hélicoptère n'allait les mitrailler et aucun ninja yamakazi n'allait leur tomber dessus. Après avoir pris trois longues inspirations, il connecta son ordinateur portable faisant parler Jo de leur découverte.

- Je l'ai ! Terrence Clark, ou le boucher de la côte est. C'est un tueur qui a sévi pendant quatre ans dans l'état de New York. Il tuait toujours des pères de famille, parfois devant les yeux de leurs enfants. Sa dernière victime, Percival Gawaine était un importateur d'art venant d'Angleterre. Sa famille était à Londres durant les faits, mais je viens de trouver un second mariage sur le sol Américain. Catherine James, leur fils Allan a été placé après la disparition de sa mère quelque mois plus tard. D'après la déposition de la mère, Allan était dans le bureau de son père au moment des faits, il s'est caché dans une caisse de livraison et n'a été découvert que dix heures plus tard par un policier qui était revenu sur les lieux du crime lorsque la disparition du fils a été révélée. »
- L'affaire Clark remonte bien à 16 ans ? »
- Oui pourquoi ? »
- Quel âge avait l'enfant ? »
- 15 ans, il n'a pas l'âge pour être le Cavalier. »
- Le Cavalier, non… mais pour être son bras droit, oui. Les James avaient de la famille ? »
- Hum… Catherine avait un frère cadet. »
- Pourquoi n'a-t-il pas pris l'enfant ? »
- Je trouve peu de choses sur lui. Il n'a ni carte de crédit, ni téléphone, aucune facture… Il a gardé comme domicile l'adresse de sa sœur. »
- Son nom ? »
- Keith Andrews. Visiblement ils n'ont pas le même père… Je suis désolé, je dois pirater le serveur des services sociaux. »
- Quoi ? »
- Il a disparu des écrans durant toute son enfance, pas d'école, rien… »
- C'est quoi ce gosse ?! »
- Placement dans un… centre d'accueil résidentiel pour mineurs… c'est… un hôpital psychiatrique ?! »
- Voilà notre Cavalier. Tu peux nous avoir son dossier ? J'ai pas le temps de traiter avec le bureau des affaires pour mineurs. »
- Deux secondes. Leur système de protection est un véritable gruyère ! Je l'ai ! Keith Andrews a été interné par le père de Catherine à l'âge de douze ans, après qu'il ait essayé de tuer son beau-père. J'ai le dossier des services sociaux, Catherine a vécu un enfer, son père la frappait et si y'avait que ça… Quand je me plaignais du mien qui voulait simplement faire de moi un sportif ! Le dossier est vraiment moche et les photos des plus parlantes. La mère s'est enfuie avec sa fille, enfin officiellement, j'ai aucune trace de Madame Andrews après ça. »
- Elle a dû fuir et vivre sous une fausse identité. Et Keith ? »
- Il est sorti à dix-huit ans de l'institut, un mois plus tard Monsieur Andrews avait disparu. Perso, je le pleurerais pas ! Après ça, Keith est passé sous les radars jusqu'à ce qu'il emménage avec sa sœur, juste après son mariage avec Terrence. Attendez… Y'a un truc qui colle pas. J'ai les allée et venues de Clark… d'après le certificat de naissance Allan est né… onze mois après le dernier départ de son père. C'est… possible ça ? »
- Ce n'est pas le fils de Terrence Clark. »
- Oh… oh… ça veut dire que… oh ! Oh mon dieu ! »
- Il a protégé sa sœur, c'est certainement le seul maillon faible qu'il puisse avoir. Tu sais où elle est ? »
- Aucune idée, j'ai rien. »
- Si il a su que l'enfant était le sien… sa nouvelle disparition n'augure rien de bon ! »

C'était un fait… Après que Jo ait essayé de joindre ses deux hommes plus d'une fois sur la route, ils se trouvait devant une vielle maison mal entretenue, la porte d'entrée était ouverte et l'odeur qui se dégageait de l'endroit lui donna envie de vomir, mais il n'avait pas envie de rester seul dehors puisque Bowman avait sorti son revolver et entamait son entrée dans le hall. Matthew observa Freddy du coin de l'œil, serrant son sac contre son torse comme une armure, il pénétra le hall lorsque Bowman dit que l'endroit était dégagé. Le corps momifié d'une femme était allongé dans un grand lit aux draps d'un violet perlé, il y avait presque quelque chose de poétique à la voir dans une robe blanche, un bouquet d'immortelles entre ses doigts décharnés. L'endroit était propre tout comme les draps, quelqu'un venait régulièrement nettoyer la chambre et prendre soin du corps qui reposait là. Il n'avait certainement pas tué sa sœur dans la violence qui lui est propre. Ce qui attira son intérêt ce fut la mallette scientifique abandonnée sur le sol, Jo appela Danny puis Sheldon, mais personne ne répondit. Lorsque la porte d'entrée claqua à cause d'un courant d'air Matthew sursauta manquant de sauter dans les bras du Warlock qui haussa un sourcil circonspect.

- Où sont vos hommes ? »
- Je n'en sais rien. C'est le matériel de Danny, j'ai même son insigne… Il y a un sous-sol ? »
- J'ai rien vu de tel. »
- C'est une vielle maison, il doit y avoir un sous-sol. »
- Faites attention… le parquet est vraiment pourri à certains endroits. »
- Quittez pas les deux geeks des yeux, compris ? »
- Vous en faites pas. »

Matthew se sentait de moins en moins à sa place sur le terrain, il lui manquait quelque chose pour se sentir en sécurité qui plus est, le manque de balles et de danger était bien plus angoissant qu'autre chose, car le Cavalier était méthodique et justement plus imprévisible que des mercenaires bourrés de testostérone. Il avait du mal à déglutir et dut s'adosser un premier mur sur sa droite. Il devait être blême lorsque Freddy s'éclaircit la gorge, mais il n'avait pas cure de faire quoi que ce soit pour cacher son malaise. La vie de ces gens derrière un écran n'était qu'un fait divers, le scénario d'une série à gros budget comme il en consommait occasionnellement, à la différence près que tout ceci fut réel ! Comme le cadavre allongé sur son lit !
Lorsqu'il entendit Jo crier le nom de son collègue, il tressaillit car son timbre de voix était affolé, il s'obligea à garder le dos droit et le pas ferme, mais il dut sortir.
Lorsque Danny sortit de la maison quelques minutes plus tard, il était recouvert de sang, il pleurait entre les bras de Jo qui caressait ses cheveux. Farrell regarda distraitement des gens de la police scientifique fermer l'accès de cette double scène de crime sans vraiment vouloir réaliser ce qui se passait. Il entendit vaguement Danny psalmodier quelque chose ressemblant à « j'ai tout vu » et Matthew sut de quoi parlait l'homme. Tout était plus facile derrière un écran, même quand il s'agissait de quelqu'un de proche.

- Danny est sain et sauf, il n'est pas blessé, ne t'en fais pas. Comment se porte ta fille ? Parfait. Don est proche de toi ? Demande-lui ce qu'il a trouvé sur les frères Campbell. Oui ? Et Jake, il avait quel âge lorsqu'ils l'ont adopté ? Oui. C'est son véritable nom ? Parce que je pense qu'il s'appelle en réalité Allan Terrence, oui, c'est le seul homme capable de s'introduire dans nos locaux sans attirer la vigilance. Je pense que William Campbell a effacé toutes traces du passé de son fils. Je vois… tout s'explique. On retourne aux bureaux, je te renvoie ton mari aussi rapidement que possible, mais avec les évènements récents, si il décide de rester, je ne vais pas l'obliger à rentrer, le temps presse ! On ne sait pas où est Mac, il a laissé son téléphone dans son bureau. Il réagit comme un père, on sait ce que c'est, on ferait tous pour nos enfants, même l'acte le plus idiot qui soit ! »

Il reprit sa place dans la voiture auprès du Warlock qui avait décidé de sortir son pc, lui aussi et de le mener sur un petit jeu navigateur online histoire de détendre l'atmosphère pesante. Les flics faisaient ce qu'ils avaient à faire, il n'y avait rien qu'ils puissent décider sans les directives de Bowman ou de Jo et les deux s'occupaient du relevé des différentes preuves. Le Cavalier venait d'endosser le magnifique blason de tueur de flic, il commençait à avoir une belle panoplie !

Lorsque la faune locale se fit plus discrète Jo pénétra la voiture, il fut étonné de voir Bowman ouvrir la portière arrière et lui demander de se pousser. Sa surprise fut brève, puisque Danny, ayant passé un vieux survêtement de la police New Yorkaise, s'installa en avant.

- Ainsi donc c'est Harvey Campbell qui a trouvé le gosse ? »
- Oui, la photo a fait la une des magasine. La femme de William a voulu l'adopter peu après. Ils ont changé l'identité du gamin et Allan est devenu Jake. »
- Ce type serait le fis du Cavalier. »
- Peut-être ne le sait-il pas. Quoi qu'il en soit on doit retrouver Jake. »

Danny inspira longuement essayant de calmer le soubresaut de ses nerfs, il ferma les yeux, mais les rouvrit immédiatement.

- Je ne peux pas être mis sur la touche, je peux pas fermer les yeux et revoir tout ça. J'ai besoin d'être là. »
- Tu as besoin d'une douche et de vrai vêtements, ensuite tu ramènes tes fesses car on va le coincer. On retourne dans nos locaux. Matt, Fred ? On fait plus dans la dentelle, j'ai besoin d'une adresse. »

Le coup était puissant, il raisonna dans la petite pièce qu'ils occupaient, mais justement, la douleur, Adam la connaissait, il s'était familiarisé avec, et bien que sa joue brûlait, bien que du sang gouttait le long de sa barbe, il ne bougea pas, il ne dit rien. Il toisa la rouquine en silence, ne manquant aucun de ses mouvements et de ses regards. Ils avaient quelque chose en commun, il suffisait de la voir réagir en face de lui. On se croyait souvent seul lorsque l'on vivait le plus dramatique, mais c'était faux. Voilà pourquoi il reconnaissait les autres, ceux qui, comme lui avaient subi le pire et avaient réussi à s'en sortir, ou tout du moins à survivre.
Adam se demanda ce qu'il serait advenu de lui, si la haine avait été plus forte que sa bonne humeur et sa légèreté. Son père lui avait souvent dit que tout coulait sur lui, et c'était un fait. Adam avait la chance d'avoir une personnalité fluide, un côté clown triste et un cœur de gamin rempli d'espoir. Il avait eu son lot de difficultés, d'heures sombres et de dérives, pourtant il n'était pas arrivé à ce stade-là. Lorsqu'elle releva le bras, il la fixa des ses yeux et attendit le prochain coup qui lui entama la peau.

- Mon père frappait plus fort que ça. »

La fille sembla hésiter, durant un instant son regard trembla, mais elle lui asséna un autre coup, juste par plaisir. Elle haïssait les hommes, pourtant elle était entourée de trois d'entre eux et acceptait les ordres du Cavalier. Quel genre de relation avaient-ils ? Il ferma les yeux, s'imaginant rongé par la haine, par l'envie de vengeance, capable d'abattre ces années de maltraitance contre quelqu'un d'autre dans un transfert malsain. Il s'imaginait rencontrer quelqu'un comme le Cavalier, mais n'arriva pas à entrevoir une suite. Peut-être une sorte de syndrome comme on pouvait en rencontrer dans les sectes… son cœur n'était pas assez abimé pour visualiser ça.

- Cri ! »
- Non. »
- Je te ferais hurler, crois-moi. »
- Voilà longtemps que j'ai arrêté de me plaindre. »
- Si ce n'est toi qui hurle… ton frère le fera. »
- Je n'en ai pas. »
- Certes… mais aux yeux d'un homme vous l'êtes ! »

La cravache fonça sur son épaule, ses yeux se piquèrent de larmes, mais il tint bon.

- Pour un homme… tu es admirable, c'est tout à ton honneur… »
- Et toi, que faisais ton père ? Ou ton frère ? Ton oncle peut-être, voir ton copain ? Peut-être que tous les gars de ta famille t'ont fait du mal… t'ont passé dessus ? »

Il la dévisagea disant cela, plus il connaitra la femme, plus il saura par où la prendre. Malgré un faciès froid et illisible, ses yeux chancelèrent lorsqu'il parla du père et du frère, quelque chose ici, commença à se dessiner, il suffisait de voir ensuite la réaction qu'elle eut lorsqu'il termina son interrogatoire et qu'elle le frappa sans relâche jusqu'à ce que son bras n'en puisse plus.
Adam savait que les marques allaient certainement être permanentes mais ce ne seraient pas les premières ni les dernière. Celles-là, en tout cas, il n'en aurait pas honte.

- Je suis passé par là, moi aussi. »
- On a rien en commun ! »
- Pas grand-chose en effet. Je ne vais pas aller violer la première fille de passage pour lui faire payer ce que mon père et ma propre incapacité à me protégé m'ont fait subir ! »

C'était assez évident qu'il ne l'aurait pas en essayant de la raisonner, la rage était trop grande, maintenant, tout ce qu'il pouvait faire c'était d'attiser le feu jusqu'à la détruire ! Il ne faisait pas ça par bonté de cœur mais il ne voulait pas savoir qui était son frère, d'ailleurs il avait peur que ce soit Matthew et l'eurasien n'avait pas les épaules pour supporter un tel traitement. Les coups étaient plus forts encore à tel point qu'il s'écroula sur le sol. Son dos fut dévoré par les brulures et bien qu'il laissa s'échapper un gémissement, il ne supplierait pas.

- C'était pas ma faute ! »
- Tu es sûre ? J'parie que tu n'attendais que ça ! »

Lorsque la cravache se redressa, Adam se dit qu'il avait été trop loin, mais il fera face à son erreur. Il ne sut pas s'il devait remercier l'homme qui venait de pénétrer dans la salle, mais sa présence arrêta la folie de la rouquine au bord des larmes.

- Anna, garde ton sang-froid ! »
- Il ose…. »
- Tu n'es pas prête pour ce genre de choses, je l'avais dit au Cavalier… »
- Je peux le faire ! J'ai survécu ! »
- Survivre ne sert à rien si un vulgaire scientifique de la criminelle peut te désarçonner. Regarde-le… Il est plus fort que toi ! »
- C'est moi qui a l'arme ! »
- Alors montre-moi ! Montre-nous jusqu'où tu peux aller. »

L'homme toujours encagoulé tendit une sorte de scalpel à la jeune femme qui trembla, Adam n'aimait pas du tout le changement de programme, mais ne pouvait de toute façon rien faire pour se sortir de là. Quoi qu'il se passe maintenant, il était embarqué pour un aller simple vers l'enfer, il espérait simplement mourir rapidement si les sévices devenaient plus… créatives, car il jugeait avoir assez souffert durant sa vie. La botte de l'homme le retourna, afin de le disposer sur le dos. La position était douloureuse due aux blessures et à ses bras noués fermement dans son dos à tel point que ses doigts en étaient gelés.

- Comme il te l'a expliquée… en forme de Y. »

Y ? En forme de Y ? Attendez ? Comme les autopsies de Sid ? Il eut du mal à déglutir, car la vivisection n'était franchement pas un truc qu'il voulait tenter ! Il préférait les coups de cravache jusqu'au petit jour. Son cœur s'emballa, son regard vacilla lorsque la fille s'approcha et taillada son vêtement. Lorsqu'elle commença son œuvre, ça ne fit quasiment pas mal, car l'instrument était tranchant comme un couperet, il sentit d'abord le sang chaud couleur sur sa peau avant d'avoir une première information de douleur. Heureusement son calvaire prit fin abruptement, la main trembla puis le scalpel tomba à peine trois centimètres plus loin. Sa respiration haletante allait lui faire faire un malaise, l'hyperventilation ne faisait pourtant pas partie de ses petits problèmes mais là ça risquait de le devenir.

- Que la dame tombe. »

Il entendit vaguement la voix du Cavalier rire, elle ne grésillait pas, elle était nette, d'ailleurs il entendait ses bottes sur le ciment froid. L'espace d'un instant devant ses yeux troubles, il vit le visage de quelqu'un.

- Ce… garçon est intéressant. Bien plus fort mentalement qu'Anna. Emmène-le dans ma chambre, veux-tu ? »
- Et Anna ? »
- Qui ça ?! »

Les deux hommes semblèrent plaisanter de la mort de la reine, sans s'émouvoir outre-mesure, le gars avec sa cagoule le prit dans ses bras et le souleva, c'est à ce moment-là qu'il tourna de l'œil.
Lorsqu'il reprit connaissance, il était installé dans un fauteuil, la pièce lumineuse, l'obligea à fermer les yeux, afin de faire le point sans se bruler la rétine. Il était un peu pommé car il ignorait où il était. Sa première surprise fut de voir un bandage net recouvrir la blessure que la folle lui avait fait, la seconde fut de voir Mac allongé sur le sol. Durant un instant il eut peur que l'homme soit mort, aussi il se leva, tituba quelques instants avant de s'écrouler contre son boss et de vérifier sa respiration.

- Il va bien, j'ai peut-être un peu sur-dosé l'anesthésie, mais je n'avais aucune envie qu'il se réveille durant son transport, surtout que j'ai du faire une courte pause récréative avant de rentrer. »

Le Cavalier portait une tenue qui lui fit froid dans le dos, était-ce à cause de ce look de tueur dégénéré de séries, ou bien parce que ce genre de tenue n'existait que dans la police criminelle et seul les spécialistes en tache de sang ou les coroner se servaient de cet attirail... grosso modo les métiers les plus salissant ! D'ailleurs parlant de ça, ses manches en étaient maculées !

Adam était vaseux, il se rendit compte qu'il avait du être endormi durant un moment et ça lui fit presque peur, car un homme comme celui qui se tenait devant lui était plutôt du genre à aimer la douleur plutôt que la contourner. Alors quoi ? La pièce était froide, blanche, le lino dégageait une odeur de fort solvant, un arrière gout d'acétone et de javel, de quoi le renseigner sur l'utilisation de l'endroit. En regardant le fauteuil qu'il avait délaissé, il s'aperçut qu'il aurait toute sa place dans un cabinet dentaire, tout comme la lumière qui l'avait aveuglé et Adam eut soudainement du mal à déglutir. Il se tenait dans la chambre des tortures, pas celle où il se plaisait à frapper et violer ses victimes jusqu'à la mort, non, celle où il les découpait encore vivantes !

- Tu as son regard... pourtant, je sais maintenant que tu réussiras là où elle a échoué. »
- Qui ça ? »
- Anna. La première fois qu'elle s'est réveillé ici, j'ai vu un flash de terreur, puis de résignation. Et lorsque je m'imaginais déjà la tuer, elle m'a regardé dans les yeux. Droit dans les yeux, sans crainte aucune. Comme si elle défiait la mort tout en la demandant. Je pensais que seul McClane pouvait me charmer... mais j'ai eu tord. Pour une seconde fois de mon existence, j'ai trouvé quelqu'un que je ne veux pas tuer. »

Devait-il dire merci ? Il n'en était pas certain, car si il devenait la prochaine Anna, il n'avait pas envie de savoir ce que l'autre l'obligerait de faire. Il voulait sortir d'ici immédiatement ! La porte s'ouvrit à cet instant laissant entrer un homme qu'il connaissait, en tout cas de visu...

- Son père le frappait, j'ai trouvé son dossier. Un homme abusif qui a en plus abusé de lui d'une autre façon. »
- Je vois... »
- Rien ne présage dans son dossier qu'il serait ce genre de victime. »
- Après tout, McClane ne s'est pas intéressé à lui en vain ! Adam, vient ici. »
- Pour ? »
- Apprendre ! »
- J'ai aucune envie de faire du mal aux gens. »
- Voilà pourquoi tu seras parfait. J'ai toutes les raisons du monde qui te façonneront. »

Le Cavalier n'avait pas besoin d'expliciter ses propos, Adam n'était pas idiot, il comprenait ce qui allait se passer. Il savait quelles raisons valables pourra utiliser le blond pour qu'il cède. John... Mac... peut-être Matthew...

- Attache Mac sur le fauteuil, veux-tu ? »
- Qu'allez-vous lui faire ?! »

Le Cavalier ricana, durant un moment, il inclina la tête en sa direction. Le sourire qu'il lui envoya sembla joviale, mais de ce qu'il en savait, un homme comme lui ne ressentait aucune émotion... mais justement, qu'en savait-il ? Rien. Peut-être qu'il en possédait, mais tellement dénaturées pour le commun des mortels qu'elles paraissaient inexistantes. Adam se redressa, lentement, pas encore certain de son corps. Après un petit tangage dont il se sortit par une prise sur le Cavalier qui s'était approché de lui, Adam inspira silencieusement pour ne pas dire ou faire quelque chose qui pourrait trahir son malaise à toucher un homme comme celui-là. Il l'aida à soulever Mac et le disposer confortablement sur la chaise. Adam essaya de ne pas penser à ce qui se passera pour ne pas flancher. Il étudiait son terrain et imaginait un nombre incalculable de scénarios afin de sauver son boss si la situation dégénérait.
Il eut le temps de caresser le visage de Mac tandis qu'il revenait à lui. Adam lui lança un sourire, se retenant de glisser contre l'homme et le serrer entre ses bras.

- Adam ? »
- Je suis là Mac. »
- Ils t'ont rien fait. »
- Je vais bien. »
- J'ai eu si peur... de te perdre. »
- Vous en faites pas pour moi. »
- En effet Adam est certainement le plus apte à se sortir de ce genre de situation... Bienvenue parmi nous Taylor. »
- Mon... mon fils ? »

Adam baissa le regard soudainement incapable de soutenir le regard de son boss lorsqu'il apprendra la vérité. Les images lui revenaient en mémoire et il avait peur de ne pas pouvoir faire face à cette horreur qu'il avait cru avoir oublié.

- Il va bien. Va chercher notre invité. »
- Bien Cavalier. »

Son regard dut trahir les pensées confuses qui tergiversaient à l'intérieur de son crâne, une main propre mais gantée glissa dans ses boucles blondes tandis que le Cavalier se pencha vers lui comme pour lui révéler un secret au creux de l'oreille.

- Toujours avoir une carte de secours, toujours. Et garder la plus belle pour la fin. »

Voir Reed pénétrer la salle à la suite du bras droit du Cavalier était la plus belle image qu'il puisse voir sur le moment. Ça n'enlevait rien au tragique de ce qu'il avait vécu et de ce qu'avait vécu John, mais il se sentait mieux, plus fort, plus capable. Mac allait bien, Reed allait bien et connaissant leur hôte ça ne durerait pas, aussi, il devait en profiter maintenant. Cependant, il ne devait pas agir avant d'être certain de sa réussite.

- Pourquoi ? Jake... »

Jake ? Jake Campbell ? Adam comprenait maintenant pourquoi l'homme lui disait vaguement quelque chose. Il avait vu Carrie flirter plusieurs fois avec lui, sans jamais réellement à en savoir plus sur le gars, malgré que la fille s'était quasiment vu mariée avec ce mystérieux jeune prodige.

- Parce que... je n'ai rien d'autre à vous dire de plus. J'ai beaucoup de respect pour vous. Je vous ai vu depuis ma cachette... mais j'étais terrifié à l'idée de sortir.
- Vous n'étiez qu'un enfant. »
- Je n'avais pas peur du meurtrier, Mac, j'avais peur de moi. Du plaisir que j'ai ressenti en le voyant mourir sous mes yeux. L'indicible satisfaction d'un adolescent devant la mort et le danger. La réponse sexuelle face à une telle violence... Les Campbell pensaient pouvoir me soigner... D'un certain côté... ils ont réussi, regardez-moi. Mais de l'autre... »
- Vous êtes un tueur. »
- Certes. Comme la plus part des êtres humains. Vous vous en rendrez compte rapidement. »

L'homme fit volt-face, il tira Reed à sa suite, durant un moment Adam voulut suivre l'homme mais son instinct, son cœur le poussa à rester auprès de son boss. Il s'attendit à voir le Cavalier prendre une arme ou un scalpel, mais il dépliait un écran blanc puis enclencha un rétroprojecteur. L'image qui se dévoila sur le fond blanc le fit frémir et c'est lorsqu'il entendit la voix brisée de Danny qu'il défaillit. Ses jambes flagellèrent, il dut se tenir au fauteuil de Mac pour ne pas s'écrouler sur le sol.

Avec Freddy, il ne pouvait pas être plus fort, ils étaient parfait, en osmose, alors il se retroussèrent les manches et firent ce qu'ils savaient faire le mieux : Pirater. Virtuoses du clavier, ils se jetèrent à fond dans l'illégalité, qu'importait maintenant, après tout c'était pour sauver des flics et à grands maux, les grands remèdes. Il n'y avait plus de badge qui tienne, plus de protocole instauré par la loi, Bowman avait déjà assuré leurs arrières, le temps passait beaucoup trop rapidement pour prendre des gants. Et tout à coup l'évidence traversa les deux hommes, ils avaient une IP, une adresse... une chance de sauver leurs amis et plus encore.

- On l'a ! »
- Bowman ? »
- On y va, les geeks vous restez là. »
- Même pas en rêve, je veux venir, McClaine est là-bas et il m'attend ! Adam aussi ! Je dois venir ! »
- Y'a pas de place pour du babysitting, cet homme est un tueur froid et méthodique, son nouveau gout pour les jeunes hommes n'est pas à prendre à la légère. »
- Mais... »
- Tu les as trouvé, laisse-nous maintenant faire notre travail. »
- Ramenez-les moi vivants, Bowman. »

Matthew serre les poings, énervé par le fait d'être laisser derrière, mais il n'est pas un héro, il n'est pas McClaine, tout ce qu'il sait faire c'est pianoter sur un ordinateur... Freddy lui caresse le dos, tandis que les deux flic et la bataillon du FBI s'en va à la chasse. Il a fait son boulot, il a aidé, mais il aurait tellement aimé pouvoir en être.

- Quel idiot ! »
- Quoi ? »
- On continue, cet homme adore avoir le contrôle sur tout le monde, son repaire doit être saturé par un réseaux de surveillance secondaire, il faut trouver John et Adam, si je peux pas être là-bas, je peux au moins surveiller leur sauvetage. »
- Ok, on va les trouver. »
- Merci Freddy. »
- On est ami non ? »
- C'est ce qui fait de toi, ce que tu es. »
- Hein ? »
- Un truc que j'ai dit à McClane une fois. Tout le monde peut être un héro si il le veut ! »
- Alors soyons-le. Je me suis toujours demandé ce que ça faisait d'avoir une médaille ? »
- Rien, on te tapote l'épaule, on te fait un beau discours, beaucoup de blabla, tu passes à la télé, tout le monde veut t'interviewer et ensuite... y'a plus personne, à part tes amis de longues dates. »
- La Maison Blanche quand même... »
- Les petits-fours sont super ! »
- J'espère bien, j'en envie de voir dans quoi passe mes impôts ! »