Chapitre 3 : Rouge est la couleur du bonheur

Titre : Victime

Resumer : La vie calme et paisible de la jeune Hyuga se verra dégringoler dans les abimes de la haine, du désarroi, de la cruauté et du tourment pour un petit bout de papier... car ce petit bout de papier lorsque vous le recevez... signifie un allé-simple pour l'enfer des damnés.

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Cette fic est particulièrement... infâme si je puis dire xD donc malgré qu'il y ait "romance" (qui viendra petit à petit pour que ça soit logique) il y aura beaucoup de "rebondissements" pour sortir un peu des School-fics redondantes du site.

Disclaimer : Naruto est l'œuvre originale de Masashi Kishimoto.

Note : Hello o/ Tout d'abord je tiens à vous remercier pour vos coms, je vous assure des fois j'avais la FLEMME d'écrire la suite, puis je les relisais… et je me disais « Bordel mets-toi au travail Mika ! » Et ça marchait :D Donc voilà, il y a une chanson, ce n'est pas compliqué vous avez juste à ouvrir une nouvelle fenêtre (tel ou PC) et à l'écouter soit en même temps sans lire les lyrics de ma fic, ou en l'écoutant après ^^ Sur ce bonne lecture !

P.s : Pour les nuls en anglais… il y en a dans ce jet… bizarrement dans les histoires, les étrangers s'en sortent très bien avec le japonais/français… ce n'est pas véridique désolée de casser le mythe. GoogleTrad sera votre ami si vous êtes VRAIMENT une calamité.

Pourquoi ? Pourquoi en arriver là ?

Il la regardait faillir sur ses jambes oscillantes qui menaçaient de céder sous son poids. Ses yeux scrutaient, dévisageaient, mais surtout papillonnaient comme si les battements de ses cils la ramènerait sur terre, loin de ce rêve cauchemardesque, loin de ces individus corrompus par leur démence, loin de ces photos dépravées qui la représentaient sans vraiment la représenter.

─ Hinata ? Depuis quand tu fais des clichés de charme comme ça ? Ca ne provient pas des magazines hentai que la plus part des pervers s'arrache ? Demanda innocemment Ino devant l'ensemble des spectateurs.

─ Donc on disait vrai la dernière fois… t'essayes d'émoustiller les mecs pour te sentir désirer ! Cochonne ! S'écria Karin avant de rire un bon coup.

Elle ne les écoutait même pas, à vrai dire toute son attention était prisée par son visage collé à une anatomie dénudée qui n'était pas le sien : une dizaine de photos, des sous-vêtements de différentes matières et de diverses couleurs pour varier les positionnements aguichants de son soit disant « corps » qui était censé la portraire, et son innocent faciès… C'était un travail effectué à la limite de la perfection, l'admettre ne fit qu'accentuer sa peine et son désarroi. Elle complètement était perdue, elle n'avait jamais fait ça. Et pourtant c'était bien son visage, celui qu'elle chérissait en le crémant chaque matin, celui qu'elle démaquillait avant d'aller se coucher, celui qui faisait d'elle ce qu'elle était. Elle s'avança de quelques pas discrets, espérant de tout cœur qu'en se rapprochant une faille, une erreur de leur part pouvant démentir leurs accusations infondées, injustes, et grotesques s'illumine devant ses yeux opalins. Elle n'était pas devenue sénile en si peu de temps elle était encore consciente de ses faits et gestes, de la distinction entre le bien et le mal, de la malédiction qui s'abattrait sur elle si par malheur un de ses proches tombait sur l'un de ces « clichés » truqués. Elle savait encore ce qu'elle faisait, elle avait toute sa tête… alors pourquoi ?

─ Pourquoi…en arriver là ? Souffla-t-elle avec chagrin avant de laisser une larme couler le long de sa joue.

Les rires diminuèrent peu à peu devant ce spectacle que le corps étudiants se délectait.

─ Tu voulais garder le secret ? C'est ça Hinata ? Demanda Sakura malicieusement.

─ Ce n'est pas moi…

Elle avait murmuré d'une voix si faible que peu de personnes l'avaient entendu.

─ Comment ça « ce n'est pas toi » ? Tu vois bien ton visage non ?! S'écria Shiho en réajustant ses lunettes avec dédain.

─ Elle n'assume pas sa couverture cette garce ! Ce n'est pas parce que Dieu t'as gâté avec des seins pareilles que tu peux te permettre de poser à poile comme ça ! Ajouta Karin en montrant du doigt le tableau.

─ Ce n'est pas moi ! S'exclama Hinata en essuyant rageusement ses larmes. C'est un montage ! Je ne ferais jamais une telle chose ! C'est lui j'en suis sure, elle se tourna vers le valet de Sasuke en le fixant intensément, je reconnais ta voix…

─ Quoi ? Moi ? Dit Suigestu choqué. T'es complètement tarée ma pauvre… Si tu es dépassée que tout le monde ait découvert de ta véritable identité, ne blâme pas le premier venu hein ! Pauvre folle !

─ Je ne suis pas folle… c'est vous qui êtes assez naïves pour croire à ce que vous voy…

Ses paroles moururent dans sa gorge. Elle était désavantagée, seule, et incomprise. Elle le savait pertinemment que personne ne la croirait malgré ses récusations, étant donné que tout être humain lambda se basait sur ce qu'il voyait avant même d'avoir cherché à comprendre le « pourquoi du comment ». Elle essaya de stopper ses tremblements persistant en enroulant ses bras autour de son corps.

─ Hum ! Tu as compris toute seule… ou vas-tu nous sortir comme ces enfoirés qui trompent leur copine : « Chérie, ce n'est pas ce que tu crois ! » ?! Ahaha, déclara Ino en pouffant.

─ Non dans son cas c'est : « Tout le monde, je ne suis pas la catin que vous croyez ! ».

L'assemblée ria à gorge déployée, pendant que la brunâtre avançait toujours avec lenteur vers les affiches, tête inclinée. Hinata, ignorant les vipères qui crachaient toujours leur venin dans son dos comme si celles-ci ignoraient royalement sa présence en tant que bouc émissaire, contourna Suigestu qui était devant le tableau et releva ses yeux pour examiner à quelques centimètres le portrait le plus imposant parmi l'ensemble : elle souriait, ses cheveux bruns à reflets bleutés volaient au vent, et son corps de rattachement habillé d'une tenue de lapine où cette poitrine se voyait cachée par ces membres, était légèrement plus tanné que sa couleur de peau actuelle. On pouvait nettement voir la duperie à vue d'œil, surtout la ligne de contusion présente sur le cou du poster. Etaient-ils ignares au point de ne pas remarquer un trucage aussi flagrant, ou désiraient-ils juste la tourmentée jusqu'à qu'elle perde la raison ? Elle n'en avait cure car même si elle n'avait pas la réponse, même si ce corps n'était pas le sien, même si ce montage était moins bien fait qu'on ne pourrait le croire lorsque l'on s'en rapprochait, elle voulait faire disparaitre cette torture visuelle que certains étaient heureux de reluquer.

D'un geste rapide, net, et précis, elle attrapa le haut du plus grand poster avec détermination et entama la déchirure centrale de celui-ci, sous l'œillade surpris des élèves de sa classe qui s'étaient tus après le bruit strident du papier que l'on arrache. A peine eut-elle le temps d'arriver au niveau du ventre, qu'une poigne puissante s'empara de son membre droit. Elle s'arrêta soudainement, intriguée mais surtout alertée par une douleur qui la gagnait de plus en plus à ce niveau. Elle reporta son attention sur la personne qui la tenait, et que ne fut pas sa surprise lorsqu'elle croisa le noir inhumainement insensible dont elle aimerait se noyer si telle était l'unique solution pour qu'il la laisse enfin tranquille. Sa détermination débordante se rebiffa pour se transformer en peur incommensurable, cette frayeur semblable à celle de son père lorsqu'il était en colère contre elle. Elle essaya de calmer les fous battements de son cœur en expirant plus doucement, mais c'était peine perdue. Elle soutenait son œillade avec le peu de fierté qui lui restait, il ne fallait pas qu'elle lui donne cette autosatisfaction en perdant ce duel visuel. Il était derrière tout cela, elle le savait incontestablement. Elle devait assumer le choix qu'elle avait pris au téléphone dans la nuit, elle le ferait avec courage et volonté même si cela lui mènera à sa perte. Malgré un silence mortuaire montrant l'intensité avec laquelle tout le monde les observait, la brune décida de poursuivre son arrachage malgré la poigne dure de l'Uchiha. C'était son faciès, ses photos malgré elle, elle avait donc le droit de les retirer si sa « surprise de sa life » ne lui plaisait pas. Elle ne le quitta pas des yeux lorsqu'elle entendu de nouveau le papier qui se déchirait près de son oreille.

Le brun voyant que sa victime était d'humeur rebelle en cette journée ensoleillée, pressa d'avantage son poing sur son fin poignet, la faisant se tortiller légèrement en gémissant de douleur sous son regard satisfait. A vrai dire, Hinata avait amoindri au maximum son envie de crier le martyr en serrant les dents et en clignant plusieurs des yeux, sans que cela ne suffise pour démontrer à tout le monde qui prenait le dessus dans leur petite altercation. Elle reprit contenance en se redressant, un œil un peu plus fermé que l'autre, et continua ce dont elle avait commencé. Respirant fort et mal, elle savait qu'elle était en mauvaise posture et ce rictus qui s'afficha sur ses lèvres ne fit qu'accroitre son inquiétude sur la suite des évènements. Elle était totalement aspirée dans les iris de ce semblant d'être humain. A cet instant précis, elle lisait en lui comme si elle l'avait toujours connu… Elle y voyait de l'obscurité, de la méchanceté gratuite, et de la supériorité absolue. Elle avait compris ce qu'il s'apprêtait à faire si elle n'arrêtait pas. Aucun élève n'était au courant de ce qui se jouait dans la salle, si ce n'était lui et elle-même. Un frisson glacial parcouru son échine sans que personne ne s'en aperçoive mise à part son bourreau qui s'en délecta. Il lui sourit machiavéliquement en retour comprenant qu'elle venait de tilter sur ses intentions malveillantes. Le souffle haletant et la pression artérielle qui allait surement la faire tomber dans les abysses de l'inconscience, elle abandonna toute autre tentative de rébellion et lâcha le poster. Elle baissa les yeux d'un air honteux… elle avait perdu lamentablement.

─ Tu croyais vraiment défier Sasuke-kun là ? Pffuh ! Fonce dans le mur sérieux, déclara la rousse fanatique qui avait giflé Tenten.

Hinata ne dit aucun mot, se contentant de passer près de Sasuke pour rejoindre la sortie la tête baissée. Puis il murmura, assez fort pour qu'elle entende, assez faible pour que personne ne remarque ce qu'il venait de lui dire, quelques que mots qui lui glacèrent le sang.

Elle n'en revenait pas… il n'était quand même pas capable de… si ?

Les larmes menaçant de tomber une nouvelle fois, elle courut pour quitter la salle de classe le plus vite possible pour ne pas se ridiculiser d'avantage. Ses jambes l'emmenaient où bon leur semblait s'en qu'elle ne s'en rende compte, il fallait qu'elle trouve un endroit pour respirer de l'air frais, aérer son cerveau était devenu primordiale. Il était fou… il n'y avait pas d'autres explications plausibles.

« La prochaine fois que tu me tiens tête, je le fais » avait-il dit.

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Il était 9h, bien trop tôt pour sa personne qui nécessitait au moins dix heures de sommeil pour qu'il soit au plein de ses capacités intellectuelles et physiques. Il soupira devant le manque de professionnalisme de son ami qui avait lui-même souligner le fait qu'il n'avait pas intérêt à être en retard, sous peine de se prendre son pied dans la figure… Il était venu à l'heure, mais le principal concerné n'était pas présent.

─ Kiba... salopard, murmura-t-il appuyé sur le mur près de la porte d'entrée réservée aux professeurs.

Blasé par l'attente du jeune homme, il fouilla dans son sac de sport en cuir pour en sortir un paquet de cigarette fraichement neuf, près de ses deux drums stitcks en bois et de son gilet en laine tricoté bleu foncé. Aussitôt qu'il eut mis l'une de ses addictions en bouche, tout en retirant son briquet de la poche de son jean, la porte de secours s'ouvrit soudainement le faisant sursauter. Il vit une masse capillaire volant au vent à cause de la rapidité avec laquelle la propriétaire était sortie de l'entrebâillent. Sa chevelure était si claire au soleil qu'il n'avait jamais remarqué ces reflets bleus qui sortaient de l'ordinaire. Avait-elle fait une teinture depuis le jour où il l'avait vu pour la première fois ? Ou était-ce seulement dû au camouflage de la pâte qui couvrait son cuir chevelu l'autre fois ? Sortant de ses questionnements loin d'être importants, il suivit ses faits et gestes discrètement car la jeune femme n'avait pas l'air d'avoir remarqué sa présence.

Hinata s'assis sur le trottoir entre deux voitures, et s'essuya les joues rosies par ses larmes avec le tissu de sa veste. Après quelques secondes où elle s'efforçait de prendre le dessus sur ses émotions, elle releva sa manche droite où le leader de l'SNSG l'avait tenu fermement et émit un cri de stupéfaction audible dans tous les alentours tant elle ne s'attendait pas à voir une telle chose : son poignet d'origine blanc avait tourné dans une couleur violacé monstrueuse à voir. Elle était si choquée que la puissance -avec laquelle il l'avait empoigné- eut de telles répercussions, qu'elle en tourna et retourna son membre pour être sûre de ne pas être victime d'une supercherie. Hélas non, les teints pâles étaient de loin les peaux les plus fragilisées en cas de choc, et elle en était la preuve en cet instant précis. Comment allait-elle cacher cette horreur sachant que sa manche était trop courte, et qu'aller à l'infirmerie ne ferait qu'aggraver son cas ? Se voyant une nouvelle fois impuissante, elle ne put empêcher ses larmes de monter jusqu'aux bords de ses yeux.

─ Ouah… il ne t'a pas raté cet enfoiré…

Croyant être seule, la jeune Hyûga releva brusquement sa tête pour croiser les yeux marins de Naruto qui était penché sur d'elle. Tout d'abord figée par ce regard inoubliable quelque peu électrisant, elle reprit contenance en se levant subitement pour s'éloigner. Craintif vis-à-vis de son homologue, elle fit quelques pas en arrière provoquant l'entremêlement de ses jambes sous le coup de la panique. Menaçant de tomber ridiculement à la renverse tel un enfant qui apprenait à marcher, elle sentit une prise qui se voulait protectrice sur son poignet endoloris. Elle gémit sa peine en titubant, et se tint instinctivement au tee-shirt blanc de l'Uzumaki pour éviter de tomber à même le sol. Comprenant sa bêtise après avoir commencé par la partie de son corps qu'il fallait éviter de toucher, Naruto attrapa son avant-bras gauche qui la fit se stabiliser sur ses deux pieds.

─ Je ne vais pas te bouffer, qu'est-ce que t'as à fuir comme ça…

La brune lâcha timidement son habit, et souffla un « merci » presque inaudible.

─ Ouais de rien, répondit-il étant incertain qu'elle lui avait bien remercié.

Il jeta un rapide coup d'œil à son poignet, et la refixa.

─ T'as un truc pour la douleur ?

L'Hyûga secoua négativement la tête, faisant virevolter doucement ses cheveux de gauche à droite.

─ Alala… t'as jamais rien toi, dit-il en se dirigeant vers son sac qui était resté près de la porte.

Elle l'observait farfouiller dans ses affaires, retirant et réarrangeant à sa manière les quelques vêtements qu'il disposait, tout en marmonnant des choses qu'elle ne pouvait entendre d'où elle était. Il semblait contrarié…

─ AH ! S'écria-t-il en se levant pour la rejoindre.

Il lui tendit un rouleau de bandages blancs et un tube de pommade froide qu'elle prit entre les doigts. Elle dévisagea ce qu'elle possédait dans la paume de sa main, et reporta son attention sur lui avec une pointe d'incompréhension. Le blond fronça les sourcils devant cette attitude très peu reconnaissante.

─ Je fais du sport presque tous les jours, c'est normal que j'ai ça, affirma-t-il en allumant sa cigarette qu'il avait gardé en bouche. Tu veux que je t'apprenne comment on utilise le tout aussi ?

─ N-non non, je…

Elle baissa la tête et referma son poing sur ceux-ci. Tout était si flou dans sa tête, sans omettre la succession de péripéties qui ne faisaient qu'accroitre sa perdition. Mais malgré tout ce chamboulement cérébral, Hinata sentait une zone de clarté que la jeune fille aux macarons avait coutume d'éveiller… Mais aujourd'hui, elle n'en était pas la cause.

─ Dis-moi Naruto-kun… pourquoi tu… tu fais tout ça pour moi ?

Dès que le bout de sa barrette de nicotine s'enflamma, le blond rangea son briquet dans sa poche arrière et aspira une taffe avant de la souffler au-dessus de sa tête, évitant que l'oxygène de la jeune femme soit pollué. Il la prit entre ses doigts et plongea son regard dans ses yeux nacrés remplis d'anxiété.

─ Comme ça…

─ « C-comme ça » ?

─ Hum, fit-il en hochant la tête.

─ M-mais tu… fais partie de l'SNSG… tu devrais être-

─ Contre toi ? Tu veux que je te martyrise comme les autres pour que tu te sentes mieux ? Questionna-t-il avec une pointe d'irritation.

─ N-non ce n'est pas…ça, dit la brune avant de tourner son œillade ailleurs, perturbée

─ Vous les femmes… jamais satisfaites. Le titre de l'SNSG… tu crois vraiment que nous quatre on avait vraiment du temps à perdre pour cogiter sur un surnom qu'on nous donnerait arrivés au lycée ? Pff ! Un ou une imbécile à trouver ce pseudo que je trouve ridicule, et les autres ont suivi comme des moutons. Non mais franchement… pourquoi pas NSSG ? Ou NSGS ? Ou NGSS ? Il n'y en a toujours pour Sasuke de toute façon…

Hinata avait envie de rire. Alors ce qu'il trouvait ridicule c'était uniquement que la première lettre de son prénom soit en deuxième position ? Elle était dépassée par ces révélations, elle se retint du mieux qu'elle put et appliqua la pommade sur son poignet pour penser à autre chose. Le blond remarqua le fin rictus qui s'était affiché sur son visage, il sourit discrètement et soupira.

─ Sasuke veut uniquement que tu lâches l'affaire… il déteste les gens qui lui tiennent tête, encore moins les filles.

─ Je n'ai absolument rien fait de mal… j'ai juste défendu Tenten. C'est mon amie après tout, je ne pouvais pas la laisser faire, elle se tut en repensant à la scène du réfectoire et reprit, ça devant tout le monde…

─ T'as jamais remarqué qu'à chaque fois qu'il lui arrivait un truc avec Sasuke, j'étais là pour l'emmener loin ? C'est une manière de la protéger sans que ça soit trop « direct »… Il n'a pas le droit de s'attaquer à Tenten, mais elle fait toujours des gaffes qui le mettent dans tous ses états. Ce Sasuke… on dirait constamment une femme en « période rouge », déclara-t-il avant de pouffer sous sa propre blague, l'air pensif.

Hinata se rappela des deux fois où Naruto était effectivement là pour décroitre la pression environnante. D'après ses dires, il avait à chaque fois détourner le brun taciturne pour son amie aux chignons ? Comment avait-elle pu croire que c'était pour elle… Elle expira profondément pour évacuer sa frustration et déroula le bandage autour de son poignet sans trop le serré. Le blond n'ayant pas remarqué son tourment poursuivit sa tirade.

─ Tu fais partie des rares personnes qui ont autant retenu son attention. Pas dans le bon sens non plus mais… tu fais carburer son imagination débordantes d'idées les plus tordues les unes que les autres. Plus tu tiendras, plus son intérêt vis-à-vis de toi grandira.

─Et… c-comment arrêter tout ça ? Questionna-t-elle totalement paniquée à l'idée qu'il aille plus loin.

─ Tiens bon, répliqua-t-il en lui souriant de toutes ses dents. Ne lâche jamais l'affaire, quoi qu'il arrive. Sinon bien pire t'attendra, être sous ses commandes serait similaire à de l'esclavage. Tu encaisses à cet instant, mais tu es encore libre de tes mouvements… tiens lui tête, ou quitte cette école.

La brune fixait ses chaussures intérieures légèrement abimés à cause de ses courses effrénées répétitives. Songeuse à l'idée d'être sous la tyrannie du leader, elle en conclut par découlement logique qu'il fallait qu'elle résiste, qu'elle encaisse jusqu'à qu'elle en meurt de folie, car abandonner cet établissement était tout simplement… inimaginable. Elle se mordit légèrement la lèvre inférieure et porta son attention sur le blond qui n'avait pas raté une miette de ce combat intérieur.

─ Je n'abandonnerai jamais… Naruto-kun.

Une brise vint se lever, faisant tourbillonner sa crinière noirâtre qui laissait échapper une odeur de mûres dans l'air dont le blond humecta à plein nez. Ses yeux pâles étaient remplis de hardiesse et de résolution, de self-control et de confiance en soi. En quelques mots, il lui avait fait oublier tous les désagréments de sa matinée. Il sourit de satisfaction.

─ Mais bien sûr Hinata-chan, je crois en toi, dit-il en aspirant une bouffée de sa cigarette avant de la jeter à terre. Tu devrais rejoindre le cours de micro, vous commencez dans cinq minutes.

La brune resta de marbre face à sa suggestion tant elle était surprise par ces quelques mots. Il croyait en elle ?

─ Hinata-chan ? Appela le blond en fronçant les sourcils.

─ Hum ? O-oui je vais y aller, dit-elle émergeant de ses pensées, tout en lui tendant ses affaires. Merci encore…

─ C'est rien ! Allez va.

Elle s'inclina brièvement devinant qu'il n'était pas de ceux qui accordaient une importance aux formalités, et courut pour rejoindre sa salle de classe qui allait débuter dans quelques instants. Elle se retourna une dernière fois avant de fermer la porte, et vit que Naruto ne l'avait pas quitté des yeux depuis ces quelques mètres. Elle rougit légèrement, s'engouffra à l'intérieur sans émettre un commentaire et s'engagea dans la cage d'escalier qui la séparait de son cours de microéconomie en montant les marches deux par deux.

Lorsque l'entrée des professeurs se scella contre son entrebâillement, Naruto entendit à cet instant précis une voiture qui venait de faire son apparition. Le propriétaire du véhicule se gara sur une place de parking libre, et éteignit le moteur de sa Ranch Rover grise métallisée. Il sortit de celle-ci l'air heureux, et héla le blond comme si de rien était.

─ Ça ne va pas chez toi ? Tu sais il est quelle heure Kiba ? Interrogeât-il avec haine.

─ Oh ça va hein ! J'étais parti louer ce petit bébé. Dis bonjour à oncle Naruto, 4x4 ! Déclara-t-il enthousiaste en tapotant sur la portière.

─ Tu me fais de la peine de fois… bref, il faut que tu m'aides à descendre les sacs de ma batterie. Ils sont dans une salle au troisième étage.

─ Qu'est-ce qu'elle fiche là-bas ?

─ Je m'entraine à l'école parfois, mon tuteur a horreur du son que ça produit…

─ Ton tuteur n'y connait rien à la musique, affirma l'Inuzuka en croisant les bras.

─ Effectivement. Où est ta belle ?

Les yeux de Kiba pétillèrent devant cette demande. Il s'empressa d'ouvrir le coffre grâce au bouton présent sur sa clé de voiture, et en retira une longue mallette noire faisant un peu moins d'un mètre de long.

─ Je te présente Gatsuga, murmura-t-il en l'ouvrant très peu, permettant tout juste à l'Uzumaki de jeter un rapide coup d'œil.

Le blond en resta bouche bée. Sa guitare électrique était rouge étincelante avec un dégradé plus sombre sur les côtés, les rayons du soleil ne faisaient qu'accroitre sa beauté dans toute sa splendeur. Elle était intacte, aucune égratignure n'était visible. Il devait vraiment aimer son instrument pour l'avoir conservé dans cet état depuis le temps passé.

─ Magnifique…

─ Oui je sais, répondit-il en la refermant. On a combien de temps pour se préparer ?

─ Moins de trois heures.

─ Ça devrait le faire ! S'exclama-t-il en fermant sa voiture. Hé dis-moi Naruto, j'ai vu une brune qui courrait quand j'arrivais… c'était qui ? Une fille que tu venais de jeter ?

─ Mfh, non ! C'était la victime de Sasuke.

─ Tu lui implorais de ne pas abandonner avant la semaine prochaine ? Ahaha !

─ Kiba, je n'ai jamais été autant sûr de mon coup. Cette fois-ci, ces sept cents mille seront à moi, répliqua-t-il assurément.

─ Qu'est ce qui te fait dire ça ?

─ Mon visage, il montra celui-ci de son doigt, et mes paroles, Kiba.

L'homme aux tatouages rouges sourit de toutes ses dents tant cette histoire de Detarame devenait de plus en plus épique.

─ Qu'est-ce que tu lui as dit ? Interrogeât-il pendu sur le bout de sa langue.

─ Secret défense…

Il mit son doigt devant ses lèvres et souffla un « chut » plus qu'exaspérant aux yeux du guitariste. Ils entrèrent l'un derrière l'autre dans les locaux de leur établissement, Kiba insistant encore pour obtenir plus d'informations que le blond semblait ne pas vouloir partager.

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─ J-je suis désolée, sensei…

Respirant avec difficultés à cause d'un sprint contre la montre qui l'avait devancé, la brune essayait de se donner l'air sérieux en restant droite, sans montrer une once de faiblesse morale ou physique.

─ Entrez, mais tachez d'être à l'heure… mademoiselle ?

─ Hyûga Hinata, sensei, dit-elle en s'inclinant avant de regagner sa place près de la fenêtre, à gauche de Tenten.

─ Bien, dit-elle en réajustant sa chemise blanche qui se mariait parfaitement avec son pantalon à coupe en cigarette beige. Ne perdons pas de temps, je suis Shizune, professeur de microéconomie. Si vous me cherchez pour une quelconque raison, sachez que vous ne me trouverez pas dans la salle des professeurs. Je suis aussi la psychologue du campus, dans l'aile de la direction où vous trouvez l'infirmerie de Kouchou-sensei. Que ce soit pour les cours ou pour vos problèmes personnels, contactez moi par mail, ou rendez –vous sur place. Le cours de microéconomie que je vais introduire dans quelques instants sera basé sur ces manuels scolaires empruntables dans la bibliothèque du campus, ou procurables en librairie. Je vais vous les référer sur le tableau.

Elle tourna sur elle-même faisant claquer ses talons noirs en écaille de serpent, et écrivit ses coordonnées ainsi que les références littéraires pour sa matière scolaire à l'aide d'un feutre effaçable.

─ Tenten ? Appela l'Hyûga car la jeune fille aux macarons l'avait totalement ignorée depuis son arrivée. Tenten !

─ Oui ? Dit-elle sans se retourner, comme absorbée par ce qu'écrivait leur professeur sur le tableau.

─ Qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne me parles plus ? Demanda-t-elle inquiète car ce n'était pas dans ses habitudes d'agir de la sorte.

─ Mais je te parle Hinata, tu vois bien que je le fais là…

La brune savait qu'une chose n'allait pas… Pourquoi son amie ne la regardait dans les yeux quand elle lui adressait la parole ? Comme prise d'adrénaline, elle poussa l'épaule gauche de Tenten contre le dossier de sa chaise, la forçant à se retourner de trois quarts vers sa personne. Lorsqu'elle croisa enfin le regard noisette de celle-ci, elle comprit instantanément et toutes ses récentes questions s'évaporèrent en ayant déjà l'idée du scénario qui s'était joué en son absence. Ses yeux opalins s'écarquillèrent de surprise et sa bouche s'entrouvrit légèrement à cause du choc.

─ Avant toute chose, laisse-moi t'expliquer ! Susurra fortement la jeune fille aux macarons. Quand je suis arrivée, tu étais déjà partie ! Puis j'ai vu toutes ces… ces horreurs et je n'ai pas pu m'empêcher d'hurler sur tout le monde tout en arrachant chaque poster –que j'ai déchiré en petits morceaux avant de les jeter par la fenêtre–, et puis Shiho en a rajouté une couche en t'insultant de… de tous les noms d'oiseau humainement possible et tu me connais… je… je lui ai mis mon poing dans la figure et ça a cassé ses lunettes… et Tayuya est venue… c'est Shikamaru qui nous a séparé quelques secondes avant que Shizune-sensei arrive…

De toute sa tirade, Hinata n'avait retenu qu'une seule chose : Tenten était blessée à cause d'elle. Rien de bien grave à vue d'œil, juste une légère ecchymose rougeâtre présente sur le creux de ses lèvres mais c'était déjà trop. Combien de fois allait-elle répéter à celle-ci de ne pas interférer dans ses problèmes scolaires ? Elle se sentait coupable de ne pas être intervenue à temps, mal à l'aise vis-à-vis de sa blessure, et inutile depuis le début de sa vie estudiantine.

─ Arrête de me fixer avec ce regard ! Ne me dis pas que tu penses que c'est de ta faute, hein ?!

─ Mais pourquoi tu te soucis autant pour moi… ce n'était que des photos truquées Tenten, et je sais que tout le monde était au courant mais faisait fi de ne pas l'être… ils les auraient enlevé avant que Shizune-sensei ne vienne de toute manière, répliqua-t-elle désemparée.

─ Je ne veux pas savoir ! Comment osent-ils… comment cet abruti de con de Sasuke… il est allé trop loin là…

La brune garda le silence et posa sa main contre celle de son amie qui était serrée avec tant de force qu'elle pensait que l'ancrage de ses ongles provoquerait le saignement de son propre membre. Après ce contact doux et chaud, Tenten se détendit instantanément et soupira devant la positivité abusive de la brunâtre.

─ Je vais bien, affirma Hinata en souriant.

─ Et bah moi non !

─ Bon jeunes filles, bien que vos chuchotements n'émettent que de médiocres décibels, j'aimerai obtenir le silence complet en ce qui concerne ce cours d'introduction. Mademoiselle Hyûga, je ne pense pas que votre retard de tout à l'heure vous permet un tel luxe…

─ P-pardonnez-moi… Shizune-sensei.

─ Je vous pardonne. Je vais passer dans les rangs pour vous distribuer ces feuilles d'exercices à rendre pour le prochain cours. Rien de bien sorcier, juste de la recherche sur le vocabulaire, et un peu de logistique par rapport à ceux-ci. Sortez de quoi écrire, ne perdons pas de temps, déclara-t-elle en frappant des mains.

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Midi pile, la sonnerie annonçant l'heure du déjeuner raisonna dans tout le campus. Leur professeur de microéconomie étant ponctuelle, avait déjà pris les devants en pliant bagage pour rejoindre ses collègues de travail à l'extérieur de l'établissement. En effet, Tsunade lui avait parlé d'une nouvelle petite échoppe de gyudon qui venait d'ouvrir près d'ici. Le saké vendu là-bas était apparemment moins cher qu'à l'accoutumé, et connaissant le tempérament impulsif de celle-ci lorsque cela concernait la boisson alcoolisée, elle répondit brièvement aux élèves qui faisaient exprès de lui poser des questions aussi inutiles et insignifiantes les unes que les autres, accentuant les gargouillements de son ventre qui criait famine.

─ Ça suffit ! Envoyez-moi un mail ! S'écria-t-elle en passant une main dans ses cheveux noirs.

─ Pauvre Shizune-sensei, murmura Hinata en suivant Tenten qui sortait de la classe.

─ Comment ?

─ N-non rien, dit-elle en secouant sa main. Tu as ramené ton bentô aujourd'hui ?

─ Hum !

─ Qu'est-ce que tu as fait de bon ? Questionna-t-elle curieuse.

─ Mmh… du riz… et une omelette aux crevettes et aux petits légumes, dit la jeune femme enthousiaste.

─ Miam, ça à l'air délicieux !

─ Je suis plutôt fière de moi sur ce coup-là ! Je te ferai gouter, tu m'en diras des nouvelles !

─ Hum, fit-elle hochant la tête.

S'apprêtant à tourner à droite pour emprunter le couloir qui menait au réfectoire, les deux jeunes femmes percutèrent une personne qui tomba à la renverse, faisant voler le dossier de papiers qu'elle tenait en main. La brune complétement confuse prit l'initiative de ramasser la paperasse à terre pendant que Tenten tendait sa main pour l'aider à se relever.

─ Rien de cassé ? Demanda-t-elle en reculant, usant de sa force pour qu'elle puisse se mettre debout.

─ Mhh… ça va, répondit son homologue en dépoussiérant sa jupe à plis bleu marine, ainsi que ses chaussettes blanches qui lui arrivaient aux genoux. « Les jeunes tombent quand les vieux s'élèvent » !

Hinata pouffa et tendit ses documents afin qu'elle puisse les récupérer. Elle en profita enfin pour examiner cette étudiante qui avait réussi à la faire rire en moins d'une minute : elle était foncée de peau, avait des yeux jaunes brillants hors du commun, et ses cheveux auburn mi- longs étaient ramenés en arrière par un serre-tête blanc qui se mariait parfaitement avec ses perles sur chaque côté de ses oreilles. Son maquillage léger se composait uniquement d'un fin trait d'eyeliner et de mascara qui faisait ressortir son regard de félin. Son haut était composé d'une chemise blanche recouvert d'un pull à maille très fine de la même couleur que le bas. La veste où était cousu le sigle de Konoha était suspendue sur son sac à main rouge vif qui se mariait parfaitement avec ses mocassins lustrés.

─ Ce n'est pas plutôt « Les jeunes s'élèvent quand les vieux tombent » ? Questionna la brune en souriant.

Really ? Hum je veux dire… ah bon ? Répondit-elle perdue.

─ Shakespeare, tu es de la langue de Shakespeare, affirma la brune en hochant la tête. Je suis Hyûga Hinata… et voici mon amie Tenten.

Nice to…enchantée je suis… Karui-sama, je viens d'Angleterre, dit-elle heureuse d'avoir pu sortir une phrase presque correcte.

─ « -sama » ? Répéta Tenten surprise.

─ Quoi ? Ce n'est pas bon ?

─ Karui-chan tu…tu n'as pas vraiment le droit de mettre un suffixe à ton propre nom, expliqua Hinata d'un air confus.

La jeune femme commença à marmonner des insultes en anglais que seule Hinata comprit. Apparemment, quelques conseils de dernières minutes avaient été faits par une personne peu fiable.

─ Je suis vraiment désolée, elle s'inclina maladroitement, je ne maitrise pas trop le japonais vous l'auriez compris… Je suis arrivée hier, et je commence seulement aujourd'hui…

─ Oh ! Et tu es dans quelle filière ? Interrogeât Tenten emballée à l'idée d'avoir une amie étrangère.

─ Je… dites, ça ne vous dit pas de parler en mangeant ? J'ai faim et je cherchais justement le… le… cafeteria ?

─ Oui enfin « la »… peu importe. Tu as raison, nous y allions de toute façon. On fera connaissance autour d'un bon repas, Karui-chan ! Supposa Tenten sous l'acquiescement enthousiaste de la nouvelle nippone.

Les trois jeunes filles se mirent à marcher en direction de la cantine, sous l'œillade dédaigneuse des élèves qu'elles croisaient en chemin. Les deux amies pouvaient nettement entendre des insultes murmurées à l'égard de la brune depuis le dévoilement de son shooting ce matin. Les nouvelles se répandaient très rapidement dans l'établissement, apparemment.

─ Pourquoi nous regardent-t-ils comme ça ? Demanda Karui en fronçant les sourcils.

Tenten jeta un rapide coup d'œil à Hinata et vit que celle-ci avait perdu quelque peu sa positivité précédente, sa tête penchée vers le sol en disant long sur le sentiment de détresses qui la possédait. Elle prit les devants pour éviter qu'elle ne se force à parle de choses qu'elle aurait préféré éviter.

─ Mmh… c'est une longue histoire… et il y a aussi le fait que tu…

─ Que… « je » ?

─ Que tu n'as pas de chaussures intérieures… c'est vraiment pas dans nos habitudes de rentrer ainsi, expliqua la jeune femme aux macarons d'un air penaud.

─ Mes chaussures, murmura l'anglaise en s'arrêtant. Mais je l'ignorais ! Je… on ne m'a rien dit à l'administration…. En Angleterre ce n'est pas hum… ce n'est pas… necessary

─ C'est rien, dit la brune en se redressant. Les élèves ici aiment en faire un peu trop…

─ De toute façon ils ne sont plus chargés des taches ménagères comme au lycée, donc je ne vois pas en quoi c'est leur problème.

─ Essaye de passer outre et de ne garder que les côtés positifs ici, Karui-chan.

─ Mah… je vais essayer. Mais c'est très mal parti… je en supporte pas les gens qui dévisagent de cette manière, affirma-t-elle avec une pointe d'irritation.

─ Après un bon repas, tout devrait rentrer dans l'ordre ! Je te prêterai une paire de chaussons, nous avons l'air de faire la même pointure parce que les pieds de Hinata…minuscules !

─ Mes pieds ne sont pas si petits que ça ? Réitéra-t-elle en les examinant, ne voyant pas le danger imminent qu'elle allait percuter.

─ Attention Hinata !

Tenten tira sur le poignet gauche de sa compère pour éviter que celle-ci se prenne la porte à battant qui menait au réfectoire. Une jeune blonde en sortit toute hystérique et hurla d'une force considérable dans le couloir :

─ CA COMMENCE !

L'Hyûga sentit comme une vague glaciale l'envahir de la tête aux pieds. Ca recommençait ? Encore un autre étudiant victime du châtiment de l'SNSG, ou plutôt, de l'abominable Sasuke ? Cette réflexion eut l'effet d'une fusion de ressentiments mêlant colère, peur , et appréhension vis-à-vis de sa nouvelle camarade qui ignorait tout de ce qui se jouait dans l'établissement qu'elle venait d'intégrer. Elle eut un mouvement de recul qui fut nettement repérable aux yeux de Tenten, et fixa celle-ci sans émettre un commentaire. Elle n'avait pas besoin de parler, c'était le genre de relation qui était si dense et intense qu'en une œillade toutes les informations primordiales circulaient.

─ Hum… Karui-chan, tu es sûre de vouloir manger ici ? Demanda celle au regard noisette.

─ Bah… c'est le cafet… la cafeteria non ?

─ Oui mais… c'est nul… en fait…

Nombreux élèves les dépassèrent pour atteindre les locaux à pas vifs, ce qui augmenta la curiosité déjà en alerte de la jeune auburn.

─ Qu'est ce qui se passe ? Demanda-t-elle en fixant la porte.

─ Hum… rien de… spécial ? Dit Hinata très peu convaincue par ses propres paroles.

Karui soupira et frappa du pied l'entrée du réfectoire comme pour annoncer à tous son arrivée. A peine eut-elle le temps de mettre ses deux membres à l'intérieur que le son strident d'une guitare électrique la sortit de sa contemplation. Elle dirigea instantanément son œillade vers la provenance de ces premières notes jouées comme toutes les personnes présentes, et dévisagea les deux jeunes hommes élevés sur quelques tables du réfectoire faisant office de scène : tout ce qu'elle avait retenu dans les premières secondes était que le guitariste avait des marques rouges visibles à des kilomètres à la ronde, et que le bassiste avait des yeux bleus semblables à ceux de sa cousine.

The White Stripes – Fell In Love With a Girl

Elle entreprit de se retourner pour demander ce qui se passait réellement dans l'endroit où elle était censée se restaurer, cependant les coups de batteries l'en empêchèrent, les chocs émis par les drum sticks se mariant parfaitement avec les cordes de la guitare électrique.

« I fell in love with a girl ! I fell in love once and almost completely She's in love with the world, but sometimes these feelings can be so misleading »

Hinata observa Tenten et vit que celle-ci avait la bouche ouverte et les aussi ronds que des boule de billard. Elle reporta son attention sur le concert improvisé tout en s'attardant lourdement sur un Naruto complétement possédé par son instrument, chaque coup se répercutant immédiatement sur les battements de son cœur, chaque coup orchestrant le rythme cardiaque de son métabolisme.

« She turns and says "are you alright?" I said "I must be fine 'cause my heart's still beating"
Come and kiss me by the riverside yeah Bobby says it's fine he don't consider it cheating now !
»

Ce court laps de temps où seule le silence faisait office de cohue, Naruto releva la tête et croisa l'œillade pâle de sa future richesse qui semblait désemparée par les évènements. Il sourit de plus belle et se remit à frapper sur sa batterie qui rythmait les pas de toute la masse estudiantine, ceux-ci frappant du pied à l'unisson pour chaque percussion envoyée.

« Red hairs with a curl, mellow roll for the flavor and the eyes for peeping. Can't keep away from the girl, these two sides of my brain need to have a meeting! »

La brune se mit à fixer le chanteur d'un air admiratif tant sa voix légèrement cassé s'associait convenablement avec chaque son produit. Il avait une étincelle dans les yeux qui faisait frémir, cette vision pénétrante qui, lorsqu'elle se posait sur l'une d'entre elles, provoquait un frisson qui parcourait la totalité de leur échine. Une goutte de sueur glissa le long de sa tempe induisant la passion avec laquelle chaque mot sortit était chanté avec ferveur, ce sourire ravageur qu'il avait le temps d'effectuer entre deux paroles faisait fondre toute la gente féminine.

« Can't think of anything to do,yeah my left brain knows that all love is fleeting. She's just looking for something new, and I said it once before but it bears repeating now ! »

Le guitariste s'éloigna du micro de quelques pas et continua de jouer sous les hurlements de ses nouveaux fans.

« AaaAaaa ah ! AaaAaa oh ! AaaAaa ah ! AaaAaa oh ! »

En détaillant l'assemblé, l'Hyûga remarqua que certains semblaient complétement ensorcelé par la musique. Ils s'égosillaient, sautaient à la cadence de la batterie, se tortillaient dans tous les sens comme ils avaient perdu toute contenance de leur propre esprit.

« Can't think of anything to do, yeah my left brain knows that all love is fleeting. She's just looking for something new, and I said it once before but it bears repeating now ! »

Il répéta une seconde fois la totalité des paroles de la chanson, qui s'avérait être très courte, avec l'appui des spectateurs. Lorsque les deux garçons jouèrent à l'unisson la dernière note qui clôtura leur concert d'un instant, un brouhaha assourdissant envahit toute la salle, accompagné d'applaudissement et de cris aigus.

─ MERCI TOUT LE MONDE ! MERCI A NARUTO LE PLUS BADASS DES BASSISTES ! JE SUIS INUZUKA KIBA ET JE FAIS OFFICIELLEMENT PARTI DE L'SNSG !

Karui se tourna d'une lenteur significative vers ses deux nouvelles camarades, la bouche légèrement entrouverte à cause du choque.

What thefuck

Hinata et Tenten s'approchèrent lentement tout aussi perturbée qu'elle-même.

Seriously girls… Où est-ce qu'on mange ? Je reprends les cours dans trente minutes et il y a un eut un fucking concert dans le cafeteria ! S'exclama-t-elle tant le bruit autour l'empêchait de parler normalement.

─ C'est par là, viens ! S'écria Tenten en la poussant des mains en direction du self. C'est fou quand même je ne pensais pas qu'ils auraient osé…

Lorsque celles-ci se postèrent en face du service, elles purent constatées avec effarement que rien n'avait été mis en place. S'en était trop pour Karui qui criait famine, elle se mit à frapper du poing contre le comptoir en inox sous l'œillade perplexe de ses deux camarades.

─ Hey ! Ça ne va pas non ?! Sous prétexte qu'ils chantent on ne mange pas ?! Y'en a qui bosse hein !

─ Pouvez-vous vous calmez s'il vous plait ? Demanda l'une des cuisinières légèrement enrobé, en sortant de la porte arrière. Frapper ne résoudra aucun problème.

Ses cheveux étaient couverts d'une charlotte rose, laissant échapper quelques mèches châtains au passage. Elle était ronde du visage et possédait un affreux grain de beauté près de ses lèvres. Son uniforme marron constitué d'une blouse était semblable à l'ensemble du staff de l'établissement.

─ Ca résoudra le problème de ma hungry !

─ Excusez-nous madame, dit Hinata en s'interposant dans son champ de vision, quand pourrons-nous déjeuner ?

─ Ça arrive, si vous n'êtes pas contentes allez-vous plaindre à l'administration !

Tenten faillit lui répondre de manière sec mais la brune l'en empêcha en tirant sur la manche de sa veste. Elle évacua sa frustration dans un soupir et déclara qu'elle allait s'installer dans une table en attendant qu'elles se servent. Dès qu'elle eut trouvé des places libres au fond de la salle qui n'avaient pas fait l'objet d'un évènement culturel, elle s'assit et sortit le bentô de son tissu avant d'extraire ses baguettes de leur étui. Karui et Hinata la rejoignirent quelques minutes plus tard plateau en main, un sentiment de haine se lisant très nettement sur le visage de l'anglaise qui s'assit en face d'elles.

─ Qu'est ce qui ne va pas Karui-chan ? Questionna Tenten en levant les sourcils.

─ J'étais à deux doigts Tenten… à deux doigts de lui foutre mon bread dans le nez.

─ « Pain » Karui-chan…

─ Oui, oui pain… C'est vraiment n'importe quoi ! D'abord un concert ! Girls un con-cert ! Vous devriez être plus réactives !

─ Que veux-tu qu'on fasse ? Interrogea la jeune femme aux macarons en piochant dans son déjeuner.

─ Je ne sais pas moi ! Ce n'est pas normal… Et puis l'autre folle qui ferme le cafeteria parce que Kibo et Cinderella chantent !

─ « Kiba » Karui-chan…

─ Hinata peu importe ! Et puis quelle est cette histoire de SGSL ?!

─ Laisse tomber, murmura Tenten à l'égard de la brune.

─ Ahah c'mon ! Monter sur une table, jouer de la guitare, cligner des yeux toutes les trois secondes pour enjôler des idiotes, y'a pas plus stupide pour attirer l'attention sur soi !

─ K-Karui-chan, appela l'Hyûga en palissant.

─ Quoi ? C'est vrai quoi Hinata ! « Merci tous, merci tous, je suis Kibo et je veux… -comment on dit déjà-… couche avec toi ? » ? Pff !

─ Qu'est-ce que tu racontes sur moi l'allochtone ?

Karui se fut soudainement stoppée dans son élan alors qu'elle s'apprêtait à en rajouter davantage. Elle jeta un rapide coup d'œil sur ses nouvelles camarades et remarqua l'ahurissement lisible dans leurs yeux. Elle fit volteface sur sa chaise et que ne fut pas l'ironie de croiser les principaux concernés sur lesquels elle jetait son venin.

What ? Don't speak japanesesorry.

Tous se regardèrent sceptiquement, savant pertinemment que la véracité de ses propos étaient peu probables.

Then I can talk english if you want, dit-il en croissant les bras, l'air provocateur.

Karui se leva et passa une main dans ses cheveux avec assurance. Elle croisa elle aussi les bras et planta ses iris jaunâtre dans ceux de son interlocuteur.

─ Américain ?

─ Anglaise ? Répondit-il dans un sourire.

─ Bon écoute, je dis ce que je pense. Because of your concert j'ai mangé en retard ok ?

─ Je n'en ai rien à faire.

─ C'est ce que ta mère a dit en accouchant ?

Un silence mortuaire s'abattue dans l'alentour. Hinata et son amie étaient choquées qu'elle puisse sortir un tel… pique bien placé sans faire une faute dans sa phrase. La tension était palpable et inconfortable. Naruto se retenait de rire du mieux qu'il pouvait.

─ T'as dit quoi sur ma mère ?

I said, c'est ce que ta-

─ Ta mère est tellement stupide qu'elle s'est fait renverser par une voiture garée…

Malgré ses lacunes en japonais, l'auburn avait nettement compris ce qu'il venait de lui dire. La brunâtre se mit à fixer Tenten avec de grands yeux, celle-ci étant totalement ébahie par cette conversation qui prenait une tournure spectaculaire.

Whatwhat did yousay about my mom…?

─ « I said », ta mère est-

─ Ta mère est tellement moche que Hello Kitty lui dit bye-bye ! S'écria-t-elle en claquant des doigts après chaque mot.

L'Uzumaki ne put camoufler ce rire qui sortait du fond du cœur. Il tira une place libre et s'assit pour éviter de finir à terre, une larme coulant le long de sa joue griffée. Hinata en le voyant faire ne put refouler un sourire.

─ Ta mère est tellement grosse que quand elle s'assit sur un Iphone, elle fait un Ipad, rétorqua-t-il en retour en la regardant de travers.

Plus personne ne bougea, mis à part le blond qui essayait de respirer tant bien que mal. Karui garda la bouche ouverte pendant plusieurs secondes où rien ne sortait, aucune réplique, celle-ci étant bien trop au-dessus de ses capacités.

─ Je pense... qu-que vous devriez arrêter tout ça, déclara timidement Hinata en se levant. Elle se pencha sur la table pour atteindre l'épaule de Naruto qu'elle tapota. Tu devrais emmener Kiba-kun se calmer… Naruto-kun ?

─ Aaah… oui j'y vais, j'y vais… oh mon Dieu quand je vais raconter ça à Gaara ! Viens Kiba, dit-il en tirant son ami de son duel visuel avec sa nouvelle ennemie.

─ Karui-chan ? Ça va ? Demanda Tenten inquiète.

How heHow he dare ? That shitty bastard

─ Oublie tout ça, Karui-chan, affirma la brune en la faisant assoir.

─ Comment oublier « ça » ? Il m'a coupé l'appétit ! Elle s'assit en poussant son plateau au milieu de la table. Grrr ! Si je le recroise il aura droit à mon poing dans la figure !

─ Essayons de changer de sujet, peut-être que ça la calmera, susurra Tenten à l'Hyûga.

─ Hum ! Dis-nous Karui-chan, tu es dans quelle filière…alors ?

Celle-ci essaya tant bien que mal de sortir de ses songes meurtriers et posa son regard de félin sur ses collègues.

─ Oh ça… je suis en Marketing Communication dans le bâtiment près du vôtre…

─ Et… qu'est-ce qui t'es passée par la tête pour venir étudier au Japon ?

─ Ah Tenten si tu savais… je n'ai absolument rien décidé ! Notre directeur nous envoyé quatre personnes et moi ici pour « un programme d'échange élitiste qui consolidera de good relations bilatérales entre l'Angleterre et le Japon ». Nous sommes « la clé du savoir que l'on doit share dans d'autre continent » blablabla…

─ C'est une bonne chose non ?

─ Non ! Je ne maitrise pas votre langue ! Nous vivons avec notre conseiller principale d'éducation dans un trois pièces ! People me haïsse parce que je suis rentrée avec mes chaussures de ville ! A moron a traité ma mère de stupide et de grosse…et j'ai mangé en retard, finit-elle en chagrinant dans sa barbe.

─ Anw mais c'est rien ! Et puis je trouve que tu te débrouilles très bien ! Consola Tenten en tapotant sur le dos de sa main. Ca va venir la maitrise. Vous êtes cinq pour deux chambres ?

─ Non heureusement… Ma cousine fait partie du programme aussi, elle s'est trouvée un studio. For her, nous sommes insupportables à vivre mise à part Samui. Je dors dans la même chambre qu'elle justement. Elle est professeur d'anglais pour les dernières années de cet établissement. L'autre chambre est prise par notre responsable, Omoï dort sur le canapé ahah…

─ Omoï ? Répéta la brune.

─ Omoï est en étude d'ingénierie dans le bâtiment ouest, Omoï est mon ami d'enfance, Omoï est l'abruti qui m'a dit que « -sama » était utilisé pour donner ses amitiés à la personne à laquelle on s'adresse, déclara-t-elle avec une pointe d'amertume.

─ Omoï est un sacré blagueur, dit Tenten en souriant.

─ Et vous ? Racontez-moi un peu votre vie ! Toi Hinata, comment as-tu atterri here, dans cette antre à diables ?

─ Et bien… c'était prévu depuis ma plus tendre enfance, déclara-t-elle un air nostalgique se dessinant sur son visage. Mon père me disait depuis petite que j'étudierai ici, comme lui. J'ai donc grandi avec en tête d'intégrer cette école coûte que coûte peu importe ce que je pourrais…endurer.

─ Ouah ! Mes parents m'ont absolument laissé libre choix concernant mes études supérieures… Mon père est… Lords of Parliament*…je ne sais pas comment vous dîtes ici. Et ma mère est chirurgienne en France.

─ En France ? Répéta la jeune femme aux chignons.

─ Hum ! Fit-elle en hochant la tête. Mon père est anglais, et ma mère française. Je vivais en Angleterre in a boarding school avec Omoï. Je voyais très rarement mes parents à cause du travail, mais j'avais l'habitude car c'est comme ça depuis que je suis petite. On adorait utiliser Skype dès qu'on en avait l'occasion pour prendre des nouvelles ! Je suis fille unique, mais ils considèrent Omoï comme leur fils vu que ses parents sont décédés, et qu'ils étaient les meilleurs amis des miens.

─ Oh je suis désolée, dit la brunâtre touchée.

─ Ce n'est pas de ta faute Hinata. Donc voilà, mes parents sont très drôles aussi ! Ils arrivent à se voir, j'arrive à en voir un de temps à autre, mais les deux en même temps relève du miracle…

─ Moi aussi j'avais le même problème avec mes parents plus jeunes. Vers l'âge de mes neuf ans, un drame avait stoppé cette routine pour laquelle je m'étais habituée : ma mère était tombée malade. Ne savant pas ce qu'elle avait réellement, quelque chose relative à son organe vital dans tous les cas, elle s'était rendue à l'hôpital avec mon père pour essayer d'éclaircir ce mystère. Malheureusement, malgré son optimiste, aucun médecin de la capitale n'avait pu trouver de quoi elle était atteinte. Plus le temps passait, plus sa mine se dégradait. Elle ne travaillait plus dans sa boutique de Kimono implantée en plein centre-ville dans les quartiers chics de Shibuya, elle ne voyageait plus dans toute l'Asie pour trouver les plus beaux et plus couteux tissus qu'elle aurait pu façonner. Elle se rendait souvent au centre médical pour des analyses plus profondes, mais ces visites s'étaient transformées lentement en séjour temporaire… puis permanant. C'était officiel, elle avait été internée, finit-elle en souriant.

─ Hinata-chan, murmura Tenten désemparée d'entendre ces paroles.

─ Hanabi, Anko- notre ancienne gouvernante- et moi-même passions notre temps là-bas, du matin à l'ouverture des visites, jusqu'au soir où les infermières nous chassaient pour « clôturer » l'établissement. Puis un beau jour, quatre mois après qu'ils aient décelé cette maladie cardiaque, le verdict tomba : c'était toujours inconnue, et indubitablement incurable. Mon Dieu, je m'en souviens encore de ce moment-là, où mon cœur avait arrêté de battre, où on s'était regardés dans le blanc des yeux l'air ahuri, comme si c'était une mauvaise blague, comme si le médecin était d'humeur taquine ce jour-ci. J'avais observé ma mère qui me souriait à cet instant précis car elle était déjà au courant, ça se voyait dans ses yeux pâles, cette assurance visible sur son faciès qui m'avait déchiré de l'intérieur. Nous avions pleuré toutes les larmes de notre corps, même Anko n'avait pas su se contenir. C'était tout simplement horrible. Tous nos espoirs s'étaient envolés en un coup de brise, se fracassant contre la réalité, disparaissant comme sa santé. Mon père l'avait appris par téléphone, car mon père voyageait beaucoup… beaucoup trop. A vrai dire, le travail y était pour quelque chose effectivement, mais la principale cause de ces ellipses avaient été qu'il recherchait un médecin capable de la soigner. Ayant usé de ses contacts qui ne corrélaient, pour une fois, pas à des affaires diplomatiques, il avait parcouru les terres asiatiques pour trouver la personne apte à lui redonner espoir pour réaliser un miracle. Peu importe la somme d'argent qu'il avait été déterminé à investir, il fallait qu'il la sauve quitte à se ruiner.

Elle marqua une pause où ses mains tenaient fermement un verre rempli à moitié d'eau plate, son regard semblant aspiré par la translucidité du liquide.

« Pas plus de six mois », avait dit le médecin. Pendant ce temps-là, ma mère avait pris la décision de regagner le domicile familiale car elle voulait profiter du temps qui lui restait auprès des siens. La chambre conjugale avait des allures de dortoir pour patient, mais nous étions tellement heureux de l'avoir à nouveau à nos côtés…Tous les jours nous faisions une activité ensemble, jeux de société, film, lecture à voix haute,ect… Cette présence maternelle avait été si indispensable qu'Anko nous faisait les cours scolaires sur place. Nous dormions ensemble, nous mangions ensemble, nous jouions ensemble… mais mon père était toujours absent. Malgré sa mine maladive, son teint encore plus pâle qu'à l'accoutumé, ses yeux pâles soulignés par des cernes à cause de la fatigue, ses cheveux longs mélangeant l'aubergine grisé ne lui arrivant plus jusqu'en bas du dos car elle les perdait jour après jour, elle était magnifique à voir grâce à son si beau sourire, si resplendissant, si apaisé le jour où elle ne s'était plus réveillée… La peur de ma vie c'est ça, j'avais eu la peur de ma vie quand je l'avais appelé ce matin-là et qu'elle ne m'avait pas répondu. Elle semblait si bien allongée, si rassérénée, comme si elle dormait… oui, on dirait qu'elle dormait. Je n'avais pas versé une larme, Hanabi si, un torrent même. Je n'arrivais pas à le croire en fait, et ce n'était que lorsque mon père avait regagné la demeure familiale en retard que j'avais enfin compris car c'était la première fois que mon père pleurait. Je ne lui en avais pas voulu de s'être absenté de la sorte, car je savais qu'hormis le désire de vouloir la guérir, il avait la trouille… la trouille de la voir mourir. Donc il fuyait. Comment vouloir à son conjoint de ne pas être à ses côtés, avec ces « bips » incessants de la machine, cette mine affreuse, cette voix cassée, ce souffle court et saccadé qui rappelait à chaque respiration que les poumons étaient sur le point de lâcher…Elle nous répétait d'ailleurs souvent : « Ne lui en voulez pas, votre père est un fou téméraire. Il reviendra bientôt, à temps », et bien mère… si vous saviez... J'avais pleuré pendant deux jours je crois… rien de comparable aux yeux boursoufflés de ma sœur ahah. Après un balais de regards nacrés et d'amis de la famille qui venaient faire acte de présence auprès de nous avec des « je suis désolé(e) » à tout va, mon père avait décidé un mois après de quitter le Japon pour une durée indéterminée. Il ne supportait plus cette maison où sa moitié avait l'habitude de déambuler sans but précis, il ne supportait plus l'odeur qui le prenait à l'estomac lorsqu'il humait la mort à plein nez dans sa chambre à coucher. Nous avions pris un vol direct Tokyo/New York pour habiter dans un duplexe non loin d'une partie de notre famille, celle de mon cousin Neji qui y habitait depuis ses sept ans à l'époque. Ce voyage avait été un bon remède pour se vider l'esprit, pour resserrer les liens familiaux entre les différentes branches de notre clan, pour le moral et pour prendre un nouveau départ. Mon père se tuait tellement au travail que notre entreprise n'avait jamais été aussi florissante, une autre manière de dire qu'il se démenait dans une activité prenante pour faire son deuil. Anko nous avait abandonné deux ans après car sa vie de nippone lui manquait, je ne l'ai toujours pas revu d'ailleurs… je crois qu'elle a trouvé une nouvelle famille à Nagoya depuis le temps. Je m'étais faite quelques amis que j'ai dû quitter après le diplôme final puisque mon père m'avait rappelé les dires qu'il me rabâchait quand j'étais petite, « A Konoha tu iras ». Nous avions donc plié bagages une nouvelle fois avec un membre en plus dans notre périple à mon grand soulagement, car Neji voulait commencer ses études dans son pays d'origine. Ainsi, me voilà pour perdurer le parcours estudiantin d'un Hyûga lambda…

Elle se tut et releva enfin les yeux de son verre d'eau et put remarquer avec surprise que Tenten avait les larmes aux yeux, et que Karui essayait de stopper son écoulement nasal avec sa serviette de table.

─ Les…filles ? Q-qu'est ce qu-il… vous allez bien ? Demanda-t-elle inquiète.

─ Mais bien sûr ! Idiote ! Sniif… nous raconter des trucs aussi… aussi, elle se moucha, déprimants franchement t'as du culot ! On ne se connait même pas encore bien !

─ J-je suis désolée… tu m'as demandé comment j'avais atterri là… peut-être que… je suis allée un peu trop loin dans mes souvenirs…

─ Bah oui !

─ Oh c'est bon Karui-chan, dit Tenten en clignant plusieurs fois des yeux pour ravaler ses larmes. C'était beau bizarrement, peut-être que c'est la manière dont tu as raconté tout ça… elle est juste trop bouleversée pour te le dire.

─ Je ne suis pas bouleversée… j'ai juste reçu du soja dans-

─ Mais oui c'est ça…

─ Hinata dit lui que c'est le soja !

La jeune fille pouffa et dirigea son œillade nacrée e vers sa compère.

─ Tenten, tu devrais dire pourquoi tu es là toi aussi, affirma-t-elle en repensant à ce qu'elle lui avait dit dans la voiture il y a quelques jours.

─ Hum… oui, puisque je vous ai entendu je pense que c'est mon tour… Et bien malgré que cette école renferme une majorité d'élèves de bonne famille, où qui ont des parents qui possèdent un revenu convenable, je suis la campagnarde perdue qui est obligée de combiner travail et école pour pouvoir payer mon petit loyer, expliqua Tenten le sourire aux lèvres. J'habite dans une petite paroisse à Hida-Takayama, où mes parents vivent de l'agriculture du riz, de la pêche, et des touristes qui désirent effectuer leur satoyama* là-bas. Ma ville me manque, les paysages me manquent, marre de l'urbanisation, de la pollution, et du bruit constant des moteurs… Je suis tellement habituée à la sérénité ambiante de mon chez moi que je prends mon billet de car chaque vacance, quitte à sabrer mon budget, juste pour respirer de l'air frais et profiter de mes petits parents. Mais bon je n'ai pas vraiment le choix, je ne veux absolument pas perdurer le métier de mes aïeux, c'est impossible. Il me faut une profession qui ne brise pas le dos, qui ne nécessite pas de la patience puisque « le client est roi »… non, il me faut un métier de bureau, avec une secrétaire qui m'apporte le café et le compte rendu des comptables chaque matin, et un patron qui dépend totalement de mon jugement pour la réussite de son entreprise. Il me faut un bon salaire pour construire une maison d'hôte dans ma ville que mes parents dirigeront, qu'ils arrêtent de se tuer à la tâche, et qu'ils puissent profiter de leur retraite ! Moi je travaillerai surement en ville… mais j'aurai les moyens pour partir en première classe en train ahah !

─ Wow ! Mon projet à côté fait médiocre face au tien, avoua Karui en boudant. Quel est ce métier que tu veux faire ?

─ Analyste financier.

─ Tu es officially my idol, Tenten, admit-elle les yeux pétillants de bonheur. Je suis tellement heureuse d'avoir fait votre connaissance…Hinata tu es un ange tombée du ciel.

─ C-comment ? Dit-elle en rougissant légèrement.

─ Je commence déjà à vous aimer… c'est normal ?

Après un silence qui dura une poignée de seconde, les trois jeunes filles éclatèrent de rire et se préparèrent pour aller en cours. Le retard accroissant d'une certaine chevelure rouge ne semblait pas gêner plus que ça puisque celle-ci possédait deux arguments de chocs pour ne pas se faire réprimander dès le premier jour : elle était nouvelle, et deux importuns avaient exigé la fermeture du self pour une représentation culturelle.

oOo00oOo

─ Jiraiya-sensei… ne sera peut-être pas présent aujourd'hui pour le cours de rattra…

─ QUOI ENCORE ?! Hurla l'un des étudiants hors de lui.

─ Mais ce n'est pas vrai ! Bon sang j'ai annulé tous mes rendez-vous aujourd'hui pour sa gueule ! S'écria une blonde en levant sa lime à ongle vers la directrice.

─ Pervers de mes deux ! Il doit surement se taper une grognasse dans un love hôtel !

─ Les filles ! Interpella Sakura en se retournant. Et si on allait-

─ SILENCE ! S'égosilla Tsunade en frappant du poing si fort que le tableau perdu des boulons. J'ai dit « peut-être » bande d'ingrats ! Il est en retard mais sera là dans une poignée de minutes, d'heures, peu importe ! Vous ne quitterez pas l'établissement tant que cette tranche de cours ne sera pas finie !

─ Mais c'est injuste, murmura Ino en boudant. Qu'est-ce qu'on va faire pendant trois heures ?

─ Et bien mademoiselle Yamanaka, ce serait un bon début pour vous de retravailler vos bases en anglais car je n'ai toujours pas oublié votre horrible prestation le jour de l'oral pour votre diplôme final, déclara-t-elle en croisant des bras sur son immense poitrine recouvert d'une chemise verte kaki, qui se mariait avec une jupe haute noire.

Celle-ci ronchonna et tourna sa tête en direction de la fenêtre pour cacher son humiliation aux yeux des autres. La classe devint étrangement calme après cette remarque.

─ Sortez de quoi vous occuper je vais essayer de contacter une nouvelle fois votre…Elle se tut et suivit du regard la chevelure blonde qui se dirigeait vers la porte, un air de déjà vu se lisant dans ses yeux ambres. Naruto ? Où vas-tu ?

─ Bah… Jiraiya-sensei n'est pas là. Alors je me barre ? Dit-il en posant une main sur la poignée de la porte.

─ Tu n'as pas entendu ce que je viens de dire ? Personne ne sort, il va faire cours aujourd'hui.

Il se retourna mollement et planta son œillade azur sur sa silhouette.

─ Vous le voyez, vous ? Parce que moi non, donc y'a pas cours.

La directrice essaya de respirer calmement. Elle réajusta les manches de son haut et se dirigea lentement vers son élève, laissant le bruit de ses talons en daim raisonner dans toute la pièce. Elle attrapa gentiment un bout du tee-shirt de Naruto et dit :

─ Viens, on va parler dehors tu veux ?

Rien de bon, le blond savait que cela ne présageait rien de positif. Il opina de la tête car une contradiction empirerait surement les choses. Ils sortirent dans le couloir sous l'œillade frustrée de l'assemblée et après qu'elle ait claqué la porte, Tsunade emmena Naruto dans la cage d'escalier la plus proche. Elle lâcha son habit et recula de quelque pas pour pouvoir le contempler de loin. Il fallait qu'elle essaye de le raisonner avant que son poing ne rencontre son faciès.

─ Naruto… ça ne peut plus continuer. Je vais en informer ton tuteur sur le champ.

─ Vous n'êtes pas sérieuse, dit-il inquiet.

─ Je vais le faire parce que j'en ai marre de ton comportement. Nous n'avons pas besoin de deux Sasuke à Konoha.

─ Je ne suis pas Sasuke…

─ Et pourtant… j'ai l'impression que tu es son ombre à vouloir tant le ressembler !

─ Je ne suis pas Sasuke ! S'exclama-t-il avec agressivité.

─ Et bien trouve toi une personnalité ! Arrête de te rebeller pour des futilités ! C'est dingue ! J'ai l'impression d'avoir la version blonde ! Nous souffrons assez comme ça pour que toi tu en rajoutes une couche ! Je sais très bien que tu n'es pas comme tu le prétends en vérité… tu te crées une image pour je ne sais quoi ou je ne sais qui ! S'écria la directrice en levant les mains en sa direction.

─ Je suis comme ça ! Ne faîtes pas comme si vous me connaissiez !

─ Et bien sache que ton tuteur me parle beaucoup de toi, Naruto. Tu es juste un gosse riche perdu qui ne sais pas à qui s'accrocher…

Le blond ouvrit grand ses yeux tant il était surpris par ce qu'elle venait de dire. Ses sourcils haussés se froncèrent rapidement, montrant par son simple regard que la haine venait de le posséder. Il aurait pu l'anéantir rien que par la vue tant ses prunelles bleutés étaient enflammées. Tsunade comprit bien trop tard de l'impact de ses propos.

─ Naru…

Il la quitta dans un silence incommodant, la laissant réfléchir sur ses quelques dires. Il rejoignit la salle de classe pour récupérer ses affaires, et que ne fut pas son émerveillement lorsqu'il entendit la voix de son professeur préféré en pénétrant la pièce sans frapper.

─ Héhé mais qui voilà ! Toujours des problèmes de règle de vie, Naruto !

Jiraiya laissa une magnifique dentition se dessiner sur son visage tatoué. Il posa la veste grise foncée de son costume sur le dossier de sa chaise, et déboutonna les trois premiers boutons de sa chemise blanche.

─ Ero-sensei ! S'exclama Naruto avec joie. Ça fait un bail depuis les résultats du diplôme !

─ Oui, je n'oublierai jamais ce jour où tu pleurais ton désespoir… mais finalement tu l'as eu ! Ahahah !

Toute la classe se mit à rire en voyant Naruto rougir devant ces révélations. Il alla s'assoir à sa place et essaya d'oublier sa petite conversation avec la chef d'établissement, bien que sa dernière phrase fasse encore écho dans son esprit.

─ Bien mes enfants, désolé encore pour mon manque de professionnalisme. J'étais en voyage en Thaïlande la semaine dernière et-

─ En Thaïlande ? Ahah « I know what you did there », déclara l'étudiant qui s'était exclamé plus tôt.

─ Ahah… qu'est-ce que tu racontes Sora… je faisais tu tourisme, du tou-risme, affirma-t-il en se frottant la tête et en rougissant légèrement.

─ Mouais, « tou-risme » sexuel…

Certains rirent à gorgent déployer, pendant que d'autre essayait d'en savoir plus sur les activités suspectes de leur professeur. Il se racla doucement la gorge.

─ Bon on va arrêter de parler de moi. Fermez vos classeurs, PC, ect… Mon cours sera souvent comme ça, sous forme de débat. Je ne veux pas que vous prenez bêtement des notes et que vous me recracher le cours en partiel. Je vous que vous ayez de la jugeote, un bon état d'esprit, de l'éloquence, et du potentiel à revendre. Je veux que vous soyez réfléchis et manipulateur. C'est du Marketing, savoir tchatcher, vendre n'importe quoi à n'importe qui parce que vous êtes beaux ou belles, intelligents ou intelligentes, sympas et charmants. Les contrôles seront donc grossièrement une question sous forme de disserte de quatre pages minimums. Ecrire beaucoup ne veut pas dire réussite donc je vous préviens, dès que ça m'ennuie je note au pif.

Il s'arrêta et vint s'assoir sur le rebord de son bureau.

─ Des questions ? Demanda-t-il en observant les étudiants.

─ Hum sensei, héla la voix tremblotante de Hinata.

─ Hum ? Nom ?

─ Hyûga Hinata…

─ Et bien Hinata-chan, je t'écoute.

─ Hum… quel genre de question peut-on avoir… pour les contrôles ?

─ Ah… bonne question. Ce seront des questions approfondies sur la maximisation de la satisfaction du consommateur en général. Version plus soft, par exemple, si je te dis euh…Que dirais-tu à notre chère Sakura pour lui convaincre d'acheter un… mixeur valant plus de cent mille yens* ?

─ Un… mixeur ? Réitéra-t-elle perdue en se retournant pour plonger dans le regard émeraude de sa collègue.

─ Hum, un mixeur. Qu'est-ce que tu lui dirais ?

─ Qu'elle est fainéante comme j'sais pas quoi, et qu'elle devrait mettre son cul aux fourneaux car c'est le rôle d'une femme, pas du cuisinier de l'échoppe de takoyaki du coin ! S'exclama Suigestu, faisant rire une bonne partie de ses camarades.

─ Suigestu tu la fermes ! Qu'est-ce que t'en sais que je sache cuisinier ou pas ?!

─ Quelqu'un m'a dit que ta bouffe est tellement dégueulasse qu'elle en a perdu l'usage de ses papilles gustatives pendant deux semaines !

─ Qui t'a dit ça ?! Hurla l'Haruno à son encontre.

─ J'te dis pas !

─ Bon stop, ça suffit, j'ai demandé la réponse à Hinata. Vas-y, incita Jiraiya en la regardant.

─ Hum… si elle devait acheter un mixeur, elle releva la tête pour la fixer, je dirais que c'est le produit le plus performent du marché, qu'il est utile pour toute occasion… qu'il est facile d'usage et très simple à nettoyer… qu'il peut effectuer des milliers de recette et qu'un book est offert pour tout achat, qu'il est disponible en plusieurs coloris et que…qu'il est garanti à vie…même si il y a certaines conditions que j'essayerai de garder pour moi…

Elle reporta son attention sur son professeur qui ne l'avait pas quitté des yeux et rougit.

─ Personnellement je n'achèterais pas ton produit, affirma-t-il sans gêne, ce qui blessa la brune quelque peu coupée dans son élan. Il y avait tout, enfin il manquait quelque élément pour l'amadouer ce qui est tout à fait normal, mais tu dois acquérir deux choses qui sont indispensables dans le milieu ! Sais-tu ce que c'est, Hinata-chan ?

Elle secoua négativement la tête, sous son contentement.

─ L'éloquence et la confiance en soi. Le ton que tu avais employé était tellement monotone, tellement fragile et peu sûr de la fiabilité de ton propre produit que j'avais envie de l'acheter parce que tu me faisais pitié…

Il sourit et posa une main réconfortante sur son épaule.

─ Tu as déjà les bases, le reste sera dans la poche d'ici la fin de l'année !

Ceci eut l'effet d'un ouragan de bonheur dans le cœur de l'Hyûga. Elle acquiesça de la tête et l'observa se placer au milieu de la salle.

─ Hum… autre cas de situation. Toi là-bas à côté de Naruto, nom ?

─ Moi ? Dit le guitariste en se redressant. Inuzuka Kiba.

Certaines filles se mirent à chuchoter tout en lançant des œillades charmées à leur nouvelle coqueluche. Celui-ci put sentir ces fixations insistantes sur sa personne, signifiant sans aucune équivoque que sa prestation dans le réfectoire avait lancé sa carrière de « séducteur » dans l'établissement.

─ Kiba, si je te dis… comment ferais-tu pour convaincre hum… Shino-

─ C'est qui Shino ? Le coupa-t-il en scrutant la salle.

─ L'étudiant au fond de la salle, à gauche. Avec le col roulé noir, indiqua-t-il en le montrant du doigt. Sachant que Shino est très introverti-

─ Je ne suis pas introverti… je parle que quand c'est nécessaire, lui répliqua le concerné.

─ Moui comme tu le dis… donc il est patron d'une grande surface de commerce et ne demande qu'à voir le produit que tu désires intégrer dans ses rayons. Comment lui vendrais-tu un pack comprenant tout le nécessaire de massage pour une nuit de folie ?

─ Une nuit de folie ?

Il se mordit la lèvre inférieure comme pour réfléchir, ce qui provoqua des soupirs ou des exclamations discrètes que quelques étudiantes ne purent empêcher de camoufler.

─ Vous recommencez, vieux pervers, insulta Sora en soupirant.

─ Sora, c'est un exercice ! Puis au cas où tu ne le saurais pas, beaucoup d'hommes ont « hontes » d'acheter ce genre de chose en publique, c'est pour ça que Shino est septique. Je t'écoute Kiba.

─ Mhh… je lui dirais que mon pack est tellement bourré d'aphrodisiaque que même son chien voudra le monter !

Jiraiya se frappa la tête avec sa main droite, dépassé par l'esclaffement de sa classe. Il sourit discrètement, ravi que l'année promette d'être aussi intéressante.

oOo00oOo

Hinata caressait lentement son poignet bandé avec sa main gauche, réprimant à chaque fois une grimace tant la douleur était lancinante.

─ Je n'arrive pas à le croire, dit Tenten en tapant du poing sur la banquette arrière de la limousine. Il voulait te casser le poignet ce connard ? Si j'avais été la plus tôt bon sang…

─ Ce n'est rien-

─ Si Hinata c'est quelque chose ! Je n'ose même pas imaginer la couleur que ça a… arh !

La brune baissa la tête sachant pertinemment qu'à la vision de son entorse, son amie irait directement au domicile de l'Uchiha pour se battre.

─ Ca s'accumule encore, encore et encore… combien de temps tu vas rester de marbre ?

─ Il abandonnera un jour ou l'autre… Il teste juste… ma persévérance…

─ Il croit qu'on est à la présélection des Jeux Olympique ? Ecoute, je sais que tu veux te battre et montrer à tous que tu peux te débrouiller seule… mais là tu te fais du mal à rejeter l'aide de ceux qui t'entourent… Et un jour ça pourra tourner à ta défaveur, ce que je ne te souhaite absolument pas !

─ Excusez-moi de vous couper mesdemoiselles, Tenten-san nous sommes arrivés, déclara le chauffeur en baissant la vitre.

─ Merci Fukada-san, répondit-elle pendant qu'il quittait son siège pour lui ouvrir la porte. Hinata, il y a une différence entre pouvoir s'en sortir seule, et ne pas pouvoir s'en sortir tout court…

La brune leva sa tête de son poignet et fixa Tenten dans les yeux.

─ Je sais…

─ Alors réfléchie-y, conseilla-t-elle en sortant du véhicule. Demain vendredi, tu auras enfin le week-end pour souffler… Tiens bon.

─ Hum…

─ Au revoir ! Dit-elle en levant la main vers le chauffeur.

─ Passez une bonne soirée Tenten-san.

Le trafic fut si fluide que la jeune femme n'eut même pas le temps de voir le temps filé qu'elle se trouva déjà dans sa demeure. Lorsqu'elle fut dans le hall d'entrée, elle fit le nécessaire en se déchaussant au plus vite pour regagner sa chambre sans croiser aucun membre de sa famille. En effet, cette entorse ne ferait pas long feu dans l'anonymat car les Hyûga avaient de bons yeux pour remarquer quoi que ce soit, que cela concerne un problème physique ou mental. Elle détala dans les escaliers et ouvrit la porte de sa chambre avec précipitation. Elle fit volteface pour la clore, et soupira de soulagement en posant son front contre le revêtement.

─ Vous vous cachez de quelqu'un ?

Elle se retourna avec frayeur vers la voix qui venait de faire écho dans sa pièce, et posa son œillade nacrée dans ceux de son parenté.

─ Neji-kun, souffla-t-elle dans une expiration. Tu m'as fait peur…

─ Je m'en excuse… je voulais vous faire une « surprise », cela semble raté en quelque sorte, dit-il en se levant de l'extrémité de son lit.

Elle garda le silence et dissimula discrètement sa main droite derrière son dos, pendant que l'autre tenait fermement son sac de cours.

─ Q-que veux-tu ?

─ Hum, votre père m'a demandé de me renseigner auprès de votre situation scolaire, si tout se déroule bien, si les cours sont compréhensibles, si vous arrivez à suivre plus ou moins le rythme, expliqua-t-il en déambulant dans la chambre. Vous savez maintenant qu'il n'est plus derrière nous pour nous rabâcher son discours sur l'importance de la réussite scolaire, il compte un peu sur moi pour « maintenir » cette coutume auprès de vous et de votre sœur.

─ Hum oui tout va bien…

Une œillade intense démarra entre les deux protagonistes. Trop courte et trop rapide, la réponse qu'elle avait donné confirma ses doutes qui étaient apparus au fil de la semaine. Elle avait pour habitude de conter péripétie sur péripétie en temps normal, que cela concerne ses amis, les activités qu'ils avaient fait ou encore les conversations qu'ils avaient eu durant la journée, même les moins intéressantes. Et là, rien qu'une phrase bourrée de positivité, tout était beau et parfait. Son cousin n'était pas dupe, et aujourd'hui était le jour où il allait le lui montrer.

─ Ecoutez, ne tournons pas autour du pot. Il se passe quelque chose, dit-il en croisant ses bras sur son torse.

─ N-non je t'assure que non… crois-moi ! Essaya-t-elle de convaincre quelque peu troublée.

─ Comment vous croire sachant que ce sont des mensonges ! S'exclama-t-il, ce qui eut l'effet de refroidir la brune.

Elle sentit son rythme cardiaque s'accéléré de plus en plus vite. Elle était égarée et en même temps incomprise. Pour quelle raison les gens s'acharnaient de la sorte sur sa personne ? Elle avait dix-neuf ans, ce n'était plus une gamine désormais. Elle essaya de calmer les fous battements de son cœur en respirant profondément. Il fallait qu'elle se tranquillise, parce que lui était sur le point d'exploser.

─ Je vais bien, répliqua-t-elle calmement en essayant de sourire bien que tout cela n'était que façade. Je ne veux pas que tu t'inquiètes pour moi…sachant qu'il n'y a pas de raison pour…

Elle posa sa main droite sur sa poitrine et s'approcha de son cousin.

─ Crois-moi…

Puis elle vit les sourcils du brun, levés dans un scepticisme, se froncer lentement à la vue de son membre. Etourdie, elle n'avait pas fait attention à ses faits et gestes tant elle voulait que sa conviction à vouloir le persuader soit irréprochable. Quelque peu paniquée, elle le glissa discrètement derrière son dos ce qui ne passa pas inaperçu aux yeux de l'Hyûga, et qui empira sa situation déjà trop dramatique à son goût.

─ Qu'est-ce que c'est ? Tombée dans les escaliers comme vous l'avez dit à votre sœur en ce qui concerne les séquelles sur votre visage ? Demanda Neji avec une pointe d'impatience et d'agacement.

─ J'ai… glissée dans…

Son soupir d'irritation, le plissement de ses yeux, et le pincement de l'arrêt de son nez l'empêchèrent de finir sa phrase. Elle baissa sa tête considérablement dépassée par les évènements. Elle n'avait pas besoin d'un autre conflit au centre même de son domicile, elle désirait juste respirer, se détendre, et s'oublier sur son lit. C'est la poigne furtive de Neji qui la fit sursauter tant elle ne s'y attendait pas. Avec sa main de libre, il tira le bandage sous le regard incompris de la jeune femme qui essayait de le rattraper. Lorsque le dernier anneau se défit, dévoilant son entorse qui avait encore tourné dans des couleurs improbables, le cœur du jeune prodige manqua un battement.

─ Qu'est-ce que… Dit-il en le scrutant. N'osez pas me mentir, Hinata-sama…

Elle sentit son stress monté d'un cran. Sa pression artérielle l'étouffait, l'empêchant de respirer correctement. Elle n'aimait pas le voir dans cet état parce qu'il lui faisait peur sans le vouloir. Son cousin avait une certaine prestance qui, à contrario de son père, n'était pas aussi déplaisante à voir. C'était juste son aura, l'énergie qu'il dégageait dans ses paroles, l'intensité avec laquelle il plongeait ses iris opalins dans ceux de son interlocuteur si forte et puissante qu'elle en avait la chair de poule. Elle recula de trois pas même s'il était évident qu'il ne lèverait jamais la main sur elle. Ses larmes commencèrent à monter peu à peu aux bords de ses yeux.

─ Ce n'est pas parce que vous pleurez que je vais abandonner l'idée de vous soutirer la vérité, ajouta-t-il en jouant la carte de l'insensibilité. Dîtes moi qui vous a fait-

─ Je ne dirais rien ! Ce n'est pas ton problème ni celui de qui que ce soit ! S'égosilla-t-elle avant de sortir en courant de sa chambre.

Neji fut tellement médusé qu'elle puisse lever la voix sur lui qui en resta figé. Il la suivit, une minute de réflexion plus tard, dans les couloirs mais ne vit personne dans les alentours. Ce n'est qu'après s'être arrêté pour se mettre dans la peau de sa parenté que celui-ci entendit des pleurs de l'autre côté de la porte de la salle de bain. Il s'approcha lentement et frappa deux coups avant de prendre la parole :

─ Hinata-sama… je vous en prie dîtes moi ce qui ne va pas…

Il ne reçut aucune réponse, et il s'en voulait terriblement. Chaque sanglot exprimant sa détresse qu'elle niait sans aucun remord le blessait profondément. Pourquoi s'entêtait-elle à ce point ? Il ne pouvait rester ainsi, il fallait qu'il fasse quelque chose car il se sentait impuissant face à sa calamité. Il l'abandonna à contre cœur et descendit les marches des escaliers menant au rez-de-chaussée. Il se dirigea vers la grande cuisine où les fourneaux et l'électroménager dernier cri n'étaient pas les seuls mobiliers subsistant dans la pièce. En effet, la cuisine était si grande que son oncle l'avait aménagé de sorte à ce qu'il y ait une deuxième salle à manger ,combinant aussi salle de repos pour l'ensemble des employés de la maison à savoir les trois domestiques, le chauffeur, le jardinier et la gouvernante -si l'envie lui prenait car elle avait une place attitrée dans la table principale-. Poli, il frappa avant de s'introduire dans la pièce, sous les salutations de l'ensemble du staff mis à part le jardinier qui effectuait sa besogne à l'extérieur.

─ Neji-kun, comment vas-tu ?

─ Chiyo-baa-san, très bien, dit-il en souriant.

─ Matsuri, la sauce va brûler si tu ne la tournes pas, déclara-t-elle à sa subordonnée.

─ Mais je tourne et ça accroche quand même ! Répondit la jeune femme aux cheveux châtains en faisant la moue.

Matsuri ajouta quelques épices et sortit sa cuillère en bois de son uniforme semblable à ses consœurs, qui se composait d'un kimono bleu foncé en soie, d'une paire de chaussettes blanches, et de getas en bois. Elle avait une coupe au carré qui encadrait parfaitement son visage, et des yeux noirs ténébreux. Elle était la plus jeune de la maison après Hanabi car elle allait sur ses dix- huit ans.

─ Et bien tourne plus vite ! Maki, tu as fini avec la coupe du bœuf ? Demanda la veille femme en ne quittant pas la sauce des yeux. Je ne sais pas si c'était une bonne idée de l'initier au curry aujourd'hui, mais ce n'est pas très bien parti…

─ Oh Chiyo-baa-san, laissez la faire ses preuves ! S'exclama-t-elle en s'armant de sa planche en bois. Matsuri-chan concentre-toi, rajoute un peu d'eau parce que c'est bien trop épais.

Celle-ci était un peu plus grande taille et avait la même couleur de cheveux sa compère. Ses yeux claires à mi-chemin entre le vert et le gris faisaient ressortir sa beauté juvénile de vingt-deux ans, et ses rondeurs lui allaient à ravir. Elle aussi avait des tatouages au visage plus ou moins similaires à ceux de Kiba, néanmoins, violet était leur couleur. Neji étant mis de côté décida de prendre la parole pour arriver à ses fins :

─ Fukada-san je-

─ Ouah Fukada-san vous tenez le coup ? Demanda une jeune fille en portant un panier de linge d'une part, l'autre tenu par le chauffeur.

─ Oui ça va Pakura-san. Où est-ce qu'on le pose ?

─ Mmh laissez-moi réfléchir… Mettons le sur la table, je vais trier ce qui sera à repasser pour demain matin, le reste sera plier, déclara-t-elle.

Pakura était très fine de taille mais possédait malgré tout une poitrine opulente qu'elle faisait ressortir avec un obi* doré. Ses cheveux vert foncé étaient toujours attachés dans un chignon haut qui laissait échapper deux mèches rousses tombant sur chaque côté de son visage. Elle était la seconde de Chiyo en qui concerne la gestion de la maisonnée. Après un soupir de soulagement, ladite Pakura s'approcha de l'immense gazinière.

─ Alors Matsuri-chan, tu maitrises ?

─ Bof… Chiyo-baa-san m'a dit que c'était raté…

─ Je n'ai jamais dit une telle chose ! J'ai juste dit que c'était mal parti, répondit la gouvernante en prenant possession de la cuillère en bois. Pakura reste avec elle, je dois aller aider Hanabi à démêler ses cheveux, elle est incapable de le faire elle-même. C'est toujours rempli de nœuds.

Celle-ci se tourna vers la porte mais fut interpellée par la conversation à voix basse que les des hommes effectuaient. Fukada semblant un peu mal à l'aise finit par hocher la tête tout en suivant Neji qui quittait lui aussi les lieux. Chiyo était une femme très observatrice, elle se doutait qu'une chose se tramait.

─ Le diner sera bientôt prêt Neji-kun, affirma Chiyo en fermant la porte de la cuisine derrière elle.

Il s'arrêta progressivement et se retourna pour faire face à sa gouvernante en souriant.

─ Hum, je dois faire une petite commission à l'extérieur, Fukada-san a eu la gentillesse d'accepter de m'accompagner…

─ Cela ne peut pas attendre après le diner ? Insista-t-elle.

Neji la fixait avec intensité. Il devait tout faire pour ne pas paraitre suspect même s'il n'avait pas vraiment quelque chose à cacher. Elle le mettait juste inconfortable, comme si l'intonation de sa voix sous entendait une action qu'il regretterait dans un futur proche.

─ Non… ce sera rapide ne vous inquiétez pas. Vous venez, Fukada-san ? Finit-il en tournant les talons avant de sortir par la porte principale.

Chiyo se laissa submerger par l'anxiété. Elle n'était pas tranquille, et elle l'ignorait pourquoi. Elle ne comprenait pas pourquoi ces petits bouts d'adulte la mettaient de côté pour régler seuls leur affaire personnelle. Elle était peut-être vieille, mais elle avait l'expérience de la vie… l'avaient-ils oublié ? Plongée dans ses réflexions, elle regagna l'étage supérieur où une certaine chevelure brune n'attendait qu'à être démêlée.

Une quinzaine de minute plus tard, le chauffeur ne put garder le silence incommodant qui s'était imposé dans le véhicule. Il fallait qu'il parle, qu'il donne son point de vue.

─ Vous êtes sûr que c'est une bonne idée, Neji-sama ? Le demanda-t-il soucieusement en plongeant ses yeux dorés à travers le rétroviseur.

─ Depuis le temps que nous nous côtoyons… vous savez évidemment que toute initiative que je prends doit être aboutie. Nous ne pouvons plus retourner en arrière désormais, déclara-t-il bras croisé, yeux fermés.

─ Nous le pouvons encore… regardez il y a un rondpoint juste-

─ Fukada-san…

Le chauffeur s'arrêta à un feu rouge et expira son impuissance. L'une de ses mains gantées de blanc tenant le volant, il affina la pointe de sa moustache qui se retroussait sur elle-même avec l'autre.

─ Vous êtes aussi têtu que votre oncle… et que votre cousine.

─ Etre têtu fait partie des gênes qui caractérisent notre clan. C'est pour cela que nous sommes constamment en conflit.

─ Je le sais bien, n'oubliez pas que je suis « officieusement » dans votre famille depuis douze ans, dit-il en en se garant près d'un trottoir. C'est ici, j'ai une commission pour votre père qui vient de m'envoyer un message. Appelez-moi quand vous avez fini et s'il vous plaît… comportez-vous en gentleman

─ J'essayerai… mais je ne vous promets rien, déclara-t-il en sortant de la voiture.

oOo00oOo

Sortant de son bain savonneux, la jeune femme tira sur le bouchon en plastique qui le maintenait et le posa sur le rebord, pas loin de ses gels douche et shampoings. Elle s'enroula dans sa serviette bleu turquoise et retira le bonnet de bain transparent qui maintenait ses cheveux au sec. Commençant à former un de ses macarons à l'aide d'une brosse à cheveux, elle fut interpellée par la sonnette de son studio qui retentit. Posant tout son nécessaire capillaire avec précipitation, elle se souvint que sa voisine devait passer pour lui donner une part de sa tournée de cookies pour la remercier d'avoir gardé sa fille le week-end dernier. Elle courut avec ferveur jusqu'à sa porte, oubliant même de regarder à travers le judas pour confirmer l'identité de la personne.

─ Koharu-san ! Désolée d'avoir mis autant de…

Ses paroles moururent dans sa gorge lorsque son œillade noisette lui transmit les informations suivantes : ce n'était pas Koharu en face de son logis. Prise par l'adrénaline, elle la claqua à la seconde d'après et resta interdite, les yeux ronds semblant sortir de leurs orbites. Lorsque ses synapses s'interconnectèrent, elle identifia près de trente secondes de réflexion plus tard l'identité de la personne.

─ Oh…non…

Elle comprit qu'elle n'était qu'en serviette.

─ Oh non…

Et qu'elle n'avait pas de sous-vêtement.

─ Tenten…abrutie.

La sonnette retentit de nouveau la faisant frémir devant cette situation. Elle rouvrit délicatement la porte de telle sorte à ce que l'on voit uniquement son visage pourpre, et dit en essayant de se donner contenance :

─ Je reviens…

Assis sur un des coussins autour de la table basse à manger, Neji scrutait la pièce de vie de son hôte : rien de spécial, une pièce d'un blanc éclatant meublé par un lit des plus basiques en fer forgé recouvert d'une couette rose, une petite télé posée sur un meuble, un bureau peuplé de bouquins et de manuels scolaires, et un PC portable reposant sur le parquet lustré. Sa cuisine se trouvait dans le couloir menant à l'entrée pour maximiser au mieux l'espace de sa pièce principale qui ne devait pas dépasser les cinq mètres carré. Tout était parfaitement rangé malgré sa visite à l'improviste, il venait donc de percevoir un trait de sa personnalité. Lorsqu'elle le rejoignit avec un plateau de thé à la main, il l'observa avec attention, analysant avec naturel tous ses faits et gestes. Elle était nerveuse, et c'était normal. Pour lui, toute fille avec un tant soit peu d'estime de soi devrait réagir de la sorte. Troquée sa serviette contre ce pantacourt gris et ce débardeur jaune canari était une bonne initiative.

─ Excusez-moi encore pour… tout à l'heure… fermer la porte aussi brusqu-

─ Vous plaisantez ? Dit-il en la coupant.

Tenten posa une des tasses munie sa soucoupe près de Neji, et s'empara de la deuxième.

─ C'est à moi de m'excuser de m'être imposer chez vous, à cette heure…

─ Vous… tu peux me tutoyer en fait… nous ne sommes pas de la même éthique… ça fait un peu bizarre pour moi, affirma-t-elle s'asseyant à genou tout en s'emparant de sa tellière.

Le jeune homme ne dit rien et se contenta d'hocher de la tête. Il était habitué à ce genre de demande, la manière dont il s'adressait à ses proches n'était pas de l'ère actuelle.

─ Merci, dit-il en s'emparant du thé après que Tenten ait fini de le servir.

─ Bien, fit la jeune femme. Alors, qu'est-ce qui t'amène dans ma charmante demeure ? J'en ai ma petite idée mais… je te laisse parler.

L'Hyûga retroussa les manches et réajusta le col de sa chemise grise. Il en profita pour jeter un rapide coup d'œil à sa Rolex en or gris que son oncle lui avait offert pour ses excellentes notes lors de l'examen final, les meilleures de la région. 18h54, sa gouvernante allait lui en faire voir de toutes les couleurs. Il but d'une traite son thé et le reposa au centre de la table. Il plongea son œillade nacrée dans ses yeux noisette et prit la parole :

─ Il s'agit de Hinata.

Tenten sentit son cœur rater un battement. Bien qu'elle se doute de la raison de sa venue, le ton qu'il avait employé dans sa courte réponse semblait mélanger la contrariété et une pointe de mélancolie. Elle prit sa tasse de thé et avala quelques gorgées, sous la fixation persistante de son visiteur qui semblait attendre une remarque, une intervention quelconque de sa part. Pendant ce silence, le jeune homme comprit rapidement qu'elle ne parlerait pas aussi facilement, ce qui accentuait ses doutes sur le mauvais déroulement de la situation estudiantine de sa cousine.

─ Je t'écoute ? Insista-t-elle.

─ Et bien, Hinata n'est pas rationnelle depuis quelque temps… depuis qu'elle a commencé les cours en fin de compte.

─ « Pas rationnelle » ? Comment ça ? Demanda la jeune femme aux macarons en reposant sa boisson chaude.

─ Je sais que vous… que tu la côtoies en permanence, mais je connais assez bien ma cousine pour dire qu'il se trame quelque chose d'assez grave pour que je fasse le déplacement jusqu'à chez toi, répondit-il en la fixant intensément.

Tenten prit la théière entre ses mains et remplit le verre vide de son hôte un peu déstabilisée, ce que Neji remarqua.

─ Qu'est ce qui te fait dire ça ?

─ Figure toi qu'elle se pointe au domicile avec des blessures sur le corps et donne comme argument l'un des plus irréprochables qui soit : « je suis tombée dans… ».

Tenten sourit intérieurement. Hinata était vraiment une fille spécialement naïve.

─ Elle est vraiment tombée en début de semaine, déclara-t-elle pour la défendre.

─ Les coupures sur le visage ?

─ Bah les marches d'escaliers coupent…

Neji respira profondément pour essayer de se calmer. Que Hinata lui mente par peur, soit mais que l'une de ses amie lui mente sans aucune raison apparente, il ne pouvait le cautionner.

─ Ecoute Tenten… c'est ça ? Elle hocha la tête en signe d'approbation. Ma cousine me ment, je ne sais pas si tu as vu ce qu'elle avait au poignet mais ce n'est vraiment pas jolie à voir. J'essaye de régler cette affaire donc si tu pouvais être un peu plus coopératif au lieu de la « protéger » à ta manière ? Parce que ça n'a pas l'air de l'aider, ou de marcher…

La jeune femme sentit soudainement une chaleur l'envahir au fond de son corps. C'était brulant, comme si son sang était en ébullition. Petit à petit elle comprit ce que c'était… un sentiment si fort et puissant qui pouvait la mettre hors d'elle : la colère. Elle fronça lentement ses sourcils bruns et serra inconsciemment des poings.

─ « Ma manière de la protéger » ? Tu penses que ta cousine est un Pokémon ou un truc dans le genre ? Si elle ne t'a pas fait part de ses problèmes –s'il elle en a réellement- c'est peut-être qu'elle n'a pas besoin de toi ! Elle se sent adulte et responsable, respect son choix et arrête de la materner.

Ses yeux d'un blanc apaisant prirent une tournure spectaculairement menaçante. Qui était-elle pour lui parler de la sorte ? En une seule phrase il avait confirmé ses doutes, mais s'était fait insulter remarquablement par un bout de femme qui n'en avait que faire de son statut social.

─ Ce n'est pas une question de materner ou pas ! Chaque jour elle revient blessée physiquement ou psychologiquement ! C'est ça la laisser faire sa vie ? C'est un enfant dans un corps d'adulte, expliqua-t-il en croisant des bras. Donc parle au lieu de déblatérer des faits dont tu ignores les principes.

Tenten se leva d'un bond et pointa d'un air provocateur son invité.

─ Ne me parle pas comme ça ! Si Hinata ne t'a rien dit, alors je ne parlerai pas ! C'est clair ? Tu n'as jamais eu d'ami dans ta vie ? Tu sais que ça veut dire « tenir sa langue » lorsque celui-ci te le demande ? Débita-t-elle en rangeant les tasses sur le plateau avant de le ramener dans sa cuisine.

Elle le posa sur le rebord de son lavabo et rinça rapidement le tout pour éviter que le liquide sucré ne colle.

─ Non mais je vous jure… « Parle » ! Nous n'avons pas élevé les poules ensem…

Tenten sentit une présence oppressante derrière elle, à peine eut-elle le temps de se retourner en utilisant par pur reflexe le tranchant de sa main pour frapper dans le cou de son « agresseur », qu'il attrapa ferment sa main mouillée. Se sentant d'avantage provoquée, elle entreprit de l'avoir avec l'autre main qu'il saisit à la volée. Frustrée, la jeune femme essaya de l'atteindre avec l'une de ses jambes mais Neji l'avait déjà prévu : il la poussa contre le mur et la bloqua avec ses cuisses. Son souffle était court et saccadé, elle se sentait inférieur… il l'avait maitrisé en une poignée de seconde.

─ A quoi tu joues ?! S'écria-t-elle en le regardant de travers.

─ Tu sais ce que ça veut dire « attaquer » lorsqu'une personne instable t'incite ? Réitéra-il en ne bougeant pas d'un pouce. Finie la plaisanterie, je sais que ma cousine se fait agresser par les élèves pour une raison que j'ignore toujours, et je sais qu'elle t'a demandé de te taire. Est-ce réellement une bonne chose de ne rien dire ? Est-ce que cela a arrangé quoi que ce soit ? Non et tu le sais très bien, étant aussi près de ton visage je peux voir que tu as reçu un coup sur la joue il n'y a pas très longtemps même si cela tend à disparaitre, et que cette marque au creux de tes lèvres est très récente ; ce qui veut dire que tu essayes de la défendre –acte que je salue- mais que tu en prends aussi les pots cassés. C'est à mon tour d'intervenir, Tenten. Dis-moi ce qui se passe…

Elle tourna sa lorgnade dans un coin du petit couloir et ferma les yeux.

─ Je… je ne peux pas…

Neji soupira silencieusement et incita son hôte à l'observer droit dans les yeux.

─ Alors dis-moi un nom… un seul et je partirai…

Son visage était trop près du sien. Elle pouvait sentir sa respiration instable qui montrait qu'il était vraiment touché par la situation de sa cousine. Il mourrait d'envie de connaitre la vérité mais elle ne pouvait pas trahir son amie d'un côté… mais c'était pour son bien, après tout. Ses lèvres scellées par le pacte se mirent à trembler tant elle désirait tout déballer d'un seul coup.

─ S'il… te… plait, murmura-t-il difficilement car il n'était pas habitué à utiliser ce terme.

Tenten se dégagea de lui en poussant son torse avec ses mains et s'arrêta sous l'entrebâillement de l'entrée du salon. Dos à lui, elle se pinça l'arête du nez et murmura le nom de l'une des personnes qu'elle méprisait le plus au monde. Neji laissa la satisfaction s'étirer sur ses lèvres et la remercia.

─ Tu viendras souvent m'agresser dans mon propre domicile ? Questionna-t-elle en se retournant.

─ Si c'est nécessaire, je viendrai tous les jours, déclara-t-il en appelant son chauffeur.

Elle le dévisagea avec mépris et l'observa de loin parler au téléphone avec sérieux, comme s'il avait constamment quelqu'un d'important au bout de la ligne. Il mit l'une de ses mains dans la poche du bas de son costume, faisant ressortir son derrière rond et bien musclé où les pointes de sa queue de cheval basse allaient se reposer. Ce fut la voix masculine de celui-ci, ayant fini sa conversation téléphonique, qui coupa court à sa contemplation.

─ Mon chauffeur est déjà là, je descends, affirma-t-il en se chaussant. Je réglerai cette affaire dès demain matin.

─ Et… et comment comptes-tu t'y prendre ? Questionna-t-elle en reprenant son sérieux.

─ A la manière de la Bunke, la branche secondaire de notre clan, déclara-t-il dans un sourire inquiétant avant de clore la porte.

Tenten resta immobile pendant quelques secondes tant elle avait du mal à analyser tout ce qui venait de se passer en un si court lapse de temps. Elle décida de se faire une tasse de chocolat chaud pour se remonter le moral et s'empara d'une brioche à la crème avant de s'installer près de son ordinateur. Ses pensées étant prisées par la venue de l'Hyûga, elle décida de faire quelques recherches pour essayer d'éclaircir les zones sombres de son esprit. Un nom ? Affaire ? Bunke ? Il n'allait pas tuer la personne qu'elle avait mentionné tout de même ? Après avoir tapé des mots clés liant la famille de son amie sur un moteur de recherche, elle vit les nombreux articles de presse à l'échelle internationale consacrés à leur entreprise. Elle apprit en quelque instant les plus gros contrats qu'ils avaient scellé, mais tout cela concernait plutôt la branche principale de leur clan, la Sôke. Approfondissant ses recherches pour mieux cibler, elle tomba sur des articles de journaux locaux où des affaires non élucidés de disparition, de meurtre, de règlement de compte dans le monde entier soupçonnaient certains membres du clan, plus précisément ceux de la Bunke, à avoir participé. Mais malheureusement, la justice ne donnait jamais suite à ces accusations faute de preuve. D'après un journaliste critique sur un site internet sur lequel elle était tombée plusieurs heures plus tard, elle comprit que le clan Hyûga était si vaste, si bien organisé et hétérogène que chaque membre avait une place attitré dans un domaine spécifique comme le droit, les affaires, la politique, ect… « Ils sont intouchables et irréprochables » avait-il dit. Son cerveau étant en ébullition, elle prit la décision de l'éteindre et se laissa tomber en arrière sur son parquet.

─ Qu'est-ce que j'ai fait, susurra-t-elle en fixant son plafond d'un air tourmenté.

oOo00oOo

Tenten s'était réveillée en retard. Comme souvent, elle avait éteint inconsciemment son réveil pour profiter de quelques minutes de sommeil mais bien vite ce petit instant s'était transformé en une demi-heure. Elle s'était habillée et préparée à la vitesse de l'éclair et s'était emparée de son sac comprenant son Macintosh, et de son bentô effectué la veille savant pertinemment que son sommeil lourd était à son désavantage. Se scrutant une dernière fois dans le miroir accroché dans le hall d'entrée, elle fut satisfaite de voir que ses macarons étaient parfaitement faits malgré la précipitation, et que ce gloss rosé très discret lui allait à ravir. Elle n'était pas habituée à se maquiller, mais aujourd'hui l'envie lui était venue. S'emparant de ses clés et de la dernière brioche à la crème du paquet qu'elle mit entre ses dents, la jeune femme quitta son domicile en n'oubliant pas de fermer sa porte à double tour.

Après avoir changé deux fois de ligne de train pour atteindre le gigantesque site de Konoha, elle marcha près d'une dizaine de minutes où nombreux collégiens, lycéens et étudiants, toute classe sociale confondue et reconnaissables par l'uniforme marqué par le sigle du campus, se dirigeaient vers leurs locaux attitrés. Généralement, c'était les familles avec une influence notable sur le pays qui venaient en véhicule, montrant par le biais de leur progéniture qu'ils étaient « quelqu'un ».

Montant les marches habillées par le même tapis rouge nettoyé chaque jour, elle regagna son casier le plus rapidement possible pour changer ses chaussures et surtout éviter d'être en retard. Avant de coulisser la porte menant à son cours, elle dépoussiéra son pantalon noir à coupe cigarette, et retroussa les manches de sa veste de la même couleur qui faisait ressortir sa chemise vert kaki. Tenten ne roulait pas sur l'or certes, mais elle remerciait chaque jour le fait que le port de l'uniforme de base soit obligatoire, et que l'immense boutique instaurée dans le campus où toute sorte de vêtements validée par l'administration soit accessible financièrement à tous. Personne ne savait qui était riche ou pas, si ce n'était par le biais d'ostentation si fort chez certains qu'ils s'efforçaient à le montrer via leurs luxueux accessoires. Pénétrant d'un pas confiant dans sa salle de classe, elle ne prêta pas attention aux remarques infantiles et quotidiennes des autres élèves et regagna sa place près de Hinata qui lisait silencieusement sa leçon.

─ Ohayo Tenten, dit-elle en souriant.

Lorsqu'elle l'observa de plus près, elle put apercevoir qu'une partie de ses cheveux était étrangement blanchâtre.

─ Hinata… qu'est-ce qui s'est encore passé ? Demanda-t-elle en oubliant même de lui répondre.

La brune garda le silence.

─ Tu aimes, la pauvre de service ? Tayuya m'a dit que saupoudrer de la craie sur une chevelure -à l'aide de l'effaceur pour tableau- était aussi bien pour un éclat naturel, expliqua Sakura malicieusement en s'asseyant sur la table de ses deux amies.

─ Sakura tu es jalouse de ses cheveux, et je te comprends. Tu as une affreuse couleur, ce rose bonbon me donne la gerbe, déclara la jeune femme en se retournant.

L'Haruno s'apprêtait à répondre avec dédain mais la venue de l'homme pour lequel elle mourrait s'il le fallait l'en empêcha. Elle se contenta de la fusiller du regard, et rejoignit le ténébreux qui venait de prendre place avec Gaara.

─ Merci, susurra Hinata avant de soupirer.

─ Il faut que quelqu'un la cogne pour qu'elle la ferme, déclara-t-elle en sortant son Macintosh de son sac. Il est où le prof ?

─ Je ne sais pas, ça fait quinze minutes déjà qu'on aurait dû commencer…

─ Il va encore nous sortir une excuse bizarre j'en suis sûre, supposa-t-elle. Dis-moi, Hinata…tu vas bien ? Enfin ça se passe bien chez toi ?

L'Hyûga la scruta d'un air surpris et hocha la tête.

─ Hum…oui pourquoi ?

─ Bah je… je ne sais pas… je sais que c'est indiscret mais… ça va bien avec les membres de ta famille ?

Un sombre flash-back lui vint en mémoire, ce qui affecta à la seconde près son humeur. La tristesse l'envahit de la tête au pied en repensant à la discussion animée qu'elle avait eu avec son cousin. Il fallait qu'elle l'en parle… après tout une oreille attentive lui ferait du bien. Au moment où elle s'apprêtait à partager sa peine, le professeur de comptabilité entra dans la salle.

─ Vous êtes en retard monsieur ! S'écria Karin. J'espère qu'on ne rattrapera pas ça en fin d'heure !

─ Et qu'on aura notre pause ! Ajouta Ino en croisant ses membres sur sa poitrine.

─ Oui, oui… il y a eu un accident lié à un arbre sur la route. Il y a des bouchons partout, expliqua Kakashi en posant sa mallette sur le bureau.

─ Ouais c'est ça, dit Sora en roulant des yeux.

─ Croyez-moi…enfin bref. Certains ne se sont pas rendus aux inscriptions sportives au début de la semaine. Sachez qu'aujourd'hui est le dernier jour, passé ce temps, zéro sera une partie de votre note pour la moyenne finale. Pas besoin de rappeler les concernés, déclara-t-il en jetant un rapide coup d'œil à sa classe avant de tousser derrière son masque.

─ Si vous êtes malade sensei, pourquoi vous casser la tête à venir ? Demanda Sakura.

─ Je suis malade tous les jours pour votre gouverne. Bon assez parler de moi, reprenons donc le cours. Nous avions fini l'introduction si je me rappelle bien, nouveau chapitre un, les comptes du producteur.

Passé une heure et quinze minute, le professeur s'éclipsa pour aller se prendre un café corsé histoire de se revigorer. Il laissa sa classe d'étudiants seule qui se défaisait peu à peu de leur mutisme pour rattraper les blancs dans leur cours, ou pour raconter les ragots du jour. Certains quittèrent la pièce pour imiter leur professeur, pendant que d'autres allèrent juste fumer leur cigarette de dix heures. Lorsque Tente aperçut le taciturne qui se levait pour sortir de la salle, comme prise par l'adrénaline, elle se sentit obligée de le suivre. Loin de là l'idée de jouer son garde du corps, elle pensa que c'était le seul moyen pour guetter l'arrivée de Neji, le seul moyen pour l'empêcher de faire une bêtise.

─ Tenten où vas-tu ? Questionna la petite voix de Hinata en la voyant se lever.

─ Hum… je reviens tout de suite ! Reste là surtout ! Je vais… aux toilettes c'est ça !

─ Je peux t'accom-

─ Non, non, non… c'est bon merci aha…

Elle abandonna la brunâtre qui elle semblait interloquée par le comportement de son amie. La jeune femme aux macarons suivit de loin Sasuke et s'arrêta à quelques mètres de lui. Il s'était flegmatiquement appuyé contre le mur près des distributeurs de malbouffe et de la machine à boisson chaude pour laquelle Gaara semblait vouloir commander. Elle guetta les alentours anxieuse, et décida finalement d'attendre sa possible irruption spontanée devant les escaliers menant au rez-de-chaussée.

─ Kami-sama… aidez-moi je vous en prie, pria-t-elle en levant les yeux au plafond. Faîtes en sorte qu'il ne vienne pas…

Que ne fut pas son désespoir lorsqu'elle le vit –comme par hasard- montant lentement les marches en marbre les mains dans les poches de son bas de costume noir. Son haut se composait uniquement d'une chemise bleu pâle retroussée au niveau des manches, comme d'habitude. Elle se précipita sur le palier inférieur avec ferveur et lui barra la route en étirant ses bras.

─ Qu'est-ce que tu fiches ici ? Demanda-t-elle avec hargne.

L'Hyûga contraint de s'arrêter se redressa et planta ses iris opalins dans les siens.

─ Comme je te l'ai dit hier, c'est à mon tour de régler le problème, répliqua-t-il nonchalamment.

─ Mais tu ne peux… dans l'enceinte de l'établissement ?! Tu vas l'assassiner c'est ça ?

Neji laissa un rictus s'afficher sur ses lèvres et passa au-dessous de son bras.

─ Hey ! Je te parle ! S'exclama-t-elle en montant les escaliers plus rapidement pour bloquer sa course.

Le jeune homme fronça légèrement les sourcils, son attitude commençait doucement à l'exaspérer.

─ Tenten, laisse-moi passer.

─ Non !

Il l'a bouscula sans vraiment utiliser de sa force et se mit à longer le long couloir menant à la salle de classe de sa cousine d'un pas rapide.

─ Neji tu ne peux pas faire ça ! Pense à Hinata bon sang, déclara-t-elle en essayant tant bien que mal de le rattraper dans son rythme de marche.

─ Je pense à elle en m'apprêtant à exécuter la décision que j'ai prise.

─ Mais tu… tu ! Arh !

Elle s'empara brusquement de son poignet ce qui l'empêcha de faire un pas de plus. Essoufflée elle chercha les mots exacts pour l'en dissuader.

─ Ca va empirer ! Elle sera d'avantage dans les problèmes ! Et tu vas te faire massacrer !

Par réflexe, elle mit sa main devant la bouche car la dernière partie était sortie toute seule. Elle voulait tellement éviter un carnage qui promettait d'être ensanglanté qu'elle en avait dit plus qu'elle ne le voudrait. Prenant de l'élan avec le bras tenu par la jeune femme, il fit un geste brusque qui l'obligea à lâcher prise. Elle recula d'un pas un peu déstabilisée, l'œillade perdue dans ses yeux nacrés.

─ Neji je…

Il fit volteface sans ajouter un mot et scruta les quelques étudiants qu'il croisait en marchand. Il vit pas mal de bruns aux cheveux courts, mais aucun n'était semblable à l'individu qu'il cherchait. Soudain il le repéra, près des distributeurs à quelques mètres de lui. Un sentiment inexplicable l'envahit à ce moment précis, le possédant progressivement jusqu'à atteindre une emprise totale sur sa personne. Il n'avait besoin ni de preuve, ni de le prendre en flagrant délit, il savait pertinemment qu'il orchestrait tout ça, ce n'était pas nouveau. Toutes les grandes institutions scolaires de Tokyo avaient eu vaguement vent de sa tyrannie avec des « on dit » que sa cousine avait malheureusement subi. Toute la frustration depuis ces derniers jours et la rage qu'il contenait difficilement depuis ces révélations possédèrent son corps, le faisant haleter, frissonner, et trembler tant l'envie de lui rentrer dedans était incommensurable. Il fronça des sourcils, serra des dents et des poings avec toute la puissance qu'il détenait. Il prit de l'élan avec son membre -pendant que son corps penché en avant se dirigeait à toute vitesse vers l'autre protagoniste- et projeta avec une puissance inégalée son poing droit qui percuta en pleine mâchoire le jeune Uchiha. Celui-ci ne voyant absolument rien venir tomba à terre à cause du choc, et porta sa main sur sa joue endolorie tout en fixant celui qui avait osé le frapper. Un silence pesant s'installa peu à peu, attirant au fur et à mesure des étudiants qui venaient voir la scène de plus près. Sasuke en avait pris un coup dans son estime, c'est pour cela qu'il se leva et empêcha Gaara de faire un geste de plus. Il tenait en haleine toute l'assemblée qui attendait une action, une réplique de sa part après s'être fait envoyé lâchement au sol. Neji craqua son poing endolori dont il regrettait d'avoir mis autant de force, pendant que Sasuke essuya un coulis de sang qui venait de naitre au creux de ses lèvres.

Neji n'eut pas le temps de faire un mouvement que d'un coup sec et bien placé, le brun l'envoya contre le mur sur lequel il était adossé. S'en suivit d'une pluie de frappes en pleins visage qui avaient toutes pour but de faire saigner, de rendre son adversaire inapte pour riposter. Le membre de la Bunke reprit légèrement le dessus en réussissant à attraper le col de Sasuke pour lui administrer un uppercut qui le fit vaciller. Celui-ci recula de deux pas avant de revenir à la charge avec un coup de genou violent en plein ventre. L'Hyûga se plia en deux tant la douleur était insupportable et riposta avec un coup de tête dans le menton de l'autre combattant. Ils s'enchainèrent ainsi dans tout l'espace du couloir, faisant hurler et fuir les badauds au passage paniqués à l'idée de se faire heurter. Sasuke poussa si fort Neji contre le distributeur que celui-ci laissa échapper une gerbe de sang de sa bouche. La machine fit tomber nombreuses collations pendant que le jeune Hyûga espérait reprendre le dessus en étouffant le ténébreux par le cou. Sasuke grimaça à cause de l'asphyxie qui le gagnait petit à petit, avant de sourire lorsqu'il réussit à dégager son bras droit pendant que l'autre bloquait fermement l'homme aux yeux pâles au niveau de la gorge. Encore sonné par les chocs répétitifs, Neji ne put qu'apercevoir le puissant coup de poing qu'allait rencontrer son visage abimé dans un court moment. Ses yeux meurtriers se plantèrent dans les ténèbres, attendant le sort inévitable qui allait faire craquer ses cervicales. Sentant son rythme cardiaque s'accéléré ce qui provoqua une bouffée de chaleur qui l'envahie, L'Hyûga eut à peine le temps de resserrer sa poigne pour retarder son châtiment -enlevant un grognement de souffrance au brun au passage- qu'il sentit une force brutale qui le défia de leur « étreinte ». Il vit son adversaire presque voler en arrière pour rencontrer brutalement le mur opposé, l'air surpris, avant qu'il ne se fasse lui-même encastrer contre la machine sur laquelle son dos reposait. Il croisa des yeux grisés remplis de colère, seuls parties du visage qui étaient visibles. Le souffle lourd et haletant il poussa l'individu qui le tenait et se remit correctement droit, avant de d'arranger sa chemise légèrement déchirée au niveau du col. L'Uchiha se leva lui aussi en s'aidant du mur et dévisagea les deux protagonistes avec rage.

─ Sasuke bureau, dit froidement Kakashi avant de se tourner vers Neji. Toi aussi.

Toute riposte provoquerait une bataille que les deux jeunes hommes n'étaient actuellement pas en mesure d'assumer. Le taciturne prit les devants en se dirigeant en premier vers le bureau du Kouchou, suivit de près par Kakashi qui faisait office de séparation pour éviter un nouveau round. Neji aperçut brièvement sa cousine au loin, et l'œillade qui lui accorda fut loin d'être chaleureuse ou amicale. C'était aussi froid que de la neige, aussi tranchant qu'une feuille de papier ce qui eut l'effet d'une pétrification instantanée qui la fit baisser des yeux. Le silence mortuaire qui dominait l'espace se transforma progressivement en brouhaha à mesure que les principaux concernés s'éloignaient du groupe estudiantin. Des cris, des pleurs, ou encore des chuchotements peu discrets animaient le couloir qui se transforma bien vite en « scène de crime ».

─ M-m-mais ! C'est ta famille ! S'exclama Karui en s'approchant lentement de ses deux amies qui se trouvaient à l'entrée de leur salle de classe. Hinata !

Tenten se retourna lentement l'air désespéré sur le visage, pendant que la brune avait l'œillade rivé sur l'endroit même où son parenté s'était battu. Elle était toujours autant stupéfiée.

─ Hinata ? Ça va ? Demanda la jeune fille aux yeux noisette angoissée en voyant l'air grave qu'elle arborait.

Tremblante, elle tourna sa tête d'une lenteur inquiétante et murmura à celle-ci :

─ Il… faut trouver… Fukada-san…

Tenten hocha de la tête énergiquement et disparut en courant dans la foule qui s'agrandissait de plus en plus. Karui enroula délicatement son bras autour de ses épaules et frotta énergiquement son membre comme lui donner de la chaleur corporelle.

─ Déstresse my dear. C'était le combat le plus epic que je n'ai jamais vu ! T'as famille à l'air d'assurer ! Dit-elle avec enthousiaste pour lui remonter le moral. Dis, vous avez vraiment tous des yeux d'aveugle ? Parce que c'est facile de vous reconnaitre alors !

oOo00oOo

Tsunade commençait à perdre patience, déjà dix minutes qu'elle attendait les deux versions possibles des rivaux sans que l'un ne veuille prendre la parole, comme si cet entretient n'avait pas lieu d'être. Neji assis en face d'elle comme son adversaire, la fixait droit dans les yeux pendant que l'autre, bras croisés, semblait apporter un grand intérêt pour sa bibliothèque personnelle en teck près de son immense baie vitrée. Elle soupira sa frustration et reporta son attention sur le chauffeur debout à côté de Kakashi, derrière les deux concernées.

─ Ça lui arrive souvent de s'introduire dans les établissements pour lesquels il n'a pas d'affiliation ? Questionna-t-elle exaspérée.

─ Eh bien Tsunade-Kouchou… je dirais que non… dit-il mal à l'aise.

─ Pourtant c'est le cas aujourd'hui, elle croisa ses doigts sur la table, se battre en plein… je n'arrive même pas à le croire… Tu ne vas pas t'en sortir Sasuke.

─ Je pense que le plus fautif dans l'histoire c'est ce jeune homme, l'accès ne lui est pas autorisé, il est externe, même si sa cousine est inscrite dans l'établissement il n'a aucun droit, Kouchou, défendit le professeur de comptabilité. Puis j'ai ouïe dire qu'il avait déclenché la bagarre.

─ Peu importe Kakashi ! Qui a commencé ou je ne sais quoi… il n'y a que les abrutis avides de brutalité qui ripostent, s'exclama-t-elle en regardant spécialement Sasuke qui n'y accorda aucune importance.

─ Je pense que tous deux sont blâmables, Tsunade-Kouchou… Pardonnez Neji-sama pour son comportement plus que déplacé… il croyait bien faire mais je ne pensais vraiment pas qu'il irait aussi loin, sinon croyez-moi que je ne l'aurais jamais conduit ici, expliqua le chauffeur en s'inclinant.

─ Je ne veux pas de vos excuses, votre protégé est sourd ? Il me fixe mais pourtant refuse de prendre la parole.

─ Eh bien je...

Il se pencha et susurra dans l'oreille du jeune Hyûga :

─ Je vous en prie, soyez coopératif ! Vous n'êtes pas en situation d'argumenter quoi que ce soit !

Neji arqua légèrement les sourcils et prit enfin la parole par respect vis-à-vis de son chauffeur qui voulait surement quitter les lieux, tout comme lui :

─ Je ne regrette rien.

Fukada leva ses iris dorés au ciel en se massant les tympans, pendant que Tsunade avait une soudaine envie de lui faire ravaler ses paroles. Comment ce petit insolent en tort osait la provoquer de la sorte ? Ses nerfs étaient sur le point de lâcher, il fallait qu'elle écourte cette convocation pour éviter un meurtre.

─ Je savais que les Hyûga avaient un égo surdimensionné, mais j'ignorais que certains d'entre eux possédaient une stupidité pareille, affirma-t-elle sans gêne, ce qui eut le don d'enrager le jeune prodige. Je ne veux plus te voir dans les parages, c'est clair ? Hinata ou pas, l'accès à Konoha t'es interdit pour le moment.

Attendant une réponse de sa part qui ne vient jamais, le hochement de tête du chauffeur lui fit comprendre qu'il avait nettement enregistré ses propos. Neji se leva sans que la directrice ne lui invite et déclara avant de quitter les lieux sans attendre Fukada :

─ Méfie-toi, Uchiha.

L'employé de maisonnée s'excusa platement pour son comportement récalcitrant et le rejoignit dehors, laissant un silence incommodant plané dans le bureau.

─ Quant à toi Sasuke-

─ Me virer temporairement ne vous servira à rien, je me rends en cours quand je trouve que c'est nécessaire, dit-il sans la regarder. Toute cette mise en scène pour montrer aux autres que vous avez un pouvoir sur notre vie scolaire est totalement inutile pour ma part, ce fut une perte de temps.

Il se retira de sa chaise et marcha d'un pas lambin jusqu'à la porte.

─ Sasuke, appela glacialement la blonde, si tu sors je-

─ C'est ce que je fais, répliqua-t-il sans la laisser le temps de finir sa phrase, avant de fermer la porte derrière lui.

La directrice s'apprêtait à le poursuivre dans sa course mais Kakashi l'en empêcha en la bloquant le passage. Enervée, elle risquait de perdre ses moyens.

─ Calmez-vous…Dans cet état, vous ne pourrez parvenir à vos fins. Laissez-le s'en aller, l'affaire est plus ou moins réglée…

Elle desserra lentement ses poings qu'elle pressait inconsciemment et expira sa haine. Elle se laissa tomber sur sa confortable chaise de bureau en cuir noir et fixa le paysage qu'offrait sa baie vitrée : le campus dans son intégralité. Tergiverser dans ses pensées lui permettait d'oublier les désagréments de sa journée, c'est pour cela qu'elle aimait tant cette pièce.

─ C'était peut-être une bagarre de rien du tout, mais les jeunes d'aujourd'hui ne savent plus ce qu'est le respect. Il faut leur en coller une pour qu'ils comprennent, je ne vois pas d'autre solution.

Kakashi l'observa de dos comprenant tout à fait ce qu'elle voulait dire. L'enseignement des temps modernes était vraiment de plus en plus dur.

─ Vous y arrivez parfaitement, Tsunade-Kouchou.

─ J'aimerai bien vous croire Kakashi, répondit-elle songeuse.

oOo00oOo

Sasuke ouvrit son armoire à pharmacie pour en retirer une bouteille de désinfectant ainsi que des compresses stériles enveloppées dans leur emballage. Il posa le tout autour du lavabo et se fixa à travers le miroir de sa salle de bain : blessures légères certes mais assez visibles. Sa lèvre inférieur et sa fossette gauche étaient gonflées, des ecchymoses éparpillées sur sa tête entière –même dans son cuir chevelu- jusqu'à l'extrémité du bas de son cou. Il arracha presque sa chemise désormais inutilisable, et la jeta au sol d'un geste brutal. Sa musculature impressionnante montrait quelques rougeurs à certains endroits, tout comme ses mains ensanglantées qui subissaient progressivement de douloureuses crampes. Il décida de prendre une douche froide avant de se soigner car pour l'instant son sang chaud l'empêchait de se calmer.

Trente minutes plus tard, c'est le son à intervalle relativement court de sa sonnette qui le coupa dans le bandage de ses plaies. Il grogna d'exaspération et rejoignit le rez-de-chaussée pour ouvrir la porte aux même opportuns qui venaient constamment le déranger au mauvais moment.

─ Sasukette tu te branlais ou quoi ? S'exclama Kiba en le poussant presque pour pénétrer son domicile.

─ C'n'est pas vrai… encore en serviette ? Dit Naruto en le dévisageant. Alors raconte ? A-ce-qu'il-parait c'était tellement violent que vous avez failli tuer Ino ! Elle était en pleure la pauvre ! Ahaha !

─ Je ne sais pas si je dois faire une remarque en voyant ta tête défigurée, ou si je dois passer outre sachant que mes discours n'ont pas l'air de t'atteindre, déclara Gaara en le fixant furtivement avant d'aller rejoindre le guitariste sur le canapé.

─ Franchement…

Le blond et le taciturne se retournèrent vers le dernier arrivant qui marchait au ralenti, les mains dans les poches.

─ Quoi ? Dit Sasuke qui en avait marre que ceux-ci non seulement squattent sans le prévenir, mais osent le réprimander pour des affaires qui ne les concernaient absolument pas.

─ Sans commentaire, finit Shikamaru en entrant tout en secouant sa tête de gauche à droite.

Sasuke essaya de se contenir et ferma la porte d'entrée derrière lui.

─ Pourquoi vous êtes là ? Demanda-t-il avec aigreur.

─ Mec, tu t'es battu avec le frère de Hinata, tu ne peux plus l'approcher parce que « Madame » ira tout balancer maintenant qu'il connaît la vérité, plus personne n'osera la tourmenter avant un bon moment… tu viens de me donner le bâton pour te battre, Sasuke-chan, affirma avec un grand sourire le blond.

─ Rectification : c'est son cousin, déclara le Nara en zappant de chaine.

─ On s'en fou. Sasuke tu me déçois… j'avais tellement confiance en toi, t'étais mon idole merde, ajouta Kiba en prenant un air dramatique.

─ Naruto… il reste une semaine, intervient Gaara.

─ Enlève le week-end aussi, répliqua l'Uzumaki. Il reste cinq, minuscules, petits jours… je vais gagner… qu'est-ce que je ferai avec… plus d'un million de yens* bordel ! Gaara à nous les restaurants chics et branchés !

─ On mangeait déjà dans des restaurants chics et branchés… et ce ne sont pas les meilleurs, répondit-il en consultant son téléphone.

─ Rien à faire ! On savoure tellement quand c'est l'argent des autres, il plongea ses yeux bleus dans ceux de son meilleur ami, l'argent n'a pas d'odeur mais à le gout de l'amertume… celui de la défaite d'un Uchiha qui en a pris dans son estime !

─ Super réponse, tu vois quand tu mets en marche ton cerveau tu peux sortir des trucs bien, dit Shikamaru en se levant. Bon je vais commander des trucs parce que Sasuke à virer sa domestique, c'est chiant parce qu'elle cuisinait super bien.

─ T'as viré Mika ? Questionna le jeune homme à la chevelure rouge surpris.

─ Inintéressante, incompétente, inopérante.

Tu étais impuissant ? Dit le blond en souriant.

Sasuke laissa un rictus s'afficher sur ses lèvres après cette remarque et décida de prendre les escaliers pour regagner sa chambre. Bien que son duplexe ne soit rempli que d'hommes, rester nu lui vaudrait un rhume bien mérité. Arrivé en haut des marches, il observa Naruto qui ne l'avait pas quitté des yeux et dit :

─ Je n'ai qu'un tour dans mon sac je l'avoue, mais quand je le sortirai-

─ Je n'attends qu'à voir, le coupa-t-il.

Il se retourna en acquiesçant, et s'introduit dans la salle de bain pour finir ce qu'il avait commercé.

oOo00oOo

Son réveil fut plus que matinal pour un samedi matin où elle avait l'habitude de se lever dans les environs de 9h. Le printemps laissait doucement place à la saison estivale qui allait s'installer dans quelques semaines, les températures douces augmentaient subtilement tout comme les longues journées d'été. Hinata aimait bien évidement le soleil, cette source de chaleur qui chauffe au point de brûler la peau, autrement dit pour obtenir un teint bronzé. Et même s'il n'était pas vraiment coutume de s'adonner à une telle activité chez les nippons, en Amérique c'était autre chose… Elle sourit nostalgiquement en repensant à ses journées passées à la plage avec ses amis, où peu importe le temps qu'elle passait à l'extérieur avec des températures avoisinant les trente-cinq degrés, son épiderme n'atteignait aucune nuance foncée. Toujours aussi blanche que de la neige, aussi pâle que ses yeux… sa saison préférée était l'hiver, peut-être n'était-ce pas qu'une simple coïncidence après réflexion.

Elle se tortilla allégrement dans ses couvertures et fixa sa cour extérieur où son jardiner entretenait la végétation. A l'aide d'un tuyau d'arrosage, il aspergeait le petit potager dont Chiyo s'approvisionnait pour faire des petits plats bio et équilibrés, pas loin du cerisier que sa mère avait planté jadis qui fleurissait doucement mais surement. C'était calme, beau et apaisant…

─ HINATA DEBOUT ! S'exclama une voix qu'elle reconnaitrait entre mille.

Sa sœur sauta sur son lit, faisant rebondir son corps dans tous les sens.

─ Hanabi ! S'écria-t-elle. Arrête !

─ Mais faut que tu te lèves ! C'est le match de Neji aujourd'hui ! Hinata se redressa lentement et fixa sa sœur avec perdition. T'as oublié… c'est ça…

Elle se retira de ses couvertures et se dirigea vers sa gigantesque penderie pour choisir ce qu'elle allait porter ce jour-ci.

─ Ne prends pas de short, j'en ai déjà un ça se voit non ?! Ajouta sa parenté en la regardant faire. Prends la jupe verte plissée à petits motifs là, en coton… Pakura a repassé ton polo jaune préféré, il est sur ton bureau. Dis, on va manger ? Questionna-telle en voyant la brune se tourner vers ledit polo, confirmant ses précédents dires. Neji m'a dit qu'il n'avait pas faim, surement le stresse…Père devait passer au travail pour faire un truc, y'a que toi qu'il reste…

Sa sœur acquiesça de la tête et la suivit hors de sa chambre sans dire un mot.

Dans les alentours de 13h, toute la famille –mis à part le père- furent conduis au terrain de tennis ATP World Tour qui avait organisé exceptionnellement une compétition regroupant des amateurs tokyoïtes. Hiashi, grâce à ses contacts, avait trouvé bon d'inscrire son neveu histoire de gonfler son CV déjà bien rempli pour son âge. C'était l'un des rares membres de la Bunke qu'il appréciait grandement, c'est pour cela qu'il avait décidé de le prendre sous son aile malgré quelques désaccords qu'ils cultivaient notamment sur le plan professionnel futur. Il avait besoin d'un fils comme lui pour perdurer l'activité de son entreprise, ses filles étaient certes intelligentes, mais pas aussi ingénieuses et réfléchies que lui… du moins Hinata. Neji était beau, malin, compétents, charismatique et réussissait dans tous les domaines qu'il entreprenait comme le piano, le tennis, ou encore le karaté. C'était le fils parfait qu'il avait toujours rêvé d'avoir.

─ Alors tu te sens prêt ? Demanda la cadette en portant son attention sur le jeune prodige.

─ Plus ou moins.

─ D'accord... dit-elle déstabilisée par ce silence persistant.

En vérité, elle savait en quoi était due cette situation déplaisante. Elle n'avait entendu aucune explication depuis la veille, mais le visage endommagé de son cousin, et la mine chagrinée qu'arborait sa sœur suffisaient pour supposer un scénario plus que probable. Voilà pourquoi elle avait gardé le silence pendant le reste du trajet, poser des questions « bêtes » pourrait être regrettable.

─ Mets leur la patté de ta vie, Neji ! S'écria Hanabi en le regardant partir aux vestiaires.

Il lui répondit de dos par un signe de main. Hinata quant à elle hésita longuement à lui adresser la parole, de peur qu'il l'ignore royalement. Elle prit son courage à deux mains après le regard appuyé de sa sœur et dit à son tour :

─ B-bonne… chance…

Il ralentit son rythme graduellement… et reprit sa marche quelques secondes plus tard comme si de rien était.

─ La rancune d'un Hyûga ne s'évapore pas avant un bon bout de temps, murmura Hanabi en souriant. C'est pour ça qu'on est constamment en conflit…

Hinata hocha la tête un peu attristée et marcha en direction des gradins avec celle-ci. Arrivées à leur place attitrée, les deux sœurs s'assirent tout en guettant l'arrivée de leur père. Elles le virent peu de temps après en retrait avec des hommes d'affaire, discutant surement des cours de la bourse, des actionnaires, ou des nouvelles entreprises voulant entrer sur le marché pour lesquelles la leur pourrait trouver un bon investissement.

─ Regarde ! Père parle avec cette mocheté de Kira ! Toujours en train d'essayer de l'embobiner pour qu'il se marie avec l'une d'entre nous… ça ne va pas non ! Je préfère crever ! Et le pire c'est que cette tête de rat ose dire qu'on n'est « pas à son gout », j'hallucine ! Il s'est regardé dans une glace avec ses dents de requin et sa face de troll !

─ Hanabi stop ! Dit Hinata en tapant sur sa cuisse.

─ Non mais c'est vrai quoi !

─ Oui mais tais-toi, répondit-elle en voyant leur paternel arriver. Père…

─ Bonjour père, salua la plus jeune en souriant.

Il passa une main réconfortante sur la chevelure de la cadette et attrapa le bout des doigts de Hinata comme pour lui serrer la main.

─ Le match est à quelle heure ?

─ Dans vingt minutes, déclara la brune.

─ Père, il était tellement stressé qu'il n'a rien mangé !

─ C'est normal, un Hyûga qui stresse est une personne réfléchit qui n'a pas peur de l'échec, c'est l'excitation de remporter ce qu'il entreprend qui lui donne ce sentiment.

Ses filles n'étaient pas forcément d'accord avec ses dires en ce qui leur concerne, mais elles décidèrent de ne rien dire. Le match de Neji arriva rapidement et sans aucune surprise il le remporta. Il les rejoignit une heure plus tard dans les gradins, un grand sourire se lisant sur ses lèvres.

─ La demi-finale se déroulera la semaine prochaine.

Son oncle tapota son dos avec fierté pendant que sa plus jeune cousine racontait hilare ce qu'un autre riche héritier dans sa tranche d'âge lui avait promis comme dote si elle acceptait de se lier avec lui. Hinata l'air pensif se disait que celle-ci n'était pas prête de se marier de sitôt avec un tel comportement…

oOo00oOo

Le reste du week-end se déroula à la vitesse de l'éclair. L'Hyûga passa toute sa journée de dimanche à réviser ses cours pour la semaine prochaine, évitant ainsi d'être débordée lors de la période d'examen qui arrivait à grand pas. Elle avait notamment eu le temps dans la soirée de parler de tout et de rien avec ses deux amies via Skype.

─ Il te fait toujours la gueule ?! Les mecs je vous jure, s'écria Karui en levant les yeux au plafond.

─ Ca va lui passer Hinata-chan… les garçons ne sont pas très malins des fois, ajouta Tenten.

Cette longue conversation de trois heures lui avait fait un bien fou. Il était maintenant 23h30, elle avait déjà diné, il était donc temps pour elle de rejoindre les bras de Morphée.

La jeune femme avait pu profiter d'un sommeil réparateur vis-à-vis de sa semaine particulièrement fatigante. Elle espérait de tout cœur que celle-ci se déroule sans encombre, comme la météo qui ne prévoyait que du soleil et de légers nuages blancs tous les jours. Aujourd'hui elle opta pour une chemise en soie bleu marine et une jupe noire simple qui lui arrivait aux genoux.

─ Hinata-sama ! Vous allez mettre votre cousin en retard ! S'écria Fukada à l'étage inférieur.

─ J'arrive !

Aucun son ne sortit de sa bouche durant tout le chemin menant à l'établissement de sa cousine. Elle l'avait fixé presque larmoyante avant de sortir de la limousine lorsqu'ils arrivèrent sur le campus sans qu'il n'y prête une quelconque attention, comme absorbé par ce que disait les articles de son journal.

─ Neji-sama… vous la tourmentez en agissant ainsi, déclara le chauffeur en le fixant via le rétroviseur, reprenant la route.

─ Je le sais.

─ Pourquoi ne lui faites-vous pas la paix alors ?

─ Pour lui faire comprendre que je lui en veux qu'elle m'ait marginalisé de la sorte, expliqua-t-il en levant les yeux de sa lecture.

─ Elle a compris…

Neji soupira et fit semblant de ne pas avoir entendu ses dernières paroles.

─ Tiens, ce n'est pas Lee-san qui court là-bas ? Dit le chauffeur en klaxonnant, tout en descendant sa fenêtre.

Le jeune homme coupé dans son sprint ralentit au fur et à mesure, maintenant sa course à pied sur place, sa pochette en cuir brun à la main. Il portait une chemise blanche uni simple et un bas de costume gris à rayure.

─ Yo Fukada-san ! Neji-san !

─ Comment allez-vous ? Montez, je vous emmène, proposa le chauffeur en souriant.

─ Non ça ira ! Pour préserver ma jeunesse je dois faire au moins six heures de sport par jour !

─ Arrête de dire des bêtises et monte, tu vas être en retard, dit Neji.

─ Osu* !

Racontant dans les détails comment s'était déroulé son week-end, Lee décida enfin de lui demander qu'en était-il du sien.

─ Je suis qualifié à la demi-finale du tennis, répondit-il.

─ Je le savais ! Un génie comme toi ne pouvait certainement pas échouer !

─ Arrête Lee…

─ Mais je suis sérieux ! S'exclama-t-il enthousiaste. Sinon tout va bien ? Tu as l'air ailleurs aujourd'hui…

Fukada croisa furtivement le regard du jeune homme avant de reporter son attention sur la route.

─ Hum… non je suis un peu fatigué…

─ D'ailleurs c'était des balles enflammées ? Qu'est ce qui t'es arrivé au visage ? Demanda-t-il en s'approchant d'avantage.

Il recroisa une nouvelle fois l'œillade dorée du chauffeur qui n'attendait qu'à entendre la réponse qu'il lui donnerait.

─ Je me suis battu.

─ Quoi ?! Et tu ne m'as même pas dit ?! Je serai venu pour t'épauler ! J'ai appris une nouvelle technique la semaine dernière, le Tokyo Senpu !

Neji sourit légèrement.

─ Une prochaine fois…

─ C'était qui le malheureux ? Un malfrat ? Un yakuza ? Un voleur ? Un violeur ? Un pyromane ?

─ Un Uchiha, cracha-t-il presque en serrant spontanément son pauvre journal.

L'excitation du jeune Lee se rebiffa en une fraction de seconde. Il fronça ses épais sourcils et baissa légèrement la tête.

─ Uchiha Sasuke ?

─ Hum... tu le connais ?

Lee laissa un rictus se dessiner sur ses lèvres et déclara avec une pointe de mépris et de colère :

─ Il en faisait voir de toutes les couleurs à mon ex-petite amie…

Neji tourna sa lorgnade vers le jeune homme quelque peu interdit par ses révélations.

─ T'en fais pas, je ne suis pas sorti indemne certes, mais lui non plus. Je t'assure que si je le croise dans la rue, il n'y aura personne pour m'arrêter.

oOo00oOo

La dernière semaine d'avril se finit étrangement bien. Depuis que Neji avait fait son apparition le vendredi dernier, tous les élèves de l'établissement s'étaient contentés de lui envoyer des pics à distance à elle et à Tenten sans que cela ait un grand impact sur leur moral. Cette semaine, pas de persécution, pas de photos truquées, pas de membres tordus, rien que des insultes peu réfléchies que les deux amies ignoraient dignement. Hinata vivait enfin une vie estudiantine presque normale pour son plus grand bonheur. Sasuke ne s'était pas pointé depuis la bagarre avec son cousin, sous son agréable contentement.

─ Je ne remercierais jamais assez ton satané cousin, dit Tenten en corrigeant les fautes de sa leçon sur son ordinateur. D'ailleurs tu lui reparles ?

─ Toujours pas…

─ Arh ! Quelle tête de mule ! C'est bien sa compét' ce week-end ? Questionna-t-elle avant que la brunâtre ne réponde par l'affirmatif. Et bah, je ne sais pas… s'il gagne organise un truc avec ta sœur, ou achetez lui un cadeau…et si ça ne marche pas qu'il aille se faire voir !

Hinata sourit et hocha la tête, trouvant l'idée pas mal pour essayer de resserrer les liens avec son parenté.

─ Tenten je reviens, déclara-t-elle en se levant.

─ Tu vas où ?

─ Je te dirais ça plus tard !

La jeune femme aux macarons vit sa camarade s'éloignée en courant, sans qu'elle n'ait le temps de demander plus d'approfondissement sur ses quelques paroles.

Hinata descendit les marches à toute vitesse jusqu'à rejoindre un couloir adjacent à la cage d'escalier. Elle se posta devant la porte extérieure réservée au personnel, et l'ouvrit avec délicatesse. Elle fut rapidement aveuglée par la lumière jour, avant de retrouver petit à petit la vue. Elle scruta les environs avec attention sans qu'elle ne trouve ce qu'elle cherchait réellement. Déçue, elle entreprit de retourner dans sa classe mais au moment même où elle allait regagner l'établissement, elle percuta un torse dur en plein faciès. Elle recula de deux pas et fixa l'individu qui lui faisait face.

─ Tu me cherchais ? Demanda-t-il en montrant toutes ses dents.

La brune rougit instantanément et sortit avec précipitation un linge de sa veste.

─ C'est… ma serviette ? Dit Naruto.

Elle hocha la tête.

─ J-je l'avais gardé depuis le jour où tu-

─ Heureusement que me la rendre n'était pas une question de vie ou de mort, la coupa-t-il pour éviter qu'elle ressasse de mauvais souvenirs. Merci.

─ D-de rien…

─ Alors ta semaine ? Bizarrement calme hein ? Déclara-t-il en s'asseyant sur le rebord du trottoir. Viens !

Il tapa sur le sol près de lui pour qu'elle le rejoigne, ce qu'elle fit à l'instant d'après. Il sortit une cigarette de la poche de sa chemise à manche courte grise et l'alluma avec son briquet.

─ Je crois que les élèves avaient peur que Neji… vienne leur donner une correction…

─ C'est compréhensible, personne n'a tenu un combat aussi longtemps avec Sasuke depuis un bout de temps... C'est toi qui lui as dit de venir au fait ?

─ N-non ! Il est venu… tout seul… je ne sais même pas c-comment…tout le monde me traite de menteuse, d'assistée, de morveuse et j'en passe…

─ Et alors ? A cette heure-ci ce sont eux les lâches, affirma-t-il avant d'inspirer une taffe. Qu'ils aillent se faire foutre.

Hinata sourit intérieurement et joua timidement avec les mèches de cheveux qui retombaient sur sa poitrine. Tête inclinée, elle regarda discrètement le blond qui fixait intensément le ciel. Elle ignorait si c'était celui-ci qui se reflétait dans ses yeux, ou si c'était tout simplement sa couleur d'yeux naturelle. Elle n'avait jamais vu quelqu'un avec un bleu azur aussi profond et dense à la fois, si clair et électrisant, si… si…

─ Hinata ?

─ Hum ! Fit-elle en reprenant brusquement le cours de ses pensées.

Il rit et tapota sur son addiction pour enlever le surplus de cendre.

─ Tu veux un chewing-gum ? Ou tu n'as pas encore la tête à en manger un aujourd'hui ?

─ Je veux… bien, répliqua-t-elle en souriant.

Elle agrippa une gommette verte et la mit dans sa bouche... Menthe douce et vanille de bourbon.

─ J'ai toujours des chewing-gums parce que même si je fume… j'ai horreur de l'haleine des fumeurs. Alors ceux qui boivent du café j'te dis pas le cocktail infernal…

Elle pouffa derrière ses doigts et porta son attention sur le sol. Contrairement à lui, elle n'arrivait pas à soutenir aussi longtemps l'œillade d'une personne peu familière.

─ Tu y es finalement arrivée alors…

─ C-comment ça ? Questionna-t-elle en le regardant.

─ Je pense que Sasuke va te laisser tranquille maintenant, aujourd'hui était vraiment le dernier jour où… il pouvait encore tenter quelque chose de fou… mais dans trois heures on est en week-end… tu seras saine et sauf chez toi.

─ Je ne… comprends pas très bien Naru-

─ Il est quelle heure-là ? 13h ? Passée la dernière heure du dernier cours, tu seras libre comme l'air ! Ahah ! Ricana-t-il en se relevant. Hinata méfie-toi des gens autour de toi pour le reste de la journée… j'ai comme un mauvais pressentiment…

─ P-pourquoi je… tu me fais peur Naruto-kun…

─ Tu sais, des fois plus on se rapproche d'un but de telle sorte qu'il soit à portée de main, le sentant distinctement au bout des doigts, plus on comprend au fur et à mesure qu'on ne l'atteindra jamais...

Il lâcha sa cigarette et l'écrasa avec ses Bensimon en jean. Il s'empara de deux chewing-gums qu'il posa sur sa langue, et mit ses mains dans les poches.

─ La pause doit être finie, tu devrais rejoindre le cours d'Ero-sensei.

─ Hum, fit-elle anxieuse en dépoussiérant sa jupe après s'être mise debout.

─ Ne te tracasse pas… et n'oublie pas ce que je t'ai dit…

─ D-d'accord…

Déstabilisée elle se précipita vers la porte sans même essayer de comprendre ce qu'il voulait dire par « mauvais pressentiment ». Elle lui fit un dernier signe de main avant de refermer l'entrée métallique derrière elle, l'anxiété se lisant explicitement sur son visage. Elle accourut dans les marches et rejoignit sa salle de classe qui était étrangement calme.

─ C'est pour ça que… oh Hinata-chan ! S'exclama Jiraiya en levant les yeux de son bouquin.

─ Pardonnez-moi… sensei…

─ C'est rien ! Je suis arrivé en avance aujourd'hui, je faisais donc de la pub pour le nouveau livre que je viens de sortir, expliqua-t-il en s'appuyant sur son bureau. Va donc t'assoir.

─ T'en as mis du temps ! Susurra fortement Tenten contrariée en la voyant prendre place près d'elle. Je t'ai envoyé mille messages ! Où t'étais ?!

─ Mon téléphone est resté dans mon sac…j'étais… j'étais avec N-

─ Naruto ! Toujours en retard ! Dit leur professeur de marketing.

─ Je fumais, sensei ! Rétorqua-t-il en allant joyeusement à sa place.

─ Tu en mourras ! Que je ne t'entende pas te plaindre sur ton lit de mort me blâmant de ne pas t'avoir empêché d'arrêter !

─ Ouais c'est ça, répliqua-t-il en s'asseyant près de Kiba, devant la table de Gaara et Shikamaru.

─ Donc je disais… que mon Icha Icha Paradise sortait une édition deluxe… pour les intéresser, je pourrais faire une séance dédicace après le cours du mardi.

─ Vous avez le droit de faire de la pub pour ce genre de livre, déclara le jeune Nara, la tête posé dans le creux de sa paume de main.

─ Qu'est-ce que tu veux dire par là Shikamaru ?

─ Il veut dire que c'est un livre de cul, et que vous nous pervertissez le cerveau, affirma Sora.

─ Mais n'importe quoi ! C'est comme une œuvre sociologique ! Beaucoup s'en servent parce qu'ils ont besoin de savoir comment l'homme ou la femme fonctionne !

Toute la classe resta incrédule face à ses propos, sous sa désespérance. Il soupira.

─ Bon, passons au cours bande d'incultes… Qui a lu le texte envoyé sur votre portail étudiant ? Karin ? Peux-tu nous résumer le contenu ?

oOo00oOo

─ « Les entreprises se trouvent dans un clivage politico-économique dont les conséquences peuvent s'avérer importantes voir dramatiques. Le directeur de la firme Suzuki a anticipé cet état de crise en-

─ Sensei ! S'exclama Ino.

─ Je lisais la blondasse, dit Kiba coupé dans sa lecture.

Elle reporta rapidement son attention vers lui, avant de rouler des yeux dans une autre direction l'air provocateur. Kiba ragea intérieurement.

─ Sensei ! Insista-t-elle.

─ Qu'y a-t-il Ino ? Demanda Jiraiya en levant les yeux de ses feuilles.

─ Sakura est malade ! Elle doit aller à l'infirmerie !

─ Oh ?

Le professeur se leva et s'approcha de la rangée au fond de la pièce près des fenêtres. L'Haruno était complétement affalée sur sa table, la tête dans les bras.

─ Elle a de la fièvre et… mal à l'estomac, dit Karin.

─ Ca va sonner dans dix minutes… elle peut se retenir non ? Supposa l'homme aux cheveux blanc.

─ Vous voulez qu'elle nous claque entre les doigts ? Elle doit y aller maintenant ! Ajouta-t-elle.

─ Ca ne serait pas un subterfuge pour quitter les cours plus tôt ?

─ Mais n'importe quoi sensei !

─ Bon si tu le dis Ino… toi et ta copine vous ne l'accompagnerez pas alors.

─ Comme si on voulait de toute manière ! J'aime bien Sakura mais rester trente minutes de plus à attendre qu'elle sorte du cabinet ne m'intéresse pas, certifia Karin en redressant ses lunettes.

─ Pareille !

─ Qui va l'y conduire alors ? Questionna-t-il en posant ses poings sur ses hanches.

─ Hinata… je veux que ça soit Hinata…

Toute l'assemblée se mit à fixer Sakura qui s'était redressée difficilement sur sa table. Son teint était plus pâle qu'à l'accoutumé, et de légères cernes faisaient doucement leur apparition. Tenten et Hinata se regardèrent droit dans les yeux déroutées. Elle plaisantait ? C'était les effets secondaires de sa fièvre ?

─ Bien… Hinata-chan tu veux bien l'accompagner ?

─ Euh… hum, fit-elle en hochant la tête prise au dépourvue.

─ Sakura prends tes affaires et vas-y, Hinata-chan toi aussi. Vous ne reviendrez pas avant la sonnerie, affirma leur professeur en l'aidant à se lever. Nous nous reverrons la semaine prochaine.

─ Merci sensei, murmura faiblement Sakura en trainant des pieds.

La brune s'approcha de la malade et lui tint le bras pour éviter qu'elle ne perde l'équilibre. Elles quittèrent la pièce sous les yeux interrogateurs d'un blond et d'une jeune femme aux macarons qui étaient les seuls incrédules face à ce scénario.

Elles descendirent lentement les marches menant au rez-de-chaussée sans que Hinata ne la lâche. La manière qu'elle avait de marcher, sa respiration presque suffocante, et sa tête penchée vers le sol montraient réellement qu'elle était souffrante. Puis, seuls leurs pas trainant faisant office de cohue dans les longs couloirs de leur bâtiment, Sakura s'arrêta soudainement obligeant la brunâtre à faire de même.

─ Tu veux faire une pause, Sakura-san ? Demanda-t-elle timidement en la regardant.

Ses yeux émeraude se voyaient obstrués par sa tignasse rose bonbon qui retombait sur son visage. Elle sourit machiavéliquement, ce qui fut imperceptible aux yeux de la brune.

─ Tu sais Hinata… mes parents détestent que je sèche l'école sans raison…L'Hyûga ne voyant pas le lien entre la question et sa réponse décida de la laisser poursuivre sa tirade. Alors pour ne pas y aller des fois… je joue un peu la comédie

─ C-commet ça ?

─ Bah tu vois là… bah je joue la comédie, déclara-t-elle en se redressant aisément. Un coup de fond de teint et la voix grinçante et le tour est joué ! Parent comme professeur tombent dans le panneau !

─ P-pourquoi tu m'as demandé de… t'accompagner alors ? Questionna la jeune femme légèrement inquiète.

─ Bonne question, dit-elle en souriant, avant de reporter son attention sur une chose qui se trouvait derrière elle.

Hinata anxieuse, fit volteface à la seconde d'après et sentit son cœur s'arrêter en voyant trois personnes vêtus de noir, cagoulés, où seuls leurs iris noirs pour deux et ambre pour le troisième ressortaient. Elle s'apprêtait à crier sa frayeur mais l'un d'eux saisit sa mâchoire et la bâillonna à l'aide d'un tissu. Elle eut beau hurler à s'en époumoner, aucun son assez puissant ne sortit.

─ Bon boulot Sakura.

Celle-ci haussa les épaules et se dirigea presque indifférente vers l'infirmerie. Hinata hurlait son nom, encore et encore, comme si la personne même qui l'avait mise dans ces problèmes allait l'en sortir. C'était surement le désespoir qui la gagnait, la rendant inapte à réfléchir intelligemment.

─ Amuse-toi bien, Hinata, lança celle-ci en faisant un signe de main, avant que la vue d'Hinata ne soit plongée dans le noir total, un tissu bleu marine ayant été posé sur ses yeux paniqués.

─ Tu vas nous suivre gentiment Hinata si tu ne veux pas que ça se termine mal… nous ne ferons rien si tu coopères… compris ?

Elle se débattit du mieux qu'elle put mais malheureusement leur effectif les rendait avantageux. Elle acquiesça désespérément de la tête après une prise de soumission au niveau de ses cervicales, qui la fit gémir et tordre dans tous les sens.

─ Bien, gentille fille…

Elle ignorait où il l'emmenait de force, mais elle savait que tout cela ne présageait rien de clément. Ils marchèrent près de cinq minutes, chuchotant des choses à voix si basse qu'elle n'entendait que des restes de conversation. Un des trois faisant office de guet guidait le petit groupe en prenant d'autres chemins pour ne pas se faire repérer, pendant que les deux autres la tenaient fermement de part et d'autre de son corps.

─ C'est là.

Elle entendit une porte grinçante s'ouvrir, et sentit la prise de ses bourreaux se durcir pour l'inciter à entrer à l'intérieur, ce qu'elle fit. Rapidement, l'un de ses pas resta en lévitation, indiquant la présence de marches d'escalier. Le piège se refermait petit à petit sur elle car plus elle descendait dans leur antre qui s'enfonçait loin de la vie de surface, plus ses chances de trouver de l'aide s'amenuisait.

─ Descends ! S'écria l'un en poussant sur son dos.

Arrivés en bas, ils la lâchèrent. Un des hommes se chargea de retirer le bout de tissu qui lui cachait la vue, pendant que les deux autres étaient postés bras croisés devant elle. Hinata en premier lieu fut aveuglée par la seule lampe qui éclairait la pièce, accrochée juste au-dessus de sa tête. Elle cligna plusieurs fois des yeux et scruta le sombre espace qui ressemblait fortement à une chaufferie à cause des cinq ballons d'eau chaude présents près d'un des murs en béton. Une table rectangulaire et une chaise en bois se trouvait près d'elle, seuls mobiliers visibles dans l'humide, froid, et lugubre endroit.

─ Allonge-toi sur la table, dit celui aux yeux ambre.

Elle déglutit difficilement et ouvrit d'avantage son regard, la frayeur l'électrisant instantanément. Celui-ci la voyant immobile commença à s'impatienter.

─ J'ai dit… allonge-toi sur la table ! S'égosilla-t-il faisant tressaillir la brune qui secoua négativement la tête.

Comme pris d'adrénaline, il s'empara de son habit de soie et la souleva presque d'une main, l'obligeant à reculer sur la pointe des pieds. Lorsque Hinata sentit le bas de son dos percuté le meuble tant redouté, elle se débâtit du mieux qu'elle put, donnant du fil à retordre à l'homme cagoulé. Ses deux collègues vinrent l'aider à sa tâche, accélérant le processus de docilité qui s'avérait être beaucoup plus facile. L'homme aux yeux ambre réussit finalement à ligoter ses poignets à l'aide du tissu qui couvrait auparavant ses yeux –avant de confier le bout qui maintenait le nœud à son compère- pendant qu'un autre s'occupait de ses chevilles qu'il reliait aux pieds de la table grâce au même matériel. Ses bras relevés jusqu'au sommet de sa tête ressortaient sa poitrine de manière suggestive, ses jambes pliées au niveau des genoux la rendait indubitablement vulnérable…Les larmes jusque-là retenues se mirent à déborder, allant rejoindre la cavité de ses oreilles rougit par la honte.

─ Pourquoi tu pleures ? On a encore rien fait…

Elle se secoua dans tous les sens comme pour confirmer qu'elle était bel et bien prisonnière, sous leur œillade amusée.

─ Bon assez joué, passons aux choses sérieuses.

Son cœur bondit dans sa cage thoracique lorsqu'elle vit le cagoulé aux yeux claires touché délicatement son ventre du bout des doigts. Son rythme cardiaque s'était accru tout comme sa respiration devenue saccadée. Il passa ensuite sa main sous son habit et caressa son ventre, s'arrêtant néanmoins à la couture de son sous-vêtement. Soudainement, il prit l'extrémité du tissu en soie et le remonta jusqu'à le retirer entièrement, passant celui-ci via le lien que son compagnon tenait près de sa tête. Elle gémit son désarroi et son mal-être à travers le tissu qui l'empêchait de communiquer, à la vision de son corps dénudé et exhibé devant ces globes oculaires remplis de vices. Son soutien en dentelle fine rouge vif attirait incontestablement la convoitise.

─ Whoa... fit celui près de ses jambes complétement subjugué par ce qu'il voyait.

─ Sakura n'avait pas menti, ajouta l'autre tenant le lien de ses poignets.

Le jeune homme aux yeux ambre sentant la chaleur monter au bas de son ventre chevaucha la brune, remonta sa cagoule pour libérer sa bouche, et traça une ligne droite de son nombril jusqu'à son cou avec sa langue. Il l'a senti frémir sur chacune de ses papilles gustatives, et lorsqu'il releva la tête pour la regarder, il vit qu'elle était à la limite de la syncope.

─ Tu sais quoi Hina-chan, je vais être gentil aujourd'hui… je vais t'enlever ce qui scelle tes magnifiques lèvres que je rêve de dévorer. Mais par contre c'est donnant-donnant, j'installe la confiance et j'attends un retour de ta part… seras-tu capable d'établir cette relation sans me trahir ? Questionna-t-il avant de la voir opiner désespérément de la tête. Méfie-toi… si tu brises cette relation de confiance, Hina-chan, je te jure que te posséderai si fort que tu en oublieras ton nom, ton alphabet, et même les couleurs de l'arc-en-ciel…

Elle sentit ses mains frôler ses joues rosies par ses larmes pour atterrir derrière sa nuque. Il défit délicatement le nœud et fixa sa victime qui hoquetait en fixant d'un air perdu un coin sombre de la pièce. Il sourit en voyant ses lèvres pulpeuses trembler d'effroi, il se délecta une nouvelle fois de son parfum en plongeant son nez dans le creux de son cou. La mûre…elle sentait la mûre fraîche.

─ Je vous… en prie, chuchota-t-elle tout bas en restant stable. Je vous en prie… laissez-moi partir…

─ Te laisser partir ? Je rêve de te sauter depuis le jour où je t'ai vu à la cafet' quand tu as protégé ta copine. Puis j'ai ouïe dire que tu étais encore un fruit mûr de qualité qui n'avait pas encore trouvé quelqu'un pour le consommé, le suçoté, le léché, l'aspiré goulument comme un affamé...

Ses amis se mirent à rire sous ses double-sens plus que provocateurs.

─ Tout sauf ça… je ferai tout si...vous… pitié, elle sanglota et serra des dents, ne m'enlever pas ça ! Je ne veux pas !

─ Chuuut !

─ Laissez-moi partir ! S'exclama-t-elle soudainement en s'agitant de plus en plus violement. Lachez-moi !

─ Tu l'auras voulu ! Hurla-t-il à son tour en dézippant sa jupe.

Gesticulant du mieux qu'elle pouvait, le jeune homme eut du mal à faire descendre son bas jusqu'à ses genoux. Lorsqu'il réussit enfin, il examina son collant noir, seul rempart à son intimité dont il avait toujours rêvé de s'immiscer. Hinata n'avait plus peur, elle était épouvantée. Elle criait à s'en déchirer les cordes vocales, peu importe le pacte qu'elle venait de radier. La boule dans sa gorge la faisait souffrir, mais en quoi cette douleur pourrait-elle être comparable à celle qu'elle allait devoir supporter ? Ses larmes rageuses redoublèrent montrant sa frustration, son impuissance vis-à-vis de la situation dans laquelle elle se trouvait. Elle observa le jeune homme qui tentait de desserrer son pantalon –devenu trop étroit- pour sa plus grande calamité.

─ Non ! Arrête !

Il retira son jean noir avec précipitation et se remit convenablement au-dessus d'elle. Son caleçon montrait de manière suggestive le désir qu'il pouvait ressentir pour elle, ce qui fit monter sa voix douce dans les aigus les plus improbables.

─ A l'aide !

La porte de la chaufferie en haut des escaliers s'ouvrit brutalement, faisant sursauter toute le groupe. Ils entendirent les marches en bois craquer sous le poids de la personne qui descendait en prenant tout son temps. Lorsque l'individu fut visible à la lumière, tous les espoirs de Hinata s'envolèrent jusqu'à la dernière particule. Elle avait tant espéré voir Naruto, Tenten, Neji, même sa sœur ou les domestiques… mais elle le vit lui, la personne qui –après un minimum de réflexions- avait surement orchestré tout cela. Elle renifla bruyamment pour essayer de se donner contenance sans cesser de pleurer. Elle allait perdre sa dignité de toute manière, mieux valait tenter le tout pour le tout…

─ Sas… Sasuke-kun… aide-moi…

Il prit la chaise et la retourna vers lui de manière à s'assoir à califourchon pour reposer son torse sur le dossier.

─ J'aime l'hypocrisie des Hyûga. Ca me fascine toujours autant ces gens qui vous méprisent tant leur prétention et leur orgueil démesurés les rendent aveugles… dans votre cas, la pâleur de vos yeux n'est pas hasardeuse.

La poitrine de la brune se gonflait et se dégonflait avec difficulté. Elle respirait la bouche ouverte et avait les yeux rivés sur son interlocuteur.

─ Pitié…

─ Je t'aurais bien aidé mais… il marqua une pause où un rictus mauvais s'afficha sur son délicat visage, tu sais ce mec à la chevelure longue douce et soyeuse même pas fichu de donner une vraie patate… ce gay mal enculé qui te sert de cousin… bah il m'a –comme qui dirais-je- « interdis » de t'approcher… c'est toi-même qui l'as appelé non ? Donc je ne peux rien faire…

─ Je ne l'ai pas appelé… je n'ai rien dit du tout, répondit-elle avec peine.

─ Ah… bizarre cette histoire… en tout cas j'espère que tu aimeras ta première fois, dit-il en se levant. J'étais juste passé aléatoirement, mais je dois déranger… à plus.

Il commença à monter les marches sous l'incompréhension et l'affolement total de la jeune femme.

─ Sasuke-kun ! Murmura-t-elle avec sa voix cassée. T-tu ne peux pas me-

─ Je ne t'ai absolument rien fait, Hinata, la coupa l'Uchiha en montant les marches. Bonne baise.

L'homme cagoulé rejoignit ses mains baladeuses pour dégrafer son soutien-gorge. Elle était tellement accablée par la véracité ses dires qu'elle se mit à sangloter comme si la mort lui faisait face. Une partie de ses cheveux était trempée par l'eau salée qui découlait de ses yeux blanchâtres. Chagrinant en poussant de petits cris douloureux, elle comprit qu'il lui restait quelques instants pour dire ce qu'il voulait entendre depuis le début, avant que sa poitrine imposante ne soit dévoilée à l'air libre. Les secondes filèrent à la vitesse de l'éclair, tout comme les dernières marches qui lui restaient à escalader avant qu'il puisse se retirer. Elle remercia l'inventeur des sous-vêtements qui avait créé un véritable casse-tête pour la gente masculine, qui en cet instant précis, lui permettait de prendre une décision cruciale pour son avenir. Il n'y avait grande réflexion de toute manière, du moins l'une des décisions qu'elle prendrait la rendrait surement aliénée mais était beaucoup plus raisonnable. C'était du suicide… mais c'était ainsi. Elle prit son courage à deux mains et brama à l'attention de Sasuke qui allait poser sa main sur la poignée de la porte :

─ J'abandonne !

Il se stoppa net dans son élan, tout comme les autres protagonistes. Il sourit malicieusement et redescendit les marches pour s'approcher d'elle. Il mit sa main près de son oreille et se pencha vers son faciès en disant :

─ Pardon ? Je n'ai pas entendu d'en haut…

Elle sanglota silencieusement et répondit d'une voix instable.

─ J-j'aban…donne…

─ Bien. Vous, sortez.

─ Mais… Sasuke-kun ? Dit le cagoulé tenant le lien. T'avais dit qu'on allait-

─ J'ai dit…vous sortez, répéta-t-il d'un air menaçant.

Ceux-ci s'exécutèrent frustrés de ne pas avoir pu satisfaire leur libido surdimensionnée. Ils quittèrent le lieu dans un silence fâcheux et désagréable, sous l'œillade meurtrière du jeune brun. Lorsque la porte se referma derrière eux, l'Uchiha détacha la brune sans dire un mot. Il récupéra une petite webcam qui était posée sur l'un des ballons d'eau, sourit à la caméra, et l'éteignit avant de remonter les escaliers.

─ Ton travail d'esclave commencera lundi et pour une durée indéterminée. Profite de ton dernier week-end de liberté… parce que tu vas en voir de toutes les couleurs.

Elle ne répondit pas à ces menaces, se contentant de se rhabiller pour oublier ce supplice qu'elle avait dû endurer pour des futilités. Elle essuya ses joues avec le tissu de sa chemise et regagna la surface de l'établissement. Arpentant les couloirs à la recherche de ses affaires, elle fut soulagée de constater qu'ils étaient au même endroit que tout à l'heure, c'est-à-dire près de l'infirmerie. Elle récupéra sa veste et son sac en cuir et sortit du bâtiment. Sortant son téléphone, elle vit que Tenten l'avait harcelé d'appels et de messages, et que son chauffeur se faisait aussi un sang d'encre. Elle devait trouver une bonne explication sans que cela aboutisse au compromis qu'ils avaient établi. Elle soupira une nouvelle fois… bien qu'il ne se soit rien passé depuis le début, cette semaine était bien pire que la précédente…

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« ─ Je ne l'ai pas appelé… je n'ai rien dit du tout…

Ah… bizarre cette histoire… en tout cas j'espère que tu aimeras ta première fois. J'étais juste passé aléatoirement, mais je dois déranger… à plus.

Sasuke-kun ! T-tu ne peux pas me-

Je ne t'ai absolument rien fait, Hinata. Bonne baise. »

Naruto fixait intensément les images qui défilaient sur son téléphone portable, tout comme ses trois amis qui étaient comme hypnotisées.

─ Il ne va pas la laisser se faire baiser par Jûgo ?! S'écria-t-il en serrant l'écran de toutes ses forces.

─ Il est fou ce mec, murmura Kiba. Puis où ils sont ?! Dans le quartier de la mafia vers le centre-ville ?

« ─ J'abandonne ! »

─ Elle l'a dit… déclara Gaara en fronçant les sourcils.

« ─ Pardon ? Je n'ai pas entendu d'en haut…

J-j'aban…donne… »

─ C'est chiant de le dire mais… c'est le coup du siècle… ça se voyait qu'il sentait sa perte venir. Encore une poignée d'heure qu'elle aurait logiquement passé chez elle, et t'aurais gagné Naruto, affirma Shikamaru.

─ Sasuke… comment tu peux ne pas avoir du respect pour ce mec sérieux ! Je ne jouerai jamais avec lui… Dis adieu à tes ramens de luxe Naruto ! Ajouta Kiba en tapotant sur son dos.

Le blond ne leva pas les yeux de la vidéo jusqu'à qu'elle se termine sur les quelques propos de son meilleur ami. Il le vit ainsi se diriger vers son appareil, sourire d'un air triomphant qui voulait clairement dire qu'il l'avait pulvérisé, avant de l'éteindre pour le sortir de sa possible transe qui s'avérait être réelle.

─ Il doit savourer sa réussite ce salaud, dit le guitariste en souriant, s'asseyant sur le tabouret près de la batterie de Naruto.

Soudain le téléphone de l'Uzumaki se mit à sonner. A la vue du nom de son meilleur ami, il s'empressa de décrocher, sous les regards en alerte de ses compagnons.

─ Alors ? Fit la voix suave du brun.

─ Sasuke ! On est dans la salle tout en haut du bâtiment vers le toit où y'a la batterie de Naruto ! Viens ! S'exclama Kiba avant que le blond ne lui fit signe de se taire.

─ Sasuke…

─ Quoi ?

Il se laissa tomber assis dans le clic-clac rouge plié, et observa les marques de l'humidité visibles sur le plafond qui faisaient décoller la peinture blanc-cassé.

─ T'es qu'un enculé tu le sais ça ? Dit-il en en souriant de frustration.

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Lords of Parliament : membre du Parlement anglais

Satoyama : Zone habitable callée dans les montagnes dans les paroisses japonaises. Les touristes ont tendance à faire leur « pèlerinage » dans ces lieux pour vivre comme un paysan lambda, une sorte d'expérience culturelle.

Cent milles yens : Environs 750 euros

Un million de yens : Plus de 11 000 euros

Obi : Ceinture tenant/fermant le Kimono au niveau de la taille

Osu: cri d'acquiescement de Lee

Discographie

"Concert de Kiba et Naruto" : The White Stripes – Fell In Love With a Girl

Note : J'ai fait exactement 28 000 mots et des poussières, vous ne pouvez imaginer le temps que j'ai passé, j'aime vraiment les commentaires lol, un retour (c'est comme une récompense D:) me fera énormément plaisir ! Je vous aime mes fans ! 2250 vues pour 2 chapitres c'est juste incroyable ! Sur fanfic y'en a que 410 xD Puis n'oubliez pas que ce sont VOS FEEDBACKS qui donnent envie aux nouveaux lecteurs de lire, donc… :3 Sinon le chapitre 4 sera juste énorme, c'est ma partie préférée, peut-être pendant les vacs de noël… je suis à la fac j'ai une vie aussi !