Avertissement

Ça commence par un mot. C'est toujours un mot. Il le prononce, lentement, savourant chaque syllabe. Puis il le répète, articulant, se nourrissant de sa sonorité. Enfin, quand le mot a empli l'espace, qu'il ne reste plus que lui, que tout l'univers ne se résume qu'à ça, alors il enchaîne. Se déchaîne. Sa tirade devient conte alors qu'il brode le silence de sa voix grave.

Et soudain, tout s'arrête, comme ça. Parce qu'il est comme ça Sherlock. Il emplit votre univers jusqu'à vous combler puis se retire comme il est venu, violemment, vous laissant pantelant.

Moi, Sherlock, il m'a brûlé. Brûlé le cœur, brûlé l'esprit. Il m'a consumé lentement, comme on aspire une brique de jus de fruit. J'ai été un passage, rafraîchissant, goût sucré sur sa langue, éphémère.

Et maintenant que je ne suis plus que chair calcinée, il est partit. C'est comme ça avec Sherlock. Ça vous prend aux tripes puis ça vous détruit petit à petit, minutieusement, avant de vous laisser atrophié. Estropié

Sherlock n'a que faire des handicapés. Lorsque vous ne pouvez plus marcher, il vous fait courir. Mais lorsque vous ne pouvez plus aimer, il vous abandonne. Parce qu'il est comme ça Sherlock.

Puis brusquement, il vous reprend, vous répare, comme un adulte de trente ans qui retrouve sa chambre d'adolescent et répare ses petites voitures. Alors vous remarchez, vous vous remettez à courir parce que ce n'est rien de plus que ce Sherlock attend de vous.

Et quand il a fini de vous épuiser, lorsque vous n'êtes plus que lambeaux de chairs sur des os brisés, alors il repart comme il est revenu. Sans remords, sans aucune pensée pour vous. Parce-qu'il est comme ça Sherlock.

Moi, Sherlock, il est passé par toutes les étapes avec moi. Il m'a apprivoisé, rendu dépendant, brûlé, laissé, retrouvé, réparé, abandonné. Laissé pour mort. Parce que lorsque Sherlock s'en va, il emmène avec lui vos espoirs, vos envies, votre avenir, pour ne plus laisser que le vide de sa présence.

Oui, il est capable de toutes ces choses là Sherlock. Mais c'est Sherlock. Alors juste avant de m'ôter ce qui me reste de vie, je publie ce livre. Pour vous mettre en garde. Ne le laissez pas s'approcher. Et puis non, finalement. Même si la brûlure de son absence est insoutenable, la douceur de sa présence est la meilleure chose qui me soit jamais arrivée. Une fois que vous avez connu Sherlock, vous pouvez mourir heureux. Parce qu'il est toutes ces choses là Sherlock.

Vous avez lue cette première page. Maintenant, vous avez le choix. Soit vous entamez le chapitre un, à vos risques et périls. Soit vous refermez ce livre et vous reprenez votre vie. Et je vous le souhaite. Parce que lorsque vous aurez lu, vous serez dépendant. Parce qu'il est comme ça Sherlock.

John Watson.