Chapitre 30 : Cérémonie d'Adieu
le Jugement de l'Autre, les dernières explications des différents couples et un dernier au revoir, merci à tous pour cette merveilleuse aventure, j'espère que cet ultime chapitre sera à la hauteur de vos espérances.
"Valentine. Nous allons te séparer de l'Autre. Veux-tu lui laisser la place pour le transfert ?" demanda tranquillement Athéna à Valentine qui hocha douloureusement du chef. "Saga, j'aurai à te parler ensuite. Pour l'instant veux-tu bien rester le temps que nous nous occupions de l'Autre ?" ajouta-t-elle ensuite à l'adresse du Gémeau qui acquiesça silencieusement. Valentine s'éloigna du Chevalier et laissa la conscience agaçante reprendre le dessus.
"Vous m'avez sonné Princesse ?" siffla-t-il avec un regard impatient. "Tu ne m'en voudra pas mais maintenant que je vous ai aidé j'aimerai recevoir mon paiement !" ajouta-t-il en trépignant. Athéna acquiesça et fit un signe à Hadès. Le Seigneur des ténèbres tendit le bras et sans sembler effectuer le moindre effort il matérialisa un corps juste recouvert d'une toge blanche. L'Autre s'en approcha et observa son nouveau support. Un très jeune garçon aux longs cheveux cendrés, il ne devait même pas avoir la quinzaine. L'Autre se redressa et releva le regard vers les Divinités.
"Qu'est-ce que ça veut dire ? Pourquoi me donner un corps de gamin ?" gronda-t-il agacé en croisant les bras.
"Ton existence remonte au quinze ans de Saga, l'époque où il tua le Grand Pope Sion. Hadès et moi nous sommes dit que tu préférerai un corps représentant ton age véritable. Aurais-tu des objections ?" l'Autre reporta de nouveau son regard sur la coquille vide allongée à ses pieds qu'il fixa quelques instants.
"Non ça me va. Donnez moi mon corps." répondit-il avec son même visage arrogant dans lequel on pouvait néanmoins lire une légère angoisse. Cela se comprends l'Autre n'a jamais occupé un corps seul. Il a déjà joué les âmes errantes mais ce n'est pas la même chose que d'avoir une enveloppe propre. Jusqu'à maintenant pour avoir ce privilège il était obligé de partager les lieux. Il continue néanmoins de défier les Dieux du regard comme s'il n'avait rien à craindre d'eux.
Sans rien ajouter Athéna prend son bouclier à côté d'elle et le tend vers Valentine qui s'effondre dans un cri, se tenant les tempes alors que l'entité de l'Autre s'extirpe du corps de la Harpie qui perd conscience et tombe sur le sol. L'âme sans corps, guidée par Athéna retrouve le support qui lui est offert et s'en empare. Soudain le corps sans vie se convulse en toussant comme pour relancer la mécanique. Athéna sourit et se lève de son trône. Dohko qui attendait ce signal entra dans la salle du trône et s'inclina devant la Déesse.
"Chevalier de la Balance veux-tu amener l'Autre au Cap Sunion je te prie ? Il y restera dix jours comme Kanon. Puis Hadès décidera de sa punition pour les dégâts aux Enfers. Et Aioros tu amènera Valentine à l'infirmerie de Mû, entendu ? Et Saga, suis-moi. Je crois que nous devons parler tout les deux." déclara-t-elle d'un ton terriblement neutre. Elle quitta la salle du trône y laissant Hadès et Perséphone seuls.
Rune caressait doucement la main de Minos encore endormi. La douleur semblait l'avoir quitté, les potions du Chevalier d'Or du Bélier étaient très efficaces. Il peignait distraitement du bout des doigts les mèches rebelles qui tombaient habituellement devant les yeux du Juge. Dégageant le visage maintenant détendu du Griffon. Parfois il se permettait d'effleurer légèrement le front pâle, survolant à peine la peau tiède. L'ambiance s'était considérablement calmée chez le Premier Gardien. Kanon s'était couché aux côtés de Rhadamanthe et semblait somnoler la tête posée sur l'épaule du Juge. Mû était posté aux côtés du Pope Sion et le Juge Eaque attendait près de Sylphide pour qu'il ne se réveille pas seul.
Mais les blessures étaient guéries et plus personne n'était inquiet pour les blessés. Mû avait proposé d'héberger tout les Spectres blessés et leur accompagnateurs, si la plupart avaient accepté l'invitation généreuse du Bélier le Seigneur Rhadamanthe avait signalé son désir de rester aux côtés de Kanon et de partir pour la maison des Gémeaux dès qu'il serait capable de se déplacer. Personne n'avait critiqué sa décision. Sa relation avec le Chevalier semblait être devenue une évidence aux yeux des personnes présentes dans cette pièce. Rune égara son regard vers eux. Kanon avait passé son bras autour du Juge, prenant garde à ne pas presser sa blessure alors que la Wyverne s'amusait à perdre ses doigts dans l'océan de cheveux bleus.
Leur ressemblait-il à cet instant ? En délivrant le visage de Minos des mèches blanches qui encombrent son front un peu comme Rhadamanthe joue avec celles azurées du cadet des Gémeaux. Le geste de l'anglais était bien plus franc. Il ne se cachait pas. Ni lui ni Kanon, lovés l'un contre l'autre. Mais Rune ne savait pas ce qu'il devait réellement faire. Il avait peur du regard des autres. Il savait que malgré ses efforts les aventures du Griffon n'étaient pas passées inaperçues, il n'avait su qu'en limiter l'impact. Que penseraient ceux qui le verraient au bras du Juge ? Seraient-ils jaloux ? Moqueurs ? Méfiants ?
Rune n'en savait rien. Rune n'aimait pas ne pas savoir. Rune ne se rendait même pas compte que non seulement il fixait Kanon et Rhadamanthe de manière très impolie mais que sa paume se pressait plus fort sur la tempe du Juge norvégien qui commençait à ouvrir vaguement les yeux, l'esprit encore abîmé par son anémie. Il reconnut pourtant instantanément le profil de Rune dont les yeux d'améthyste n'étaient pas dirigés dans sa direction. Mais il se fichait de ce que le Balrog épiait avec tant d'attention. Ce qui attirait la sienne étaient les doigts du Procureur contre son visage, la caresse distraite qu'il sentait réchauffer sa peau. Il sourit. Il sourit bêtement. Il se dit qu'il devait rêver encore. De voir le norvégien agenouillé près de lui, si doux, si dissipé qu'il en oubliait son masque d'indifférence. Il remonta sa main jusqu'aux doigts pâles qui se crispèrent en sentant la présence.
Rune se tourna vers lui et croisa immédiatement ses yeux dorés du Juge, ils n'étaient plus recouverts de sa frange désordonnée puisqu'il l'avait écarté quelques instants auparavant. Et le choc de l'améthyste contre l'ambre en était d'autant plus violent pour le Balrog que la crinière lunaire n'était plus là pour atténuer l'impact. Il frémissait de devoir affronter si vite le Griffon. Il avait encore peur de l'hypocrisie de ce dernier. Son sourire ressemblait si peu à ses sourires habituels. Serait-ce une nouvelle feinte ? Serait-ce un sourire honnête ? Il semblait si heureux, ses yeux ne pouvaient plus cacher derrière leur frange agaçante ses étincelles de bonheur.
" Rune ? " l'appela le visage comblé à voix basse. Le Balrog acquiesça sans répondre, toujours effaré par l'invraisemblance de la situation. À cet instant les autres avaient disparus de la maison du Bélier, le Monde s'était effondré pour ne plus laisser qu'eux. Pourtant ils parlaient à voix basse pour qu'on ne les surprennent pas. Plus les secondes s'égrainaient plus le Procureur se trouvait ensorcelé par l'or des prunelles. Irrésistiblement attiré par la tendresse qu'il y lisait. Pourvu que cet éclat soit réel. Pourvu qu'il ne se jette pas à corps perdu vers une destination incertaine.
" Rune...Je t'aime, je te l'ai déjà dit...mais...est-ce que...tu veux bien...rester encore avec moi ? " chuchota-il doucement, suffisamment pour que seul le Balrog l'entende et qu'il puisse faire son choix sans s'occuper des autres. Le Procureur réfléchissait vite. Trop pour prendre une décision.
" Pourquoi...est-ce que vous n'essayez pas de m'entourlouper comme vous le faites avec les autres ? En me promettant monts et merveilles ? " souffla-t-il faiblement à voix basse. Minos le regarda sans comprendre, puis ses lèvres s'écartèrent pour laisser passer sa réponse sans que cette expression ne l'ai quittée.
" Rune...Tu n'est pas 'les autres'. Toi je t'aime. " souffla-t-il sans comprendre. Le Balrog frémit à la réponse, pourtant il la sentait sincère. La délicatesse de sa paume contre ses doigts, lui permettant de les retirer quand bon lui semblait, cette légère lueur d'angoisse dans ses yeux, ce frémissement dans sa voix. " Rune ? "reprit-il " Tu veux bien rester avec moi ? "
" Seigneur Minos... " commença-t-il d'une voix fragile. " sans vous...Je n'ai aucune raison d'être. Bien sûr que je veux rester avec vous. " le Griffon sentit son cœur se réchauffer devant l'aveu du Procureur, il sourit tendrement et emmêla ses doigts à ceux du Balrog qui le laissa faire.
" Je suis heureux Rune. Merci. " souffla le Juge avec un doux sourire.
" Je vous préviens tout de même. Je vous laisse une chance, une seule. Je ne veux pas finir comme tout ceux que vous avez mis dans votre couche. Je ne veux pas être un nouveau passe-temps comme les autres. " l'avertit le Balrog.
" Je te le jure. " promis tout bas le Griffon en tendant le bras pour les emmêler les mèches blanches. Elle étaient aussi douces que dans son rêve. mais ô combien plus prometteuses.
L'Autre sentit les vagues salées s'insinuer entre ses lèvres, il se redressa d'un bond en crachant l'eau répugnante qu'il avait dans la bouche et frotta ses yeux agressés par le sel de la Mer. Il ouvrit douloureusement ses yeux déchirés par l'acidité de l'eau pour voir où il se trouvait. Une grotte obscure dont le plafond avait été taillé par les ressacs maritimes et fermée par une lourde grille de métal. Le Cap Sunion. Il aurait dû s'en douter. Quelle autre punition Athéna aurait-elle pu imaginer à son encontre ? Il se redressa dans l'eau, il n'avait jamais vu cette cellule de l'intérieur, se contentant de regarder au travers des yeux de Saga le moment où il avait poussé son frère à l'intérieur.
Il l'avait toujours imaginée plus grande cette prison, en vérité elle était ridiculement petite. Truffée de recoins obscurs et de torsades inattendues, mais petite. Il siffla d'agacement en se tassant dans une crevasse les fesses dans l'eau. Combien on parie qu'Athéna viendrait le chercher dès qu'il aura passé autant de temps que Kanon dans ce trou ?
Athéna guida Saga jusqu'aux jardins qui se trouvaient entre le palais du Pope et celui de la Déesse de la Sagesse. La jeune fille s'assit sur un petit banc de pierre et fit signe à Saga de l'imiter. L'ex-grand Pope obéit docilement s'installant en face d'elle.
"Saga, peux-tu me dire pourquoi tu es parti en apprenant que l'Autre allait recevoir un jugement pour ses actes ?" demanda-t-elle tranquillement. Mais le Gémeau ne répondit pas, baissant les yeux à la question sans ouvrir la bouche.
" Saga ? "
" Pourquoi a-t-il droit à un jugement et pas moi ? Pourquoi a-t-il le droit de se racheter de ses fautes et que je suis obligé de porter mon fardeau quand il obtient le droit de repentance ? Suis-je donc à ce point infâme pour subir une telle punition ? " explosa le Chevalier devant la Déesse. " Je ne comprends pas ! Pourquoi m'infliger une telle punition alors que je ne demande qu'à recevoir une punition pour mes actes ! Je vous en supplie ! Expliquez-moi... Je ne comprends plus... "
Saga se recroquevilla douloureusement avec un hoquet de douleur. Athéna se leva et posa sa main sur le dos agité du Chevalier, s'asseyant à ses côtés.
" Saga. La réponse à ta question est plus qu'évidente. Je n'ai rien à te reprocher. L'Autre a manipulé ton âme pour faire de toi son pantin et ta part de responsabilité tu l'as payée en te donnant toi même la mort pour te racheter et en tentant, malgré ton suicide, de me venir en aide. Tu es Saga, Chevalier d'Or des Gémeaux. Et de loin l'un des plus loyaux et des plus droits serviteurs d'Athéna. " murmura-t-elle tout bas en consolant le Chevalier. Elle prit doucement Saga dans ses bras, et le Chevalier fondit en larmes. Il n'était plus triste. Il était même complètement soulagé de sa douleur.
" Eaque ! Quel plaisir de te voir en bonne santé ! " s'enthousiasma Perséphone malgré sa grande faiblesse. " Comment vont Minos et Rhadamanthe ? On me les a dit blessés, se sont-ils remis ? " demanda-t-elle avec un sourire inquiet.
" Ils se sont réveillés il y a peu. Minos est veillé par Rune et Kanon des Gémeaux s'occupe de Rhadamanthe son Altesse. " répondit le Garuda sans relever les yeux.
" Je vois, dans ce cas tout va bien puisqu'ils vont se remettre. " se félicita-t-elle soulagée. " Alors pourquoi sembles-tu si triste Eaque du Garuda, Juge des Enfers ? Omettrais-tu de me faire part de quelque chose ? " demanda la Déesse en fixant de son regard d'automne le visage bas du Tibétain.
" Votre Altesse. Je ne crois pas que vous devriez me féliciter alors que je suis le seul représentant des armées d'Hadès et d'Athéna à être revenu sauf de l'Olympe. Je n'ai pas su protéger mes pairs. Je n'ai pas su prévoir le danger et mon incompétence aurait pu avoir de bien plus graves conséquences. Minos et Rhadamanthe auraient pu mourir et je n'ai pas eu la présence d'esprit nécessaire pour leur porter secours. Le grand Pope d'Athéna et même l'Autre, qui nous méprise cordialement pourtant, se sont battus pour nous faire gagner un peu de temps et moi je me suis seulement enfui en portant Minos grièvement blessé. Si j'avais su faire preuve de plus de vigilance et de discernement nous n'aurions sûrement pas eu à déplorer l'état de deux Juges des Enfers sans évoquer celui des serviteurs d'Athéna que je n'ai su défendre. Je suis responsable de ce fiasco, bien qu'il se soit soldé par une victoire, les dommages collatéraux dont je suis responsable sont bien trop important. Veuillez pardonner mon incompétence Altesse Perséphone ! " s'excusa le Garuda en s'agenouillant, baissant l'échine jusqu'à ce que son front touche le sol. Perséphone le regarda, interdite, surprise par l'attitude du Juge avant de radoucir son visage d'un sourire.
" Eaque...Relève-toi. Tu n'as rien à te reprocher. Je préfère mille fois qu'un seul soldat s'en soit tiré plutôt que de tous vous savoir blessés. Ton intervention a sauvé la vie de Minos. Et si tu avais mis plus de temps pour secourir le Sanctuaire lorsque l'Autre l'a attaqué les blessures de Rhadamanthe et de Sylphide auraient été bien plus graves. Il est inutile de se préoccuper de quelques dégâts que tu n'a su éviter alors que tu nous en as épargné bien d'autres. Ne nie pas les bienfaits que tu as apporté Eaque. Je suis fière de te savoir aux côtés de mon époux. Relève-toi Eaque. Tu es grand. Ne met jamais en doute tes capacités, parce qu'elles sont exceptionnelles, tu comprends ? " le rassura-t-elle d'une voix douce.
Eaque quitta sa position pour se remettre sur ses deux jambes, il n'avait pas encore relevé les yeux, c'était impoli il le savait. Mais il refusait de montrer ses yeux humides à la Déesse de la mousson qui savait parfaitement l'effet que ses mots ont eu sur le cœur du Juge. Elle sourit de nouveau. Eaque était très touchant. Elle lui accorda la permission de retourner auprès de ses frères et le Garuda repartit en évitant son regard. Le tibétain fila d'une traite vers la maison de la Vierge à laquelle il avait été conviée.
Il fila entre les Spectres occupés à installer leurs campements de fortune pour retrouver quelqu'un de particulier. Il ne mit pas longtemps à la retrouver. Assise sur une pierre blanche à l'extérieur du temple. Là où auparavant se trouvait le jardin des Twin Sals. Elle releva ses yeux de geai vers lui. Elle remarqua les larmes dans le coin de ses yeux. Elle se leva doucement. Et à l'instant où le commun des mortels se serait attendu à voir la jeune femme aux cheveux noirs se précipiter vers lui pour consoler ses larmes, Violate du Béhémoth éclata d'un rire tonitruant en se moquant de sa tête de dépressif. Et Eaque sourit parce que c'est tout ce qu'il avait besoin d'entendre. Le rire de Violate. La dame riait tellement qu'il pouvait voir ses molaires. Son sourire s'élargit d'autant plus. Qu'il l'aimait cette femme. Il l'aimait à la folie.
L'Autre s'accrocha aux barreaux, tendant son cou frêle pour tenter d'aspirer un peu d'air avant d'être englouti. Cette enveloppe était bien plus faible que le corps adulte de Saga mais presque similaire à celui de Kanon à l'époque de son enfermement. Des muscles maigres qui s'engourdissaient rapidement sous l'effort intense que nécessitait la nage, des mains trop fines pour s'agripper aux barreaux rendus lisses comme le verre par la friction des marées et des poumons trop étroits qui n'emprisonnaient pas assez d'air pour rester longtemps en apnée.
Et cette fois les vagues ne se retireraient pas assez pour permettre à ce cou trop court d'atteindre la surface. Sa gorge et sa poitrine se mirent à le brûler. Il tendit son bras au travers des barreaux, seuls ses doigts pouvaient encore effleurer la surface. Mais c'était inutile. Est-ce qu'il allait finalement mourir. Si près du but. Mourir alors qu'il effleurait à peine le seul désir qui lui était propre. Mourir alors qu'il pouvait enfin être quelqu'un ?
Après tout les Dieux n'avaient aucune raison de le garder en vie. Il avait causé beaucoup de tort aux Dieux de l'Olympe. Pourquoi le récompenser avec ce corps ? D'ailleurs cela devait arranger Athéna et Hadès. Elle le punissait en le condamnant au Cap Sunion et en mourant il sera jugé aux Enfers. Envoyé au Cocyte probablement. Enfin...renvoyé au Cocyte. Après avoir été passé à tabac par les Spectres rancuniers.
De toute façon il n'arrivait plus à lutter. Plus assez d'oxygène. Plus assez d'énergie. Il sombra dans le noir. Ses dernière bulles d'air jusqu'alors enfermées dans ses poumons remontant à la surface dans un dernier gargouillement.
" Eaque ? Que se passe-t-il pour que tu nous revienne si vite ? " s'enquit Hadès en voyant le Garuda mettre genou à terre devant lui.
" Sa Majesté, on nous annonce l'arrivée de Lady Pandore et des Dieux Thanatos et Hypnos au Sanctuaire. Il semblerait qu'elle ai voulu nous rejoindre pour que votre armée soit au complet pour fêter votre retour. " annonça le Juge remis de son précédent mouvement de conscience.
" Ta sœur est sur le chemin ? C'est une bonne nouvelle. Tu peux te retirer Eaque, je ne voudrais pas te retenir trop longtemps. " le Juge s'inclina et sortit tranquillement de la salle du trône. " D'ailleurs, " reprit Perséphone une fois que le tibétain les ai laissés seuls. "son idée de fêter nos retrouvailles tous ensemble avec nos nouveaux alliés me semble être une délicieuse idée. Qu'en penses-tu Athéna ? " suggéra Perséphone en se penchant vers la nièce de son époux. Mais la Déesse de la Sagesse ne répondait pas. Les mains jointes elle était occupée à faire raisonner son cosmos vers un point bien précis. Cap Sunion. Hadès soupira vaguement.
" Tu pourrai le laisser mourir, non ? Il est responsable de nombreux dégâts et je ne suis pas sûr qu'il se tienne à carreau à l'avenir. " Athéna releva la tête après avoir diminué son appel.
" Je le sais Hadès. Je le sais. Mais je trouve qu'il est bien trop cruel de le tuer alors que nous venons à peine de lui accorder ce qu'il désire depuis tant de temps. Briser un élan de façon aussi brutale...même lui ne le mérite pas. Tu feras ce que tu voudra quand il s'agira de son jugement pour les problèmes qu'il t'a causé aux Enfers mais ici je suis la seule à pouvoir décider s'il le mérite ou non. " répondit-elle un léger sourire sur les lèvres. Hadès resta d'abord interdit avant de hausser les épaules.
" Je suppose qu'on ne peux pas dire à la Déesse de la Sagesse qu'elle a tort. Et puis c'est vrai que tu est la seule à juger de la valeur de sa peine concernant le Sanctuaire. " finit-il pas céder en préférant de loin s'intéresser à sa femme enfin retrouvée. Demain ils repartiraient pour le Royaume souterrain. Leur Royaume.
" J'ai envie de croire... " commença Athéna d'une voix troublée par l'émotion attirant l'attention des époux divins. " qu'il peut encore devenir quelqu'un de bien si on lui laisse une chance de se trouver. "
" Il se prétend l'incarnation du Mal absolu tout de même. " nota le Seigneur des Enfers.
" Je le sais. Penses-tu qu'il en était réellement heureux au fond ? Agissant selon les rêves d'un autre. J'ose espérer que s'il vit selon ses propres désirs il sera capable de bien. " murmura-t-elle d'une voix pleine d'assurance. " Je suis sûre qu'il saura le faire. J'ai confiance. "
Les campements et répartitions des Spectres dans les temples était enfin terminée et le soleil commençait sa longue descente pour laisser place à la lune lorsque raisonna la voix d'Athéna dans tout le Sanctuaire.
Chevaliers, Spectres, retrouvons nous tous au palais d'Athéna au coucher du soleil et célébrons ensemble notre alliance et les années de paix avenir. Vous êtes ici les bienvenus.
La clameur se propagea dans le Sanctuaire. Chacun appréciant à sa manière la nouvelle. Certains avec exubérance, comme Milo bondissant joyeusement dans le temple du Verseau dont la quiétude s'était trouvée quelque peu ébranlée par la volubile présence du Huitième gardien. D'autre de façon plus mesurée comme Shaka partagé entre le soulagement de savoir ses luttes inutiles et meurtrières finie et l'agacement d'avoir été interrompu en pleine méditation. D'autres encore mimèrent un faux désaccord, comme Pharaon qui adopta une moue désapprobatrice et râleuse, sous l'œil amusé du Phénix qui était resté le regarder composer, en prétextant qu'il n'aurait jamais le temps de finir sa symphonie.
Mais personne ne comptait se défiler et manquer l'occasion de nouer ou renouer des liens avec les nouveaux alliés, les nouveaux amants, les amis retrouvés. Une seule âme était réellement en dissonance avec le reste des vivants du Sanctuaire. Accroché aux barreaux, l'eau redescendue, l'Autre releva son regard vers le soleil déclinant.
" Évidemment, dès qu'il y a une fête je suis retenu ailleurs. Tsk ! "
Valentine se réveilla vaguement, des bras l'enserraient, le transportant dans les airs, il entendit une porte s'ouvrir. On le rallongea sur le sol, une voix informa que l'Autre et lui avaient été séparés. Une main douce effleura son front et signala qu'il était un peu fiévreux avant de poser un tissu humide sur son front. Il devait être retourné chez Mû du Bélier et on recommençait à le soigner. Il entendit la voix du Seigneur Rhadamanthe et de Kanon, il se força à ouvrir les yeux, ses paupières étaient tellement lourdes il avait l'impression qu'elles avaient été plongées dans deux chapes de plombs. Sa vision était de nouveau floue. Sa séparation avec l'Autre avait dû être violente pour lui comme pour son ex-parasite.
Il mit quelques minutes pour reprendre pied dans ce tumulte fiévreux. On l'avait replacé à côté de Sylphide. Il pouvait voir les mèches argentées dans le coin de son œil. Il tourna très lentement la tête vers le Basilic. Il distinguait à peine son visage malgré sa proximité. Tout ce qu'il pouvait deviner était que le belge lui faisait également face. Il sentit le revers d'une main se poser sur sa joue et se glisser dans ses cheveux, il sourit doucement. Sylphide va bien.
" Tu as vraiment une tête à faire peur. " murmure le Basilic à voix basse.
" M'en parle pas. L'Autre aura été une plaie jusqu'au bout. Comment tu-vas ? " demanda-t-il péniblement.
" Mieux que toi apparemment. Je peux me lever sans que le Chevalier du Sagittaire n'ait à me porter. " se moqua gentiment le Spectre.
" Oh, non ! Ne me dis pas qu'il m'a porté jusqu'ici ! C'est à l'autre bout du Sanctuaire tout le monde m'aura vu. " le Basilic rit franchement à la remarque devant les yeux du Spectre le visage du belge commençait à se détailler un peu plus.
" Je suis sûr qu'on en parlera pendant un bon moment, c'est certain ! " s'esclaffa bruyamment Sylphide. Rune les gronda d'un sifflement agressif signalant qu'ils le dérangeaient alors qu'il peignait les cheveux du Juge norvégien qui se rendormait doucement.
" Il s'est passé un truc depuis que je suis parti ? " demanda Valentine surpris de voir le Procureur réputé pour sa froideur cajoler le Juge ravi.
" Oui... " commença le Basilic d'une voix devenue douloureuse en éloignant sa main de la crinière de Valentine. " Rune et le Seigneur Minos se sont...Il semblerait qu'il aient décidé de faire un bout de chemin ensemble. " termina-t-il en détournant le regard. Valentine le voyait maintenant clairement. Ses prunelles étaient devenues fuyantes, évitant de lui faire face tant sa réalité lui était douloureuse. Mais la Harpie ne le laissa pas se retrancher, il tendit son bras engourdi vers la chevelure argentée du belge et caressa tendrement les mèches.
" Sylphide. J'ai compris. " chuchota-t-il en caressant les mèches du Basilic pour le rassurer. " Je les ai vu ensemble. Je n'ai pas ma place entre eux. Je ne pourrai pas remplacer Kanon à ces yeux. C'est terminé. Je n'essaierai plus de m'accrocher. " Sylphide le regarda en silence. Dans ses yeux il lisait qu'il ne lui mentait pas. Valentine avait vraiment décidé de tourner la page. Il sentit son cœur fondre de bonheur. Valentine se redressa sur un coude et apposa ses lèvres sur son front avec douceur. Sylphide sentit ses lèvres se fendre d'un sourire bienheureux. Valentine avait enfin accepté de tenter sa chance avec lui. Il n'aurait plus à l'épier de loin. Ils seraient enfin ensemble. Valentine se glissa près de lui et se lova contre le Basilic qui ronronna de bonheur.
" C'est fini. Je sais ce que je dois faire. " murmura la Harpie en laissant les doigts de Sylphide reprendre leur place entre ses mèches. Il se laissa cajoler tendrement, se laissant doucement sombrer dans le sommeil. Il entendit le Basilic approcher ses lèvres de son oreilles pour lui souffler un mot.
" Merci. "
Valentine sourit dans son sommeil. Sylphide recommença à lui caresser les cheveux, les épaules et le cœur soulagés d'un poids.
" SEIYA ! "
" SEIKA ! " crièrent les frères retrouvés en se jetant l'un dans les bras de l'autre. " Tu m'a tellement manqué grande sœur. " sanglota Pégase lové contre la poitrine de la jeune fille.
" Je sais Seiya. Je suis désolée... " articula douloureusement l'adolescente en pressant plus fort le Chevalier dans son encombrante armure. Même s'il ne portait pas la protection, la jeune fille pouvait sentir la force qui se dégageait de son frère. Il était devenu fort. Il s'était battu pour défendre ses convictions. Il avait lutté pour la retrouver et pour sauver l'humanité. Maintenant les guerres étaient finies, ils se retrouvaient enfin. Quel soulagement.
" Seiya... " murmura une voix féminine près d'eux.
" Sh-Shaïna ? Saori m'a dit que tu avais veillé sur Seika pendant l'évacuation du Sanctuaire. Merci beaucoup. " la remercia le Bronze-Divin avec un sourire.
" Ce n'est rien. Tu sais pourquoi je l'ai fait. " répondit-il simplement. Seika les observa sans comprendre, juste intriguée par le changement de comportement de la jeune femme sulfureuse.
" Seiya ! Tu as retrouvé ta sœur ! Je suis tellement content pour toi ! " s'enthousiasma Shun en rejoignant le petit groupe.
" C'est un de tes amis Seiya ? " demanda la sœur de Pégase avec douceur.
" Oui. Il s'appelle Shun. C'est le Chevalier d'Andromède et il m'a beaucoup aidé pendant les combats. C'est quelqu'un de bien, tu peux lui faire aveuglément confiance. " le présenta Seiya en donnant quelques tapes affectueuses sur l'épaule du jeune garçon.
De loin Hyoga grinça des dents en voyant la main de Pégase posée sur l'épaule du tendre Andromède. Il n'aimait vraiment pas le rapprochement entre eux. Vraiment pas.
Sion ouvrit lentement ses yeux. Il n'était ni endolori ni engourdi. Après toutes ses années le vieux Bélier avait appris comment guérir les blessures plus vite que n'importe qui. Quitte à rester un peu plus longtemps dans le coma. Il se redressa en position assise et tâta ses blessures. On avait pansé les plaies et appliqué du baume sur les hématomes. Son apprenti aux cheveux mauves s'accroupit près de lui avec un sourire doux sur le visage.
" Je ne m'attendais pas à ce que vous vous réveilliez si tôt mon maître. " murmura Mû avec un air soulagé.
" Il y a des gens que je ne veux pas faire attendre. " répondit le Pope en caressant les cheveux de son élève. Il jeta un regard circulaire à la pièce. Tout les blessés étaient réveillés et accompagnés. Le Juge Minos la tête posée sur les genoux de Rune ? Quoique vu la douceur dont faisait montre le Procureur laissait supposer que le sourire du Juge n'était pas uniquement dû aux potions apaisantes de Mû. Deux des Spectres, dont celui ayant servit de support à l'Autre discutaient ensemble à voix basse allongés sur le ventre. Et un peu plus loin contre un mur Rhadamanthe avait trouvé la force de s'asseoir pour laisser Kanon des Gémeaux lui masser les épaules non sans jouer avec ses nerfs comme le cadet savait si bien le faire. Ils étaient tous réveillés et bien portant. Sans doute les soins de Mû avaient atténué la douleur leur permettant de retrouver un peu d'autonomie. Le Pope sourit. Soulagé de voir ses enfants sains et saufs. Il tourna son visage vers celui qu'il considérait comme son fils et lui adressa un grand sourire.
" Mû, mon garçon, veux-tu m'aider à me remettre sur mes pieds ? Je dois aller retrouver quelqu'un avant d'aller voir Athéna. " expliqua le Bélier senior à son disciple.
" Si vous parlez de Dohko il veux vous faire une surprise en vous attendant devant la porte. " s'amusa le jeune homme en obéissant docilement.
" Il va t'en vouloir d'avoir gâché son cadeau. " ronronna le doyen en ébouriffant les cheveux de l'atlante qui rit discrètement.
" Oups. " échappa-t-il d'un air faussement innocent en conduisant son maître vers la porte derrière laquelle l'attendait son Tigre.
Les dernière lueurs du jour commencèrent à vaciller à l'horizon. Chacun commença à monter les marches des temples pour rejoindre le palais personnel d'Athéna, ne formant plus qu'une masse compacte et unie. Les surplis et armures trop lourdes et encombrantes avaient été abandonnés pour ne laisser que des mortels désarmés. Le Pope Sion dans sa tenue la plus resplendissante les attendait tranquillement pour leur montrer le chemin du palais d'Athéna. C'est plus de cent hommes qui le suivirent dans les escaliers de pierre défoncés par le lierre, les blessés s'appuyant sur les bien portants pour gravir les marches. Il n'y avait plus de grades plus de camps. C'est tous ensemble qu'il franchirent les lourdes portes dorées qui les séparaient de leurs Dieux. Même chez les Chevaliers d'Or peu avaient vu l'intérieur du temple.
Saga avait été le seul d'entre eux à y avoir jamais mis les pieds. Et encore, sans la Déesse le palais semblait vide d'âme. Tout à fait différent de cette majestueuse demeure remplie de victuailles et de décorations dorées. Devant eux Athéna, Hadès, Perséphone, Thanatos et Hypnos les attendaient. Les deux femmes drapées de somptueuses toges blanches lacées de larges bandes d'or et le Dieu des Enfers dans une toge bleu lacée de fins fils de platine et Thanatos et Hypnos dans leurs tenues argentées et noires. Athéna s'avança devant eux un large sourire sur les lèvres.
" Mes Chevaliers, Spectres d'Hadès. Je vous remercie d'être tous venus. Nous ne sommes désormais plus ennemis. Célébrons ensemble notre victoire commune et les retrouvailles de Perséphone et d'Hadès. Santé à tous ! "
Chacun acclama la Déesse et la foule se propagea dans le palais.
Rhadamanthe s'appuyait sur l'épaule de Kanon, un bras passé autour de sa nuque. Faisant papillonner ses lèvres contre la tempe du Gémeau. Tout les Spectres et les Chevaliers les regardaient avec étonnement choqué et parfois désapprobateur mais ni l'un ni l'autre ne s'en préoccupaient. Kanon était heureux que Rhadamanthe ai survécu et Rhadamanthe était heureux que Kanon l'ai attendu. Ceux qui essayaient de leur parler s'apercevaient rapidement qu'ils n'obtiendraient des deux Dragons que des réponses évasives et brèves voire à côté de la plaque.
Si Saga n'appréciait pas vraiment l'idée de voir la Wyverne papouiller son frère jumeau, il devait admettre que le bonheur qu'il lisait sur le visage de Kanon était assez touchant. D'ailleurs en regardant du côté de Minos et d'Eaque il pouvait constater qu'il n'était pas exactement le seul à penser de la sorte. Les deux Juges avec leurs compagnons respectifs ne semblaient pas vraiment approuver l'idée que l'anglais ait succombé au charme du grec qui attirait irrésistiblement les lèvres du blond contre les siennes.
De leur côté Milo et Camus semblaient au contraire rassuré et heureux pour le cadet des Gémeaux et le Juge. Surtout Milo qui ne cessait d'embrasser le cou du français en s'imprégnant de l'odeur des cheveux roux. Shaka semblait ne rien penser avec son verre de jus de fruit dans une main planté au milieu de la pièce complètement immobile. Aldébaran avait également l'air d'approuver le nouveau couple et s'en réjouissait à qui voulait l'entendre (c'est à dire tout ceux ayant commis la maladresse de s'approcher d'un peu trop près du Taureau). Quant à Aphrodite, DeathMask et Shura ils faisaient mine de trouver les deux hommes mielleux à la nausée avec un éventail de mimiques toutes plus parlantes les unes que les autres.
Mais malgré les réactions variées que provoquaient l'affection que se témoignaient Rhadamanthe et son frère, Saga était heureux de savoir que son jumeau s'était trouvé quelqu'un pour l'aimer sincèrement.
" Saga ? " l'aîné des Gémeaux sursauta et se tourna vers le Sagittaire surpris de sa réaction. " Tout va bien ? " demanda le Neuvième gardien en lui tendant un verre de champagne que le Troisième accepta volontiers.
" Oui, oui je vais bien. Un peu surpris de voir à quel point mon frère s'est attaché à Rhadamanthe du Wyverne mais je vais bien. " le rassura Saga en portant la coupe pétillante à ses lèvres.
" Sans vouloir être indiscret... Était-ce la raison de ton chagrin peu de temps avant le départ de l'Olympe ? " s'enquit le Sagittaire qui semblait avoir bel et bien assisté à la dépression du Gémeau comme son frère le lui avait rapporté. Saga lui sourit gentiment, touché par l'attention.
" Non. Ce n'était pas la raison. " souffla-t-il doucement en vissant son regard sur les bulles dorées remontant doucement à la surface en suivant la paroi de cristal. Le grec aux cheveux châtains le regarda longuement, se demandant s'il devait poser la question mais finalement Saga fit lui même le premier pas.
" C'est à cause de l'Autre. Athéna lui a accordé un jugement...une chance de se repentir alors que... j'ai...ma part de responsabilité... pour tout ce qui s'est passé... " murmura tout bas l'ex-grand Pope sans quitter son verre d'alcool du regard.
" Saga... " commença Aioros en effleurant doucement son épaule. " Tu n'es pas coupable des atrocités commises par l'Autre. Tu n'es pas cet homme Saga. Tu n'a rien à voir avec lui. Tu es quelqu'un de bon et c'est en te punissant qu'Athéna aurait été injuste. Je sais que tu n'as pas voulu ce événements et que tu as lutté de toutes tes forces pour le retenir mais les surhommes ça n'existe pas. " le consola le Sagittaire avec un sourire doux. Saga tourna son regard aux éclats céleste et lui murmura tout doucement.
" C'est exactement ce qu'Athéna m'a répondu. " chuchota-t-il dans un sourire. Aioros lui tapota l'épaule tout aussi réjouit que lui. Puis les deux hommes reportèrent de nouveau leur regard sur Kanon et Rhadamanthe glués l'un à l'autre.
" Ton frère à l'air vraiment heureux. " souffla le Neuvième gardien.
" Il a trouvé quelqu'un. Pas exactement le genre de personne que j'attendais de sa part mais il s'est trouvé quelqu'un. " répondit le Gémeau en replongea son nez dans le verre de champagne avec une moue faussement paternaliste.
" Et toi ? Tu as quelqu'un ? " tenta le Sagittaire sans lâcher le couple inter-Sanctuaire des yeux.
" ...Hum...Et bien...Je... Il y a-Il y a quelqu'un qui me plaît... mais... Enfin... Je-Je ne sais pas si... C'est compliqué... " bafouilla le Troisième Or visiblement embarrassé par la question.
" Je connais cette personne ? "
" Oui. Je ne vois pas qui tu pourrais mieux connaître... " souffla Saga toujours fuyant le regard noisette.
" Rassure-moi, cette personne est célibataire ? " s'inquiéta le Sagittaire pour son petit frère le Lion.
" Mais oui enfin ! Tu ne penses tout de même pas que j'ai des vues sur Aiolia ! Il est beaucoup trop jeune ! " protesta le Gémeau en s'embrasant.
" D'accord excuse-moi. " se moqua sagement le Neuvième. "C'est donc quelqu'un de ton âge ? "
" Oui. "
" C'est quelqu'un du Sanctuaire ? "
" ...Oui... " Aioros marqua une pause dans son interrogatoire, laissant le brouhaha de la soirée reprendre le dessus avant de rompre le silence. " Saga, nous allons toujours à Rodario demain n'est-ce pas ? " Saga se tourna vers Aioros, d'abord interdit. Avait-il compris ? Était-ce une question innocente ?
" B-Bien sûr ! J'y tiens ! " balbutia l'homme aux cheveux bleus.
" Tant mieux. Je crois que Rodario est le seul endroit où Aiolia nous laissera un peu tranquille tout les deux. " ronronna le Sagittaire d'un air amusé. Saga lui rendit son sourire. Plein d'espoir. " Et de toute façon... " reprit Aioros. " J'ai vraiment envie de passer du temps avec toi, Saga...C'est étrange de dire cela alors que j'étais mort mais...tu m'as beaucoup manqué. "
Saga rougit de plus belle, ses yeux de la couleur des diamants bleus étincelaient de bonheur. Il connaissait le Sagittaire. Il n'était pas du genre à dire ouvertement qu'il avait compris une situation. Mais seulement à signifier son opinion de manière subtile. Et cet aveu du Sagittaire était une réponse positive à sa demande muette. Aioros glissa ses doigts entre ceux de Saga qui le laissa les emmêler avec douceur. Profitant de la proximité que lui autorisait le Neuvième gardien qui surveillait du coin de l'œil le frère du Sagittaire qui serait sans nul doute capable d'égorger Saga s'il les surprenait.
" Hey, Pharaon ! " le héla Ikki en s'approchant du Spectre qui s'éloigna du petit groupe avec lequel il discutait.
" Qu'y a-t-il, Ikki ? " s'enquit le Sphinx étonné de voir le jeune homme s'approcher de lui avec sa démarche étonnement sautillante pour le grincheux qu'il était.
" Tu as terminé ta symphonie ? J'ai un peu mal à la tête à cause du bruit alors je comptais aller me coucher tôt mais je voulais t'entendre avant. Il y a des instruments là-bas alors je me demandais si tu pouvais la jouer. " expliqua le Phénix d'un ton légèrement saccadé.
" Ikki ? Aurais-tu bu de l'alcool par hasard ? " coupa l'égyptien en plantant son regard féroce dans celui du garçon mineur.
" Non pourquoi ? Juste le jus de fruits là-bas. C'est pas de l'alcool, si ? "
" C'est du punch ! Et chargé en rhum celui-là ! Tu en as bu combien de verres ? " s'insurgea le Spectre en oubliant totalement que l'ivresse du japonais était loin d'être volontaire.
" Je sais pas...sept ou huit... " tenta de se rappeler le Phénix étourdi.
" C'est pas vrai... Viens, on sort. Tu vas prendre l'air et je vais t'apporter de l'eau. Je te préviens demain matin tu vas avoir la gueule de bois. De l'alcool à ton âge c'est pas raisonnable. Surtout que je parie que tu n'as rien avalé avant ? " Le Phénix confirma ses craintes en secouant doucement la tête de gauche à droite. " Ah, les gosses j'vous jure. Allez, viens avec moi. On va sortir. " lui souffla le Spectre en escortant l'assoiffé vers les jardins.
La soirée était très calme. La lune pleine. Sa lumière blanche dessinait les contours d'une couleur d'argent floue. Le Spectre repéra un banc en pierre dissimulé derrière des rosiers blancs. Ou rouges ? La Lune aveuglante rendant la couleur indéterminable. Il emmena le garçon et le posa sur le siège froid. " Bouge pas. Je vais te chercher de quoi t'hydrater, on arrivera peut-être à limiter les dégâts. " lui souffla le Spectre avant de détaler vers la salle de réception.
La pièce était bondée, mais le Sphinx était habile. Il parvint à se faufiler jusqu'au bar qu'il délesta d'une bouteille de verre transparente avant de repartir sans attirer l'attention. Il quitta de nouveau la cohue pour rejoindre le Bronze-Divin piteux qui continuait de cuver sur son banc en pierre. Il lui ouvrit la bouteille et la lui tendit. À peine le Chevalier l'effleura qu'il la retira rapidement de son sillage.
" Hey ! Tu m'as dit que je devais boire de l'eau ! " râla le japonais vexé que le Spectre se moque de lui.
" Une minute je vérifie que ce n'est pas de la vodka ! Avec ta veine tu serais capable de te siffler la bouteille jusqu'au coma éthylique ! " gronda le Sphinx en buvant une lampée de liquide clair avant de rendre la bouteille au Chevalier. " C'est bon, la voilà ta flotte. "
Le Phénix eut une moue d'homme ivre snob et saisit le récipient qu'il porta à ses lèvres pour en engloutir de grandes lampées. Le Spectre le regarda d'un air las vider la moitié de la bouteille avant de la reposer sur le sol près du banc.
" Pourquoi tu t'occupes de moi ? Tu pourrais me laisser là et rejoindre tes amis plutôt que de te préoccuper d'un crétin de gosse bourré. " marmonna le Bronze-Divin visiblement éméché. Pharaon soupira profondément.
" On m'a chargé de te surveiller. Et ce sera valable jusqu'à ce que je quitte le Sanctuaire. Compris ? " Le Phénix hocha du chef. L'égyptien le regarda quelques instants. De toute évidence le Chevalier était encore relativement lucide. Et la soirée venait à peine de commencer, ce serait dommage qu'il n'en profite pas un peu. " Tu veux toujours entendre ma symphonie ? " Ikki releva le chef vers lui et approuva la proposition avec un air qui semblait dire évidemment-je-ne-te-l'aurai-pas-demandé-si-je-ne-v oulais-pas-l'écouter. Le Sphinx lui fit signe d'attendre avec un léger sourire avant de repartir pour la salle de réception chercher son instrument.
" Regarde comme ils sont mignons mon Camus ! On a bien fait de les aider, hein ? " ronronna le Scorpion en parsemant la tempe de son amour de baisers à la fois sages et pleins de promesses.
" C'est à toi qu'en reviens tout le mérite. C'est à peine si j'ai parlé à Kanon et c'est toi qui a proposé tes idées pour aider Saga. Tu es vraiment exceptionnel Milo. " lui répondit le Verseau en effleurant les mèches dorées du grec qui tendaient à se mélanger aux siennes.
" Arrête Camus, tu l'as aidé aussi. Toi aussi tu es génial mon Camus. Tu es adorable et je t'aime. " lui chuchota le Scorpion au creux de l'oreille faisant frémir le français de plaisir. Il se tourna vers son amant pour se pencher à son tour vers sa joue sur laquelle il déposa un fugace baiser avant de murmurer trois mots dont le souffle fit fondre le Huitième gardien qui l'enferma tendrement entre ses bras puissants. Il s'abandonna à l'étreinte du Scorpion. En sécurité. Son cœur de glace réchauffé par la tendresse des caresses dans ses cheveux.
" Je suis vraiment content que les guerres soient finies, Seiya ! Nous allons enfin vivre en paix sans batailles ! " s'enthousiasma Shun ravi après avoir fait connaissance avec tout les Spectres de la soirée.
" Oui. Je vais pouvoir retrouver Seika, on va pouvoir vivre un peu plus 'normalement'. Je suis surtout heureux pour toi Shun. " lui avoua Pégase. " Toi qui déteste te battre tu vas enfin cesser les combats et peut-être même connaître...l'Amour... je serai vraiment très heureux que tu trouves quelqu'un à aimer. Je suis sûr que personne ici ne mérite plus ce privilège que toi. " lui murmura le japonais avec un doux sourire.
" Seiya...je... "
" Stop ! Ça suffit maintenant ! Tu crois que je n'ai pas vu clair dans ton petit jeu Seiya ! Arrête d'essayer de corrompre Shun ! Tu as déjà Shaïna qui te tournes autour à s'en limer les griffes et toi tu te contentes de détourner le plus sage d'entre nous ! Si tu penses que je n'ai pas compris ton petit manège tu te goures ! " siffla Hyoga en s'interposant entre les deux Bronzez-Divin dont le premier semblait réellement surpris et le second près à imploser d'embarras.
" Hyoga ! Seiya n'essayait pas de me séduire ! La conversation ne te regarde pas ! " protesta Andromède dont les joues avaient pris une teinte cramoisie.
" En quoi elle ne me regarde pas ?! Tu as passé tout ton temps aux Enfers avec lui et maintenant qu'on est de retour au Sanctuaire tu est glué à lui ! Je croyais qu'on était proches toi et moi ! Et maintenant tu ne m'accorde même pas une seconde de ta présence ! Il s'est passé quoi entre nous ? J'ai dis quoi pour que tu m'en veuilles comme ça ? " s'énerva le sibérien habituellement si calme.
" Hyoga. Calme-toi ! Je ne t'en veux pas, si je parles plus à Seiya c'est parce que- "
" Parce que quoi ? Parce que vous sortez ensemble ?! Et restes ici toi ! N'espère pas te carapater à l'anglaise ! " déblatéra le Cygne toujours furieux. Le Pégase leva les deux mains en signe de reddition attendant que le russe ait fini de parler.
" Mais non enfin ! Je lui ai juste dit...que...que je suis amoureux de toi ! " confessa Andromède dont les joues menaçaient de s'embraser tant la chaleur du sang le consumait. Le blond cessa immédiatement de s'énerver et se tourna vers le jeune garçon dont cheveux verts contrastaient avec le rouge de ses joues. Le joues pâles du russe commencèrent à se colorer à leur tour, il fureta rapidement à gauche et à droite vérifier que personne n'avait assisté à son élan de colère très peu digne d'un chevalier des glaces avant de se réinteresser à Shun qui semblait vouloir mourir instantanément.
" Tu...tu m'aimes ? " bafouilla le blond qui ne remarqua pas que Seiya avait effectivement fini par filer en catimini.
" Oui...Aux Enfers je le lui ai dit. Au moment où on partait pour Elysion. Et je savais pas comment te le dire alors j'en parlais avec lui. Je ...je ne boudais pas... C'est juste que... Tu sembles toujours un peu... distant... Alors je ne savais pas si je devais... Enfin... Si tu... comprendrais ce que je voulais te dire... ou même si tu... l'accepterais... " chuchota Shun si bas que si le Cygne n'avait pas une excellente ouïe il ne l'aurait sûrement pas entendu.
" Shun je... bien sûr que je vais l'accepter... C'est moi qui avais peur de t'effrayer en te disant ce que je ressentais pour toi...Quand je voyais Seiya te tourner autour j'avais l'impression de devenir fou de jalousie. Je suis tellement heureux que tu... ressentes les même choses que moi. " lui répondit le sibérien en se rapprochant d'Andromède qui releva ses yeux humides vers lui.
" Hyoga... " souffla le jeune garçon ému devant l'aveu touchant de son ami.
" Shun... " répondit-il du même temps en effleurant sa joue et en approchant ses lèvres. Andromède se laissa attirer, fermant ses paupières, se laissant charmer par la douceur fraîche du russe. Fraîcheur à laquelle se mêlait de légères senteurs de... rhum ? Le japonais s'écarta et flaira le verre que le Cygne tenait dans sa main gauche.
" Hyoga ! Tu as bu de l'alcool ?! Nous sommes mineurs tu ne peux pas faire ça ! " le gronda Andromède qui ne voulait pas partager son premier baiser avec un homme saoul.
" Mais non ! C'est du jus de fruits ! " se défendit le russe vexé.
" C'est du punch ! "
" Aphrodite ? Tout va bien ? " demanda DeathMask en se glissant derrière son amant qui fixait la lune depuis une terrasse isolée du reste de la soirée. Le Poisson se retourna vers le Cancer dont le visage brute contrastant avec la lumière douce de l'astre lunaire lui donnait des airs de tueur absolument délicieux.
" Ah, Angelo-chou, quelqu'un joue de la musique dehors. Je suis venu écouter tranquillement. " répondit simplement le suédois en désignant les jardins. L'italien s'approcha et tendit son cou vers le parc qui ne semblait absolument pas avoir été laissé à l'abandon pendant plusieurs années. Il chercha d'où provenait les notes de harpe s'élevant effectivement d'entre les feuilles sans en trouver la provenance.
" Tu ne sais pas qui joue par hasard ? " demanda le Cancer en partant s'accouder à la balustrade. À côté du Poisson.
" Non. En fait je pense qu'ils ne veulent pas être dérangés. J'aime beaucoup cette mélodie. Elle est à la fois puissante et apaisante... Elle me fait penser à un gardien en fait. " murmura l'androgyne en perdant son regard vers l'horizon. DeathMask le regarda sans rien dire.
" Pourquoi t'es là ? " lâcha finalement l'italien. Aphrodite releva son regard étonné vers lui, sincèrement surpris par la question.
" Hein ? "
" Pourquoi tu es planté sur ce balcon à écouter de la musique plutôt que de t'amuser à l'intérieur ? Tu adores ce genre de soirée ! Les trois-quarts des gamins ont confondu le punch avec du jus de fruits et sont ronds comme des queues de pelles, il y a des ragots à profusion, Kanon et Rhadamanthe sont pratiquement en train de se sauter dessus en plein milieu de la salle, et je ne te parle pas de Milo et Camus, alors qu'est-ce que tu fous ici à écouter trois notes de Harpe sur un balcon ? " Aphrodite resta interdit devant l'interrogatoire de son ami. Il baissa les yeux, retournant vers vibrations sonores.
" J'avais besoin... de prendre un peu de distance. " souffla le suédois sans quitter l'obscurité du regard.
" De quoi tu parles ? "
" J'ai...parlé à Camus...pour lui faire cracher ce qu'il faisait avec Milo d'abord et... je lui ai dit pour nous. " avoua le Poisson.
" Ah ? Et ? " demanda l'italien en haussant les épaules.
" Ça ne te choque pas plus que ça ? Je pensais que tu m'en voudrais à mort ! " se plaignit le Poisson qui réalisa qu'il avait probablement culpabilisé pour rien.
" Non, je ne t'en veux pas pour l'avoir dit à Camus, je sais qu'il la fermera. Tu l'aurai dit à Milo je me serai énervé parce qu'avec une telle pipelette tout le Sanctuaire aurait été au courant. Je suis déjà assez impressionné que tu ai tenu ta langue aussi longtemps alors que moi je l'ai dit à Shura à peine trois semaine après notre première. "
" Shura est au courant ?! Putain ! Je comprends mieux pourquoi ils se barrait sans poser de questions quand on avait besoin d'être seuls ! "
" C'est pas possible de crever en emportant son secret, il fallait bien que tu causes à un moment, je préfère que se soit à Camus plutôt qu'à...je sais pas...Aldé' tiens ! Il aurait annoncé nos fiançailles à toute la Grèce ! " Aphrodite s'écroula de rire sur la balustrade de pierre, imaginant tout à fait le Taureau fou de joie pour le nouveau couple courir dans tout les sens pour annoncer à qui voulait l'entendre combien ses ami le Cancer et le Poisson étaient... amoureux... le Poisson s'assombrit de nouveau, retourna vers les notes de Harpe. " Allez ! J'arrive à peine à te faire rire dix secondes, tu ne vas pas me dire que tout va bien maintenant aussi ! Dis-moi ce qui te tracasse. Il s'est passé quoi avec Camus ? Il t'a dit une vacherie ? Parce que si c'est le cas, pote ou pas je lui défonce la gueule et son Scorpion-chéri ne pourra rien y faire ! "
" Non, non. Camus n'a rien dit...Enfin...Ce qu'il m'a dit m'a fait...réaliser quelque chose et... je n'aime pas ça... " confessa le Poisson mélancolique. DeathMask passa son bras autour des épaules de son amant et perdit ses doigts dans ses cheveux... si seulement...
" Tu peux me parler tu sais ? " lui chuchota le Cancer dans le creux de l'oreille.
" J'ai trop peur Angelo...J'ai trop peur que tu partes... " articula douloureusement le Poisson sans quitter le jardin du regard.
" Qu'est-ce que tu veux dire ? Pourquoi je partirai ? " l'interrogea l'italien surpris en cherchant le contact des yeux aigue-marine de l'androgyne qui ne répondit rien. " Aphrodite ? "
" ... "
" Aphrodite parle-moi. "
" Je...Je n'ai pas envie de n'être qu'un plan cul pour toi... J'ai envie de te donner tellement plus...Je t'aime... Mais je ne veux pas que tu partes alors... si tu préfère... Qu'on reste... Comme ça...alors... " Aphrodite se tût. Attendant le jugement du Cancer qui ne répondait rien. " Je t'en supplie dis-moi un truc. N'importe-quoi. Au moins ne me fais pas souffrir plus longtemps. " le pria le Poisson d'une voix brisée. Angelo lâcha son épaule pour enrouler plutôt son bras autour de la taille du suédois et de perdre son nez dans sa crinière parfumée.
" Je ne sais pas. Sincèrement. Je ne sais pas vraiment si je t'aime, ce n'est pas le genre de sentiment que j'éprouve habituellement mais ce que je vis avec toi c'est...Unique. Je le vivrais pas avec Shura alors que j'y suis très attaché aussi. Je veux bien qu'on essaie de construire quelque chose. Mais je ne peux rien te promettre parce que je n'en sais pas plus que toi à ce niveau là... " Aphrodite se dégagea de l'étreinte, juste assez pour pouvoir faire face au Cancer mais pas assez pour que les bras ne quittent ses hanches.
" Tu ne sais vraiment pas ce que tu éprouves ? " murmura-t-il en glissant ses mains autour de la nuque de DeathMask.
" Non. C'est fort. C'est plus fort que tout ce que j'ai pu éprouver. Je n'aime pas lorsqu'on te tourne autour, lorsque tu en regardes d'autres, j'adore t'avoir contre moi, lorsqu'on est seuls même sans parler, lorsque je croise tes yeux, lorsque je sens la chaleur de tes lèvres sur les miennes ou de ta peau sous mes doigts...mais je ne veux pas me tromper. Je ne veux pas te faire mal en te donnant des espoirs inutiles. Tu ne mérites pas de souffrir. Tu vaux mieux que ça. " lui souffla le Quatrième gardien. Le Douzième Or pris du recul sur lui et le fixa d'un air interdit.
" Tu-Tu ne veux pas...Que je souffre ? " lui demanda le suédois incrédule.
" …?...Et bien oui. Qu'est-ce qu'il y a ? " s'étonna de nouveau l'italien.
" Toi DeathMask du Cancer, le plus cruel de tous les Chevaliers d'Or tu refuses que moi, Aphrodite des Poissons je souffre par ta faute ? " DeathMask se tût. Détournant à son tour le regard vers le jardin d'où s'élevaient toujours les notes de musiques. " Angelo-chou ? " ronronna le Poisson en embrassant le front de l'italien.
" Je m'en fiche de souffrir à cause de toi. Je veux qu'on passe le plus de moments extraordinaires tout les deux jusqu'à ce que tu parviennes à mettre un nom sur ce que tu éprouves. " murmura-t-il en papillonnant contre le visage du Quatrième Or. " et si on continue après et bien... ce sera bonus. " Le Cancer soupira profondément, il se savait vaincu mais au final cela ne le dérangeait pas tant.
" Aphrodite, je suis sérieux, je ne veux pas me lancer à l'aveuglette et tout perdre après, je ne veux pas que ce qui se passera me fasse perdre ton amitié en plus du reste ! " protesta le Quatrième agacé par l'insouciance de son amant.
" Angelo...J'ai confiance en toi. Je sais que même si au final tu t'aperçois que c'était une erreur de vouloir franchir le cap tu saura me ménager comme tu l'a toujours si bien fait auparavant. " le rassura le Poisson en reprenant ses caresses enjôleuses, il sentait que ce dont il avait rêvé et désiré tant de fois étaient sur le point de se réaliser et cette idée l'emplissait d'une extase enivrante. " J'ai envie que nous restions ensemble. Je veux créer de nouveaux souvenirs à tes côtés, je veux qu'on nous regarde avec un mélange de jalousie et d'admiration comme Camus et Milo, je veux qu'on te dise chanceux, je veux vraiment te faire plaisir et pas seulement te satisfaire, tu comprends ? "
" Je crois mais...Tu le penses vraiment ? " demanda l'italien en emmêlant ses doigts dans les cheveux doux de son amant.
" Oui. Je te fais une confiance absolue. " Souffla le suédois en apposant ses lèvres sur la bouche de son amant.
" Dans ce cas ! " DeathMask lâcha la taille du Poisson et lui tendit son bras. " Que dirais-tu si nous allions faire baver tout les Spectres qui ont osé poser leur envieux regard sur toi ! "
Le visage d'Aphrodite se fendit d'un immense sourire et il s'empara du bras du Cancer avec grand plaisir.
" Tu sais combien j'adore lancer les ragots ! Je t'adores Angelo-chou ! " s'extasia le Poisson en l'entraînant d'une démarche bondissante vers la salle chaleureuse, se défaisant volontiers des notes de harpe.
Ikki avait fermé les yeux. Bercé par les accords harmonieux de l'instrument. Les notes s'enchaînaient rapidement, le plongeant dans une spirale de musique au rythme des doigts agiles de l'égyptien. Le rythme variait avec régularité, vif la plupart de la partition il décélérait parfois avant de reprendre course hâtive plongeant l'auditeur dans une montagne russe pouvant se changer en balade reposante. On sentait une puissance certaine derrière les pincements de cordes, Pharaon était totalement inhibé par sa musique, disparaissant derrière l'instrument. Il devait jouer depuis près d'une heure, peut-être plus. ses doigts étaient engourdis par l'effort que nécessitait l'air complexe. Il finit par ralentir une ultime fois pour achever enfin le morceau. Ikki rouvrit les yeux et releva ses prunelles obscures vers lui.
" D'habitude je n'aime pas tellement la musique...mais là c'était vraiment... sublime... " murmura-t-il d'une voix profonde, l'alcool semblait avoir déserté son esprit le temps de la partition.
" Vraiment ? Je suis touché...Je voulais vraiment que tu sois le premier à l'écouter. " répondit le Sphinx assis en face de lui avec un sourire ravi.
" Oui, je me suis senti en accord avec l'air, comment s'appelle ta musique ? " demanda le Bronze-Divin sans le quitter des yeux. L'égyptien sembla douter un instant. Comment le Chevalier allait-il le prendre s'il lui révélait le nom de sa mélopée ? Il regarda brièvement son instrument comme si ce dernier pouvait lui souffler la réponse pour finalement se tourner vers Ikki
" Phénix. "
" Oui ? "
" Non, 'Phénix', c'est le nom que j'ai donné à ma symphonie. " Ikki ne répondit rien, fixant toujours le Sphinx du regard. Leurs prunelles d'ébène s'affrontant toujours. Finalement le Chevalier sourit tranquillement.
" C'était pour ça alors. Que je comprenait aussi bien la musique... " souffla le japonais de nouveau détendu. Le Chevalier ferma ses yeux quelques instants comme pour se remémorer les accords. Pharaon le regarda silencieusement, attendant une autre réaction de sa part. Réaction que le Chevalier lui offrit volontiers.
" Ce n'est pas tout, non ? On écrit pas une symphonie pour quelqu'un de manière anodine, non ? " souffla le Phénix en rouvrant les yeux pour les plonger de nouveau dans ceux du Spectre. Le Sphinx retint de justesse le sourire qui l'aurait trahi. Le Chevalier ne semblait pas si mal réagir au sous-entendu.
" Non c'est vrai. J'avoue que je trouve que je considère que tu es quelqu'un de spécial. Je t'envie, tu ne crains rien ni personne, tu n'as que faire des hiérarchies, tu es, incontestablement, le plus intéressant des Chevaliers d'Athéna toutes classes confondues. Non...tu es l'être humain le plus intéressant que j'ai jamais rencontré. Alors je ne vais pas te mentir... tu me fais de l'effet. Tu m'intrigues. J'aimerai que tu me tolères à tes côtés. Accepteras-tu qu'un Spectre souhaite se rapprocher de toi ? " lui demanda l'égyptien incapable de retenir plus longtemps cette lueur d'admiration brûlante derrière ses prunelles.
Le Bronze-Divin continua de le fixer sans rien répondre. Vissé sur son banc de pierre. Plus les secondes s'égrainaient plus le Spectre sentait son assurance habituelle s'effriter. Venait-il d'éloigner le Phénix avec son aveu un peu trop insistant ? Le japonais finit par se lever. Le Spectre crût d'abord qu'il s'apprêtait à partir. Mais il s'approcha du Sphinx pour le rejoindre sur le banc. Le japonais se pencha vers lui, plantant ses yeux dans les siens. Pharaon le regarda d'un air interdit jusqu'à ce qu'Ikki se décide à ouvrir la bouche.
" T'es au courant que j'ai que quinze ans ? C'est pas très sain de s'intéresser aux gamins, tu sais ? " lâcha le Phénix, très sérieux.
" Mais t'es malade ! Je te demande pas de sortir avec toi ! Tu tiens à peine l'alcool ! Je suis un pédophile non plus ! Et d'abord je ne vois pas pourquoi je te demande l'autorisation ! Je peux devenir ton ami si je veux ! Tu comprends tout de travers ! Je ne suis pas le Seigneur Rhadamanthe ! Je ne fricote pas avec les Chevaliers et- "
" Pfft...WHAHAHAHAHAHAHAHA ! "
" Enfoiré ! Tu me faisais marcher ! " l'engueula le Spectre blessé dans l'orgueil. Le Phénix continua de s'étrangler de rire avant de pourvoir parler correctement, reprenant soudain son sérieux.
" Je pensais que nous étions déjà d'accord. Je t'aime bien...même si t'es un Spectre. T'es marrant. Et j'aime bien ta musique. " répondit simplement le Chevalier avec un haussement d'épaules, assis dans l'ombre des arbres aux côtés de l'égyptien qui pouvait deviner les reliefs de son visage avec la lumière blafarde que projetait la lune.
" T'es complètement saoul, n'est-ce pas ? " lui demanda le Sphinx amusé.
" Je crois ouais... " avoua le japonais avec une moue faussement vexée. " Tu me ramènes chez Shaka ? Je vais jamais arriver à retrouver le chemin. "
" C'est tout droit mais je m'en voudrais qu'on te retrouve en morceaux en bas des marches alors que tu es sous ma responsabilité. " se moqua Pharaon en aidant l'adulescent à se relever, l'appuyant contre lui pour l'aider à marcher.
Rhadamanthe laissa ses lèvres glisser le long de la nuque frémissante de Kanon. Le Gémeau répondit à l'offensive tendre en attaquant son lobe. La Wyverne resserra sa prise sur les reins de l'ex-marina. Enfouissant son visage dans la jungle de cheveux bleus, s'enivrant de son parfum musqué avant de retourner déposer un léger baiser derrière son oreille avant de lui souffler tendrement.
" I love you, Kanon. "
Le Gémeau ronronna de plaisir, ripostant en pressant ses lèvres brûlantes contre celles du Juge avant de retourner se pendre à sa nuque.
" Moi aussi je t'aime Rhadamanthe...à la folie. " murmura-t-il en s'enlisant dans les prunelles dorée du Spectre qui s'empara une fois encore de ses lèvres. Il n'existait plus qu'eux, cette pièce autour d'eux, le monde entier, plus rien n'existait, ils n'avaient pas besoin d'oxygène ni d'eau, leurs souffles et leurs salives suffiraient. Les mains puissantes de Rhadamanthe vinrent pétrir ses hanches, Kanon le laissa s'approcher attendant le prochaine faille dans laquelle s'engouffrer. Piéger son amant. Attendre la prochaine manœuvre. Il le laissa envahir son cou de ses lèvres, il sentit le trouble de son rival dans ses baisers que le Chevalier le laissait s'approprier, profitant de ce que le Spectre prit pour une ouverture il remonta sa bouche vers la mâchoire de Kanon qui échappa un soupir satisfait avant de souffler tout bas.
" Dévore-moi. "
Il n'en fallait pas plus pour faire perdre son sang-froid à la Wyverne qui attaqua à pleine dents la nuque de Kanon qui échappa un grondement sous l'effet de la morsure. Se délectant des crocs affamées sur sa peau, il effleura la tignasse blonde du bout du nez en inhalant la senteur étrangement mentholée qu'exhalait l'anglais. Plantant ses ongles entre les omoplates de la Wyverne qui redoubla l'intensité de ses assauts sous la douce provocation de son Chevalier.
" Hum ! Hum ! On vous dérange peut-être ? " intervint Minos à côté d'eux. Rhadamanthe relâcha sa proie non sans fusiller l'importun secondé par Rune du regard.
" Je vous rappelle tout de même que la soirée n'est pas finie, loin de là, et que vous n'êtes pas censés vous envoyer en l'air devant tout le monde, il y a des mineurs dans la salle je vous signale, vous allez les choquer. " se moqua le Griffon dont la main était posée un peu trop bas sur la hanche de Rune.
" Qu'est-ce que tu nous veux Minos ? " siffla la Wyverne agacée malgré les douces cajoleries de Kanon.
" Juste vous dire que vous pourriez prendre une chambre plutôt que de vous grimper dessus. Sans parler que Saga semble à deux doigts de te sauter à la gorge sans doute parce qu'il n'aime pas te voir peloter son frangin devant tout le monde. " expliqua le Juge norvégien avec un air amusé. Rhadamanthe eût une moue désobligeante et embrassa le sommet du crâne du Gémeau.
" C'est bon Rhadamanthe. Je préfère qu'on rentre de toute manière. Je n'aime pas ce genre de fête de toute façon. "
" Si tel est ton souhait, dans ce cas. " murmura la Wyverne en parsemant la tempe de son amour de baisers. " Minos, je vais me retirer. Si on me cherche je suis parti me coucher. " annonça le Juge. Le Griffon acquiesça et regarda son frère partir en tenant toujours Rune qui restait docile sous ses caresses.
" Ils sont mignons, non ? " ronronna-t-il en taquinant le cou du Procureur.
" Ils sont amoureux. "
Athéna, Perséphone et Hadès regardèrent Kanon et Rhadamanthe partir ensemble de la fête. S'embrassant tendrement sans se soucier des regards intrigués des autres Spectres et Chevaliers.
Les choses se passaient bien.
La paix et l'amour étaient enfin envisageables entre les Enfers et la Terre.
Voilà pour cet ultime chapitre. Je sais qu'il est un peu en retard sur mon planning habituel mais pour ma défense il est deux fois plus long et j'ai repris les cours (et oui on a pas tous le même programme). Je vous remercie tous infiniment de m'avoir suivis jusqu'ici, c'était une superbe aventure, j'espère que ce ne sera pas la dernière en vos compagnies. J'ai toujours été vraiment très touchée par chacun de vos encouragements, chacune de vos critiques m'auront permis d'avancer plus loin que je ne l'escomptais, merci à tous et à toute. Spécialement à Raixander (ma première commentatrice, bonne chance à toi ^^), Saharu-chan (remerciements spéciaux pour toi tu m'a vraiment beaucoup appris et j'ai adoré chacune de nos discussion PS : ce n'est pas une raison pour me snober dorénavant XD), Nyny et Ombrelle (j'ai beaucoup progressé grâce à tes commentaires constructifs, un grand merci ^^), kitsu-d'angelo, Kocylender (MWAHAHAHAHA), Victoria Nike, Kotone no Neko, Hinata-lou, Nekrophobia, tout ceux qui ont suivis mon histoire, tout ceux qui l'ont lue et tout ceux qui l'ont appréciée. Merci infiniment et j'espère vous retrouver bientôt pour une nouvelle histoire.
à bientôt et Merci encore, Nekosama13094