Disclaimer: Twilight est à S. Meyer et cette histoire à EdwardsBloodType, je ne fais que traduire.
In too Deep d' Edwardsbloodtype
Traduction Autorisée
Destiné à un public adulte, de plus de 18 ans.
Chapitre 18 : Adorato
~In Too Deep~
Chapter 18- Adorato
Décembre
Les jours traînent dans ce mois comme qui dirait sans fin, avant Noël, où tout ce qui est joyeux est forcé sur mon visage, en dépit de mes silencieuses (et quelques non silencieuses) protestations. Je décide que je hais le Père Noël et je déteste Rudolph avec son perpétuel stupide nez rouge, et ces putains de lutins me donnent envie de frapper quelque chose. Fort. Qu'on ne me lance même pas sur comment Décembre n'est décidément pas le moment le plus merveilleux de la putain d'année.
Qu'on me pardonne, mais je suis peut-être un peu irritable. Je comprends finalement pourquoi le taux de suicide est si élevé à cette époque de l'année. Ce n'est pas parce que les gens sont dépressifs. C'est parce qu'ils ne peuvent pas passer une autre journée à entendre parler de ces satanées cloches en argent et des putains de marrons grillés. Qui diable aime même les marrons?
Cependant, une petite lumière dans l'obscurité vient contre toute attente sur mon chemin. Je rentre du travail un soir pour trouver un petit sapin de Noël de table devant ma porte. Il est en pot, décoré avec de petites décorations en verre et une étoile dorée au sommet. Quand je le porte à l'intérieur, je cherche un mot ou quelque chose pour savoir de qui c'est, mais il n'y a rien. Je le branche, regarde les lumières, et essaie de me rappeler la signification de Noël.
Jésus, amour et famille.
Bien.
Une fois les examens passés et la fin des cours, je travaille de longues heures au magasin, donc je peux me permettre d'acheter quelques cadeaux sans puiser dans ce qu'il reste de mes maigres économies. Depuis que mon père m'a coupé les vivres, j'ai contracté un prêt étudiant que je n'aurai à rembourser qu'une fois diplômé. Mais les factures des à-côtés comme le câble et internet et le putain de chauffage et l'électricité me tuent lentement, absorbant tout mon salaire ne laissant rien à mettre de côté.
Les cadeaux que j'achète sont simples et du côté peu onéreux; juste un petit merci au gens qui sont là pour moi. Je choisis quelque chose de petit pour Bella, un renne en plastique qui chie des bonbons, parce que je sais qu'elle trouvera ça hilarant, et quand je vois un bracelet à breloques avec de petites mains en argent qui épèle son nom dans le langage des signes, je l'achète aussi.
Je sais que c'est bizarre d'offrir un cadeau de Noël à mon ex, mais je n'y fais pas vraiment gaffe. Je veux qu'elle ait quelque chose de moi.
La veille de Noël j'ai congé, alors Lauren et moi nous retrouvons pour un brunch au restaurant. Quand je lui demande avec hésitation des nouvelles de mon père, Lauren me dit qu'il n'est plus jamais à la maison, même les week-ends, et elle et Esmé pensent toutes les deux qu'il a une autre liaison. Esmé est malheureuse et elle dépense toujours des tonnes d'argent pour des merdes stupides juste pour avoir quelque chose à faire. Lauren dit qu'elle l'entend beaucoup pleurer. Même si je ne peux pas supporter Esmé, je me sens sincèrement mal pour elle, maintenant.
Plus tard alors que je me prépare pour aller diner, je parle à ma mère au téléphone pendant un long moment, tenant dans les mains le cadeau qu'elle m'a envoyé et je suis en admiration. Deux billets aller-retour pour l'Italie, établis pour Juin, après mon diplôme. Elle sera là-bas avec la tournée du Philharmonic, et même si elle dit qu'elle est consciente que ce n'est pas les vacances idéales de passer deux semaines à l'étranger avec sa mère, je ne l'ai pas vue en presque un an et demi. J'ai hâte. Une partie de moi souhaiterait que ce soit tout de suite.
Mais il y a deux billets. Elle ignore manifestement que Bella et moi avons rompu. Je suis très surpris que Lauren ne le lui ait pas encore mentionné.
Tandis que nous parlons, je me débats pour savoir si je dois cracher le morceau sur l'affaire Renée avant que mon père ait la chance de gâcher l'image qu'elle a de moi, même si j'ai fait un sacré bon boulot de démolition moi-même. Il semble que j'ai tant traversé à ce stade que je ne supporterais pas de perdre quelqu'un d'autre dans ma vie, alors je décide qu'être honnête est mieux que ne pas l'être. Une fois la nouvelle lâchée, elle est écrasée et blessée, bien évidemment. Mais elle est surtout en colère contre cette femme pour avoir profité de moi, même si je lui ai dit exactement ce qui s'est passé. Ma mère me dit que peu importe ce que j'ai fait, il n'y a rien que je puisse faire qui ferait qu'elle ne m'aimerait pas, ce qui me fait pleurer comme une fille. Elle ajoute que dans un sens, elle est aussi contente que je l'ai fait, car mon père est un enfoiré qui mérite d'avoir ses couilles et sa dignité suspendus au plafond. Ça me fait rire.
Le diner se passe chez les parents d'Allie. J'avais tout d'abord été réticent mais ils avaient insisté, alors j'ai cédé car je ne veux vraiment, vraiment pas être seul pour les fêtes. La famille d'Allie est petite, alors c'est tranquille et d'un côté ennuyeux à l'exception de l'excitation de Garrett et ses incessantes questions sur le Père Noël et la mécanique magique de son traineau. Je n'ai jamais inventé plus de merdes dans ma vie, essayant de répondre à certaines de ses questions. Ce gamin est absurdement intelligent. A un moment donné, je marmonne, "Je suis en pharmacie, mec, pas en physique quantique." Il hoche la tête pensif, comme s'il comprenait ça et change de sujet pour la fée des Dents.
Après avoir mangé, je regarde un vieux dessin animé de Rudolph avec lui et parce que mon esprit vagabonde, je me trouve à penser beaucoup trop à Bella. Elle me manque.
Pour me distraire, je convaincs Allie et Jay de laisser Garrett ouvrir le train électrique Polar Express que je lui ai acheté. Ça me réchauffe à l'intérieur quand je vois l'expression sur son visage alors que nous l'installons et regardons le train faire le circuit. Il est tellement fasciné et je suis tellement content d'avoir dépensé cet argent supplémentaire pour ça. Après tout, ce n'est pas comme si j'avais quelqu'un d'autre à gâter.
Plus tard ce soir-là, après que les cadeaux soient ouverts et le dessert terminé, je rentre chez moi... juste incroyablement triste. Me sentant bizarre et sombre, je prends le risque de m'arrêter chez Bella pour lui donner les cadeaux que je lui ai achetés, même si je sais qu'elle est chez son père. Les lumières du séjour sont allumées mais son camion n'est dans sa place de parking allouée. Vu que je n'ai nulle part ailleurs où aller, j'attends dans ma voiture, écoutant de la musique de Noël et me vautrant dans ma tristesse tandis que le chauffage est à fond. Je dois m'être endormi parce que je suis réveillé en sursaut par des coups sur la vitre.
"Salut," dit-elle, la voix étouffée à travers la vitre. Elle est sans manteau, dans une robe rouge, tenant ses bras serrés autour de sa taille alors que de petits flocons tourbillonnent autour de ses cheveux courts. Je descends la vitre, désorienté, mon cœur battant à un kilomètre par minute. "Que fais-tu là dehors?" Son sourire est triste mais ses yeux sont chaleureux.
Mon souffle est enfumé dans l'air froid. "Je... je ne sais pas vraiment."
"Eh bien, viens à l'intérieur, tu vas geler!" Elle ouvre de force la portière avant que je puisse même répondre. J'attrape le sac-cadeau sur le siège, la suivant avec hésitation dans la maison. Il me faut environ une minute pour passer la porte d'entrée parce que c'est si étrange d'être à nouveau ici. Elle a peint les murs d'un bleu profond, accroché des tableaux funky au-dessus de la cheminée, et fait que l'endroit ressemble un peu plus à un chez-soi. En passant, je me demande quels autres changements elle a fait et si cette tentative a quelque chose à voir avec essayer de débarrasser l'endroit des souvenirs de moi.
Alors que j'enlève mes chaussures mouillées, elle me demande si je veux un chocolat chaud. Je dis, "Non merci, je ne devrais pas rester longtemps," même si je ne veux désespérément pas rentrer chez moi.
"Oh, allez. Passe un moment avec moi," dit-elle avec ce magnifique sourire à elle faisant fondre mes entrailles. "A moins... qu'il faille que tu sois autre-part?" dit-elle avec prudence, comme si j'avais peut-être une copine qui m'attende chez elle. Je lève les yeux au ciel. Vraiment, Bella?
"Je ne suis attendu nulle part," je reconnais. Et nulle part où je préfèrerais être.
Elle court à l'étage pour se changer, redescendant vêtue d'un bas pyjama imprimé avec des flocons de neige et d'un tee-shirt rouge à manches longues. Elle est si Christmassy et adorable.
Tandis qu'elle prépare nos boissons, je remarque des photos récemment encadrées de son père et de Seth sur la console. Il y en a quelques-unes de Fire Island, avec Bella toute bronzée et souriante dans son haut de bikini avec les filles qui l'entourent au surf. Et dans le fond, presque enfouie derrière les autres, une d'elle et moi de la journée à Adventureland. Nous revenions juste d'un tour sur les montagnes russes et nos visages sont pressés ensemble alors que je tendais le bras pour nous avoir tous les deux à l'intérieur du cadre. On peut voir un peu d'Em et Rose derrière nous, riant et débraillés après le tour. Les taches de rousseur d'été de Bella sont éparpillées partout sur son nez roussi par le soleil, et mes cheveux semblent complètement indomptés, mais nous sommes tous si foutrement heureux. Il est indubitable combien Bella et moi sommes profondément amoureux. Ma poitrine me fait mal...
Bella s'approche avec deux mugs fumant, regardant alors que je fixe la photo un instant de plus avant de la replacer dans le fond où je l'ai trouvée. J'ai failli la mettre devant mais je me suis arrêté.
Elle ne m'a pas lâché, mais elle essaie.
"Te souviens-tu de cette journée?" Rit-elle légèrement.
"Ouais bien sûr, c'était une journée formidable." Je hoche la tête, souriant avec elle. Nous nous étions défoncés dans le parking et avions dévoré pour vingt-cinq dollars de funnel cake en l'espace de quelques minutes. Mon tee-shirt noir était couvert de sucre en poudre.
"C'étaient toutes des journées formidables," dit-elle tranquillement alors que je lui prends un des mugs, buvant à petites gorgées le cacao. Il est crémeux et un peu costaud, comme si elle l'avait coupé avec une sorte d'alcool. Du Bailey probablement.
Je siffle à la brûlure inattendue dans ma gorge. "Essaierais-tu de me soûler?" Blague-je.
"Non, j'essaie de te réchauffer. Tu es tremblant." Je jette un œil à mes mains, essayant intentionnellement de les calmer. J'avais essayé de le cacher quand je lui avais pris le mug, mais ce n'est pas parce que j'ai froid. Elle est très perspicace.
Bella place une assiette de biscuits de Noël faits maison sur la table basse avant de s'assoir au centre du canapé, coinçant ses pieds sous elle. Je suis sur le bout, ne sachant pas si je suis trop près quand tout ce que je veux c'est être plus proche.
La cheminée est la seule lumière dans la pièce en dehors des guirlandes clignotantes, blanches, de son sapin de Noël. Dehors, la neige tombe; de temps en temps le vent de la tempête imminente secoue les fenêtres. Il y a une sensation certaine de confort et de paix autour de nous. C'est aussi très intime, même si je sais que ce n'est pas intentionnel. C'est probablement juste comment se relaxe Bella le soir. Je suis nerveux mais si heureux d'être ici et pas seul, même dans ces circonstances. En arrière-fond on entend une douce musique de fête au piano, familière. C'est ma mère. J'avais cherché le CD pendant des semaines, sans réaliser que je l'avais laissé ici.
"Tes cheveux," dis-je en tendant le bras pour toucher les pointes de ses cheveux coupés court. Elle lève sa main consciemment au même instant, ses doigts effleurant les miens, tellement chauds à cause du mug de cacao.
"J'avais besoin d'un changement. Tu sais," elle roule les yeux et hausse les épaules, "le relooking post rupture. Je n'en suis pas fan, alors je les laisse repousser. Ça n'a pas vraiment changé grand-chose sauf le temps qu'il faut pour les sécher." Elle me regarde, souriant avec douceur.
Tout de suite, j'entends le sous-entendu dans cette affirmation, mais je feins de l'ignorer. Ça fait trop mal.
"Eh bien, j'aime bien. Ça te fait paraitre plus âgée, cependant. Sophistiquée."
"Merci. Comment s'est allé? Comment est le nouvel appartement?"
"Je vais bien; le même je suppose. Travailler des heures de fou jusqu'à ce que la session d'hiver des cours commence la semaine prochaine. J'ai prévu d'obtenir mon diplôme en juin mais je dois me bouger le cul pour le faire. Je suis fatigué de vivre en dessous du seuil de pauvreté. Et euh… mon appartement est agréable. C'est cool d'avoir son propre espace, tu sais? Oh, et," j'ajoute avec un sourire narquois, "J'ai euh… j'ai eu un petit sapin de Noël. Tu ne saurais rien à propos de ça toi?" Je soulève les sourcils.
"Moi? Nooon." Elle cache son sourire dans son mug.
"Vraiment?" Je ris. "Je pensais qu'à coup sûr c'était Allie."
Bella hausse les épaules. "J'ai juste… je l'ai vu et je sais que tu n'es pas du genre à décorer ou quoi que ce soit. Je voulais que pour ton premier appartement ça soit spécial, je suppose." Elle dit la dernière partie comme si elle était triste. Nous savons tous les deux que sa maison aurait dû être mon premier appartement. "J'ai demandé à Em de ne rien te dire quand j'ai eu ton adresse par lui. Je suis surprise qu'il ne t'ait pas au moins dit que je l'avais appelé."
"Nope, il ne l'a pas mentionné. Mais merci. C'était vraiment gentil de ta part." Je jette un regard à la table dans son hall d'entrée où j'ai laissé son cadeau. "Je t'ai pris un petit quelque chose."
"Oui? Tu n'avais pas à faire ça," dit-elle, mais je peux l'entendre dans sa voix essayer de contenir son excitation alors que je me lève pour aller le prendre.
"J'avais envie de le faire," dis-je avec un haussement d'épaules, lui tendant le sac tout en me mettant à l'aise une fois dans le canapé. Elle se marre pour le stupide renne, riant avec dégoût alors que je mange la ligne de bonbons à la bière sans alcool qu'il 'fait caca' sur sa table basse. Quand elle arrive au bracelet, elle est silencieuse, retenant de toute évidence ses larmes.
"Eddie, merci, vraiment. Il est magnifique." Je l'aide à l'attacher à son poignet, vraiment heureux qu'elle l'aime. Elle tend son poignet, le secouant alors que les breloques tintent l'une contre l'autre. Il n'a pas coûté cher, mais je voulais qu'elle sache que je pensais à elle. Que je pense toujours à elle.
"J'ai pris quelque chose pour toi aussi. Bon," dit-elle, plissant le nez, "en fait j'ai fait." Bella me tend la main, me tirant pour me lever. Ses doigts chauds s'entrelacent au miens alors qu'elle me conduit dans sa cuisine, nous arrêtant tous les deux devant le réfrigérateur. Je ne veux pas lâcher sa main.
Elle ouvre à la volée le freezer avec un grand geste. "Tada !"
"Tu m'a pris… des restes?" Dis-je, avant de réaliser que toutes les petites boites en plastique, de taille uniforme avec leurs couvercles rouge transparent, avaient des étiquettes de son écriture ressemblant à celle d'un enseignant de primaire. Fettuccine Alfredo, lasagnes, ziti au four, poulet au Marsala, poivrons farcis, ragoût de bœuf, et plus encore.
"Non," Elle gifle pour rire mon bras. "Je t'ai fait des diners. Rose m'a dit que tu paraissais vraiment très mince la dernière fois qu'elle t'a vu et j'ai pensé que tu ne mangeais pas correctement."
"Bella, c'est… waouh." Incrédule, je parcours toutes les étiquettes. Il semble qu'elle ait fait une énorme quantité de chaque plat et portionnée en repas individuels. Je pourrais manger pendant deux mois d'affilée. "Pourquoi t'es-tu donnée toute cette peine pour faire ça? Ça a dû prendre une éternité." Même si je suis flatté et ému qu'elle ait fait cet effort pour moi, je suis sidéré par le geste.
Ses lèvres se plissent alors qu'elle baisse le regard, bougeant ses pieds. "Je l'ai fait…" J'entends sa respiration se bloquer alors qu'elle exhale, je sais avant même qu'elle essuie ses joues qu'i nouveau des larmes dans ses yeux. "Parce que … tu n'as personne qui prend soin de toi et parce que… je t'aime." La dernière partie sort très bas.
C'est une déclaration simple et la sincérité derrière me brise. "Christ." Je l'écrase contre ma poitrine, caressant ses cheveux de façon apaisante alors qu'elle sanglote dans ma chemise. Pressant mes lèvres sur le sommet de sa tête, je me souviens comme c'est bon de la tenir et je suis submergé par l'émotion. "Je t'aime aussi. Mais je n'ai pas besoin que quelqu'un s'occupe de moi," dis-je doucement. "Je vais bien, Bella. Vraiment." Le truc c'est… que non, mais si en même temps. C'est étrange. Mais je ne veux certainement pas qu'elle se sente coupable ou Dieu m'en garde, obligée envers moi. Je veux qu'elle soit avec moi parce qu'elle ne peut pas vivre sans moi, pas parce qu'elle se sent comme une merde sachant que je ne vais pas bien suite à notre séparation.
"Conneries," dit-elle nasillarde, essuyant son nez avec le dos de sa main. "Tu es maigre et pâle et tu as des cernes sous les yeux. Et je sais que tu ne manges pas ou ne dors parce que moi non plus et… Dieu, c'est tellement nul. Pourquoi ne pouvons-nous juste…" Elle repousse ses cheveux de façon erratique, regardant le plafond comme s'il allait s'ouvrir et lui donner des réponses. "Pourquoi est-ce arrivé?"
"Je me le demande chaque maudit jour, Bella. Je n'ai pas toutes les réponses, mais je sais que quand ça se résume à … j'ai foiré et tu n'es pas capable d'être avec moi à cause de ça, c'est vraiment très simple."
"Non, c'est la chose la plus foutrement compliquée que j'ai jamais connue dans ma vie, Eddie. Tout ce à quoi je pense, c'est à toi. Je me demande ce que tu fais et où tu es et si tu es heureux ou en bonne santé ou triste, et je veux juste être là avec toi et Nom de Dieu, je hais ma mère, je la hais foutrement!"
Je vais pour lui tendre les bras, mais elle est en colère et me repousse. Ma main va comme d'habitude à l'arrière de mon cou. Je m'appuie contre le comptoir de la cuisine, ne sachant pas quoi dire, alors j'attrape une serviette en papier et la tend à Bella. "Désolée," marmonne-t-elle en se mouchant. "Ça a été une longue journée. As-tu faim? J'ai rapporté des restes de chez mon père." J'ouvre la bouche, parce qu'en fait j'ai un peu faim. "Pas des boulettes de viande, c'est promis," dit-elle en reniflant, roulant des yeux.
L'ambiance s'allège quelque peu. "Eh bien, je suis content que tu sois capable de trouver quelque humour dans mon trépas. Stupides putains de boulettes." Dis-je sérieusement, mais j'ai un sourire sur le visage.
"Si je ne ris pas, je pleure," dit-elle montrant son visage en larmes. Alors qu'elle glisse un plat plein à ras bord dans le micro-onde, elle dit, "Mon thérapeute m'a dit que c'était bien de se moquer d'une situation merdique, que si je pouvais trouver un peu d'humour dedans, ça aiderait le processus de guérison ou quelque chose comme ça. Je n'écoute pas ce qu'elle dit la moitié du temps, je ne sais même pas pourquoi je m'embête à y aller."
Je soupire à ses dires, passant une main dans mes cheveux. "Merde, Bella. Tu vois un thérapeute?" Maintenant je me sens comme un vrai connard. Je devrais probablement proposer de payer pour les séances, vu qu'elle en est là à cause de moi.
"Ouais, j'y vais depuis quelques mois. Principalement pour la brouille avec ma mère. J'ai ressenti que les filles en avaient marre de m'entendre pleurer sur notre séparation, et je ne voulais pas être un fardeau pour elles, alors j'ai demandé l'aide extérieure d'un professionnel. De plus, j'étais vraiment bas et je savais que j'avais perdu du poids, aussi." Elle semble avoir perdu sa poitrine, je glousse sombrement. "Mes foutus nichons ont diminué. Tout ça a été si inattendu et... j'essaie de continuer ma vie du mieux que je peux. Mais la vérité est que je ne vais pas vraiment si bien que ça. Donc cela fait deux de nous." Bella hausse les épaules alors que la minuterie sonne. Elle met les assiettes sur la table mais j'ai perdu l'appétit. Apparemment comme elle, car elle chipote avec sa nourriture, jusqu'à ce que ne soit rien d'autre que de la bouillie.
"Je ne pense pas que tes nichons aient diminué," dis-je stupidement. Elle étouffe un sourire et j'ajoute, "Crois-moi, je le saurais."
L'ambiance dans la cuisine est un peu bizarre. C'est plus léger mais il y a encore cet aspect sous-jacent étouffant de la charge entre nous. Nous restons tous les deux silencieux mais je sais qu'elle veut dire plus. Moi aussi, mais je n'arrive pas vraiment à trouver les mots justes.
Un regard dehors m'indique que la neige tombe dru, maintenant. "Je devrais sans doute y aller," dis-je la surprenant alors que je pose ma fourchette bruyamment dans l'assiette. "La Volvo a besoin de pneus neufs et je ne sais pas encore comment elle se comporte sur la neige."
"C'est tellement la merde dehors ce soir. Tu pourrais… simplement passer la nuit ici," dit-elle calmement. "Si tu veux." Ses yeux bruns timides me scrutent, suppliants.
"Pourquoi ferais-je ça?" Demande-je, moqueur. Les mots sortent un peu plus abrupts que j'aurais aimé qu'ils soient. "Je veux dire, quelle en serait la raison? Tu viens de dire que tu essaies d'avancer dans ta vie. Qu'est-ce que tu veux Bella?"
Elle marque une pause. "Vraiment, je ne sais pas. Je suis juste si foutrement… Je ne sais pas." Nous sommes assis là dans un silence inconfortable parce que Bella ne dit plus rien après ça. Son menton repose dans sa main, le coude calé sur la table, elle regarde dehors par les portes vitrées. Frustré par son indécision, je me lève de mon siège, posant mon assiette presque pas touchée sur le comptoir et vais dans le séjour récupérer mon manteau et mes chaussures. Je veux vraiment rester cette nuit, comme elle me l'a demandé mais je n'ai pas la force de supporter le rejet qui inévitablement viendra avec son trouble.
Mon manteau de laine est humide et m'envoie un frisson dans le dos alors que je passe les manches. Je fais demi-tour et elle est là, attrapant mon revers, tirant et faisant glisser le manteau de mes épaules.
Elle se rapproche plus près. "Ne pars pas." C'est un murmure. "S'il te plait… juste… reste avec moi. Reste cette nuit."
Sa poitrine se presse contre la mienne, chaude et douce. Mon corps réagit tout de suite au contact et mes mains vont instinctivement à sa taille. "Ne pars pas," murmure-t-elle à nouveau, cette fois ses lèvres effleurent ma chemise, cherchant ma peau.
"Bella... je..." Elle défait trois boutons de ma chemise, brossant ses lèvres en va-et-vient sur ma peau. Alors que c'est incroyable et singulièrement innocent à ce stade, je suis foutrement effrayé. Tout ce que je continue à penser est, 'S'il te plait ne me rejette pas encore. Je ne pourrais pas le supporter.'
"Chut," murmure-t-elle, tirant ma chemise de l'endroit où elle est rentrée dans mon pantalon. "J'ai besoin d'essayer, s'il te plait laisse-moi essayer." Une fois que la chemise est complètement enlevée, je ne sais pas où mettre mes mains. Je les garde sur sa taille, les remontant lentement sur son dos où je peux sentir les bosses proéminentes de sa colonne vertébrale à cause de la perte de poids.
Quand je sens sa main remonter de ma poitrine autour de mon cou, je baisse la tête pour rencontrer sa bouche. Je presse mes lèvres sur les siennes, mais elle s'écarte de ma bouche, embrassant et mordillant l'arête de ma mâchoire. Ça m'envoie des frissons dans tout le corps et je gémis faiblement, sans honte. Il y a beaucoup de conflits contradictoires dans ma tête. Autant je ne veux pas qu'elle se barre à nouveau, autant je présume qu'elle a besoin de faire ça pour voir si elle peut être avec moi sans péter les plombs. Je dois la laisser essayer, même si le résultat final est un échec mémorable. Je dois au moins lui montrer que nous pouvons essayer ça à nouveau. Ce que nous avons en vaut la peine.
Finalement, frustré qu'elle ne m'embrasse pas comme il faut, je prends son visage en coupe dans mes mains et l'embrasse. Vraiment foutrement l'embrasser. C'est long et langoureux, langues humides et dents mordant et raclant. Tout est en feu; je peux à peine respirer et me sens trembler à nouveau. Elle n'arrête pas de m'embrasser ni de toucher mon visage, ses doigts traçant le contour de ma mâchoire. Avec précaution, je nous ramène vers le canapé ne laissant pas un millimètre d'espace entre nous. Je m'assois sur le bras avec Bella entre mes jambes et puis alors que ses mains parcourent mes épaules et ma poitrine, je laisse mes mains palper. Je veux la dévorer, la manger vivante, être à l'intérieur d'elle et sous sa peau et partout à la fois.
Je suis doux cependant, prenant mon temps, appréciant chaque centimètre d'elle... m'attendant à ce qu'elle panique et me renvoie chez moi. Je lui retire gentiment son tee-shirt, touchant tendrement et embrassant ses seins. Alors que je fais descendre son pantalon de pyjama en flanelle et sa culotte, je trace un chemin de baisers sur son ventre tandis qu'elle se débarrasse à coups de pieds de ses vêtements pour être complètement nue. Ce corps m'a tellement manqué.
"Eddie," murmure-t-elle, me regardant avec gravité, "tu n'as été avec personne d'autre, n'est-ce pas?"
Je m'arrête soudant alarmé. "Quoi? Non, non. Et – Et toi?" Elle secoue la tête, souriant doucement. Elle me serre fort, seins nus contre ma peau brulante.
Mon corps me crie de la ravager sans retenue, mais je contrôle ce désir, ralentissant les mouvements jusqu'à des caresses révérencieuses. Ses cuisses sont douces quand je fais monter et descendre ma main, m'installant entre ses jambes où elle est humide et chaude. Elle fait ce son, ce petit miaulement de plaisir que j'aime, tenant fermement mon cou.
Et parce que je dois savoir, je murmure, "Est-ce que ça va?" Est-ce que nous allons bien?
Elle répond avec un baiser fougueux, tirant et pinçant ma lèvre inférieure, allumant un feu en moi que je jure n'avoir jamais encore ressenti. Alors que je suçote un sein, mes doigts caressent sa peau jusqu'à ce qu'elle prenne ma main et la déplace là où elle la veut, à l'intérieur d'elle. Je la baise avec un doigt puis deux et trois jusqu'à ce qu'elle crie et que ses jambes tremblent. Quand elle termine, elle m'embrasse fort, bougeant pour défaire ma ceinture et déboutonner mon pantalon. Je me tiens pour l'enlever, tirant la couverture suspendue sur le dossier du canapé, nous amenant ensuite au tapis devant la cheminée ou je m'étends dessus. Bella roule sur moi, et avant que je le sache, nous bougeons ensemble, lentement, doucement. Puis je suis à l'intérieur d'elle, sentant la douceur de la peau de son cul glisser contre moi. Je guide ses hanches à mon rythme mais elle est trop impatiente et je veux que ce soit pour elle, la laisser faire ce qu'elle a à faire pour rendre les choses normales à nouveau.
Honnêtement, je n'arrive pas à croire ce qui se passe là tout de suite. A chaque instant c'est comme si elle allait soudain réaliser ce qu'elle est en train de faire et fuir.
Mais, non. Je viens juste après elle, fort et hot, des lumières blanches dans ma vision et la sueur recouvrant mon corps. Nous sommes allongés côte à côte, tous les deux incapables de retenir des sourires idiots et étonnés sur nos visages. Il y a un tel sentiment de joie et de soulagement total qui passe entre nous, tacite juste dans le toucher de nos doigts.
Mourant de faim et de chaud, je vais nu jusqu'à la cuisine réchauffer les assiettes non avalées laissées sur le comptoir. Bella suit, foutrement sexy en diable, portant seulement ma chemise les boutons laissés ouverts à dessein. J'ai l'impression que ses peurs précédentes sont vaincues pour le moment, car elle se comporte comme elle en avait l'habitude avec moi... désinhibée et complètement à l'aise, à l'exception de petits sourires timides entre deux bouchées. Elle me touche beaucoup, me parle du réveillon de Noël chez son père et du fait qu'elle avait prévu d'y passer la nuit mais que quelque chose lui disait de rentrer chez elle. Nous raclons nos assiettes, riant et nous nourrissant l'un l'autre. Je me sens comme si je planais, vivant un rêve.
Alors que nous sommes blottis au coin du feu, regardant ses braises orange incandescentes mourir, nous restons silencieux et révérencieux. Je désirerais qu'elle soit encore nue, mais il fait trop froid pour rester sans vêtements. Elle m'a donné un pantalon de jogging et un tee-shirt que j'avais laissé ici, dont elle n'a jamais pris la peine de se débarrasser. Ce petit geste signifie beaucoup pour moi. Je pense que nous avons tous les deux peur de laisser partir ce moment alors qu'il semble pouvoir disparaître à chaque seconde.
"Qu'est-ce qui a changé cette fois?" Demande-je, caressant sa joue.
"Je ne sais pas vraiment. Je suppose... quand tu allais passer cette porte, je me suis rendu compte que le meilleur moment de ma soirée était revenir à la maison pour toi de façon inattendue. Et ensuite... ensuite tu partais et j'ai su que je ne pouvais pas te laisser aller, quoi qu'il arrive. Je veux dire, cette impression de dégoût... n'a évidemment pas complètement disparu. Je ne sais pas si jamais elle disparaitra complètement..." Elle me regarde avec tristesse, comme si elle se sentait coupable pour ça, mais j'apprécie son honnêteté néanmoins. "Mais de temps en temps quand elle me tracasse, je la repousse et j'essaie de juste me souvenir ce que je ressens pour toi, combien je t'aime et combien tu me rends heureuse juste en étant là... et c'est parti. Être sans toi m'a appris que je veux être avec toi, pas que j'ai besoin d'être avec toi. Je te veux tellement et je déteste de ne pas t'avoir dans ma vie. J'ai l'impression que tout est de la merde sans toi. Ça va être bizarre je suppose, mais... si nous devons voir quelqu'un ensemble, serais-tu prêt à le faire... si ça devient difficile?"
"Oui," dis-je souriant tellement que mes joues me font mal. "Je ferai tout ce qu'il faut. Quel que soit ton besoin. Je veux juste que les choses redeviennent de la façon dont elles étaient avant, si jamais c'est possible."
"Tout est possible," dit-elle en souriant. "Mais... je pense que nous devrions prendre les choses lentement cette fois-ci, en dehors de cette nuit, évidemment." Elle se penche appuyée sur son coude, reposant son menton sur ma poitrine. Je fais courir ma main dans ses cheveux raccourcis, coinçant une mèche derrière son oreille.
"Sommes-nous vraiment en train de faire ça?" Ma voix tremble.
"Oui," elle embrasse mes lèvres avec douceur alors que mes doigts se ferment autour de sa main.
Je prends une profonde respiration. "Tu dois savoir que j'ai vraiment peur. Et que je suis tendre et fragile," dis-je, faisant la moue de façon dramatique tandis que je réprime un sourire pour masquer la gravité de la déclaration.
Elle rit légèrement? "J'ai peur aussi. Mais nous devons essayer. De plus, tu es dans un besoin désespéré de quelqu'un qui prenne soin de toi."
Je lève les yeux au ciel. "Je t'ai dit que j'allais bien."
"Ouais, je vois comme tu vas bien."
"Nous sommes vraiment en train de faire ça." Je suis stupéfait. Ce n'est vraiment pas comment je m'attendais à ce que cette soirée se passe.
Ses lèvres se pressent doucement contre les miennes une fois de plus. "Oui."
"Je t'aime." J'ai envie de la remercier pour me donner cette chance et d'être assez courageuse pour faire face à ses peurs, mais je ne veux pas qu'elle pense que je la remercie pour le sexe.
"Je t'aime aussi. Tellement."
Je fais remonter ma main sur ses côtes, m'arrêtant sur sa poitrine. "Bella?"
"Hummm?"
"Simplement pour que tu le saches, tes nichons ne sont sans aucun doute pas devenus plus petits."
Elle ricane, se blottissant contre mon côté. "Joyeux Noël, Eddie."
Les fêtes ne s'avèrent pas aussi mauvaises que je le pensais. Quelques fois si on le souhaite assez fort, et si on est un très bon garçon, le Père Noël apporte un miracle quand on s'y attend le moins.
Juin
Nous déjeunons à la terrasse d'un café à Florence, venant juste de visiter la Cathédrale Santa Maria del Fiore et la tombe de Michel-Ange. Ce pays est absolument magnifique, avec sa nourriture incroyable, sa culture riche, et ses paysages superbes.
En parlant de paysages superbes... au-dessus de la table, nous nous tenons la main tandis que Bella me fait les yeux doux. Ses cheveux ont poussé et frôlent ses épaules, tellement joli, et elle a repris du poids, donnant à ses joues les rondeurs de bonne santé qu'elles avaient avant. Nous avons consommé beaucoup de vin cet après-midi et notre déjeuner est fin et copieux. Je lui rappelle de garder de la place pour la glace, car je sais qu'ils doivent avoir des cannoli aromatisés à côté.
Un couple de personnes âgées à la table d'à côté nous lance des regards, souriant, et disant à l'autre qu'ils aiment la façon dont nous sommes adorables l'un avec l'autre. La dame demande si nous sommes en lune de miel et je lui dis avec un sourire narquois, "Non ancora," ce qui veut dire pas encore. Bella rougit. Une petite indication qui signifie qu'elle a compris.
A l'exception de cet après-midi, nous avons fait des visites la plupart du temps avec ma mère et son petit-ami italien, Marco qui est notre guide. Il est de quelques années plus âgé qu'elle, raffiné et cultivé. Ma mère est rayonnante et, vraiment, j'aime la voir heureuse comme ça. Elle est tout de suite tombée amoureuse de Bella, les deux discutant sans cesse, la plupart du temps de moi. Il est plus qu'évident que Bella crève d'envie d'une relation mère-fille chaleureuse qu'elle n'a jamais eu avec Renée. Je l'aime et je veux qu'elle soit heureuse, mais c'est une situation très inconfortable à vivre. Je ne mentionne jamais, jamais Renée et Bella ne le fait pas non plus. Seulement les rares fois où je l'ai accompagnée à sa thérapie, ce nom a été évoqué et Bella ne démord pas que sa vie a un net sentiment de paix sans sa mère dedans. Peut-être que c'est mieux ainsi.
Nous verrons si les choses se compliquent une fois que nous aurons prévu un mariage. Je suppose que ce sera le véritable test.
Je n'ai toujours aucune relation avec mon père, mais contrairement à Bella et sa mère, ça me manque, malgré les choses qui ont été dites et faites. Je vois mon propre thérapeute deux fois par mois avec la perte d'une grande partie de ma famille, qui sont devenus des étrangers depuis que mon père m'a renié. Je comprends où va leur loyauté, mais ça fait mal. Je réussi toujours à attraper Lauren pour d'occasionnels petits déjeuners au IHOP et au téléphone au moins une fois par semaine. Bella et moi la conduirons à son université à la fin de l'été. Je n'arrive pas à croire qu'elle est en fac. C'est tellement un environnement qui sera plus sain pour elle que dans la maison de mon père.
Esmé a demandé le divorce, et d'après les dires de Lauren, mon père est absolument dévasté. Le plus drôle est, qu'en fin de compte, il n'avait pas une autre liaison. Il voyait simplement un thérapeute et ne voulait pas qu'Esmé le sache. Pour une raison inconnue, je me sens désolé pour lui. On récolte ce que l'on sème, mais je crois que tout le monde mérite une seconde chance. Malheureusement, il a déjà eu une troisième et une quatrième chance et cette fois, il est celui qui est blessé.
Les choses entre Bella et moi n'ont pas été parfaites ni totalement faciles quand il s'agissait de l'affaire résiduelle avec Renée. Chaque aspect de notre relation est génial, à l'exception de quand Bella a ces rares moments, souvent imprévisibles, où elle va s'en prendre scandaleusement à moi pour quelque chose de ridicule, et je ne sais pas si elle se rappelle ce qu'il s'est passé ou si elle est sincèrement en pétard après moi parce qu'elle est en période prémenstruelle ou à cause de la pleine lune ou parce que chez CVS ils sont à court de Snickers et elle avait vraiment très envie de ces satanées barres de Snickers. Mais je la laisse s'énerver et lui dis combien je l'adore, et ça passe généralement sans guère de dispute. Elle s'excuse toujours pour sa bizarrerie et je lui dis toujours que ça va. Parce que c'est vrai, et ça vaut la peine de faire face à ses sautes d'humeur pour l'avoir avec moi.
Je passerai sans doute le reste de ma vie à essayer de faire la distinction entre, qu'elle est en colère contre moi à cause de Renée, et juste en colère après moi parce que c'est une fille et s'il y a une chose dont je suis sûr c'est que les filles sont cinglées. Donc si nous n'avions pas cette chose entre nous, il y a des chances que je n'aurais jamais vraiment compris ses motivations pour des diatribes véhémentes fortuites. Et ce n'est pas grave parce que je comprends. Généralement. Je fais de mon mieux pour être patient et compréhensif. Parce qu'un jour, espérons bientôt, elle dépassera ça.
Du moins c'est ce que je me dis quand je me demande qu'est-ce que bordel j'ai fait.
Quand nous serons de retour aux States, Bella vend sa maison. C'était une idée de Bella, mais nous avons décidé ça ensemble, nous achèterons une jolie petite maison où nous pourrons prendre un nouveau départ. La plupart du temps, elle passe les nuits à mon appartement, préférant changer de décor. Après mon diplôme, j'ai eu un job dans une autre branche de CVS comme pharmacien en chef, me faisant le quadruple de ce que je gagnais avant. Ça sera juste un tremplin vers quelque chose de plus important, mais savoir que je peux subvenir à mes besoins et à ceux de Bella tout en remboursant mon prêt étudiant et j'espère, payer un mariage, est tout pour moi.
En vérité, je suis plus heureux que jamais. Ça me fait un peu peur, cependant. Honnêtement, je n'ai jamais pensé que cela puisse arriver, mais les choses sont vraiment, vraiment bonnes. Bon, tant que j'ai des Snickers et que ce n'est pas la pleine lune.
Je tends ma main au-dessus de la table pour porter la main de Bella à mes lèvres. Nous laissons l'argent pour la note, nous tenant par la main alors que nous nous baladons sur le pont qui enjambe l'Arno.
Bella sourit, me tirant avec impatience en avant. "C'est là! Viens!"
Nous nous arrêtons à un emplacement où la balustrade en fer forgé du pont, rouillée et oxydée par endroits, est ornée de plusieurs petits cadenas. Sur chacun d'eux, il y a deux noms écrits au marqueur indélébile. Certains sont récents, d'autres sont là depuis des années, les noms abimés par le soleil et la pluie et le bout des doigts qui les ont touchés avec respect. Bella sourit en coin alors qu'elle tire de son sac un petit cadenas Master rose.
"De quoi s'agit-il?" demande-je, tenant le cadenas dans la paume de ma main. Elle a écrit Eddie and Bella au marqueur noir sur la surface lisse. Elle a aussi dessiné un cœur entre nos noms.
"Eh bien, la tradition veut que les amoureux," elle traine sur le mot, battant des cils théâtralement, "écrivent leurs noms sur le cadenas, attachent le verrou à la grille sur le pont de l'Arno, et ensuite lance la clé dans la rivière, ainsi le cadenas ne peut plus jamais être ouvert." Elle se balance en arrière sur ses talons, très contente d'elle.
Je souris, embrassant sa tempe. "C'est vraiment cool, très symbolique. Je dois te lever mon chapeau pour toutes les recherches que tu as faites pour ce voyage," dis-je, attachant le verrou à la grille. Avec un tour de clé, il s'enclenche et je déloge la clé du trou de la serrure.
"A toi l'honneur," dis-je, tenant la clé devant elle.
"Ceci scelle officiellement notre amour pour toujours," dit-elle, pressant ses lèvres sur la surface du métal. Elle me la présente pour en faire autant, et après que j'aie complaisamment embrassé la clé, Bella la jette dans la rivière.
Je glousse alors qu'elle se penche par-dessus la barrière, regardant la clé disparaître dans les ondulations de l'eau. Il n'y a pas de moment plus parfait que maintenant, je me décide.
"Non, je pense que ceci le scelle officiellement," dis-je nerveusement, m'abaissant sur le béton sur un genou, avec la bague de fiançailles offerte.
Ses yeux sortent de sa tête. "Oh... mon... Dieu..."
"Bella, je t'aime plus que tout et je veux passer le reste de ma vie avec toi. Veux-tu être ma femme? Veux-tu m'épouser?" Je ne peux même pas sortir la phrase en entier avant qu'elle soit sur ses genoux, des larmes coulant sur ses joues. Ses yeux se ferment, tous les deux riant et pleurant ensemble. J'appuie mon front contre le sien, ma main tremblante trouvant son doigt de la main gauche pour y faire glisser la bague.
Des applaudissements se font entendre sur le pont, bien que j'attende encore anxieusement sa réponse. Il y a des gens qui nous regardent, mais nous ne sommes pas conscients d'eux, perdus dans cet espace de temps à nous.
Et même si ce n'est pas toujours parfait, et s'il y a des choses qui devront être mises au point au fil du temps, nous avons ce qui importe vraiment.
"Oui," murmure-t-elle, tenant mon visage entre ses mains. "Oui, oui, oui."
Quelqu'un au loin crie, "Biaco! Biaco!"
Riant, je ferme les yeux et l'embrasse avec tout ce que j'ai, et tout ce que je suis, et tout ce qu'elle me fait. Si j'avais appris quelque chose de cette expérience, c'est que je ne peux rien prendre pour acquis; que je dois chérir et apprécier chaque cadeau que me donne la vie, chaque petit miracle inattendu.
J'embrasse ma fiancée comme si j'étais l'homme le plus chanceux au monde, simplement parce que je le suis.
~Finito~
Voilà un Happy End qui j'espère ne vous aura pas déçu. Pour ma part je l'ai trouvé adorable comme j'ai adoré cette histoire et la partager avec vous.
Merci pour tous vos messages et à SBRocket et Ptitewam qui m'ont suivie dans cette aventure.
Bonne vacances.
LyraParleOr