Traduction: About Last Night

Auteur: TalksToSelf

Traducteur: NekoJilly

Série: Sherlock et son univers appartiennent à Sir Arthur Conan Doyle, Steven Moffat, Mark Gatiss et la BBC.


Alcohol

Il y a ce moment de bonheur qui se produit entre le sommeil et la conscience, juste à l'instant où vous vous réveillez mais avant d'ouvrir les yeux, lorsque vous ne pouvez vous rappeler de faits arbitraires tels que la date, la saison, ou même la ville dans laquelle vous vous êtes endormi. En général ce moment n'est que ça, un moment, quelques brèves secondes avant que la réalité ne s'infiltre et que vous vous souveniez de tout… cependant ce moment dure une mini éternité si, la veille au soir, vous avez consommé assez d'alcool pour tuer un cheval. John s'autorisa à garder les yeux fermés alors qu'il se réveillait, les sensations revenant lentement dans ses membres endoloris, le martèlement dans sa tête atteignant un volume cacophonique, et la désagréable sensation de draps frottant contre sa peau apparemment nue.

Les soirées avec Mike Stamford étaient pour le moins… intéressantes, John le lui accordait. Ignorant le grondement inquiétant de son estomac ('un petit déjeuner' pensa distraitement John, ce serait une bonne idée) il céda lentement à la conscience, osant s'étirer un peu pour tester les dommages causés à ses muscles déshydratés. Son bras entra en contact avec quelque chose de chaud, quelque chose de définitivement humain, et ses yeux s'ouvrirent si brusquement que la chambre tangua. Pas sa chambre. Il se redressa, un peu trop vite, son vertige altérant le mouvement alors que plusieurs pensées lui apparurent en même temps.

La pensée numéro un fut que non, ce n'était certainement pas sa chambre à coucher, la numéro deux que ce n'était donc certainement pas son lit, et la pensée numéro trois fut la douloureuse constatation qu'il n'était, en fait, pas seul. Tournant sa tête en un mouvement très lent, ses craintes furent confirmées. Car allongé à côté de lui, très réveillé et alerte, se trouvait son meilleur ami, son colocataire, Sherlock Holmes.

"Sainte mère de Dieu" murmura John de sa voix rauque, et Sherlock ne cligna pas des yeux, ne broncha pas. Il était allongé de tout son long sur le dos, fixant le plafond avec des yeux à demi ouverts et une expression illisible sur le visage.

"Tu es réveillé alors…" en déduit Sherlock.

"Que… que s'est-il passé ?" osa demander John, glissant discrètement une main le long de ses flancs pour confirmer que sa théorie initiale était vraie – pas de pantalon. Les couvertures étaient disposées avec art sur Sherlock, exposant sa poitrine complètement nue et s'arrêtant à un certain niveau par une action qui n'avait pu être accidentelle, ne montrant qu'un bref aperçu de l'os de la hanche mais dissimulant sa pudeur.

"Tu connais mes méthodes – déduit" La voix de Sherlock était pour le moins… bizarre, ou peut-être était-ce les effets résiduels de la bière qui biaisaient les oreilles de John.

"Putain de merde" marmonna John, sa main parcourant ses cheveux. "Sérieusement – merde !" Il semblait incapable de formuler des phrases correctes, tout du moins des phrases qui ne comprenaient pas de propos blasphématoires. C'était évident. Il avait couché avec Sherlock. Comment diable cela avait-il pu arriver ? Il essaya de reconstituer le puzzle, mais son esprit obstruait tout fait qui était arrivé après que Sherlock se soit montré au pub Last Bow où il se trouvait avec Mike, et se soit mis à insulter tout le monde.

John prit quelques instants pour se calmer, sa gueule de bois était vraiment une chienne et ça aurait déjà été assez difficile comme ça de faire face à cette situation en étant sobre. Il jeta un bref coup d'œil à Sherlock, qui refusait de rencontrer son regard, les yeux résolument fixés sur le plafond au-dessus du lit qu'ils avaient de toute évidence partagé.

"Merde" dit à nouveau John, d'une façon plus calme et résignée, légèrement abattue.

"J'ai essayé de t'arrêter…" murmura Sherlock, et le sang de John se glaça, ça n'annonçait rien de bon. Il fut tout à coup très réveillé, très sobre.

"Oh mon Dieu." Il paniqua. "Oh mon Dieu, je n'ai pas ? Dis-moi que je n'ai pas !?" Son cœur martelait violemment dans sa poitrine, tandis que le visage de Sherlock restait vide, froid, distant, dissocié. "Sherlock…" dit John, sentant une boule se former dans sa gorge. "Je n'ai pas… Est-ce que je t'ai forcé ?" Il respirait à travers un sentiment de malaise grandissant. Il n'y avait aucun moyen que Sherlock ait accepté une telle chose, il était plus ou moins asexué, marié à son travail, et John était apparemment un monstre quand il était ivre. Il fallut un temps infini à Sherlock pour répondre, un temps pendant lequel John considéra l'idée de se remettre directement à la police sur une accusation de viol.

"Non" répondit par la suite Sherlock. "Non, j'y ai consentit." Sa voix était à peine plus qu'un chuchotement, mais John l'entendit haute et claire.

"Oh, merci mon Dieu." John gémit, sa respiration ralentissant à un rythme humain alors qu'il essayait d'analyser cette pensée.

Il y eut un silence douloureux. Tout en sachant qu'au moins il n'avait pas violé son ami, la gueule de bois de John revint en force. Il gémit et agrippa sa tête endolorie.

"Thé ?" offrit Sherlock dans le silence du moment.

"Euh…oui." Sherlock hocha légèrement la tête, en évitant les yeux de John, il se leva doucement et John oublia en quelque sorte de ne pas regarder. Sherlock était nu comme il fallait s'y attendre, mais les yeux de John furent attirés par les petites ecchymoses sur ses hanches, marques faites à partir de doigts avides de creuser sa chair. Alors que Sherlock traversait la pièce, John nota avec une légère pointe de culpabilité la légère claudication de sa démarche. Ils étaient allés jusqu'au bout alors. Sherlock atteignit la porte, se glissa dans sa robe de chambre rouge, hésita un instant, ses doigts effleurant le tissu de sa bleue, avant de la prendre en main et de la jeter aveuglément vers John sur le lit.

"Viens quand tu es prêt" dit le détective, disparaissant dans l'appartement.

Le regard de John fit le tour de la chambre, impuissant, elle était aussi bordélique qu'elle l'avait paru dans les rares occasions où John avait osé s'aventurer dans ce no man's land, cependant ce matin-là elle était jonchée de leurs vêtements, qui avaient apparemment été jetés dans l'urgence la veille au soir. John chercha sans enthousiasme son pantalon, mais après avoir trébuché sur sa chemise qui semblait avoir été éclaboussée par du whisky, et avoir marché sur un bouton de chemise qui avait manifestement sauté d'une des meilleures chemises de Sherlock, il renonça et enfila le peignoir de son ami. Elle avait l'odeur de Sherlock et cette pensée était étrangement réconfortante, par contre il flottait dedans, et il dut rouler les manches avant de tâtonner pour trouver la poignée de porte, convaincu qu'elle tourna deux fois dans ses tentatives pour l'ouvrir. Il tituba jusqu'au salon alors que Sherlock plaçait une tasse de thé et quelques aspirines à une extrémité de la table, avant de se recroqueviller sur la chaise en face.

Bizarre n'était pas le mot. Se sentant étrangement exposé vêtu uniquement du peignoir de Sherlock, John s'abaissa avec hésitation dans le fauteuil en face du détective. Il accepta avec reconnaissance les comprimés et but une gorgée de son thé.

"Comment va ta mémoire ?" demanda prudemment Sherlock.

"Inexistante" murmura son compatriote, essayant de se souvenir de la dernière où il avait bu jusqu'à l'amnésie, certainement pas depuis une bonne dizaine d'années. Il se faisait trop vieux pour ça.

"Est-ce que tu veux savoir ?" aborda timidement Sherlock.

"Oui. Non. Je sais pas. Est-ce que je veux ?" John soupira et se frotta l'arête du nez, essayant de donner un sens à la situation dans sa tête. De toute évidence il avait des sentiments pour Sherlock, des forts en réalité, de ceux qui avaient tendance à le tourmenter même quand il faisait de son mieux pour les éviter, qui l'assaillaient au beau milieu de la nuit, mais bon sang il n'était pas l'idiot que les gens croyaient qu'il était, il n'aurait jamais agi selon ces sentiments de son plein gré, et certainement pas de cette façon ! Il devait avoir été complètement imbibé et avait jeté son bon sens (et sa décence) par la fenêtre. Sherlock se tut à nouveau, il continuait de gigoter, mal à l'aise dans son siège, et cela ne fit qu'empirer la honte de John.

"Je suis désolé" furent les mots qui tirèrent John de ses pensées.

"Quoi ?" répliqua John, hautement confus. "TU es désolé ?" demanda-t-il, incrédule. "D'après l'opinion générale, c'est moi qui me suis comporté comme un fou ivre et…" Il s'arrêta, ne voulant pas finir cette phrase.

"Tu n'étais pas en état…. J'aurais dû t'arrêter." La voix de Sherlock n'était plus froide, ne contenait plus cette distance, elle était cru, inégale, sa voix de baryton – généralement inébranlable – était chancelante d'hésitation. John semblait tout bonnement confus.

"Ouais, je me demandais à ce sujet… pourquoi ne m'as-tu pas empêché ?" demanda John à voix haute. "Je veux dire, c'était évidemment mon idée stupide, tu n'étais pas ivre… tu aurais pu dire non… bon sang tu aurais pu simplement me frapper. Alors comment se fait-il…"

"Parce que tu as dit que tu m'aimais." Sherlock n'avait jamais semblé si petit, et John ferma les yeux, essayant de s'imaginer dire à Sherlock pour la première fois qu'il l'aimait, en état d'ébriété. Sherlock se mordit la lèvre, incertain quant à savoir s'il devait continuer, et il ne reprit la parole que lorsque John ouvrit les yeux.

"Au début, j'ai dit non" expliqua-t-il. "Tes intentions étaient parfaitement claires…" John ne voulait même pas imaginer comment il avait fait ça, en proie à des images injustifiées de lui se penchant vers Sherlock dans une tentative maladroite – et surtout ivre – de l'embrasser. "Je t'ai dit que tu étais ivre, que tu avais besoin de dormir et que tu sentirais différent dans la matinée…."

"Et je n'ai pas pris non pour une réponse ?" demanda John avec un lourd soupir. Sherlock sourit faiblement.

"Tu étais… plutôt insistant" admit-il. Le docteur grimaça légèrement. "Je t'ai attrapé pour t'emmener dans ta chambre, en quelque sorte poussé sur le lit… tu semblais t'endormir alors je t'ai laissé là et je suis allé m'asseoir dans ma chambre, pour penser." John fronça les sourcils, pourquoi diable n'était-il pas resté dans son propre lit ? Sherlock se repositionna une fois de plus dans son siège, et un tressaillement léger qu'il ne put cacher assez rapidement pour que John ne le remarque pas ne fit rien pour soulager la culpabilité sans cesse croissante de ce dernier.

"Tu es resté un peu à l'étage avant de redescendre, tu as raté les trois dernières marches." ajouta Sherlock, parce que bien sûr il savait ça sans avoir à demander, il avait entendu, l'avait déduit. "Tu es venu dans ma chambre… tu veux que j'arrête ?" demanda le détective, réalisant soudainement que peut être John ne voulait pas entendre ça après tout.

"Non" soupira-t-il, "tu ferais mieux de continuer. Je suis venu dans ta chambre…"

"Tu as commencé à me présenter tes excuses" continua Sherlock. "Tu n'arrêtais pas de me dire que tu étais un idiot, que tu étais saoul… tu te parlais à toi-même principalement. 'Tu n'étais pas sensé le découvrir comme ça, ça ne devait pas se passer de cette façon'…. tout ce que tu disais n'avait pas vraiment de sens" expliqua-t-il. "Juste à rôder sur le pas de la porte, racontant n'importe quoi." Sherlock commença distraitement à jouer avec un fil lâche de sa robe de chambre, celle qui n'ornait pas actuellement la silhouette de son colocataire.

"Tu t'es approché….. t'es assis sur le bord de mon lit et tu as dit que tu étais désolé. Je t'ai dit que c'était bon, et je t'ai suggéré de retourner au lit. Tu semblais quelque peu… en détresse" lui rappela Sherlock. "Puis tu m'as dit que tu m'aimais. Que tu m'avais toujours aimé. Tu divaguais un peu… tu semblais vraiment contrarié d'avoir tenté quelque chose envers moi plus tôt, tu ne cessais de répéter 'était pas comme ça, tu dois me croire'…" Sherlock hésita, visiblement pas sûr de vouloir divulguer l'extrait d'information suivant. "Ce n'était pas toi."

"Pardon ?"

"Ce n'était pas toi… qui a commencé" murmura un Sherlock embarrassé, les yeux voletant autour de la pièce avant de s'arrêter sur la cheminée. "Tu étais bouleversé et je ne savais pas quoi faire, je…." Il était tellement différent du Sherlock que John connaissait, Sherlock Holmes n'avait jamais de difficultés avec les mots, il ne forçait jamais son chemin à travers une conversation. La culpabilité du médecin décupla. "J'ai passé un bras autour de tes épaules" dit-il dans un souffle. "Je suppose que c'était une tentative pour te consoler…"réfléchit Sherlock.

"Et puis… pendant un instant tu semblas… sobre. Je savais que tu ne pouvais l'être mais tu étais soudainement incroyablement sérieux et tu disais que tu m'aimais et que tu voulais faire ça depuis très longtemps, et puis tu t'es redressé et tu m'as embrassé…" Les yeux de Sherlock se fermèrent un moment comme il se rappelait de la sensation des lèvres de John sur les siennes. "Tout a dégénéré assez rapidement après ça." Le détective se pencha en avant, passant sa main gauche à travers ses boucles.

"Rapide à quel point ?" demanda John, se frappant aussitôt mentalement pour poser une question aussi indiscrète, mais Sherlock ne sembla pas s'en offusquer, il laissa échapper un faible rire.

"L'alcool n'a pas altéré tes performances, si c'est ce que tu veux savoir ?" John sentit le rouge lui monter aux joues, plutôt content du fait qu'il n'avait pas donné à Sherlock l'impression d'être mauvais au lit…. pas que ce soit la question, bien sûr.

"Je euh… il y avait des… ecchymoses sur tes hanches…" La voix de John tremblait légèrement, parce qu'il n'était pas tout à fait sûr de savoir comment aborder cet aspect particulier. Comment étiez-vous supposé demander innocemment si vous aviez été trop brutal au lit ? Les yeux magnifiques de Sherlock, d'habitude si bien en harmonie avec les petits détails, vacillèrent vers le bas pour constater les dégâts, pour se rendre compte qu'il était maintenant enveloppé dans sa robe de chambre. S'il avait des ecchymoses, il n'en avait pas eu connaissance – ce que cela signifiait sur l'état de leurs affaires, John n'en était pas tout à fait sûr.

"Je pense que c'est principalement dû à tes tentatives pour éviter de tomber…" marmonna Sherlock, semblant un peu gêné lorsqu'il continua. "Pour la plus grande partie tu as été étonnamment doux. Je n'ai pas de base de comparaison, cependant c'était plutôt… impressionnant."

"Euh… merci, je suppose ? Attends… quand tu dis 'pas de base de comparaison'…" Une ampoule s'alluma dans le brouillard qu'était l'esprit de John. Oh mon Dieu… il n'avait pas ? John avait brièvement pensé à ce sujet auparavant, la possibilité que Sherlock soit vierge était élevée – mais John n'avait jamais eu le courage de poser la question. Ce n'était pas ses affaires après tout, ou plus précisément ça ne l'avait pas été jusqu'à hier.

"Sherlock….la nuit dernière….était-ce ta première fois ?" demanda-t-il maladroitement. Sherlock acquiesça et son compagnon poussa un gémissement.

"S'IL TE PLAIT dis-moi que tu veux dire ta première fois avec un homme, et pas ta première fois tout court ?" Il semblait un peu impuissant.

"Tout court" conclut Sherlock d'un ton plein de bon sens et John plaça une main sur son front douloureux.

"Oh mon Dieu. J'ai pris ta virginité" gémit-il doucement, mortifié par ce fait. Sherlock, cependant, se moqua.

"Tu ne m'as rien pris du tout John, j'y ai renoncé volontairement" dit-il d'un ton ferme.

Il y eut une longue pause avant que le détective ne parle à nouveau.

"Je suis sincèrement désolé" dit-il doucement, parce que Sherlock Holmes ne faisait PAS d'excuses – en toutes circonstances. "Tu n'étais pas en état et j'en ai profité." John fronça les sourcils, quelque peu mortifié que Sherlock soit prêt à prendre le blâme pour quelque chose qui n'était manifestement pas de sa faute. "Je savais que tu étais ivre… je savais que tu divaguais…. et je savais que tu ne le pensais pas." Le cœur de John lui faisait littéralement mal. Il ne pouvait laisser croire à Sherlock que la nuit dernière était juste un moment induit par la folie de l'alcool, ce qu'apparemment pensait le détective. Cela peinait John de penser que personne n'avait jamais dit à Sherlock qu'il l'aimait – pas étonnant qu'il ait été submergé. Personne ne l'avait jamais touché de cette façon – il était humain après tout. Bien sûr qu'il avait cédé. John aurait dû être quelqu'un en qui Sherlock pouvait avoir confiance implicitement, et John avait tout foiré. Il devait tout remettre dans l'ordre, même si cela signifiait qu'il devait s'embarrasser.

"Tu régresses, Sherlock" dit-il avec un autre soupir. Il l'avait déjà dit une fois, alors il ne pouvait pas justifier de le garder pour lui. "Deux sur trois." Sherlock haussa un sourcil, sa curiosité atteignant des sommets.

"Pardon ?"

"Oui, j'étais ivre. Oui, je divaguais… mais je le pensais." Il prit une profonde inspiration avant de continuer.

"La nuit dernière n'aurait pas dû arriver." Il crut voir Sherlock grimacer légèrement à ces mots, et se demanda brièvement pourquoi. "Pas comme ça, je n'aurais pas dû…. Je n'avais pas l'intention de te le dire." Dit-il fermement. "Mais ce que je t'ai dit la nuit dernière…. Tout était vrai. Je… tu sais…" Il baissa la voix jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'un chuchotement. "Je t'aime." Et voilà, ils y étaient. La vérité sortie au grand jour. Tout était dit et fait. John se demanda (sans conviction) comment étaient-ils sensés avancer après ça. Sherlock soutenait qu'il pouvait supprimer des choses de sa mémoire…ferait-il ça avec tout cet incident ? John ne voulait pas que Sherlock continue à se blâmer pour cette histoire, mais l'idée qu'aucun d'eux ne s'en souvienne était une torture. John n'avait pas besoin de s'en rappeler pour savoir, cela continuerait de le hanter.

"Oh" fut la réponse de Sherlock.

Pendant un long moment il y eut un laborieux silence gêné.

"Donc… ouais. Je suis désolé" termina John sans conviction. Sherlock secoua la tête, ses boucles sauvages après le sexe et le sommeil rebondissant sur sa tête.

"Ne le soit pas." Sa voix était toujours douce et faible, mais elle avait l'air moins brisée. "Combien de temps dure généralement une gueule de bois ?" John cligna des yeux. C'était tout ? Changement de sujet ? Ils allaient juste ignorer toute l'histoire.

"Euh… environ 4 ou 5 heures ?" se hasarda-t-il, un peu désemparé quant à la façon dont il était censé répondre au rejet soudain.

Sherlock hocha la tête pensivement et jeta un coup d'œil à l'horloge. John suivi sa ligne de mire – est-ce que Sherlock devait aller quelque part ? Une affaire ? Ce serait certainement une bonne distraction…. "Je n'ai pas beaucoup dormi la nuit dernière" dit le détective, se levant de sa chaise. Un homme de moindre envergure que John Watson aurait grincé des dents au sous-entendu, mais non, John se concentra sur la douleur légère qui se vit sur le visage de Sherlock lorsqu'il se leva.

"J'ai besoin de m'allonger…" John acquiesça, l'homme avait besoin d'espace. Compréhensible, vraiment. "Toutefois, lorsque tu auras convenablement récupéré, tu pourras me rejoindre dans la chambre à coucher pour un deuxième round." John cligna des yeux à plusieurs reprises.

"Pardon, quoi ?" demanda-t-il, incrédule, convaincu qu'il avait mal entendu, le choc sur son visage étant hors de prix. Sherlock traversa la pièce pour se retrouver face au docteur, il avait l'air calme. Paisible même.

"Je vais attribuer ta temporaire incapacité mentale aux séquelles de l'alcool et me prêter au jeu pour cette fois. Je n'aurais jamais permis aux évènements de la nuit dernière de se produire si je n'avais pas ressenti la même affection pour toi que ce que tu ressens pour moi." Il y avait une légère rougeur sur les joues de Sherlock alors qu'il parlait, à peine distinguable dans la lumière ensoleillée du petit matin. La bouche de John s'ouvrit légèrement sous le choc. Il avait pensé à toutes les variables possibles lorsqu'il avait imaginé avouer comment il se sentait envers Sherlock (il avait à plusieurs reprises rejeté l'idée) et ne s'était pas attendu à ce que cela tourne de cette façon. "Oh, ne reste pas là à gober les mouches, c'est pas du tout attrayant" dit Sherlock, levant les yeux au ciel à sa façon caractéristique.

"Tu…" commença John mais il ne put terminer lorsque Sherlock se pencha vers lui de façon spectaculaire, son visage restant à quelques millimètres de celui de John – le réduisant au silence.

"Dans le cas où ta gueule de bois t'aurais rendu trop lent pour voir où cela va, j'ai l'intention de t'embrasser maintenant" l'informa Sherlock avant d'estomper la distance entre eux et de joindre ses lèvres à celles de John.

Pour une ou deux secondes de plus que ce que ça aurait dû être, John fût trop choqué pour répondre – il blâmerait plus tard la langue de bois – mais au moment où la bouche de Sherlock commença à bouger contre la sienne, la mémoire musculaire du docteur qu'il avait acquise la veille entra en jeu. Il ne se souvenait pas avoir embrassé Sherlock mais il se souvenait de comment embrasser Sherlock, sa main libre atteignant la joue pour la prendre en coupe et le tirer incroyablement près. La langue de son colocataire glissa le long de la lèvre inférieure de John et celui-ci les entrouvrit instinctivement pour le laisser entrer. Sherlock était trompeusement doux, conduisant très certainement le baiser mais pas d'une manière qui faisait John se sentir contrôlé ou dominé. Il caressa du pouce la pommette de Sherlock alors qu'ils se séparaient légèrement. John prit un moment pour reprendre son souffle avant de se pencher pour un autre, mais Sherlock se retira, revenant à la position debout. Sherlock avait un air légèrement dégouté sur le visage, le nez froissé de façon peu engageante.

"Et avant de venir au lit, assure toi de te brosser les dents. Le whisky vicié n'est pas un goût particulièrement agréable" l'instruit-il. "Tu peux me rejoindre quand tu te sens mieux" dit-il avant de se glisser dans sa chambre.

John resta assis là pendant une minute, laissant son cerveau fonctionner au-delà de la pensée 'oh mon Dieu'. Les douze dernières heures n'avaient absolument aucun sens et c'était plus que son esprit embrouillé d'alcool ne pouvait traiter. Mais là encore, Sherlock Holmes était dans la chambre – l'attendant. C'était quelque chose que John pouvait définitivement appréhender.

"Au diable la gueule de bois" grogna-t-il, ignorant sa tête et ses muscles endoloris, se trainant hors de son fauteuil et suivant Sherlock dans la chambre.


Voilà, voilà, j'espère que la traduction vous a plu :)

L'auteur pense continuer cette histoire, une sorte de "5 fois où ... et une 1 fois où..." si vous voyez ce que je veux dire ^^ Et il est fort probable que je les traduise également :D

Quoi qu'il en soit, merci d'avoir lu, c'est ma première traduction pour le fandom Sherlock mais je ne pense pas m'arrêter là.