Il n'y alla pas par quatre chemins, il n'y arriverait de toute façon pas sinon! "Mycroft, je vais déménager. J'ai trouvé un logement." Il ne voulait rien ajouter avant d'avoir sa réaction. Il espérait peut-être quelque chose...
Mycroft se sentit soudain tomber des nues. Littéralement. Sa tête lui tournait, et il avait l'impression d'avoir un étau qui lui serrait le cœur. Son masque retomba aussitôt. Il ne dit rien. Il ne mangeât pas non plus. Il se releva et alla se retirer dans sa chambre.
Wow, il avait bien eu une réaction! Il reprit son visage impassible ensuite mais pour quitter la table sans finir son repas, sans aller lire non plus visiblement. Quand il quitta la pièce, il le suivit du regard, se força à finir son assiette puis alla sur son fauteuil... "son" fauteuil... Sans pouvoir se retenir, il se mit à pleurer. A cause de la séparation, quitter un cocon si doux, un Mycroft si incroyable, à cause de la réaction de ce dernier. A cause de lui-même qui avait eu l'impression de ne pas avoir d'autre choix.
Le lendemain, il partit seul, ne croisa pas Mycroft du tout, il en était triste, il aurait voulu le voir une dernière fois pour le remercier encore... C'était peut-être mieux comme ça? Mrs Hudson l'appela à la pause-déjeuner pour lui dire qu'il pouvait déjà emménager. "Déjà?" *coup au cœur* "C'est parfait, merci beaucoup!" Il prit l'adresse, et s'y rendit dès la fin du travail. Il n'y avait pas de limousine cette fois, il prit une voiture de fonction, rentra dans l'appartement avec la logeuse (une amie de Mrs Hudson) et eût la surprise de trouver ses affaires déjà installées. Il ne comprit pas pourquoi mais ça lui fît mal au cœur. Il demanda s'il pouvait déjà y rester, la logeuse lui répondit par l'affirmative. Il s'installa donc, elle partit. Il était à nouveau seul...
Mycroft avait prit des somnifères et dormit profondément. Quand il se réveilla, son esprit était totalement 'rangé'. Greg n'était plus dans cette maison, et ne le serait plus jamais, il avait demandé à des hommes de lui déplacer ses affaires. C'était juste une cohabitation forcée par la force des choses. Il repoussa tout ce qu'il "ressentait" dans un coin éloigné de son esprit, et tacha de ne pas y faire attention. Essaya de ne pas se sentir heurter à chaque petit détail, au fauteuil qu'il utilisait, la chambre qu'il avait, ce qu'il mangeait, les livres qu'il affectionnait particulièrement ( bien qu'il les lut depuis, s'efforçant de se dire que ce n'était pas parce que Greg les appréciaient ), et il évita soigneusement d'avoir à passer par le New Scotland Yard. Il n'avait pas jeter un coup d'œil à des caméras depuis qu'il était partit ( que quelques semaines ). Mycroft avait un peu arrêté de vivre. Il n'arrivait plus à se plonger dans son travail, ni ailleurs. Il était constamment le regard dans le vague.
Greg avait retrouvé des antidépresseurs qu'il prenait pendant un temps. Et en pris mécaniquement. Il se sentait trop mal. Et continua d'en prendre pendant quelques temps. Il y sembla y avoir un mieux. Le travail avançait, pas d'affaire compliquée, John était passé le voir, seul bien sûr. Ce n'était pas le genre de Sherlock. Les jours passèrent, les semaines... il fût à cours d'antidépresseurs et, sous les conseils de John n'en racheta pas. Et puis les jours furent difficiles, les heures longues... Il tentait de ne pas repenser à Mycroft, il tentait vraiment de ne pas y penser, mais il y avait toujours ça, un parapluie, un gâteau, un livre, une personne même qui lui rappelait son... ami? Il ne savait plus quoi faire. Il en perdait le sommeil, devenait irascible. Le jour où il jeta John, il se dit qu'il fallait faire quelque chose et retenta les antidépresseurs...
Par quel mystère ils ne firent aucun effet cette fois-ci? En tout cas, Greg semblait sombrer petit à petit, il ne prenait plus soin de lui, il s'était mis comme en mode automatique. Il vivait mais à l'intérieur, il était recroquevillé sur lui-même, sans plus aucun goût pour la vie. Que faire? Il ne voyait plus d'option...
Tellement plus qu'un soir, il retourna au bar où ils étaient allés, le premier soir. Celui où tout ça avait commencé. Il pris soin de ne pas se mettre à la même place puis commanda à boire.. puis à boire, et encore. A un moment il leva son nez qu'il avait collé contre la table et constata qu'il se trouvait à la place qu'occupait Mycroft le fameux soir. Ce fût la goutte de trop, il décida, bien que pas mal bourré, d'aller en finir avec tout ça et s'expliquer avec Mycroft. Il voulu aller à pieds chez lui, c'était isolé du monde mais quand même pas très loin. Et il avait appris la route vraiment par cœur à force. Il arriva assez vite et franchement éméché devant le portail de sa "maison". On était en début de soirée, il DEVAIT être là!
Enfin, ça c'est ce qu'il espérait. Et comme ce putain de soir, il pleuvait à verses! Il était de plus en plus mal et attendait qu'on lui ouvre, sinon, s'il ne voulait pas, il entrerait de force! Peu importe si c'était galère, il VOULAIT voir Mycroft! Et il ne lui ouvrait pas. Toujours pas. Il venait de passer un moment devant cette saleté de portail qui ne s'ouvrait pas, il voulu passer par dessus, sur le côté, quelque chose quoi! Et se mit en tête de grimper... mauvaise idée, surtout quand il pleut et qu'on est bourré. Il monta, glissa, chuta, eut mal, très très mal. Une douleur vive, fulgurante. Puis le noir.
Mycroft avait eu une mauvaise journée. Il n'avait réussi à rien faire aujourd'hui ! Le travail ne l'intéressait plus. Mais Anthéa avait raccourci cette journée. Il aurait passé la nuit à rattraper ce qu'il n'avait pas fait s'il avait pu ! Mais Greg' ne devait décidemment pas aller mieux que lui, apparemment, il avait bu, et était venu attendre bien gentiment devant chez lui qu'on lui ouvre. Dehors. Sous la pluie. Avec des températures frôlant les négatives. Avec l'alcool qu'il avait ingurgité, il allait certainement attraper un bon gros rhume au mieux, et une belle grippe, au pire. Il se dépêcha d'arriver chez lui, il ne tenait plus en place, il devait arriver vite ! Il courut jusqu'à son portail. Greg' s'était évanoui. Il retint un coup de pied rageur, serra les poings, les yeux, et l'amena comme il le put jusqu'à l'intérieur. Il l'allongea sur son propre lit, celui-ci étant au rez-de-chaussée, puis attendit à son côté qu'il se réveille.
Le noir. Puis un réveil brutal. Il avait mal partout, un mal de crâne ignoble, courbatures, douleur lancinante dans la jambe, il ouvrit la bouche et eut mal aussi à la gorge. Tout était brûlant mais... il n'était plus dehors. Il était...? Il avait ouvert les yeux brutalement pour tomber sur: Mycroft? Il avait fini par venir? "Où suis-je?". Question inutile que posent les personnes en état de choc. Il n'avait simplement pas pu formuler autre chose. Ni bouger, il avait trop mal.
'Dans ma chambre." Il vit que son comparse avait du mal à parler et apparemment du mal à bougé. "Tu peux aller prendre une douche ou un bain là bas -il désigna une porte adjointe à la pièce- Il y a des vêtements dans la penderie, également." Il sortit de la pièce froidement.
*Quoi?* Mais je ne peux pas bouger... il tenta de se redresser mais n'y parvint pas. Il attendit quelques minutes, retenta. Encore quelques minutes. La troisième fût la bonne. Mais quand il voulu se lever, il ressentit comme une énorme décharge de la jambe jusqu'au crâne, il avait dû se blesser quelque part. Il avait aussi des bouffées de fièvres visiblement. Il n'était pas médecin mais avait quand même une bonne connaissance de la santé physique. Il cria de douleur en se levant pour aller vers le bain, tentant d'y aller puisqu'il ne fallait en effet pas qu'il reste dans cet état, mais s'écrasa au sol en chemin. Pleurant de douleur et de frustration par terre, il resta comme ça un moment.
Mycroft accouru quand il entendit le cri de douleur lancé par Greg. Il avait été froid. Parce que les sentiments sont une faiblesse. Et qu'il a beau le nier, il ressent des choses, des 'sentiments' envers cet homme. S'il pouvait rester derrière lui, dans son ombre, il ne pouvait pas le laisser souffrir sans rien faire. Il s'inquiéta quand il vit qu'il était tombé par terre, se tordant visiblement de douleur. Il le déshabilla, changea ses vêtements mouillés par d'autre à lui, un peu trop grands, mais secs. Et le remit sur le lit. Cette fois, il n'allait pas rester à rien faire, ni lui permettre de se lever. Il appela John, et lui demanda quoi faire.
Il n'eut pas le temps de retenter de se lever, Mycroft était là, il l'avait déshabillé puis rhabillé. Ça faisait du bien d'être au sec... Mais il avait mal. "Mycroft, je crois que je me suis foulé la cheville, bien correctement. Ah, c'est ridicule." *Aa!* sa phrase fût interrompue par une nouvelle douleur dans la jambe. Il pleurait et se marrait en même temps. De douleur et de sa propre connerie. Qu'est-ce qu'il fichait bon sang? Il vit Mycroft prendre le téléphone. John.
Mycroft banda la cheville de Greg, du mieux qu'il le put. John avait dit qu'il n'y avait rien d'autre à faire. Juste attendre une ou deux semaines que ça se re-soude. Il devait bien avoir des béquilles qui trainait quelques part, mais il ne fallait pas qu'il espère retourner au New Scotland Yard ! Il ne le laisserait pas sortir d'ici ! Et il lui devait des explications. "Qu'est-ce que tu es venu faire ici ?"
Que répondre? Il avait trop mal et était incapable de chercher à mentir ou à faire dans la dentelle. "Te voir." C'était vrai. Il voulait juste le voir...
Mycroft ne bégayait pas. Jamais. Mais là, la seule chose qu'il put dire fût : "Quoi ?! Je..je, Hein ?" Il ferma les yeux un instant, et les rouvrit. "Pourquoi ?"
"J'en sais rien!" Il avait envie de pleurer et se mit la main sur le visage avant que le fait que Mycroft ait été déstabilisé ne l'atteigne. ça n'arrivait jamais ça! Son rythme cardiaque s'accéléra un peu. "Je sais juste que ces dernières semaines ont été un supplice, et que ce soir ça m'a semblé être la chose la plus.. importante à faire." Il n'était pas sûr lui-même de ce qu'il disait et de s'il fallait le dire mais de toute façon, les paroles sortaient toutes seules. Il était trop dans le flou pour maitriser le phénomène.
"Pourquoi ça un supplice ?"
Simple et concis comme question. Et pourtant la réponse lui vrillait les tempes et lui tordait le cœur. "Tu n'étais pas ..avec moi. Merde, je.. je sais plus..". Des larmes coulèrent de chaque côté de sa tête, il était toujours allongé.
Mycroft se sentit cloué sur place. Totalement anéanti. Il ne pouvait pas donner sa confiance à quelqu'un, il ne pouvait pas se laisser aller ! Mais il lui devait au moins la vérité, il le lui devait. "Je... J'ai ressenti pareil durant ses dernières semaines." Il ne lui disait rien, mais ne le laissait pas seul dans le flou non plus.
Pareil. Il avait ressentit pareil?! Il le regarda et vit que c'était vrai, il avait l'air aussi paumé que lui. Il ne pu empêcher les larmes cette fois, il pleura un moment avant de se sentir épuisé. Il sombra dans le sommeil avec l'envie furieuse et incompréhensible de serrer la main de Mycroft. Son visage un peu plus soulagé après le dernier échange. Il s'endormit.
Mycroft était totalement anéanti. Il fallait qu'il sorte de la vie de Greg et qu'il échappe à ces 'sentiments'. Il le fallait. Il sortit de la pièce la tête haute. Et alla faire ce qu'il devait rattraper, tout ce qu'il n'avait pas pu quand Greg' n'était plus là.
Greg se réveilla après plusieurs heures. Il faisait encore nuit. Mycroft n'était plus là. Il avait beaucoup moins mal et la fièvre s'était visiblement calmée. Il parvint à s'assoir sans difficultés cette fois, et il tenta de réfléchir à ce qui s'était passé. Il se souvenait bien clairement de tout. Jusqu'au visage de Mycroft quand il lui avait dit ce qu'il avait sur le cœur, quand il lui répondit que lui aussi. Mais lui aussi quoi? Ils s'étaient manqués, ça c'est sûr.. Mais ça n'étais pas assez pour Greg, il lui fallait plus que le simple aveu d'un manque, même s'il était cruel. Il réalisa pour le coup que Mycroft avait dit "pareil" quand il avait décrit ça comme un supplice. Il fût du coup pris comme d'un espoir fou et voulu se lever. Mycroft avait prévu des béquilles, c'était parfait! Il se leva avec et se dirigea vers le bureau où il travaillait habituellement, l'air décidé.
Il avait pris une décision. Il allait remettre son masque, il allait s'éloigner, et Greg partira de lui -même. Il n'allait pas se laisser 'attraper' par des sentiments, il avait toujours réussi à les fuir, et il allait continuer !
Il entra dans le bureau et trouva en effet Mycroft en train de travailler. Il avait repris son air impassible au possible, l'air qu'il prenait quand il voulait être hors d'atteinte. *Ah mais non! Ça ne va pas se passer comme ça!* Il alla vers lui et avant qu'il n'ait pu placer quoi que ce soit, l'attira à lui de force et fit la première chose qui lui vint à l'esprit: il l'embrassa. C'est comme s'il avait eu envie de faire ça depuis des lustres!
Mycroft essaya de s'échapper. Il essaya vraiment ! Mais c'est comme si son corps s'était déconnecté de son esprit. Il était envahi. Une espèce de chaleur envahissait son estomac, et lui réchauffait le cœur. La glace fondait. Il résista encore. Il n'allait pas se laisser faire comme ça ! Il n'allait pas se laisser faire comme ça pour qu'après, Greg parte, pour une raison ou l'autre et qu'il ne ressente rien pour lui. Il ne pouvait pas risquer de le laisser entrer sous le masque comme ça. S'il y entrait, il ne le laisserait pas partir. Pour rien au monde.
Il sentit Mycroft tenter de fuir mais il avait décidé qu'il ne le laisserait pas fuir, pas cette fois. Il était certain maintenant de ce qu'il ressentait, de ce qu'il voulait. Tant pis et merde si ça n'étais pas rationnel, s'il flippait au possible, il devait savoir, transmettre, forcer Mycroft à choisir ouvertement si oui ou non, il voudrait de lui! Il cessa de l'embrasser mais le garda proche, le regarda droit dans les yeux et mis ses mains autour de son visage, avec autant de force et de tendresse qu'il pouvait y mettre. "Jamais. Je ne veux plus jamais vivre sans toi!"
Il frissonnait. Il ne pouvait s'arrêter de frissonner, ses mains autour de son visage, son souffle s'écrasant sur son visage, ses yeux juste à quelques centimètres des siens. Et ses paroles. "Je ne suis pas sûr de pouvoir vivre sans toi. Je n'ai pas pu travailler de toute la semaine ! Je n'ai même pas eu le courage de jouer avec mes caméras." Il se sentait mal. Il devait y échapper. Il avait le choix. Il pouvait prendre un risque. Ou bien se défiler. Mais s'il prenait le risque, et qu'il partait. Il ne ferait surement plus jamais confiance à quelqu'un et se retirerait des affaires. Disparaitrait. Il ne savait que faire.
Ce que Greg voyait sur le visage de Mycroft, c'était comme de la panique. Panique de quoi? Pas d'horreur puisqu'il venait de lui avouer... Oh mon Dieu! Il venait de lui avouer qu'il avait besoin de lui, lui aussi. Il ferma les yeux un instant, juste le temps de savourer l'information. Puis les rouvrit, ôta une main de son visage pour la poser sur son torse, sentir son cœur battre. Il appuya et sentit qu'il battait extrêmement fort. Lui-même n'en pouvait plus. Il devait peut-être être plus clair. "Mycroft! Je ne veux plus partir, je veux rester à tes côtés, je veux un statut bien plus important qu'invité temporaire, je veux faire parti de ta vie. Je veux faire parti de toi." Il n'était pas vraiment sûr de la dernière partie mais de toute façon, c'était trop tard!
Mycroft n'avait pas pour habitude de faire le premier pas. Mais là, il n'avait pas le choix. Il ferma les yeux, savoura les paroles que son comparse lui disait. Puis, acceptant le risque, posa à son tour sa main sur le cœur de Greg. Il espérait qu'il comprendrait le geste. Je te donne mon cœur. Le peu que j'ai. Mais je ne te laisserai jamais partir. Il accrocha sa main à la chemise que Greg portait ( la sienne, par ailleurs ), et l'attira à lui.
Il frissonna des pieds à la tête quand il sentit la main de Mycroft se poser sur son cœur. Vit dans son regard ce qu'il n'avait pas réussit à formuler. Il craqua quand il se sentit attiré, et le pris dans ses bras, son cœur battant à tout rompre. Il profita quelques secondes puis recula un minimum et l'embrassa à nouveau, croyant que cette fois Mycroft accepterai sa preuve d'affection, d'amour, d'appartenance. *Je suis à toi.* Croyant qu'il comprendrait.
Mycroft comprit le geste. Et l'acceptait. Il répondait à son baiser ! Il le garda dans ses bras et l'enlaça, fort.
Greg se laissa submerger par tout ce qu'il ressentait, et serra lui aussi l'homme qui venait de s'offrir à lui, de l'accepter. Désormais, il pourrait vraiment vivre puisqu'il n'était plus seul. Puisque Mycroft allait être heureux. Il ferait absolument tout pour ça, pour son bonheur.